Souffrance des enfants : harcèlement scolaire

Bonjour, je ne souhaite pas vous faire peur avec ce sujet bien différent de nos occupations artistiques habituelles. Mais nous sommes presque toutes des mères, des grands-mères peut-être, ou même des enseignantes et de toute façon, humainement, viscéralement, nous sommes attachées au bien-être des enfants. Découvrir qu’un enfant est harcelé est une souffrance terrible qu’on veut arrêter. Cependant, en voulant bien faire, on peut empirer les choses. Comment aider le jeune à s’en sortir ?

La réponse semble toute trouvée : s’en prendre, nous adulte, au harceleur, le punir de manière proportionnée. Solution de bon sens, qui pourtant ne règle rien et aggrave souvent les choses.

Comment peut-on désamorcer les harcèlements, avant que l’enfant désespéré ne s’en prenne aux autres ou à lui-même ? Les adultes doivent discerner la gravité, puis agir… mais pas comme on le pense.

J’ai découvert la méthode de Philippe Aïm par hasard, lors d’une émission TV. Son discours m’a convaincue qu’au moins 90% des adultes, spontanément, feraient exactement ce qu’il ne faut pas faire tout en croyant aider. L’idée majeure est de désamorcer l’emprise du harceleur avec les bons mots ! Son livre explique avec clarté les jeux de rôle qu’il propose aux enfants pour qu’ils sachent EUX-MÊMES répliquer au provocateur, les réponses magiques, les règles d’or, les 10 commandements pour être heureux à l’école avec les autres, l’option hypnose…

Malgré le sérieux du sujet, ce livre se lit facilement, l’auteur sait alléger l’atmosphère, cite des spécialistes, des philosophes, mais aussi des poètes, des chanteurs, des films culte ! J’aime son humour et, surtout, sa méthode donne de l’espoir. Elle fonctionne.

Le meilleur moyen de se défendre
est de ne pas imiter l’offenseur.

Marc Aurèle

J’ai la grande chance de ne pas être concernée, mes enfants sont adultes et n’ont pas encore d’enfants. Mais la méthode développée par ce docteur peut sauver des situations, pour ne pas dire des vies. C’est pourquoi je me permets aujourd’hui d’aborder ce sujet : si dans votre entourage, vous décelez un problème de harcèlement, je vous conseille de tout cœur la lecture de ce livre. Je me mêle sans doute de ce qui ne me regarde pas, mais si je peux aider indirectement ne serait-ce qu’un seul enfant, cet article aura eu un intérêt.

Sticks and stones can break my bones,
But words will never break me.
Des bâtons et des pierres pourraient briser mes os,
Mais les mots ne me blesseront jamais.

Comptine connue de tous les enfants américains, expliquée dans le livre.

La France est quasiment épargnée par les tueries de masse en milieu scolaire, pourvu que ça dure ; sans doute n’est-il pas aussi facile qu’aux USA de se procurer des armes à feu. Mais les 3/4 de ces massacres sont perpétrés par des jeunes affaiblis par des harcèlements.

J’aime aussi le livre très pédagogique de Jacquie Gering sur le quilting avec le double entraînement (voir l’article Marche ! ). Mais surtout, en rapport avec le sujet du jour, j’admire son quilt qui l’a rendue si célèbre :

Bang you’re dead (Pan t’es mort), 2013, Jacquie Gering.

Ce quilt choque, il est fait pour cela. Le mari de la quilteuse travaillant dans l’éducation publique, était confronté quotidiennement aux chiffres de violences concernant les jeunes. Ce quilt est destiné à susciter la conversation sur le thème des armes, des troubles mentaux, de la violence. Jacquie aurait aimé qu’enfin son gouvernement cesse de s’appuyer sur le droit du cow-boy à détenir une arme… Cela ne mettrait pas fin à la violence, mais diminuerait déjà le nombre de tués et ferait prendre conscience à certains que la violence n’est pas une solution.

L’histoire nous montre que la violence résout rarement les problèmes, elle crée en revanche d’insondables souffrances. On voit aussi que même lorsqu’elle paraît sage et logique pour mettre fin à des conflits, on ne peut jamais savoir si au lieu d’éteindre un feu, on n’est pas en train d’allumer un brasier.
Dalaï-Lama

Je crois aussi que l’apaisement dans un domaine peut, tel un jeu de dominos ou le célèbre battement d’ailes d’un papillon, avoir dans la société des conséquences positives inattendues par ailleurs.

Bonne journée quand même les amies !
Katell

18 commentaires sur « Souffrance des enfants : harcèlement scolaire »

  1. Merci beaucoup pour cet article. J’ai des petits enfants et l’aîné a été victime de harcèlement à l’école primaire, comme nous avions une relation très privilégiée il s’est heureusement confié auprès de nous. Heureusement, il a pu résister à ces méchancetés et à présent continuer ses études au collège sans heurts. Mais je n’avais pas les outils pour le défendre et le réconforter. A priori, ça avait un peu calme le jeu, mais tout de même ça laisse des traces … tout ça parce qu’il a toujours été le premier de sa classe! Je vais essayer de trouver de livre qui donne des clés Merci 🙏

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    1. Anne-Marie, très heureuse de savoir que ton petit-fils s’en est sorti malgré tout. Vous avez eu les bons mots pour désamorcer le processus de victimisation, car c’est de cela qu’il s’agit, désamorcer les conflits.
      Quand on a été victime, il peut être angoissant de fonder ensuite une famille, de peur que son enfant ne subisse la même chose. Ce livre peut s’avérer utile également pour ton petit-fils, afin de finir de se libérer de cette sale expérience.
      Bonne journée Anne-Marie !

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  2. Je n’ai pas lu ce livre et ce connais pas ce médecin… En revanche je crois qu’en termes de « méthode », en complément de la reconnaissance du statut de victime pour le harcelé et la prise de conscience de ses actes par le harceleur, il faut travailler sur la masse de normopathes, ces gens qui sont autour, témoins, mais qui, sans doute par crainte de devenir victimes eux-mêmes, sont passifs…
    Bonne journée, Katell!

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    1. La peur… C’est effectivement ce qui empêche souvent d’intervenir, et le conformisme de l’entourage est affreusement banal. L’auteur propose de donner les moyens à l’enfant de se débrouiller lui-même par des phrases désamorçant les conflits, avant que cela ne devienne trop grave.
      Le sujet est bien difficile, mais il fait tellement partie de la vie…
      Bonne journée à toi aussi !

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    1. Oh oui ! La profusion d’armes ne peut qu’engendrer leur utilisation…
      Et l’éducation est la source d’une gestion des conflits de manière respectueuse.
      Bisous mon amie

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  3. Merci Katell pour aborder ce sujet si sensible. Je n’avais pas connaissance de ces précieux ouvrages. Je ne suis pas encore grand mère. Mais il faut en parler. Mais ce sujet est pour moi l’illustration d’un choix de société, d’un choix de système éducatif. Image et compétition, norme et exclusion….Les jeunes finlandais apprennent très tôt l’inverse à l’école. Ils n’apprennent pas des enseignements, ils apprennent à se comporter avec l’autre et dans un cadre : écoute, empathie, solidarité…Cela leur donne une confiance en eux qui leur permettra d’aimer apprendre d’accepter et de tirer profit de leurs échecs et trouver leur place. Je pense que les grands mères peuvent prendre part à ce projet à leur manière. La création dans tous les domaines est une bonne base.

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    1. Le témoignage d’Anne-Marie va complètement dans ton sens, les grands-parents sont parfois de meilleurs interlocuteurs que les parents.
      En Europe du Nord, les systèmes éducatifs sont bien différents et l’exemple de la Finlande est flagrant. Je suis très heureuse que mes filles aient commencé leur scolarité en Allemagne, dans un Kindergarten inspiré par la méthode Montessori. J’ai vu concrètement l’apprentissage du respect mutuel, de l’empathie, de la solidarité, dans ce petit groupe de 22 enfants de 2 ans1/2 à 7 ans, tous ensemble, comme dans une grande famille.
      Savoir quoi répondre quand on est agressé verbalement, cela s’apprend, c’est le sujet du livre. Il n’est pas un programme d’éducation, mais il devrait en faire partie, pour faire diminuer harcelés et harceleurs… C’est abordé dans un chapitre.
      Merci Sophie, bonne journée !

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  4. Ce livre doit également être utiles aux adultes victimes eux aussi de harcèlement. On en parle peu mais le harcèlement se retrouve dans le milieu professionnel ou autre. Les petits harceleurs deviennent ceux qui nous pourrissent la vie au sein d’une association, d’un immeuble, d’un village…. Et le harcelé se retrouve bien souvent isolé.
    Merci pour ce partage.

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    1. Oh Corinne, je sais bien de quoi tu parles !! Et les adultes qui harcèlent les jeunes dans le domaine du sport… C’est aussi un fléau peu abordé, mais des femmes commencent à dénoncer certaines pratiques, y compris des dominations sexuelles.
      Les manipulateurs sont également redoutables. Bref, c’est un vaste domaine des relations humaines…

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  5. Les harcèlements d’enfants ont dû toujours existé. J’ai bientôt 83 ans et j’ai connu dans un pensionnat de religieuses (j’étais demi-pensionnaire). J’étais première de classe… oui… mais d’une famille pauvre, mon père malade grand blessé de la 1ère guerre je n’avais que 9 ans à l’époque. Les « grandes » comme on disait m’avaient prises comme bouc-émissaire et tout était possible pour se moquer de moi… Elles étaient plusieurs soeurs de famille maraîchère et « à l’aise »…Ma mère s’est déplacée plusieurs fois pour se plaindre près de la supérieure qui intervenait ensuite…. Cela a confirmé mon fort caractère… cela m’a permis de tenir la route même ici car j’ai appris à me défendre et à défendre les autres même employées. (je suis en Ehpad au moins pour l’instant)

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  6. Encore un article de fond pour nous aider à réfléchir et nous donner un outil efficace dans la vie pour aider ceux qui sont maltraités, adultes ou enfants. Tu as un grand cœur Katell, en voici une nouvelle démonstration avec cette belle page.

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    1. Surtout, l’infustice m’insupporte, la loi du plus fort ou du mâle Alpha m’énerve. Et quand il existe des outils simples pour rétablir un équilibre, j’approuve !

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  7. Pas vraiment concernée durant la jeunesse de mes enfants à part quelques broutilles mais si Katell, tu as raison d’avoir fait ce post. Il faut en parler…si ça peut faire avancer les choses… les américaines  » exorcisent » leurs peurs en les exprimant sur des quilts et je trouve cela très bien.
    Le message par le biais de la création passe parfois bien mieux que par les standards de notre société…. Merci pour le lien du livre.

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  8. un sujet très important. Il faut que les parents soient sensibilisés. Dans mon école nous travaillons sur l’empathie et le rôle de ceux qui voient mais ne disent rien…Nous formons de élèves médiateurs également. Cela apaise les tensions…

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    1. Le corps enseignant peut beaucoup, pour mener les jeunes à devenir d’une part plus empathiques, d’autre part plus communicants. Bonne idée que ces élèves médiateurs. Je crois que cela bouge beaucoup dans certains établissements grâce à des personnes motivées qui veulent améliorer la prévention.
      Merci à toi !

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  9. Le corps enseignant peut beaucoup, pour mener les jeunes à devenir d’une part plus empathiques, d’autre part plus communicants. Bonne idée que ces élèves médiateurs. Je crois que cela bouge beaucoup dans certains établissements grâce à des personnes motivées qui veulent améliorer la prévention.
    Merci à toi !

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