Merci Barbara !

Barbara Brackman est citée bien des fois dans BeeBook, j’ai tant appris d’elle !
Barbara, your BeeBook has just been sent, please be patient!

En février 2015, je vous racontais pourquoi j’aimais Barbara Brackman, et j’avouais en fin d’article ne pas avoir terminé un Quilt Along commencé en 2012, QAL proposé sur le thème des Droits des Femmes (Grandmother’s Choice).

Bee Kristine l’avait fait en même temps que moi… mais l’avait vite fini, elle  !!!
Sa belle étiquette est entourée de lisières de tissus qu’elle avait achetés en Pennsylvanie, exprès pour ce sampler.

Près de 400 personnes étaient inscrites sur notre groupe Flickr, la plupart l’ont sans doute terminé. C’était une bouffée de joie à chaque découverte de blocs faits par les copines ! Voici quelques quilts Grandmother’s Choice finis qui sortent du rendu traditionnel avec des tissus repros :

Cheryl de Caroline du Nord a excellé à la fois dans le montage et le quilting machine !
Kathie d’Australie a monté les blocs bleus autour d’un médaillon
Grandmother’s Choice Sampler de Georgann Eglinski, 36 blocs sélectionnés, quilt fait pour une vente aux enchères en faveur des femmes malades. Intemporelle combinaison de couleurs…

Pendant une année, Barbara nous avait fourni de nombreux documents sur les actions des suffragettes et autres féministes, tout en nous donnant un bloc par semaine à faire. J’ai adoré lire ses articles mais je n’ai pas tenu le rythme de la confection des blocs, dommage… En revanche, j’aimais trop mes blocs déjà faits pour les laisser inutilisés !

La préparation de mon livre a été l’étincelle pour me faire terminer le quilt. Non, je n’ai pas fait les blocs manquants, j’ai biaisé le problème en complétant le top par des broderies afghanes achetées sur un stand de l’association Guldusi, créée par Pascale Goldenberg. Les couleurs allaient bien ensemble… et le thème de l’entraide de femme à femme reste central.

Le coton de fond des broderies était d’un joli vert, mais je n’en ai rien gardé. Aucune broderie n’a exactement le même encadrement pour arriver à la bonne dimension des blocs (20 cm).

Du coton blanc de chez le grand Suédois (3 € le mètre…) m’a servi de tissu de fond. J’ai tâtonné pour assembler l’ensemble à vrai dire, par exemple j’ai fait les lettres piécées pour écrire La Cause des Femmes (méthode de Tonya Ricucci) en me demandant si cela atterrirait devant ou au dos du quilt. Finalement, j’aimais bien le top comme ceci :

J’avais commencé à monter les blocs dans l’ordre du QAL… J’ai défait partiellement pour mieux les répartir. Ce sampler comporte des tissus de diverses provenances : des + ou – japonais, certains authentiques offerts par mon amie Marie-Claude Tsuruya, des tissus de Dear Stella, d’Amy Butler, quelques « repros », des tissus recyclés de chemises et robes etc. S’ajoutent quelques tissus de Neelam autour des broderies afghanes. Globalement, je recherchais des tissus esthétiquement d’ailleurs avec une gamme de couleurs bien particulière.

Restait le quilting… Que faire ? Je souhaitais ardemment mettre ce quilt en illustration de mon livre ! J’ai failli faire appel à une professionnelle de la long-arm, car nous étions en février et j’avais bien d’autres choses à faire pour BeeBook… J’aurais aimé passer des heures dessus, quiltant au coton perlé, mais j’avais de nombreux autres en-cours urgents et c’était donc hors de question.

Finalement j’ai opté pour l’expérimentation : faire  moi-même un quilting, en essayant une spirale à la machine à coudre, sujet que je pourrais mettre dans le livre en cas de pages à remplir au dernier moment. Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas les explications dans BeeBook, mais ici même la semaine prochaine !

Le Patchwork vient-il d’Alsace ?

J’aime beaucoup l’Alsace et surtout les Alsaciennes avec qui je me sens si bien ! Cependant, je vais jeter un pavé dans la mare aux idées reçues, qui concerne leur territoire. Mais les quilteuses de la région ne seront pas étonnées de ce qui suit !

La semaine dernière sur le forum France Patchwork, un sujet intéressant est lancé par Véronique Badin : y a-t-il des spécificités françaises actuellement dans le patchwork ?

La conversation se dirige vite vers les origines de l’art du patchwork. A ma stupéfaction, plusieurs personnes sont persuadées que le patchwork est né à Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace) et qu’il a été exporté en Amérique par les Amish. Il faut dire que le Carrefour Européen du Patchwork avait, à ses origines, habilement communiqué sur le berceau des Amish… et entretenu une sorte de confusion, puisque chaque année, on peut y admirer des quilts amish. Si le mouvement Amish a bien été créé à SMM et les Amish y ont bien vécu avant leur départ vers l’Amérique, ils n’avaient pas alors de quilts avec eux…

Jamais cette théorie n’a été admise ni publiée. Les Amish ont, en masse, émigré avec toutes leurs affaires, dûment répertoriées, et ils n’avaient aucun quilt, mais des sacs de plume, à la manière allemande. C’était au début du 18e siècle, puis une autre vague au moment de la Révolution Française.

Ce n’est pas avant 1870, soit plus de 150 ans après leurs premières migrations, que les Amish se sont inspirés des English, comme ils nomment les autres Américains d’origine européenne, pour assembler leurs étoffes de laines teintes et créer le style de patchwork qu’on leur connaît bien. Leur inspiration première viendrait d’ailleurs en partie de quilts d’origine galloise, vus en Pennsylvanie, d’après plusieurs recherches sérieuses.

J’aime beaucoup les quilts gallois et amish. Y a-t-il une relation entre eux ou une simple coïncidence esthétique ?  Plusieurs livres ici photographiés ensemble abordent plus ou moins directement ce sujet… puis celui-ci acheté plus tard, traite principalement cette hypothèse :

La casseuse de rêves, c’est moi, mais la réalité est tout aussi belle, même si elle ôte l’illusion d’une origine française/alsacienne exclusive de notre art qui vient de la nuit des temps…

Je rappelle la citation de Barbara Brackman écrite dans BeeBook, sur les origines du patchwork américain :

 

Westering Women

L’Histoire a longtemps été écrite pour et par les hommes, heureusement que cela change depuis plusieurs décennies ! Souvent les historiennes appréhendent l’histoire autrement, plus attachées au partage de la vie quotidienne familiale, ou la vie de la Cour, mais racontées par des femmes, sous une forme romanesque. Comme vous peut-être je suis une lectrice passant d’une époque à l’autre, glanant dans la littérature – et aussi le cinéma – une vision différente de ce qu’on lisait dans nos manuels d’histoire !

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Aujourd’hui sort au cinéma Jane got a Gun, avec Natalie Portman… Les femmes aussi sont capables de bravoure mais aussi de violence…

Barbara Brackman contribue grandement aux Etats-Unis à établir la vérité sur le rôle des femmes du XIXe et du début du XXe siècle aux Etats-Unis. Sans les femmes, les hommes auraient-ils conquis l’Ouest ? Les westerns des années 50 montrent les femmes, gentilles beautés ou femmes de saloon. Oui, parfois on loue aussi leur courage, n’exagérons pas. Mais sans la logistique qu’elles assuraient, sans leur pugnacité, sans leur présence discrète mais indispensable, les hommes n’auraient peut-être pas prospéré, n’auraient pu s’établir dans le Wild, Wild West… Cette migration massive vers l’Ouest, souvent familiale, pleine de bravoure, d’héroïsme (mais aussi d’ombres) fait partie de la mythologie fondatrice des Etats-Unis dont on ne peut comprendre l’état d’esprit si on ne tient pas compte de son passé.

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Mêlant habilement ses connaissances de patchwork et des documents (beaucoup de lettres écrites par des femmes), Barbara Brackman nous propose cette année de découvrir la vie des courageuses personnes partant vers l’Ouest inconnu américain, toute leur vie matérielle dans un chariot et le courage accroché fort en eux. Ainsi, elle cassera certains mythes (la femme cousant des quilts dans le chariot : non, elle en avait déjà avec elle et recommencera à quilter seulement une fois installée !) et s’appliquera à nous donner une vision plus correcte de cette épopée.

Chaque dernier mercredi du mois, un bloc traditionnel vous est proposé toute l’année 2016, ainsi qu’un pan de l’Histoire, conté avec la rigueur et l’humour de Barbara que j’adore !

Dès aujourd’hui donc, guettez son blog Civil War Quilts !

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Scène idyllique composée à Tokyo en janvier 2015 sur le thème de La Petite Maison dans la Prairie, avec un chariot couvert de blocs « New-York Beauty » , oeuvre faite de blocs venus de tout le Japon (photo PSR Quilts – Facebook)

Gâteau d’anniversaire pour une quilteuse

Surprise ! C’est aujourd’hui l’anniversaire d’une très fidèle lectrice, Pascale Genevée (Facebook me l’a soufflé), je lui dédie donc cet article, qui passe du coq à l’âne… ou plutôt de la pâtisserie à la tapisserie.

Quand c’est l’anniversaire d’une amie quilteuse, j’aime bien depuis quelques mois accompagner mon petit mot d’une photo de gâteau, mais pas n’importe lequel ! Grâce à Internet, je trouve des photos de gâteaux d’anniversaire spectaculaires, souvent made in USA.

Il en existe qui reprennent des blocs ou même un quilt :

(attention, je n’ai pas vérifié la sûreté de chaque lien, les photos viennent de Pinterest)

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cakecentral.com
cakesbypaula.blogspot.com
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loriscreation.blogspot.com
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ici2pedipapur.blogspot.com
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forum.missouriquiltco.com
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quiltcakesformyhappy.blogspot.com
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ici2pedipapur.blogspot.com
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cakepicturegallery.com
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cakecentral.com
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D’autres évoquent les outils de la quilteuse :

buzzfeed.com
buzzfeed.com

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heartandsewinginspirations.com
heartandsewinginspirations.com
hopessweetcakes.com
hopessweetcakes.com

Des chefs d’oeuvre de minutie, ces pâtisseries ! Mais elles ne me donnent pas forcément l’eau à la bouche, on se demande même ce qui est comestible… Tous ces colorants me donnent le tournis ! Alors je donne une mention particulière pour ceux qui me sont les plus appétissants, car je les imagine au chocolat noir, aux oranges confites, à la nougatine, à la cannelle ou la pâte d’amande… mais je me trompe peut-être !

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Photographie de 1887

Au cours de mes petites recherches sur les gâteaux liés au patchwork, j’ai trouvé une Association à la mémoire de William Morris (1834-1896), célèbre Britannique génial touche-à-tout qui dessina tant de motifs dans la mouvance Art Nouveau (il fut membre fondateur d’Arts & Crafts). Ses dessins font irrésistiblement penser aux tapisseries du Moyen-Âge.

Tenture de La Dame à la licorne : Le Toucher, vers 1500, Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge
Tenture de La Dame à la licorne : Le Toucher, vers 1500, Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge
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Dessin de William Morris
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Tapisserie du XVe siècle
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Tapisserie de William Morris

C’est tout le paradoxe de cet homme, à la fois attiré par le passé et passionné par le présent et l’avenir. Vivant au cœur de la Révolution Industrielle, il voulait que les objets fabriqués en masse soient également beaux, qu’on respecte le patrimoine et l’écologie, qu’on se soucie des conditions de travail des ouvriers… Dans son livre L’Art et l’Artisanat, il écrivit :

J’affirme à présent, sans ambages, que le but des arts appliqués aux articles utilitaires est double : premièrement, ajouter de la beauté aux résultats du travail de l’homme qui, le cas échéant, serait laid ; et deuxièmement, ajouter du plaisir au travail lui-même qui sinon serait fastidieux et rebutant. Si tel est le cas, nous devons cesser de nous étonner que l’homme se soit toujours efforcé d’ornementer le travail de ses mains, qu’il ait besoin d’avoir autour de lui chaque jour et chaque heure, ou bien qu’il se soit toujours efforcé de transformer les affres de son labeur en plaisir quand cela lui semblait possible.

Certains de ses dessins sont édités sur tissu par Liberty of London et aussi par Moda, grâce à Barbara Brackman. Plusieurs collections les rééditent : The Morris Jewels, The Morris Apprentice, Best of Morris, Morris Modernized… et j’en oublie peut-être !

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Nouvelle collection de Barbara Brackman, admirons cet arc-en-ciel ! Ici les couleurs originelles de William Morris ont été modifiées pour aller dans l’esprit actuel des quilts arc-en-ciel.

Revenons-en à l’Association canadienne qui célèbre tous les ans l’anniversaire du grand homme et fait appel aux talents de pâtissiers s’inspirant des dessins de Morris :

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Merveilleux gâteaux, n’est-ce pas ? Vous pouvez les voir tous par ici : WM cakes

“Have nothing in your house that you do not know to be useful, or believe to be beautiful.”
« Ne gardez rien chez vous qui ne soit utile, ou du moins que vous ne croyez être beau. »

William Morris 

http://melusinehouse.canalblog.com/archives/2013/05/02/27045893.html
Des biscuits-boutons appétissants !

 

Les Etoiles à remonter le temps de Barbara

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STARS IN A TIME WARP

Il n’est pas trop tard pour rejoindre le challenge de Barbara Brackman de cette année : faire une étoile, toujours sur le modèle de l’Etoile Variable, pour découvrir tous les secrets des tissus anciens, semaine après semaine. Etoile facile et si polyvalente, d’où son nom « variable » ! Ici les explications pour ce bloc.

Dans l’article précédent, j’évoquais ces deux livres pour mieux connaître les tissus au fil du temps :

Livres Barbara Brackman

En suivant le blog de Civil War Quilts tout au long de 2015, vous aurez des cours particuliers de Barbara sur les couleurs aussi mystérieuses que le vert poison, le cheddar ou le double rose, des idées d’agencements de blocs conçus par les quilteuses au fil du temps… Les Anglophones sont encore une fois favorisé(e)s !

Cela vaut la peine de rechercher des logiciels de traduction si vous ne maîtrisez pas la langue. Evidemment, les résultats sont parfois absurdes, mais c’est mieux que rien ! Pour des vérifications rapides quand j’écris un texte en langue étrangère, j’apprécie le site reverso. Pour des blogs en langue étrangère que je ne connais pas, je me laisse porter par les suggestions de mon navigateur…

J’avoue ne pas coudre les étoiles mais je ne manque aucun article paraissant le mercredi, c’est passionnant !

Chère Barbara

MUG_barbara_brackmanBarbara Brackman est une des femmes que je vénère dans le monde du patchwork. L’accès à internet m’a fait connaître ses formidables livres, ses blogs, ses thèmes autour de samplers à suivre toute une année… et elle m’a complètement « contaminée » ! Je suis devenue accro à l’histoire du patchwork telle qu’elle me l’a fait découvrir, tenant compte du contexte économique et social, des disponibilités des tissus et des modèles, et surtout en pensant à la vie de ces femmes américaines participant à la création, puis l’essor de leur pays. Son blog principal, très éclectique, s’appelle Material Culture. Les quilts du présent et du passé s’y succèdent, présentés parfois avec une pointe d’humour inimitable… 

Lorsque Barbara entreprend de traiter un thème, un blog spécifique est créé pour proposer un sampler dont chaque bloc sera lié à un aspect de ce thème. J’ai suivi avec elle le monde de l’esclavage, la Guerre Civile, l’émancipation des femmes, la vie de Jane Austen… Le sérieux, le dramatique succèdent au frivole, à l’inattendu… Ces thèmes donnent souvent lieu à des livres. Mais là encore, il faut comprendre l’anglais ! A ma connaissance, un seul livre de Barbara Brackman a été traduit en français :

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Les Editions de Saxe ont édité ce livre signé Barbara Brackman. C’est en fait le 1er tome de son Histoire des quilts américains : il s’arrête en 1890. Le tome 2, édité uniquement en anglais, évoque des thèmes qui lui sont particulièrement chers : l’Art Nouveau et le mouvement Arts & Crafts avec William Morris, puis le modernisme, jusqu’aux quilts créatifs du monde rural qui annoncent les quilts contemporains « libérés ».

Loin de se cantonner à l’histoire des quilts antiques et à la conception de gammes de tissus de reproduction (ce qui est déjà beaucoup !), Barbara s’intéresse aussi à d’autres formes artistiques, en particulier le design qui concerne tout l’environnement domestique : les vêtements bien sûr, mais aussi la vaisselle, le mobilier, l’architecture, etc. L’été dernier, elle a visité à Paris le Musée des Arts Décoratifs, ce qui n’est pas le tout premier auquel on pourrait penser ! Cette facette moins connue d’elle est dévoilée dans son blog Historically Modern.

Cerise sur le gâteau, Barbara est attentive aux autres. Elle n’est pas  enfermée dans sa tour d’ivoire, s’intéresse à l’évolution du patchwork actuel.  Elle sait donner le coup de pouce décisif pour faire connaître un événement, une quilteuse, avec une telle gentillesse… J’ai eu la chance d’en bénéficier plusieurs fois, lors de la recherche d’une illustration ou d’une précision historique, puis récemment pour faire connaître le blog Crayon & Pencil… Chère Barbara, merci encore !couv-105-fr

Alors j’ai été vraiment ravie de lire son interview en tête du dernier Quiltmania : pour moi aussi, elle est mon Paul Mc Cartney du patchwork !

Et enfin ! Notre cher magazine renoue avec des modèles plus variés ! Il y en a pour tous les goûts : de l’appliqué, du traditionnel, du moderne, BRAVO! Et j’applaudis aussi au quilt mystère français, profitons des talents de notre pays…

J’ai cité Barbara des dizaines de fois dans ce blog, mais nous l’avons déjà présentée il y a quelque temps sous la plume de Martine :
https://quilteuseforever.wordpress.com/2011/05/23/patchwork-et-histoire-histoire-de-patchwork/
Je regrette de ne pas avoir terminé mon sampler pourtant bien commencé, sous le signe de Grandmother’s Choice :
https://quilteuseforever.wordpress.com/tag/grandmothers-choice/ … Un jour peut-être !

A bientôt après une petite pause !

Les Fils de la Mémoire…

Threads of Memory, une nouvelle aventure historique, culturelle et artistique proposée par Barbara Brackman, a commencé samedi dernier ! Alors que le défi « Austen Family » annoncé ici sera un rendez-vous hebdomadaire, les Fils (pour coudre, non les fils de leur maman !) de la Mémoire proposent un bloc mensuel tout au long de l’année 2014.Logo 72

Avec cette grande historienne, chaque bloc présenté est associé à une histoire, un lieu, une personne, en lien avec le thème général. Ses présentations historiques sont fouillées et aboutissent souvent à la publication d’un livre, dans lequel sont présentés les Samplers faits par des quilteuses du monde entier. Les Françaises sont en très bonne place ! Nous avons la réputation de très bien travailler.Critique-12-years-a-slave

Ce film, actuellement en salles, est complètement dans le thème de ce sampler.

Que nous réservent les Fils de la Mémoire ? Nous plongerons dans le thème des esclaves du Sud des Etats-Unis fuyant leur condition, cherchant à rejoindre le Nord, vers la liberté. Ce qu’on appelle l’Underground Railroad est un réseau de chemins avec des personnes aidant les fugitifs au péril de leur propre vie. Barbara Brackman nous promet « des histoires vraies », car depuis le début des années 90 sont apparues, sur la foi d’un récit transmis oralement, un mythe sur des signes cachés dans les quilts pour aider les esclaves à trouver leur chemin. J’attends justement les résultats des dernières recherches de BB à ce sujet ! Aux dernières nouvelles, ce n’est qu’une belle histoire inventée qui, à force d’être racontée, fait presque partie du patrimoine américain… 

Concrètement, le Sampler « Threads of Memory » sera composé de 12 blocs (un par mois) de 12 inches, chacun sera une étoile. Une dimension généreuse qui facilite la patchwork, accessible aux moins expérimentées. Certaines redessineront certainement les blocs à une autre échelle !
Un nouveau bloc paraît sur ce blog tous les derniers samedis du mois. Le premier bloc est déjà en ligne
ici.1_1 portsmouthBloc Star of Portsmouth par Jean Stanclift

Et pour celles qui ne l’ont pas encore lu, « La Dernière Fugitive » de Tracy Chevalier est un roman qui évoque ce thème de l’aide très risquée des fugitifs noirs. Et vient la lancinante question : et moi, qu’aurais-je fait ?la dernière fugitive

La plus grande proposition de quilts du monde

Sears Roebuck Company, l’une des plus grandes chaines de distribution de détail du monde, est un des fleurons de l’économie de Chicago. Pour l’exposition universelle de 1933, ils se devaient de faire une manifestation d’envergure pour toucher le grand public féminin, cible principale de leur commerce. Ils ont donc lancé dans tout le pays une collecte de quilts pour faire une grande exposition-concours. Le succès a été phénoménal puisque, peut-on l’imaginer, 25 000 quilts furent enregistrés !!! Après différentes sélections locales puis régionales, 30 quilts seulement finirent à l’Exposition Universelle… et le choix fut largement contesté.
Voici une infime part des quilts proposés :5B-9D-8-461-Dmwc0165B-9D-2-461-Dmwc0025B-9D-2E-461-Dmwc2105B-9D-4-461-Dmwc007

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Des détails sur ce quilt ici. Il fut exposé lors de la superbe rétrospective de quilts rouge&blanc à New-York en mars 2011.

Quels sont les ingrédients de ce succès ? Dans cette période noire de crise économique majeure, ce concours était fort attractif : le premier prix serait doté de 1 000 $ et de nombreux autres prix, régionaux ou nationaux, se partageraient la somme fabuleuse de 6 500 $… Beaucoup de gagnants car de nombreux lots ne se sont élevés qu’à 2 ou 5 $ ! De quoi faire rêver les Américaines dans le besoin et parfois même la misère, d’autant plus que les calculs d’estimation donnent un pouvoir d’achat de 10 dollars actuels pour 1 dollar de 1933… Le premier prix est donc d’à peu près 10 000 dollars ou 7 500 euros, pour vous donner une idée !!!

Les conditions d’entrée d’un quilt étaient simplement d’avoir été créé récemment et jamais encore exposé : les organisateurs voulaient une expo de nouveautés et non une rétrospective de quilts anciens. Sears se chargeait aussi, dans ses magasins et catalogues, de donner des conseils pour les néophytes. La société organisatrice souhaitait faire consommer mais aussi voulait que cette exposition soit la vitrine de l’air du temps.  Alors très vite l’engouement pour la fabrication de quilts dans tout le pays s’est propagé, de très nombreuses femmes ont fait leur premier ouvrage dans l’espoir de gagner une part du gros gâteau offert par Sears ! La joie de quilter redonna de l’entrain, l’espoir de gagner insuffla de la joie, et toutes furent fières de participer… C’est ainsi que des milliers de quilts furent faits au cœur de la Grande Dépression.

Concours lancé en janvier 1933, délai de dépôt à la mi-mai : pas une minute à perdre !

arrivée des quilts - ouverture par les employés de Sears

Arrivée des quilts – ouverture par les employés de Sears

Barbara Brackman et Merikay Waldvogel racontent dans le livre ci-dessous leur longue enquête sur l’organisation de cet événement majeur pour les quilteuses de l’entre-deux guerres et leur recherche des quilts gagnants*.51FLJa1cy6L._

Elles évoquent aussi les conditions de travail de ces quilteuses, leurs inspirations… Savez-vous par exemple qu’en raison de la cherté des tissus en période de crise, certaines femmes ne cousaient qu’avec 1/8e d’inch (3 à 4 mm) de marge de couture ? Avec très peu de moyens, elles ont pourtant cousu d’époustouflants compas de mariniers et tant d’autres merveilles…

On imagine donc que le premier prix serait un quilt absolument extraordinaire! Barbara Brackman exprime clairement sa déception au vu des photos du quilt gagnant :

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Margaret Rogers Caden de Lexington (Kentucky), a gagné le grand prix tant convoité avec son quilt intitulé « Star of Bluegrass » (environ 180 x 230 cm), ouvrage aux blocs piécés parfois appelés « Harvest Star », « étoile de la moisson ». La dominante verte (vert nil) très à la mode en tissus unis de la collection de Sears, a peut-être influencé le jury, mais aussi les très fins petits points de quilting et, plus sûrement encore, le trapunto qui rehaussait les feuilles ou plumes du matelassage. Mais par rapport à tant d’autres quilts présentés, celui-ci fait quand même bien pâle figure… Est-ce un choix par défaut, faute de consensus ?…5B-AA-34-489-Dmwc148Les juges de Sears examinent le quilt ayant remporté le Premier Prix.

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Comme prévu, le quilt grand gagnant est offert à la Première Dame Eleanor Roosevelt. Exposé pour la seconde saison en 1934, le quilt a ensuite disparu.

On peut se dire simplement « tant mieux pour cette dame qui a gagné, même si on n’aurait pas personnellement voté pour elle ». Oui mais… Le scandale est ailleurs. Cette dame tenait avec sa sœur un magasin de tissus dans sa ville et elle mit sur pied une quilting bee de quatre personnes (Ida Rohrer, Allie et Ruth Price, Mattie Black), les rétribuant, certes, mais si peu. Elle créa le modèle, les dirigea, mais n’en fit aucun point, alors qu’elle certifie par écrit, à l’inscription du quilt, que cet ouvrage fut entièrement fait par elle seule ! De nombreux quilts proposés au concours étaient officiellement cousus à plusieurs mains, mais Margaret Caden a choisi d’évincer ses Bees qui ne verront pas un cent des 1 000 $…5B-AA-36-489-Dmwc106

Dans le journal local, on fait état de l’éclatante victoire du « génie du Kentucky », avec la photo du chèque. Qu’est devenue cette dame après avoir encaissé le pactole ? Peut-être partie en retraite dorée en Floride, là où elle avait déjà des liens. Une des « bees » a dénoncé le scandale quelques années plus tard, montrant des preuves de sa participation au quilt (des morceaux de tissus, des essais de trapunto)

Barabara Brackman ne perd pas l’espoir de retrouver ce fameux quilt, même si les inventaires de la Maison Blanche ont vite perdu trace de l’ouvrage gagnant. Le modèle de ce quilt a été ultérieurement vendu sous le nom de « Mountain Mist Pattern n° 100 Star of Bluegrass », on en a donc plusieurs copies. On doit dire aussi que le trapunto connut ses années de gloire aux Etats-Unis à la suite de ce prix, mais l’indélicatesse flagrante de la gagnante entache toute l’histoire.

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Quilt fait à partir du modèle publié en 1948 (quilteuse inconnue)  copié du quilt imaginé par Margaret Caden.

Sources internet pour plus de détails :

http://www.quiltindex.org/essay.php?kid=3-98-3B
http://www.quiltindex.org/fulldisplay.php?kid=5B-9D-4F
http://quilting.about.com/od/History-of-Quilts/ss/1933-A-Century-of-Progress-Quilt-Scandal.htm
http://www.quilt.com/collector/feature.html


*A noter l’extraordinaire travail d’historiennes mené par Merikay Waldvogel et Barbara Brackman. On peut trouver dans www.quiltindex.org des fiches extrêmement complètes sur les quilts exposés, leurs créateurs (quelques hommes!), leur propriétaire actuel… Fiches tellement précises (origine sociale, ethnique, religieuse…) qu’on n’aurait pas le droit de les faire en France !