ARTPELHOT 2023, c’est parti !!
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Une veste en patchwork !
Faire une veste en patchwork n’est certes pas nouveau, c’est sans doute même vieux comme le monde, dans un temps où on rafistolait, raccommodait, rapetassait tous les vêtements pour les faire durer…
En 2020, j’avais vu la tendance des vestes en patchwork monter, monter… C’était alors surtout le recyclage malin d’anciens quilts, comme je vous le présentais ici. Les couturières vendant des vestes toutes faites ont inondé Instagram avec une production soutenue. Depuis, de nombreuses quilteuses ont créé leur propre veste, de plus en plus chics, et je me disais bien que je m’en ferai une, un jour…
Lire la suite de « Une veste en patchwork ! »Des piles de vêtements
Qui n’aime pas voir de belles piles de linge ancien ?
Ou un rangement à la Marie Kondo ?
Chez nous, chez nos enfants ou petits-enfants, on a parfois peur devant les piles de linge… A-t-on vraiment besoin de tout ça ? Évitons désormais les vêtements faussement bon marché, ceux qui ne durent que 3 lavages, ceux qui consomment eau et énergie pour un résultat non durable et font travailler hommes, femmes et enfants dans un environnement inacceptable…
Tout simplement évitons autant que possible la surconsommation textile qui se traduit par ceci :
Tant pis si on nous voit et revoit avec le même tee-shirt ou chemisier ! Bien choisi, il est joli et utile pour des années…
J’ai entamé cet article non pas pour faire la morale, mais parce que je viens de découvrir un homme qui utilise des tonnes – littéralement – de vêtements pour en faire des œuvres d’art monumentales. Comme quoi il y a toujours des solutions originales.
C’est le p’tit bonheur du jour !
Mon préféré sans doute, le ciel de nuit à New-York, la ville qui ne dort jamais, où ne brillent que les plus brillantes étoiles :
Retrouvez les œuvres de Derick Melander sur son site. Ne manquez pas les vidéos montrant le processus de son travail et son explication de la philosophie de ses œuvres.
BeeBook, un livre pour les quilteuses curieuses d’évoluer vers plus de créativité :
souscription ici jusqu’au 15 mai !
Parapluie
Ces jours-ci, le parapluie est de rigueur un peu partout en France. Ne vous en plaignez pas trop, la Nature a besoin d’eau ! Je ne me lasse pas de la gaieté de Gene Kelly dans Singing in the Rain : 4 mn 35 de plaisir vintage !
Autres parapluies, ceux de Cherbourg évidemment, une des comédies musicales françaises délicieusement désuètes :
La première référence écrite à un parapluie date du 1er siècle, en Chine. Chez nous, c’est au 15e siècle que cette protection contre les intempéries commence à être utilisée.
Les Anglais (experts en matière de pluie) les ont même utilisés comme outil de guerre ! Non pas en tant qu’armes, mais en protection de la poudre qui resta sèche lors de la bataille de Toulouse le 10 avril 1814 (les Anglais contre l’armée napoléonienne en déroute, après l’effroyable guerre d’Espagne). Les Anglais avaient réquisitionné les grands parapluies des bergers des Pyrénées !
Mais ce qui nous intéresse le plus, ce sont les parapluies vus dans les quilts, n’est-ce pas ? Alors en voici quelques-uns :
Nous pourrions continuer ainsi longtemps, tant le sujet est riche dans le monde entier ! Cependant, Hawthorne Threads a appelé sa nouvelle gamme de tissus Parapluie (en français, s’il vous plaît !) pour évoquer notre belle capitale, au son de l’accordéon, des macarons à faire saliver les moins gourmandes et un air du temps qu’on peut encore savourer parfois…
Alors, malgré la pluie, belle journée à vous !
Bientôt à la recherche des œufs de Pâques !
Dans deux semaines, c’est Pâques. Je n’ai plus de tout petits enfants allant chercher avec fébrilité les friandises laissées par le Lapin de Pâques (nous avons gardé la tradition allemande chez nous). Mais comme mon fils de 19 ans ne lit pas ce blog, je peux vous confier qu’on continue quand même la tradition… mais cela reste entre nous, chut !!
Un panier en osier fait l’affaire pour aller chercher ses chocolats et menus cadeaux dans le jardin, le matin de Pâques.
Un éclair d’enfance qui luit encore !
Je voudrais partager avec vous un adorable modèle de panier pour aller chercher les œufs en chocolat, pour que la fête soit plus belle pour les enfants :
N’est-ce pas adorable ?
Les tissus sont de la gamme exclusive Cottontail de Hawthorne Threads, vous ne les trouverez nulle part ailleurs. Le tissu est imprimé à la demande, je vous avais déjà parlé de cette forme d’impression par ici (2 articles). Vous avez tout juste le temps de commander ce tissu aux jolis lapins (délai de livraison : une semaine maxi) et de faire cette décoration utile !
Si vous souhaitez faire cette corbeille avec vos propres tissus, le tuto gratuit est chez Somewhat Simple, à arranger à votre guise. Bons préparatifs !
Trois quilteurs émérites
Avez-vous remarqué que, depuis quelque temps, je parle souvent de quilteurs au lieu de quilteuses afin d’inclure les hommes ? Ils restent minoritaires, mais ceux qui ont la même passion que nous suscitent notre entière admiration car ils sont hyper-doués ! En voici trois, des amis quilteurs français de styles différents, mais chacun excelle dans son domaine.
J’ai déjà parlé de Michel de la région bordelaise, Mimi du Tac.
Je ne suis pas la seule à le connaître, ce bel homme jovial aux gilets-maison qui arpente les expositions et les salons ! C’est un fou du patchwork minutieux, des blocs minuscules, des appliqués Baltimore incroyables… mais ses œuvres sont gigantesques ! A lui le Sampler de Sylvia, le Dear Jane, le sampler de la femme du fermier… Et en ce moment, il coud le Quilted Diamond de Linda Franz :
Vous pouvez le suivre sur son blog, Le Mimi du Tac. Ne manquez pas ses vidéos sur son compte You Tube présentant les principales expositions de France et de Navarre !
Plus confidentiel, David du Gers est mon voisin, 15 km à peine nous séparent. Nous avons peu d’occasions pour nous rencontrer cependant mais nous avons, je crois, un respect mutuel et beaucoup de points communs. Le goût des belles rencontres, de la qualité de vie, celle que nous procure notre belle région… Il préfère le patchwork country, les appliqués de Yoko Saito ou Reiko Kato, les points de croix… Tout un univers artisanal et raffiné ! Je crois qu’il trouve beaucoup de bien-être à quilter à la main, tranquillement. Le bonheur est dans le Gers !
Si vous vous demandez pourquoi son blog est en anglais, c’est parce qu’il a beaucoup d’amis anglophones qui le lisent et l’anglais lui vient facilement puisqu’il est prof d’anglais ! Pour ses ouvrages, pour ses photos toujours si bien choisies, pour son univers sensible et raffiné, allez voir son blog : David’s Cottage down the Hill.
Christophe, c’est le plus jeune du trio. Il ne fait du patchwork que depuis 2 ou 3 ans mais a une longue expérience de la broderie (depuis 2008). Le point de croix est une de ses grandes détentes, mais également le Hardanger et autres finesses… Les spécialistes apprécieront !
Lui aussi s’est lancé tout de go dans un Dear Jane. Mais depuis presque un an il se consacre, parallèlement à d’autres ouvrages, à la création d’un quilt pour le projet régional France Patchwork, Fibre Occitane. Il y a des contraintes de sujet, de couleurs, de dimensions, mais Christophe y a trouvé un espace de liberté insoupçonné. Il est devenu le créateur qui m’étonne et me fait rire !
Parmi tous les thèmes possibles dans le Patrimoine régional, Christophe a choisi le Museum d’Histoire Naturelle, situé près du Grand-Rond à Toulouse. Après dix années de fermeture, les Toulousains ont à présent un magnifique espace dédié à la découverte de notre monde, présenté d’une manière fondamentalement nouvelle.
Christophe a mis en avant tout ce qui singularise ce lieu, en broderie et en patchwork. A chaque rencontre dans notre club, c’étaient des cris d’admiration devant les broderies… et quelques fous rires quand nous tentions de trouver la signification de certains blocs !
Il est beau notre Museum, alliant tradition et modernité, rigueur et fantaisie !
De la fantaisie, je vous dis !
Préparation des blocs de broderie, qui seront mis en alternance avec des blocs de patchwork (vous pouvez cliquer-gauche sur la photo pour voir de plus près).
Le top est en cours de montage, les bordures encore à inventer… Le quilting sera intensif ces prochains mois pour qu’il puisse être exposé en 2016 !
Simply Moderne 2 : encore mieux !
On dit que pour un écrivain, le livre le plus dur à écrire est le deuxième. Après avoir « tout donné » dans sa première oeuvre, après avoir peut-être rencontré le succès, la consécration, parfois même des récompenses, nombre d’artisans de la plume se perdent dans un désamour parfois injuste…
Devenue ambassadrice de Simply Moderne comme une poignée de blogueuses françaises, j’attendais avec un peu d’anxiété le numéro deux de ce nouveau magazine. Allait-il entrer au cœur des nouveaux styles qui me font encore plus aimer le patchwork ?
Cette couverture, dévoilée il y a quelques semaines, m’enthousiasmait déjà. La nouveauté est au coin du bois ! Et puis le grand jour est arrivé, j’ai pu le feuilleter mardi dernier. Le lire. L’apprécier, vraiment. M’énerver un peu car plusieurs brouillons d’articles ébauchés pour ce blog sont déjà là, en évidence dans Simply Moderne… Je voulais par exemple vous faire connaître le nouveau mouvement « slow stitching » très prochainement :
Simply Moderne m’a coiffée sur le poteau, l’évoquant tout au long de ce numéro ! Il s’agit d’une autre manière d’aborder le patchwork et la création pour retrouver la sérénité d’une activité qui nous reconnecte avec le contact avec les matières premières, le sens du temps passé sans se stresser, à reproduire avec conscience des gestes faits depuis des générations… tout en faisant éventuellement un quilt moderne à la machine, ce n’est pas forcément contradictoire ! Les quilteuses traditionnelles vont gentiment se moquer de ce mouvement, car ELLES n’ont pas perdu ce lien avec le passé et le goût de la méditation sur le travail qui se fait… avec le temps qu’il faudra !
J’en suis adepte depuis longtemps sans le savoir, à ma manière ; à côté de l’envie à la fois de ne pas perdre de temps inutilement, je sens intimement la joie de caresser les tissus avant de les couper, de les assembler pour leur donner une autre vie. Avec le patchwork modernisé, je me permets de faire parler ma part d’enfance en ne me souciant pas de l’exactitude (et c’est difficile pour une Capricorne !) et surtout je conserve le luxe de ne faire que ce que j’ai envie dans la création ! Plus littéralement aussi, je profite du temps que prend une broderie à la main, un appliqué traditionnel ou un quilting à la main, parfois… Oui je me sens membre de ce mouvement !
La plupart des artistes évoquées dans Simply Moderne ont des blogs qui font partie de mes lectures quotidiennes, je reconnais donc beaucoup de quilts, d’ambiances : je suis très heureuse de voir tout cela réuni dans un seul magazine, et si bien présenté !
Simply Moderne nous souhaite :
Simply Moderne 2 sera en vente en kiosque à partir du 19 septembre (samedi) et j’aurai l’occasion de traiter bientôt d’autres aspects de ce magazine !
S comme Sonia Delaunay ou Simultané
S comme Sonia Delaunay ou Simultané
par Kristine, de la Ruche des Quilteuses
Avec Sonia, nous entrons dans le monde de la couleur !
Il est trop tard pour aller à Paris visiter la rétrospective qui vient d’avoir lieu au Musée d’Art Moderne consacrée à Sonia Delaunay. Heureusement il nous reste des livres avec une iconographie abondante, nous offrant les diverses facettes de cette artiste (1885-1979).
Avec son mari Robert Delaunay, ils forment un duo artistique. A quatre mains, ils excellent dans l’art de la peinture, la mode vestimentaire, le textile, la décoration, les costumes de théâtre… Ils créent ensemble des œuvres qui s’inscrivent dans un mouvement artistique appelé simultanisme ou simultanéïsme, consistant à introduire le principe du contraste simultané de couleurs dans leurs travaux.
Nous pouvons en retenir que la perception des couleurs change selon son environnement ; c’est le thème de la valeur (clair ou foncé) mais aussi celui des couleurs qui vont bien ensemble ou pas, celles qui se complètent et celles qui se heurtent, et surtout donc le changement de perception de la couleur en fonction de celle d’à côté, car le cerveau cherche sa couleur complémentaire... Ce n’est pas sans rappeler les illusions d’optique parfois inexpliquées ! D’autres renseignements sur la Loi du contraste simultané des couleurs sur ce lien, principe établi par le chimiste français Michel-Eugène Chevreul, dont les études sont très détaillées.
Volontairement, je ne relate ici qu’un petit aperçu du volet textile chez Sonia Delaunay, un des thèmes favoris de la Ruche.
Ses œuvres textiles sont toujours d’actualité et pourrait bien nous inspirer, nous quilteuses ! Ses dessins d’imprimés et de vêtements originaux incitent à créer, à la manière des quilts destructurés et libérés, des quilts modernes et innovants… On peut s’inspirer de tous ces motifs géométriques pour créer des blocs en vue d’une courtepointe pour l’hiver prochain !
En 1911, Sonia Delaunay réalise sa première œuvre abstraite avec du textile. Il s’agit d’une couverture pour son jeune fils Charles, c’est un assemblage de coupons de couleurs vives, réalisé dans la tradition ukrainienne, (pays dont elle est originaire). Elle joue avec les couleurs des tissus comme elle le fait dans sa peinture.
Certains voient la silhouette de la Tour Eiffel, la trouverez-vous ?
Puis elle se lance dans une longue connivence avec la mode :
Il y a eu les robes-écharpes, les robes-toupies, toute une effervescence géométrique et colorée autour du corps de la femme qui devient oeuvre d’Art Déco en mouvement !
Dans un article paru dans le Monde daté du 14 octobre 2014, Sophie Chassat nous précise à propos des robes de Sonia Delaunay :
Ses premières « robes simultanées » étaient pensées sur le modèle du patchwork, de la couture-collage de différents morceaux de tissus colorés. Les critiques les dénigrèrent en les appelant « habits d’Arlequin », oubliant que c’était peut-être là justement, à travers ce patchwork en forme d’« habits d’Arlequin », que s’exprimait au plus juste la modernité d’un monde qui n’avait plus de réelle unité.
Exprimer le monde comme il va, d’une manière unique, voilà bien la preuve qu’avec ses robes simultanées, Sonia Delaunay faisait œuvre d’art.
Mon carnet d’échantillons, inspirés des tissus de Sonia Delaunay :
Ces croquis sont une inspiration à l’infini pour les quilteuses d’aujourd’hui !
Pour notre plus grand bonheur Sonia Delaunay vécut longtemps et dessinait toujours dans les années 1960. Toujours jeune d’esprit, toujours dans l’actualité, elle s’entretint avec Jacques Dutronc en 1968 (vidéo) : prenez quelques minutes pour la visionner et tomber sous le charme de cette dame et du jeune couple Dutronc/Hardy !
Un clin d’oeil aux adhérents de France Patchwork de la région Midi-Pyrénées, en pleine année de labeur sur le Patrimoine régional : voici des créations de 1928, un tissu de soie évoquant nos murs de briques et un costume pour le Carnaval de Rio, à adapter en costume de violettes peut-être 😉 ?…
Pour sensibiliser les enfants à cet univers ou pour votre propre collection, voici un livre pop-up amusant pour jouer avec les formes, les couleurs et les costumes, intitulé :
madame SONIA DELAUNAY
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
Gérard Lo Monaco et Adeline Souverain
Ed. Paris Musées
Ce voyage en couleurs se termine ici, êtes-vous prêtes à jouer avec elles à la manière de Sonia Delaunay dans un prochain ouvrage textile ?
Bibliographie :
Sonia Delaunay Modes et tissus imprimés – Jacques Damasse Editeur
Sonia Delaunay Les couleurs de l’abstraction – Musée d’Art Moderne de la ville de ParisDossier pédagogique exposition du 17/10/2014-22/02/2015 – Musée d’Art Moderne de la ville de Paris
Sur la toile :
http://mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-sonia-delaunay
http://www.atelierdemma.com/lartiste-du-vendredi-sonia-delaunay/
http://www.tata-georgette.com/2015/01/sonia-delaunay-les-couleurs-de-l-abstraction.html
Des quilts en Inde, des traces d’universalité
Le point avant, le point universel… non seulement pour l’assemblage invisible de deux pièces, couture basique, mais aussi pour la consolidation d’un tissu ou de plusieurs couches de textiles, en matelassage ou quilting, appelez-le comme vous voulez ! Les quilts bosniaques dont on parlait au début des années 2000, le boutis comme le trapunto, le kantha bengalais, le sashiko japonais… Tous ont pour base le point avant, le point qui court, running stitch en anglais, que je trouve si imagé que je le présente ainsi aux enfants ! Point indispensable, rapide, à la fois utile et décoratif.
On appelle kantha une broderie au point avant, faite à l’origine pour maintenir ensemble des morceaux de tissus de toutes sortes sur plusieurs épaisseurs. On peut penser à une similitude avec les Boros du Japon, dont on a longuement fait état les années précédentes. Cette année à l’Aiguille en Fête, il y avait, parmi de nombreuses autres merveilles d’Orient, des Kanthas récents qui étaient tous à vendre. Ici plusieurs formes de formes de broderies kantha, faites pour l’exportation, sont réalisées sur un grand panneau textile :
Même couleur de fil pour un mélange géométrique et figuratif qui doit être très amusant à inventer au fur et à mesure :
Les kanthas peuvent aussi être ainsi :
Grâce à des associations, le kantha est un savoir-faire qui est actuellement sauvé de l’oubli. A l’origine humble piquage d’étoffes usagées cousues ensemble pour protéger et embellir les personnes et les objets, les qualités décoratives de ces textiles les érigent en objets de collection. Vous en saurez sans doute plus, très prochainement, dans la presse spécialisée !
Si le kantha provient du Bengale, vaste territoire partagé entre l’Inde et le Bengladesh, on trouve ailleurs en Inde, plus à l’ouest, des patchworks quiltés. Il y a un air de famille en raison des points avant omniprésents, ainsi que l’origine indienne. Des différences aussi, mais on peut trouver toutes les variantes qui font que toutes ces pratiques ne sont pas éloignées ! Quelques patchworks indiens étaient exposés l’année dernière, toujours à l’Aiguille en Fête, mais aussi en Alsace en 2013 à l’occasion de la sortie du livre de Geeta Khandelwal :
Comme un carnet de voyage, Geeta nous raconte un périple dans un monde rural varié, aux femmes qui confectionnent des godharis, des quilts en bon français ;-). Jamais ces quilts ne sortent du village, ce sont des objets utilitaires. Ils sont faits principalement de restes de saris, coupés sans ciseaux (le tissu est entamé par une lame de rasoir, puis déchiré), mesurés à l’aune du doigt, de la main, de la coudée… Alors évidemment on ne peut attendre un piécé absolument rectiligne. Mais qui s’en soucie ? Les godharis sont là pour tenir chaud, un point c’est tout ! Certaines nuits, même au coeur de l’Inde, il peut faire bien frais.
Pour maintenir les couches textiles entre elles, le quilting est soutenu, avec des points avant qui courent parallèlement puis changent de sens, juste pour suivre un motif ou pour le plaisir :
Un motif dessiné, cousu, montré plusieurs fois dans ce livre me rappelle un modèle de quilt qui fit grand bruit il y a quelques années dans Quiltmania, dont un bloc de patchwork était en forme de svastika… d’ailleurs pas vraiment, mais le quilt était nommé ainsi (Quiltmania n° 52). Dans le numéro suivant, des excuses étaient présentées. C’est toujours en Inde un signe extrêment bénéfique, ainsi que dans le boudhisme et de nombreuses civilisations passées ou actuelles (dès le néolithique, et aussi notamment chez les Navajos, les Kunas, etc.). De ce beau symbole universel, notre plus sombre histoire du 20e siècle en a fait un signe honni, ce qui a pour conséquence qu’en Occident on ne peut plus se permettre de l’utiliser…
Vous découvrirez dans le livre certains Godharis extrêmement proches de quilts américains. Peut-on imaginer des quilts ayant voyagé, ou des quilteuses d’un pays ou l’autre ayant transmis ses connaissances ? L’auteur pense plutôt à l’universalité de certains motifs, vérifié maintes et maintes fois…
Universalité des choses, c’est ce qui m’a traversé l’esprit en lisant ce livre sur les femmes en Inde peu après celui de Roderick Kiracofe qui raconte un peu la même histoire dans les Etats-Unis ruraux. Universalité de la géométrie et de l’esthétique, quand j’ai vu des photos de godharis qui ressemblent un peu au quilt fait pour ma fille :
Un coucou à Sujata Shah, actuellement en voyage en Inde, qui a eu la chance de rencontrer Geeta Khandelwal la semaine dernière. Voyez son article ici, avec de très belles photos. Elle se sent tellement liée aux deux pays qu’elle peut résumer ses influences ainsi :
Ah les coquilles !
Le monde de l’imprimerie les déteste, tout autant que les lecteurs. De nos jours chaque blogueur se doit aussi de traquer ces erreurs involontaires d’écriture. Pas facile, j’en sais quelque chose ! On peut lire et relire un texte, mais parfois seul un œil neuf trouvera le détail qui cloche…
Pourquoi les nomme-t-on coquilles ? L’origine est incertaine, mais cela date naturellement de l’imprimerie traditionnelle, avec les caractères de plomb ou de fonte indépendants. Les coquilles provenaient en général d’une erreur de rangement dans les cassetins, ces petites cases de séparation :
Je ne résiste pas à l’envie de vous inviter à lire, dans le blog Projet Voltaire, la synthèse des hypothèses de l’origine de la coquille d’impression : certaines sont savoureuses !
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Dès le Moyen-Age, après une succession de miracles, les pèlerins européens affluèrent vers un port de Galice (Espagne) où, d’après une légende, un des Apôtres de Jésus (Jacques le Majeur) y fut enterré. Arrivés au but, les pèlerins « jacquets » se régalaient sur la plage de la nourriture offerte et gardaient en souvenir une coquille, preuve de leur but atteint, pour leur retour. Puis la coquille devint le signe-même du pèlerin, même à l’aller (!) et la marque des chemins et hébergements tout au long du chemin. Les chemins vers Compostelle sont de nouveau balisés depuis le regain d’attrait pour ce long périple qui séduit tant de marcheurs occasionnels ou acharnés, en quête spirituelle ou sportive. C’est un Brésilien, Paulo Coelho, qui donna envie à des milliers de personnes de marcher sur ces routes anciennes (livres Le Pélerin de Compostelle, 1987 en portugais, l’Alchimiste, 1988 en portugais et 1994 en français). Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié ce livre de J-C Rufin : Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi (2013).
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Dans le monde du patchwork, le motif de la coquille ne cache pas son origine : sa forme évoque de suite la fameuse coquille Saint-Jacques, elle-même populaire à la fois en gastronomie (sa noix !) et en signe religieux ou culturel, en particulier pour le fameux pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. En anglais, ce modèle s’appelle shell (coquille) ou clam (coque, palourde)… ou clamshell !
Ce motif est universel, j’avais déjà évoqué le seigaiha dans cet article. Je n’essaierai pas d’être exhaustive au sujet des coquilles en patchwork, car on trouve de nombreuses manières de les préparer, de les assembler… On pourrait écrire un livre entier ! Un quilt en coquilles, c’est beau comme ça :
Au hasard des publications dans les magazines et les blogs, on a envie de s’y mettre ! La Châtaigne qui pique a lancé ce thème dans son club avec succès, vous en voyez des résultats ici. Le principe est de préparer un gabarit et d’appliquer, ligne après ligne, les coquilles qui se chevauchent.
Espace ou pas d’espace entre les coquilles ? Comment faire les préparatifs pour les rentrés ? Comment coudre et sur quel support ?… Je n’ai pas de réponse unique à toutes ces questions, tout est histoire de choix personnels ! Il faut bien y réfléchir car ce sont ces multiples petits problèmes potentiels qui font que ces ouvrages sont souvent abandonnés.
J’ai cependant un truc peu connu. Je peux chaleureusement vous conseiller d’essayer le point d’échelle invisible. Qu’es acò ? me demanderaient mes amies occitanes. Eh bien c’est simplement le point qu’on fait un peu instinctivement quand on ferme un coussin, un point qui va d’un bord à l’autre et qu’on serre ensuite. Adapté à l’appliqué, ce point a des atouts indéniables : il est absolument invisible et permet de coudre en suivant le trait dessiné à la fois sur le fond et sur la pièce. Ami Simms l’a « inventé », l’a développé dans ce petit livre (dont un chapitre est justement consacré aux coquilles). Nathalie Delarge fit une petite vidéo de présentation de ce point pour l’appliqué il y a quelques années : c’est ici. On se sent un peu maladroite au début, mais le résultat est particulièrement parfait, surtout pour les coquilles (pour lesquelles on n’a aucun besoin de faire les incisions du tissu de fond).
Cette technique de couture réduit le travail de préparation : ni faufilage, ni colle, ni rentré au fer à repasser, ni même emprisonnement du tissu autour du gabarit à l’aide d’un papier aluminium… (Oui, ceci est une possibilité ! Son avantage est que l’arrondi est mieux qu’avec un faufil, voyez ici comment faire chez Poppy Makes.)
Si vous voulez faire un quilt de coquilles en utilisant ce point d’échelle, il vous suffit de marquer au crayon fin votre gabarit sur chaque tissu, sur le devant. Vous suivez parallèlement les deux lignes, en suivant bien les conseils de Nathalie Delarge et cela va tout seul, je vous l’assure ! Le gabarit se fait tout simplement dans un carton ou un rhodoïd, à l’aide d’un compas. Si ce n’est pas clair, je vous ferai un petit tuto en mars !
Quels que soient vos choix techniques, vous aimerez peut-être comme moi ces réalisations qui vous donneront des envies de coquilles :
Ici vous avez un article très complet, montrant en particulier ce quilt moderne :
Si vous lisez l’anglais et que vous souhaitez faire un « quilt-along » (un quilt fait par vous et pour vous, en suivant la dynamique d’un groupe) sur le thème des coquilles, rejoignez Rachel dans Stitched in Color, cela commence tout juste en ce moment !!
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Et pour terminer, voici les coquilles mal élevées, les renéguates qui n’ont même pas fait rentrer leurs marges de couture. C’est encore Rachel qui montre le chemin :
Kristine l’Abeille s’en est inspirée pour faire chanter les couleurs brique et évoquer un toit toulousain tout en tuiles :
Il sera exposé lors des expositions du Patrimoine, préparées par les délégations France Patchwork du patch d’Oc. Comme la trousse de Rachel, les tuiles sont des disques qui se chevauchent, fixés à la machine… Il faut bien la maîtriser pour un beau résultat comme ici ! Son étiquette, au dos, comporte un crayon du souvenir :
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