Le Patchwork vient-il d’Alsace ?

J’aime beaucoup l’Alsace et surtout les Alsaciennes avec qui je me sens si bien ! Cependant, je vais jeter un pavé dans la mare aux idées reçues, qui concerne leur territoire. Mais les quilteuses de la région ne seront pas étonnées de ce qui suit !

La semaine dernière sur le forum France Patchwork, un sujet intéressant est lancé par Véronique Badin : y a-t-il des spécificités françaises actuellement dans le patchwork ?

La conversation se dirige vite vers les origines de l’art du patchwork. A ma stupéfaction, plusieurs personnes sont persuadées que le patchwork est né à Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace) et qu’il a été exporté en Amérique par les Amish. Il faut dire que le Carrefour Européen du Patchwork avait, à ses origines, habilement communiqué sur le berceau des Amish… et entretenu une sorte de confusion, puisque chaque année, on peut y admirer des quilts amish. Si le mouvement Amish a bien été créé à SMM et les Amish y ont bien vécu avant leur départ vers l’Amérique, ils n’avaient pas alors de quilts avec eux…

Jamais cette théorie n’a été admise ni publiée. Les Amish ont, en masse, émigré avec toutes leurs affaires, dûment répertoriées, et ils n’avaient aucun quilt, mais des sacs de plume, à la manière allemande. C’était au début du 18e siècle, puis une autre vague au moment de la Révolution Française.

Ce n’est pas avant 1870, soit plus de 150 ans après leurs premières migrations, que les Amish se sont inspirés des English, comme ils nomment les autres Américains d’origine européenne, pour assembler leurs étoffes de laines teintes et créer le style de patchwork qu’on leur connaît bien. Leur inspiration première viendrait d’ailleurs en partie de quilts d’origine galloise, vus en Pennsylvanie, d’après plusieurs recherches sérieuses.

J’aime beaucoup les quilts gallois et amish. Y a-t-il une relation entre eux ou une simple coïncidence esthétique ?  Plusieurs livres ici photographiés ensemble abordent plus ou moins directement ce sujet… puis celui-ci acheté plus tard, traite principalement cette hypothèse :

La casseuse de rêves, c’est moi, mais la réalité est tout aussi belle, même si elle ôte l’illusion d’une origine française/alsacienne exclusive de notre art qui vient de la nuit des temps…

Je rappelle la citation de Barbara Brackman écrite dans BeeBook, sur les origines du patchwork américain :

 

36 commentaires sur « Le Patchwork vient-il d’Alsace ? »

  1. Merci pour cette mise au point!

    J ai récupèré mon beebook hier; super il y a l explication pour le sac crapaudine;;;;
    j ai appris cette technique confetti sur ton blog et depuis j ai effectué plusieurs petites pochettes
    Livre a explorer et à recommander;
    Merci pour tous ces posts toujours fouillés et si interessants
    bon dimanche sous la canicule

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    1. Ah Jibé, je suis contente que la crapaudine te plaise ! La plupart des modèles ont été créés pour BeeBook, celui-ci (et les coquelicots de Cécile Milhau) sont des exceptions, ils ont presque une vingtaine d’années ! Mais comme les confettis sont restés assez confidentiels et correspondent à mon goût de l’utilisation des mini-chutes, nous avons quand même inclus ce sac marrant et sa méthode.
      Je rentre d’une balade rafraîchissante le long du canal du Midi, à l’ombre des platanes… c’était bien !

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  2. Quelle que soit leur origine nous, nous ne pouvons qu’admirer modestement ces ouvrages. Merci pour rétablir la vérité historique même si quelquefois on la voudrait différente . Bon dimanche

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    1. Les ouvrages amish ont une force esthétique rare grâce aux couleurs unies soigneusement choisies, c’est tout un monde qui a beaucoup influencé certaines quilteuses. J’ai entendu d’autres quilteuses qui n’aiment pas… c’est bien sûr tout aussi respectable !

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  3. Les idées reçues font la part belle aux légendes, aux inexactitudes historiques, à de belles histoires fausses! Remettre en cause cela n’enlève rien à l’histoire du patchwork, bien au contraire ! la réalité est souvent plus intéressante.
    Quelle est l’origine du patchwork ? vaste question! tout le monde veut se l’approprier….
    que nous faut-il pour faire un quilt ? aiguilles, morceaux de tissu et une nécessité (au départ)
    et c’est pour cela qu’on en trouve dans toutes les civilisations
    merci pour cet article (suite à notre discussion?) bises mony

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  4. L’essentiel reste ce souci de coudre quelque chose d’utile qui soit beau. Peu importe l’origine. Merci pour cette mise au point.

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  5. Merci Katell
    Pour ces précisions ,c’est toujours intéressant de connaître l’origine des choses, et de voir finalement que, beaucoup de choses ont un point de départ et, qu’ensuite chacun et chacune se l’approprie le transforme à sa manière pour devenir universel, et devenir un Patchwork…….un peu comme la cuisine,…..
    JJ

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  6. Bonjour Katell
    Encore une  » légende » qui tombe comme « les chemins des esclaves noirs » ( JA en 09 )
    Mais patchwork et quilting , n’est ce pas aussi les reprises de nos grand mères dans les campagnes ( et des japonaises sur lesquelles j’ai lu un article à ce propos ) pour faire durer des vêtements , surtout ceux du travail des champs ou aussi les dessus de lit ? Donc les origines ….? Sujet vaste et intéressant ….
    Pour reprendre Gene 11 moi aussi je serais intéressée par un article sur ces quilts Gallois avec quelques infos sur de la documentation.
    Merci de nous faire partager tes connaissances !

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    1. Le patchwork est sans doute originaire de chaque civilisation, quand les poubelles n’existaient pas, avec le reprisage et les pièces ajoutées pour faire durer ce qu’on avait ! Le bonheur est dans l’envie innée de vouloir aussi faire des choses belles, en même temps qu’utiles, c’est ce qui est devenu l’art du patchwork, avec tant de styles différents, et aussi avec des broderies utiles et ornementales en prime !
      OK pour un article sur les quilts gallois cet été, en m’appuyant sur les livres et articles que j’ai !

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  7. Bonjour Katel, J’aime a lire tes articles, même si comme celui çi, il me met une pointe au coeur et en même temps contente d’apprendre encore et encore de belles choses sur le patch qui est devenu au fil du temps ma motivation première. J’ai habité l’alsace 40 ans , dont 10 a Sainte Marie aux Mines, c’est pourquoi cette légende m’allait bien. Mais je pense que cette technique est vieille comme le monde, et chaque peuple l’a exploité a sa manière. Ce qui en fait un mouvement mondiale. J’ai eu le plaisir de te rencontrer , j’en suis ravie, et espère encore te retrouver sur mon chemin avec de si belles histoires a nous raconter.

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    1. Sans accuser qui que ce soit, je crois bien qu’on a sciemment joué sur les mots au début, pour lancer le fameux Carrefour de SMM, et c’est bien normal qu’on ait compris ce qui était insinué… « Le berceau des Amish » sous-entendait qu’ils étaient partis d’Alsace avec leurs beaux quilts sous le bras… Parfois, les histoires font de si belles images qu’elles supplantent la réalité !

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  8. Bonjour Katell , merci pour ce beau reportage , quelle belle recette pour les quilts , je n’ ai jamais douté de cette mixité . J’ ai retrouvé il y a fort longtemps un quilt dans le grenier de ma grand mère fait de pans de chemises en flanelle , malheureusement « mangé » par les mites . Bon Dimanche

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    1. Coucou Martine, dans quelle région, la Bretagne ?
      Les mites font des ravages sur tous les textiles d’origine animale surtout, les textiles sont de toute façon fragiles… mais quel plaisir de savoir que tu prolonges le savoir-faire de ta grand-mère !

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    1. La tunique de Joseph était riche de plusieurs couleurs et de broderies, signes de richesse et de préférence… le petit chouchou de son père, quoi !! L’idéal pour attiser les jalousies…
      Barbara a bien résumé le melting-pot effectivement, à la fois de la population et de leurs savoir-faire, notamment dans le domaine du patchwork !

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  9. Bonjour,moi aussi bien qu’ habitant Strasbourg depuis 60 ans avec des origines alsaciennes et faisant du patch depuis 30 ans dont un en kelsch,j’ai une carte postale avec une momie égyptienne entourée de bandes en log canin.Belle journée.

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  10. Un peu comme le boutis… est-il vraiment d’origine provençale ou bien sicilienne ? Ou encore venu de Chine ?? S’ immerger dans l’histoire pour tenter de comprendre, c’est aussi ça, aimer le patchwork et comme toi, j’ai été surprise par certains commentaires de nos amies quilteuses suite à la question de Véro Badin !
    La formule de BB est tellement authentique. …

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    1. On ne peut, non plus, écarter que des arts se créent et se développent simultanément à plusieurs endroits de la Terre… Pour le boutis, je n’en ai aucune idée !
      Je n’ai pas voulu répondre sur le forum, car ces personnes étaient de bonne foi et je ne voulais pas « ramener ma science » de manière abrupte. Il me fallait plus de place pour expliquer et justifier mon désaccord.
      La formule de BB se trouve en introduction du livre de Sujata Shah, je l’ai traduite du mieux possible…

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    1. Je n’ai pas pris le temps de développer, mais certains Quakers américains étaient de ce fait grands consommateurs de soies de Lyon aussi ! Ils devaient s’habiller de manière simple, qui veut dire sobre mais pas nécessairement bon marché… Attention, ce n’étaient que certains Quakers qui boycottaient les matières premières issues du travail des esclaves (coton, mais aussi tabac et sucre).
      J’ai écrit plusieurs articles à leur sujet (jamais complets, de petites histoires…) que tu peux retrouver en suivant ce lien : https://quilteuseforever.com/tag/quaker/
      J’en profite pour ajouter ici que je viens de voir sur FB ton Pine Cone en coussin déjà fini, bravo quelle réussite !

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  11. Très intéressant de savoir ces origines.
    J’aimerais en savoir plus certe le patchwork est une passion connaître son histoire est encore mieux. Beaucoup de livre son écrit en anglais 😢😢😢 je ne l’ai jamais étudié. Heureusement quiltmania nous fait de très beaux livres français, anglais.
    Pourriez vous nous en dire plus!😊.
    Merci

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  12. J’ai assisté il y a presque 30 ans à une exposition de quilts français réalisés avec des chutes de tissus monastiques par des religieuses. Quel siècle? je ne m’en souviens plus, sans doute 18ème.
    J’ai trouvé sur un de nos lits d’enfance, un protège sommier matelassé en patchwork très usé.Sans doute 18ème aussi puisque dans la famille bourguignonne paysanne, la première maison qui restait inhabitée remontait à 1745 .Nous avions interdiction d’y jouer.

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    1. Exactement, il se faisait du patchwork un peu partout dans nos campagnes, la nécessité faisant loi ! Et bien souvent, ces patchworks avaient des broderies. Ils étaient bien souvent en laine et ont fait le régal des mites… c’est pourquoi cet artisanat ancien est presque tombé dans l’oubli. Des collectionneurs comme Michel Perrier les collectionnent et les exposent parfois. Qu’ils sont beaux ! Ils sont aussi tellement touchants, parce qu’ils font partie de notre patrimoine… alors quand on en a un dans sa propre famille, c’est formidable !
      Je maintiens cependant que les Américaines ne se sont pas inspirées de quilts apportés par les Amish d’Alsace.

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  13. travailler un sujet en histoire revient souvent à faire bouger les idées construites il y a longtemps! Si les Amish de France avaient fait du patch avant de partir on aurait sans doute trouver des quilts dans d’autres communautés françaises aussi…Rien de choquant dans ce que tu dis, l’interprétation des faits anciens évolue avec la recherche…

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    1. Il faut rester humble dans ses affirmations, on peut si vite être démenti ! Mais effectivement, nous n’avons pas le berceau des quilts Amish en Alsace mais celui du peuple Amish, c’est déjà ça !

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