La petite école rouge

Cette semaine, Barbara Brackman nous donne à faire le bloc de « La Petite Ecole Rouge », un de ces adorables blocs du patrimoine américain, pour continuer notre Sampler sur les Droits de la Femme. Elle lie  à ce symbole de l’instruction aux Etats-Unis au XIXe et début du XXe siècle la lutte de  Lucy Stone pour pouvoir accéder à l’enseignement supérieur. Irrésistiblement, cette histoire me fait penser à la série américaine Dr. Quinn, Femme médecin, qui nous plonge dans la vie de la petite ville de Colorado Springs (Colorado) dans les années 1870, là où une femme « ne devrait pas » exercer un tel métier… Dans cette série tout comme dans La Petite Maison dans la Prairie, j’ai trouvé  de quoi nourrir mon goût pour l’Histoire… et je traquais toujours les images montrant de beaux quilts ! On peut critiquer l’embellissement de cette vie de pionniers par les scénaristes, mais on voyait bien malgré tout comment s’organisait la vie dans ces villages, et en particulier l’éducation des enfants.

Dans un village tout juste né, on construisait une école constituée d’une seule pièce, qui avait aussi souvent la fonction d’église le dimanche, de salle de réunion communale, de salle des fêtes, parfois même de lieu de justice… Bref c’était souvent le seul bâtiment public.

Il se pouvait aussi que des écoles rurales se trouvent « au milieu de nulle part » de manière à ce que le plus possible  d’enfants de fermiers alentour puissent venir quotidiennement à pied, avec leur repas (réchauffé l’hiver sur le poêle). L’école portait habituellement le nom du donateur du terrain.

Exemple d’une école rurale, avec son petit clocher pour sonner l’école… et le dimanche le début  de l’office religieux. Dans l’Utah, les arbres sont assez rares, l’école est donc construite en briques rouges.

Dans ce jeune pays américain qui avançait vers le Far West, l’enseignement permettait d’intégrer les enfants des nouveaux immigrants qui parlaient de nombreuses différentes langues européennes. Les écoles, constituées d’une seule salle, réunissaient tous les enfants, garçons et filles. Souvent, il y avait même plus de filles car les garçons aidaient très jeunes dans les champs. Et qui enseignait ? C’était toujours une jeune fille, souvent à peine plus âgée que les plus grands élèves. Dès qu’elle se mariait, elle ne pouvait plus enseigner et une autre jeune prenait sa place. Cette organisation est très bien présentée dans La Petite Maison dans la Prairie ! Ces particularités sont conservées par les Amish traditionnels à l’heure actuelle où les enfants, garçons et filles réunis, reçoivent un enseignement basique jusqu’à 14 ans par une jeune fille…

Si vous comprenez l’anglais, vous aurez du plaisir à lire le témoignage de la grand-mère d’une blogueuse qui fit sa scolarité dans cette école :

Une petite école dans le Vermont

La plupart de ces écoles ont disparu (il y en avait peut-être 200 000 !), certaines cependant ont plus de chance. Des associations se créent parfois pour sauvegarder un de ces bâtiments, si chers au coeur des Américains. Ainsi, la semaine dernière, on a fait déménager une vieille école de quelques kilomètres afin de la préserver :

Avant le déménagement, la petite école de St-George, Vermont.

Construite en 1852, ce bâtiment ne pouvait être restauré sur place (terrain n’appartenant pas à la Mairie). Voir les diaporamas du déménagement du 7 novembre dernier ici ! Notez le placement des couleurs, on voit bien les barres verticales blanches qui correspondent si bien au bloc traditionnel…

The little Red Shoolhouse est devenu un symbole fort des Etats-Unis, même si la plupart d’entre elles étaient plutôt peintes en blanc ou gris. Cela dépend de l’endroit, car pour faire de la peinture rouge il faut des scories de mine de cuivre ou de fer. La recette est ancestrale, originaire d’une province de Suède, la Dalécarlie.

Ces écoles à la salle unique véhiculent notamment un fort sentiment nostalgique des communautés villageoises « à l’ancienne », quand tout le monde se connaissait et s’entraidait. Maintes variantes de blocs ont été dessinées, à l’image des diverses constructions d’écoles.

Livre sur ce symbole américain!

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Voici donc le bloc que j’ai fait cette semaine ; comme je n’ai pas de rouge dans ma palette, je me suis permis toutes les audaces. J’ai suggéré la fonction d’église en choisissant ce tissu en coquilles pour les ouvertures, ce qui suggère un peu des vitraux. J’ai surtout eu le plaisir de pouvoir utiliser pour le toit un des tissus offert par Marie-Claude Tsuruya, un tissu tissé et teint artisanalement dans le nord du Japon, là où vit sa belle-famille. Ce sampler dédié aux droits des femmes rend ainsi hommage à une de mes amies aussi !

Toujours, la galerie Flickr avec les blocs des participants à ce sampler : http://www.flickr.com/groups/grandmotherschoice/

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37 commentaires sur « La petite école rouge »

  1. Je m’attendais à une école rouge de ta part !! hi ! hi! j’ai bien été surprise !!
    Mais elle est très jolie et dans le respect des traditions du bloc !
    Merci pour tes explications…
    Bises et à bientôt de te lire.

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  2. Encore un de tes articles que nous avons tant plaisir à lire …..Si riche d’infos et de références culturelles .. Pourrons nous assez te remercier de cela ….
    Moi aussi je suis avec passion la réalisation de ce quilt et les valeurs qu’il véhicule. Un fort symbole pour nous les femmes qui avons la chance de mettre en pratique tous ces droits que nos ainées ont défendus.. Comme toi après avoir suivi les aventures de la petite maison dans la prairie avec mes filles lorsqu’elles étaient petites je découvre avec un immense plaisir celles du Docteur Quinn … On m’a offert la série DVD cet été et j’y retrouve tous les aspects évoqués ( romancés bien sur mais assez proches de la vérité) dans les blocs qui nous sont proposés.
    Autres aspects non négligeables de cette série les nombreuses utilisations de patch dans la vie quotidienne et aussi l’évocation de la colonisation et de la survie des tribus indiennes . Ayant vécu au Québec pendant plusieurs années j’ai eu l’occasion de me pencher dans les années 70 sur ces deux sujets.

    Bien amicalement
    Annick

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    1. Merci pour ton intéressant témoignage. Au Canada, il y avait aussi ces petites écoles disséminées dans le pays !
      Adolescentes, mes filles regardaient toujours Dr. Quinn (et moi avec !). Ma 2e était fascinée par Sully, le défenseur des Indiens et de la Nature, tout comme elle adorait Kevin Costner dans Danse avec les Loups…

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  3. Merci beaucoup pour cet article, c’est un plaisir de vous lire car on apprend toujours de nouvelles choses. Votre blog est très original. Bonne soirée.

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  4. Merci Katell pour ce nouvel article si intéressant. C’est un régal à chaque fois de te lire, car je suis moi aussi passionnée par l’histoire du patchwork et sa symbolique.
    Ta maison est ravissante
    Bonne semaine

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    1. J’ai vu sur ton blog que tu as toujours le coeur à l’ouvrage ! Que de jolies choses tu nous présentes toujours !
      Oui, c’est vrai que le Récital des Anges, de Tracy Chevalier, se passe en Angleterre au moment des Suffragettes qui remueront profondément la société ! Merci de le rappeler sur ton blog…
      Bises

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  5. A beautiful salute to the pioneer education system, and to the young women of that period who had the ambition and the daring to step across the boundaries of their narrowly circumscribed lives.

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    1. Thanks Jo! In France our system used to be quite different. For example our schools for boys and girls were separated… until the 60s ! And teachers were male for boys, female for girls.
      Yes I also have a deep respect for these brave women…

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  6. Quelle jolie école « pas rouge » !!!!
    Et ton article m’a appris plein de choses très intéressantes !
    Bises,
    Callale.

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    1. Merci Callale, oui l’histoire de l’éducation américaine nous réserve des surprises à nous Européennes !
      Encore une précision : les écoles, tout comme les granges et autres bâtiments utilitaires, étaient souvent peintes en rouge car en Nouvelle-Angleterre en particulier, les personnes fabriquaient une peinture très bon marché à base d’oxyde de fer (qui donnait le rouge brillant) qui protégeait très bien le bois.

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  7. merci pour ce bel article qui me touche beaucoup et que je partage sur FB, les copines ont dejà dit tout ce que je pense, moi aussi je suivais ces 2 series avec grand plaisir car je suis passionnée de cette épopée des pionniers americains
    les 2 derniers blocs de ce BOW sont mes preferés jusque maintenant
    bises et à bientot

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    1. Merci Corinne, nous sommes nombreuses à être intéressées par les conditions de vie de ces familles de pionniers…
      Les blocs du sampler plaisent plus ou moins évidemment, mais c’est la somme des 49 carrés qui sera drôlement intéressante ! Bon avancement à toi aussi !

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    1. Laura, no sabia que habias empezado tu blog de nuevo, good news! Ademas tus « Moulins de la ruche » son perfectos!
      Lo siento, he olvidado el Espanol para escribirlo, pero por suerte siguo entenderlo!

      Hasta luego Laura!

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  8. une mine d’information, comme toujours, ton article! on se moque souvent de ma manie de lire et relire les livres de Laura Ingalls Wilder, mais c’est une source précieuse d’enseignements sur la vie des pionniers!
    à bientôt Katell,

    Muriel

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  9. Merci pour ce bel article, Katell !
    J’ai grandi avec La Petite Maison dans la Prairie et plus tard j’ai aimé (passionnément, peut-être !) Dr Quinn. Oui, sans doute pour le beau Sully mais aussi pour les références historiques. 😉
    L’histoire des indiens, en particulier, me touchait vraiment. Et j’ai adoré découvrir l’organisation (même romancée) de ce village de Colorado Springs, la vie des habitants, leurs coutumes, leurs lois pas toujours favorables aux femmes…
    Je ne manquais pas non plus de traquer les quilts ; on en voit tout au long de la série ! De même, j’ai beaucoup observé les décors, les bâtiments, les objets usuels, … découvrant des petites perles, ici ou là. A travers cette série, je me suis vraiment régalée !
    Depuis, je ne rêve que de ma maison en bois ! 😉
    Donc, merci encore pour toutes ces précieuses et passionnantes infos que tu partages avec nous !
    Bisous,
    Sylvie

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