A mon seul désir…

Tapisseries médiévales

La plupart des tapisseries qui réchauffaient les murs de châteaux montraient des scènes de guerre, de chasse, ou des thèmes religieux (un jour peut-être, une érudite me proposera-t-elle un article sur la prodigieuse Tapisserie de l’Apocalypse d’Angers ? Avis aux amatrices !).

S’il est une tapisserie médiévale extraordinairement poétique, c’est bien celle qui, généralement, se trouve au Musée de Cluny à Paris, en six panneaux :

Voici la plus énigmatique des six tapisseries de la série appelée La Dame à la Licorne, A mon seul désir (écrit en haut de la tente bleue). Sur chacune d’elles, une Dame et sa suivante sont entourées d’un bestiaire, d’un herbier, de blasons héraldiques, de scènes détaillés par les spécialistes, pour découvrir le sens profond de chaque tenture…

S’il est à présent convenu, depuis les années 1920, que les cinq sens sont illustrés sur cinq tentures, qu’en est-il de la sixième ? L’intuition, le fameux sixième sens féminin ? D’après l’esprit médiéval, les œuvres poétiques de l’époque et l’écriture sur la tente, A mon seul désir, ce sixième sens serait celui de l’esprit, ou bien du cœur et du désir féminin…. Les troubadours venus d’Occitanie, par leurs chants et poésies, avaient fait connaître l’Amour Chevaleresque et inventé l’Amour Courtois, fait de tendresse et de passion ; grâce à eux les relations entre hommes et femmes se teintaient d’élégance et de sentiments… Au Moyen-Âge, dans ce rang social élevé, on se nourrissait le cœur et l’esprit de musiques, de poésies, et pas seulement de religion ou de récits épiques !

Les Arts aident à mieux vivre…

Deux ménestrels – Codex des Cantiques de Sainte Marie © Getty / Anonyme – vers 1280 _ Heritage Image

La Dame à la Licorne et les Six Sens, cette série de tapisseries flamandes terminées en 1500, fait partie de notre plus beau patrimoine. La finesse des détails, le raffinement des compositions en font une œuvre remarquée au XIXe siècle par George Sand, qui signala un ensemble de huit tapisseries à son éphémère amant Prosper Mérimée. Lui aussi écrit qu’il y en avait d’autres, mais qu’elles furent découpées pour en faire des tapis et des couvertures de charrettes… Dans ce cas, avec 8 tapisseries ou même plus, l’interprétation des 6 sens ne tiendrait plus… Mais sans doute, ils comptèrent d’autres tapisseries qui n’étaient pas de cette série. Toujours est-il que Mérimée fit classer six tapisseries au titre des Monuments Historiques en 1841-42. Ce n’est qu’un épisode de la vie très mouvementée de cet ensemble de tapisseries, bien des livres racontent leur épopée historique. Mais mon livre préféré reste celui de Tracy Chevalier, qui nous plonge dans l’histoire romancée, mais très documentée, de leur création.

Troisième roman de Tracy Chevalier paru en 2005, après La Vierge en Bleu (1997 – 2006 pour la traduction française), qui se passe partiellement à Toulouse, puis la fabuleuse Jeune Fille à la Perle (1999)…

J’ai visité deux fois le Musée de Cluny à Paris (5e), pour m’imprégner de la Dame à la Licorne en six tapisseries, parfaitement restaurées. Je suis aussi allée tout au nord-ouest de Manhattan pour voir leurs cousines, les sept tapisseries de La Chasse à la Licorne. Elles m’inspirent, elles me parlent.

C’est la dernière des sept tapisseries de La Chasse à la Licorne, la plus simple et la plus belle, aux Mille-Fleurs splendides. La reine Anne de Bretagne, reine de France, la commanda, quelques années avant que la Dame à la Licorne ne voie le jour. Si la licorne est ici le thème principal (sa chasse, sa capture), elle ne sera qu’accompagnatrice de La Dame, moins de dix ans plus tard.

Les tapisseries Mille-fleurs étaient à la mode à la fin du Moyen-Âge, avec leurs ornements issus de la nature, le plus souvent des fleurs qui ne sont pas plantées dans le sol de manière réaliste, mais plutôt juxtaposées, souvent avec des animaux, dans un but esthétique. Il n’y en a pas mille, mais leur foisonnement donne cette impression ! Des botanistes ont su faire la liste précise de plusieurs plantes et fleurs représentées sur les tapisseries les plus connues, tellement leurs dessins sont précis (une bonne quarantaine reconnues sur La Dame à la Licorne).

Et pourquoi la licorne ? On en voit partout en ce moment, en plastique et en paillettes… Cet animal mythique est mis à toutes les sauces ! A l’origine, c’était une création païenne, il semble qu’elle symbolisait la captation de l’énergie cosmique (ou est-ce une interprétation new age ?). A ce sujet, ne manquez pas Tout ce qui est sur Terre doit périr, livre de Michel Bussi !

Une histoire mêlant avec bonheur aventures, mystère des origines des mythes et religions…

Au Moyen-Âge, du temps de ces tapisseries, la licorne avait déjà été christianisée pour être acceptée ; quant à la Chasse à la Licorne, elle est bien teintée de conquête de la virginité d’une Belle par un Chevalier !

Mille-Fleurs au MEETT

Comme bien d’autres quilteuses, mes amies et moi avions participé avec enthousiasme à la robe de mariée participative, à l’initiative de Joëlle Vétillard, avec des semis de Mille-Fleurs, ce style artistique tellement en vogue en ces temps médiévaux…

Nous avons été très nombreuses à y participer, quelle fierté ! (photo R. Levaché). Cette extraordinaire robe de mariée a de nouveau été admirée à Lacaze en juin dernier.

Nous avions tant aimé cette expérience que, peu de temps après, nous entreprîmes de faire à notre tour des semis de fleurs, sur fond vert cette fois. La première photo est dans BeeBook, page 147. Puis ça a traîné, tergiversé, jusqu’au jour où Kristine a lu que La Dame à la Licorne allait… nous rendre visite. Oui, à Toulouse !! Le déménagement de cet ensemble de tapisseries est rarissime, mais ce n’est pas la première fois que La Dame vient chez nous : elle y trouva refuge lors de la Première Guerre Mondiale, à l’abri des bombardements, au couvent des Jacobins…

Du 30 octobre 2021 au 16 janvier 2022, au Musée des Abattoirs de Toulouse, nous aurons le grand privilège de pouvoir admirer ces six tapisseries, le temps que le Musée de Cluny se refasse une beauté.

Alors nous nous sommes mobilisées, toutes les dix, pour terminer ces 5 panneaux textiles en Mille-Fleurs cet été, afin de marquer cet événement qui fait honneur à notre ville :

Pure Nature
L’Embellie
L’Or des Prés
Passion Pavot
L’Heure Bleue

Passion Pavot et L’Heure Bleue, détail

Nous avons constaté que changer l’ordre des tapisseries ne donnaient pas du tout le même effet, nous avons donc choisi cette progression du plus clair et doux au plus intense. Qu’avons-nous voulu exprimer ? Nous ne le savons pas nous-mêmes vraiment. Avec certitude, notre amour des fleurs et de la nature, ainsi que notre amitié : ensemble nous sommes plus fortes et créatives ! Mais cette lumière qui vient du ciel, cette évolution à partir des fleurs blanches, symboles de l’innocence, vers les teintes plus denses, rouge profond et bleu-violet, ne sont-elles pas une représentation de la Vie ? Nos deux premiers panneaux terminés étaient les rouge et bleu, la maturité, la sagesse… N’est-ce pas la période que nous vivons toutes dix ?

Cultivez votre amour de la nature,
car c’est la seule façon de mieux comprendre l’art.
Vincent Van Gogh

Merci à Nathalie Marques, co-fondatrice des Salons Tendances créatives, co-gérante avec son amie Isabelle Dnistzenski, d’avoir accepté d’exposer en exclusivité cette tenture en cinq tableaux, bien modeste en regard des tapisseries médiévales mais faite avec le cœur, ce précieux sixième sens, pour célébrer cet événement.

Vous pouvez voir nos Mille-Fleurs 2021 dès aujourd’hui au Salon des Tendances Créatives de Toulouse, c’était l’ouvrage-mystère annoncé qui vous incitera, j’espère, à aller voir le chef-d’œuvre de l’an 1500 au Musée des Abattoirs ! Nous avons mélangé de nombreuses techniques, travaillé main et machine, appliqué, brodé, improvisé, et nous sommes ravies du résultat 😊.

Cinq mètres de fleurs ! La hauteur est de 144 cm. En les voyant accrochés ainsi, nous aurions dû les faire plus longs 🤣

Il y a des fleurs partout
pour qui veut bien les voir.
Henri Matisse

Pure Nature et l’Embellie, détail

J’espère vous rencontrer un de ces quatre jours au Salon, je serai bien sûr accompagnée de mes fidèles amies qui ont autant que moi participé à cette œuvre collective !

Katell et ses amies Abeilles Andrée, Évelyne, Brigitte, Kristine, Maïté, Vive, Danielle, Éliane et Chantal

Ô Toulouse !
Toulouse a donc l’immense privilège d’accueillir les six tapisseries de La Dame à la Licorne du 30 octobre 2021 au 16 janvier 2022 au Musée des Abattoirs. Pour apprécier ces chefs-d’œuvre mille fois mieux qu’en photos, une visite s’impose !

Pure Nature, L’Embellie et L’Or des Prés, détail

Voyages textiles en France

Bonjour,
Bienvenue dans le blog
des petits & grands voyages
avec les textiles !

Cela m’enchante de vous écrire de nouveau, même si je sais que des quilteuses s’éloignent de leur ordi pendant ces mois estivaux. Plusieurs expositions, en cours ou annoncées, nous offrent une promesse de bien-être, car retrouver des quilteuses fait tant de bien ! Les expositions reprennent donc, plutôt timidement malgré tout, car c’étaient des préparatifs dans l’incertitude, tout comme nous l’avions expérimenté lors des Estivales de Lacaze (Estivales 21) en juin dernier. J’ai relevé quelques annonces sur Facebook que je relaie ici : si vous vous trouvez dans les parages, je vous les recommande chaleureusement.
Puis, une expo qui m’a enchantée vendredi dernier… En route !

En Alsace

La très talentueuse – et si chaleureuse ! – Michelle Braun organise cette exposition dans le nord de l’Alsace les 14 & 15 août, je suis certaine que des merveilles seront exposées !

Dans la Drôme

Exposition d’arts & artisanats dans la Drôme jusqu’au 15 août avec Elsa Boissier.

Balade en Aveyron, vers Lacapelle-Bleys

Vendredi dernier, pas de réunion d’Abeilles de la Ruche des Quilteuses car la plupart passent de précieux moments avec leurs enfants et/ou petits-enfants. J’ai donc pris la route avec mon mari, une de celles que nous connaissons presque par cœur, dans l’Ouest aveyronnais.

Les villes principales sont à taille humaine. Rodez, avec sa cathédrale en grès rose, se voit de loin, et le musée Soulages attire chaque année de plus en plus de visiteurs (revisité en 2019). N’oublions pas pour autant la promenade dans la vieille ville, très agréable ! L’autre pôle urbain, plus près du Tarn-et-Garonne, est Villefranche-de-Rouergue, à l’opulence médiévale presque intacte. Il faut y aller le jeudi matin, pour son marché !

A Villefranche-de-Rouergue, le marché s’étend sur plusieurs places et rues adjacentes. Il y règne comme un air provençal, dans un cadre médiéval splendide.

Les très beaux villages sont nombreux dans le coin, citons les perchés comme Belcastel ou Najac, ou bien les bastides sur terrain plat, avec des places accueillantes, aux galeries ombragées avec de belles arcades, comme Sauveterre-de-Rouergue ou Villeneuve d’Aveyron (n’y manquez pas le Musée de la Photographie et les très nombreuses photos de Jean-Marie Perier, qui vit dans ce village !).

Mais ce vendredi, le cœur de notre sortie se trouvait à Lacapelle-Bleys, pour une exposition d’arts textiles, dans le sens le plus large du terme, organisée par l’Aiguille Magique avec la formidable Mijo Bessac.

Il est trop tard pour s’inscrire au stage de broderie d’or ! Les participantes au stage de stumpwork sont rentrées absolument enchantées… nul doute que les stagiaires de mercredi prochain le seront aussi.

La vitalité du village fait plaisir à voir. Il est situé au cœur d’un des vallons du Ségala, fertile région où l’agriculture raisonnée prend le dessus. Fait rare en août, pas de paillasse jaunâtre brûlée par le soleil mais des verts tendres printaniers, à la faveur des pluies récentes !

Le Ségala, une belle campagne où, souvent, les haies sont préservées  © P. Geniez

Si je vous disais que de jeunes couples, lassés de la vie citadine, s’installent ici à Lacapelle-Bleys, séduits pas la qualité de vie ? Mais oui, le Covid a renforcé la tendance déjà perceptible quelques années auparavant. Les écoles ne ferment plus dans le coin !

Souvenir : le club de l’Aiguille Magique en 2010, photo parue dans La Dépêche du Midi

Mijo et ses amies ont traversé elles aussi de douloureux moments ces derniers temps. La solidarité entre amies signifie bien quelque chose ici aussi et nos groupes sont de précieux soutiens, en particulier dans ces moments chaotiques où l’empilage de mauvaises nouvelles pèse lourd.

Un Passacaglia, sublimé par le choix d’un batik parfait pour le fond, attire irrésistiblement l’œil !
Le thème des Quatre Saisons…

Les divers thèmes de l’exposition ont été bien souvent transmis par internet ces derniers temps, mais cela a titillé la créativité de certaines ! Dans cette grande salle, vous admirerez du patchwork, mais aussi d’autres travaux d’aiguilles parmi lesquels l’utilisation modernisée de la broderie Richelieu. Oui, la broderie est aussi à l’honneur à l’Aiguille Magique et nos gentilles sorcières ont des doigts de fées ! Outre la qualité des ouvrages, on sent la cohésion du groupe dans cette exposition.

Ce très beau tableau comporte des pivoines appliquées de manière traditionnelle (à la main, avec rentré minutieux) et des broderies raffinées, donnant une composition intemporelle.

A côté de l’exposition de l’Aiguille Magique se trouve celle des broderies afghanes (association Guldusi menée par Pascale Goldenberg) déjà vues à Lacaze, mais la disposition différente permet de les découvrir autrement. Et, toujours, sont disponibles des petits trésors brodés à s’offrir ! Une pensée pour ces femmes dont le quotidien ne va pas s’améliorer avec l’avancée des Talibans, et c’est un euphémisme. Espérons qu’elles pourront garder quand même leur activité salvatrice de broderie, et que Pascale Goldenberg pourra continuer à les faire arriver jusqu’à nous.

Mijo m’a montré ce qu’elle aime faire en ce moment : de la peinture à l’aiguille ! A partir d’une photo de jardin (vous en trouvez de très belles dans les magazines Mon Jardin Ma Maison, l’Ami des Jardins, etc.), elle se lance, recompose les harmonies… Quelle virtuosité ! Son fil de prédilection est le fameux Fil au Chinois pour dentelle. Voici un exemple de tableau à l’extraordinaire finesse (le préféré de mon mari !) :

Et ce n’est pas fini ! Au fond de la cour de l’école, on découvre un artisanat indien bien particulier. Nous avions admiré l’art des impressions au tampon avec Neelam dans le Gujarat (Nord-Ouest de l’Inde), nous apprenons ici l’art du kalamkari, autre technique millénaire, où des dessins sur toiles de coton sont créés à main levée au kalam ou calame (bambou taillé), ici dans le Sud-Est de l’Inde, à Kavali près de la côte de Coromandel, là où mouillaient les navires venus d’Europe…

La Maison Bleue à Kavali, centre de soins créé par André Mâge

Cela a commencé par un Français, André Mâge, arrivé en Inde au début des années 2000 pour construire une entreprise de confection de vêtements en coton, avec le désir d’appliquer les valeurs du partenariat social et des rémunérations justes. L’état sanitaire lui a sauté à la gorge lorsqu’il est intervenu après le tsunami de 2004 dans l’État du Andhra Pradesh et son chemin de vie s’est tourné vers les soins de la population, en particulier les personnes atteintes du SIDA. HELP Kavali India est né, sa femme Catherine y a créé parallèlement HKKK (en français Manufacture créative de Kavali) où des femmes retrouvent l’espoir dans un contexte socio-sanitaire dramatique. Salariées et soignées, elles apprennent les techniques et créent, sans aucune connaissance culturelle antérieure, des scènes splendides sur support textile. Vous en apprendrez beaucoup plus en discutant sur place avec Catherine, ou en vous rendant sur sa page Facebook, ou encore en allant dans son magasin à Villefranche-de-Rouergue.

Exemple de toile dessinée et peinte : la séance de coiffure, par Kalyani. Comme pour les impressions de Neelam, toutes les couleurs sont obtenues avec des produits naturels, le coton est non blanchi, le mordançage (étape préalable à la peinture) puis la fixation sont faites « comme avant », selon les connaissances traditionnelles indiennes.
Catherine Mâge est ces jours-ci à Lacapelle-Bleys, mais vous pouvez la rencontrer toute l’année à Villefranche-de-Rouergue, dans son magasin situé 21 rue Alibert à Villefranche-de-Rouergue (12). Photo La Dépêche

Vous avez peut-être déjà rencontré Catherine Mâge et ses kalamkaris, elle est régulièrement invitée dans les manifestations textiles ! Les ventes en France permettent de couvrir 50% des besoins sur le terrain, soit le soin apporté à plus de 600 patients et leur famille, et près de 30 salariés. De nouveau, nos petits achats-coups de cœur apportent un réel soutien à d’autres femmes.

Mille mercis Mijo pour ton chaleureux accueil,
sans oublier tes amies brodeuses et quilteuses très sympathiques !
Espérons nous revoir bientôt…
Oui, bientôt, en Alsace !!

En Alsace, j’expose !

Pour être exacte, j’expose Le Temps sous toutes ses Couleurs, la sélection de quilts météo 2020 🌞

Le Carrefour Européen du Patchwork met tout en œuvre pour que la fête soit belle, nous leur faisons confiance ! Les programmes des expos et stages sont à votre disposition sur leur site, ainsi que la billetterie. Faites-vous plaisir, allez en Alsace cette année malgré tout !

Le Carrefour Européen du Patchwork, c’est par ici !

On ne peut mettre sous silence les questions sanitaires. A chaque fois que nécessaire, le sujet est mis à jour par ici.

J – 39 !

A très bientôt pour une actualité presque sportive,

Katell

Post-scriptum pour les quilteuses lectrices du Patch d’Oc. Le Patch d’Oc est le bulletin trimestriel des délégations France Patchwork de l’ouest de l’Occitanie (ex-Midi-Pyrénées). Pendant de longues années, il fut largement écrit et mis en page par Suzanne Sirvent, une amie chaleureuse, sympathique, à la grande culture, qui était aussi correspondante de La Dépêche du Midi dans le sud du département. Je l’ai connue membre de la délégation FP31 avant la mienne et nous entretenions des liens d’amitié et de respect mutuel. Sa ténacité, son courage lui ont fait traverser maints orages de la vie.

Nous pouvons retenir d’elle cette belle photo largement diffusée dans la presse régionale, avec sa jolie veste en patchwork.

Elle est partie d’une manière dramatique. Souhaitons qu’elle repose enfin en paix.

Imagine que ça ira mieux demain…

Parce que la moindre occasion de sourire est à prendre, parce que l’espérance de sortir de la morosité doit rester en nous malgré tout, ce matin je rends hommage à trois chansons populaires !

Ca ira mieux demain, si ça te semble loin,
pourquoi ne pas prendre un bon jour d’avance !

Sur les 600 vœux de Rieko Koga à Figeac, une célèbre citation de John Lennon : Quand j’avais 5 ans, ma mère me disait toujours que le bonheur était la clé de la vie. A l’école, quand on m’a demandé d’écrire ce que je voulais être plus tard, j’ai répondu « heureux ». Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question, je leur ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie.

La mère de John Lennon a su semer la graine de l’originalité en son fils qui, dans ses chansons, nous a transmis à son tour des messages essentiels comme :

Imagine tous les gens vivant leur vie en paix !

Ici le texte de la chanson Imagine avec sa traduction en français.

Ici je reprends le petit article publié le 8 janvier 2014 : 

Imagine

… all the people, living life in peace…

john_lennon_art… que tu habites une de ces maisons, avec tes meilleures copines quilteuses comme voisines…1513277_616122155108030_2125133399_n

(nouveau tableau de Valériane Leblond)

… les discussions sur l’air du temps ou sur le dernier quilt en cours…

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… une petite communauté vivant en paix !

Imagine in NYC

… and the world will live as one !

On finit par une chanson que j’adore fredonner : don’t worry, be happy, ne t’en fais pas, sois heureux ! Chanson a capella (sans autre instrument de musique que la voix humaine…).

Enjoy !

 

 

Voilà, des rayons de Ruche et de Soleil pour la journée !
Katell

 

Frida Kahlo, icône féminine

¡Viva la Vida!

Connaissez-vous Frida Kahlo ? Sans doute savez-vous qu’elle fut une peintre mexicaine à l’oeuvre marquée par ses autoportraits. Cet exercice, se peindre, existe depuis la Renaissance (avec la disponibilité de miroirs). L’artiste est-il désespérément amoureux de son reflet, comme Narcisse ?  C’est bien plus souvent un exercice d’introspection. Voici donc une évocation de Frida Kahlo (1907-1954) avec quelques peintures, mais aussi des photos et des extraits de son journal intime ou sa correspondance.

Autoportrait aux papillons, Frida Kahlo.

Je me peins moi-même parce que je suis la personne que je connais le mieux.
Je suis ma propre muse. Je suis la personne que je veux améliorer.
Frida

Frida peignit 55 autoportraits sur 143 tableaux, exprimant la quête de soi, sa lutte contre la souffrance et, bien présente, son identité mexicaine (vêtement, faune, flore, couleurs). 

On peut voir cet autoportrait très coloré, daté de 1938, au Centre Pompidou à Paris.

Je peins des fleurs afin qu’elles ne meurent pas.
Frida

En Europe, hormis les admiratrices inconditionnelles, toujours plus nombreuses, on connaît mal Frida Kahlo, sauf si on a vu le film de sa vie, inoubliable, interprété et produit par Salma Hayek…

Née au Mexique comme Frida, l’actrice Salma Hayek portait en elle le projet de ce film depuis longtemps. Il est sorti en 2002. C’est seulement lors de l’explosion de #MeToo en 2017 que Salma osa dévoiler les turpitudes de Harvey Weinstein à son égard : il tenta notamment de faire planter le film parce qu’elle refusa ses avances…

Admiratrice de Frida et amoureuse du Mexique, mon amie Suzy Bignau m’a prêté le DVD il y a quelque temps déjà, j’ai alors compris pourquoi on pouvait tant s’intéresser à Frida Kahlo. A mon tour, je me suis mise à l’aimer, cette femme belle, intelligente, passionnée.

Photo credit: Nickolas Muray

 

Expression de ses souffrances

Dans le film, il est clairement montré que son art l’aidait à supporter ses souffrances. Elle peignait pour exprimer la violence de ses émotions, ses sensations, d’où de trop nombreux tableaux difficiles à supporter… Pauvre Frida, au corps martyrisé. Elle eut une vie de douleurs, à la suite d’une poliomyélite à l’âge de 6 ans, puis d’un accident de bus à 18 ans, dont elle gardera les graves séquelles à vie.

Je ne peins jamais mes rêves ou mes cauchemars. Je peins ma propre réalité.
Frida

La colonne brisée, 1944, 40 x 35 cm. Frida représente sa colonne vertébrale par une colonne grecque, sectionnée en 6 endroits. Les 56 clous symbolisent l’infinie douleur qu’elle endure, conséquence d’un accident à ses 18 ans (elle fut très gravement blessée lors d’une collision entre un bus et un tramway, à Mexico).

 Je ne suis pas malade. Je suis brisée.
Mais je me sens heureuse de continuer à vivre,
tant qu’il me sera possible de peindre.
Frida

Frida-Kahlo-Henry-Ford-Hospital-1932
L’hôpital Henry Ford, 1932, 32 x 40 cm. Frida sait, sur son lit d’hôpital, qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfant. Lors de l’accident, elle fut littéralement transpercée par une tige métallique, de l’abdomen au vagin. Un tableau qui rappelle Dali, même si elle affirme ne pas aimer le surréalisme.

Je ne saurais dire si mes tableaux sont surréalistes ou pas, mais je sais qu’ils sont la plus franche expression de moi-même, sans jamais tenir compte des jugements et des préjugés de quiconque.
Frida

Sans espoir, 1945, 28 x 36 cm. Frida était devenue si maigre qu’on la forçait à manger.

J’ai essayé de noyer mes peines, mais elles ont appris à nager les bougres.
Frida

Son histoire est résumée sur ce blog par exemple, mais je vous encourage à voir le film Frida, tourné dans sa maison, la Casa Azul, devenue musée.

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Une icône de la mode 

Frida ne s’habillait que très rarement à l’occidentale.

En visite à New-York, 1933 © Lucienne Bloch
Rare portrait de Frida vêtue en femme occidentale du XXe siècle, photo de Gisèle Freund en 1951.
Toute jeune, elle a déjà le goût de la tenue des femmes mexicaines de la campagne. Quel chic ! Elle adopte les robes longues pour cacher son pied déformé par la polio et la différence de longueur de ses jambes. Photo Imogen Cunningham, 1931.
Sa mère Matilda était descendante de généraux espagnols par sa mère et d’un photographe indien de Morelia (Mexique) par son père ; son père Karl Wilhem (devenu Guillermo) Kahlo était d’origine allemande.

A la fois pour rendre hommage à la culture mexicaine et pour masquer par de l’ampleur, des plis, des couleurs, son corps martyrisé, Frida a développé une garde-robe unique.

Sa maison natale, où elle a vécu presque toute sa vie, est devenu le musée Frida Kahlo. On peut y admirer quelques unes de ses tenues « indiennes ».

Les tenues traditionnelles Tehuana lui permettaient d’affirmer son héritage. La région de Tehuantepec a, en outre, la particularité d’être matriarcale, les femmes y sont à la fois féminines et puissantes. En s’habillant de leur manière,  Frida fait avec son corps, exprime sa différence et rend hommage à la mexicanité, son identité culturelle. Et partout en Amérique centrale, on porte encore des huilpils, ces hauts à forme très simple, auxquels elle donne des lettres de noblesse. Les broderies, les couleurs, les dessins, concentrés sur la partie supérieure, invitent les personnes à ne pas regarder le bas de son corps déformé.

Photos de Nickolas Muray (de gauche à droite : 1946, 1939, 1939)
La styliste Alice&Co a conçu deux patrons de huilpil pour se mettre à la mode Frida, l’un à encolure ronde, l’autre à encolure carrée : patrons à charger dans les liens de cet article.
1939_Nickolas-Muray_Frida
Photo de 1939, par Nickolas Muray, un de ses fidèles amis.

On la voit presque toujours avec des ongles manucurés, des bijoux volumineux ethniques, et souvent, comme ci-dessus, un élégant châle savamment noué : encore un héritage mexicain, le fameux rebozo. Elle continue d’inspirer les femmes, ainsi que les couturiers comme Jean-Paul Gaultier (ses corsets…).

On admire la richesse de sa garde-robe, ses bijoux, ses coiffures… Ici un large ruban est tressé avec ses cheveux. « L’art de Frida Kahlo de Rivera est un ruban autour d’une bombe », a dit André Breton. Photo Nickolas Muray en 1939.
Et, la plupart du temps, des fleurs fraîches piquées dans sa coiffure…

 

Engagement politique et liberté assumée

Généreux et utopistes, Frida et son mari Diego Rivera voulaient changer le monde ! A l’époque, le marxisme semblait être la solution contre le monde belliqueux en place qui broyait les pauvres. Pour Frida, c’était avant tout pour faire avancer la condition des femmes dans un monde machiste. Épisode rocambolesque, le couple abrita Léon Trotski et sa femme, chassés de l’URSS par Staline,  pendant deux ans dans la Casa Azul, de 1937 à 1939. Léon Trotski sera assassiné l’année suivante, dans le même quartier où il continuait d’habiter après avoir été viré par Diego.

Frida Kahlo_Entre las cortinas_para Trotski
Ce tableau, plus grand que la plupart des autres peintures de Frida (87 cm x 70 cm) s’appelle Entre les rideaux, pour Léon Trotsky (1937). Elle s’est faite bien jolie, maquillée, confiante et séductrice. La mise en scène, entre deux rideaux blancs, rappelle les retables mexicains en triptyque. La lettre qu’elle tient dans la main est la dédicace : Pour Leon Trotski, avec toute mon affection, je dédie cette peinture le 07 novembre 1937 – Frida Kahlo à San Angel, Mexico. C’est elle qui se lassera du grand homme et lui, amoureux comme un adolescent, lui écrivit qu’elle fut « sa seule et authentique Révolution… »
Son mari Diego Rivera, peintre célèbre plus âgé qu’elle, fut l’homme de sa vie, même s’il commença rapidement à la tromper… Elle ne fut pas de reste, elle eut de nombreux amants et quelques amantes. Les invités témoignaient des disputes épiques, des assiettes qui volaient… 

Amour de la vie :
Frida
s’entourait de plantes et d’animaux,
Frida aimait la vie, même si elle lui en faisait baver… 

Il y en a qui naissent avec une étoile qui brille haut et d’autres comme des étoiles tombées par terre, écrasées, pleines de coups, et même si vous ne le croyez pas, je fais partie de celles qui sont bien tombées par terre.
Frida

Frida avec son singe Fulang Chang,1944, Mexico City,  © Bettmann/CORBIS
Frida et son faon en 1940, photo Nickolas Muray
Frida avec ses chiens, photo Gisèle Freund
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Frida nourrissant ses canards dans son jardin de la Casa Azul, photo de Gisèle Freund – 1948

Bien trop souvent allongée sur un lit de douleurs, elle s’imagine oiseau, une image qui vient de loin (à son mariage, sa mère dit c’est le mariage d’une colombe et d’un éléphant) et proclame son amour de la vie, malgré tout, après l’amputation de sa jambe droite :

 Des pieds, pourquoi en voudrais-je, si j’ai des ailes pour voler ?
Frida

 Et :

Est-ce que les verbes peuvent s’inventer?
Je veux t’en dire un : je te ciel, et ainsi mes ailes s’étirent, énormes, pour t’aimer sans limites.
Frida 

N’est-ce pas follement fort et touchant ?

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Héritage

Frida est partout en Amérique centrale, c’est une héroïne, une inspiratrice. Les excès mercantiles font même parfois mal au cœur… Mais bien plus noblement, elle continue d’inspirer les femmes d’aujourd’hui.

Une artiste textile française, Anne Gailhbaud alias ArtisAnne, lui a rendu maintes fois hommage, ressentant intimement dans ses fibres la sensibilité de Frida. Anne a lu TOUT au sujet de Frida et j’apprécie l’influence de sa muse mexicaine.

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Deux broches faites pour des amies par ArtisAnne. Lisez ses articles sur Frida Kahlo !

Mon prochain article sera consacré à un quilt sur Frida… pas de moi ! Vous aurez la surprise…

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Nos cœurs battent en souvenir de Frida.

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Elle avait la rage de vivre.

Les nuages ne durent qu’un moment et le soleil toute la vie.
Frida

Son dernier tableau, en 1954, n’est pas un autoportrait, mais une ode aux couleurs et aux choses simples de la vie :

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¡Viva la Vida!

Merci Barbara !

Barbara Brackman est citée bien des fois dans BeeBook, j’ai tant appris d’elle !
Barbara, your BeeBook has just been sent, please be patient!

En février 2015, je vous racontais pourquoi j’aimais Barbara Brackman, et j’avouais en fin d’article ne pas avoir terminé un Quilt Along commencé en 2012, QAL proposé sur le thème des Droits des Femmes (Grandmother’s Choice).

Bee Kristine l’avait fait en même temps que moi… mais l’avait vite fini, elle  !!!

Sa belle étiquette est entourée de lisières de tissus qu’elle avait achetés en Pennsylvanie, exprès pour ce sampler.

Près de 400 personnes étaient inscrites sur notre groupe Flickr, la plupart l’ont sans doute terminé. C’était une bouffée de joie à chaque découverte de blocs faits par les copines ! Voici quelques quilts Grandmother’s Choice finis qui sortent du rendu traditionnel avec des tissus repros :

Cheryl de Caroline du Nord a excellé à la fois dans le montage et le quilting machine !

Kathie d’Australie a monté les blocs bleus autour d’un médaillon

Grandmother’s Choice Sampler de Georgann Eglinski, 36 blocs sélectionnés, quilt fait pour une vente aux enchères en faveur des femmes malades. Intemporelle combinaison de couleurs…

Pendant une année, Barbara nous avait fourni de nombreux documents sur les actions des suffragettes et autres féministes, tout en nous donnant un bloc par semaine à faire. J’ai adoré lire ses articles mais je n’ai pas tenu le rythme de la confection des blocs, dommage… En revanche, j’aimais trop mes blocs déjà faits pour les laisser inutilisés !

La préparation de mon livre a été l’étincelle pour me faire terminer le quilt. Non, je n’ai pas fait les blocs manquants, j’ai biaisé le problème en complétant le top par des broderies afghanes achetées sur un stand de l’association Guldusi, créée par Pascale Goldenberg. Les couleurs allaient bien ensemble… et le thème de l’entraide de femme à femme reste central.

Le coton de fond des broderies était d’un joli vert, mais je n’en ai rien gardé. Aucune broderie n’a exactement le même encadrement pour arriver à la bonne dimension des blocs (20 cm).

Du coton blanc de chez le grand Suédois (3 € le mètre…) m’a servi de tissu de fond. J’ai tâtonné pour assembler l’ensemble à vrai dire, par exemple j’ai fait les lettres piécées pour écrire La Cause des Femmes (méthode de Tonya Ricucci) en me demandant si cela atterrirait devant ou au dos du quilt. Finalement, j’aimais bien le top comme ceci :

J’avais commencé à monter les blocs dans l’ordre du QAL… J’ai défait partiellement pour mieux les répartir. Ce sampler comporte des tissus de diverses provenances : des + ou – japonais, certains authentiques offerts par mon amie Marie-Claude Tsuruya, des tissus de Dear Stella, d’Amy Butler, quelques « repros », des tissus recyclés de chemises et robes etc. S’ajoutent quelques tissus de Neelam autour des broderies afghanes. Globalement, je recherchais des tissus esthétiquement d’ailleurs avec une gamme de couleurs bien particulière.

Restait le quilting… Que faire ? Je souhaitais ardemment mettre ce quilt en illustration de mon livre ! J’ai failli faire appel à une professionnelle de la long-arm, car nous étions en février et j’avais bien d’autres choses à faire pour BeeBook… J’aurais aimé passer des heures dessus, quiltant au coton perlé, mais j’avais de nombreux autres en-cours urgents et c’était donc hors de question.

Finalement j’ai opté pour l’expérimentation : faire  moi-même un quilting, en essayant une spirale à la machine à coudre, sujet que je pourrais mettre dans le livre en cas de pages à remplir au dernier moment. Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas les explications dans BeeBook, mais ici même la semaine prochaine !

Notre-Dame, des ouvrages d’Abeilles

Il n’est pas trop tard si vous désirez faire un geste pour la reconstruction de Notre-Dame avec France Patchwork. Nul besoin d’être adhérent, il vous est proposé de faire un ouvrage de 30 x 30 cm (recommandé) représentant Notre-Dame pour vous, cela peut figurer un détail, une ambiance…

J’ai déjà vu de superbes réalisations sur Facebook et Instagram ; comme ce n’est pas un concours, il n’y a aucune raison de ne pas les montrer… et cela peut motiver quelques participations de dernière minute ! Alors voici les contributions de trois Abeilles.

Bee Valerie, notre chère amie anglaise, a été tout autant touchée que nous par cette destruction partielle d’un de nos monuments emblématiques, c’est notre patrimoine européen… Voici son quilt :

Photo pour les Abeilles, juste avant l’envoi à FP. Je l’avais vu avant le quilting et je l’aime beaucoup : on a bien la sensation de l’architecture intemporellement belle. Son travail est, comme toujours, parfait. I love your quilt Val!

Bee Kristine a, elle, utilisé la technique du Pine cone pour figurer une rosace de vitraux, ce que je trouve très pertinent :

Une très fine broderie sur un fil marque le centre.

Kristine na pas manqué d’ajouter une étiquette brodée !

Quant à moi, les tissus unis étalés sur ma table m’ont donné envie de faire ceci, toujours sur le thème de la lumière et des vitraux, même si le lien avec Notre-Dame n’est pas évident.

Blocs de 3 x 4 cm avec une fenêtre bleu foncé, quilting main simple dans les fenêtres. Si j’avais voulu la régularité, j’aurais fait un assemblage sur papier, mais le mouvement me semble plus intéressant… Question de goût !

J’avais relayé les conditions de participation par ici, vous y retrouvez l’adresse d’envoi à France Patchwork (délai : le 30 juin).

 

Ella-Diva

Avant de faire une petite pause, vous savez, la digital-détox qu’on nous conseille de faire de temps à autre😉, je vous emmène dans le monde de la musique afro-américaine et de la Récup’Art à Saint-Gaudens (31). Fin mai, depuis 17 ans, s’y trouve le Festival Jazz en Comminges et parallèlement une exposition où mon amie Hélène Vispé participe toujours. Chaque année, un thème est donné, lié au jazz, avec l’obligation de faire une oeuvre artistique avec une partie de matériaux récupérés.

Vous trouverez ici l’alléchante programmation.

L’exposition a ouvert ses portes en début de semaine, et jusqu’au 2 juin, sur le thème des Divas du Jazz. Pour Hélène, Ella Fitzgerald s’est immédiatement imposée.

Ah Ella… J’ai eu l’immense privilège de l’approcher, de m’occuper un peu d’elle, en juillet 1982. Je travaillais en boulot d’été à la réception du Sofitel Océania de Brest, et c’était dans cet hôtel que descendaient plus de la moitié des stars invitées au Festival de Jazz de Brest. Comme c’était moi qui parlais le moins mal anglais, je m’occupais des anglophones… Ella fut celle qui me marqua le plus. Quelle gentillesse… Elle ne voulait pas gêner, avait toujours un petit mot gentil à la bouche. Cette dame fortement handicapée par la maladie (diabète) se déplaçait avec difficulté. Quelle ne fut pas ma surprise, au concert qu’elle donna le 15 juillet 1982 à Brest, de la voir, transcendée par son art & la musique, sautillant sur scène ! Sa voix était toujours aussi pure et magique.

Le monde du jazz a plusieurs divas, mais je suis heureuse qu’Hélène ait choisi Ella ! Voici son quilt :

Ella-Diva, par Hélène Vispé

Esquisse pure et minimaliste d’Ella, avec comme il se doit des matériaux de récup’ : un drap de lin (aïe que ça froisse !), des rubans, des faux-cils et, idée de notre amie Kristine, de la laine noire détricotée pour la chevelure !

Dernière touche de quilting…

Et toujours, une très belle étiquette ! Notez qu’Hélène appose toujours son n° d’adhérente France Patchwork !

Vous pouvez retrouver Hélène sur Instagram : @helenevispe et les autres articles qui lui sont consacrés sur la Ruche par ici !
C’est sur cette touche mêlant patch et jazz, tous deux propices à l’expression personnelle, à la création, à l’improvisation, que je vous dis à très bientôt !
Katell 

Gwen Marston

Gwen Marston nous a quittés il y a quelques heures, à son domicile de Beaver Island, une île du Michigan Lake. 

Gwen Marston en 2011 (photo de Kathy)

Dans les blogs de quilteuses américaines se trouvent d’innombrables photos de cette dame à l’élégance naturelle et un humour vif qu’on devine dans cette mosaïque de photos :

C’était en 2016, sa dernière année professionnelle, à Sisters en Oregon. Gwen donne de sa personne pour expliquer une technique ! Photo de ce blog.

Gwen eut des milliers de stagiaires, et heureusement pour les autres, écrivit une trentaine de livres. Ses premiers sont très proches de l’art amish, avec des gabarits en carton. Puis dans les années 1990, elle voulut trouver l’essence des blocs, les simplifier, utiliser le cutter rotatif, puis libérer les quilteuses des « il faut » et « il ne faut pas »…

Gwen utilisait surtout les unis et quiltait de préférence à la main, un lien maintenu avec la tradition amish qu’elle admirait. Photo de Kristin Shields

En septembre dernier, LeeAnn m’a longuement parlé de la santé de Gwen qui faiblissait. Nous espérions pourtant qu’elle puisse profiter encore quelques années de sa retraite prise à… 80 ans.

Je l’avais invitée chez moi pour un stage informel en France en 2018, mais sa santé ne le permettait plus. Un exemplaire de BeeBook lui était réservé, elle m’a un jour appelée sa représentante officielle en France… J’essaierai toujours d’en rester digne.

Gwen chez elle tout sourire, lors d’une visite de Sujata Shah à Beaver Island.

Gwen Marston a montré la voie d’un patchwork contemporain, très joyeux, qui chante à mes yeux. Comme toutes les Gwennie Girls, j’ai perdu mon mentor et je pleure.

Photo Carol Vandenberg

 

 

Notre-Dame de Paris, un projet de participation

Une première proposition  structurée de participation à la reconstruction de Notre-Dame est proposée dans le monde du patchwork, il y en aura peut-être d’autres. Celle-ci est organisée par l’association France Patchwork, forte de ses nombreux adhérents et la réputation de savoir motiver grâce à son réseau de délégations et de bonnes volontés. C’est bien entendu l’opportunité d’utiliser notre art pour une cause qui nous touche pour la plupart, puis avoir un sentiment de communauté et de fierté quand tous les chèques seront remis ensemble à la Fondation du Patrimoine. Vous trouverez ci-dessous le communiqué de Catherine Bonte, Présidente de France Patchwork.

Notre-Dame

Voici le projet national que nous vous proposons : réalisation d’un mini quilt sur le thème de Notre-Dame sous forme d’un carré de 30 x 30 cm fini, en 3 épaisseurs.

Date limite d’envoi : le 30 juin 2019

Adresse : France Patchwork – BP 10 – 27310 Saint Ouen de Thouberville

Le mini quilt sera accompagné d’un chèque de 10 euros ou plus libellé à l’ordre de : Fondation du Patrimoine – Sauvons Notre Dame.
Ce don bénéficie d’une réduction fiscale de 60%.

Dans un second temps, tous les quilts reçus seront mis en vente lors d’une manifestation. Le profit intégral de cette vente sera reversé à la Fondation du Patrimoine – Sauvons Notre Dame.

Merci à tous et toutes pour votre participation.

L’image contient peut-être : ciel, nuage et plein air.

Pour le suivi de ce projet, pour vos questions, le parfait endroit est le forum France Patchwork sur Facebook.

Merci de partager cette information autour de vous, dans vos clubs, à celles qui ne vont pas sur internet. Ensuite, chaque personne décidera de la suite à donner à ce projet. 

vitrail.jpg
J’avais abandonné ce projet il y a pfff… 15 ans ? Ce début de vitrail (cathedral window) fait justement 30 cm de côté, il manque une rangée et le remplissage ! Je ne suis pas sûre de choisir cet ouvrage, éloigné de mon style actuel et peu évocateur de Notre-Dame, mais après tout pourquoi pas en 2e ouvrage à offrir ?

Manquez-vous d’idées ? Cet article de la délégation FP 40 au retour de Sainte-Marie-aux-Mines 2015 montre une exposition de quilts sur les vitraux.

Je me permets aussi de partager cette photo pour montrer ce superbe quilt de Françoise Tabone, modèle expliqué dans la revue Les Nouvelles n° 130 :

Un vitrail en pays de Caux, Françoise Tabone.

Pour terminer, une photo de Giroflée Michelle postée sur Facebook hier :

Giroflée Michelle

Il n’y a pas que les vitraux qui inspirent… C’était juste une mise en bouche !

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Notre-Dame de Paris, vos expressions

Vos commentaires d’hier témoignent de l’émoi général après l’incendie de Notre-Dame. Hier j’ai été émue aussi par la quantité de messages personnels reçus, comme si le chagrin était si fort qu’il ne supportait pas le commentaire public. Merci à chacune.

Nadine Levé a su exprimer dès le matin, avec le talent qu’on lui connaît, une scène de Notre-Dame colonisée par les flammes :

Allez voir les étapes de cette page textile sur son blog : http://lejournaltextile.org/le-grand-incendie/

Quant à Anne Bellas de Pont-Labbé, elle avait déjà fait SA Notre-Dame :

C’est désormais une cause mondiale, les dons affluent en même temps que les bonnes volontés. Les querelles vaines, l’ambiance morose et les bassesses ordinaires s’estompent un temps comme par magie pour faire place au sauvetage de notre patrimoine. On a au moins gagné ça. Nous pleurons sur bien plus que sur des pierres, nous pleurons sur des symboles et le souvenir des émotions que chacun a sans doute éprouvé, croyant ou pas, dans des lieux de culte, de la plus petite chapelle à ces miracles en dentelle de pierre. Il faudra cependant réfléchir à sa forme de rénovation : avec ou sans la flèche ajoutée au XIXe siècle ? Faut-il plutôt refaire un clocher comme celui du Moyen-Âge ?  Et déjà un certain malaise sourd des dons incroyables récoltés en 24 h. Ainsi va la vie.

Enluminure de Jean Fouquet (XVe siècle)

Notre-Dame de Paris de Victor Hugo est passé hier 1er des ventes sur Amazon. Je ne suis pas la seule à vouloir lire, relire pour d’autres, ce texte probablement magnifique.

Certains romanciers ont la grâce de s’approcher au plus près de la réalité qu’ils n’ont pas connue. Voici une petite sélection de livres sur le sujet, en plus de ceux évoqués hier. Vous en connaissez sans doute d’autres encore…

Un roman sur un maître verrier du Moyen-Âge :

Sur l’abbaye de Saint-Denis au nord de Paris transformée en cathédrale gothique :

Amour de la cathédrale de Reims, sa destruction en 1914 et sa reconstruction en 20 ans, remarquable histoire :

Enfin, la construction de Notre-Dame par Michel Peyramaure, le chantre du roman historique, 97 ans aujourd’hui :

Ces lectures nourrissent nos connaissances et notre imaginaire.
Plusieurs quilteuses veulent organiser en France des expositions, des méga-quilts, des ventes aux enchères… Quand toutes ces bonnes volontés auront concrétisé leurs offres, je vous en ferai part.