Coup de cœur pour Alabama

Dans ma vie d’adolescente, l’album Harvest de Neil Young fit partie de ceux qui tournaient en boucle, rappelant pendant l’année scolaire les vacances en Bretagne, les feux de camps dans les dunes et les copains qui jouaient de la guitare…

Neil Young a une voix haut perchée, fragile et plaintive. Comme Bob Dylan, sa force est l’émotion. Tel un roseau, pliant sans se rompre, Neil Young a traversé les époques malgré maintes souffrances. Le piqué singulier de Neil Young à la guitare, tellement précis et envoûtant, est une compensation invisible d’un handicap, séquelle d’une poliomyélite contractée dans l’enfance. Aujourd’hui à 75 ans, Neil Young est Forever Young, devenu gentleman farmer écolo dans le Colorado, vivant avec son épouse comédienne Daryl Hannah ; ensemble ils militent activement pour le respect de Mother Earth, la Terre Mère, ainsi que les droits des Amérindiens, renforçant ainsi son surnom de naguère dans le monde musical, « l’Indien« , le Singulier, l’Unique…

Si cet album de 1972 est un bijou de folk-rock, la chanson Alabama me bouleversait par ses sons de guitares et des impressions de souffrances venues de je ne sais où. Je sais à présent qu’elle est une critique de l’intolérance et du racisme encore ancrés dans les États du Sud des USA, plus de cent ans après la Guerre Civile (ou Guerre de Sécession 1861-1865). Ce Vieux-Sud est pays de violences et celle de certains hommes blancs est inimaginable : encore en 1972 le Ku-Klux-Klan sévissait sporadiquement, même après les progrès de reconnaissance de l’égalité des droits civiques grâce à Martin Luther King et bien d’autres. De nos jours, le mouvement Black lives matter est signe qu’il reste encore et encore un long chemin à faire, dans l’ensemble des USA.

En Alabama, même la météo est violente, puisque c’est l’État des États-Unis où surviennent le plus grand nombre d’orages, avec son climat subtropical humide, et il est bien souvent au cœur des couloirs de tornades meurtrières, d’ouragans dévastateurs… C’est sa nature, et cela ne pourra malheureusement pas s’atténuer dans le futur.

Alexis Arend – cet auteur bien français évoque une certaine Amérique avec une redoutable justesse.

 Que Dieu me pardonne, je détestais l’Alabama. Je le haïssais !

L’Alabama était le pays où toute la misère du monde avait choisi d’élire domicile. C’était le pays où se donnaient rendez-vous toutes les haines, toutes les iniquités, toutes les bassesses humaines. Aucune région du globe ne mettait un tel point d’honneur à annihiler la vie d’un homme, à le rabaisser, à lui faire courber l’échine jusqu’à le contraindre à ramper à terre, éreinté, vaincu.

Et, pour tous ceux dont le malheur était de ne pas avoir la peau claire, l’Alabama était tout cela aussi, en pire. Pour eux, il déployait tout son ignoble talent, il déchaînait toute sa noirceur contenue, toute sa dureté réfrénée. Oh oui ! Pour eux, l’Alabama se surpassait.

« Il n’y a rien de pire au monde, ni de plus éprouvant pour un homme, que d’être pauvre. Excepté le fait d’être un nègre, naturellement » , disait mon père.

Ô combien il avait raison ! 

Trent Peterson Chestwood, dans Alabama, Alexis Arend

Alabama, Alexis Arend : un peu attirée par la musicalité du titre, un peu par les critiques élogieuses, un peu par l’inexplicable lien que je ressens avec ce coin déshérité, un peu grâce aux liens liés par les arts singuliers inventés dans ce coin des USA (Alabama Chanin, les Gee’s Bend), j’ai téléchargé ce livre… et cela m’a valu une nuit blanche débordant d’émotions.

Mon amie Betty Ford-Smith à Gee’s Bend, Alabama, au centre de la création des quilts improvisés, qui ont largement influencé les quilts modernes des 20 dernières années.

Inutile de me le demander, non je ne vous raconterai pas l’histoire. Ce roman se lit très facilement, même si vous vous sentez submergé, parfois, d’émotions multiples et violentes.

La misère est un bien insidieux fléau. Elle est un mal sournois.

Les nègres et les chiens fonctionnent pour ainsi dire sur le même mode, ils ont les mêmes instincts, souviens-toi toujours de ça.

Mais on savoure quelques pages sublimes sur l’attachement à la famille, au pays, à l’amitié et, non moins important, sur le bonheur de la lecture.

Je veux que l’Alabama soit le pays que l’on mérite tous, Blancs comme Noirs. Une terre d’abondance ! Il a assez à offrir pour chacun de nous. Regarde autour de toi, regarde comme c’est beau, regarde comme c’est riche !

Tu vois, quand je me plonge dans un roman, c’est un autre monde qui s’ouvre devant moi, je suis ailleurs, je vis d’autres vies, je découvre d’autres endroits, je rencontre d’autres personnes. Je les côtoie dans ma tête, guidé par tous ces mots et toutes ces phrases qui s’alignent et me racontent quelque chose.

Littérature enfantine qui se lit à plusieurs niveaux, vous ne vous ennuierez pas en lisant les aventures de Tom Sawyer puis celles de son ami Huckleberry Finn de Mark Twain… Et comme un des protagonistes d’Alabama, ne vous laissez pas arrêter par ces noms difficiles à lire 😊

L’esprit de Mark Twain est pleinement dans Alabama, à la fois par l’amitié de deux garçons proches mais différents, et, j’ose l’avancer, par la qualité d’écriture ! L’immense talent de Twain est trop peu reconnu en France, je vous propose de le redécouvrir et de lire cet article où je lui rends modestement hommage. Il fut d’ailleurs un protecteur et ami d’Helen Keller, dont l’histoire m’avait tellement touchée enfant… Tiens, elle est née en Alabama et elle aussi est alignée avec ce qui se dégage du roman d’Alexis Arend.

Le meilleur aboutissement de l’éducation est la tolérance.
Helen Keller

Un film touchant de 1962 retrace l’histoire d’Helen Keller, sortie de l’enfermement de la non-communication par sa maîtresse spécialisée Ann Sullivan.
Pièce (un quart de dollar) commémorant Helen Keller et l’État de l’Alabama, devenu le 22e État des USA en 1819. Helen Keller (1880-1968), devenue sourde et aveugle dans l’enfance, fit preuve d’un grand courage dans sa vie et montra qu’on peut surmonter ses handicaps.

Alabama d’Alexis Arend : ce roman se trouve sous format papier ou numérique (FNAC, Amazon…). J’imagine qu’un éditeur va se précipiter sur cette pépite auto-éditée… Profitez-en, avant que son prix ne monte !

Vintage Rose Garden, pine cone quilt créé par Betty Ford-Smith en 2005, acquis par le National Quilt Museum en 2019. Ce bloc, appelé également Pine Burr, représente officiellement… l’Alabama !

Depuis déjà 7 ans, je vous montre des pine cone quilts sur ce blog ; pas de hasard, c’est le bloc de patchwork officiel de l’Alabama, en raison des quilteuses de Gee’s Bend et leur héritage afro-américain, dont fait partie cette technique particulière !

Alabama Forever, envers et contre tout !
Katell

La Discrète

Elle est discrète et se met si peu en avant qu’elle devient invisible, mais si elle n’est pas là tout change. Indispensable donc, elle est rarement au centre de la conversation et pourtant elle est, vous le devinez, toujours à l’esprit.
Qui est-elle ?

C’est la marge de couture, qui varie selon les siècles, les habitudes, les techniques. Si elle est absente, le patchwork bascule dans le mix-media ou art textile, avec l’utilisation de colle ou autres moyens d’attache et le tissu qui reste à cru. Certains appliqués sans marge de couture font l’exception, restant de style traditionnel en laine à cru par exemple.

Des appliqués sans marge de couture restent dans une certaine tradition, en flanelle ou feutrine, plus rapides à réaliser. Création Cosabeth Parriaud pour Marie-Claire Idées.

La discrète est essentielle et aujourd’hui, pour une fois, la discrète se fait vedette⭐.

Le patchwork mosaïque

Commençons par le patchwork en mosaïque, qui est une des origines de notre art. Il est appelé aussi patchwork à l’anglaise, car c’est chez nos voisins et néanmoins toujours amis malgré le Brexit 😏 qu’il est né. Technique utilisée de nos jours principalement pour faire des hexagones, c’était l’unique moyen, naguère, d’assembler toutes les pièces de récupération des couturières (en soie, satin, brocart et autres étoffes glissantes), un gabarit en papier de l’exacte forme et dimension de la pièce cousue qu’on recouvre et « emballe » de tissu.

Et la Discrète ? Ici les marges de couture doivent être suffisantes, mais il n’y avait pas vraiment de règle : on coupait à vue, juste assez pour bâtir en enveloppant le papier.

Le plus ancien patchwork qui nous reste, fait en patchwork à l’anglaise, est daté de 1718. Il est cousu sans aucune pièce appliquée, ce qu’on pourrait croire en le regardant :

Chaque pièce a été d’abord coupée dans du papier ou carton fin. La denrée de papeterie étant rare au début du 18e siècle, au dos on peut encore y trouver des fragments de lettres, des bouts de factures, du papier journal… J’ai présenté le livre de Susan Briscoe sur ce merveilleux dessus de lit par ici.

Pour le tricentenaire de ce vétéran, Susan Briscoe et la British Quilters’ Guild ont exposé en 2018 à Birmingham plus de 20 répliques de ce chef d’oeuvre. La gagnante du concours est Denise Geach, mais saluons le travail de bravoure de chacune !

Le patchwork américain

Le patchwork à l’anglaise est bien long à faire, avec l’étape fastidieuse et dispendieuse des gabarits. Par souci de rapidité et l’utilisation d’autres tissus moins fuyants comme la laine et le coton, les femmes ont inventé une autre manière de faire : assembler les pièces en mettant les tissus endroit contre endroit, les coudre à la main ou à la machine après avoir tracé, à l’aide de gabarits en carton ou métal réutilisables, les formes directement sur le tissu (et donc les lignes de coutures).

La Discrète est encore ajoutée à vue d’œil : soit on découpe après avoir dessiné la pièce, à la distance la plus petite possible du trait pour économiser le tissu, soit on a pris soin de s’approcher le plus possible du bord du tissu au moment du dessin. Sur la plupart des quilts anciens un peu ou beaucoup déchirés, on constate que les marges sont minimes, 1/8e d’inch (entre 3 et 4 mm) était tout ce qu’on laissait à la Discrète… d’où les déchirures, l’effilochage des tissus coupés ou déchirés en droit fil.

Le dos de ce quilt inachevé montre que les traits de couture ne sont pas tracés par toutes les quilteuses et que la couture du tissu à carreaux est à la limite de l’effilochage… Cela ne tiendra pas longtemps, même quilté (photo de Flickr)

Au cours du 20e siècle, les magazines, les livres de quilteuses chevronnées donnaient de bons conseils : si vous voulez que votre quilt tienne bon, qu’il devienne un Heirloom Quilt (quilt qui sera transmis en héritage), mettez environ 1/4 d’inch (6,35 mm) comme marge de couture… ce qui semblait, pour la plupart des quilteuses, un gâchis terrible !

Quilt américain appartenant à Caroline, en gardiennage chez son amie Kristine : vaut-il la peine d’être restauré ? Telle est la question…

Ce quilt n’est probablement pas très ancien, c’est un Log Cabin fait à la machine dans les années 1960 peut-être. Le 1/4 d’inch est quasiment respecté mais, autre problème, le fil blanc a cisaillé le tissu de coton… Probablement un fil en polyester, trop solide pour les cretonnes et les divers tissus en coton utilisés… A garder en mémoire !!

La discrète révèle non seulement les habitudes des quilteuses, mais aussi… la couleur d’origine des tissus qui n’a pas été délavée par les UV !

Ce n’est que sur la marge de couture qu’on a une idée de la couleur d’origine du tissu.

Le Crazy

Là encore, on ne parle pas de marge de couture, on coud dans tous les sens, on pratique un mélange de piécé et d’appliqué, on ajoute des broderies qui tiennent le tout, la discrète n’a pas la parole alors qu’elle est omniprésente, cela va de soi. Mais en évoquant la folie du crazy, on peut se rapprocher des vraies origines multicentenaires du patchwork, l’assemblage en puzzle de tout ce qu’on avait comme textiles, quelle que soit la forme de la pièce, ou bien la réparation des vêtements ou linges de maison avec l’ajout d’une pièce pour cacher un trou… Il y aura une marge de couture minime… Économie oblige !

Culotte soigneusement rapiécée, voir d’autres beaux exemples sur ce blog.

L’appliqué

On vient de le voir, l’appliqué fut d’abord une pièce de réparation, puis devint un loisir de femme aisée : coudre un tissu neuf sur un autre neuf ne se fait que pour des raisons esthétiques ! Là encore, les marges de couture sont souvent minimes et il faut beaucoup de petits points pour bien fixer le tissu décoratif sur son fond. On rentre généralement la marge de couture en s’aidant du bout de l’aiguille. La discrète est glissée et coincée, ni vue ni connue, entre les deux tissus.

Le patchwork avec l’utilisation du cutter rotatif

On l’a vu, pour du patchwork durable, on préconisait environ 1/4 d’inch, mais au vu des quilts anciens, on sait que la discrète était plus petite, presque toujours.

Vint l’avènement du patch moderne grâce à mon objet fétiche : le cutter rotatif ! Avec lui, les marges de couture se sont normalisées car, révolution, on ne marque plus le trait de couture : on coupe en ajoutant la valeur de 2 marges de couture (de part et d’autre de la pièce). Pour un carré de 2 inch, on coupe un carré de 2 1/2 inch. Simple comme bonjour ! Comme cette évolution est arrivée des USA, il a fallu convertir pour le système métrique. Dans les années 1990, les premiers livres en français qui présentaient cette méthode préconisaient 5 mm de discrète et donc un ajout très pratique d’1 cm (pour un carré cousu de 5 cm, on coupe 6 cm), mais cela s’est avéré un chouïa trop juste et la règle d’or est à présent d’ajouter 1,5 cm. Le quatuor cutter-règle-planche et machine à coudre fonctionne à merveille, il faut avoir un pied de biche de la bonne largeur (celle de la marge de couture) et hop ! tout est précis, vite et bien.

Sauf que… il y a l’épaisseur du tissu, celle du fil, le pli… et pour avoir un résultat absolument parfait, il faut coudre juste un peu moins que le quart d’inch, en anglais on dit coudre a scant quarter inch seam allowance.

Et en centimètres ? Personnellement j’obtiens de bons résultats avec :

  • un pied de biche d’un quart d’inch et les tissus tout juste au bord (donc une couture  à 6,3 mm du bord, au lieu de 7 mm)
  • un repassage de la couture sans ouvrir les tissus d’abord (toujours mis endroit contre endroit), puis j’ouvre en repassant les marges sur un côté
  • dernière action : l’équerrage, le bloc étant logiquement trop grand d’1 mm environ. Je corrige tout petit problème. Avec des blocs complexes aux nombreux pavés intermédiaires, je me repère toujours aux correspondances de coutures centrales, non à la marge de couture.

Mais voilà que des quilteuses libérées et rebelles, avec Gwen Marston en mentor, ont remis en cause l’esthétique parfaite des quilts de la fin du 20e siècle. Avec tous les modèles repris à l’infini, calqués les uns sur les autres, cela engendrait un monde de quilts magnifiques certes, mais manquant de personnalisation, une perfection sans jubilation. Armée de son cutter, Gwen et ses amies ont repris l’esprit de « faire avec ce qu’on a », sans renier le progrès.

Ce quilt de Gwen Marston a une structure classique, mais les string blocks (blocs faits de bandes) sont cousus sans fondation, sans respect de la vraie diagonale, en prenant les bandes de tissus comme elles viennent, en s’amusant surtout… Il en résulte un quilt bien plus vivant et gai que s’il était coupé droit !

Si par exemple un tissu présente une courbure, au lieu de l’équerrer droit, on va tirer avantage de ce mouvement. Comme avant, chaque oeuvre devient absolument unique, on parle de processus d’improvisation et de création, au lieu de copie d’un modèle.

Ce quilt a été inventé au fil du temps, assemblé en tenant compte des mouvements des blocs non équerrés. Velours Rouge, Katell.

Et la discrète ? Eh bien, c’est toujours sa nature de rester en retrait ! Les quilteuses faisant des quilts improvisés l’ont constamment à l’esprit, mais elle ne sera pas nécessairement pile-poil d’un quart d’inch, les coupes souples ne sont plus en droit fil et ne s’effilocheront donc pas : on a une tolérance légèrement en-dessous et au-dessus du quart d’inch ou des 7 mm, au coup d’œil… mais nous l’avons à l’œil, la discrète, elle ne doit tout de même pas être trop fine !

Quand la discrète fait sa star

Comme toute règle peut être détournée, voici différents exemples d’une discrète devenant star ⭐

Tout d’abord un style country, coutures apparentes frangées et ébouriffées, amusant à faire mais vite passé de mode, les rag quilts :

Puis la modernité et l’audace de l’Allemande Inge Hueber, qui s’est fait une spécialité de la marge de couture visible, en tournant son top : l’envers devient l’endroit ! Il en découle un flou artistique, des limites indéfinies comme dans une légère brume :

Inge Hueber, High Tide Low Tide – Broadstairs/Kent, © 2007, 162 x 178 cm

Détail…

Cut Flower 1, Inge Hueber, 1998, 64 x 80 x 3 cm (tendu sur un cadre)

Vous pouvez admirer ses quilts sur son site.

Natalie Chanin, elle aussi, a fait des quilts avec le top « à l’envers », montrant fièrement les coutures :

Indigo Star Quilt de Natalie Chanin. Première particularité : les coutures visibles décoratives. La seconde : la matière est en jersey de coton, oui, celle des tee-shirts !

Discrètement, la marge de couture se cache au cœur de vos quilts, bien à l’ombre des projecteurs… Mais veillez sur elle, sur ses épaules repose la pérennité de votre ouvrage !

 

Partage de réussites/6

D’une Journée de l’Amitié à l’autre, on voit les réalisations des ateliers précédents. Samedi dernier, c’était de nouveau JA dans les Bouches-du-Rhône. Christianne Humbert, déléguée FP13, m’a adressé les photos des ouvrages accomplis à la suite de mon atelier en janvier. J’en avais reçu un avant-goût avec la photo d’Eliane, déjà partagée par ici.

Aucune pochette n’est semblable, chacune a respecté les consignes : laisser parler sa créativité !

La pochette est un apprentissage qui ouvre les portes de la customisation, ensuite on n’arrête plus l’esprit imaginatif !

À Bouc-Bel-Air, l’ambiance était vraiment chaleureuse et l’auditoire attentif, autant pour la découverte des quilts modernes que pour l’atelier. La délégation donne toujours l’impulsion positive, l’attention aux détails… J’ai même soufflé une bougie sur un somptueux gâteau car c’était mon anniversaire et un adorable quatuor m’a offert un livre extraordinaire qui me donne bien envie de retourner dans ce beau pays, pour l’amitié, pour la beauté de la nature et des œuvres humaines…

Mille mercis, continuez de profiter du bonheur des rencontres FP !

BeeBook, un livre pour les quilteuses curieuses d’évoluer vers plus de créativité :
souscription ici !

Partage de réussites/2

Que peut-on faire avec des tee-shirts ? Ils sont réputés difficiles à recycler, excepté en chiffons ! Natalie Chanin d’Alabama nous a montré la voie de manière magistrale et il m’est arrivé d’animer quelques ateliers ou JA où on utilise du jersey. Les articles précédents sur ce thème sont par ici.

Natalie tire l’aiguille, inlassablement…

Le style est osé et successful ! Sa ville, Florence, n’est pas sur le circuit de la récente tornade meurtrière, mais elle vient de subir des inondations historiques. Espérons de tout cœur que sa société n’a pas subi de dégâts, elle emploie de nombreuses personnes…

Eliane, la quilteuse qui nous avait montré son bel Arbre de Vie, a réalisé cette pochette lumineuse lors d’un atelier en JA :

56909645386__AFA4CAAC-665B-4E1C-B22B-3B6E6276F4E4 (1)
Chacune ayant joué le jeu de la création, chaque pochette est unique !

C’était l’atelier de la JA dans les Bouches-du-Rhône sur l’invitation de Christianne, la si gentille déléguée de ce département ! Une journée mémorable, avec tant de belles rencontres 🙂

emoji_u1f41d

BeeBook, un livre pour les quilteuses curieuses d’évoluer vers plus de créativité :
souscription ici !

Des ouvrages à la manière d’Alabama Chanin

1202278De nombreuses quilteuses de Haute-Garonne ont bien apprécié découvrir comment utiliser élégamment des tee-shirts en fin de vie, avec une technique popularisée par Natalie Chanin (son entreprise se nomme Alabama Chanin).
Comme promis voici quelques photos ! Tout d’abord, j’ai vu les pochettes de Josée de Nadaï et Michèle Morin lors de la très belle exposition de Cazères, puis vous avez celle de Maïté l’Abeille avec des détails montrant bien que toutes les coutures sont « à cru », sans rentré, et enfin celle d’Eliane Géraud, d’une élégante simplicité :

DSCN1767 DSCN1768DSC03200DSC03202DSC03203

IMG_0356

Mention particulière à Florence Bismuth qui a adoré cette technique, vous pouvez voir sa première pochette en fin d’article ici. Elle ne s’est pas arrêté là :

1-P1040036 1-P10400331-P1040027

Florence achète deux tee-shirts identiques (sauf la couleur), les superpose, brode au point avant des feuilles ou autres motifs… et coupe le tee-shirt de dessus afin de faire apparaître la couleur du dessous ! Quelques perles et c’est un tee-shirt magnifiquement customisé !

… Et je sais que beaucoup d’autres pochettes ont été terminées et vont faire partie des présents de fin d’année, bravo à toutes !

Rendez-vous avant la Saint-Sylvestre pour une visite virtuelle chez une quilteuse en Floride ! En attendant, de tout cœur passez de très belles fêtes de Noël… Pour moi, ce sera du côté de Toulouse !

the-new-bridge-and-dalbade.jpg!Blog
Le Pont-Neuf et La Dalbade, Toulouse, peinture d’Henri Martin (1860-1943)

Un atelier qui utilise des tee-shirts

Ce n’est pas un secret : beaucoup de quilts recyclent les étoffes usagées… y compris les tee-shirts. Ils peuvent même devenir de très beaux ouvrages !

tumblr_inline_mrj9gbuvlO1qz4rgp
Natalie Chanin, fondatrice de Alabama Chanin, maison de couture et accessoires prônant les matériaux écolos, recyclés, ainsi que le travail à la main… La matière première reste le jersey de coton (=maille de tee-shirt)

Au fin fond de l’Alabama, l’Etat le plus pauvre des Etats-Unis, là même où se trouve le hameau Gee’s Bend, une jeune femme a commencé à utiliser des tee-shirts usagés pour en faire « autre chose ». De fil en aiguille, elle a créé un style à la fois brut et raffiné. C’est la belle Success Story de Natalie Chanin ! natalie-chaninjpg-b064af718c9205db_mediumLe travail pour réaliser un vêtement (car elle fait des défilés de mode) est souvent énorme, le prix aussi ! Mais elle partage généreusement sa manière de travailler dans ses livres et on comprend la somme de travail que peut représenter une seule pièce… Elle a hérité de l’adresse de ses grand-mères, toutes deux excellentes couturières, et de techniques utilisées durant la Grande Dépression des années 1930. Tout est fait à la main, y compris les longues coutures, les bords sont laissés à cru (le jersey de coton fin ne s’effiloche pas !) et les techniques sont principalement l’appliqué, l’appliqué inversé, ornés de perles ou de broderies, de bordures en maille jersey…
Etonnant, non ?…

Les techniques d’Alabama Chanin sont un peu connues en France : je vous invite à aller voir en particulier Théa Oz et sa superbe robe !

Voici un aperçu des réalisations Alabama Chanin :

in black

sac alabama chanin veste alabama chanin veste blanche al chanin

al perles

Elle garde aussi le goût des quilts, omniprésents dans sa vie. Maintenant elle les conçoit tous en tee-shirts comme ceux-ci :

Picture 2

INDIGO-STAR-QUILT-W-625x955

Natalie Chanin est maintenant très connue aux Etats-Unis, certaines stars de la musique ou du cinéma lui font de la pub en portant ses vêtements, tous faits dans un atelier, en Alabama.

Pour donner l’idée d’utiliser cette matière inhabituelle et pourtant si commune et contribuer à faire connaître Alabama Chanin, nous avons fait un atelier utilisant du jersey de coton vendredi dernier en Journée de l’Amitié France Patchwork 31 à Pibrac (31). C’était l’après-midi, après la présentation de quilts traditionnels faits par Will Vidinic.

stage alabamachanin -ruche quilteusesTrois livres d’Alabama Chanin étaient à disposition pour donner des idées, ainsi que quelques travaux déjà réalisés. Kristine l’Abeille a conçu une pochette à faire et des stencils pour que chacune dessine « son » dessin sur le jersey. Le travail n’est pas difficile et les résultats ne se sont pas fait attendre !

stage pibrac ala chanin
Découpage de bouts de tee-shirts pour ajouter de la couleur aux jerseys de base distribués en kit.

stage ala chanin
Exemple : une écharpe faite par Kristine. Les bords sont des bandes tortillées et appliquées au point avant.

Merci à toutes les participantes qui ont terminé leur pochette de m’adresser une photo, je les publierai en décembre ! Déjà j’ai reçu celles de Florence, pochette vue recto-verso :

flo1 flo2

Appliqué inversé coupé laissé « à cru », jolis points avant bien visibles, des perles en déco : c’est tout l’esprit Alabama Chanin, bravo Florence !

xoxo,
katell (point) fp31 (arobase) gmail (point) com.

techniques al chanin

 

Recyclage encore : des quilts en T-shirts

Parmi les quilts d’une époque, on y trouve les restes textiles de ce monde. Dans les années 60-70, des femmes ont produit un certain nombre de quilts faits en tissus polyester, mais oui ! Ils semblent sages maintenant, mais alors ils étaient assimilés au mouvement hippy et/ou aux quilts afro-américains, et donc plutôt hors normes :

hippy quilt

polyquilt
(vu dans Wonkyworld – Bill Volkening)

polyster quilt
(Pinterest – ebay)

Dans le monde actuel des quilts, il est un recyclage qui prend de l’ampleur : celui des tee-shirts (ou t-shirts… ou ticheurtes ?…).

under suit
Avant le t-shirt, les hommes américains portaient généralement ces combinaisons en tant que sous-vêtement.

Pièces de vêtement bon marché qui virent le jour à l’aube du XXe siècle en tant que sous-vêtements dans l’US Navy, les t-shirts se sont inspirés des « tricots de peau » vus en Europe. Leur nom vient de leur forme en T majuscule (qu’on dit tii en anglais et qu’on écrit tee), leur matière était d’une moindre qualité de fil de coton non teinté (donc écru), tricoté pour la souplesse et l’élasticité, sans col et à manches courtes : facile à faire, facile à porter, facile à laver et très bon marché !

les_temps_modernes-07
Charlie Chaplin dans les Temps Modernes, 1936. L’ouvrier porte un t-shirt sous sa salopette de travail.

news-72
Sexy et viril, Marlon Brando en tee-shirt trempé de sueur ! (Un tramway nommé Désir, 1951)

1955 j dan
Beau gosse symbole de toute une génération (et même plusieurs…) James Dean en tee-shirt, 1955. Le tee shirt devient symbole de la jeunesse décontractée et moderne de l’après-guerre.

Il devint vêtement universel « de dessus » pour homme, vêtement qu’on montre, à la faveur de l’engouement de la bourgeoisie pour le sport (et donc l’adoption de ces vêtements pratiques) et de leur popularisation via le cinéma, les GIs, les équipes de sport… C’est devenu le complément parfait des pantalons en blue jean. On connaît ces petits hauts maintenant le plus souvent ornés d’impressions, et de toutes les couleurs.

 

premiers-t-shirt-femme
Il ne commença à devenir vêtement féminin que dans les années 60 (ici, Jean Seberg, A bout de Souffle, 1960)

Leur recyclage, plusieurs tendances !

9b73bb7737ad593769fcad3ce8f37fe7
Je trouve très futée l’idée de couper les t-shirts en lanières pour les réutiliser, notamment en les tricotant ou en les crochetant. Beaucoup d’idées notamment ici.

Je vous présenterai un autre jour bien plus précisément le monde d’Alabama Chanin, de la haute-couture américaine très « slow stitching« , aux pièces uniques faites à la main en maille jersey, aux appliqués inversés précieusement rebrodés, initialement faits de tee-shirts récupérés au fin fond de l’Alabama… Une belle success-story !

Alabama Chanin
(photo alabamachanin.com)

Mais aujourd’hui arrêtons-nous à une forme bien plus simple de revalorisation des tee-shirts, l’utilisation des devants imprimés, parfois laids, parfois sympas et colorés, souvent publicitaires ou identitaires, exceptionnellement magnifiques.

9c8f339cea152cf052cef23b1fc0bce2
Quilt commémoratif à partir des tee-shirts de toute la jeunesse d’un jeune homme, offert par sa mère le jour de sa graduation (remise de diplôme).

work-t-shirt-quilt

quiltsb

Pour vous donner mille et une idées, vous avez de nombreux livres (tous en anglais) parmi lesquels :

61PX-grW7hL._SX383_BO1,204,203,200_61LEqz0be6L._SX385_BO1,204,203,200_51n3dGnTSKL._SX332_BO1,204,203,200_61zPOQBHY7L._SX388_BO1,204,203,200_

Ici sur ce blog, vous avez quelques conseils généraux : sélection, lavage, entoilage, découpage… Le but est d’utiliser cette matière molle, le coton tricoté en jersey, comme un tissu de coton habituel.

Gardez-vous vos tee-shirts usagés ? Moi pas… jusqu’à présent !

passage quilt
Ce quilt en tee shirts est bouleversant : Sherri Lynn Wood l’a fait avec les vêtements confiés par la mère d’un jeune homme qui s’est donné la mort à 17 ans. Cette oeuvre d’art est chargée de souvenirs à la fois gais et douloureux… C’est un Quilt de Mémoire, ce qui se fait très peu en Europe.