Le patchwork a bon dos

Il y a environ un mois, j’ai rencontré Anne-Carol Lemaire, la créatrice de L’Atelier du Patchwork à Villeroy dans l’Yonne. Nous avons passé un après-midi très chaleureux, à papoter chiffons (traduire : parler de l’art du patchwork) puis David, formidable quilteur-brodeur, nous a rejointes en fin de journée.

Un bout de la fresque Mille Fleurs de la Ruche des Quilteuses – Vous pourrez la (re)voir à Lacaze (Tarn) les 25 et 26 juin prochains, à l’Église.

En voyant mes quilts, Anne-Carol s’est étonnée de mes dos, parfois très « patchworkés », disons plutôt très piécés. Par commodité au début, par goût de plus en plus, je fais des dos inattendus et mes amies tout autant. Nos quilts ont de bons dos, qui rendent nos ouvrages réversibles. J’essaierai de vous les montrer plus souvent !

Belle photo d’Anne-Carol Lemaire dans sa boutique (de Vérone Belmondo sur Facebook).

Voici quelques quilts et leur dos, tout d’abord La Ronde des Pétales de 2010, qui marque mes débuts dans les échanges de blocs sur internet (48 blocs échangés, 52 ajoutés) :

Puis Jeunes Pousses :

… cache un dos qui me rappelle l’Espagne avec ses agrumes, complétés par des blocs-démonstrations en stage :

Voici aussi le quilt pour les 50 ans de ma sœur Isabelle, offert en mars dernier :

Ces quilts ont déjà été montrés sur ce blog, mais je n’avais pas encore photographié le suivant, resté 10 ans dans son carton, terminé pendant un confinement et quilté par Chantal Baquin. Il est très traditionnel, intemporel, très agréable sur un lit (il mesure + de 2 m). Et son dos, tout comme le devant, est très scrappy, mais pas du tout organisé. Les coutures du dos peuvent bien sûr légèrement gêner lors d’un quilting à la main (mais pas tant que cela) ; pour un quilting à la machine, c’est no problem! Ce quilt, commencé pour mes 50 ans, devait s’appeler Cinquantenaire. Terminé pour mes 60 ans… il n’a finalement pas de nom ! Le bloc s’appelle Sister Choice.

Voici son dos, assemblé de manière utilitaire :

Cela ressemble beaucoup à certains quilts des campagnes anglaises !

Si nos quilts ont de bons dos, faits à l’économie, l’activité a également bon dos : faire du patchwork est catégorisé comme un passe-temps ou un loisir créatif. On peut aussi l’ériger en art, mais ce qui compte, c’est son effet sur nous : c’est un ancrage dans sa vie, un anti-stress, une vraie thérapie… et bien sûr nous nous offrons de belles rencontres comme avec Anne-Carol et David.

💙💛💚 Quilter pour Offrir 💚💛💙

Quel intérêt trouves-tu à faire du patchwork ? C’est la question qu’une personne m’a posée récemment, qui appréciait le résultat mais considérait cette activité tellement chronophage, tellement bizarre même (le concept d’acheter des grands métrages de tissus, les couper en petits morceaux pour les recoudre ensemble mélangés est la boutade habituelle), qu’elle m’a demandé ce que j’en retirais comme bénéfices, hormis d’avoir des couvre-lits, des plaids et des décorations uniques.

Je lui ai donc longuement raconté que faire du patchwork, c’est bien plus que l’apparence des choses (vous, vous le savez bien). Ce n’est pas avoir des quilts qui m’intéresse (même si c’est une conséquence agréable), c’est surtout le vécu de la création : une succession de joies, de tranches de bonheurs, d’instants de grâce, aussi bien quand on brasse les tissus pour trouver une harmonie, que lorsqu’on les repasse, les caresse, les coupe, les coud pour en faire l’image qu’on se représente, ou bien se laisser surprendre par un tout autre résultat… Tout un processus qui se fait dans le flow, ce flux de créativité qui nous fait oublier tout le reste. J’ai déjà évoqué ce concept ici en 2016, puis dans mon livre BeeBook paru en 2019 (épuisé). Sans ce bien-être éprouvé et addictif, j’aurais cessé depuis longtemps de faire du patchwork : il m’apporte un équilibre dans ma vie quotidienne. Je crois qu’il me dispense de m’asseoir pour méditer, car j’obtiens ainsi des bienfaits similaires à la méditation ! Nous laissons tomber notre mental pour vivre l’instant présent, nous laissons reposer nos pensées incessantes et nous lâchons prise pour expérimenter notre autre moi, celui qui offre la créativité et la sérénité.

Tomber sur un champ de coquelicots, s’en émerveiller, c’est aussi profiter de l’instant présent !

J’ai aussi un lien quasi-charnel avec les textiles, en nana bien ancrée dans son histoire de femme. Filer, tisser, choisir, acheter, coudre, repasser, laver, raccommoder… Quelles que soient nos origines géographiques ou sociales, notre lignée féminine s’est vraisemblablement occupée des tissus de son foyer depuis des dizaines de générations, d’une manière ou d’une autre. C’est un héritage que je ressens de plus en plus vivement. On a beau trouver des hommes dans l’histoire du monde textile avec les tailleurs, les teinturiers, les tisserands, les commerçants et autres, ce domaine est plus spécifiquement féminin, tout comme celui du travail du bois, de la pierre, du fer ou du verre est plus masculin.

Après toutes ces explications, la seconde question fusa : que vas-tu faire de tes prochains quilts ? J’ai une très bonne réponse : je vais les offrir ! Et vous aussi peut-être… Faire connaître le patchwork en offrant des quilts, encore mieux si c’est dans d’autres milieux que les nôtres, c’est faire plaisir ET se faire du bien… Les Abeilles de la Ruche des Quilteuses ont trois causes motivantes pour faire des quilts à offrir, je vous les exposerai lors de prochains articles, en espérant que vous vous mobiliserez à la rentrée pour l’une ou l’autre… ou pourquoi pas les trois !

💙💛💚 Quilter pour Offrir 💚💛💙

Alors rendez-vous prochainement pour découvrir les trois Causes,
qui seront de beaux projets pour la rentrée !
Avec joie et créativité,
Katell

Annonce : il reste quelques places pour le stage Le Jardin du Bonheur à MONTBAZENS dans l’Aveyron, le 28 juin 2022, avec Ina Statescu. Vous y apprendrez différentes techniques main et machine  adaptables à vos propres réalisations pour enrichir vos créations. Ces techniques vous ouvrent une grande créativité. 
Marie-Claude Serres vous donnera tous les renseignements pour votre inscription, contactez-la au 06 15 43 79 47 ou marie-claude.serres@wanadoo.fr.

Le Jardin du Bonheur, Ina Statescu

42 commentaires sur « Le patchwork a bon dos »

  1. tout est dit faire du patch est pour moi comme méditer, une thérapie pour passer certains moments difficiles
    Créer un patch un bonheur ! donner un patch un geste d’amitié, d’ amour ! donc Patchons !!! bises

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  2. Je ressens le même apaisement avec la broderie, Il y a peut être moins de créativité suivant le choix des modèles, mais cette sensation de s’évader, de vider sa tête en se concentrant uniquement à sa tâche, tirer les fils, couper les fils, choisir sa toile, avancer croix par croix, imaginer le rendu final …. Et puis comme toi, offrir une de ces broderies à quelqu’un qui apprécie, c’est souvent le point d’orgue à ce « travail » qui n’en n’est pas un, mais un plaisir partagé souvent en club ou avec des amies.

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    1. Oui, le plaisir de se rencontrer pour faire ensemble est la cerise sur le gâteau, avoir une bonne raison de nous rencontrer, nous retrouver… Nos mondes sont tellement proches !
      Je t’écris dans la journée, avec quelques questions à te poser avant de nous retrouver à Lacaze 😊

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  3. Bonjour, faire du patchwork pour moi, c’est une détente, une thérapie qui m’a permis de sortie de différentes épreuves. Et faire plaisirs aux personnes à qui les offrir mes filles, la naissances des bb de la famille, mes amies et surtout aux personnes qui je suis sûr qu’ils vont être contentes. Je vais l’arrière aussi avec des empiecements tissus. Il y a encore bcq de personnes qui ne connaissent pas le patchwork. A bientôt. Fatna

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  4. Je suis entièrement d’accord avec TOUT que tu dis sur nos tissus , créations , échanges et sur le plaisir d’offrir pour faire plaisir ou pour servir une cause .
    Vive le patchwork !
    Maïté -BeeBee

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  5. Je suis super heureuse d’entendre que faire du patchwork est méditer. Je répète depuis 40 ans à qui veut l’entendre que pour moi faire du patchwork et quilter à la main c’est « la méditation du petit point » donc merci de me conforter dans ma vision du patchwork. Merci de tout cœur pour ce si bel article.

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  6. Oui, c’est bien ça, je me retrouve dans tout ce que vous dites et j’ajouterais, pour le plaisir de partager des moments conviviaux avec les copines du club, même si quelquefois on papote plus qu’on ne coud.
    Lorsque je me lance dans un projet j’en arrive à tout oublier, le temps passe sans que je m’en rende compte, j’en oublie même de manger, moi qui suis une grande gourmande et je me réveille quand mon mari me crie « à table » tard dans la soirée !
    A bientôt de vous lire dans votre prochaine lettre.
    Martine

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    1. La dimension sociale, je veux dire amicale, est hyper importante pour nous aussi à la Ruche !
      Le flow, c’est exactement cela. Je me souviens que, lorsque je devais aller chercher mes enfants à l’école, je mettais mon réveil à sonner quand j’étais dans mon atelier, alors qu’en temps normal, j’ai une horloge dans la tête !

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  7. je suis entièrement d’accord avec tout ce que vous dites, Katell et les autres personnes et tous les bienfaits que m’apportent cette activité . le » mauvais temps », la pluie et le brouillard ne m’affectent pas quand je suis affairée avec mes couleurs très colorés .Ce qui m’importe le plus, c’est le fait de créer un ouvrage personnel après avoir regardé des des tas de photos d’artistes (dont les vôtres bien sûr) .Pour les dos, j’utilise les restes des tops en partant du plus petit morceau au centre puis ‘je tourne autour  » par taille progressive des chutes , j’intercale parfois des tissus qui me plaisent moins pour les utiliser et surtout je brode les étiquettes: je donne un nom à l’oeuvre; si c’est inspiré d’un modèle ou d’une revue, je le précise , j’ajoute la date puis mon nom; éventuellement le nom de la personne à qui il est destiné.
    Merci pour toutes vos bonnes idées et vos articles dont je me régale à chaque lecture

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  8. Quel plaisir ce matin de te lire. Ah, le bonheur de faire un dos, parfois plus important que quand je fais le devant. J’ai souvent besoin de faire un devant structuré pour pouvoir me lâcher avec les restes et les tissus ajoutés pour improviser pour le dos. Ce que je fais en patchwork est aussi parfois un baromètre de mon été émotionnel. Après le décès de ma belle-mère, j’ai eu un moment où je n’avais pas envie de me plonger dans le quilting du dernier QAL. Seul un petit projet de pochette m’a tentée. Je sens que je l’envie revient, l’envie de quilter, l’envie de jouer à nouveau et de toucher mes tissus. Je vais préparer des « je peux jouer pendant quelques minutes ou une demi-heure » à « j’ai du temps devant moi, j’avance un plus gros projet ». Quelle richesse que nos tissus. J’attends les trois causes 🙂 Le temps de cogitation est aussi jouissif. Bises douces ma belle Katell.

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    1. Toi tu es devenue la Reine des Dos Magiques ! Tellement harmonieux que parfois ils supplantent presque tes devants. Moins structurés, plus intuitifs encore, tellement beaux !
      Que le patchwork t’aide maintenant dans ta vie, une fois encore. Quand on sent l’amorce de l’envie qui revient, c’est que la vie reprend malgré tout.
      Tu connais les Trois Causes (mais oui !!), je joins la carpe au lapin parce que c’est finalement toujours un appel à la générosité, à notre savoir-faire… et à notre immense stock de tissus !!
      A très vite Annie pour d’autres nouvelles, et quelle joie de nous retrouver en septembre à SMM !!

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  9. Moi aussi le patchwork me fait tout oublier, c est une excellente thérapie. Un vrai bonheur très personnel. Si les autres aiment mes ouvrages, j en suis très heureuse mais j ai longtemps considéré que ça n avait pas d importance car les bienfaits retirés lors de leurs confections me suffisent largement. Je crée ou je m inspire ou je copie : tout dépend de mon humeur et de mon temps libre (hélas) J attends tout de même tes projets avec impatience.
    À bientôt
    Marie Odile

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    1. Une seule chose : continuer ! Cette sérénité est tellement précieuse…
      Les Causes nous feront faire, au moins pour deux d’entre elles, des quilts de taille raisonnable et pas difficiles.
      Merci Marie-Odile, à bientôt !

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  10. Encore un journee qui a commencé avec un trésor de lecture, auquel je n’aurais rien à rajouter, tu parles trop bien ! J’adore aussi voir tes doublures, aussi belles que les tops. Montre-nous en encore !

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    1. Renée, justement j’allais m’excuser auprès de toi, de Cécile et Isabelle Langiano : vous m’avez sollicitée pour montrer 10 quilts sur Facebook/Instagram, je reviens de vacances et je n’aurai pas trop le temps cette fois-ci, ce sera pour une autre fois ! J’ai pas mal de choses à terminer pour l’exposition de Lacaze…
      Et oui, je montrerai nos derrières plus souvent 😁
      Passe une belle journée !

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  11. Très bel hymne au patchwork, notre passion commune aux mille vertus! Nous y trouvons toutes notre bonheur, et c’est bien là l’essentiel. Merci beaucoup pour ce magnifique article, chère Katell! Encore un de plus! Vous nous gâtez!

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  12. Que dire que vous n’ayez déjà exprimé ? j’ai réalisé mon 1° top en juillet août 1970 et c’est une curiosité car le l’ai fait sans avoir la moindre idée de la technique à utiliser , je ne l’ai quilté que 15 ans après car je ne savais pas quel molleton utiliser, et les patcheuse rares en ces temps reculés pour me conseiller. de plus j’ai déménagé 9 fois en 14 ans et ça n’a pas favorisé les choses.
    J’ai réalisé ensuite d’autres jetés de canapés en autodidacte et n’ai adhéré à France Patchwork qu’en 1997, et en 1998 avait lieu la 1° formation recherche à l’instigation de Joêlle Jan Gagneux une personne lumineuse et partageuse et créative … que je regrette. elle m’a ouvert la voie vers l’art textile,
    je ne saurais pas vivre sans mon atelier, je suis bavarde et extravertie mais en fait je ne suis jamais aussi bien que seule avec mes tissus et mes fils .
    N’ayant pas une famille nombreuse je vais offrir mes patchs à des organisations caritatives .
    Non je n’ai pas 90 ans j’ai commencé tôt.

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    1. Nous nous rendons compte que nous sommes tellement attachées à notre activité ! Elle est à la fois personnelle et solitaire, mais ouvre aussi les portes vers la convivialité, tout ce dont nous avons besoin pour notre équilibre !

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  13. Comme je suis entièrement sur la même longueur d’ondes. Je pense que beaucoup de personnes, si elles avaient une occupation telle que le patchwork, la broderie (comme le dit Gene ci-dessus) voire la couture ou le tricot, elles iraient sans doute beaucoup mieux dans leur tête car sans aller jusqu’à la méditation, le fait de se concentrer sur son ouvrage même de façon très ludique, cela apporte un bien fou. J’ai connu une psychiatre qui faisait de la broderie et qui affirmait que « broder chaque jour était beaucoup plus efficace que les anti-dépresseurs ». Je suis certaine qu’elle avait raison.

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  14. J’adhère tout à fait à ce que vous avez écrit. On m’a souvent demandé également ce que représentait pour moi le patch ou le point compté et je répondais toujours que c’était ma façon de méditer. C’est un moment où j’oublie tout en me concentrant sur la couture ou les petites croix.
    Et j’éprouve beaucoup de plaisir à choisir les tissus ou les fils qui iront bien avec le modèle choisi. Il m’arrive aussi d’offrir des petites broderies ou des pochettes en patch à des personnes qui les apprécient. Bonne soirée.

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    1. Ce sont comme des gammes et sa concentration induite, chaque étape est à réussir et conditionne la prochaine… et nous en retirons une vraie sérénité ! Merci et bonne soirée !

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