Martine m’a invitée à partager une journée avec des quilteuses de son entourage ; ce fut l’occasion de visiter une toute petite partie de la Corrèze que je connais bien trop peu.
En rencontrant plusieurs personnes du village de Martine, j’ai eu la douce impression de vivre dans la seconde partie d’un roman lu l’année dernière.

Dans ce roman, la France est coupée en deux, la partie Nord étant dirigée par une multinationale, surveillant la population par des puces électroniques, gérant très mal les ravages de notre vie dégradée par la surconsommation passée… Une vie désespérante. En contraste, dans le Sud, on s’est organisé, on vit simplement, à la fois à l’écoute de la Nature et des gens autour de soi ; chacun apporte ses talents pour le bénéfice de tous. Cela rappelle des projets de communautés comme l’île d’Utopie de Thomas More à l’époque de la Renaissance –berceau de nouvelles idées à la recherche de l’harmonie, mais qui pêche beaucoup par la triste uniformisation de la vie de chacun, l’esclavage des coupables… — les espoirs des kibboutz d’Israël ou Auroville près de Pondichéry, le lieu d’une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités*, où vécut une de mes cousines pendant 12 ans dans les années 1970-80…
*Présentation d’Auroville par sa créatrice, une Française surnommée La Mère, Mirra Alfassa Richard (1878-1873)
Dans ce petit village de Corrèze, j’ai donc eu l’impression de vivre dans le fameux Sud de La Part cachée du Monde, sans les dogmes ou contraintes d’une communauté. A Brivezac, on se connaît, on s’apprécie, on s’entraide. On peut être d’ici depuis des générations, ou bien avoir emménagé l’année dernière. L’important est d’avoir le goût de la vie simple entourée de la nature et l’envie de s’intégrer, en respectant les personnes et le patrimoine.



Les deux monuments notoires du village sont l’église romane et la maison de Jeanne d’Albret, figure du protestantisme au XVIe siècle, Reine de Navarre, et duchesse, comtesse et vicomtesse de multiples lieux de France… On la connaît bien sûr pour être la mère d’Henri IV ! Elle aurait dormi une nuit ici, à Brivezac…
Ici, les gens ont trouvé leur raison de vivre. Les uns transforment une maison de village délabrée en coquette Maison d’hôtes, refaite et aménagée avec un maximum de matériaux et meubles récupérés ou recyclés (Carpe Diem). Un autre est musicien. Quant à Louis-Olivier Vitté, il écrit des romans dits « de terroir », 20 livres déjà, la plupart de ses histoires naissent de l’amour du pays et de ceux qui y vivent. Je viens d’acheter La Guérisseuse, évidemment attirée par le titre, ainsi que son dernier, un polar satirique aux accents de San Antonio ! Ils sont nombreux sur ces terres, comme Denis Tillinac, Christian Signol, Michel Peyramaure, Christine Machureau etc., à écrire sur l’histoire locale ou celle du monde. La région fourmille de châteaux, de maisons très anciennes, c’est un paradis d’historien ! Ici on ne peut qu’aimer l’Histoire, avec ces vestiges omniprésents de la vie d’antan, et on ne peut qu’aimer les gens… et cela ne veut pas dire qu’on est passéiste ! Les habitants fourmillent d’idées pour ouvrir des lieux conviviaux, librairie, épicerie… Ils sont riches d’idées innovantes, tout en se préoccupant de l’impact environnemental.
Martine et moi, ce sont de longs mails depuis des années, des confidences, les partages des joies et des peines, alors qu’objectivement nous nous connaissons peu. Mais c’est ainsi l’amitié ! Tout chez elle est souvenirs et artisanats. Voici quelques quilts de Martine, je n’en ai photographié que quelques-uns, trop occupée à discuter !!





Ces vers ont inspiré à Michel Polnareff sa plus courte chanson :
Cette musique médiévale me rappelle les trois enfants de Martine que j’ai rencontrés, ils sont de ma génération, curieux de tout, de musique et d’instruments anciens, de photographie, d’écriture, de nature… Passionnés, actifs, souriants malgré tout… Quelle famille, riche de sa diversité !
Ce n’était pas une simple visite à Martine, puisque j’ai partagé lundi dernier avec une petite dizaine de quilteuses l’histoire de Betty Ford-Smith et de Miss Sue, le sauvetage de cette technique du Pine Cone quilt, et puis la transmission… Une journée qui fait du bien !












Et le même jour, de l’autre côté de l’Atlantique, Betty faisait de même, sous le soleil de Floride…


Une connexion entre quilteuses !
Profitons des bons moments passés ensemble,
Katell
