Sous des cieux inédits avec Vincent

Ayant besoin de quelque temps pour mettre de l’ordre dans mes beaux souvenirs de Pour l’Amour du Fil, je vous propose de patienter en reprenant notre balade amoureuse avec Vincent van Gogh.

Vincent van Gogh passa une année au pied des Alpilles, son talent exacerbé par la beauté des paysages, malgré ses crises qui survenaient tous les trois mois. Entre-temps, ses visions géniales et inédites se concrétisent sur toile, son talent s’épanouit dans la lumière provençale… Après Arles, je me devais de suivre Vincent van Gogh à St-Rémy-de-Provence, là où il s’est volontairement fait interner. Homme préférant la nature à la ville, il savait qu’il s’y sentirait mieux qu’à l’hospice arlésien.

Lire la suite de « Sous des cieux inédits avec Vincent »

La Maison Jaune de Vincent

Il y a 169 ans, jour pour jour, naissait Vincent Van Gogh. Il faisait partie d’une famille bourgeoise originaire de La Haye, vivant à Zundert, tout près de la frontière belge. Ses parents n’eurent pas un brin de psychologie en lui dédiant le prénom de leur premier enfant mort-né un an plus tôt, jour pour jour (le 30 mars 1852) ; à l’époque on ne pensait pas au ressenti de l’enfant. Ainsi, le petit Vincent accompagna sa mère éplorée à chaque anniversaire, se recueillant devant une tombe gravée Vincent Wilhem Van Gogh – son propre nom. Il savait cette réalité enfant, l’a occultée ensuite, pour redécouvrir sa place d’enfant de remplacement à l’âge adulte, ce qui ne put qu’être un gros choc mal vécu. Son oncle paternel, commerçant d’art, se prénommait déjà Vincent Van Gogh, son neveu sera aussi un petit Vincent Wilhem… Cela fait partie des habitudes familiales de naguère, mais expliquent aussi son mal de vivre.

Par petites touches et grands aplats, continuons d’évoquer ensemble Vincent Van Gogh. Amoureuse de ce peintre depuis mes 13 ans, j’avais proposé un exposé au Collège sur Lui malgré ma timidité, j’avais écrit une rédaction sur sa Nuit Étoilée en 4e (la meilleure note en rédac’ de ma vie !), j’écrivais dans un cahier ce qu’il m’inspirait, j’avais été en stop à Amsterdam pour aller voir ses peintures « en vrai », au grand dam de mes parents mis sur le fait accompli, et au cours de mon grand périple aux USA à 19 ans, je suis allée voir La Nuit Étoilée à New-York… il fait partie des artistes qui accompagnent ma vie et plusieurs circonstances me le remettent sur mon chemin ces jours-ci. La chance de tenir un blog, c’est de pouvoir partager !

Ma deuxième fille a des talents de peintre, et lorsqu’elle avait 16 ans, avec les conseils avisés de son super-prof, elle a pensé m’offrir des reproductions de tableaux que j’aime… peintes par elle-même. J’ai donc des « originaux » chez moi, parmi mes biens les plus précieux : 2 Van Gogh, 1 Gauguin (et La Jeune Fille à la Perle de Vermeer aussi !!). Je dois dire que mes photos vues sur écran ne sont pas à la hauteur…

Coucou c’est moi, Fancy Van Gogh, dessiné par AK Moghaddam, sous le soleil printanier de Provence !

Il y a deux semaines, j’ai fait un petit voyage en Provence, sur les traces de Vincent… Évoquons aujourd’hui la célèbre Maison Jaune d’Arles et quelques-uns de ses tableaux dans la célèbre ville millénaire. On ne sait pas trop ce qui mena Vincent à choisir Arles, à part la ligne de chemin de fer directe de Paris. Déjà, cette ville était peu considérée pour sa propreté. Malgré le charme de son centre, la ville n’est classée que 190e sur 202 selon 9 critères sur l’agrément d’y vivre. C’est pourtant une ville au cœur d’une nature éblouissante…

Vue aérienne d’Arles en 2016 – Vincent vécut 14 mois dans cette ville, puis 1 an à St-Rémy.

Vincent en Provence, ce sont environ 850 dessins, études, aquarelles et tableaux à l’huile en 26 mois, il rêvait et vivait les lumières, les couleurs, les ambiances.

À Arles, il me fallait retrouver les lieux de ses tableaux, et tout d’abord sa maison jaune ! Son adresse est connue, 2, place Lamartine, tout près de la porte Nord de l’enceinte de la vieille ville.

Au bas de cette carte, on voit les toits de la ville ceinte de remparts, puis les bâtiments plus espacés, la verdure d’un parc et en haut un peu à droite, le pâté de maisons jaunes. Cette place est nommée Lamartine, car le poète et homme politique a fait venir le train de Paris jusqu’à Arles quelques années auparavant.

Il arriva de Paris en train le 22 février 1888, s’installa dans un hôtel du quartier de la gare et aménagea le 17 septembre dans cette maison toute proche, rénovée pour moitié à ses frais, repeinte avec un crépi beurre frais et des volets verts… Un lieu joyeux pour soigner ses angoisses, une nouvelle vie pleine d’espoirs, de projets d’art et d’amitiés.

Vincent loua la partie droite de cette maison.

Vincent ne vécut que quelques mois dans cette maison jaune exposée plein Sud (l’aile de droite aux volets verts). Il avait meublé les deux étages avec le souci constant de bien accueillir son ami Paul Gauguin, rencontré deux ans plus tôt à Paris. Son rêve était de créer une communauté de peintres, comme naguère à Barbizon ou au même moment à Pont-Aven.

Il existe trois versions peintes, très proches, de sa chambre au 1er étage de la Maison Jaune.

Elle aurait dû être une maison du bonheur, une maison où se réuniraient ce cercle rêvé d’artistes peintres, L’Atelier du Midi. Au rez-de-chaussée, la pièce à vivre salon-cuisine et l’atelier, au 1er deux chambres, la plus belle, avec un lit en acajou, destinée à Paul, l’ami longtemps attendu. Pas de salle de bains ni même de WC (commodités dans la maison voisine, un hôtel), mais tout de même l’eau courante (froide seulement), une gazinière pour faire à manger (Gauguin aime cuisiner). Hélas, on le sait, la communauté ne dura que 2 mois et se termina en tragédie, l’oreille coupée de Vincent, la veille de Noël 1888.

Le critique d’art anglais Martin Gayford, nous fait vivre ces neuf semaines avec son roman La Maison Jaune : il fourmille de détails sur leurs relations, leurs tableaux, leurs différences. Dans ce livre, on croise notamment Jeanne Calment, 13 ans alors, jeune fille « moderne » qui avait un peu peur de Van Gogh le marginal !

Paul Gauguin (1848-1903) fut un peintre remarquable avec un sens des couleurs raffiné, à l’influence aussi forte que Van Gogh pour la peinture à venir. Sa vision de la lumière dans la peinture avec les impressionnistes, son utilisation du cernage (le cloisonnisme*), des aplats de peinture avec les Nabis, des thèmes mystiques avec le symbolisme, sa recherche de la simplicité et de l’exotisme ont fait date dans l’évolution de l’art. Seulement, l’homme n’était pas toujours à la hauteur de son talent. D’une vive intelligence mais marginal colérique, il s’aigrit prématurément et aime se comparer à Jean Valjean (Les Misérables, Victor Hugo) et même à Jésus, incompris comme lui… Il a tendance à manipuler les gens, ses amis et ses femmes, souvent bien jeunes…

*J’en avais parlé dans l’article Le fil noir

Cette maison jaune avec sa petite chambre aurait dû être pour Vincent un lieu de rêves, ce fut aussi un endroit de cauchemars. Pauvre Fancy Van Gogh. (AK Moghaddam)

Vincent & Paul ont cependant fait, pendant ces deux mois de vie commune, des séries de tableaux remarquables, baignés d’une chaude lumière automnale, émulés l’un par l’autre. Ils visitèrent notamment les Alyscamps (Champs-Élysées en provençal), vestiges d’une nécropole romaine au centre de la ville. Cependant, leurs différences s’exacerbent ; Vincent peint avec acharnement ses émotions d’après la nature, Paul le mystique maintient que l’art doit être porté par l’imagination.

En apparence Gauguin était le maître.
En réalité, la plupart du temps, c’était Vincent le meilleur.
Martin Gayford

L’histoire retient qu’au cours d’une violente dispute à la veille de Noël 1888, Vincent se mutila le lobe de l’oreille ; d’autres croient que c’est Paul, maître d’escrime, qui le blessa. On n’en saura probablement jamais rien. Paul quitta Arles vers d’autres cieux, ils ne se reverront plus jamais.

De nos jours, la Place Lamartine est devenue un grand rond-point, avec un Monoprix sur le côté et des voitures qui passent, sûrement sans aucune pensée pour le peintre. Il y a 12 jours, j’étais à l’emplacement de la maison jaune. La Place Lamartine est-elle embellie, riche du passage de ces peintres ? Aujourd’hui, c’est ainsi :

La maison jaune a disparu, il reste la maison à 3 étages, que je croyais accolée à la maison jaune, mais où il y avait un passage, ce qui la sauva. Qui a osé s’en prendre à la maison de Van Gogh ?

Le premier bombardement des Alliés pour la libération d’Arles en 1944 a défoncé la petite maison. Elle fut ensuite rasée. Ce jour, il y eut 35 morts, 38 blessés et 300 immeubles touchés.

La guerre d’Ukraine m’a ramenée à Van Gogh via AK Moghaddam, avec les bleus et les jaunes, et voilà que l’histoire de son habitation fétiche rappelle l’actualité cruelle. Les guerres sont absurdes.

Ce tableau montré dans le groupe FB Des Tournesols pour l’Ukraine, m’a fait connaître AK Moghaddam. Ukraine dévastée, et pourtant une lueur d’espoir à ne jamais perdre de vue…

Il y a des fleurs partout🌸🌻🌺🌼🌷🥀🏵🌹
pour qui veut bien les voir
.
Henri Matisse (1869-1954)

On peut être saturé par les Tournesols de Van Gogh, tellement on en a vu de mauvaises reproductions parfois pâlies par le temps, ou jusqu’à saturation sur les boîtes de chocolat de notre enfance… Mais les séries de fleurs en bouquets sont simplement splendides et nous rappellent, encore une fois par ce curieux rapprochement à multiples entrées, l’Ukraine, dont c’est un emblème national.

Il y eut deux séries de tournesols, ceux-ci datent d’août 1888. Plus tard, à St-Rémy, il peindra des iris…

La vérité est que Van Gogh sublimait tout. Pourquoi tenter de reproduire la réalité avec exactitude quand la photographie existe ? C’est déjà ce qui conduisit ses amis Impressionnistes à s’éloigner de l’art académique. Lui a su ajouter, avec la découverte de la lumière provençale, une vibration qui, des dizaines d’années après, continue de nous émouvoir. Il était un très bon peintre à Paris, il est devenu un génie sous la lumière provençale, peignant l’émotion créée par ce qu’il voyait.

Nuit étoilée sur le Rhône, fin septembre 1888

A deux pas de sa maison, le Rhône. Les quais construits en dur renforçaient déjà les berges depuis les inondations terribles de 1856. Son talent a transformé le paysage en féerie nocturne.

Raymond Martinez a scruté les étoiles avec le locigiel Stellarium, afin de préciser le moment de la peinture (voir Futura-Sciences). Cette investigation l’a mené à découvrir une structure jusque là négligée :

Alignement des étoiles et des réverbères
Pont de Langlois avec les lavandières, mars 1888, Arles. Ces couleurs fraiches donnent envie de se baigner !
Fancy Van Gogh se trouve au Pont, avec des tournesols et Madame Ginoux en portrait… Qui rencontre-t-il ? Tout est possible, c’est la Pleine Lune ! (AK Moghaddam)

C’est un pont qui rappelle la Hollande à Vincent, pas étonnant, il fut construit par un ingénieur hollandais vers 1820-30. Il a été bombardé et remplacé par une structure en béton armé qu’on ne remarque même pas en passant dessus, en pleine ville. Mais un pont similaire à celui peint par Van Gogh a été acheté par la ville, remonté en aval du canal, pour le plus grand plaisir des touristes ! Je ne suis pas allée le voir…

Pendant cette période, Vincent peint beaucoup de portraits, de lui-même et d’autres ; son problème est de trouver des modèles consentant à rester immobiles un certain temps !

Cette femme en costume d’Arlésienne est Madame Ginoux, du café de la Gare, symbole de la Provençale. Cette brave femme le soigna quand il fut malade.
Patience Escalier, paysan et berger du coin, ressemble de façon étonnante au père de Vincent. Août 1888
Le docteur Rey le soigna après sa mutilation – Portrait de janvier 1889
Le flamboyant facteur portait le courrier jusqu’à 4 fois par jour, lien précieux entre Vincent et son frère Théo à Paris. Joseph Roulin (le 3e portrait)
Le Berceuse – Madame Roulin existe en cinq versions, toutes très proches.
Ce bonze de style japonais, tel un moine bouddhiste ascétique, n’est autre que Vincent.
Le poète aux Étoiles, c’est le peintre belge Eugène Boch. Vincent écrivit de ce tableau : Je l’ai peint un peu en poète, la tête fine et nerveuse se détachant sur un fond de ciel de nuit d’un outremer profond avec les scintillements des étoiles. (septembre 1888)

Les portraits comme les scènes de la nature sont les inspirations majeures de Vincent.

Arles, 11 avril 1888La palette claire, la nature omniprésente, les compositions montrent l’influence des estampes japonaises, découvertes à Paris, sur le travail de Vincent en Provence.

Ce matin j’ai travaillé à un verger de pruniers en fleurs, tout à coup il a commencé à faire un vent formidable, un effet que je n’avais jamais vu qu’ici, et qui revenait par intervalles. Entre temps du soleil qui faisait étinceler toutes les petites fleurs blanches.
C’était tellement beau !
Vincent à Théo, le 11 avril 1888 

Alentour, la ville ne s’étirait pas en triste banlieue comme maintenant. A quelques pas, sous sa fenêtre, c’était le Jardin du Poète, puis de l’autre côté les vergers et les champs.

Comme les Peuples Premiers, comme les paysans qu’il aimait côtoyer, Vincent trouvait du Sacré dans la nature, les végétaux et, surtout, les étoiles… Elles seront encore plus présentes dans les tableaux peints à St-Rémy-de-Provence.

Restons encore un peu à Arles, période à la fois productive, heureuse et éminemment dramatique, avec les premiers troubles psychiques forts de Vincent, même si la dépression couvait depuis bien des années. Aucun peintre n’a motivé autant de livres : des essais, analyses ou histoires romancées… Lui-même écrivait autant qu’il peignait, beaucoup de clés pour le comprendre sont dans ses lettres, mais jamais on n’écrit tout… Plus je lis à son sujet, plus je constate que chacun garde en son cœur « son » Vincent, et il me plaît de l’imaginer, au fond de lui, plus heureux au quotidien qu’on ne le décrit. Il a la chance d’être aimé inconditionnellement par son frère qui lui permet de vivre sa vie choisie d’artiste, qu’il peut créer chaque jour sans autre occupation que de rêver à son prochain tableau et d’écrire au sujet de sa passion, qu’il est foncièrement gentil et que les gens autour de lui le sentent. Bizarre, mais gentil , le Hollandais !

Le jaune et le bleu sont indissociables de notre imaginaire lié à Van Gogh, on retrouve cette harmonie dans tant de tableaux…

Aujourd’hui, les restaurateurs font leur possible pour satisfaire les touristes, le bâtiment est peint en jaune éclatant ; il était cependant fermé et bien triste, comme une femme mal fardée, sa terrasse servant de stationnement… La Place du Forum est d’ordinaire animée, mais pas en mars par temps gris.

Dans la Maison Jaune, Vincent écrivit un jour à son frère Theo :

Mais le peintre de l’avenir c’est un coloriste comme il n’y en a pas encore eu. Manet l’a préparé, mais tu sais bien que les impressionnistes ont déjà fait de la couleur plus forte que celle de Manet. Ce peintre de l’avenir, je ne puis me le figurer vivant dans de petits restaurants, travaillant avec plusieurs fausses dents, et allant dans des bordels de zouaves comme moi. Mais il me semble être dans le juste…

Que d’émotions en lisant ce fragment de lettre…
Si on avait pu lui faire savoir qu’il était ce fameux peintre de l’avenir, le coloriste comme il n’y en a jamais eu !

De février à mai 1889, il vécut en maison de santé, expulsé de la Maison Jaune par les voisins irrités… Vincent a ensuite choisi de se faire interner à une vingtaine de km dans les Alpilles, au monastère St-Paul-de-Mausole à St-Rémy-de-Provence. Il y restera un an et il y peindra ses plus beaux tableaux.

Hôpital-maison de santé à Arles, jardin peint au printemps 1889.

Je reviendrai peut-être avec Vincent,
à St-Rémy-de-Provence puis Auvers-sur-Oise,
avec d’autres nuits étoilées et d’autres journées ensoleillées,
Katell

Avec AK Moghaddam, imaginons un Vincent heureux, avec sa Frida…

Exprimer l’espoir par une étoile

L’espoir se conjugue en bleu et jaune, malgré la noirceur du monde.

En Écosse, un nouveau tartan (tissu écossais dédié à un Clan, une famille) est né en mars 2022 : il est bleu et jaune, il s’appelle Ukraine Forever.
Mon ami Christophe inaugure sa nouvelle machine à coudre en faisant de belles étoiles jaunes et bleues de 20 x 20 cm (+ coutures) pour le groupe Des Tournesols pour l’Ukraine : quilteuses et quilteurs s’unissent pour offrir des quilts à des réfugiés.

Dès que le temps est dégagé la nuit et qu’on s’éloigne des lumières artificielles, on a un des plus beaux spectacles du Monde : le ciel étoilé, bleu et jaune.

Invitation au voyage en bleu et jaune avec AK Moghaddam et son Fancy Van Gogh (Van Gogh de fantaisie), un Vincent qu’il imagine bien plus gai que l’image qu’on nous a transmise dans l’Histoire de l’Art. J’y reviendrai un jour ! Amoureuse de Van Gogh depuis mon adolescence, je lis en ce moment plusieurs romans et essais sur ce peintre. J’ai des surprises. Et puis cet illustrateur iranien est arrivé dans mon petit monde. Et puis le bleu et le jaune nous relient au soutien des Ukrainiens. Je déroule des bobines, ajustant les fils pour tisser les étoffes de mes rêves.

Je rêve ma peinture, ensuite je peins mes rêves.
Vincent Van Gogh

Rappel : AK Moghaddam, illustrateur, travaille sur écran, c’est une œuvre digitale inspirée par le peintre hollandais. Parfois, les étoiles se reflètent dans l’eau, et c’est féerique…
Il ne faut pas sous-estimer la beauté d’un croissant de lune à accrocher dans le ciel.
Vincent écrivit un jour à son frère Théo : Encore une fois je me laisse aller à faire des étoiles trop grandes.
Vincent solitaire, Vincent lumineux, Vincent étoile, Vincent irremplaçable.
Au plus près des rêves, la Lune est comme un grand sourire dans le ciel… mais ne vous étonnez pas si vous dormez moins bien en ce moment, à l’approche de l’équinoxe de Printemps, la pleine Lune du 18 est puissante !…
Pourquoi vouloir décrocher la Lune quand on a les étoiles ? chante Étienne Daho. Pourquoi ne pas décrocher la Lune pour mieux voir les étoiles ? répond Alizera Karimi Moghaddam.
Sacrilège ? Amusement !
Un Vincent joyeux et facétieux, c’est le monde de AK Moghaddam.
In love with Vincent and the Starry Night. Yes I am.
Le croissant est la représentation favorite de la Lune par les enfants… et par Van Gogh. La Lune sublime le ciel étoilé. Ici, le chemin nous mène vers une tranche de joie, avec la fantaisie de AK Moghaddam.

Les lettres de Vincent, soigneusement sauvegardées par Théo puis sa femme Johanna, sont emplies de poésie, d’intelligence, de culture… Le pauvre hère complètement fou hors de la société n’est pas l’image à retenir de Van Gogh. Il était artiste avant tout, et profond, touchant, sensible, intelligent, cultivé…

Je peux très bien m’en tirer dans la vie et dans la peinture sans le Bon Dieu, mais par contre, je ne peux pas m’en tirer, moi, être souffrant, sans quelque chose qui soit plus grand que moi, qui est toute ma vie – la force créatrice… Je voudrais peindre des hommes et des femmes dotés de cet aspect d’éternel dont le symbole était autrefois l’auréole et que nous essayons d’exprimer par le rayonnement et les vibrations frémissantes de nos couleurs… Exprimer l’amour d’un couple par l’alliance de deux couleurs complémentaires, par leur mélange et leur contraste, par la vibration mystérieuse des tons se rapprochant. Exprimer le spirituel sur un front grâce au rayonnement d’un ton clair sur un fond obscur. Exprimer l’espoir par une étoile. La passion d’un être par un coucher de soleil éclatant.

Si je m’arrêtais d’agir, d’étudier, de chercher, alors, malheur à moi, je serais perdu.

J’éprouve une passion irrésistible pour les livres et un besoin constant de cultiver mon esprit, d’étudier, qui m’est aussi vital que le pain.
Vincent

Il était drôle aussi !

Je suis en train de peindre avec l’entrain d’un Marseillais mangeant de la bouillabaisse, ce qui ne t’étonnera pas, quand il s’agit de peindre des tournesols.
Vincent

Que cette parenthèse fantaisiste vous fasse autant de bien qu’à moi ! Je serai heureuse de vous montrer, dans mon prochain post, des photos de mon Etoile (Lone Star) enfin terminée !

Exprimer l’espoir par une Étoile…

Début de matelassage, quilt posé sur mon tambour sur pied, mais sans le maintenir avec le cercle supérieur.

Prenons bien soin de soi et des autres,
Katell

Les quilteuses ont du talent !

J’aime tellement animer des stages ! Ils ne se déroulent jamais pareil, c’est un peu mystérieux car je montre les mêmes principes à chaque fois. Je ne peux pas montrer tous les ouvrages qui en découlent, mais je ne résiste pas à la joie de montrer la photo reçue hier soir d’une stagiaire de St-Nicolas :

Marie Hélène a su enfin comment mettre en valeur ces tissus qu’elle avait depuis un certain temps. Les imprimés sont en hommage au peintre Piet Mondrian (1872-1944), qui se fit connaître avec l’art abstrait avec les couleurs primaires, + du blanc et du noir. Un autre quilt est déjà en cours…

Marie Hélène a osé couper, recouper à main levée et quilter à grands points graphiques. La bordure de finition va être posée et youpi ! voilà un quilt moderne, gai et sympa qui rappellera de bons moments !

Tout le monde connaît le style Mondrian, mis à toutes les sauces tellement ce graphisme est un symbole réussi de l’art abstrait.

Cette carte du monde n’est pas de Mondrian !

Un vrai Mondrian entouré de robes Yves Saint-Laurent en 1966, au Musée de La Haye Photo ©Nationaal Archief
Icône des années soixante, LA robe – Photo Vogue. Il en existe plusieurs modèles, comme on peut voir ci-dessus.
Quand le marketing s’empare de l’art !

La situation d’un artiste est humble. Il est essentiellement un canal.
Piet Mondrian

Voyons tout de même quelques véritables œuvres de Piet Mondrian !

Composition 2, Mondrian, 1929
Composition en rouge, jaune, bleu et noir, 1921, Musée de La Haye
Broadway Boogie-Woogie, 1942, MoMa de New-York

Victory Boogie-Woogie est son dernier tableau, inachevé – 1944
On voit bien ici que ce tableau est fait de papiers collés. Œuvre exposée au Musée Municipal de La Haye

Pour approcher le spirituel en art, on fera usage aussi peu que possible de la réalité, parce que la réalité est opposée au spirituel.
Piet Mondrian

Mais Piet Mondrian avait déjà une vie de peintre avant l’abstraction. Il était notamment inspiré par la peinture de son compatriote Vincent Van Gogh (1853-1890), tant pour les sujets que le style (parfois) :

Un très délicat sous-bois de bouleaux peint en 1899

Sous-bois peint par Vincent Van Gogh en 1890 (Musée Cincinnati USA) – Tous deux ont peint beaucoup d’arbres, beaucoup de sous-bois…
Moulin en plein soleil, 1908 – Mondrian. Contrairement à ce que j’imaginais, ce n’est pas un moulin hollandais, mais du Pouldu en Bretagne ! On peut voir ce tableau au Musée de La Haye.
A Paris, le moulin de la Galette, par Vincent en 1886 (collection particulière)

Un paysan est plus beau parmi les champs dans son costume de futaine que lorsqu’il se rend le dimanche à l’église affublé comme un monsieur.
Vincent Van Gogh, 1883 (lettre à son frère Théo)

L’Arbre Rouge le soir – Piet Mondrian – 1908-1909 (aussi au Musée de La Haye)
Le Semeur, Van Gogh, avec aussi un arbre rouge et la lumière de la fin de la journée… Peint dans la campagne d’Arles en1888. Collection Emil Buehrle, Zurich

Un soleil, une lumière que faute de mieux je ne puis appeler que jaune, jaune soufre pâle, citron pâle, or.
Que c’est beau le jaune !
Vincent Van Gogh

Voir de belles choses fait tant de bien !

L’art disparaîtra à mesure que la vie aura plus d’équilibre. Nous n’aurons plus besoin de peintures et de sculptures, car nous vivrons au milieu de l’art réalisé.
Piet Mondrian

Passez une excellente semaine,
sans oublier le Salon de Pexiora si vous êtes dans la région !
Katell

Bravo Marie Hélène !

Violet, lilas, mauve, pourpre, parme, lavande ou améthyste…

Tissons ensemble
Joie et Lumière pour 2022 !

Que retenir de 2021 ? Assurément des constellations de belles étoiles ont facilité les expositions de La Ruche à Lacaze, du collectif Quilts Météo au Carrefour Européen du Patchwork et une sélection des deux au Salon des Tendances Créatives de Toulouse. De bien Belles Étoiles ont aussi brillé au stage d’Arcachon et à la JA FP16 à Ligné, enfin les Abeilles de la Ruche et tant d’amies quilteuses illuminent ma vie… Pour le reste, les dissonances de la vie n’épargnent personne, chacun le sait. Ce sont les circonstances pour apprécier ce que nous avons, et continuer son chemin⭐.

Si tirer le tarot est l’apprentissage d’une vie, les jeux d’oracles permettent une distraction facile à mettre en œuvre. Mon dernier tirage de l’année 2021 (l’oracle du Scarabée d’Or, Anne Ghesquière) montre un résumé qui me semble pertinent : les constellations composées d’autant de sœurs de sang et de cœur, la merveilleuse Hildegarde, ma guide en écosophie (sagesse de la nature) et bien plus, la pleine présence pour insister sur les énergies qui nous relient, et le chaos, bien présent en 2021, un point de départ vers une nouvelle harmonie ?

Les Couleurs pour l’Année 2022

2022 commence d’une manière incertaine, dominée encore par le Covid19 qu’on maîtrisera… ou pas. Or, les faiseurs de tendances ont choisi à l’unisson deux nuances de violet comme Couleur de l’Année, : est-ce parce que cette couleur fait naître tant d’émotions contradictoires et incertaines ? Alors mon premier article de l’année, comme les années précédentes, est consacré à cette couleur divulguée en décembre dernier.

The Color Purple, livre d’Alice Walker puis film de Steven Spielberg. Ici les protagonistes sont dans un champ de cosmos. L’une d’elles dit que Dieu a créé la couleur pourpre pour faire de la beauté qui rend heureux… Et « ça fait râler Dieu si on marche dans un champ de fleurs pourpres et qu’on ne remarque même pas sa beauté »
Pantone (présentation de cette société ici) a choisi pour sa part une nuance bien plus froide du violet, qu’on retrouve en abondance dans les fleurs printanières (muscaris, pervenches, violettes, pensées, crocus, iris et tant d’autres). Et bien souvent, au cœur de ces fleurs, nous avons une touche jaune, contraste parfait ! La nature est si bien faite.

Le violet est la couleur énigmatique par excellence, mélange de rouge et de bleu, de chaud et de froid, de danger et d’innocence, d’activité et de passivité, de pouvoir et de soumission, de colère et de calme, d’excitation et de constance. Bref, tout peut arriver avec le violet 💜.

La couleur de l’année n’est pas choisie au hasard pour créer une mode ; elle est la synthèse de nombreux indices trouvés les mois précédents dans les choix de couleurs chez les stars, dans les rues, dans les publicités de divers pays.

Déjà le 20 janvier 2021, la Vice-Présidente des États-Unis portait la future couleur de l’année 2022 ! (photo Gabrielle Lurie / The San Francisco Chronicle via Getty Images)

J’ai vu dans des sorties en librairie, juste avant l’annonce des Couleurs 2022, la confirmation que c’était « dans l’air du temps » :

S’entourer de violet dévoile probablement une envie de spiritualité et de recherche des énergies invisibles. Dans la médecine ayurvédique, l’indigo, bleu nuancé de violet, représente l’intuition, l’imagination, le 3e œil (6e chakra). Le chakra violet pourpre, le 7e et dernier, se trouve juste au sommet de la tête ; équilibré, il favorise la sagesse spirituelle et une connexion avec l’univers. Telle est l’ampleur spirituelle de cette couleur !

Le 7e chakra est représenté par un lotus aux mille pétales.

Violet, lilas, mauve, pourpre, parme, lavande ou améthyste…

Lors du lancement de cette couleur sur les réseaux sociaux, j’ai lu autant de beurk que de youpi. Pas de demi-mesure ! Commençons par quelques peintures de Paul Klee, pour entrer dans l’ambiance :

Fish Magic, Paul Klee, 1925
Lune brillante, Paul Klee, 1919
Paysage d’hiver, Paul Klee, 1923
Paysage du passé, Paul Klee, 1918

Les touches jaunes ou blanches sont omniprésentes dans ces tableaux pour accompagner les nuances de violet, pourpre, indigo…

Pour tenter de convaincre les réticentes que le violet peut être une couleur gaie et intéressante en patchwork aussi, je vous invite à une petite galerie de quilts de Jill Fisher que j’admire beaucoup. Sa couleur préférée étant le violet dans toutes ses nuances, il ne m’a pas été difficile de trouver de très beaux quilts à vous montrer ! On peut les voir sur son blog https://pieladyquilts.blogspot.com/ mais elle nourrit bien plus régulièrement son compte instagram @pieladyquilts.

Crackle, Jill Fisher @pieladyquilts
Riffle, dominante cosmos, Jill Fisher @pieladyquilts
Coussin bleu-violet, Jill Fisher @pieladyquilts
Coussin Orchidée, Jill Fisher @pieladyquilts
Récapitulatif de quilts faits avec la couleur Pantone 2018 (violet vif), Jill Fisher @pieladyquilts

Cela peut vous réconcilier avec cette gamme de couleurs ! J’avoue qu’il faut de la maîtrise pour qu’un quilt violet soit réussi – Jill Fisher y arrive formidablement bien. Si vous êtes sur Instagram, suivez Jill pour voir comment elle interprétera le violet cette année… et qui sait, vous lancer ?

Il faut faire ce qu’on ne croit pas pouvoir faire.
Baruch Spinoza

Notre chère amie Hélène Vié, fondatrice de La Maison de la Violette, valorise la violette toulousaine depuis plus de 25 ans, un parcours qui force l’admiration ! Photo DDM VALENTINE CHAPUIS

Grâce à la violette de Toulouse et aussi la symbolique spirituelle de cette couleur, Betty (la Reine des Pine cone quilts) m’associe au violet – pour mon plus grand plaisir ! Cette famille de couleurs est volontiers appelée purple en anglais :

Si vous comprenez l’anglais, Betty fait ici la description détaillée de ses choix de couleurs pour ce quilt qu’elle m’a offert 💜💜💜
Ce quilt est un chef d’œuvre qui m’est dédié. Il se nomme Purple Katell Pine cone quilt. Vous avez sa description par ici en anglais.

La Ruche des Quilteuses aux couleurs de l’Année

Cela devient une tradition, Kristine prépare une bannière pour janvier, souvent avec une des couleurs de l’année :

Bee Kristine nous offre cette année non pas une, mais deux bannières !

Laquelle préférez-vous ? Difficile, n’est-ce pas !! En raison de mon lien indéfectible avec Betty, je choisis la seconde 💜 ! Elle nous accompagnera plusieurs semaines en tête de blog.

Le secret du violet épanoui réside dans son accompagnement. Il révèle sa beauté avec du blanc et sa lumière pure, du turquoise, du rose, certains verts, et il est l’écrin parfait du jaune ! Plein de sagesse, le violet est le faire-valoir de l’illumination. Illuminons donc 2022 de belles couleurs et de perspectives joyeuses malgré tout, tissons 2022 de joies et de lumière 💜⭐💜🌞💜

Nous allons ensemble nous changer les idées avec des articles qui dépaysent… et toujours un fil conducteur textile bien sûr !

N’attendons pas ! Dès mardi, nous emprunterons un chemin mythique avec Lucie… Le premier jalon d’une belle année à passer ensemble !
Katell

Si vous voulez que la vie vous sourie,
apportez-lui d’abord votre bonne humeur.
Baruch Spinoza

Bee Kristine

À l’infini ∞

Une joie infinie nous habite dès lors que nous nous retrouvons, nous amies quilteuses. Je ne peux établir aucune hiérarchie entre mes rendez-vous avec vous, ils se sont succédés et partout, les sourires, avec ou sans masque, réchauffaient les cœurs.

J’ai déjà évoqué le week-end enchanteur à Lacaze en juin, la magie de l’exposition des quilts météo au Val d’Argent, tout évoquait un état surnaturel tellement nous avions été privées de rencontres…

J’ai eu la chance ensuite de pouvoir aller à Nantes Pour l’Amour du Fil avec Kristine, où nous avions rendez-vous avec Annie et Cécile :

Nous sommes ici au Coin des Blogueuses. On le voit, le Royaume-Uni était à l’honneur, avec les drapeaux en banderole ! Le blog de Cécile montre toutes les expositions, un enchantement !

Quelques jours après, mon premier stage depuis janvier 2020, dans un endroit idyllique : Arcachon !

Le patchwork créatif et improvisé a enthousiasmé les adhérentes de FP33-47 ! Une belle équipe réunie par Nadine Meyssonnier, l’envie de devenir amie avec chacune d’entre vous, Mesdames… Merci pour ces journées que vous avez ensoleillées tout autant que le cher vieux Soleil !

Il y eut ensuite le Salon des Tendances Créatives de Toulouse, à l’invitation complètement inattendue pour cette année — nous n’avons pris la place de personne, nous avons rempli l’espace ! Pour la première fois, outre un nombre relativement élevé de femmes, plusieurs hommes ont manifesté leur envie de commencer le patchwork… mais de façon créative et indépendante. Attendons quelques années, nous verrons peut-être surgir leurs ouvrages !

Enfin, last but not least (le dernier mais pas le moindre), ces derniers jours ont été intenses avec le Festival de Ménigoute (79), qui réunit chaque année 30 000 passionnés de Nature. Pour la première fois, j’y étais, grâce à un bon concours de circonstances… La bonne étoile des quilteuses ⭐ nous a réunies, c’était le rêve de Marmotte Rousse…

Exposition de Béatrice Bueche, avec Michelle Braun et Marmotte Rousse : quand les Alsaciennes viennent dans le Sud-Ouest, ça fait des couleurs sur les murs et du bruit dans les couloirs !

Tout le monde parlait de cette exposition : mais oui, c’est du tissu !! Nous étions entourées de personnes habituées aux circuits des arts habituels (dits majeurs…) et cet art textile les a enthousiasmées au-delà de ce qu’on peut imaginer. Le stand ne désemplissait pas, beaucoup de personnes venaient et revenaient… surtout des hommes ! Le talent de la solaire Béatrice a touché le cœur du public, rêve réalisé et mission accomplie.

Nous avons eu le temps d’avoir de très belles conversations et de grands éclats de rire toutes quatre. Nous avons aussi parlé de ce qui nous anime, et aucun téléphone ni écran n’aurait pu remplacer ces échanges cœur à cœur et les yeux dans les yeux.

Même si l’éclairage était parfait pour le public, mes photos faites au smartphone ne rendent pas du tout justice à la féerie de chaque tableau de Béatrice Bueche.

Et samedi dernier, c’était notre première JA post-Covid en Charente, à une bonne heure de Ménigoute. Revoir Corine, la déléguée FP16, m’a fait un immense plaisir, nous qui nous croisions depuis des années, juste pour quelques instants ! Enfin, nous avons passé une journée ensemble, même si nous étions chacune bien occupées. Le club de Ligné offre une très belle salle aux murs de pierres claires, une splendide luminosité… et la joie se lisait sur chaque visage. Nous avons tellement vécu dans l’instant présent que nous n’avons même pas songé à faire une photo de nous ensemble…

Samedi dernier, j’ai embarqué les adhérentes FP dans un voyage dans l’espace et le temps, à la rencontre des Amérindiens, les premiers peuples de cet immense continent. J’ai notamment partagé mon admiration pour la peintre canadienne Leah Dorion.

Le symbole de l’infini se trouve souvent sur ses tableaux, tout comme d’autres signes symboliques qui signifient beaucoup pour les Peuples Premiers.

Les liens tissés avec toutes ces personnes rencontrées après les épreuves dues au covid sont l’éclatante preuve que nous sommes des êtres sociaux et que la bienveillance fait un bien fou ! Au contact des autres, nous nous épanouissons de nouveau, telle une plante déshydratée après une pluie salvatrice.

L’infini chez les Métis

La peintre Leah Dorion est Métisse, mais pas exactement dans le sens où vous le comprenez. Les Métis sont un peuple du Canada, ayant une part d’origine autochtone et une autre part française ou écossaise. Oui, des hommes français et écossais, marchands de fourrure, se sont assimilés en se mariant avec des femmes locales dans les années 1700 et leurs descendants forment une culture originale. Ils sont reconnus comme un des 3 peuples autochtones du Canada (les Amérindiens, les Inuits, les Métis).

Le drapeau métis est le plus ancien du Canada. Tantôt sur fond bleu (à l’origine pour les descendants français) tantôt rouge (pour les Ecossais), le signe distinctif est le symbole de l’infini, en blanc. C’est tout d’abord la réunion de deux cultures, européenne et amérindienne, devenues solidaires pour toujours et à jamais, à l’infini. C’est aussi le symbole de l’immortalité de ce peuple et cette culture, qui continue de lutter pour ses droits.

Le drapeau Métis existe depuis 1816, celui du Canada sous cette forme seulement depuis 1965 (oui !!)

A présent, le fond bleu représente officiellement tout le peuple Métis, et le fond rouge la part qui se trouve dans l’Alberta.

Vers l’infini et au-delà

Je viens d’apprendre que cette phrase, To Infinity and beyond, doit sa gloire à Buzz l’Éclair dans Toy Story !

La notion d’infini est à la fois mathématique, métaphysique et poétique. La première fois qu’on y est confronté, c’est quand on apprend à compter : 1, 2, 3… Mais cela ne s’arrête jamais !!

On peut regarder aussi regarder le ciel étoilé pour ressentir une idée de l’infini… ou cet escalier conçu en 1958 par Lionel Penrose (le père de Mr. Penrose de la Passacaglia !) :

On peut monter ou descendre à l’infini, sur un escalier « fini ». Nous sommes trompés par notre perception de la perspective…
Crédit photo Mathieu Nauleau

L’infini, c’est long, surtout vers la fin.

L’actualité nous a appris la semaine dernière que Mark Zuckerberg s’appropriait le symbole mathématique de l’infini comme sigle de son nouveau groupe. C’est signe de l’infinie ambition de ce groupe qui nous prépare un avenir fondé sur les relations virtuelles. J’ai tellement expérimenté la différence avec mes récentes rencontres « en vrai » que cela m’effraie ! Je crains aussi un monde où le wokisme serait roi. Etre woke, c’est être éveillé, en particulier pour le respect des différences, ce que je soutiens évidemment, mais cela devient une propension à régresser intellectuellement et socialement, préférant les segmentations, les divisions systémiques plutôt que l’acceptation de la différence et l’harmonie entre tous… ce qui est ma vision idéale du monde, le hozho des Navajos, ou l’utopie de John Lennon :

Tout le monde connaît cette chanson, vous pouvez lire ici les paroles traduites en français.

La part cachée du Monde

Vers l’infini et au-delà avec Meta, le nouveau nom du groupe Facebook, cela m’inquiète et m’amène à vous conseiller un livre édité dans une petite maison d’édition que j’aime beaucoup : La Mer Salée. Ils sont à Nantes et soutiennent l’idée utopique d’un monde audacieux, humaniste et écologique, en éditant des écrivains qui ne suivent pas les idées majoritaires. J’ai découvert cette maison d’édition avec Siècle Bleu, de Jean-Pierre Goux.

L’utopie est la vérité de demain.
Victor Hugo, Les Misérables (1862)

L’homme est fait pour rêver, c’est-à-dire pour combattre et non subir. Et surtout, l’homme est fait pour la poésie. Or, l’utopie est poétique. Et la poésie aura toujours raison contre le réalisme.
Jean-Christophe Grangé, Miserere (2008)

Soyons les moutons noirs du wokisme !

Quand le réchauffement climatique n’est plus une éventualité mais une réalité, on se demande dans quel monde nous vivrons prochainement. On sait aussi que la diversité de notre monde vivant se réduit de manière alarmante. Je viens de lire plusieurs romans et essais sur le sujet, et celui que je préfère vous présenter est La part cachée du Monde, d’Ève Gabrielle.

Devant mon quilt « Ensemble malgré tout » fait pendant le premier confinement, le livre d’Ève Gabrielle trouve sa place. Tant d’émotions dans ce livre…

Ce livre est partagé en deux, tout comme la France l’est par La Déchirure, une frontière réputée infranchissable, dans cette fiction du futur proche. Nous commençons par vivre avec Sienne et Vincent, sœur et frère, dans le monde du Nord où tout est désespérant. Greenlife – une sorte de Google ou Meta ? – s’est mis à tout diriger, à la suite de l’effondrement du système bancaire et du gouvernement. On étouffe, on gémit dans ce système où on gagne sa vie en ramassant les déchets de plastique de notre époque. Et bien sûr, un bracelet connecté nous surveille… Les habitants subissent la dure loi de la gouvernance numérique. Une vraie dystopie (fiction décrivant un monde utopique sombre).

Mais Sienne et Vincent réussissent à passer La Déchirure, la Frontière, pour aller à la recherche de leur grand-mère qui aurait, dans un livre de botanique en possession de Sienne, caché un moyen de sauver le monde. Ils découvrent en Aveyron un monde résilient, pas parfait, mais qui a surmonté les écueils majeurs du dérèglement climatique grâce au génie humain au service de solutions simples et futées. Ils sont woke, éveillés, mais dans le bon sens !! Un bel espoir dans cette partie utopique optimiste, qui fait la part belle aux relations humaines positives, à la créativité et aux talents de chacun.

La renaissance des arbres offre une pure joie au printemps ! Ils accompagnent ici les miens en textile, offerts à ma sœur Véronique.

A nous de choisir le chemin de notre futur, au Nord ou au Sud de La Déchirure… Là où on plante des arbres génétiquement modifiés, ou bien là où on les soigne et où on communique avec eux…

L’idéogramme chinois signifiant Crise est en deux parties : danger + opportunité

Je ne vous ai pas dévoilé beaucoup plus que ce que nous dit l’éditeur ou la 4e de couverture, tout reste à découvrir au cours de votre lecture. En plein dans la période de la COP26, nous comprenons à quel point des décisions fermes sont à prendre, ce n’est pas une option. Il sera sans doute difficile de renoncer à notre routine confortable, mais l’effort sera moindre si nous réussissons à choisir les meilleures voies de changements et de progrès, axées sur des choix vraiment pertinents, pragmatiques et bien expliqués (le livre Réaliste de Bertrand Piccard, éditions Stock est écrit dans ce but). Pour évoluer dans le bon sens, le monde aura besoin de pédagogie, de réalisme, de progrès maîtrisés, certes. Mais un rapprochement avec les lois simples du vivant, l’utilisation raisonnée des trésors de la nature, sont incontournables. Jamais peut-être l’humanité n’a eu un si grand défi à relever, on peut en ressentir un vertige infini, mais on n’a pas le choix, il faut s’y attaquer avec maîtrise et enthousiasme !

Si nous ne tuons pas la Nature, Elle nous sauvera.

Entre Alerte et Espoir, le livre d’Ève Gabrielle a bien trouvé sa place !

C’est avec ce livre plein d’espoir que je vous quitte momentanément, mais vous ne vous débarrasserez pas de moi, je reviendrai bientôt ! J’ai envie simplement de faire une pause dans l’écriture, pour retrouver la voie de la créativité dans mon atelier.

Avec ma sincère amitié,
Katell 💚💚💚

Y Cwilt

Certains livres pour enfants ont un charme qui vit longtemps en nous, comme une mélodie souvent fredonnée. C’est ce qui m’arrive avec ce livre :

Je regrette de ne pas pouvoir le lire en gallois, la version originale… J’ai bien sûr choisi la version anglaise :

C’est Valériane Leblond qui raconte l’histoire d’une petite Galloise au tournant du XXe siècle. La vie est simple et rude, mais la famille y vit depuis toujours, en symbiose avec la nature.

C’est l’automne en Pays de Galles, c’est ici que commence l’histoire de la fillette. (photo facebook Valériane Leblond)

L’hiver au coin du feu, le père sculpte des objets dans du vieux bois, la mère taille des bouts de flanelle de laine noire et rouge pour en faire un cwilt. Mais un hiver plus difficile rend la faim tenace et les parents décident de quitter leur pays, un seul ballot en main : le quilt rouge et noir… La petite fille découvre une ville, un port, un bateau, un long voyage en mer. Dans la chaleur du quilt, elle trouve la consolation du déchirement de l’émigration. 

Dans ce nouveau pays jamais cité, dans une nature différente mais généreuse, avec le travail acharné des parents, la famille crée son nouveau foyer, sa nouvelle vie, son nouveau chez-eux, avec le fameux quilt rouge et noir qui rappelle la vie d’avant…

Faire de ses rêves une réalité plus douce, c’est la réussite de cette famille.

La fillette observe et comprend à sa manière les changements dans leur vie, se rassure en voyant les hirondelles du printemps, symbole de la résilience. La finesse des dessins souligne la justesse de l’histoire, vécue par des millions de migrants quittant l’Europe pour une vie meilleure aux États-Unis.

La grande ville d’où part le bateau se reconnaît à sa skyline (sa ligne d’horizon), c’est Liverpool (photo Facebook Valériane Leblond).

Dans ce livre, au Pays de Galles comme en Amérique, le ciel et la mer ne sont jamais bleus, mais des mille nuances glaz qui sont comme la vie, changeantes.

Le quilt, fait de la flanelle noire des costumes du père, de la flanelle rouge des robes de la mère, est assemblé point par point avec amour, la mère décorant avec fantaisie au fil rouge la rigueur du patchwork. Cela rappelle l’intuition de plusieurs historiennes, pensant que les femmes Amish, à la fin du 19e siècle, se sont inspirées des quilts gallois lorsqu’elles ont décidé de remplacer leurs couettes par des quilts (lire aussi : De la couette au quilt et les autres articles sur les Amish).

Vous l’avez donc deviné, ce tout petit livre est un coup de cœur ! J’imagine que toute quilteuse américaine au sang gallois offrira ce livre à ses enfants ou petits-enfants pour Noël. 

Il est en vente pour environ 7 € en anglais ou en gallois. Il reste à savoir si, un jour, il sera publié en français… 

Pour passer l’année prochaine avec la poésie de Valériane, le calendrier 2021 est disponible dans sa boutique ETSY. Attention, il est en gallois !

L’auteure nous offre sa belle histoire, et elle a fait son chemin, sans y réfléchir une suite a pris forme en moi, tout en jouant avec mes tissus. Cette fillette galloise, je lui ai donné un prénom, Gwen, que porte mon aînée en second prénom et qui rappelle aux quilteuses la reine des quilts libérés, Gwen Marston. C’est en pensant à cette petite Gwen que j’ai fait, ces derniers jours, un top que je vous présenterai prochainement. Je vous raconterai comment, même en suivant un modèle, j’ai rêvé à la petite Gwen…

Pour garder le moral, jouons avec nos tissus, rêvons… et aimons la vie simple, riche des beautés de la nature,
Katell

Lumière d’automne (par une belle journée comme aujourd’hui) Valériane Leblond

 

 

 

Rien n’est Noir

                     Photo Tomas Criger

Il est un livre où l’on avance au gré des passions aux couleurs primaires, bleu, rouge, jaune, avec des chapitres aux nuances poétiques, où tout est vibrant, fleuri, éclatant, flamboyant, ténébreux, brillant, multicolore, lumineux, ombrageux, chatoyant, incandescent…
Seuls les cheveux et les yeux de l’héroïne sont noirs, un Noir à la Soulages, un Noir de lumière et d’émotion.

                                     

Après avoir écrit deux articles sur Frida Kahlo au printemps, j’ai continué de me sentir impressionnée par cette femme, elle restait obstinément quelque part dans mon cœur et ma mémoire. J’ai donc lu, cet été, deux parmi les nombreux livres qui lui sont consacrés. J’ai grandement apprécié la biographie de Frida Kahlo écrite par la franco-mexicano-cubaine Rauda Jamis, puis j’ai plongé dans le roman de la parisienne-bretonne Claire Berest. Chaque portrait rend avec vérité, je le sens, ce feu follet que fut Frida. Chaque écrivaine est inspirée, sinon habitée par l’Inspiratrice, ayant tout lu, tout vu, tout visité, tout ressenti d’Elle.

Lien vers mon article Frida Kahlo, icône féminine
J’évoque dans le deuxième article des femmes inspirées et des quilts sur Frida Kahlo l’Unique, devenue un symbole qui touche intimement de nombreuses femmes. Lien vers l’article Frida, Laura & Betty.

Si vous avez été touchée par Frida à travers ces articles, vous adorerez les livres* et en particulier Rien n’est noir :

Ce livre vient tout juste de sortir en Poche et a remporté le Grand Prix des lectrices du magazine ELLE 2020 en juin dernier. @claireberest

L’écrivaine s’est tellement imprégnée de son héroïne que parfois, on ne sait plus de qui sont les mots, de l’auteure ou si les phrases sont extraites du Journal ou encore de la volumineuse correspondance de Frida. Ce livre est rempli des passions et des émotions de Frida, ses émois comme ses douleurs, ses amours comme ses colères. Claire et Frida ne font plus qu’Une. La fusion est tellement forte qu’elle s’est mise à ressembler à son sujet ! Un jeu esthétique bluffant.

Claire Berest, 2016
@claireberest (compte instagram de Claire Berest, 2020)
@claireberest

Après avoir lu ce livre, on a envie de porter de longues jupes éclatantes, de se charger de volumineux bijoux ethniques et piquer des fleurs dans ses cheveux !

Le titre Rien n’est Noir résonnait en moi quand j’écrivais Octobre Noir. Même quand on est saturé de tristesse, d’angoisse, de révolte, on peut s’accrocher à des exemples qui aident à s’élever, comme la Déesse du 20e siècle qu’est devenue Frida Kahlo, ou toute personne que vous admirez. 

Ne perds jamais espoir. Lorsque le soleil se couche, les étoiles apparaissent.

 Derrière chaque difficulté, il y a une opportunité.
Albert Einstein

* Naturellement, il est judicieux d’attendre la réouverture des librairies pour acheter ces livres…

Autre personne qui me touche, plus près de nous. Rose l’Angevine a écrit plusieurs commentaires pertinents à l’issue de quelques-uns de mes articles. Elle vit en EHPAD où 9 personnes sont contaminées, d’où un confinement strict, une solitude accrue, mais elle continue de faire du patchwork l’après-midi ! Elle a offert son quilt du confinement « Ensemble malgré tout » à un de ses fils médecin pour son anniversaire, elle suit le quilt mystère France Patchwork actuel et elle vient tout juste de coudre une crapaudine… La crapaudine est un sac à ouvrages qui a une grande ouverture, bien pratique pour transporter un ouvrage. C’est un très vieux modèle que j’ai vu en tapisserie (petit point) chez ma grand-mère, en brocante (cela devait être populaire !), puis dans des livres, sur internet… Je l’ai refait à mon goût du jour et mis en modèle dans BeeBook. La semaine dernière donc, Rose l’Angevine a transformé une robe de plage en crapaudine ! Un exemple de recyclage intelligent, fort bien fait… 

Une jolie robe d’été…
…transformée en ravissant sac à ouvrage !

A 82 ans, Rose continue d’être curieuse, active et connectée. Elle a remué ciel et terre pour que les personnes en EHPAD ne soient plus isolées pendant le confinement. Ce sont des actions comme les siennes qui ont fait assouplir les règles, pour qu’il n’y ait plus le ravage du glissement fatal dû à l’isolement mortellement ennuyeux… Un immense bravo ! Même si la vie n’est pas toujours rose, cette dame positive et pugnace a choisi ce pseudo Rose l’Angevine… Il n’y a pas de hasard !

 Ce que l’optimiste voit en rose, le pessimiste le voit en noir.
Victor Hugo

Annie du blog Des Tulipes et des Coeurs a aussi un grand ❤ et aime les couleurs ! Pour son groupe, elle a préparé les instructions en français d’un quilt moderne et bien gai, destiné aux sinistrés de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes. Le modèle est paru dans le magazine Curated Quilts :

Modèle de Heather Kojan

Annie a reçu l’autorisation de diffuser ces instructions dans un but non commercial. Si vous souhaitez les recevoir pour faire un quilt seul(e) ou en groupe, écrivez-lui (colonne de droite de son blog), elle vous les enverra très vite gracieusement par email.

Merci pour ce partage Annie !

Le chaos est rempli d’espoir parce qu’il annonce une renaissance.
Coline Serreau

Et mon petit doigt me souffle que dès ce matin, sur le forum France Patchwork, il va y avoir des nouveautés…

C’est gris bien sombre pour l’activité de nos villages et nos centres-villes. Un mal pour un bien, le premier confinement a largement favorisé la fourniture des denrées alimentaires locales, et je crois qu’heureusement cela continue. Mais nous avons aussi besoin de nourrir notre esprit…

Depuis hier soir, nous savons que les librairies ne rouvriront pas dans l’immédiat. Le terme « bien non-essentiel » fait mal.

L’espoir, ce n’est pas l’optimisme.
Ce n’est pas non plus la conviction qu’une chose va bien se passer,
mais au contraire la certitude que cette chose a un sens,
quelle que soit la façon dont elle va se passer.
Vaclav Havel

Rien n’est noir, les merceries et donc beaucoup de magasins de tissus sont, cette fois-ci, considérés comme essentiels… Gardons le moral et restons tous prudents afin de retrouver au plus vite une vie pleine de couleurs.