Une veste en patchwork !

Faire une veste en patchwork n’est certes pas nouveau, c’est sans doute même vieux comme le monde, dans un temps où on rafistolait, raccommodait, rapetassait tous les vêtements pour les faire durer…

En 2020, j’avais vu la tendance des vestes en patchwork monter, monter… C’était alors surtout le recyclage malin d’anciens quilts, comme je vous le présentais ici. Les couturières vendant des vestes toutes faites ont inondé Instagram avec une production soutenue. Depuis, de nombreuses quilteuses ont créé leur propre veste, de plus en plus chics, et je me disais bien que je m’en ferai une, un jour…

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Des piles de vêtements

Qui n’aime pas voir de belles piles de linge ancien ?

Photo Au fil des marquoirs

Ou un rangement à la Marie Kondo ?

Cette méthode de rangement en 10 points chez Younma Tarazi.

Chez nous, chez nos enfants ou petits-enfants, on a parfois peur devant les piles de linge… A-t-on vraiment besoin de tout ça ? Évitons désormais les vêtements faussement bon marché, ceux qui ne durent que 3 lavages, ceux qui consomment eau et énergie pour un résultat non durable et font travailler hommes, femmes et enfants dans un environnement inacceptable…
Tout simplement évitons autant que possible la surconsommation textile qui se traduit par ceci :

Tant pis si on nous voit et revoit avec le même tee-shirt ou chemisier ! Bien choisi, il est joli et utile pour des années…

Un des avantages de la qualité, il peut nourrir le marché seconde-main, appelé à se développer !

J’ai entamé cet article non pas pour faire la morale, mais parce que je viens de découvrir un homme qui utilise des tonnes – littéralement – de vêtements pour en faire des œuvres d’art monumentales. Comme quoi il y a toujours des solutions originales.

C’est le p’tit bonheur du jour !

Dans une vitrine à Chicago en 2011, pour une exposition NO WASTE (ZÉRO DÉCHET), oeuvre de Derick Melander.

+ de 2 tonnes de vêtements de récupération convertis en grande vague arc-en-ciel. Le sol de la galerie a dû être renforcé avant l’installation !

 

Wilderness, Derick Melander, 2012 – Plus de 100 vêtements pliés à 30 cm de large et roulés sur une hauteur de 90 cm.

 

Ceaselessly Broken and Reconstituted , Derick Melander, 2017. Jeu de couleurs en cube avec une structure en bois. 845 kg, cube de 210 cm et 180 cm de large et profondeur.

 

Ceaselessly Broken and Reconstituted, détail de la transition de couleurs intenses vers des gris-noirs.

Le cube Ceaselessly Broken and Reconstituted  a été réalisé en France (Saint-Denis) avec une petite équipe, pour l’expo 2017 au Carreau de Temple.

Mon préféré sans doute, le ciel de nuit à New-York, la ville qui ne dort jamais, où ne brillent que les plus brillantes étoiles :

Night Sky, Derick Melander, 2016.

Night Sky, Derick Melander : 122 cm de haut, 96 cm de large, 15 cm de profondeur. Environ 90 kg.

Détail des vêtements pliés, les bleus sont majoritairement des blue jeans… Il y en a assez dans le monde pour tous les artistes, n’est-ce pas Ian Berry ? 🙂

Retrouvez les œuvres de Derick Melander sur son site. Ne manquez pas les vidéos montrant le processus de son travail et son explication de la philosophie de ses œuvres.

BeeBook, un livre pour les quilteuses curieuses d’évoluer vers plus de créativité :
souscription ici jusqu’au 15 mai !

Parapluie

Ces jours-ci, le parapluie est de rigueur un peu partout en France. Ne vous en plaignez pas trop, la Nature a besoin d’eau ! Je ne me lasse pas de la gaieté de Gene Kelly dans Singing in the Rain : 4 mn 35 de plaisir vintage !

Ce film est sorti en 1952.

Autres parapluies, ceux de Cherbourg évidemment, une des comédies musicales françaises délicieusement désuètes :

Enfin une comédie musicale française!, s’est-on dit à la sortie du film en 1964. Ce film gagna la Palme d’Or de Cannes cette année-là.

La première référence écrite à un parapluie date du 1er siècle, en Chine. Chez nous, c’est au 15e siècle que cette protection contre les intempéries commence à être utilisée.

Elégance à la française dans les rues de Paris, peint par Gustave Caillebotte en 1877. Ce tableau est à Chicago.

Les Anglais (experts en matière de pluie) les ont même utilisés comme outil de guerre ! Non pas en tant qu’armes, mais en protection de la poudre qui resta sèche lors de la bataille de Toulouse le 10 avril 1814 (les Anglais contre l’armée napoléonienne en déroute, après l’effroyable guerre d’Espagne). Les Anglais avaient réquisitionné les grands parapluies des bergers des Pyrénées !

Mais ce qui nous intéresse le plus, ce sont les parapluies vus dans les quilts, n’est-ce pas ? Alors en voici quelques-uns :

Dans les années 1930, le bloc de l’Umbrella (=parapluie) était très populaire ! Celui-ci est de la collection de Stella Rubin.

Dancing Umbrella Quilt d’Edyta Sitar est plus récent mais dans le même esprit.

Ce charmant panneau vient du Quiltmania n° 28 et cette photo de ce blog. Il y en a d’innombrables versions, signe du succès !

Terry Aske fit une série de mini-quilts sur le thème du parapluie, en voici deux.

Terry Aske

Shasha Shaikh est une artiste d’origine indienne qui vit à Paris. Elle fait elle-même ses batiks au procion. Ce beau tableau mesure 49 x 53 cm.

Impressionnant travail textile de Danny Amazonas, que j’avais évoqué par ici à la suite de l’article d’Emma qui me l’avait fait découvrir ! Détail du quilt ci-dessous.

Rain II, Danny Amazonas

Ce magnifique bloc n’est qu’une toute petite partie d’un sampler d’esprit japonais fait par Julie, Australie.

Nous pourrions continuer ainsi longtemps, tant le sujet est riche dans le monde entier ! Cependant, Hawthorne Threads a appelé sa nouvelle gamme de tissus Parapluie (en français, s’il vous plaît !) pour évoquer notre belle capitale, au son de l’accordéon, des macarons à faire saliver les moins gourmandes et un air du temps qu’on peut encore savourer parfois…

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En suivant ce lien, vous verrez en 1mn30 de bien jolis tissus et une mise en scène toute charmante ! 

Alors, malgré la pluie, belle journée à vous !

Bientôt à la recherche des œufs de Pâques !

Dans deux semaines, c’est Pâques. Je n’ai plus de tout petits enfants allant chercher avec fébrilité les friandises laissées par le Lapin de Pâques (nous avons gardé la tradition allemande chez nous). Mais comme mon fils de 19 ans ne lit pas ce blog, je peux vous confier qu’on continue quand même la tradition… mais cela reste entre nous, chut !!
Un panier en osier fait l’affaire pour aller chercher ses chocolats et menus cadeaux dans le jardin, le matin de Pâques.
Un éclair d’enfance qui luit encore !

Je voudrais partager avec vous un adorable modèle de panier pour aller chercher les œufs en chocolat, pour que la fête soit plus belle pour les enfants :

N’est-ce pas adorable ?

Les tissus sont de la gamme exclusive Cottontail de Hawthorne Threads, vous ne les trouverez nulle part ailleurs. Le tissu est imprimé à la demande, je vous avais déjà parlé de cette forme d’impression par ici (2 articles). Vous avez tout juste le temps de commander ce tissu aux jolis lapins (délai de livraison : une semaine maxi) et de faire cette décoration utile !

Si vous souhaitez faire cette corbeille avec vos propres tissus, le tuto gratuit est chez Somewhat Simple, à arranger à votre guise. Bons préparatifs !

Trois quilteurs émérites

Avez-vous remarqué que, depuis quelque temps, je parle souvent de quilteurs au lieu de quilteuses afin d’inclure les hommes ? Ils restent minoritaires, mais ceux qui ont la même passion que nous suscitent notre entière admiration car ils sont hyper-doués ! En voici trois, des amis quilteurs français de styles différents, mais chacun excelle dans son domaine.

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J’ai déjà parlé de Michel de la région bordelaise, Mimi du Tac.

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Photo Carrément Crazy !

Je ne suis pas la seule à le connaître, ce bel homme jovial aux gilets-maison qui arpente les expositions et les salons ! C’est un fou du patchwork minutieux, des blocs minuscules, des appliqués Baltimore incroyables… mais ses œuvres sont gigantesques ! A lui le Sampler de Sylvia, le Dear Jane, le sampler de la femme du fermier… Et en ce moment, il coud  le Quilted Diamond de Linda Franz :106463014

Vous pouvez le suivre sur son blog, Le Mimi du Tac. Ne manquez pas ses vidéos sur son compte You Tube présentant les principales expositions de France et de Navarre !

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DSC_0881Plus confidentiel, David du Gers est mon voisin, 15 km à peine nous séparent. Nous avons peu d’occasions pour nous rencontrer cependant mais nous avons, je crois, un respect mutuel et beaucoup de points communs. Le goût des belles rencontres, de la qualité de vie, celle que nous procure notre belle région… Il préfère le patchwork country, les appliqués de Yoko Saito ou Reiko Kato, les points de croix… Tout un univers artisanal et raffiné ! Je crois qu’il trouve beaucoup de bien-être à quilter à la main, tranquillement. Le bonheur est dans le Gers !

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Un des ouvrages de David, tout en nuances, un magnifique top en gris taupe et rouge. C’est un modèle 2013 de l’Atelier Perdu.

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Centre de médaillon en broderie perse, modèle de Di Ford présenté dans Quiltmania, réalisation de David.

Si vous vous demandez pourquoi son blog est en anglais, c’est parce qu’il a beaucoup d’amis anglophones qui le lisent et l’anglais lui vient facilement puisqu’il est prof d’anglais ! Pour ses ouvrages, pour ses photos toujours si bien choisies, pour son univers sensible et raffiné, allez voir son blog : David’s Cottage down the Hill.

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Christophe, c’est le plus jeune du trio. Il ne fait du patchwork que depuis 2 ou 3 ans mais a une longue expérience de la broderie (depuis 2008). Le point de croix est une de ses grandes détentes, mais également le Hardanger et autres finesses… Les spécialistes apprécieront !

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Création Ticoeur, réalisation Christolchuk.

o_c8979d99bcd710df_001Lui aussi s’est lancé tout de go dans un Dear Jane. Mais depuis presque un an il se consacre, parallèlement à d’autres ouvrages, à la création d’un quilt pour le projet régional France Patchwork, Fibre Occitane. Il y a des contraintes de sujet, de couleurs, de dimensions, mais Christophe y a trouvé un espace de liberté insoupçonné. Il est devenu le créateur qui m’étonne et me fait rire !

Parmi tous les thèmes possibles dans le Patrimoine régional, Christophe a choisi le Museum d’Histoire Naturelle, situé près du Grand-Rond à Toulouse. Après dix années de fermeture, les Toulousains ont à présent un magnifique espace dédié à la découverte de notre monde, présenté d’une manière fondamentalement nouvelle.
Christophe a mis en avant tout ce qui singularise ce lieu, en broderie et en patchwork. A chaque rencontre dans notre club, c’étaient des cris d’admiration devant les broderies… et quelques fous rires quand nous tentions de trouver la signification de certains blocs !

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Il est beau notre Museum, alliant tradition et modernité, rigueur et fantaisie !

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De la fantaisie, je vous dis !

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Préparation des blocs de broderie, qui seront mis en alternance avec des blocs de patchwork (vous pouvez cliquer-gauche sur la photo pour voir de plus près).

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La partie la plus ardue est le patchwork pour Christophe. Tous les blocs sont créés, montrant la diversité des merveilles de la Terre : des cristaux de minéraux, des palmiers, des volcans en éruption, et quelques dessins mystérieux dont vous connaîtrez la signification en venant à une de nos expositions !

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Le top est en cours de montage, les bordures encore à inventer… Le quilting sera intensif ces prochains mois pour qu’il puisse être exposé en 2016 !

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Simply Moderne 2 : encore mieux !

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Simply Moderne n° 1 a connu un immense succès avec le quilt de Rachaeldaisy en couverture, et tant d’autres découvertes à l’intérieur qui dépoussièrent l’offre francophone ! Il a été également très remarqué en version anglaise, preuve de son originalité et de sa qualité, la French Touch chère à Carol Veillon !

On dit que pour un écrivain, le livre le plus dur à écrire est le deuxième. Après avoir « tout donné » dans sa première oeuvre, après avoir peut-être rencontré le succès, la consécration, parfois même des récompenses, nombre d’artisans de la plume se perdent dans un désamour parfois injuste…

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Devenue ambassadrice de Simply Moderne comme une poignée de blogueuses françaises, j’attendais avec un peu d’anxiété le numéro deux de ce nouveau magazine. Allait-il entrer au cœur des nouveaux styles qui me font encore plus aimer le patchwork ? 

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Cette couverture, dévoilée il y a quelques semaines, m’enthousiasmait déjà. La nouveauté est au coin du bois ! Et puis le grand jour est arrivé, j’ai pu le feuilleter mardi dernier. Le lire. L’apprécier, vraiment. M’énerver un peu car plusieurs brouillons d’articles ébauchés pour ce blog sont déjà là, en évidence dans Simply Moderne… Je voulais par exemple vous faire connaître le nouveau mouvement « slow stitching » très prochainement :

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Simply Moderne m’a coiffée sur le poteau, l’évoquant tout au long de ce numéro ! Il s’agit d’une autre manière d’aborder le patchwork et la création pour retrouver la sérénité d’une activité qui nous reconnecte avec le contact avec les matières premières, le sens du temps passé sans se stresser, à reproduire avec conscience des gestes faits depuis des générations… tout en faisant éventuellement un quilt moderne à la machine, ce n’est pas forcément contradictoire ! Les quilteuses traditionnelles vont gentiment se moquer de ce mouvement, car ELLES n’ont pas perdu ce lien avec le passé et le goût de la méditation sur le travail qui se fait… avec le temps qu’il faudra !

J’en suis adepte depuis longtemps sans le savoir, à ma manière ; à côté de l’envie à la fois de ne pas perdre de temps inutilement, je sens intimement la joie de caresser les tissus avant de les couper, de les assembler pour leur donner une autre vie. Avec le patchwork modernisé, je me permets de faire parler ma part d’enfance en ne me souciant pas de l’exactitude (et c’est difficile pour une Capricorne !) et surtout je conserve le luxe de ne faire que ce que j’ai envie dans la création ! Plus littéralement aussi, je profite du temps que prend une broderie à la main, un appliqué traditionnel ou un quilting à la main, parfois… Oui je me sens membre de ce mouvement !

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La plupart des artistes évoquées dans Simply Moderne ont des blogs qui font partie de mes lectures quotidiennes, je reconnais donc beaucoup de quilts, d’ambiances : je suis très heureuse de voir tout cela réuni dans un seul magazine, et si bien présenté !

Simply Moderne nous souhaite :

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Simply Moderne 2 sera en vente en kiosque à partir du 19 septembre (samedi) et j’aurai l’occasion de traiter bientôt d’autres aspects de ce magazine !

S comme Sonia Delaunay ou Simultané

 S  comme  Sonia Delaunay  ou  Simultané

 par Kristine, de la Ruche des Quilteuses

Avec Sonia, nous entrons dans le monde de la couleur ! 

Il est trop tard pour aller à Paris visiter la rétrospective qui vient d’avoir lieu au Musée d’Art Moderne consacrée à Sonia Delaunay. Heureusement il nous reste des livres avec une iconographie abondante, nous offrant les diverses facettes de cette artiste (1885-1979).

Sonia Delaunay

Avec son mari Robert Delaunay, ils forment un duo artistique. A quatre mains, ils excellent dans l’art de la peinture, la mode vestimentaire, le textile, la décoration, les costumes de théâtre… Ils créent ensemble des œuvres qui s’inscrivent dans un mouvement artistique appelé simultanisme ou simultanéïsme, consistant à introduire le principe du contraste simultané de couleurs dans leurs travaux. 

Nous pouvons en retenir que la perception des couleurs change selon son environnement ; c’est le thème de la valeur (clair ou foncé) mais aussi celui des couleurs qui vont bien ensemble ou pas, celles qui se complètent et celles qui se heurtent, et surtout donc le changement de perception de la couleur en fonction de celle d’à côté, car le cerveau cherche sa couleur complémentaire... Ce n’est pas sans rappeler les illusions d’optique parfois inexpliquées ! D’autres renseignements sur la Loi du contraste simultané des couleurs sur ce lien, principe établi par le chimiste français Michel-Eugène Chevreul, dont les études sont très détaillées.

Volontairement, je ne relate ici qu’un petit aperçu du volet textile chez Sonia Delaunay, un des thèmes favoris de la Ruche.

Ses œuvres textiles sont toujours d’actualité et pourrait bien nous inspirer, nous quilteuses ! Ses dessins d’imprimés et de vêtements originaux incitent à créer, à la manière des quilts destructurés et  libérés, des quilts modernes et innovants… On peut s’inspirer de tous ces motifs géométriques pour créer des blocs en vue d’une courtepointe pour l’hiver prochain ! 

En 1911, Sonia Delaunay réalise sa première œuvre abstraite avec du textile. Il s’agit d’une couverture pour son jeune fils Charles, c’est un assemblage de coupons de couleurs vives, réalisé dans la tradition ukrainienne, (pays dont elle est originaire). Elle joue avec les couleurs des tissus comme elle le fait dans sa peinture.

Certains voient la silhouette de la Tour Eiffel, la trouverez-vous ?

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Effet de patchwork « crazy », mais très éloigné du crazy victorien !

 

Puis elle se lance dans une longue connivence avec la mode :

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1913 La robe simultanée de Sonia Delaunay pour le bal Bullier

 

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En 1922, robe simultanée bleu et vert. L’art moderne descend dans la rue !

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En 1923, un manteau de broderie de laine pour l’actrice Gloria Swanson

 Il y a eu les robes-écharpes, les robes-toupies, toute une effervescence géométrique et colorée autour du corps de la femme qui devient oeuvre d’Art Déco en mouvement ! 

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Au coeur du monde artistique parisien, Sonia dessine en 1923 une robe-poème d’après une poésie de Tristan Tzara.

 

En 1928, des costumes pour le Carnaval de Rio !
En 1928, des costumes pour le Carnaval de Rio !

 Dans un article paru dans le Monde daté du 14 octobre 2014, Sophie Chassat nous précise à propos des robes de Sonia Delaunay : 

Ses premières « robes simultanées » étaient pensées sur le modèle du patchwork, de la couture-collage de différents morceaux de tissus colorés. Les critiques les dénigrèrent en les appelant « habits d’Arlequin », oubliant que c’était peut-être justement, à travers ce patchwork en forme d’« habits d’Arlequin », que s’exprimait au plus juste la modernité d’un  monde qui n’avait plus de réelle unité.

Exprimer le monde comme il va, d’une manière unique, voilà bien la preuve qu’avec ses robes simultanées, Sonia Delaunay faisait œuvre d’art.

 

Mon carnet d’échantillons, inspirés des tissus de Sonia Delaunay :

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Ces croquis sont une inspiration à l’infini pour les quilteuses d’aujourd’hui !

Pour notre plus grand bonheur Sonia Delaunay vécut longtemps et dessinait toujours dans les années 1960. Toujours jeune d’esprit, toujours dans l’actualité, elle s’entretint avec Jacques Dutronc en 1968 (vidéo) : prenez quelques minutes pour la visionner et tomber sous le charme de cette dame et du jeune couple Dutronc/Hardy !

La robe créée pour Françoise Hardy, couturier Marc Bohan chez Christian Dior.
La robe créée pour Françoise Hardy, couturier Marc Bohan chez Christian Dior. Nous pouvons voir cette robe dans la vidéo de l’INA en lien ci-dessus.

Un clin d’oeil aux adhérents de France Patchwork de la région Midi-Pyrénées, en pleine année de labeur sur le Patrimoine régional : voici des créations de 1928, un tissu de soie évoquant nos murs de briques et un costume pour le Carnaval de Rio, à adapter en costume de violettes peut-être 😉 ?… 

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Pour sensibiliser les enfants à cet univers ou pour votre propre collection, voici un livre pop-up amusant pour jouer avec les formes, les couleurs et les costumes, intitulé :

madame  SONIA DELAUNAY
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

Gérard Lo Monaco et Adeline Souverain
Ed. Paris Musées

sd15Ce voyage en couleurs se termine ici, êtes-vous prêtes à jouer avec elles à la manière de Sonia Delaunay dans un prochain ouvrage textile ?

 

Bibliographie :

Sonia Delaunay Modes et tissus imprimés – Jacques Damasse Editeur
Sonia Delaunay Les couleurs de l’abstraction – Musée d’Art Moderne de la ville de ParisDossier pédagogique exposition du 17/10/2014-22/02/2015 – Musée d’Art Moderne de la ville de Paris

Sur la toile :

http://mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-sonia-delaunay
http://www.atelierdemma.com/lartiste-du-vendredi-sonia-delaunay/
http://www.tata-georgette.com/2015/01/sonia-delaunay-les-couleurs-de-l-abstraction.html

Des quilts en Inde, des traces d’universalité

Le point avant, le point universel… non seulement pour l’assemblage invisible de deux pièces, couture basique, mais aussi pour la consolidation d’un tissu ou de plusieurs couches de textiles, en matelassage ou quilting, appelez-le comme vous voulez ! Les quilts bosniaques dont on parlait au début des années 2000, le boutis comme le trapunto, le kantha bengalais, le sashiko japonais… Tous ont pour base le point avant, le point qui court, running stitch en anglais, que je trouve si imagé que je le présente ainsi aux enfants ! Point indispensable, rapide, à la fois utile et décoratif.

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Bosna quilt, quilt d’exposition reprenant les codes des quilts utilitaires du pays.

 

Sampler de motifs de sashiko
Sampler de motifs de sashiko

boutis modèle Nicole Astier-fait par Danyl
Extraordinaire boutis, vu en transparence. Je ne sais pas si Danyl l’a fait au point avant, point traditionnel, ou de piqûre, plus solide. Art raffiné à la Française…

On appelle kantha une broderie au point avant, faite à l’origine pour maintenir ensemble des morceaux de tissus de toutes sortes sur plusieurs épaisseurs. On peut penser à une similitude avec les Boros du Japon, dont on a longuement fait état les années précédentes. Cette année à l’Aiguille en Fête, il y avait, parmi de nombreuses autres merveilles d’Orient, des Kanthas récents qui étaient tous à vendre. Ici plusieurs formes de formes de broderies kantha, faites pour l’exportation, sont réalisées sur un grand panneau textile :

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Beau motif de coquilles sur un tissu teint en bandes verticales roses et vertes.

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Tissu uni clair, entièrement décoré de points avant. Certains remplissent les espaces, donnant un effet d’impression du tissu.

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Trois couleurs de fils pour un effet géométrique

Même couleur de fil pour un mélange géométrique et figuratif qui doit être très amusant à inventer au fur et à mesure :

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IMG_7044Les kanthas peuvent aussi être ainsi :

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Motif figuratif élaboré aux belles couleurs !

 Grâce à des associations, le kantha est un savoir-faire qui est actuellement sauvé de l’oubli. A l’origine humble piquage d’étoffes usagées cousues ensemble pour protéger et embellir les personnes et les objets, les qualités décoratives de ces textiles les érigent en objets de collection. Vous en saurez sans doute plus, très prochainement, dans la presse spécialisée ! 

Si le kantha provient du Bengale, vaste territoire partagé entre l’Inde et le Bengladesh, on trouve ailleurs en Inde, plus à l’ouest, des patchworks quiltés. Il y a un air de famille en raison des points avant omniprésents, ainsi que l’origine indienne. Des différences aussi, mais on peut trouver toutes les variantes qui font que toutes ces pratiques ne sont pas éloignées ! Quelques patchworks indiens étaient exposés l’année dernière, toujours à l’Aiguille en Fête, mais aussi en Alsace en 2013 à l’occasion de la sortie du livre de Geeta Khandelwal :

Livre bilingue Godharis, nous faisant voyager dans l'Inde centre-ouest.
Livre bilingue Godharis (Quiltmania), nous faisant voyager dans l’Inde centre-ouest. A côté, mes jolis tissus Neelam, des unis tissés-teints aux couleurs naturelles. Il me tarde de commencer quelque chose avec eux !

Comme un carnet de voyage, Geeta nous raconte un périple dans un monde rural varié, aux femmes qui confectionnent des godharis, des quilts en bon français ;-). Jamais ces quilts ne sortent du village, ce sont des objets utilitaires. Ils sont faits principalement de restes de saris, coupés sans ciseaux (le tissu est entamé par une lame de rasoir, puis déchiré), mesurés à l’aune du doigt, de la main, de la coudée… Alors évidemment on ne peut attendre un piécé absolument rectiligne. Mais qui s’en soucie ? Les godharis sont là pour tenir chaud, un point c’est tout ! Certaines nuits, même au coeur de l’Inde, il peut faire bien frais.

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Geeta Khandelwal, auteur du livre Godharis.

Pour maintenir les couches textiles entre elles, le quilting est soutenu, avec des points avant qui courent parallèlement puis changent de sens, juste pour suivre un motif ou pour le plaisir :

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On aperçoit l’assemblage du même tissu, quilté avec des fils changeant parfois de couleur… et de direction ! Photo Sujata Shah en Inde.

Un motif dessiné, cousu, montré plusieurs fois dans ce livre me rappelle un modèle de quilt qui fit grand bruit il y a quelques années dans Quiltmania, dont un bloc de patchwork était en forme de svastika… d’ailleurs pas vraiment, mais le quilt était nommé ainsi (Quiltmania n° 52). Dans le numéro suivant, des excuses étaient présentées. C’est toujours en Inde un signe extrêment bénéfique, ainsi que dans le boudhisme et de nombreuses civilisations passées ou actuelles (dès le néolithique, et aussi notamment chez les Navajos, les Kunas, etc.). De ce beau symbole universel, notre plus sombre histoire du 20e siècle en a fait un signe honni, ce qui a pour conséquence qu’en Occident on ne peut plus se permettre de l’utiliser…

Vous découvrirez dans le livre certains Godharis extrêmement proches de quilts américains. Peut-on imaginer des quilts ayant voyagé, ou des quilteuses d’un pays ou l’autre ayant transmis ses connaissances ? L’auteur pense plutôt à l’universalité de certains motifs, vérifié maintes et maintes fois…

Universalité des choses, c’est ce qui m’a traversé l’esprit en lisant ce livre sur les femmes en Inde peu après celui de Roderick Kiracofe qui raconte un peu la même histoire dans les Etats-Unis ruraux. Universalité de la géométrie et de l’esthétique, quand j’ai vu des photos de godharis qui ressemblent un peu au quilt fait pour ma fille :

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Godhari

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Petit air de ressemblance, n’est-ce pas ?… 10 ans de lavages l’ont rendu moins flamboyant qu’à l’origine. Il est quilté à gros points au coton perlé, il n’a pas de nom mais je l’appellerais bien Godhari maintenant !

Un coucou à Sujata Shah, actuellement en voyage en Inde, qui a eu la chance de rencontrer Geeta Khandelwal la semaine dernière. Voyez son article ici, avec de très belles photos. Elle se sent tellement liée aux deux pays qu’elle peut résumer ses influences ainsi :

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