Le recyclage de tissus est une nécessité depuis la nuit des temps ; ce n’est que depuis quelques décennies qu’on se permet de jeter des bouts qui ne sont pas complètement usés, et encore, seulement dans certains foyers. Chez les quilteuses, on fait tourner le commerce des tissus mais on recycle aussi ! Quand on allie bouts de tissus et chaîne d’amitié, c’est le bonheur, et en bonus sont apparues des coïncidences qui n’en sont sans doute pas…



Ma très chère Betty est de nouveau au cœur de l’histoire d’aujourd’hui. Ses premiers pine cone quilts étaient faits de divers tissus comme du linge de maison et des restes de partout, puis elle a acheté des harmonies de tissus de patchwork pour tous ses autres quilts. Curieusement, dans son État, la Floride, elle ne trouve quasiment pas d’authentique tissu africain en wax – plutôt des inspirations faites dans les Caraïbes, mais ce n’est pas pareil ! Et quand elle était venue en France, elle m’avait dit qu’elle aimerait bien avoir des chutes de ces tissus que nous affectionnons nous aussi…
Nous sommes quatre Abeilles à, soit avoir vécu en Afrique noire, soit y avoir de la famille, et nous avons de beaux souvenirs liés aux personnes qui y vivent. et bien sûr un attachement à ces tissus hauts en couleurs, dont nous conservons le moindre bout. A présent, c’est surtout Andrée qui nous fournit : grâce à sa belle-fille, nous avons reçu, ces dernières années, beaucoup de petits et grands métrages du Cameroun, trouvés chez des couturières de Yaoundé.



L’entrée dans une nouvelle décennie, ça se fête ! Betty a franchi un cap (qu’on digère parfois un peu difficilement !) ce printemps. Notre cadeau d’anniversaire, fait de métrages et de chutes de Wax du Cameroun, était accompagné d’une carte signée de nous toutes, illustrée d’un quilt de mon autre Sister américaine, LeeAnn. Il a tardé à partir en raison du confinement mais est finalement bien arrivé en Floride le 2 juin. Dès lors, Betty a eu de nouveau la fièvre du pine-cone avec un travail soutenu chaque jour – ni le temps, souvent tempétueux, ni ses crises de goutte, ni le covid ne l’incitaient à sortir de chez elle…
Fièvre du découpage de centaines de carrés, puis choix d’un bon drap pour le fond :


De nombreux souvenirs lui sont remontés à la surface en touchant ces tissus : son séjour en France en 2018, mais aussi ceux en Afrique de l’Ouest en 1986 et en 2009. Trois continents liés par des liens complexes historiquement, mais tout beaux et simples pour nous : fibres textiles et fibres amicales forment notre étoffe unique ! Et un nouveau pine cone quilt voit le jour, grandit et s’épanouit sous les doigts de Betty :





Toujours plus beau, au fil des jours !


Pour la première fois, Betty choisit de terminer son Pine cone quilt en forme de rond, comme nous en avions faits ici ; nous les lui avions montrés et elle avait beaucoup aimé !






C’est drôle de voir qu’on dirait des tartes, des quiches, des pizzas ! Mais non, ce sont nos chers pine-cones ! Et voici donc celui de Betty, en cours de finition :


Fini !
Le dernier fil coupé, Betty se sentit apaisée, avec un sentiment d’accomplissement et de plénitude. Ce n’est qu’en demandant à son mari la date du jour qu’elle fit le rapprochement : ses amies de France lui avaient envoyé ces tissus pour son anniversaire, et elle a terminé ce quilt le jour-même de l’anniversaire de sa chère maman trop tôt disparue… elle sentait sa bienveillante « présence » approuvant l’union de l’Europe, l’Afrique et l’Amérique par le biais de l’amour des textiles…



Ce que Betty ignorait, c’est que ce jour-là, j’ai parlé plusieurs fois d’elle, on me demandait de ses nouvelles, car elle laissa un souvenir impérissable en Occitanie ! Le 27 juin était aussi le jour de notre exposition à Lacaze… Ces coïncidences ne doivent sans doute rien au hasard, les connexions par-delà le temps et l’espace sont fréquentes entre nous !
Après ce soleil rayonnant d’émotions, nous verrons des quilts solidaires dans le prochain article.
En attendant, quiltez de tout votre cœur !
Katell