En attendant la traduction française de « The Last Runaway » que je ne manquerai pas de vous signaler, j’ai envie de vous parler des Quakers tels que je les ai découverts dans ce livre. Mais promis, je ne déflorerai pas l’histoire de ce livre formidablement bien écrit, à l’écriture simple et dense. L’expression qui guide Tracy Chevalier en matière de style est « Less is More », « moins c’est plus », expression du célèbre architecte allemand L. Mies van der Rohe.
Chaise d’une simplicité confondante, signée Mies van der Rohe, devenu un des symboles du design du XXe Siècle.
J’espère que vous n’aurez pas trop d’idée préconçue façonnée par la pub quand vous le lirez, car ce n’est pas qu’un livre sur la traque des esclaves en fuite, ainsi qu’il est abusivement vendu aux Etats-Unis ; ce n’est pas non plus qu’un livre « sur le patchwork »… Vous seriez déçue dans votre attente, alors que ce livre c’est beaucoup plus… Vous lirez plutôt la vie d’une jeune femme qui veut vivre en accord avec ses convictions dans un monde neuf et âpre… Je ne vous en dirai pas plus, sinon qu’elle est Quaker, univers que j’ai cherché à mieux connaître.
Henry VIII en 1539/1540, peint par Holbein-le-Jeune
Vous savez peut-être qu’après une grosse colère d’Henry VIII contre le Pape qui ne voulait annuler son premier mariage, l’Anglicanisme voit le jour. Tout mouvement en entraînant d’autres, un bon siècle plus tard les Quakers se forment pour vivre une foi plus proche des Chrétiens primitifs, sans hiérarchie ni clergé, ni même aucun sacrement… sujet du prochain article !
William Penn (1644-1718), Quaker persécuté en Angleterre, fonda Philadelphia, havre pour tous les persécutés et pépinière de l’économie libérale, et écrivit la base de la Constitution américaine. Ci-dessus, signature de la fondation de la province de Pennsylvanie.
La religion est pour le Quaker une affaire personnelle, chacun cultive « sa lumière intérieure » qui le guide dans la vie. Contrairement aux Protestants qui se basent d’abord sur les écrits de la Bible, les Quakers se fondent sur les paroles de Jésus pour une religion humaniste, implantée dans la vie quotidienne, sociale et politique.
Mosaïque dans le Jardin de la Paix de Bristol (GB), avec les thèmes directeurs de la foi Quaker :
Paix, Egalité, Simplicité, Vérité
Ces mots ne vous rappellent-t-ils pas les Amish ? Ceux-ci sont effectivement de lointains neveux. Mais les Amish vivent volontairement retirés alors que les Quakers sont pleinement intégrés dans le monde. Par exemple, des femmes Quakers jouèrent un grand rôle pour l’obtention du droit de vote des femmes aux USA. Plus étonnant, des ONG comme Amnesty International, OXFAM ou Greenpeace furent fondés par des Quakers !
Tout comme l’axiome de T. Chevalier pour son style d’écriture, pour un Quaker, Less is More. Peu de paroles pendant les réunions religieuses, mais des phrases qui sortent du coeur, guidées par la Lumière Intérieure, que chacun peut énoncer. Peu de fioritures et de couleurs dans les vêtements, mais du bon basique. J’ai aussi découvert dans le roman que les Quakers d’alors n’utilisaient ni le nom de nos mois, ni celui des jours de la semaine, en raison de leurs références aux dieux ou empereurs romains (jeudi, mars, juillet) ; de même, par souci d’égalitarisme, le tutoiement archaïque anglais est utilisé (deuxième personne du singulier, thee), ce qui est déroutant au début en anglais mais ne sera pas aussi bizarre en traduction française…
Les quilts quakers ont moins de particularités criantes que les Amish puisque les femmes sont intégrées dans la société ; vous pouvez néanmoins vous renseigner sur ce blog : Quaker Quilts.
Quilt de Rebecca Scattergood Savery fait à Philadelphia en 1827.
Tout comme les Amish, les quilteuses quakers osent la couleur et la complication… uniquement dans leurs quilts !
Quilt quaker réalisé dans les années 1840 en Pennsylvanie. Il a certainement été monté à la manière anglaise, méthode chère aux Quakers (chaque pièce de tissu est préparée sur son propre gabarit en papier). On n’oublie pas une technique de patchwork apprise dans sa jeunesse !
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Tant qu’à coudre un patchwork entier à la main, je trouve que la méthode « anglaise » est parfaite puisqu’elle permet de faire n’importe quelle forme sans se poser la question du montage. Il faut bien sûr prévoir l’intégralité (ou quasi) des gabarits en papier mais sinon, cela reste à la portée de toute personne sachant tenir une aiguille.
Le sous-groupe dit « Shaker » est encore plus connu et la simplicité de son mobilier lui a permis d’être bien représenté dans les musées, même les plus grands :
http://www.metmuseum.org/toah/hd/shak/hd_shak.htm
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Merci Odile, tu es toujours une mine de renseignements et de références !
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Merci pour ce petit cours d’histoire. Toujours très intéressant. Belle fin de dimanche.
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merci pour vos articles qui sont tres intéressants et donne envie d’ensavoir plus ,j’adore …….
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Merci Christine et Sabine, la suite sur les Quakers dès demain !
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Merci pour cet exposé et les liens qui les accompagne. très interessant . Nous attendons la traduction en français du livre de Tracy Chevalier.
bonne semaine
Jibé
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Sur le site de Tracy Chevalier, la traduction en français n’est pas encore annoncée, elle entame en revanche une longue tournée de promotion dans le monde anglophone… Je crains qu’il ne faille attendre un moment avant la traduction en français…
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Merci pour cet article, très intéressant et qui donne envie de chercher et en savoir plus…
Patricia
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Dis-moi quand tu viens à la Ruche, je t’apporterai THE bouquin !
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Comme d’habitude….Waouwww !!
Je connaissais les samplers Quaker en broderie (monochrome, encore la simplicité !) mais bizarrement, je n’avais jamais entendu parler des patches quakers, mais quand j’y pense, et grâce à ce beau cours d’histoire, c’est logique qu’ils fassent aussi des quilts !!
Merci pour ce beau reportage.
Bonne journée Katell et à bientôt !
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Les Quakers sont très minoritaires, je suis d’autant plus impressionnée par leur influence dans notre monde ! C’est vrai que leurs beaux samplers brodés font autorité…
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Bonjour,
Depuis quelques temps je suis votre blog et j’ai découvert l’auteur.J’ai lu « La jeune fille à la perle » et maintenant « Le récital des anges », j’adore.J’ attends avec impatience le prochain livre
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A lire tous les autres, en attendant celui-ci qui sera publié en français au printemps j’espère !
Merci de me lire chère Jauke !
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Décidément, j’apprends toujours quelque chose en lisant tes posts… et ça me plaît bien 😉 Je n’avais jamais entendu parler de Tracy Chevalier… tu as aiguisé ma curiosité et je vais lire ce livre (en anglais bien sûr… je ne suis pas fan des traductions)… merci de partager tout ça…
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Merci David ! Toi qui aimes les Etats-Unis, tu apprécieras sans nul doute ce roman, si différent de tout ce que j’ai déjà lu sur ces thèmes d’immigration des Européens, du problème des esclaves… et même des relations humaines, vus par des yeux quakers !
A bientôt David
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Je connaissais le nom des « quakers » mais j’ignorais tout d’eux. Aussi, je vous remercie pour cet article très intéressant. Je ne lis pas l’anglais aussi j’attends avec impatience la traduction de ce livre. Bonne soirée.
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merci pour tous ces renseignements, tu me donnes vraiment envie de lire ce livre, vivement la traduction en français
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Très intéressant; merci beaucoup.
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Merci pour cet article. Je suis tombée dessus parce que je suis en train de lire The last runaway. J’espère qu’il a fini par être traduit en français !
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Il l’a été fort heureusement, c’est La Dernière Fugitive. Merci pour le passage sur ce blog !
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Je suis actuellement en train de lire « la Dernière fugitive » et c’est pour cette raison que je suis arrivée sur votre blog qui a été une mine d’informations pour moi et découvrir ce qu’étaient les quilts
Merci
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Merci d’avoir pris le temps de m’adresser ce commentaire qui me fait bien plaisir !
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