L’art nous permet de ressentir des émotions, des plus belles aux plus dérangeantes parfois. Je fais le choix aujourd’hui de partager un dessin digital qui me fait rêver…
Lire la suite de « Rêveries »Étiquette : Van Gogh
Sous des cieux inédits avec Vincent
Ayant besoin de quelque temps pour mettre de l’ordre dans mes beaux souvenirs de Pour l’Amour du Fil, je vous propose de patienter en reprenant notre balade amoureuse avec Vincent van Gogh.
Vincent van Gogh passa une année au pied des Alpilles, son talent exacerbé par la beauté des paysages, malgré ses crises qui survenaient tous les trois mois. Entre-temps, ses visions géniales et inédites se concrétisent sur toile, son talent s’épanouit dans la lumière provençale… Après Arles, je me devais de suivre Vincent van Gogh à St-Rémy-de-Provence, là où il s’est volontairement fait interner. Homme préférant la nature à la ville, il savait qu’il s’y sentirait mieux qu’à l’hospice arlésien.
Lire la suite de « Sous des cieux inédits avec Vincent »La Maison Jaune de Vincent
Il y a 169 ans, jour pour jour, naissait Vincent Van Gogh. Il faisait partie d’une famille bourgeoise originaire de La Haye, vivant à Zundert, tout près de la frontière belge. Ses parents n’eurent pas un brin de psychologie en lui dédiant le prénom de leur premier enfant mort-né un an plus tôt, jour pour jour (le 30 mars 1852) ; à l’époque on ne pensait pas au ressenti de l’enfant. Ainsi, le petit Vincent accompagna sa mère éplorée à chaque anniversaire, se recueillant devant une tombe gravée Vincent Wilhem Van Gogh – son propre nom. Il savait cette réalité enfant, l’a occultée ensuite, pour redécouvrir sa place d’enfant de remplacement à l’âge adulte, ce qui ne put qu’être un gros choc mal vécu. Son oncle paternel, commerçant d’art, se prénommait déjà Vincent Van Gogh, son neveu sera aussi un petit Vincent Wilhem… Cela fait partie des habitudes familiales de naguère, mais expliquent aussi son mal de vivre.
Par petites touches et grands aplats, continuons d’évoquer ensemble Vincent Van Gogh. Amoureuse de ce peintre depuis mes 13 ans, j’avais proposé un exposé au Collège sur Lui malgré ma timidité, j’avais écrit une rédaction sur sa Nuit Étoilée en 4e (la meilleure note en rédac’ de ma vie !), j’écrivais dans un cahier ce qu’il m’inspirait, j’avais été en stop à Amsterdam pour aller voir ses peintures « en vrai », au grand dam de mes parents mis sur le fait accompli, et au cours de mon grand périple aux USA à 19 ans, je suis allée voir La Nuit Étoilée à New-York… il fait partie des artistes qui accompagnent ma vie et plusieurs circonstances me le remettent sur mon chemin ces jours-ci. La chance de tenir un blog, c’est de pouvoir partager !
Ma deuxième fille a des talents de peintre, et lorsqu’elle avait 16 ans, avec les conseils avisés de son super-prof, elle a pensé m’offrir des reproductions de tableaux que j’aime… peintes par elle-même. J’ai donc des « originaux » chez moi, parmi mes biens les plus précieux : 2 Van Gogh, 1 Gauguin (et La Jeune Fille à la Perle de Vermeer aussi !!). Je dois dire que mes photos vues sur écran ne sont pas à la hauteur…
Il y a deux semaines, j’ai fait un petit voyage en Provence, sur les traces de Vincent… Évoquons aujourd’hui la célèbre Maison Jaune d’Arles et quelques-uns de ses tableaux dans la célèbre ville millénaire. On ne sait pas trop ce qui mena Vincent à choisir Arles, à part la ligne de chemin de fer directe de Paris. Déjà, cette ville était peu considérée pour sa propreté. Malgré le charme de son centre, la ville n’est classée que 190e sur 202 selon 9 critères sur l’agrément d’y vivre. C’est pourtant une ville au cœur d’une nature éblouissante…
Vincent en Provence, ce sont environ 850 dessins, études, aquarelles et tableaux à l’huile en 26 mois, il rêvait et vivait les lumières, les couleurs, les ambiances.
À Arles, il me fallait retrouver les lieux de ses tableaux, et tout d’abord sa maison jaune ! Son adresse est connue, 2, place Lamartine, tout près de la porte Nord de l’enceinte de la vieille ville.
Il arriva de Paris en train le 22 février 1888, s’installa dans un hôtel du quartier de la gare et aménagea le 17 septembre dans cette maison toute proche, rénovée pour moitié à ses frais, repeinte avec un crépi beurre frais et des volets verts… Un lieu joyeux pour soigner ses angoisses, une nouvelle vie pleine d’espoirs, de projets d’art et d’amitiés.
Vincent ne vécut que quelques mois dans cette maison jaune exposée plein Sud (l’aile de droite aux volets verts). Il avait meublé les deux étages avec le souci constant de bien accueillir son ami Paul Gauguin, rencontré deux ans plus tôt à Paris. Son rêve était de créer une communauté de peintres, comme naguère à Barbizon ou au même moment à Pont-Aven.
Elle aurait dû être une maison du bonheur, une maison où se réuniraient ce cercle rêvé d’artistes peintres, L’Atelier du Midi. Au rez-de-chaussée, la pièce à vivre salon-cuisine et l’atelier, au 1er deux chambres, la plus belle, avec un lit en acajou, destinée à Paul, l’ami longtemps attendu. Pas de salle de bains ni même de WC (commodités dans la maison voisine, un hôtel), mais tout de même l’eau courante (froide seulement), une gazinière pour faire à manger (Gauguin aime cuisiner). Hélas, on le sait, la communauté ne dura que 2 mois et se termina en tragédie, l’oreille coupée de Vincent, la veille de Noël 1888.
Paul Gauguin (1848-1903) fut un peintre remarquable avec un sens des couleurs raffiné, à l’influence aussi forte que Van Gogh pour la peinture à venir. Sa vision de la lumière dans la peinture avec les impressionnistes, son utilisation du cernage (le cloisonnisme*), des aplats de peinture avec les Nabis, des thèmes mystiques avec le symbolisme, sa recherche de la simplicité et de l’exotisme ont fait date dans l’évolution de l’art. Seulement, l’homme n’était pas toujours à la hauteur de son talent. D’une vive intelligence mais marginal colérique, il s’aigrit prématurément et aime se comparer à Jean Valjean (Les Misérables, Victor Hugo) et même à Jésus, incompris comme lui… Il a tendance à manipuler les gens, ses amis et ses femmes, souvent bien jeunes…
*J’en avais parlé dans l’article Le fil noir
Vincent & Paul ont cependant fait, pendant ces deux mois de vie commune, des séries de tableaux remarquables, baignés d’une chaude lumière automnale, émulés l’un par l’autre. Ils visitèrent notamment les Alyscamps (Champs-Élysées en provençal), vestiges d’une nécropole romaine au centre de la ville. Cependant, leurs différences s’exacerbent ; Vincent peint avec acharnement ses émotions d’après la nature, Paul le mystique maintient que l’art doit être porté par l’imagination.
En apparence Gauguin était le maître.
En réalité, la plupart du temps, c’était Vincent le meilleur.
Martin Gayford
L’histoire retient qu’au cours d’une violente dispute à la veille de Noël 1888, Vincent se mutila le lobe de l’oreille ; d’autres croient que c’est Paul, maître d’escrime, qui le blessa. On n’en saura probablement jamais rien. Paul quitta Arles vers d’autres cieux, ils ne se reverront plus jamais.
De nos jours, la Place Lamartine est devenue un grand rond-point, avec un Monoprix sur le côté et des voitures qui passent, sûrement sans aucune pensée pour le peintre. Il y a 12 jours, j’étais à l’emplacement de la maison jaune. La Place Lamartine est-elle embellie, riche du passage de ces peintres ? Aujourd’hui, c’est ainsi :
La maison jaune a disparu, il reste la maison à 3 étages, que je croyais accolée à la maison jaune, mais où il y avait un passage, ce qui la sauva. Qui a osé s’en prendre à la maison de Van Gogh ?
La guerre d’Ukraine m’a ramenée à Van Gogh via AK Moghaddam, avec les bleus et les jaunes, et voilà que l’histoire de son habitation fétiche rappelle l’actualité cruelle. Les guerres sont absurdes.
Il y a des fleurs partout🌸🌻🌺🌼🌷🥀🏵🌹
pour qui veut bien les voir.
Henri Matisse (1869-1954)
On peut être saturé par les Tournesols de Van Gogh, tellement on en a vu de mauvaises reproductions parfois pâlies par le temps, ou jusqu’à saturation sur les boîtes de chocolat de notre enfance… Mais les séries de fleurs en bouquets sont simplement splendides et nous rappellent, encore une fois par ce curieux rapprochement à multiples entrées, l’Ukraine, dont c’est un emblème national.
Il y eut deux séries de tournesols, ceux-ci datent d’août 1888. Plus tard, à St-Rémy, il peindra des iris…
La vérité est que Van Gogh sublimait tout. Pourquoi tenter de reproduire la réalité avec exactitude quand la photographie existe ? C’est déjà ce qui conduisit ses amis Impressionnistes à s’éloigner de l’art académique. Lui a su ajouter, avec la découverte de la lumière provençale, une vibration qui, des dizaines d’années après, continue de nous émouvoir. Il était un très bon peintre à Paris, il est devenu un génie sous la lumière provençale, peignant l’émotion créée par ce qu’il voyait.
A deux pas de sa maison, le Rhône. Les quais construits en dur renforçaient déjà les berges depuis les inondations terribles de 1856. Son talent a transformé le paysage en féerie nocturne.
Raymond Martinez a scruté les étoiles avec le locigiel Stellarium, afin de préciser le moment de la peinture (voir Futura-Sciences). Cette investigation l’a mené à découvrir une structure jusque là négligée :
C’est un pont qui rappelle la Hollande à Vincent, pas étonnant, il fut construit par un ingénieur hollandais vers 1820-30. Il a été bombardé et remplacé par une structure en béton armé qu’on ne remarque même pas en passant dessus, en pleine ville. Mais un pont similaire à celui peint par Van Gogh a été acheté par la ville, remonté en aval du canal, pour le plus grand plaisir des touristes ! Je ne suis pas allée le voir…
Pendant cette période, Vincent peint beaucoup de portraits, de lui-même et d’autres ; son problème est de trouver des modèles consentant à rester immobiles un certain temps !
Les portraits comme les scènes de la nature sont les inspirations majeures de Vincent.
Ce matin j’ai travaillé à un verger de pruniers en fleurs, tout à coup il a commencé à faire un vent formidable, un effet que je n’avais jamais vu qu’ici, et qui revenait par intervalles. Entre temps du soleil qui faisait étinceler toutes les petites fleurs blanches.
C’était tellement beau !
Vincent à Théo, le 11 avril 1888
Alentour, la ville ne s’étirait pas en triste banlieue comme maintenant. A quelques pas, sous sa fenêtre, c’était le Jardin du Poète, puis de l’autre côté les vergers et les champs.
Comme les Peuples Premiers, comme les paysans qu’il aimait côtoyer, Vincent trouvait du Sacré dans la nature, les végétaux et, surtout, les étoiles… Elles seront encore plus présentes dans les tableaux peints à St-Rémy-de-Provence.
Restons encore un peu à Arles, période à la fois productive, heureuse et éminemment dramatique, avec les premiers troubles psychiques forts de Vincent, même si la dépression couvait depuis bien des années. Aucun peintre n’a motivé autant de livres : des essais, analyses ou histoires romancées… Lui-même écrivait autant qu’il peignait, beaucoup de clés pour le comprendre sont dans ses lettres, mais jamais on n’écrit tout… Plus je lis à son sujet, plus je constate que chacun garde en son cœur « son » Vincent, et il me plaît de l’imaginer, au fond de lui, plus heureux au quotidien qu’on ne le décrit. Il a la chance d’être aimé inconditionnellement par son frère qui lui permet de vivre sa vie choisie d’artiste, qu’il peut créer chaque jour sans autre occupation que de rêver à son prochain tableau et d’écrire au sujet de sa passion, qu’il est foncièrement gentil et que les gens autour de lui le sentent. Bizarre, mais gentil , le Hollandais !
Aujourd’hui, les restaurateurs font leur possible pour satisfaire les touristes, le bâtiment est peint en jaune éclatant ; il était cependant fermé et bien triste, comme une femme mal fardée, sa terrasse servant de stationnement… La Place du Forum est d’ordinaire animée, mais pas en mars par temps gris.
Dans la Maison Jaune, Vincent écrivit un jour à son frère Theo :
Mais le peintre de l’avenir c’est un coloriste comme il n’y en a pas encore eu. Manet l’a préparé, mais tu sais bien que les impressionnistes ont déjà fait de la couleur plus forte que celle de Manet. Ce peintre de l’avenir, je ne puis me le figurer vivant dans de petits restaurants, travaillant avec plusieurs fausses dents, et allant dans des bordels de zouaves comme moi. Mais il me semble être dans le juste…
Que d’émotions en lisant ce fragment de lettre…
Si on avait pu lui faire savoir qu’il était ce fameux peintre de l’avenir, le coloriste comme il n’y en a jamais eu !
De février à mai 1889, il vécut en maison de santé, expulsé de la Maison Jaune par les voisins irrités… Vincent a ensuite choisi de se faire interner à une vingtaine de km dans les Alpilles, au monastère St-Paul-de-Mausole à St-Rémy-de-Provence. Il y restera un an et il y peindra ses plus beaux tableaux.
Je reviendrai peut-être avec Vincent,
à St-Rémy-de-Provence puis Auvers-sur-Oise,
avec d’autres nuits étoilées et d’autres journées ensoleillées,
Katell
Lone Star Quilt/6, enfin !
Les 6 semaines du Quilt Along avec Lindlee @plainsandpinequilts se sont longuement étirées pour moi. Cela fait tout de même quelques jours que ce quilt est fini, mais je ne voulais pas publier de photo avant de l’avoir offert à ma sœur Isabelle, pour ses 50 ans ! Ce qui fut fait dimanche, au retour d’une JA en terre provençale parfaitement organisée par FP13, où les quilteuses présentes seront donc les seules à avoir vu ce quilt entièrement fini, avec mes amies de la Ruche le vendredi précédent.
J’y ai retrouvé de nombreuses connaissances et amies, l’ambiance était très chaleureuse, tout ce qu’on aime ! Merci à la belle Nathalie La Bastidane pour ces photos et les échanges de cœur à cœur, et à chacune pour cette si belle journée !
La photo qui suit, prise juste avant mon départ en Provence, me montre un léger problème : oups, le manchon est cousu sur un côté !! Faire, défaire et refaire… j’avais tout juste le temps de réparer mon erreur. Vous ne le voyez pas ici, mais les motifs de quilting ont un sens !
J’ai bordé l’Étoile de plusieurs encadrements textiles, très présents visuellement, jouant le jeu du style amérindien jusqu’au bout. Les tissus marquants sont de la gamme Arizona After (AGF), styliste April Rhodes, magasin Blossom Quilt & Craft (chez Alice). Beaucoup de tissus se bousculent ici, autant des tissus Neelam que divers restes de patchworks antérieurs, de chutes de draps, de vêtements… La bordure piécée de style navajo est expliquée par ici.
Le dos est, comme souvent chez nous à la Ruche, un vrai patchwork de restes, commencé par un grand 9-patch irrégulier, recoupé en + à la manière du disappearing nine-patch, avec des ajouts de bandes pour arriver à la dimension nécessaire. Ce n’est pas beau au départ, mais finalement cela fait un dos sympathique.
J’ai quilté cette Étoile à la main, ma machine étant alors plus ou moins déréglée et peu encline à faire un beau quilting (réparée depuis). Et je l’avoue, j’avais un peu peur de la rater ! A la main, c’est plus long mais c’est plus sûr. J’ai donc pris le temps qu’il fallait. Le fil est du coton traditionnel (YLI bleu sur le bleu ciel dans l’étoile, brun n° 003 partout ailleurs sauf la bordure extérieure en blanc naturel), mais j’ai fait de longs points, cela va plus vite et ce n’est pas moche ! Il est fini le temps où seul un matelassage de mini-points est admissible 🌞. Les petits points noirs sont les agrafes qui me permettent de faire un sandwich assez rapidement (avec l’agrafeuse MicroStitch)
Dans l’espace libre du fond, j’ai voulu honorer les Amérindiens, en empruntant des symboles qu’ils utilisaient eux-mêmes naguère, ou parfois encore de nos jours. Voici leurs significations :
Ces symboles conviennent tellement bien pour ma sœur chérie !
Sur la route, nous avons suivi vendredi les traces de Van Gogh, je vous en parlerai plus longuement en avril, quand j’aurai fini mes lectures.
Ah mon cher Theo si tu voyais les oliviers à cette époque-ci… Le feuillage vieil argent & argent verdissant contre le bleu. Et le sol labouré orangeâtre. – C’est quelque chose de tout autre que ce qu’on en pense dans le nord – c’est d’un fin – d’un distingué.[…] Le murmure d’un verger d’oliviers a quelque chose de très intime, d’immensément vieux.
Vincent Van Gogh
C’était aussi l’occasion de trouver un bel écrin pour ce quilt :
Qui est guidé par une étoile ne regarde jamais en arrière.
Léonard de Vinci (Frammenti letterari e filosofici)
Plus j’y réfléchis, plus je sens
qu’il n’y a rien de plus réellement artistique
que d’aimer les gens.
Vincent Van Gogh (Lettre à Théo)
… Alors, quoi de mieux qu’un message d’amour avec un essai artistique,
comme un quilt par exemple ?
Happy Fifty Isabelle !
Katell
Exprimer l’espoir par une étoile
L’espoir se conjugue en bleu et jaune, malgré la noirceur du monde.
Dès que le temps est dégagé la nuit et qu’on s’éloigne des lumières artificielles, on a un des plus beaux spectacles du Monde : le ciel étoilé, bleu et jaune.
Invitation au voyage en bleu et jaune avec AK Moghaddam et son Fancy Van Gogh (Van Gogh de fantaisie), un Vincent qu’il imagine bien plus gai que l’image qu’on nous a transmise dans l’Histoire de l’Art. J’y reviendrai un jour ! Amoureuse de Van Gogh depuis mon adolescence, je lis en ce moment plusieurs romans et essais sur ce peintre. J’ai des surprises. Et puis cet illustrateur iranien est arrivé dans mon petit monde. Et puis le bleu et le jaune nous relient au soutien des Ukrainiens. Je déroule des bobines, ajustant les fils pour tisser les étoffes de mes rêves.
Je rêve ma peinture, ensuite je peins mes rêves.
Vincent Van Gogh
Les lettres de Vincent, soigneusement sauvegardées par Théo puis sa femme Johanna, sont emplies de poésie, d’intelligence, de culture… Le pauvre hère complètement fou hors de la société n’est pas l’image à retenir de Van Gogh. Il était artiste avant tout, et profond, touchant, sensible, intelligent, cultivé…
Je peux très bien m’en tirer dans la vie et dans la peinture sans le Bon Dieu, mais par contre, je ne peux pas m’en tirer, moi, être souffrant, sans quelque chose qui soit plus grand que moi, qui est toute ma vie – la force créatrice… Je voudrais peindre des hommes et des femmes dotés de cet aspect d’éternel dont le symbole était autrefois l’auréole et que nous essayons d’exprimer par le rayonnement et les vibrations frémissantes de nos couleurs… Exprimer l’amour d’un couple par l’alliance de deux couleurs complémentaires, par leur mélange et leur contraste, par la vibration mystérieuse des tons se rapprochant. Exprimer le spirituel sur un front grâce au rayonnement d’un ton clair sur un fond obscur. Exprimer l’espoir par une étoile. La passion d’un être par un coucher de soleil éclatant.
Si je m’arrêtais d’agir, d’étudier, de chercher, alors, malheur à moi, je serais perdu.
J’éprouve une passion irrésistible pour les livres et un besoin constant de cultiver mon esprit, d’étudier, qui m’est aussi vital que le pain.
Vincent
Il était drôle aussi !
Je suis en train de peindre avec l’entrain d’un Marseillais mangeant de la bouillabaisse, ce qui ne t’étonnera pas, quand il s’agit de peindre des tournesols.
Vincent
Que cette parenthèse fantaisiste vous fasse autant de bien qu’à moi ! Je serai heureuse de vous montrer, dans mon prochain post, des photos de mon Etoile (Lone Star) enfin terminée !
Exprimer l’espoir par une Étoile…
Prenons bien soin de soi et des autres,
Katell
Les quilteuses ont du talent !
J’aime tellement animer des stages ! Ils ne se déroulent jamais pareil, c’est un peu mystérieux car je montre les mêmes principes à chaque fois. Je ne peux pas montrer tous les ouvrages qui en découlent, mais je ne résiste pas à la joie de montrer la photo reçue hier soir d’une stagiaire de St-Nicolas :
Marie Hélène a osé couper, recouper à main levée et quilter à grands points graphiques. La bordure de finition va être posée et youpi ! voilà un quilt moderne, gai et sympa qui rappellera de bons moments !
Tout le monde connaît le style Mondrian, mis à toutes les sauces tellement ce graphisme est un symbole réussi de l’art abstrait.
La situation d’un artiste est humble. Il est essentiellement un canal.
Piet Mondrian
Voyons tout de même quelques véritables œuvres de Piet Mondrian !
Pour approcher le spirituel en art, on fera usage aussi peu que possible de la réalité, parce que la réalité est opposée au spirituel.
Piet Mondrian
Mais Piet Mondrian avait déjà une vie de peintre avant l’abstraction. Il était notamment inspiré par la peinture de son compatriote Vincent Van Gogh (1853-1890), tant pour les sujets que le style (parfois) :
Un paysan est plus beau parmi les champs dans son costume de futaine que lorsqu’il se rend le dimanche à l’église affublé comme un monsieur.
Vincent Van Gogh, 1883 (lettre à son frère Théo)
Un soleil, une lumière que faute de mieux je ne puis appeler que jaune, jaune soufre pâle, citron pâle, or.
Que c’est beau le jaune !
Vincent Van Gogh
Voir de belles choses fait tant de bien !
L’art disparaîtra à mesure que la vie aura plus d’équilibre. Nous n’aurons plus besoin de peintures et de sculptures, car nous vivrons au milieu de l’art réalisé.
Piet Mondrian
Passez une excellente semaine,
sans oublier le Salon de Pexiora si vous êtes dans la région !
Katell
Je n’aime pas le jaune
C’est un postulat depuis l’enfance, sans doute parce que brune à la peau claire, cela ne me va pas au teint ! Et pourtant…
J’aime Van Gogh, ses champs de blé :
et par-dessus tout sa Nuit Etoilée :
(reproductions de ma fille, alors 16 ans)
J’aime le BLEU, mais que serait-il sans un chaud rayon de soleil ou le scintillement des étoiles? Bleu et orange sont complémentaires et Van Gogh, dans ses lettres à son frère, évoque à plusieurs reprises la force créatrice en lui et le pouvoir de deux couleurs complémentaires ensemble qu’il compare à un couple :
Je peux très bien m’en tirer dans la vie et dans la peinture sans le Bon Dieu, mais par contre, je ne peux pas m’en tirer, moi, être souffrant, sans quelque chose qui soit plus grand que moi, qui est toute ma vie – la force créatrice… Je voudrais peindre des hommes et des femmes dotés de cet aspect d’éternel dont le symbole était autrefois l’auréole et que nous essayons d’exprimer par le rayonnement et les vibrations frémissantes de nos couleurs… Exprimer l’amour d’un couple par l’alliance de deux couleurs complémentaires, par leur mélange et leur contraste, par la vibration mystérieuse des tons se rapprochant. Exprimer le spirituel sur un front grâce au rayonnement d’un ton clair sur un fond obscur. Exprimer l’espoir par une étoile. La passion d’un être par un coucher de soleil éclatant.
et : Je veux utiliser des couleurs qui se complètent, qui se font briller mutuellement, qui se complètent comme un homme et une femme.
Alors un jour d’hiver bien gris, j’ai acheté chez le Suédois des rideaux jaune-orangé, tellement mis en valeur dans le magasin. J’ai gardé le paquet fermé plusieurs semaines, hésitant à les installer ou les rapporter ! J’ai finalement osé et parallèlement décidé de repeindre mon plafond en lambris de sapin devenu si foncé avec le temps… en bleu.
Les rideaux étant trop longs, j’ai profité de l’excédent de tissus pour préparer des embrasses (quel joli mot !) que j’ai voulu personnaliser par quelques broderies :
Début de broderie sur le lin jaune d’or. Ici sont réunis les outils indispensables : du fil de coton blanc, initialement acheté pour faire du sashiko, des aiguilles dans le précieux porte-aiguilles offert par Christine, des ciseaux, un dé… et mes lunettes of course.
J’ai suivi l’idée des cercles brodés glanée de ce livre :
J’aime la plupart des idées de ce livre ! Edité en 1998.
Et voici le résultat :
Un rayon de soleil dans la cuisine ! Et voilà les rideaux installés côté repas, les lambris devenus bleus… et les murs qui ont eux aussi retrouvé une nouvelle fraîcheur.
Les oiseaux sur leurs branches de noisetier tortueux* sont presque dans le ciel bleu !
C’étaient mes devoirs d’été, ouf terminés juste à temps pour la rentrée que je vous souhaite ensoleillée !
~~~~~~
*On ne voit pas bien les oiseaux sur cette photo, si vous souhaitez les retrouver voyez par ici (le tuto est au 3e lien) :
https://quilteuseforever.wordpress.com/2012/08/16/a-tire-daile/
https://quilteuseforever.wordpress.com/2012/08/31/ouvrez-ouvrez-la-cage-aux-oiseaux/
https://quilteuseforever.wordpress.com/2012/09/30/comment-coudre-un-oiseau-de-spoolsewing/
https://quilteuseforever.wordpress.com/2013/05/13/oiseaux-et-abeilles/
Encore merci à Spoolsewing pour ce modèle ! Il en existe d’autres mais celui-ci est mon chouchou…
~°~
Et finalement, imaginez un peu, je me suis acheté une robe d’été jaune d’or !
~°~°~°~
A la recherche de la sérénité
Si vous avez la chance d’aller (ou d’être) à Paris, vous aurez peut-être la joie d’aller visiter l’exceptionnelle double exposition :
Hiroshige a créé de nombreuses séries d’estampes au cours de voyages réalisés ou imaginaires dans le Japon de la première moitié du XIXe siècle.
Cette composition en diagonale, très fréquente au Japon, inspirera les Impressionnistes et leurs successeurs
Son style magnifie les paysages comme d’un coup de baguette magique, les intempéries deviennent belles, la pluie argentée, le brouillard attractif, la lune une complice de nos rêves…
Une estampe de Hiroshige parmi tant d’autres (une Vue de Edo) : on apprécie ici quelques caractéristiques comme la succession de plans et la perspective profonde, l’activité humaine en premier plan, les dégradés célestes, la pleine lune, l’indigo mis en valeur par quelques touches de couleurs chaudes et, tiens, une certaine couleur neutre gris taupe !
J’ai adoré examiner les détails minutieux des maisons « minka » de Edo (ancien nom de Tokyo) ou de la campagne, tous les précieux renseignements de la vie quotidienne dans ce Japon naguère totalement fermé à l’Occident… Les centaines de paysages, si poétiques, sont les grandes vedettes de ces estampes. La palette est restreinte aux couleurs naturelles alors disponibles (végétales ou minérales), ce qui confère une douceur très raffinée. Il y a beaucoup à voir, prenez votre temps pour apprécier cette expo, elle est extraordinaire. Si vous n’en avez pas la possibilité, vous pouvez apprendre à mieux connaître cet immense artiste ici.
-=-
J’adore Van Gogh (c’est banal, je sais ;-)), mon premier argent économisé fut pour un voyage seule à Amsterdam pour visiter LE musée Van Gogh… et j’y goûterai alors des gâteaux à la cannelle, saveur de mes premières libertés ! On peut donc voir actuellement à Paris une quarantaine de tableaux superbes, à la palette et au coup de pinceau reconnaissables entre tous :
Carré d’herbe, 1887 – Petit tableau (30 x 40 cm) qui me fait irrésistiblement penser aux broderies de Liz Maidment !
Le jardin de l’asile de Saint-Rémy – 1889 (91 x 72). Comment imaginer que l’artiste était interné en asile alors qu’il était capable au même moment de peindre une oeuvre aussi raffinée, paisible et positive ?
Allée dans un parc – 1888 (72 x 93 cm). Palette restreinte, effet maximum !
Troncs d’arbre dans l’herbe – 1890 (72 x 91 cm). Cadrage bien peu académique ! Il nous permet de baisser les yeux comme si on était dans ce bois et remarquer les humbles pissenlits et autres fleurs printanières.
… Et tant d’autres que j’espère, vous aurez l’occasion d’aller découvrir ! L’exposition est ouverte jusqu’à la Saint-Patrick (17 mars), donc si vous allez à l’Aiguille en Fête en février, ce ne sera pas trop tard…
Cependant, malgré toutes ces superbes peintures, j’étais de prime abord un peu bêtement déçue de ne pas y voir certains tableaux témoignant de manière plus évidente l’amour de Van Gogh pour l’esthétique japonaise… Pour comprendre ce petit manque, vous pouvez aller voir quelques exemples sur ce blog. Sur les grands panneaux explicatifs de l’expo, certains rapprochements entre estampe de Hiroshige et tableaux de Van Gogh me semblaient également parfois un peu « tirés par les cheveux »…
Mais en réalité, cette expo est bien plus subtile qu’une simple série de reproductions de scènes « à la japonaise ». Elle démontre les leçons de composition, de simplification que Vincent a retenues de l’observation attentive de l’art japonais. Elle donne aussi à réfléchir sur l’attraction de Van Gogh, à l’esprit si tourmenté, irrésistiblement attiré par ce Japon représenté par les estampes de Hiroshige, à l’atmosphère si légère, sereine et paisible…
Vincent à la recherche de la sérénité, c’est ce que je retiendrai peut-être finalement de cette expo.
-=-=-=-