Field of Joy

Dans la Ruche des Quilteuses, nous aimons choisir des thèmes, pour avancer dans la création sans nous lasser. Ce que nous faisons ensemble est toujours très accessible. Nous sommes loin d’être des candidates aux concours, puisque la simplicité est notre touche favorite. Et dès que j’ai connu le thème central du Carrefour Européen du Patchwork pour septembre 2023, je me suis dit : voilà une de nos orientations pour cette année !

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Quilt bavard/1

Est-ce notre dernier changement d’heure d’hiver ce matin ? Le sujet est devenu secondaire, bien derrière les horaires de couvre-feu…

Les Abeilles se focalisent sur leur amitié et leurs tissus de toutes les couleurs pour oublier les incertitudes de cette année noire. Cela contribue tellement à conserver le moral 🌞. Même masquées, nous sommes heureuses de nous retrouver chaque vendredi, tant que le confinement n’est pas de nouveau d’actualité.

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Avant-hier, nous avons finalisé le projet de quilt que nous allons faire pour les victimes de la tempête Alex dans le département des Alpes-Maritimes. Nous vous le montrerons quand il sera fini, en décembre j’espère. Je crains que peu de quilts ne soient faits pour cette cause, les catastrophes se succèdent à une telle cadence cette année, parasitant nos habitudes…

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Après le confinement printanier, nous avions fait chez moi un atelier de piéçage (couture) de lettres, bien éloignées de la calligraphie. Ce sont des lettres improvisées, irrégulières et rebelles ! A l’issue de ce bel après-midi, j’avais écrit un article présentant ce thème et nous avons décidé de mettre en pratique cet apprentissage, chacune devant faire un quilt avec un mot ou une petite expression. Pour nous mettre un peu de pression, nous essayons de les finir pour fin décembre.

Notre guide pour cet exercice est l’excellent livre de Tonya Ricucci, dont je vous ai déjà souvent parlé et qui date de 2011 – comme le temps passe…

Maïté a fini le sien la première, nous ferons bientôt une jolie photo de son quilt pour vous le présenter. Il est très original, vous verrez ! Et vendredi dernier, c’est Kristine qui nous a montré son quilt terminé… Un mot, un seul, mais oh combien éloquent pour nous :

Il faut habiller le mot, aussi beau soit-il ! Kristine s’est inspirée des quilts d’Inde où les femmes font tenir des pièces de tissu avec un point avant. De la reprise utilitaire et nécessaire, elles font des œuvres d’art, en Inde mais aussi un peu partout ailleurs (au Japon, cela s’appelle le Boro). Cette année, mon amie Sujata Shah donne des cours sur cette méthode par internet. Les quilteuses américaines en raffolent !

Un travail… d’Abeille ! Kristine a directement quilté les pièces de tissus posées à cru (sans marge de couture retournée), ce qui les fixe et évite tout effilochage. Des fils de soie qui dormaient dans un tiroir offrent une belle brillance.
Agatha en 1925 (35 ans). Saviez-vous qu’elle parlait français avec le délicieux accent du Sud-Ouest ? Enfant, elle vécut 6 mois à Pau !

Nous étions ce vendredi chez Vive, avec qui nous partageons notamment le goût des polars. La Reine en est incontestablement, pour nous, Agatha Christie ! Celle-ci avait (un peu) terni mes 15 ans, disparaissant le jour de mon anniversaire, quand je venais justement de la découvrir. Mais son œuvre demeure, avec ses détectives récurrents inoubliables. Ils nous touchent, avec leurs talents mais aussi leurs faiblesses qui les rendent si touchants. Hercule Poirot, orgueilleux, obséquieux parfois, très fier de ses moustaches et de ses petites cellules grises, suscite néanmoins notre admiration et de nombreux sourires. La petite Miss Marple, qui ne bouge pas de son village, toujours curieuse, intuitive, un brin ringarde, connaît pourtant tout des failles de l’âme humaine. Quant au couple Beresford, il reste plus discret dans les mémoires, sauf si on a vu Catherine Frot et André Dussolier les camper au cinéma ! J’avais évoqué ma passion pour Agatha Christie un jour de confidences.

Vive a chez elle un présentoir ancien de cartes postales, sur lequel elle a disposé des livres des éditions du Masque, avec leur célèbre couverture jaune. Alors sans aller jusqu’à une sororité avec Agatha, nous l’associons au quilt de Kristine pour la photo :

Sororité, quilt bavard de Kristine, 2020

Encore une fois, quilts et livres font bon ménage et aident à garder le cap ! Cette présentation est donc le début d’une série de quilts bavards… A suivre !

Katell

 

Un quilt étoilé avec Cécile & Bea

Les étoiles sont parmi les motifs les plus appréciés en patchwork. Dans BeeBook, je ne me suis pas privée d’en proposer, des étoiles pas forcément régulières, les wonky américaines, que j’ai préféré nommer étoiles créatives. À présent, le quilt qui est actuellement en bannière du blog est dans ma pièce à vivre et, malgré certaines réticences entendues sur les couleurs bizarres, il s’intègre parfaitement à mon intérieur ! Il est un hommage à Sujata Shah, si talentueuse et généreuse, dont je ne me lasse pas de promouvoir son livre (sa présentation ici), avec la contribution d’une brodeuse indienne via Neelam chez qui j’ai choisi la broderie centrale :

Les petits miroirs, appelés shishas en Inde, brillent aussi bien le jour que la nuit, jouant avec le soleil ou la lampe. C’est un des quilts difficiles à photographier !

On en retrouve aussi sur le quilt d’Éliane, pour donner une impression de brillance d’un ciel étoilé :

Nuit au Mas d’Azil, Éliane Géraud

Les quilts étoilés sont à conjuguer à l’infini, des plus traditionnels aux plus déjantés !

Quel que soit le style de patchwork que vous appréciez, vous pouvez participer au Quilt Along (quiltons ensemble) ou QAL 2020 lancé il y a 2 jours par Cécile et Béatrice. Lisez l’article de Cécile avec tous les détails nécessaires, inscrivez-vous au groupe Facebook pour le suivi et surtout amusez-vous bien !

Le thème du QAL 2020 ? Les étoiles bien sûr !

Mai rose avec Sujata

sujata4Sujata Shah, une chère amie quilteuse vivant désormais en Californie, a publié en 2014 un livre devenu un best-seller, Cultural Fusion Quilts. Il marque une étape importante dans la compréhension des quilts créés avec des techniques de coupe amusantes, générant un résultat toujours unique. Son art est hérité de Gwen Marston, notre grande inspiratrice, qui ouvrit bien grand la porte de l’improvisation. A chaque fois que je feuillette son livre, j’y trouve de nouvelles idées ! Ce que j’y aime aussi, c’est son attachement aux artisanats du monde, sources inépuisables d’émerveillement.

Mes amies de la Ruche et moi avons maintes fois utilisé ses astuces pour enrichir nos quilts ! Ce livre est toujours disponible. Il ne sera jamais traduit mais les nombreux schémas rendent la compréhension des techniques très facile.

Ses couleurs sont la plupart du temps plutôt chaudes et intenses, comme un coucher de soleil d’été indien. Parfois seulement, Sujata utilise le rose, par petites touches. J’ai reçu en cadeau un de ses rares quilts roses !

De son propre aveu, le rose n’était pas une couleur qu’elle utilisait facilement, mais peu à peu elle y prend goût.

Sujata n’étale pas inutilement sa vie privée sur son blog ou les réseaux sociaux. Si elle le fait, c’est dans un but bien particulier, en général pour partager une information importante à ses yeux. J’avais été intriguée par son alerte sur la maladie de Lyme et les commentaires de plusieurs personnes également concernées… J’avais donc étudié le sujet puis, devant son importance, j’avais à mon tour relayé l’information. L’été dernier, grâce à cette sensibilisation, j’ai pris au sérieux la plaque rosée entourant une morsure de tique datant de 20 jours ; les antibiotiques prescrits précocement, les plantes achetées en Hollande (interdites en France…) m’ont aidée à combattre la plupart des effets. C’est Sujata qui m’a sauvée !

En fin de semaine dernière, Sujata montrait son nouveau quilt, fait de couleurs bien différentes de ses gammes habituelles. Une envie de rose…

Quilt fini juste en même temps qu’elle apprenait une nouvelle qui change sa vie : Sujata a découvert, 1 mois 1/2 après une mammographie négative, une grosseur alors qu’elle prenait sa douche. Grosseur qui s’avère maligne. Alors Sujata, avant son traitement de six mois, alerte les quilteuses : ne laissez rien passer…

Sujata ne manque pas de force intérieure, d’esprit positif, de ténacité… Souhaitons-lui un rétablissement rapide et complet, ainsi qu’à toutes celles qui subissent également cette attaque.

Octobre rose est une alerte annuelle pour nous rappeler de nous faire dépister… Aujourd’hui c’est Mai rose, car c’est tout le temps que nous devons rester attentives.

Sujata me fait l’honneur de participer à BeeBook, vous y trouverez un modèle exclusif, complètement dans l’esprit des coupes à main levée. Et là aussi, son quilt lumineux contient du rose, vous l’aimerez j’en suis sûre ! 

 

 

Les liens parfois mystérieux de l’inspiration

Ma chère amie Sujata Shah vit à présent en Californie, non loin de San Diego, elle a fort heureusement été épargnée par les incendies de l’automne dernier. Elle vient de terminer un quilt que j’adore, inspiré directement d’un ouvrage du XXe siècle venant d’Alabama, du hameau de Gee’s Bend (voir la petite histoire ici). Quand on tombe amoureuse d’un quilt, on a tellement envie de se l’approprier, mais c’est dur de trouver la bonne idée ! Sujata a utilisé une gamme de couleurs différente et a choisi de faire son quilt aux coutures régulières mais cela reste un véritable hommage à la quilteuse Magdalene Wilson, qui vécut 103 ans !

Le nouveau quilt de Sujata Shah

Le quilt de Magdalene Wilson qui l’a inspirée.

Sujata préfère l’original, mais le sien a beaucoup de peps également !

Dans cet esprit, si vous êtes intéressée par un Quilt Along très souple, juste motivé par l’envie de suivre un exemple de quilteuses de Gee’s Bend ou des anonymes qui quiltèrent les quilts de la collection de Roderick Kiracofe, cela a commencé hier sur le blog de Sujata par ici ! La couverture du livre montrant la collection de Roderick est ci-contre.

Le Quilt Along s’appelle U and U, Unconventional and Unexpected (non conventionnel et inattendu). En toute confidence, j’en ai commencé un l’année dernière, belle coïncidence, le top est fait et je vous le montrerai bientôt… Ce sera un U and U très typique que je pourrai vous montrer plus tard.

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Parfois les liens de l’inspiration sont bien plus mystérieux et improbables. Ainsi deux quilts se répondent au-delà des années et des océans. Voyez plutôt, le thème est le meilleur ami de la femme d’après Marylin Monroe (video ici).

Depuis que j’ai vu le film Blood Diamond j’en suis moins sûre…

Dans ce magazine sorti des oubliettes il y a quelques jours se trouve un diamant…

Voici le Diamant de Nadine Rogeret paru en 1985 :

Et, surprise l’année dernière, quand j’ai vu un des quilts vedettes du QuiltCon 2018, une merveille tout en économie de couleurs et pourtant si lumineux, cousu sur papier : 

Bling de Katherine Jones, de Tasmanie (Australie)

Chaque oeuvre a sa propre brillance et le quilt australien est à couper le souffle, mais je dois dire que j’ai un faible pour celui de la Française, avec ses touches de bleu-glacier et de jaune… Son livre, Ma vie en patchwork, édité en 1991, fut un grand succès, puis elle a disparu du devant de la scène. Aux dernières nouvelles, Nadine vit à présent dans le Sud-Est et se consacre au boutis. Mais peut-être en savez-vous un peu plus ? 

Christiane s’inspire de Gwen

Un jour, j’ai reçu un gentil mail d’une personne qui voulait avoir quelques renseignements sur un quilt en photo dans le Simply Moderne n°5. Pourquoi à moi ? Parce que c’était un quilt de Gwen Marston et j’ai la plupart de ses livres ! Voici la photo :

Pour info, on peut voir ce quilt en particulier dans le livre Liberated Medallion Quiltmaking, page 38. Il y a la photo légendée, mais pas d’explications pour le faire. C’est clairement d’inspiration Amish avec presque tous les tissus unis, sauf le noir du centre qui est un imprimé très discret ton sur ton.

Différent mais dans le même esprit, Sujata Shah a créé son logo ainsi :

Infinies possibilités sur un même thème !

Christiane s’est donc inspiré de la photo pour réaliser un quilt pour une amie… Quel beau cadeau !

Pour convenir à l’intérieur de son amie, la couleur dominante est ici framboise écrasée. Christiane a bien respecté la liberté de coupe des tissus et a osé associer l’orange au rose vif… comme Yves Saint-Laurent ou Christian Lacroix !

Cerise sur le gâteau, oh pardon sur l’étiquette :
Merci d’avoir partagé ce quilt avec nous Christiane, et bravo !

Occitanie, le top prend forme !

J’ai fini le patchwork du top d’Occitanie, notre région :

Top Occitanie, la Ruche des Quilteuses

 

Il est de 9 blocs au lieu des 16 prévus, pour rester en deçà des 140 cm de côté exigés pour les expositions Fibre Occitane, dont je vous parlerai prochainement. Il me reste à appliquer une croix occitane dessus ! Ce top est réalisé avec la technique expliquée dans le livre suivant :

Final Cover

Je ne vous aurais pas montré ce top en cours de réalisation si je n’avais pas eu cette excellente nouvelle : la talentueuse quilteuse Sujata Shah, qui avait contracté la maladie de Lyme, a été guérie par une intensive thérapie d’antibiotiques ! Ainsi elle peut poursuivre son tour d’Amérique, ses stages, ses conférences… Jamais elle n’aurait cru que la publication de son livre la mènerait à un tel succès ! De nouveau, avis aux éditeurs français !…

La maladie de Lyme, méconnue en France

Savez-vous ce qu’est cette maladie ? On l’attrape via les tiques, ces acariens qui prolifèrent en Europe et au nord-est des USA. On l’appelle Lyme, du nom d’une petite ville du Connecticut – où on découvrit le rôle de ces bestioles dans la maladie de nombreux enfants de la ville vers 1975, ce n’est pas vieux – ou encore borréliose (la borrélie étant la bactérie infectante).

Je ne veux pas vous faire peur mais vous informer : mieux vaut prévenir que guérir, tout particulièrement cette maladie, je vous assure. Ce qui m’énerve, c’est la discrétion française, alors qu’il y a 20 ans déjà, je lisais à chaque entrée de forêt en Allemagne des pancartes avec des conseils de prévention sur les Zecken – les tiques. Ne négligez pas de vérifier tout votre corps (et celui de vos proches, particulièrement les enfants) après une balade en forêt ou dans des herbes, et si vous voyez une petite tâche foncée, regardez de plus près si ce n’est pas une tique accrochée. Pour l’enlever :

220px-Tick_Twister_O'TOM_Tire_Tic

… ce petit appareil, en vente en pharmacie, est très utile pour éviter d’y laisser la tête. On coince la bestiole dans le pied de biche, on tourne et elle se détache en entier (très important). Ici une vidéo ! Ensuite, pas d’émoi, écrasez-la bien et désinfectez votre peau. En agissant vite (il paraît qu’on a 18 heures pour réagir), la tique n’aura pas le temps de vous transmettre les éventuelles vilaines bactéries qu’elle peut transporter, celles qui donnent la maladie de Lyme, mais aussi d’autres.

Idem pour beaucoup de mammifères, les chiens peuvent contracter la piroplasmose, toujours via les tiques, contre laquelle votre vétérinaire peut proposer maintenant un vaccin. Encore cher mais qui peut éviter des drames. En revanche, le vaccin pour humains contre l’encéphalite à tiques (et non la maladie de Lyme contre laquelle on n’a aucun vaccin) est encore très controversé. Alors le maître-mot est PRÉVENTION, regardez-vous après chaque balade et si une morsure de tique est accompagnée de rougeurs les jours/semaines/mois suivants, allez voir un médecin très, très vite.

Pourquoi parler de cette maladie ? Parce qu’une de mes amies quilteuses vient d’annoncer sur son blog qu’elle est atteinte de cette maladie ; depuis quelques semaines, elle subissait d’intenses fatigues dont l’origine est maintenant trouvée. Parce que ma fille a vacciné sa chienne qui attrape souvent des tiques dans la forêt. Parce que, comme le nuage de Tchernobyl, le problème semble s’arrêter à la frontière française.

Depuis plus d’un an, j’entretiens une amitié suivie avec cette quilteuse que je contribue à faire connaître en Europe. Heureusement, elle se fait traiter à temps et son traitement actuel (plusieurs semaines d’antibiotiques) a toutes les chances de réussir et lui redonner vite tout son entrain. Les médecins de sa région sont très concernés par cette maladie et ont un protocole bien rodé. Les cas sont malheureusement très nombreux dans le nord-est des Etats-Unis, mais on ne les ignore pas, heureusement !

Merci de prendre le réflexe de vous surveiller et rester vigilants après chaque sortie en forêt ou dans de hautes herbes. Ne paniquez pas si vous trouvez une tique sur vous, j’en ai déjà eu sans conséquence, mais suivez les conseils ci-dessus… 

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Pour rester dans le thème de la balade en forêt mais de manière plus légère, voici un quilt que j’aime beaucoup :

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Bright Birch Trees, ou Bouleaux Clairs, ouvrage d’Amanda Jean, la brillante créatrice du blog Crazy Mom Quilts.

Pour soutenir les efforts des quilteuses créatrices que j’aime, j’achète régulièrement des modèles, même si je devine bien souvent comment faire ! J’ai donc acquis ce PDF et commencé à faire quelques blocs. C’est un grand amusement… qui prend tout de même beaucoup de temps ! Pour aller plus vite, il est judicieux de préparer plusieurs troncs à la fois, avec de larges bandes cousues les unes au-dessus des autres puis redécoupées dans l’autre sens. Je vous montrerai ma forêt une fois terminée !

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Des quilts en Inde, des traces d’universalité

Le point avant, le point universel… non seulement pour l’assemblage invisible de deux pièces, couture basique, mais aussi pour la consolidation d’un tissu ou de plusieurs couches de textiles, en matelassage ou quilting, appelez-le comme vous voulez ! Les quilts bosniaques dont on parlait au début des années 2000, le boutis comme le trapunto, le kantha bengalais, le sashiko japonais… Tous ont pour base le point avant, le point qui court, running stitch en anglais, que je trouve si imagé que je le présente ainsi aux enfants ! Point indispensable, rapide, à la fois utile et décoratif.

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Bosna quilt, quilt d’exposition reprenant les codes des quilts utilitaires du pays.

 

Sampler de motifs de sashiko
Sampler de motifs de sashiko

boutis modèle Nicole Astier-fait par Danyl
Extraordinaire boutis, vu en transparence. Je ne sais pas si Danyl l’a fait au point avant, point traditionnel, ou de piqûre, plus solide. Art raffiné à la Française…

On appelle kantha une broderie au point avant, faite à l’origine pour maintenir ensemble des morceaux de tissus de toutes sortes sur plusieurs épaisseurs. On peut penser à une similitude avec les Boros du Japon, dont on a longuement fait état les années précédentes. Cette année à l’Aiguille en Fête, il y avait, parmi de nombreuses autres merveilles d’Orient, des Kanthas récents qui étaient tous à vendre. Ici plusieurs formes de formes de broderies kantha, faites pour l’exportation, sont réalisées sur un grand panneau textile :

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Beau motif de coquilles sur un tissu teint en bandes verticales roses et vertes.

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Tissu uni clair, entièrement décoré de points avant. Certains remplissent les espaces, donnant un effet d’impression du tissu.

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Trois couleurs de fils pour un effet géométrique

Même couleur de fil pour un mélange géométrique et figuratif qui doit être très amusant à inventer au fur et à mesure :

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IMG_7044Les kanthas peuvent aussi être ainsi :

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Motif figuratif élaboré aux belles couleurs !

 Grâce à des associations, le kantha est un savoir-faire qui est actuellement sauvé de l’oubli. A l’origine humble piquage d’étoffes usagées cousues ensemble pour protéger et embellir les personnes et les objets, les qualités décoratives de ces textiles les érigent en objets de collection. Vous en saurez sans doute plus, très prochainement, dans la presse spécialisée ! 

Si le kantha provient du Bengale, vaste territoire partagé entre l’Inde et le Bengladesh, on trouve ailleurs en Inde, plus à l’ouest, des patchworks quiltés. Il y a un air de famille en raison des points avant omniprésents, ainsi que l’origine indienne. Des différences aussi, mais on peut trouver toutes les variantes qui font que toutes ces pratiques ne sont pas éloignées ! Quelques patchworks indiens étaient exposés l’année dernière, toujours à l’Aiguille en Fête, mais aussi en Alsace en 2013 à l’occasion de la sortie du livre de Geeta Khandelwal :

Livre bilingue Godharis, nous faisant voyager dans l'Inde centre-ouest.
Livre bilingue Godharis (Quiltmania), nous faisant voyager dans l’Inde centre-ouest. A côté, mes jolis tissus Neelam, des unis tissés-teints aux couleurs naturelles. Il me tarde de commencer quelque chose avec eux !

Comme un carnet de voyage, Geeta nous raconte un périple dans un monde rural varié, aux femmes qui confectionnent des godharis, des quilts en bon français ;-). Jamais ces quilts ne sortent du village, ce sont des objets utilitaires. Ils sont faits principalement de restes de saris, coupés sans ciseaux (le tissu est entamé par une lame de rasoir, puis déchiré), mesurés à l’aune du doigt, de la main, de la coudée… Alors évidemment on ne peut attendre un piécé absolument rectiligne. Mais qui s’en soucie ? Les godharis sont là pour tenir chaud, un point c’est tout ! Certaines nuits, même au coeur de l’Inde, il peut faire bien frais.

Geeta
Geeta Khandelwal, auteur du livre Godharis.

Pour maintenir les couches textiles entre elles, le quilting est soutenu, avec des points avant qui courent parallèlement puis changent de sens, juste pour suivre un motif ou pour le plaisir :

textile Sujata shah
On aperçoit l’assemblage du même tissu, quilté avec des fils changeant parfois de couleur… et de direction ! Photo Sujata Shah en Inde.

Un motif dessiné, cousu, montré plusieurs fois dans ce livre me rappelle un modèle de quilt qui fit grand bruit il y a quelques années dans Quiltmania, dont un bloc de patchwork était en forme de svastika… d’ailleurs pas vraiment, mais le quilt était nommé ainsi (Quiltmania n° 52). Dans le numéro suivant, des excuses étaient présentées. C’est toujours en Inde un signe extrêment bénéfique, ainsi que dans le boudhisme et de nombreuses civilisations passées ou actuelles (dès le néolithique, et aussi notamment chez les Navajos, les Kunas, etc.). De ce beau symbole universel, notre plus sombre histoire du 20e siècle en a fait un signe honni, ce qui a pour conséquence qu’en Occident on ne peut plus se permettre de l’utiliser…

Vous découvrirez dans le livre certains Godharis extrêmement proches de quilts américains. Peut-on imaginer des quilts ayant voyagé, ou des quilteuses d’un pays ou l’autre ayant transmis ses connaissances ? L’auteur pense plutôt à l’universalité de certains motifs, vérifié maintes et maintes fois…

Universalité des choses, c’est ce qui m’a traversé l’esprit en lisant ce livre sur les femmes en Inde peu après celui de Roderick Kiracofe qui raconte un peu la même histoire dans les Etats-Unis ruraux. Universalité de la géométrie et de l’esthétique, quand j’ai vu des photos de godharis qui ressemblent un peu au quilt fait pour ma fille :

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Godhari

Katell Renon
Petit air de ressemblance, n’est-ce pas ?… 10 ans de lavages l’ont rendu moins flamboyant qu’à l’origine. Il est quilté à gros points au coton perlé, il n’a pas de nom mais je l’appellerais bien Godhari maintenant !

Un coucou à Sujata Shah, actuellement en voyage en Inde, qui a eu la chance de rencontrer Geeta Khandelwal la semaine dernière. Voyez son article ici, avec de très belles photos. Elle se sent tellement liée aux deux pays qu’elle peut résumer ses influences ainsi :

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