Fouzia et Grain de Sel

Aujourd’hui, je sors de mon champ de recherches habituelles pour approcher un art qui monte : le street art. L’art dans la rue, quelle belle idée… quand c’est joli ! Cette appellation est plus laudative que les graffitis n’est-ce pas ! J’avoue ne pas y connaître grand chose, mais j’ai quelques exemples qui me plaisent. Entrons donc dans ce monde qui fut d’abord celui d’une expression sauvage associée à des dégradations, qui devient – parfois – une magnifique expression artistique.

Les grandes manifestations artistiques dans la rue font toujours parler, comme les emballages de monuments de Christo :

Est-ce de l’art ?  C’est en tout cas original, c’est spectaculaire, cela ne fait de mal à personne… Photo Wolfgang Volz/2021

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Certaines villes encouragent la peinture de pignons aveugles en trompe l’œil, pour créer de l’animation. On aime ou on n’aime pas, mais il y a une volonté de faire quelque chose de vivant, qui suscite l’intérêt, et on admire presque toujours le talent des artistes :

Le Mur des Canuts à Lyon, plus grande fresque d’Europe (1200 m2)

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Et puis il y a des œuvres décoratives qui rendent la vie plus belle, comme ce récent mural de Julien Soone, 1 rue Jean Castilhon à Toulouse (quartier Soupetard) :

L’artiste toulousain Julien Soone a vécu 10 ans en Chine, il s’est imprégné aussi de l’esthétique japonaise. De son expérience en Asie, il retient qu’il faut toujours travailler avec rigueur (voir cet article de La Dépêche).

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On peut admirer dans tant d’endroits des beautés inattendues !

A St-Brieuc (photo du Télégramme)

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J’aime énormément le travail de NeSpoon, je vous en ai déjà parlé par ici.

Elle ose souvent des graffitis sauvages, elle a aussi de prestigieuses commandes. L’artiste polonaise a travaillé sur 5 continents, 40 pays, 100 villes, toujours ou presque sur le thème des dentelles. De tout cœur je lui souhaite de continuer longtemps à orner ainsi nos villes de peinture blanche, et noire ou grise parfois !

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À l’opposé, il y a les graffitis moches, les dégradations volontaires. Voici des exemples, en vous épargnant les insultes et grossièretés diverses :

Puis le très moche devient curieusement beau :

Graffeur Lee Quiñones sur un terrain de handball (© Charlie Ahearn)

Lee Quiñones, originaire de Puerto Rico et naguère le plus célèbre graffeur sauvage des métros de New-York, peint à présent sur toile et les vend en galeries d’art. Sa mission reste inchangée : créer de l’art pour émouvoir les gens. Tous ses graffitis de métro sont depuis longtemps nettoyés et disparus, mais il a lancé un puissant mouvement artistique. Il ajoute : Jusqu’à mon dernier souffle, je continuerai d’être le plus vieil adolescent du monde .

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Le monde de Banksy (pseudonyme) est passionnant, il manie à la fois l’humour, la poésie et les revendications antisystème. Son travail est généralement au pochoir, avec quelques touches de couleurs, et parfois quelques mots.

Ce pochoir est devenu iconique, repris un peu partout. L’original date de 2002, sur le Waterloo Bridge de Londres. Photographe Dominic Robinson, en 2004.
Flower Thrower de Banksy à Bethlehem en 2003

Rappelons que les graffitis restent interdits sur les métros, les ponts, les bâtiments etc. ! Mais certains murs sont laissés à l’expression par les mairies, des commandes sont faites.

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Pourquoi me suis-je penchée sur cet art aujourd’hui ? Simplement parce que, tout près de chez moi, mon regard a été attiré par des couleurs insolites sur une ferme en briques, en ruine depuis un certain temps. Elle est entourée de champs, peu accessible. Mais la semaine dernière, j’ai entraîné mon mari pour nous en approcher et voir ça de plus près.

Plus je contemplais ces ajouts de peinture bleu & blanc, plus j’aimais. Et puis, j’ai trouvé des signatures :

Sur le poteau en haut, je me doutais qu’il s’agissait de la signature du grapheur. Après quelques recherches, c’est l’alliance de deux talents toulousains qui ont donné ce lieu unique : Fouzia et gr1-2sl (lire : grain de sel !)

Voici leurs photos (de leurs comptes Instagram @zellipark et @gr1-2sl)), prises juste après leur action artistique au printemps dernier :

Qui sont-ils ? Ce sont des artistes avec leur propre univers. Grain de sel s’exprime avec des cercles et un talent certain, Fouzia avec des mosaïques rappelant les zelliges nord-africains. Avec son passé d’éducatrice spécialisée, celle-ci fait notamment, avec l’accord des mairies, des dessins sur les places réservées aux handicapés pour les marquer très visiblement, parfois avec l’aide d’enfants de la commune. J’adore cette initiative. Allez sur leurs deux sites (liens à cliquer ci-dessus), et bravo à eux ! Voyons un aperçu de leurs talents.

Fresque murale de GR1-2SL à l’hôpital Necker des Enfants
Sneakers UNIQUA faits à la main à Limoges, graphisme de GR1-2SL
Une belle surface verticale à Nogent-le-Rotrou, création Gr1_2sl
Parc Sant Vicens à Perpignan, Gr1-2sl

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Exemple de déco utile de Zellipark à Poitiers, hôpital Laborit
Premiers essais de Zellipark à l’hôpital d’Albi en 2017

A La Salvetat-St-Gilles (31), en décembre dernier des enfants ont participé à la décoration des places pour handicapés, devant le château d’eau déjà peint mais fort défraîchi, avec la scène du balcon de Roméo et Juliette :

À bientôt avec d’autres univers artistiques,
Katell

Tambouille de blogueuse
Pour cet article, j’ai fait plusieurs vérifications d’orthographe : un graffiti donne-t-il au pluriel graffiti à l’italienne ou graffitis à la française ? Réponse générale, les deux sont admis, avec une préférence pour le pluriel à la française.
L’autre difficulté, au résultat moins unanime : écrit-on graffeur ou grapheur ? J’ai mis les deux, car graffeur vient de graffiti… et grapheur vient de graphe, graphisme, graphique…
Ah vive le français 😎 !!

Cela approche :

A Aussonne (31) près de Toulouse :

A Balma (31) près de Toulouse :

De très nombreux événements vous attendent partout en France cette quinzaine !

34 commentaires sur « Fouzia et Grain de Sel »

    1. Je l’ignorais mais c’est de leur temps, et il faut qu’ils apprennent à bien se protéger des vapeurs. Quand je vois certaines réalisations, j’en suis baba ! On leur apprend aussi, j’espère, à ne pas faire n’importe quoi n’importe où.
      Je vais aller voir Miss Tic… Bonne journée Coco !

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  1. Très sympa cet article cela m’a rappelé une exposition que nous avions faite  à Vincennes sur les N’Débélé en partant des maisons peintes très graphiques et colorées.
    J’adore l’idée des places handicapés .. mais j’aurais peur de les abîmer..
    Merci katell et bonne journée 

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  2. Du graffiti au mur peint, il n’y a qu’un pas. Angoulême, capitale du 9e art a mis en avant le talent de plusieurs artistes depuis de nombreuses années déjà et c’est un plaisir de cheminer dans la ville à la découverte de ces majestueuses fresques colorées que l’on croirait animées.

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  3. Encore un article fouillé et intéressant. Nous avons une grande fresque sur un mur à Carcassonne pas loin de la Cité. Et j’adore le travail des toulousains sur ces vieux murs murs de briques.

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    1. Je vais relativement souvent à Carcassonne (les amis en visite en sont friands !) mais je ne vois pas où es trouve cette fresque, je te demanderai la prochaine fois !

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  4. Le célèbre Chat ,exporté maintenant , est originaire d’Orléans . J’adore les regarder à chaque fois que je passe devant .

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  5. Bonjour Katell j aime beaucoup le street art.
    Sur le Havre il y a eu un quartier dédié à cette expression avant la démolition de bâtiments. C était impressionnant de voir toute cette qualité d artistes même très jeunes. Des murs d expression !
    Nous avons eu aussi un jeu de piste avec  » jace » artiste street art, dans la ville. Jeune et moins à la poursuite de ces œuvres parsemées sur les murs, vieilles bâtisses. Très chouette

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    1. Merci pour ce témoignage ! En effet, ce qui est destiné à la démolition est propice à l’expression… Je crois bien que « ma » ferme en briques ne va pas tarder à être rasée aussi, la zone commerciale gagne inexorablement du terrain…

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  6. Merci Katell pour cet article passionnant ! De belles découvertes d’artistes pour moi. Dans la coulée verte de Soupetard, il y a également une grande fresque mais je n’ai jamais regardé s’il y avait une signature. A bientôt peut-être sur l’une de ces expositions .

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  7. Merci de me faire porter un regard nouveau sur cet art.
    Et, certains de ces graffitis pourraient nous inspirer de superbes quilts.

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  8. Merci Katell pour cet article comme toujours bien documenté. Nous avons ici aussi des graffitis-fresques qui me plaisent beaucoup… maintenant je vais aller chercher les signatures.

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  9. Merci : j’adore regarder même si je ne suis pas baba de tout… Je signale que depuis longtemps une superbe murale figure à Nantes, reproduction fidèle du peintre Alain Thomas : le Toucan à bec caréné. Il fut jadis sur le mur de la maison où le célèbre nantais Aimé Delrue avait habité (je crois).
    Je repense aux 7 ou 8 fresques murales de la ville québécoise de Sherbrooke. J’y ai résidé au moins 9 fois chez des amis. La première fois, la murale admirée concernait les pompiers et ensuite la ville a confirmé d’autres murs peints… A Bouguenais (44) où je réside, il y a de plus en plus de peintures sur des murs de squares, d’écoles, même si j’en ignore les auteurs. Bref je rejoins Katel sur ses avis : de quoi s’inspirer pour nos patchs quand on aime le moderne ou quand, malgré mon âge de sénateur, on veut rester dans le coup pour discuter avec mes jeunes petits-enfants !

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  10. merci pour cet article. L’été dernier (et oui nous sommes déjà en automne, même si la météo ne nous le fait pas ressentir!) j’étais en vacances en Auvergne et nous avons fait une ballade dans un village qui s’appelle Gouttière qui entièrement décoré de street art sur le thème du chat….de Gouttière!

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  11. Bonjour Katell,
    C’est avec un grand plaisir que je lis chacun
    de vos articles, j’ai ailleurs commencé
    « Les 7 sœurs ».
    Je voulais vous faire part d’un lieu de graffeur
    l’hôtel 128 Street Art City près de Moulins.
    Un grand merci à vous pour vos articles divers et variés.
    Marie

    Envoyé de mon iPhone

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  12. MERCIIIII pour ce super article !
    personnellement, j’aime beaucoup cet Art de rue. Enfin de la couleur dans nos villes, nos campagnes…
    Merci aussi pour le rectangle jaune et les finesses de notre belle langue française 😉

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    1. C’est agréable de voir ce qui se passe ailleurs, mais avec les graffeurs cela se passe chez nous, et il est important de les mettre en lumière quand on aime ce qu’ils font !

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  13. Bonjour Katell,
    Grâce à votre article, en faisant ma promenade quotidienne j’ai reconnu un graffiti de Fouzia sur une place handicapés devant le lycée Daguin à Mérignac 😉

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