Le blanc, le noir, le rouge

 Dire que le blanc n’est pas une couleur mais le mélange de la lumière de toutes les couleurs est éminemment moderne. De même, le noir n’a pas toujours été considéré comme l’ultime manque de luminosité, l’absence de couleur reçue par l’œil.  

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Depuis Newton, les couleurs font la roue ! Cette conception physique cohabite avec le facteur hautement culturel des couleurs.

D’après l’historien médiéval et spécialiste des couleurs Michel Pastoureau, la base des couleurs dans l’antiquité et jusqu’au Moyen-Âge était la triade blanc-noir-rouge. Chacune était une couleur-pigment. Le noir fut le premier pigment, préparé à partir de bois noirci (charbon). Le blanc issu d’une matière crayeuse était un pigment visible sur tous les matériaux de fond utilisés : le gris de la pierre, l’écru du tissu naturel, le brun du bois, puis le beige du parchemin… Quant au rouge, issu d’abord des terres ocres puis de nombreuses origines végétales ou animales, il était LA couleur par excellence, la plus diversifiée, opposée au blanc ou au noir. On garde en espagnol le mot colorado qui signifie à la fois coloré et rouge !

18946319_merci_qui_blanche_neigeCette triade reste au fil du temps extrêmement visuelle et utilisée ; rappelez-vous par exemple Blanche-Neige, aux cheveux noirs comme l’ébène, la peau blanche comme la neige et les lèvres rouges comme la goutte de sang… La trilogie à succès Twilight joue également sur ce code :

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Dans le monde du patchwork, les œuvres rouges, blanches et noires forment des géométries très puissantes, parfois même dérangeantes… comme l’image au-dessus qui n’arrête pas de sauter, n’est-ce pas ?…

Pour oublier ce désagrément, voyez ci-dessous la réussite de cette triade utilisée par Luke Haynes. S’inspirant des 100 objets d’art de Donald Judd, architecte-concepteur, exposés à Marfa au Texas,  Luke a conçu 50 quilts, tous de 90 inch de côté (près de 2,30 m) et tous des variantes de Log Cabin. Chaque bloc a bien sûr le centre rouge, entouré de tissus de récupération de toutes sortes qui se « lisent » noirs et blancs de loin. 

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C’est une partie de l’exposition, montrant l’incroyable variété des quilts sur ce thème unique !

Si vous lisez l’anglais, vous aurez d’autres renseignements par ici. Mais je vous conseille vivement de consulter le tout nouveau Quiltmania (n° 113) qui consacre à cette exposition 8 pages magnifiques !

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Luke Haynes, autoportrait en quilt (2010).

11 commentaires sur « Le blanc, le noir, le rouge »

  1. Merci Katell pour cet article qui montre qu’avec un bloc ancien ,oh combien traditionnel l’inspiration semble infinie.Pour ma part c’est ce qui me fascine dans le patchwork
    Bonne journée à toi

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  2. Merci pour l’article. La combinaison du rouge,noir et blanc est toujours magique , j’aime !Le magazine Pratique du Patchwork a présenté aussi Luke Haynes, et son site est très riche. Les portraits sur fond de log cabin sont attachants aussi.
    .

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  3. vs connaissez p-e le sew along « farmer’s wife quilt in 1930’s », une des instigatrices le fait en utilisant du rouge-blanc-noir-gris, il est superbe (et moi aussi je me suis lancée avec ces couleurs que j’utilisais peu auparavant).

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  4. Le log cabin reste un de mes modèles préférés à cause de toutes les variations possibles.
    Si vous vous intéressez à l’histoire des couleurs je vous recommande vivement les livres que Michel Pastoureau a consacrés à chaque couleur ainsi qu’aux rayures dans le costume. Ils devraient être dans la bibliothèque de chaque patcheuse !

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  5. J’avais déjà repéré ce jeune créateur dans le dernier Simply Moderne n°4…et son auto-portrait (en 3D ?) m’avait captivé ! Un nom a retenir !!
    Merci Katell pour ce beau post et bonne journée !

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