Le Chardonneret

Voici un petit oiseau d’Europe qui aime plus que tout les graines de chardons, d’où son nom :749px-Carduelis_carduelis3Le chardonneret est un très joli passereau, élégant, sociable et si bon chanteur qu’il est parfois capturé :wp08f47ac8_05_06Ce tout petit tableau (34 x 23 cm) est peint en trompe-l’œil, avec un oiseau grandeur nature. On l’empêche de voler par une chaîne, pratique fréquente naguère, ceci étant plus économique qu’une cage ; on comprend dès lors d’où vient notre expression d’argot parisien « avoir un fil à la patte », popularisé par le théâtre de boulevard  (=être marié, ne pas « être libre »)

Carel Fabritius (1622-1654), lien entre Rembrandt (son maître) et Vermeer (son élève), le peignit quelques semaines avant sa mort due à l’énorme explosion de la poudrière de Delft. Son tableau du Chardonneret a, lui, eu plus de chance et fut sorti intact des décombres. Une femme de lettres américaine, Donna Tartt, est subjuguée par ce tableau et en fait la vedette de son dernier roman, « Le Chardonneret » ; ce tableau fait irruption dans la vie du jeune Theo lors d’une autre explosion, à New-York cette fois. Nous partageons la vie du jeune homme, inoubliable, ses apprentissages de la vie et de la mort, ses addictions, ses forces et ses faiblesses, celles aussi de la société et des milieux interlopes cosmopolites, responsables de trafics divers… Le tableau l’accompagne frauduleusement, et, tel un chardonneret, Theo a une vie façonnée par les événements qui lui offrent une liberté factice et bel et bien un fil à la patte… N’est-ce pas le cas de nous tous, finalement ?
Et puis il y a ce sentiment que procurent de rares oeuvres d’art qu’on s’approprie, qu’elles sont là pour soi et que personne ne peut autant les aimer… Un chardonneret, une vague japonaise, un ciel étoilé : à chacun son tableau, sa musique, son roman qui devient partie de soi-même…
Ce grand roman nous plonge tour à tour dans des milieux sociaux radicalement différents, aux dessous glaçants… Histoire rude, style éblouissant (traduction française remarquable), bonheur littéraire assurément.

Le Chardonneret, celui du roman, est bien toujours sous bonne garde au Mauritshuis de La Haye (Pays-Bas). Gageons qu’il connaît, grâce au livre, un surcroît de visites !

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oiseaux-noisetier

Par leur ligne élégante, on peut imaginer que les oiseaux de Spoolsewing sont des passereaux, peut-être des chardonnerets ou des mésanges, qui sont autant d’éclats de couleurs et de délicieux chanteurs de nos jardins. Ne trouvez-vous pas qu’ils sont malheureusement de moins en moins nombreux ?

Dans mon jardin, les premiers chants d’oiseaux annonciateurs du printemps s’entendent habituellement entre le 12 et le 15 février. Cette année, les températures si douces n’ont pourtant pas fait grandement avancer ces chants ; tous les matins, je suis à l’écoute… J’ai entendu la première symphonie le 11 février !… D’après Jean-Marie Pelt, la nature se repère bien plus à la longueur du jour qu’à la température pour s’éveiller, c’est plus fiable !

Si vous souhaitez célébrer le début des parades nuptiales de nos amis des jardins, vous pouvez coudre quelques oiseaux qui enchanteront petits et grands ! Ici les explications et le patron Spoolsewing.chardon1Deux chardonnerets s’affrontent en février pour une Belle. Quelle agressivité !…
(photos des chardonnerets venant d’ici)

LPO grand quadri

N’oublions pas que les friches, les mauvaises herbes, sont de précieux alliés des oiseaux. Les chardonnerets, par exemple, souffrent beaucoup de l’arrachage des chardons, bardanes et graminées : ils sont exclusivement granivores et s’empoisonnent avec les graines traitées aux pesticides…
Dans votre jardin, vous pouvez les attirer en plein été en laissant les fleurs de cosmos monter en graines : ils en raffolent !galerie-membre-fleur-cosmos-fleur-0132

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17 commentaires sur « Le Chardonneret »

  1. Bon matin
    Nous ne sommes pas trop loin l’une de l’autre et pourtant les chats des oiseaux se font entendre depuis au moins deux semaines, et pourtant les temps étrange que nous avons devrait leur indiquer la prudence
    Les chardonnerets sont magnifiques avec leurs plumages si coloré, ils ne laissent pas la place aux autres sur les mangeoires,
    Les mésanges sont moins nombreuses c’est vrai, aucune grises depuis 2 ans, ni huppées mais l’épandage aérien de je ne sais quels produits , sur les pinèdes et les vignes en sont peut etre la cause, ainsi va l’aggriculture
    Bonne journée le soleil règne en maitre ce matin

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    1. Du côté de Carcassonne on sent l’influence méditerranéenne sans doute !
      Le champ voisin de notre jardin se met à l’agriculture raisonnée, ce qui a fait revenir les écureuils… mais les populations d’oiseaux, de papillons et d’abeilles baissent toujours…
      Profitons bien de cette journée splendide qui s’annonce !

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  2. C’est vrai que les chardonnerets sont très agressifs et ne supportent que difficilement les autres espèces d’oiseaux. Quand ils viennent manger les graines qu’on leur met, ils chassent très souvent les autres avant de se mettre à table. Dans mon jardin, quand j’en avais encore un, je laissai pousser les chardons pour eux…et c’est vrai que c’est ce qu’ils préfèrent.

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      1. C’est moi qui te remercie pour ton blog passionnant.
        Et puis je n’ai pas pu toucher une aiguille depuis 2 semaines alors voir de beaux patchworks ça fait du bien!

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  3. Jolie pâtisserie architecturale que ce Mauritshuis de La Haye rempli de chef-d’œuvre mais le Chardonneret est une œuvrette à côté de la vue de Delft et de son petit pan de mur jaune ! Sans oublier évidemment La Jeune Fille à la Perle 🙂

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    1. J’ai songé parler de cette vue de Delft, le plus beau tableau du monde pour Proust, et presque tous les autres Vermeer que j’aime tout autant… Il est impossible de savoir la réelle pensée de Donna Tartt : est-elle vraiment éblouie par ce tableau ou bien est-ce une décision littéraire ? Cette dame est en tout cas un personnage singulier, une jolie femme secrète qui entre dans la peau d’un adolescent comme je ne l’ai jamais lu auparavant…

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  4. Je vais donc me laisser tenter par la lecture de ce livre ! Une fois de plus tu auras guidé mon choix.
    « Le Fil à la Patte » : pour moi, il est très difficile de voir des oiseaux enfermés ou attachés ! Je sais que c’est une pensée peu originale mais il est tellement plus agréable de voir les oiseaux voler en pleine liberté. Je peux difficilement nourrir les oiseaux dans mon jardin car j’ai quatre redoutables prédateurs à moustache qui n’en feraient qu’une bouchée !!!!
    Pour moi, Vermeer, c’est « La Laitière », mon coup de foudre artistique quand je les vue « en vrai » !

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  5. Merci Katell. Il est très important d’inciter les gens à la préservation de nos petites boules de plumes qui enchantent les campagnes de leurs jolis chants. Je vais suggérer ce roman à mon ornithologue préféré… et sans doute le lire, moi-même.

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    1. Attention Marmotte rousse, ce livre a d’autres intérêts que les oiseaux dont on ne parle qu’à travers cette peinture ! Je ne veux pas vous induire en erreur… mais c’est de la grande littérature je crois.
      Oui il faut absolument préserver nos animaux tant qu’il est temps encore…

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  6. J’aime beaucoup cette romancière ; je ne manquerai donc pas ce nouveau roman.
    Moi aussi j’entends les chants des oiseaux depuis quelques jours….
    A bientôt !

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