Voyages textiles avec les Jeux Olympiques

J’admire les athlètes qui trouvent la motivation pour aller plus vite, plus loin, d’autant plus que je n’ai jamais senti en moi cet esprit de compétition qui pousse à l’exploit sportif. Je n’ai pas la fibre marathonienne de mon mari, ni celle du triathlon d’une de mes filles… Cependant, j’ai suivi les actualités JO 2020, qui changeaient des aventures de Pass & Delta 🙄. J’en ai retenu quelques pépites hors performances sportives, pour notre plaisir.

Haïti à l’honneur

Celle qui alluma la Flamme olympique, la championne de tennis Naomi Osaka, n’est pas que Japonaise. Son père est Haïtien et s’appelle Leonard François ; sa mère, Tamiki Osaka, est Japonaise. L’amour a vaincu les montagnes de la tradition nipponne mais la pression sociale a poussé le couple mixte à quitter le Japon pour aller vivre aux États-Unis alors que Naomi n’avait que avait 3 ans. Garder le patronyme de la mère n’avait pas suffi pour s’intégrer au Pays du Soleil Levant.

Naomi Osaka en 2020, avec sa coupe de l’US Open, vêtue et coiffée en hommage à ses racines haïtiennes.

Naomi est aussi une héroïne dans le pays de son père, son nouveau projet est d’y créer une Académie de tennis. Souhaitons-lui bonne chance !

🎾

Ce petit pays s’est distingué aussi par ses costumes lors de la cérémonie d’inauguration des JO. Déjà, c’était le cas en 2016 :

Aux Jeux de Rio, les sportifs haïtiens portaient déjà des costumes signés Maëlle David, inspirés des costumes traditionnels haïtiens.

En Haïti, le tissu traditionnel n’est autre que le chambray. C’est un tissu en fibres végétales, de lin, puis de coton, d’aspect bleu ciel, avec un fil de chaîne indigo et un fil de trame blanc. A l’instar du tissu de jean (de Gênes) ou denim (de Nimes), on doit le chambray à la ville de… Cambray, où on ne fait pas que des bêtises ! Dans les caraïbes francophones, le mot est déformé en karabela. Les photos suivantes sont de rares témoignages de vêtements des années 1940-60 (Tumblr ARTDREAM)

C’est devenu le tissu typique pour les costumes folkloriques d’Haïti, tout comme le madras dans d’autres îles. Ce tissu est également exploité par des stylistes comme des talents locaux :

Beauté haïtienne, à la robe embellie de croquets.

Maëlle Figaro David a récidivé pour Tokyo 2021, avec des costumes bleu chambray pour les hommes et de splendides robes rappelant celles des temps anciens, quand les servantes récupéraient toutes les chutes des maisons où elles travaillaient : l’esprit du patchwork à l’état pur !

Chaque robe est bien évidemment unique !

L’admiration du monde entier pour ces costumes a mis du baume au cœur du peuple haïtien, dont le président vient de se faire assassiner, une épreuve de plus.

 Nous sommes tellement tristes ces derniers temps.
J’ai joué avec les couleurs pour envoyer un message d’amour et d’espoir.
Maëlle Figaro David

Maëlle Figaro David

La délégation mexicaine

Les athlètes mexicains ont été acclamés pour leur élégance, leurs tailleurs marine hyper sobres au tissu infroissable et anti-transpirant étant illuminés de broderies traditionnelles, celles que Frida Kahlo affectionnait tant. Chaque broderie a été faite à la main par des artisanes de la région d’Oaxaca.

(photos Facebook et Instagram High Life)

Voici une scène de rue dans cette région mexicaine :

Voyez aussi ce joli reportage d’une femme vêtue d’un costume tehuantepec de la région d’Oaxaca :

https://imagesfrommyworld.com/en/2017/01/30/typical-costume-from-tehuantepec-oaxaca-mexico/

Bien d’autres pays montraient des costumes vibrants de couleurs, riches de leurs traditions textiles… Malheureusement, notre délégation ressemblait plus à une manifestation de blouses blanches… Sans doute le contexte et les masques qui dévoient mon impression. Ou pas.

Le champion tricoteur

Comme souvent, il faut aller en Grande-Bretagne pour vivre pleinement l’excentricité !

Déjà star chez lui, le plongeur Tom Daley est devenu inoubliable en tricotant en pleine épreuve sportive, attendant son tour dans la tribune… Comme lui, nous savons bien qu’occuper ses mains ainsi diminue le stress ! Il a même confectionné une pochette pour protéger sa médaille d’or :

Tom inonde son compte Instagram de ses créations, certaines délibérément décalées, nous rappelant les années 100 Idées :

Mais d’autres créations sont à mes yeux particulièrement réussies :

Ce gilet est fait de deux hexagones, avec des manches ajoutées.
Même modèle pour son fiston Robbie.

Et que dire de son slip de bain en crochet ? Par le biais de l’originalité dans la bonne humeur et les performances sportives, Tom fait peu à peu accepter, dans le monde sportif si dur, le droit d’être gay.

Tout comme nous faisons des quilts-souvenirs, Tom a tricoté un cardigan à Tokyo, en souvenir de cet évènement :

OR🥇OR

Des kimonos pour les J.O.

Pendant quatre ans, des dizaines d’artisans ont conçu les motifs, tissé et taillé de 213 kimonos célébrant la diversité du monde. Capture d’écran YouTube / compte Imagine One World KIMONO PROJECT

Malheureusement occultés pendant les cérémonies, 213 kimonos ont été créés aux couleurs de chaque pays participant ! Sous l’égide du designer Yoshimasa Takakura le collectif Imagine One World Organization a travaillé pendant 4 ans pour véhiculer un message de paix et d’unité mondiale par un des emblèmes du Japon, le kimono et sa ceinture large nommée obi. 213 kimonos pour 206 nations, car, par exemple, la France est représentée par deux kimonos :

L’Hexagone est sobrement figuré par des brassées de fleurs de lys, symbole de la royauté, dans des bouquets d’inspiration impressionniste. Capture d’écran YouTube / compte Imagine One World KIMONO PROJECT
La Polynésie française a droit à son propre kimono avec ceinture aux motifs mélanésien. Capture d’écran YouTube / compte Imagine One World KIMONO PROJECT

Les photos et informations de ci-dessus sont de cette page du Figaro.

L‘ONG à l’initiative de ce superbe projet s’inspire au quotidien de Imagine :

‘You may say I’m a dreamer
But I’m not the only one
I hope someday you’ll join us
And the world will be as one’
JOHN LENNON

Les kimonos gracieusement portés (photo de la page Facebook de Imagine One World)

Y aura-t-il une initiative à la hauteur dans le monde textile pour les J.O. de Paris 2024 ?
Seriez-vous partantes pour vous mobiliser ?
Auriez-vous des idées ?…
Puisque notre pays a une forme hexagonale, l’hexagone pourrait être une base de réflexion pour célébrer une mosaïque mondiale unie par l’art et le sport ?
Mais nous sommes si riches culturellement que d’autres idées peuvent émerger…
Avoir des projets, ça entretient le moral !

Décidément, les Jeux Olympiques m’inspirent bien plus que je n’aurais pensé !
Déjà pour Sotchi...

.
A très bientôt, toujours dans notre monde de couleurs, de création et de joie, malgré tout !
Katell

Vous avez peut-être lu cet article samedi dernier : j’avais fait une fausse manip’ alors que je programmais cet article et je l’ai publié par erreur ! Toutes mes excuses. Cette fois-ci, il ne disparaîtra plus !

Voyages textiles en France

Bonjour,
Bienvenue dans le blog
des petits & grands voyages
avec les textiles !

Cela m’enchante de vous écrire de nouveau, même si je sais que des quilteuses s’éloignent de leur ordi pendant ces mois estivaux. Plusieurs expositions, en cours ou annoncées, nous offrent une promesse de bien-être, car retrouver des quilteuses fait tant de bien ! Les expositions reprennent donc, plutôt timidement malgré tout, car c’étaient des préparatifs dans l’incertitude, tout comme nous l’avions expérimenté lors des Estivales de Lacaze (Estivales 21) en juin dernier. J’ai relevé quelques annonces sur Facebook que je relaie ici : si vous vous trouvez dans les parages, je vous les recommande chaleureusement.
Puis, une expo qui m’a enchantée vendredi dernier… En route !

En Alsace

La très talentueuse – et si chaleureuse ! – Michelle Braun organise cette exposition dans le nord de l’Alsace les 14 & 15 août, je suis certaine que des merveilles seront exposées !

Dans la Drôme

Exposition d’arts & artisanats dans la Drôme jusqu’au 15 août avec Elsa Boissier.

Balade en Aveyron, vers Lacapelle-Bleys

Vendredi dernier, pas de réunion d’Abeilles de la Ruche des Quilteuses car la plupart passent de précieux moments avec leurs enfants et/ou petits-enfants. J’ai donc pris la route avec mon mari, une de celles que nous connaissons presque par cœur, dans l’Ouest aveyronnais.

Les villes principales sont à taille humaine. Rodez, avec sa cathédrale en grès rose, se voit de loin, et le musée Soulages attire chaque année de plus en plus de visiteurs (revisité en 2019). N’oublions pas pour autant la promenade dans la vieille ville, très agréable ! L’autre pôle urbain, plus près du Tarn-et-Garonne, est Villefranche-de-Rouergue, à l’opulence médiévale presque intacte. Il faut y aller le jeudi matin, pour son marché !

A Villefranche-de-Rouergue, le marché s’étend sur plusieurs places et rues adjacentes. Il y règne comme un air provençal, dans un cadre médiéval splendide.

Les très beaux villages sont nombreux dans le coin, citons les perchés comme Belcastel ou Najac, ou bien les bastides sur terrain plat, avec des places accueillantes, aux galeries ombragées avec de belles arcades, comme Sauveterre-de-Rouergue ou Villeneuve d’Aveyron (n’y manquez pas le Musée de la Photographie et les très nombreuses photos de Jean-Marie Perier, qui vit dans ce village !).

Mais ce vendredi, le cœur de notre sortie se trouvait à Lacapelle-Bleys, pour une exposition d’arts textiles, dans le sens le plus large du terme, organisée par l’Aiguille Magique avec la formidable Mijo Bessac.

Il est trop tard pour s’inscrire au stage de broderie d’or ! Les participantes au stage de stumpwork sont rentrées absolument enchantées… nul doute que les stagiaires de mercredi prochain le seront aussi.

La vitalité du village fait plaisir à voir. Il est situé au cœur d’un des vallons du Ségala, fertile région où l’agriculture raisonnée prend le dessus. Fait rare en août, pas de paillasse jaunâtre brûlée par le soleil mais des verts tendres printaniers, à la faveur des pluies récentes !

Le Ségala, une belle campagne où, souvent, les haies sont préservées  © P. Geniez

Si je vous disais que de jeunes couples, lassés de la vie citadine, s’installent ici à Lacapelle-Bleys, séduits pas la qualité de vie ? Mais oui, le Covid a renforcé la tendance déjà perceptible quelques années auparavant. Les écoles ne ferment plus dans le coin !

Souvenir : le club de l’Aiguille Magique en 2010, photo parue dans La Dépêche du Midi

Mijo et ses amies ont traversé elles aussi de douloureux moments ces derniers temps. La solidarité entre amies signifie bien quelque chose ici aussi et nos groupes sont de précieux soutiens, en particulier dans ces moments chaotiques où l’empilage de mauvaises nouvelles pèse lourd.

Un Passacaglia, sublimé par le choix d’un batik parfait pour le fond, attire irrésistiblement l’œil !
Le thème des Quatre Saisons…

Les divers thèmes de l’exposition ont été bien souvent transmis par internet ces derniers temps, mais cela a titillé la créativité de certaines ! Dans cette grande salle, vous admirerez du patchwork, mais aussi d’autres travaux d’aiguilles parmi lesquels l’utilisation modernisée de la broderie Richelieu. Oui, la broderie est aussi à l’honneur à l’Aiguille Magique et nos gentilles sorcières ont des doigts de fées ! Outre la qualité des ouvrages, on sent la cohésion du groupe dans cette exposition.

Ce très beau tableau comporte des pivoines appliquées de manière traditionnelle (à la main, avec rentré minutieux) et des broderies raffinées, donnant une composition intemporelle.

A côté de l’exposition de l’Aiguille Magique se trouve celle des broderies afghanes (association Guldusi menée par Pascale Goldenberg) déjà vues à Lacaze, mais la disposition différente permet de les découvrir autrement. Et, toujours, sont disponibles des petits trésors brodés à s’offrir ! Une pensée pour ces femmes dont le quotidien ne va pas s’améliorer avec l’avancée des Talibans, et c’est un euphémisme. Espérons qu’elles pourront garder quand même leur activité salvatrice de broderie, et que Pascale Goldenberg pourra continuer à les faire arriver jusqu’à nous.

Mijo m’a montré ce qu’elle aime faire en ce moment : de la peinture à l’aiguille ! A partir d’une photo de jardin (vous en trouvez de très belles dans les magazines Mon Jardin Ma Maison, l’Ami des Jardins, etc.), elle se lance, recompose les harmonies… Quelle virtuosité ! Son fil de prédilection est le fameux Fil au Chinois pour dentelle. Voici un exemple de tableau à l’extraordinaire finesse (le préféré de mon mari !) :

Et ce n’est pas fini ! Au fond de la cour de l’école, on découvre un artisanat indien bien particulier. Nous avions admiré l’art des impressions au tampon avec Neelam dans le Gujarat (Nord-Ouest de l’Inde), nous apprenons ici l’art du kalamkari, autre technique millénaire, où des dessins sur toiles de coton sont créés à main levée au kalam ou calame (bambou taillé), ici dans le Sud-Est de l’Inde, à Kavali près de la côte de Coromandel, là où mouillaient les navires venus d’Europe…

La Maison Bleue à Kavali, centre de soins créé par André Mâge

Cela a commencé par un Français, André Mâge, arrivé en Inde au début des années 2000 pour construire une entreprise de confection de vêtements en coton, avec le désir d’appliquer les valeurs du partenariat social et des rémunérations justes. L’état sanitaire lui a sauté à la gorge lorsqu’il est intervenu après le tsunami de 2004 dans l’État du Andhra Pradesh et son chemin de vie s’est tourné vers les soins de la population, en particulier les personnes atteintes du SIDA. HELP Kavali India est né, sa femme Catherine y a créé parallèlement HKKK (en français Manufacture créative de Kavali) où des femmes retrouvent l’espoir dans un contexte socio-sanitaire dramatique. Salariées et soignées, elles apprennent les techniques et créent, sans aucune connaissance culturelle antérieure, des scènes splendides sur support textile. Vous en apprendrez beaucoup plus en discutant sur place avec Catherine, ou en vous rendant sur sa page Facebook, ou encore en allant dans son magasin à Villefranche-de-Rouergue.

Exemple de toile dessinée et peinte : la séance de coiffure, par Kalyani. Comme pour les impressions de Neelam, toutes les couleurs sont obtenues avec des produits naturels, le coton est non blanchi, le mordançage (étape préalable à la peinture) puis la fixation sont faites « comme avant », selon les connaissances traditionnelles indiennes.
Catherine Mâge est ces jours-ci à Lacapelle-Bleys, mais vous pouvez la rencontrer toute l’année à Villefranche-de-Rouergue, dans son magasin situé 21 rue Alibert à Villefranche-de-Rouergue (12). Photo La Dépêche

Vous avez peut-être déjà rencontré Catherine Mâge et ses kalamkaris, elle est régulièrement invitée dans les manifestations textiles ! Les ventes en France permettent de couvrir 50% des besoins sur le terrain, soit le soin apporté à plus de 600 patients et leur famille, et près de 30 salariés. De nouveau, nos petits achats-coups de cœur apportent un réel soutien à d’autres femmes.

Mille mercis Mijo pour ton chaleureux accueil,
sans oublier tes amies brodeuses et quilteuses très sympathiques !
Espérons nous revoir bientôt…
Oui, bientôt, en Alsace !!

En Alsace, j’expose !

Pour être exacte, j’expose Le Temps sous toutes ses Couleurs, la sélection de quilts météo 2020 🌞

Le Carrefour Européen du Patchwork met tout en œuvre pour que la fête soit belle, nous leur faisons confiance ! Les programmes des expos et stages sont à votre disposition sur leur site, ainsi que la billetterie. Faites-vous plaisir, allez en Alsace cette année malgré tout !

Le Carrefour Européen du Patchwork, c’est par ici !

On ne peut mettre sous silence les questions sanitaires. A chaque fois que nécessaire, le sujet est mis à jour par ici.

J – 39 !

A très bientôt pour une actualité presque sportive,

Katell

Post-scriptum pour les quilteuses lectrices du Patch d’Oc. Le Patch d’Oc est le bulletin trimestriel des délégations France Patchwork de l’ouest de l’Occitanie (ex-Midi-Pyrénées). Pendant de longues années, il fut largement écrit et mis en page par Suzanne Sirvent, une amie chaleureuse, sympathique, à la grande culture, qui était aussi correspondante de La Dépêche du Midi dans le sud du département. Je l’ai connue membre de la délégation FP31 avant la mienne et nous entretenions des liens d’amitié et de respect mutuel. Sa ténacité, son courage lui ont fait traverser maints orages de la vie.

Nous pouvons retenir d’elle cette belle photo largement diffusée dans la presse régionale, avec sa jolie veste en patchwork.

Elle est partie d’une manière dramatique. Souhaitons qu’elle repose enfin en paix.

Tie & dye en Inde

Tie and dye, souvenirs de jeunesse… Nouer, lier et teindre était déjà à la mode dans les années 70 ! Chez nous, on a oublié cette tendance quelques décennies mais elle revient de plus belle avec le goût du fait main et de l’artisanat du Monde. Mon amie Émilie de Neelam nous offre ce reportage, fait en Inde, où la tradition perdure sous le nom anglais tie and dye, ou bien Bandhej (Gujarat), Laheria (Rajasthan), tandis qu’on parle de shibori au Japon et qu’on pratique toujours en Afrique ces teintures… Il existe des nuances, des variantes, mais la base reste la même !

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Damien et moi avons envie de partager avec vous un beau moment passé en Inde avec Mustafa, spécialiste des techniques de teintures artisanales de Tie and Dye.

Vous l’avez certainement repéré dans les boutiques et magazines de décoration, l’imprimé Tie and Dye y est de plus en plus présent (coussins, rideaux, tapis, linge de maison, vêtements…) et ne cesse d’être réinterprété.

Cette technique fascinante de création textile consiste littéralement à nouer (to tie), puis à teindre (to dye) un tissu.
Le fait de nouer au préalable le tissu permet de préserver certaines parties de la teinture. Ainsi, seules les parties extérieures au nœud seront colorées. La durée du bain jouera sur l’intensité de la couleur et la multitude des possibilités de ligatures en feront un tissu aux motifs uniques.

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Selon la technique de Tie and Dye pratiquée par Mustafa, la dimension maximale idéale du coupon de tissu est de 2,50 x 1,10 m. Mustafa commence par plier le tissu (préalablement humidifié) en 2 sur toute sa longueur.

 

Le tissu est ensuite plissé et ligaturé tous les 20 cm environ. La façon de plisser et ligaturer le tissu influencera le rendu du motif.

 

Mustafa ligature ensuite le tissu sur toute sa longueur.

 

Le tissu est prêt à être teinté.

 

Le bain de teinture se prépare…

 

Le tissu est plongé dans le bain de teinture, plus ou moins longtemps en fonction de l’intensité de la couleur souhaitée, puis rincé afin d’enlever les excédents de teinture.

 

Les fils de ligatures sont ensuite ôtés. Le moment le plus excitant de la journée est la découverte du motif créé ! 

 

Et voilà !!

Nous adorons le résultat. Et vous ?

Des tissus tie & dye sont disponibles dans notre boutique, mais vous pouvez aussi vous procurer un livre pour vous lancer (ils sont nombreux) ou chercher un stage, de nombreuses artistes en proposent.

J’ai aimé faire du patchwork avec divers tissus teints en tie & dye par Mustafa et autres tissus de notre stock, teints eux aussi en indigo, mélangés avec de la toile blanche et des accents orange :

… et me faire un vêtement :

Promenade à Strasbourg en kimono tie & dye…

Émilie

Pour les personnes autour de Toulouse, petite annonce :

Merci Émilie et à bientôt !

Un tartan gagnant

A la suite de l’article précédent, j’ai reçu une photo de quilt qui a retenu toute mon attention :

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Tartan, Evelyne Riff, 1997

Il s’agit d’un quilt de 180 x 180 cm. Chaque rectangle mesure 3 x 6 cm. On croirait du meshwork (technique artisanale de tissage de bandes de tissus) mais c’est du patchwork ! Il en a fallu de la patience et du talent pour réussir un tel défi… Les tissus sont des écossais des Toiles de Mayenne.

Evelyne Riff est une très talentueuse quilteuse de Creutzwald, une petite ville de Moselle où j’ai eu la chance d’animer une JA récemment. Dans le hall d’entrée de la salle étaient exposés de nombreux quilts qui sortaient des sentiers battus, et à chaque fois on me disait : « c’est un quilt d’Evelyne » ou bien « c’est Evelyne qui m’a aidée », ou encore « Evelyne a fait la maquette »… Je voulais absolument rencontrer Evelyne ! Logo-France-PatchworkEvidemment elle était partout, au four et au moulin, pour que la JA soit belle. J’ai finalement réussi à lui parler, bien trop vite d’ailleurs, mais je lui ai fait promettre d’envoyer une sélection de ses créations aux Nouvelles, pour en faire des modèles dans notre revue France Patchwork. Vous entendrez donc encore parler de cette quilteuse bien trop modeste !

Ce quilt Tartan a d’ailleurs gagné le 3e Prix du Carrefour Européen du Patchwork en 1997 à Sainte-Marie-aux-Mines. Bientôt 21 ans et ce quilt reste beau et original !

Evelyne m’a ajouté qu’à Sainte-Marie-aux-Mines, haut lieu de filatures après l’arrêt de l’exploitation minière, on conservait précieusement les modèles de tissus tissés les siècles derniers. Siamoise, ginghan, écossais étaient les spécialités du coin et on filait de la laine, du coton, de la soie, puis exclusivement de la laine quand la région était allemande. On fournissait même l’Ecosse en tissus écossais !!

C’était une vallée aux 150 fabriques qui appartiennent malheureusement au passé.

Que devient le kelsch, ce tissu de grande qualité typique de l’Alsace ?

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Photo du Musée Alsacien de Strasbourg

Le kelsch, le plus souvent à carreaux (rouge pour les Catholiques, bleu pour les Protestants) signe  une grande page du patrimoine de cette région. En lin, en chanvre, en coton ou en métis, c’est un tissu beau et robuste fait artisanalement, teint en indigo pour le bleu, en garance pour le rouge… Ces dernières années, il se faisait rare, personne ne se faisant connaître pour reprendre les derniers ateliers… Il semble que sa production reprenne d’une manière semi-industrielle en Alsace, tout en préservant les normes qualitatives.  Ainsi brodeuses et quilteuses pourront continuer de nous enchanter en utilisant ces tissus qui m’évoquent toujours l’hospitalité alsacienne !

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Je ne connais pas ce livre mais il est sans doute très intéressant…

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Photo Kelsch d’Alsace

 

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Pour finir par une note musicale, petit hommage à Jacques Higelin qui aimait tellement Sainte-Marie-aux-Mines qu’il écrivit une ballade de style western ou road-movie, Bye bye bye à écouter ici. Son père était de Mulhouse et il garda toujours un profond attachement à l’Alsace.

Tartans de Highlander

Mary Stuart (1542-1587) par François Clouet, vers 1560.

Une longue amitié lie les Écossais et les Français et nous partageons de nombreuses pages d’histoire comme celle de Mary Stuart. Depuis plus de quatre siècles cette femme inspire les artistes. On la voit incarnée au cinéma dans d’innombrables films et séries (si on voit Elizabeth 1ère, Mary Stuart n’est jamais loin), poètes et musiciens la vénèrent, historiens et écrivains ont écrit de touchantes biographies (comme Stefan Sweig)… Et bien sûr les romanciers font la part belle à la fascinante Mary Stuart au destin tragique, la seule qui fut reine de France et d’Ecosse. Mini-sélection : le court roman de Didier Decoin La Dernière Nuit (1978) et le gros pavé de Ken Follett, Une Colonne de Feu (2017). Si touchante, la petite Mary.

Dans les hautes terres du nord de l’Ecosse, les Highlands, J. K. Rowling y a situé la mythique Ecole de Poudlard (Harry Potter), poursuivant ainsi la tradition de légendes et de magie qui collent à ce pays.

Parmi tant d’autres, Outlander, saga écrite par Diana Gabaldon (aussi en série TV), nous plonge aussi dans un univers fascinant, après le fameux Highlander (film de 1986) avec Christophe Lambert.

Bien sûr les montagnards d’Ecosse, les Highlanders, sont célèbres pour leurs kilts ! Nous parlions vendredi dernier de nos souvenirs d’enfance, quand nos mères aimaient nous vêtir de ces jupes alors à la mode.
Le plus célèbre représentant de la fierté highlander est Sean Connery :

0430 SOCIAL Tartan...Library file, dated 5/7/00. Actor Sir Sean Connery, donning full Highland dress and wearing his medal after he was formally knighted by the Queen during a investiture ceremony, at the Palace of Holyroodhouse in Edinburgh: One of Scotland's leading actors, Sir Sean Connery is today, Saturday 6th April 2002, set to join 10,000 drummers and bagpipers in New York for the biggest ever Tartan Day parade. The blockbuster movie star is expected to help the musicians take part in what organisers hope will result in the world's biggest-ever pipe band march. See PA 0430 SOCIAL Tartan. PA Photos

 Kilts, quilts, les mots prêtent parfois à confusion en France… Rappelons que les kilts sont des jupes dont le tissage spécifique, aux lignes de couleurs entrecroisées, est appelé tartan en anglais, écossais en français. Chaque clan (famille) possède son propre dessin précis depuis le 19e siècle (seulement, dirais-je !), c’était auparavant plutôt lié à la localité. Les kilts étaient au début un lé de tissu de 5 mètres de long enroulé autour de la taille puis le pan restant était relevé sur l’épaule et épinglé.

En Ecosse, ce sont les hommes qui portent le kilt… et la femme le pantalon ? 😉 Plus sérieusement, des tribunes se posent la question des normes vestimentaires (par exemple ici  ici ou ). Prendre du recul, voir ce qui se passe ailleurs ou avant, c’est intéressant !

 

Edit : lire aussi cet article sur les kilts et tartans : https://sylectures.wordpress.com/2017/03/01/kilts-et-tartans/

-oOo-

Les tartans ont inspiré une quilteuse qui fait des kilts en quilts (vous me suivez ?) et vient de publier ce livre :

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Avec des techniques modernes et de bons petits trucs et astuces, Kathy Allen nous convie à réaliser des tartans de 7 clans mais aussi de s’en inspirer pour créer le sien, si on le souhaite !

Outre une intéressante introduction historique, Kathy Allen réinterprète donc des tartans comme ceux-ci :

Elle joue habilement avec les effets de transparence qui me rappellent certains quilts de Bill Kerr et Weeks Ringle, pionniers des quilts modernes :

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En France, Cosabeth Parriaud anime des stages sur les transparences, c’est un thème toujours intéressant car il exerce l’œil à analyser les nuances et jouer avec la lumière.

Des impressions d’écossais, de carreaux, de signes + sont explorées par des artistes contemporaines. Ces techniques sont simples, amusantes, mais longues tout de même ! En quilt moderne, le but est de ne pas copier mais découvrir, à partir d’inspirations, de nouveaux horizons…

Voyons tout d’abord une infime partie des quilts d’Eleanor McCain sur ce thème, elle est parmi les premières à  avoir fait une série de quilts avec des grilles qui donnent parfois des idées de tartan :

 

Eleanor Mc Cain, Variation on a theme, 2010, Private Collection of Bain Consulting

Double square grid, Eleanor McCain, 2000, collection privée

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Gray Green Grid Study with Red 2007, 47″ x 47″ Private Collection of Allen and Laura McCain

Autre artiste, Maria Shell, qui fait partie de la nouvelle génération des modern quilters :

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To Agnes Martin with color, de Maria Shell.

Tribe, toujours de Maria Shell, garde comme thème le simple + qui mène aux impressions de tissage.

Curieuse de quilts modernes ? Procurez-vous son livre :

Et que pensez-vous de celui-ci ?

Non, ce n’est pas l’ouvrage d’une quilteuse moderne mais celui de Magdalene Wilson, une quilteuse de Gee’s Bend… Il date de 1950 !

Alice au Pays des Kiwis/2

Après cet article qui vous a tant plu, en voici un autre d’Alice sur les tissus néo-zélandais.

Bonjour, je m’appelle Alice et je suis une quilteuse française qui vit actuellement en Nouvelle-Zélande. Le monde du patchwork est très dynamique ici et je voulais vous faire découvrir un aspect particulier: les tissus Kiwiana. « Kiwiana » est un terme qui regroupe tous les objets en relation avec l’imagerie et les symboles de la Nouvelle-Zélande. Par exemple, pour la France, il s’agirait sûrement de la tour Eiffel, du coq, d’une baguette, etc. Pouvez vous penser à un symbole de la Nouvelle-Zélande? Je vous laisse réfléchir quelques secondes…

kiwiana icons
Les plus communs sont: les moutons (on dit souvent qu’il y a plus de moutons que d’habitants en NZ), le petit Kiwi (un petit oiseau en voie de disparition qui ne peut pas voler) et la fougère (comme le logo de l’équipe de rugby les « All Blacks »). La « fougère argentée » est un symbole très repandu dans le pays. Elle permettait jadis aux Maoris de se déplacer dans les forêts de nuit. De nombreuses équipes de sport l’utilisent actuellement, ainsi que les entreprises locales dans leurs logos. Les papiers officiels (comme l’acte de naissance de notre fille) sont également décorés d’un en-tête avec cette fougère argentée.

Le pays a récemment eu recours à un grand référendum national pour juger le débat sur le changement du drapeau national. C’est une décision vraiment importante pour un pays. Beaucoup de Néo-zélandais souhaitent s’émanciper de l’influence Britannique et choisir un nouveau drapeau (tout comme le Canada en 1965). Les Néo-zélandais ont, dans un premier temps, choisi un drapeau parmi toutes les nouvelles propositions. Puis, lors d’un second référendum, choisi entre la proposition gagnante et l’ancien drapeau. La nouvelle proposition (à gauche sur la photo) avait cette fameuse fougère argentée.

NZ flags

C’est un débat très récent et, malheureusement, la nation a voté contre ce nouveau drapeau. J’aimais bien le nouveau drapeau mais je suis étrangère, et je n’ai évidemment pas eu le droit de vote sur cette question.

Il y a une collection de tissu « Kiwiana » importante et j’ai choisi quelques tissus pour réaliser un quilt. Je vais vous présenter ce quilt.

Kiwiana blocs

J’ai choisi un patron de quilt bien particulier: le quilt que ma collègue Shirley enseigne pour les débutants voulant s’initier au patchwork. Il s’agit d’une répétition de deux blocs simples: un carré de tissu et un carré entouré de petits carrés. J’ai vu de nombreuse versions de ce quilt grâce à ses élèves. Chaque version avait un charme particulier et mettait vraiment en valeur les tissus choisis. Je me suis dit que ce serait parfait pour mon quilt Kiwiana.

J’ai découpé tous les tissus et assemblé les blocs au fur et à mesure en choisissant l’emplacement sur mon « design wall » (un molleton accroché au mur).

Kiwiana design wall

Le quilt a été rapide à assembler. J’ai achevé le quilt-top en un week-end. C’est très satisfaisant d’avoir des projets comme ça de temps en temps. J’ai choisi d’ajouter un bord bleu pour rehausser les couleurs plutôt sombres du quilt. Ce tissu bleu représente les couleurs des « Paua » (ormeaux) qui sont très courants en NZ (mon mari part souvent à la pêche et nous mangeons des beignets d’ormeaux régulièrement).

Kiwiana quilt top

La faune et la flore sont très spécifiques en Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup d’espèces endémiques (notamment des oiseaux). Beaucoup de ces espèces ont malheureusement été décimées par l’arrivée de mammifères (dont les humains!). Avant le XIIIe siècle, il n’y avait pas de présence humaine sur cette terre. Les Maoris (peuple polynésien) sont arrivés par la mer il y a environ 800 ans. Les hommes ne venant jamais seuls, le rat polynésien (« kiore ») s’est infiltré dans le pays en faisant de grands ravages. L’arrivée des Européens (pendant le XVIIe siècle) a accentué la destruction des espèces endémiques en introduisant de nouveaux mammifères: le furet, le chat, le rat sont tous des redoutables prédateurs pour les oiseaux locaux.

Pour le tissu arrière, j’ai choisi un tissu qui regroupe plusieurs éléments « Kiwiana ». A la méthode de « Où est Charlie? », vous pouvez apercevoir:

Un « Fantail », c’est un oiseau qui a la queue en forme d’éventail
Un « Pukeko », c’est un oiseau qui ressemble à une grosse poule bleue
Un « Kiwi », le petit oiseau (qui ressemble à un gros poussin) qui ne peut pas voler
Un « Kea », c’est une espèce de perroquet avec un corps gris-maron et des reflets verts sur les ailes
La crosse d’une fougère
Un « Tui », il a un pompon blanc sous le cou et son chant est très particulier
Le mont Taranaki
Des motifs Maoris
La plante « Harakeke » qui a des fleurs rouges puis noires
Les fleurs de l’arbre « Pohutukawa », communément appelé « le sapin de Noël Néo-zélandais » car il fleurit avec de grosses boules rouges vers le mois de Décembre.
Kiwiana tissu arriere

Vous les avez tous trouvés ? Bravo!

Un mot d’espoir pour ces espèces d’oiseaux en disparition: une réserve naturelle a été créée à coté de Wellington (ville ou je réside actuellement). Cette réserve a pour but d’offrir aux oiseaux un endroit sans prédateurs. Ces prédateurs ayant été introduits récemment, ils ne font pas partie de l’écosystème de espèces endémiques et ces espèces ne sont pas aptes à se défendre, d’où leur extinction. Il y a une grande barrière pour éviter que les prédateurs pénètrent dans la réserve mais il n’y a pas de filet. Les oiseaux sont donc libres de circuler où ils veulent et de sortir de la réserve. Cette réserve se visite (Zelandia) et même si je ne suis pas une amatrice d’ornithologie, j’ai trouvé la visite et la balade dans cette réserve très sympa.

Une fois mon quilt top achevé, je l’ai emmené chez ma long-arm quilteuse locale. Je lui ai demandé de faire un motif de fougère pour rester dans le thème du quilt.

Kiwiana biais noir

J’ai choisi un biais noir (avec des petits motifs de fougères). Je voulais un biais qui définisse bien la fin du quilt. L’intérieur du quilt étant assez chargé, il me fallait un biais avec un fort contraste pour que l’œil ne s’échappe pas. Et voici le résultat:

kiwiana quilt

J’espère que vous avez aimé l’histoire de mon quilt et la découverte des espèces endémiques de Nouvelle-Zélande et des motifs « Kiwiana ». Si jamais vous venez en Nouvelle-Zélande, sachez que les règles sont très strictes à l’aéroport: vous ne pouvez pas apporter d’objets contenant du bois (masque africains par exemple) ou tout élément biologique (comme une pomme). Vous comprenez désormais que ces règles sont nécessaires pour la protection des espèces endémiques car les parasites d’un autre écosystème pourraient détruire davantage la faune et la flore locale.

Vous pouvez allez voir mon blog pour une petite surprise: http://www.blossomquiltetcraft.fr

Récup’ sur un air de Jazz

Les blue jeans sont un des vêtements les plus emblématiques du XXe siècle… et cela ne semble pas changer au cours du XXIe. On en porte maintenant dans le monde entier et il y a beaucoup à raconter, de la création de la toile de Nîmes (denim) à l’emblématique Levi’s 501, du froc de travail aux podiums de haute-couture féminine…
La semaine dernière, j’ai beaucoup aimé l’article de Barbara Brackman sur les premières tentatives féminines pour porter le pantalon, bien plus commode. Cela donnait lieu a ce genre de réactions, si étroites d’esprit :

On n’a aucune envie de connaître l’homme qui fit ce dessin…
Illustration du blog « Grandmother’s Choice » de Barbara Brackman

Le bloc que j’ai fait la semaine dernière à ce sujet ne restera pas dans les annales, mais j’y ai mis mon « dress code » personnel : dans la vie quotidienne, je porte généralement un blue jean… avec n’importe quoi. J’aime bien le contraste du bleu indigo sobre avec un imprimé féminin, le nec plus ultra étant un chemisier en Liberty of London of course !

Du bleu indigo avec « n’importe quoi »,  cela fait des décennies que je m’habille ainsi !

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Hier, quand le soleil était déjà bien bas, je suis allée avec mon mari voir l’exposition du club Calicot Patch de Villeneuve-de-Rivière, tout au sud de la Haute-Garonne, près de Saint-Gaudens. Juste avant  d’arriver à La Serre-de-Villeneuve, nous étions déjà enchantés de notre petit périple : le panorama est époustouflant de beauté ! Le village est sur la petite crête qui longe la chaîne abrupte des Pyrénées, le dernier bourrelet avant les cimes ; Les Romains y avaient construit une voie et une bastide, n’en déplaise à Obélix ils n’étaient pas si fous que cela… J’ai pu passer tranquillement une bonne heure à admirer les quilts pendant que mon mari contemplait l’extraordinaire coucher de soleil, avec les Pyrénées en contre-jour et le ciel mauve-indigo-pourpre-rouge-orange-rose…

Dans la salle des Fêtes de La Serre, le club Calicot Patch expose jusqu’à ce soir leurs ouvrages de l’année. Des challenges bien choisis entretiennent la créativité, bravo à toutes ! Je voudrais surtout partager avec vous un ouvrage fait par Hélène Vispé, celle que tout le monde a envie d’avoir comme amie… A toutes celles qui se demandent que faire avec tous les blue jeans usagés, voici une réponse très artistique :

Recyclage de blue jeans et d’étiquettes tissées issues de vêtements pour répondre à un challenge de « Récup’ Art » sur le thème du Jazz. Création d’Hélène Vispé.

Si vous aussi l’art de la récup vous démange, lancez-vous, cela apporte tant de satisfaction !

Le charme des ikats

Les tissus « ikat » ont un charme fou. Bien avant de connaître ce nom, j’étais attirée par ces effets fuyants et lignes incertaines qui tranchaient avec les rayures ou  écossais occidentaux bien délimités.

Dans cette pile de tissus, il y a de nombreux imprimés imitant l’ikat, regroupés au milieu. C’est ma réserve pour le Sampler des Droits de la Femme, appelé aussi Grandmother’s Choice.

L’ikat est un procédé de teinture & tissage à plusieurs variantes ; le principe est qu’on préserve de la teinture en nouant à intervalles réguliers les fils de chaine et/ou de trame AVANT le tissage. On retrouve cette technique surtout en Indonésie, mais aussi en Amérique Latine, en Asie centrale, au Japon… 

L’ikat de chaine est le plus simple. On ligature les fils de chaine tendus et on les teint, avant tissage. L’ikat de trame est plus délicat car on doit préparer le fil de trame en aller/retour sur un cadre de la taille du futur tissu, le ligaturer, le teindre, le dérouler avant de le tisser sur la chaine unie. Quant à l’ikat double, c’est la combinaison des deux techniques.

 Le tissu de gauche est un imprimé que j’adore, j’en avais acheté 2 mètres il y a des lustres et j’en ai mis dans des dizaines de quilts ! Il ne m’en reste qu’un petit bout… Il imite un tissu typiquement japonais, le kasuri, nom japonais de l’ikat. Il était vendu également en rouge, peut-être en avez-vous ? Les deux tissus de droite sont chers à mon coeur, ce sont d’authentiques kasuri teints à l’indigo qui m’ont été offerts par mon amie Marie-Claude de la Chambre des Couleurs.

La Diva du scrap quilt, Bonnie Hunter, vient de passer quelques jours en Indonésie et elle en rapporte un reportage sur la fabrication de ces tissus. Même si vous ne comprenez pas l’anglais, vous voyez sur ses photos comment les fils sont ligaturés pour les préserver par endroits de la teinture.

De mon côté, à défaut de pouvoir acheter de vrais ikats en grande quantité, je me contente donc d’imprimés, dont quelques faux-ikats donc, pour faire le sampler sur les Droits de la Femme (voir la pile ci-dessus) et j’y prends beaucoup de plaisir :

Un début qui me plaît bien !

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Vous pouvez admirer les blocs des participantes ici sur Flickr !

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Le Textile à Labastide-Rouairoux (Tarn)

Dans cette petite ville tournée principalement vers l’industrie textile se trouve un musée dans une ancienne filature dédiée aux tissus luxueux de la haute-couture française ; Chanel, Dior et bien d’autres étaient leurs clients !

Le bâtiment est au bord de la rivière qui fournit à la fois sa force hydraulique et l’eau nécessaire à la teinture. Plutôt que de longues explications, je vous laisse rêver au fil des clichés…

La spécialité de cette filature était le fil cardé. On y voit d’imposantes machines, mais aussi celle-ci toute simple, remplie de cardères naturelles ! Le cardage de la laine donnera des étoffes feutrées, duveuteuses…

Un coin de l’atelier de teinture…

Et maintenant, place au tissage !

Un très bel atelier à la lumière naturelle grâce aux grandes baies vitrées

Les navettes font, comme leur nom l’indique, les aller-retour sur le métier à tisser et font la trame des tissus. Les machines montrent toute l’ingéniosité consacrée à la fabrication des tissus, j’aime voir « comment ça marche » et dans cette filature tout est visible ! C’était ainsi avant la fabrication des tissus assistés par ordinateurs, là où l’électronique nous cache les rouages du fonctionnement…

Dans un coin de l’atelier de tissage se trouve ce métier rustique : je rêvais d’en avoir un lorsque j’étais adolescente…

Si vous passez dans la Montagne Noire, ancien massif au sud-est du Tarn, ne manquez pas cette visite, elle est passionnante.

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Mais heureusement, toutes les filatures ne sont pas devenues musées, il en existe encore en activité à Labastide-Rouairoux ! L’une d’entre elles vend une partie de sa production sur place dans un magasin à l’ambiance désuette :

On vend dans ce grand magasin les toiles tissées 200 m plus loin ! C’est aussi un mini-musée, avec ses tampons-imprimeurs, ses navettes, ses bobines…

Ces fils teints au Bleu de Lectoure sont tissés ici !

Quel plaisir de trouver encore du tissu traditionnel, entièrement fabriqué en France sans aucun produit chimique…

Soin du linge à l’ancienne…
Je vous avoue préférer mon fer à repasser quand même !

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Des tissus imprimés inspirés des Molas

Vous souvenez-vous de la Japonaise Fumiko Nakayama, créatrice de molas ? J’avais présenté ici ce que je savais d’elle. Cette dame élargit son domaine en devenant styliste de tissus ! Elle propose des imprimés façon Molas sur des tissus de coton, à utiliser en patchwork ou en couture. Je pense bien sûr à des sacs ou autres petits objets qui seraient magnifiés par ces tissus ; mais qui aura l’idée d’un patchwork sachant mettre en valeur ces si beaux imprimés ?… J’y réfléchis !

Ce dessin est disponible sur plusieurs fonds de couleurs.

Ces tissus sont un vrai festival de couleurs estivales ! C’est en exclusivité chez Home Patch que vous pouvez vous procurer ces tissus en France : 17 références à voir ici. 

Ce tissu est également très intéressant !

Et celui-ci donc ? Plus « séminole » que « Mola », il vous inspirera peut-être aussi !

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