Les 6 semaines du Quilt Along avec Lindlee @plainsandpinequilts se sont longuement étirées pour moi. Cela fait tout de même quelques jours que ce quilt est fini, mais je ne voulais pas publier de photo avant de l’avoir offert à ma sœur Isabelle, pour ses 50 ans ! Ce qui fut fait dimanche, au retour d’une JA en terre provençale parfaitement organisée par FP13, où les quilteuses présentes seront donc les seules à avoir vu ce quilt entièrement fini, avec mes amies de la Ruche le vendredi précédent.
Une formidable journée à La Barben (13) avec un océan de visages souriants 😊La délégation France Patchwork 13 en blanc et noir , avec un bandeau d’Indienne : Lucie, Christine (déleguée), Françoise et Cathy, un groupe solidaire et si sympathique !
J’y ai retrouvé de nombreuses connaissances et amies, l’ambiance était très chaleureuse, tout ce qu’on aime ! Merci à la belle Nathalie La Bastidane pour ces photos et les échanges de cœur à cœur, et à chacune pour cette si belle journée !
La photo qui suit, prise juste avant mon départ en Provence, me montre un léger problème : oups, le manchon est cousu sur un côté !! Faire, défaire et refaire… j’avais tout juste le temps de réparer mon erreur. Vous ne le voyez pas ici, mais les motifs de quilting ont un sens !
J’ai bordé l’Étoile de plusieurs encadrements textiles, très présents visuellement, jouant le jeu du style amérindien jusqu’au bout. Les tissus marquants sont de la gamme Arizona After (AGF), styliste April Rhodes, magasin Blossom Quilt & Craft (chez Alice). Beaucoup de tissus se bousculent ici, autant des tissus Neelam que divers restes de patchworks antérieurs, de chutes de draps, de vêtements… La bordure piécée de style navajo est expliquée par ici.
Ici la bordure de finition invisible est presque entièrement cousue (voir en bas à gauche, c’est en cours !). Cette technique bien pratique est expliquée dans le livre BeeBook (épuisé).
Le dos est, comme souvent chez nous à la Ruche, un vrai patchwork de restes, commencé par un grand 9-patch irrégulier, recoupé en + à la manière du disappearing nine-patch, avec des ajouts de bandes pour arriver à la dimension nécessaire. Ce n’est pas beau au départ, mais finalement cela fait un dos sympathique.
On ne voit pas l’échelle, mais le 9-patch central est très grand. il sera ensuite coupé en forme de + et recousu pour faire un patchwork un peu plus fou encore !
Voici le dos terminé, ici la place du manchon n’a aucune importance😊 . La bordure blanche de 4 cm est la finition, invisible au recto.
J’ai quilté cette Étoile à la main, ma machine étant alors plus ou moins déréglée et peu encline à faire un beau quilting (réparée depuis). Et je l’avoue, j’avais un peu peur de la rater ! A la main, c’est plus long mais c’est plus sûr. J’ai donc pris le temps qu’il fallait. Le fil est du coton traditionnel (YLI bleu sur le bleu ciel dans l’étoile, brun n° 003 partout ailleurs sauf la bordure extérieure en blanc naturel), mais j’ai fait de longs points, cela va plus vite et ce n’est pas moche ! Il est fini le temps où seul un matelassage de mini-points est admissible 🌞. Les petits points noirs sont les agrafes qui me permettent de faire un sandwich assez rapidement (avec l’agrafeuse MicroStitch)
Dans l’espace libre du fond, j’ai voulu honorer les Amérindiens, en empruntant des symboles qu’ils utilisaient eux-mêmes naguère, ou parfois encore de nos jours. Voici leurs significations :
La plume, c’est le courage et la force !
La tortue est, dans la cosmogonie amérindienne, à l’origine de la Terre gagnée sur l’Océan, ce qui a constitué le continent Nord-Américain. Elle est l’emblème de la longévité, la sagesse, la guérison…
C’est l’Œil de l’homme ou la femme-médecine, et aussi la vigilance, lasagesse.
L’Étoile à huit branches dans un cercle qu’on ne peut briser montre la direction spirituelle à donner à sa vie, comme une boussole interne, et l’espoir d’un avenir radieux !
L’Aigle est l’oiseau sacré.
Équilibre, paix et harmonie…50 ans le bel âge !
Ce poisson entouré de rayons symbolise l’abondance de nourriture venant de l’eau nourricière qui coule sur terre. C’est un signe des peuples des grandes plaines.
Ce soleil stylisé se retrouve sur le drapeau de l’État du Nouveau-Mexique, il symbolise la JOIE. Il est emprunté particulièrement au peuple Zia. Le 4 est sacré chez les Amérindiens, on retrouve ici les 4 saisons, les 4 points cardinaux, les 4 périodes du jour (matin, midi, soir et nuit), les 4 périodes de la vie (enfance, jeunesse, adulte, vieillesse).
Ces symboles conviennent tellement bien pour ma sœur chérie !
Sur la route, nous avons suivi vendredi les traces de Van Gogh, je vous en parlerai plus longuement en avril, quand j’aurai fini mes lectures.
Oliviers dans les Alpilles : je me sentais dans ses tableaux ! (1889)
Ah mon cher Theo si tu voyais les oliviers à cette époque-ci… Le feuillage vieil argent & argent verdissant contre le bleu. Et le sol labouré orangeâtre. – C’est quelque chose de tout autre que ce qu’on en pense dans le nord – c’est d’un fin – d’un distingué.[…] Le murmure d’un verger d’oliviers a quelque chose de très intime, d’immensément vieux. Vincent Van Gogh
C’était aussi l’occasion de trouver un bel écrin pour ce quilt :
Une belle oliveraie, sous un soleil timide.
Qui est guidé par une étoile ne regarde jamais en arrière. Léonard de Vinci (Frammenti letterari e filosofici)
A l’entrée du village de Baux-en-Provence…
… et au hasard des escaliers, dans ce splendide village escarpé.
Plus j’y réfléchis, plus je sens qu’il n’y a rien de plus réellement artistique que d’aimer les gens. Vincent Van Gogh (Lettre à Théo)
… Alors, quoi de mieux qu’un message d’amour avec un essai artistique, comme un quilt par exemple ? Happy Fifty Isabelle !
Une pluie torrentielle sur les cactusentre Sedona et Tucson nous donna le bon prétexte pour nous approcher à 50 km de la frontière mexicaine. Nous ne sommes pas allés n’importe où : Tombstone, ville au passé tumultueux.
En bas à droite de cette carte de l’Arizona : Tombstone
Tombstone en 1891, une ville majoritairement en bois qui flambera plusieurs fois. Sa population alla jusqu’à 14 000 habitants avec 110 saloons, mais cela ne dura que le temps de l’opulence de la mine, jusqu’à ce que les galeries ne tombent sur les nappes phréatiques en 1886. L’eau à pomper fit couler à pic l’exploitation de la mine… C’est le grand paradoxe de cette terre aride où le manque d’eau reste un grand problème alors que les sous-sols en regorgent.
Affiche anonyme photographiée dans le métro parisien et diffusée sur Facebook.
Tombstone poussa comme un champignon à partir de 1877 dès lors qu’Ed Schieffelin eut découvert de riches filons d’argent dans les monts environnants, entraînant une ruée vers l’argent. On est dans le county de Cochise, du nom de cet Apache longtemps pacifique, qui prit finalement le commandement des Indiens dans la région pour mener une longue guerre contre les envahisseurs. La paix fut signée en 1872, après 10 années sanglantes. La paix avec les Indiens ne veut pas dire que la vie y fut paisible ensuite ! C’était ici la ville de la détente et du défoulement, la ville des hors-la-loi et des prostituées, des brutes et des truands, des prisons et des pendaisons, des alcoolos et des joueurs, des saloons et des tables de poker, des French cancans et des spectacles de magie… (Re)lis les bandes dessinées Lucky Luke et Blueberry, tu es en plein dans l’ambiance. Dans ces deux albums, on est à Tombstone :
En français on ne se rend pas bien compte de l’originalité macabre du nom de la ville. Au prospecteur qui, dans les années 1870, cherchait dans la région des filons d’or ou d’argent, on lui dit : « Ici tu ne trouveras que le rocher pour faire ta tombe (tombstone), et rien d’autre ». Ed Schieffelin trouva non seulement de l’argent, mais fonda la ville en l’appelant ironiquement Tombstone, Pierre Tombale.
C’est pour toujours et à jamais la ville où se passèrent les 30 secondes de la fusillade la plus connue de l’Ouest le 26 octobre 1881, populaire sous le nom de « Règlement de compte à OK Corral« , le film de 1957 qui la rendit inoubliable, avec Burt Lancaster (Wyatt Earp) et Kirk Douglas (Doc Holliday), héros sublimés par Hollywood.
De nombreux autres films et livres racontent cette histoire de bons et de méchants, avec comme vedettes les frères Virgil, Morgan et Wyatt Earp et Doc Holliday, les bons, contre des cow-boys vaguement voleurs, les frères McLaury, les frères Clanton et Billy Clairborne. Cette fusillade est rejouée chaque jour pour les touristes dans les lieux-mêmes, d’abord dans une cour puis dans la rue adjacente. L’histoire réelle entre ces hommes reste encore, à vrai dire, un peu confuse.
Après l’abandon de la mine, cette ville refusa de devenir ville-fantôme et de mourir comme tant d’autres. Too tough to die, trop coriace pour mourir, telle est sa devise, magistralement aidée par cette histoire montée en épingle par Hollywood !
Je dois dire que j’ai un faible pour le film Wyatt Earp (1994), campé par Kevin Costner, alors au sommet de sa gloire :
Un film long, trop long pour la plupart (3h10) mais je me souviens, il y a 20 ans, d’un après-midi de vacances au coin de la cheminée à vivre intensément cette histoire, le Père Noël ayant apporté le DVD… Aux prochaines vacances on recommence !!
La vraie histoire de Wyatt est singulière jusqu’au bout : il vécut jusqu’à 80 ans en 1929, marié à une actrice, gagnant sa vie en jouant au poker et en faisant des affaires immobilières. A Hollywood il rencontra de jeunes acteurs parmi lesquels John Wayne, l’incarnation même du cow-boy !
Il faisait encore bien gris lorsque nous arrivâmes à Tombstone…
Et maintenant, est-ce intéressant d’aller à Tombstone ? Pour nous, mille fois oui !
Le lendemain sous le soleil, c’était tellement mieux !
Nous sommes arrivés dans l’après-midi, la pluie venait de cesser et la ville était quasiment vide, ce qui fera rêver ceux qui l’ont visitée au milieu de hordes de touristes (400 000 visiteurs par an). Les bâtiments ont été entretenus ou remontés à l’identique, style western, mais jamais sans doute n’ont-ils été aussi beaux, fraîchement peints, propres…
Tout nous renvoie aux Westerns : les trottoirs de bois, la rue en terre battue et gravillons, les habitants souvent en costume XIXe, les saloons au personnel qui surjoue comme si la caméra tournait, le cimetière rénové où l’on peut lire de sacrées épitaphes :
Les morts de la fusillade d’OK Corral
Ici repose George Johnson, pendu par erreur en 1882. Il avait raison, nous avions tort, mais nous l’avons pendu haut et court et maintenant il est mort (celle-ci est, paraît-il, faite pour les touristes…Grrr…)
Les boutiques sont sympathiques, mais c’est bien trop souvent un bric-à-brac de friperies et de trucs made in Asia avec trop peu de jolis vêtements ou objets authentiques. Pour cela, il vaut bien mieux aller à Durango et Silverton.
Dans cette ville on ne mâche pas ses mots, les habitants sont coriaces, c’est leur devise ! Mais ils ont l’élégance de le dire sur des pancartes, et non tagués n’importe où… (les politiciens doivent racler la merde de leurs bottes avant d’entrer)
La rue principale à la tombée de la nuit avec à gauche le mythique Bird Cage Theater, haut lieu de distractions, de spectacles et de jeux de poker du temps de l’exploitation de la mine. C’est à présent un musée pittoresque.
Il y a un coin complètement reconstitué pour amuser la galerie et forcer le folklore, ce n’est pas ce que je préfère, même si j’ai aimé y jeter un œil :
Faute de touristes ces jours-là, c’était fermé, même le gardien s’ennuyait à mourir.
Mais moi je ne me suis pas ennuyée une seconde, il y avait même une exposition d’artistes locaux, parmi lesquels des quilteuses !
Certains quilts étaient en vente, le prix est affiché :
Et celui-ci était le premier lot de la tombola :
Tous ces quilts sont très bien faits, tous les grands ouvrages sont quiltés à la long arm, mais ici il n’y a pas d’extravagance moderne 😦 Cette galerie est presque en face du lieu où se rejoue au moins 3 fois par jour la scène d’OK Corral… sauf quand il n’y a personne :
Vois-tu le panneau OK Corral sur la gauche ?
Derrière ce portail il y a la cour qui était un corral (enclos pour les chevaux). La fusillade commence à l’intérieur et se termine dans l’autre rue parallèle. Bien sûr il faut payer pour voir l’intérieur…
Cette ville a de beaux musées retraçant l’histoire de la ville, une maison avec le plus gros rosier du monde (à partir d’une bouture venant d’Ecosse) et beaucoup d’autres surprises plus ou moins authentiques, on fait la part des choses…
Nous avons passé de très chaleureux moments dans un saloon aux fenêtres en vitraux, le soir puis le lendemain au petit déjeuner :
C’est ici que le soir, une joyeuse famille Amish m’a sensibilisée à l’esprit de Thanksgiving au quotidien. La famille aux cinq enfants dînait comme nous dans cet établissement historique, à la table d’à côté. Nous n’avons échangé que quelques sourires, pourtant l’envie ne me manquait pas d’engager la conversation ! Combien de fois me suis-je reproché ma timidité pendant ce voyage… Le père portait une longue barbe mais était habillé comme n’importe quel Américain, tout comme les fils. Les jeunes filles en revanche portaient la même jupe longue visiblement « cousue maison » dans un tissu gris et leur mère avait une robe de la même étoffe et cachait ses cheveux sous une coiffe. Ils étaient visiblement heureux d’être à Tombstone, les discussions à leur table se faisaient dans leur dialecte germanique mais leur anglais était parfait.
Après ces dix étapes chaque mardi, je prends une pause pour mieux revenir en début d’année 2019 avec d’autres épisodes Western Spirit ! J’ai encore des choses à te raconter…
Les cactus saguaros sont très évocateurs du désert et sont mis à toutes les sauces :
Voici l’histoire de cette marque texanequi évoque pour tous la cuisine conviviale tex-mex. Les cactus emblématiques du logo sont pourtant des plantes circonscrites dans un espace très délimité, loin du Texas, et j’ai eu la chance de les côtoyer pendant trois jours… Au risque de passer pour fofolle, ils sont devenus mes amis. Oui, les cactus !
Ce sont plus précisément les cactus Saguaros, très à la mode en ce moment dans la décoration et les mouvements artistiques :
Ce très beau saguaro d’Helen Robinson a fait la Une de Simply Moderne n° 13.
Le saguaro (qu’on prononce sawaro) est un grand cactus arborescent qu’on ne trouve que dans une petite partie du sud de l’Arizona et au nord-ouest du Mexique. Là où nous les avons vus, c’est autour de la ville de Tucson, qui s’étale entre deux parcs nationaux, Saguaro Ouest et Saguaro Est. J’imagine que cela ne faisait qu’une étendue continue à l’origine, morcelée par les hommes. Le climat est semi-aride, mais comme je ne fais pas les choses comme tout le monde, le seul jour de pluie en un mois de vacances, un déluge à ne pas mettre une Katell dehors, fut le 1er jour dans ce sud aride ! Nous avons alors changé nos plans et continué la route, c’est ce que je vous raconterai la semaine prochaine.
Notre grande balade à l’ouest de Tucson se passa le lendemain sous une forte chaleur (impossible d’imaginer qu’il tombait des trombes la veille, tout était absorbé) avec un air très pur, débarrassé de sa poussière. Les cactus s’étaient donc faits tout beaux pour notre visite, après leur douche de la veille !
A l’ouest et l’est de la ville de Tucson se trouvent deux zones protégées où pousse, malgré le nom de désert, une grande diversité de plantes. Plusieurs randonnées sont possibles, toutes balisées. On n’a pas envie de marcher sur un serpent, une araignée ou un cactus dont certaines épines transpercent les chaussures…
La vie des jeunes saguaros dépend d’autres plantes : une protection partielle leur est quasi-indispensable. Ainsi les buissons ont leur part de travail, protégeant les bébés saguaros. L’arbuste déjà bien vieux mourra sans doute dans quelques années, laissant place à ce cactus de 80 cm et donc d’environ 25 ans ici. Il aura fait son travail protecteur. Dans 10 ans, le saguaro aura environ 1 mètre de plus et produira ses premières fleurs toute blanches, puis des fruits rubis.
Des bébés saguaros, ont-ils assez de protection ? Les petits plants sont plutôt rares, même dans les parcs nationaux qui les protègent.
A vrai dire, en me promenant parmi les saguaros, une étrange sensation m’a saisie, comme si je me trouvais parmi une foule de personnes. Pourtant alentour, seul mon mari était visible. Ces cactus ont une présence remarquable, au-delà de leur stature (jusqu’à 15 mètres). Ne craignant aucune honte, je leur attribuais une personnalité, un petit nom au passage, je leur parlais.
Coucou toi ! Tes cotes épineuses sont très jolies, comme des augmentations de mailles dans un tricot. Tu dois avoir moins de 100 ans, car tu n’as pas encore développé de bras.
Comment dire ? Les saguaros sont bienveillants malgré leurs épines qui les couvrent tel un duvet protecteur, une légère fourrure. Leurs épines sont d’autant plus grandes que les cactus sont petits, au moment où ils ont le plus besoin de protection. Quand on touche leur peau, la sensation est douce, agréable, souple et tiède grâce au soleil… un peu comme une peau humaine. Et puis ils sont marrants, il n’y en a pas deux pareils alors qu’on les dessine toujours de la même façon ! Leurs bras ont poussé ou pas (jamais avant 60 ans), ils en ont souvent deux mais parfois les cellules se sont emballées et de nombreuses branches jaillissent du tronc. Chaque bras augmente la capacité de reproduction par les graines du fruit après floraison (jusqu’à 2000 graines par fruit si la fleur a été pollinisée).
Un très vieux saguaro et un jeune homme 😉
Un seul bras pas bien grand, tu dois avoir entre 75 et 100 ans, un bel âge pour un saguaro ! Je te trouve magnifique.
Evidemment les collectionneurs de cactus voudraient tous avoir un exemplaire de saguaro. Ils sont désormais protégés mais on peut acheter des kits :
En vente sur amazon. La photo est légèrement trompeuse, le cactus n’est pas compris dans l’envoi !
Ils poussent tellement lentement (seulement 20 cm de haut à 15 ans), la demande est tellement forte que le trafic des plants adultes est juteux. Alors les autorités font la chasse aux voleurs de cactus qui sévissent surtout la nuit.
La meilleure solution est de faire comme Emilie deNeelam: un saguaro en tissu trône fièrement sur la table de leur salon !
Voici les kits disponibles : des cactus qui ne demandent ni chaleur, ni eau, ni lumière… et ne piqueront jamais ! J’ai fait celui du milieu pour ma fille, c’est simple et très bien expliqué. Amuse-toi à créer ta collection !
Au Visitor Center nous avons visionné un film sur les saguaros après notre première visite et je n’ai été qu’à moitié étonnée que les Indiens locaux Tohono O’odham (surnommés péjorativement les Papagos, les mangeurs de haricots…) les aient considérés comme des personnages, c’était pour moi si évident. Ils considéraient ces plantes avec égards car les fruits étaient bienvenus dans leur alimentation très frugale. La floraison fugace, en avril-mai, était une telle fête que c’était, paraît-il, leur nouvel an !
Le jardin autour du Visitor Center montre toutes les plantes qu’on peut rencontrer dans le coin. L’écosystème est admirable mais si fragile.
Dans ce climat semi-aride où les températures atteignent 45° et +, les saguaros sont le garde-manger et abreuvoir d’oiseaux qui se jouent de la protection des épines. Les plus grands saguaros pèsent 5 tonnes… dont 3 d’eau ! Les piverts creusent un trou pour en faire leur nid et l’année d’après, d’autres oiseaux s’y installeront. Ces hôtes sont parfois la cause du dépérissement des cactus.
Le Gila woodpecker est un hôte récurrent des saguaros, il y trouve le gite et le couvert.
Ce vieux bonhomme est perclus d’arthrose. Oh pardon, ce saguaro a subi une période de gel, ce qui fait que ses bras vont aussi bien vers le ciel que la terre.
La période la plus aimée pour visiter ces parcs est avril-mai, pour admirer les floraisons. Nous avons cependant vu quelques fleurs sur d’autres plantes comme celle-ci :
Ou celle-ci :
J’ai pris beaucoup de photos dans les deux parcs, mais je conclus avec celle-ci qui n’est pas de moi :
Remercier Dieu pour les bonnes récoltes ne se limite pas forcément au 4e jeudi de novembre ; en septembre dernier dans l’Ouest américain, j’ai assisté plusieurs fois à une petite action de grâces en début de repas : chez des hôtes, au restaurant à la table voisine, parfois discrète, d’autres fois plus démonstrative… Bien sûr je sais que la religion est très présente aux Etats-Unis, et d’ailleurs une des tablées dont je parle était amish (des touristes Amish dans le sud de l’Arizona, oui ça existe !). Alors qu’enfant je trouvais ces pratiques vieillottes et même ridicules quand d’aventure elles étaient pratiquées devant moi, à présent je ne vois plus du tout les choses de la même façon, cela m’a sincèrement touchée.
Family praying together over Thanksgiving dinner
Le repas ne sera pas le même si on le partage avec convivialité ou si on le mange distraitement devant un écran, c’est certain et d’autant plus vrai après ce qu’on appelle une action de grâces. Après avoir remercié Dieu – ou, laïquement, après avoir énoncé notre reconnaissance envers les personnes qui ont rendu possible ce bon repas – nous avons tendance à déguster, à longuement mâcher pour dégager toutes les saveurs, à manger en conscience. C’est recommandé pour la santé, le cerveau est mieux préparé à entamer toutes les phases de digestion. Nous prêtons aussi attention à la provenance des produits et le sujet s’invite dans la conversation d’une manière ou d’une autre. La conversation est dans la nature de l’être humain : le repas est le moment idéal pour renouer avec notre état d’homo sapiens dans ce qu’il a de plus basique (le livre Sapiens, une brève histoire de l’humanité de Yuval Noah Harari, brillant essai sur la nature humaine et son histoire, donne comme raison du développement de notre race d’humain notre capacité à bavarder… et faire des commérages !).
Une grande prise de conscience se fait en ce moment sur la nécessaire qualité de nos aliments (nous sommes faits de ce que nous mangeons) et pour enseigner aux enfants le respect du travail en amont et la gratitude qu’on lui serve de la qualité, 10 secondes pour y penser avant chaque repas ne me semble pas insurmontable. Bon, c’est ma minute réac !!
Nous avons tout de même en France l’habitude de nous souhaiter :
Bonappétit!
Pourtant des personnes nous gâchent le plaisir en nous disant que ce serait impoli. Qu’en penses-tu ? Moi j’assume ! C’est pour moi aussi une façon de dire que je suis heureuse de partager mon repas avec les personnes choisies autour de moi, alors que tant de personnes sont seules.
Que c’est agréable de pouvoir manger ce qui vient de son jardin ! Mon mari nous pourvoit en légumes et quelques fruits tellement délicieux. Ma sœur qui vit à Paris a trouvé nécessaire de transformer son balcon en petit jardin d’herbes et c’est une tendance forte de vouloir retrouver la maîtrise de ce qu’on mange. Alors je n’ai pas instauré l’action de grâces à voix haute mais depuis mon retour, je prends le temps de me dire que j’ai bien de la chance d’avoir une assiette pleine de bonnes choses. Chaque moment de joie se savoure, car la vie se charge de nous fournir aussi des épreuves…
De tout cœur je souhaite un bon Thanksgiving à mes amis américains, cette année c’est jeudi 22 novembre, et je te donne rendez-vous mardi prochain pour une rencontre avec un peuple de géants verts…
Until later, avec toute ma gratitude de te savoir fidèle au rendez-vous du mardi, Katell
Le Colorado (coloré, rouge en espagnol) est un fleuve mythique, appelé ainsi car il charrie la terre rouge des montagnes, plateaux et canyons où il passe. Les paysages traversés par le fleuve font partie des plus beaux qu’il m’a été donné de voir, comme le Grand Canyon du Colorado. On n’oublie jamais le Grand Canyon quand on a eu la chance de le voir un jour !
Le Colorado River prend sa source dans les Montagnes Rocheuses dans l’Etat du Colorado et serpente sur 2 330 km vers le Golfe du Mexique en passant par l’Utah, l’Arizona, le Nevada, la Californie et enfin un peu de terre mexicaine. Le parc du Grand Canyon du Colorado se trouve entre le Lake Mead et le confluent avec Little Colorado (mais coule de l’est vers l’ouest), en Arizona du Nord, ce qui fait environ 350 km de long. Seuls quelques endroits sont accessibles pour les touristes, afin de préserver au mieux l’écosystème. Le Grand Canyon n’est pas un désert, beaucoup d’animaux y vivent !
Visiteur du Grand Canyon en 1914
Le Président des Etats-Unis Théodore Roosevelt découvrit ce site au tout début du XXe siècle et réussit, contre l’avis du Congrès, à en faire un Parc National le 11 janvier 1908 (la photo ci-contre date de ce jour historique). Déjà il y avait beaucoup de tourisme, des exploitations minières, des maisons au bord de la rive, une certaine anarchie dans les constructions. Il fit un beau discours à cette occasion, en substance : Le Grand Canyon m’inspire admiration et respect. Il est au-delà de toute description, absolument inégalé de par le monde. Il faut absolument que cette merveille de la nature reste ainsi. Ne faites rien qui puisse altérer sa sublime grandeur et magnificence. On ne peut l’améliorer. La seule chose qu’on puisse faire, c’est le garder intact pour nos enfants et les enfants de nos enfants et tous ceux qui viendront après nous, pour que chaque Américain puisse le voir ainsi.
Si j’ai pu profiter de tant de paysages grandioses en septembre dernier, je sais que c’est c’est grâce à John Muir et Theodore Roosevelt. Muir est le père des Parcs Nationaux des USA mais il n’aurait jamais réussi sans le soutien du Président.
Roosevelt (1858-1919) et John Muir (1838-1914) grâce à qui de larges régions naturelles n’ont pas été saccagées.
Mais ces hommes ne sont pas assez entendus de nos jours… Parlons des choses qui fâchent. Même si nous avons vu des paysages fantastiques et qu’on se sentait si bien dans cette région, le Colorado River, que nous appelons fleuve en français (nous distinguons ainsi les cours d’eau qui se jettent dans la mer ou l’océan), est en danger. Mais le Colorado est-il toujours un fleuve ? On ne sait plus quoi dire car l’embouchure, un grand delta au nord du Mexique, est… asséché.
Le delta du Colorado : au mieux, il est humide… Photo de Franck Vogel, GEO Magazine
Plus d’eau, nada, depuis des années ça ne coule plus : seulement 9 % de l’eau du Colorado arrive près de l’embouchure car le reste est détourné en amont. Avec la chaleur, il y a une forte évaporation dans le coin, ce qui ne donne plus que 4 %de l’eau qui devrait y couler. Résultat, les Mexicains vivant traditionnellement de la pêche à cet endroit depuis des siècles sont obligés d’aller en pleine mer.
En moins d’un siècle, l’homme a créé des barrages, des réservoirs, des détournements, épuisant le fleuve. Une mauvaise nouvelle arrivant rarement seule, la neige est de moins en moins abondante et fournit moins d’eau chaque printemps. C’est vrai que les lacs artificiels sont magnifiques et favorisent le tourisme mais le domptage de la nature pour notre confort n’est pas sans conséquence. Nous sommes allés bien trop loin. Bien sûr, le Colorado permet à quarante millions de personnes d’avoir de l’eau au robinet, mais il irrigue surtout des cultures qui n’ont pas lieu d’être en milieu quasi-désertique, arrose toutes les parcelles de jardins de Californie et d’Arizona chaque soir et des centaines de golfs aux pelouses vert fluo plantées dans des terres arides, et tant d’autres exagérations. La consommation à outrance est néfaste, quel que soit le sujet, mais la problématique de l’eau est cruciale. Les alertes se succèdent en cascade : l’évaporation s’accroît, concentrant notamment les pesticides et phosphates de l’agriculture (qui eux ne s’évaporent pas…), la sécheresse s’accentue, alors que les « besoins », en réalité souvent futiles, sont insatiables. On tue clairement la poule aux œufs d’or…
A l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or. Hubert Reeves, astrophysicien, écologiste
Encore une fois des scientifiques disent qu’il n’est pas trop tard, mais que des mesures sont urgentes pour préserver une qualité de vie « normale » dans les décennies à venir. Trop tard ou pas, je n’en sais rien, mais voyager aide à ouvrir les yeux : au milieu d’une nature paradisiaque, ce voyage m’alerte tellement sur la domestication à outrance de la nature… Un article en français d’un site suisse te fait ici l’historique des décisions et dérives…
Parfois tout de même, on fait marche arrière. Figure-toi qu’au bord du Grand Canyon, là où tout le monde se promène, se trouvait naguère une mine de cuivre exploitée pendant des décennies (à partir de 1893) jusqu’à ce qu’on découvre au début des années 1950 que les cailloux noirs qu’on jetait étaient d’une richesse folle en uranium ! De 1953 à 1969 on exploita cette mine principalement pour l’uranium, riche aussi en or, argent et encore en cuivre. L’exploitation s’interrompit non pas parce que les défenseurs de la nature gagnèrent mais parce que le prix de l’uranium s’est effondré. Il est absolument interdit d’aller s’y promener (… non merci !) mais on y passe vraiment près, on en fait le tour, ce n’est guère que de la taille d’une grande propriété. D’ailleurs sur ce site, pour accompagner la mine, un hôtel a failli voir le jour :
D’autres projets de mines d’uranium existent autour du Grand Canyon. Le site en serait définitivement défiguré.
Un autre projet actuel m’énerve beaucoup : la perspective de transporter les touristes peu sportifs en bas du Grand Canyon… en téléphérique. Dix mille personnes par jour pourraient faire l’aller-retour. Juteux, n’est-ce pas ? Catastrophique aussi : il y aurait un visitor center, des restaurants et hôtels… On n’imagine pas l’infrastructure que cela requiert en construction, eau, électricité et tout le reste. Le projet est annoncé au confluent du Colorado et du Petit Colodado.
Or cet endroit superbe est depuis des siècles un lieu hautement sacré pour les Navajos qui rejettent ce projet de toute leur force. Ceci se trouve au début du Grand Canyon, au nord-est. La confluence entre le Colorado et le Little Colorado est encore un havre de paix… pour combien de temps ?
Beaucoup de personnes se battent contre ce projet qui détruirait irrémédiablement ce merveilleux site, mais beaucoup d’autres sentent l’odeur du billet vert…
Heureusement, cet endroit est en terre Navajo (avec un gouvernement, des institutions indépendantes) et ils ont leur mot à dire. Bref, tant de causes à devoir défendre même sur un endroit aussi exceptionnel, c’est décourageant… Theodore Roosevelt, on a besoin de vous !
La rive sud du Grand Canyon accueille la plupart des touristes (4,5 millions par an), c’est gigantesque avec de nombreuses infrastructures, mais finalement plutôt bien fait. J’imagine les Américains qui, au 19e siècle, ont pu s’installer là tranquillement, construire leur maison face au canyon… Certains étaient éblouis et passionnés, ce ne sont pas eux qui auraient voulu bousiller ce lieu ! Mais le coin n’a pas pu rester secret et d’autres ont eu des idées pour en tirer parti…
Coucher de soleil à Mohave Point, Cathy Geier, 100 x 142 cm
Dans son livre datant de 2014 Cathy nous enseigne tout ce qu’il faut savoir pour réussir son propre tableau de bandes de tissus. Bien sûr c’est faisable avec des jelly rolls, en particulier ceux en tissus batiks ou faux-unis. Cathy nous présente aussi une dizaine d’artistes qui, comme elle, font des quilts de bandes, et donne leurs particularités. Je trouve cela très généreux de sa part et cela rend ce livre très complet. Douze tableaux y sont expliqués avec le plan de chacun en fin de livre (mais pas celui ci-dessus, réalisé après la parution du livre). S’y ajoutent quelques astuces d’embellissements et des appliqués en premier plan pour plusieurs des quilts. Si cette esthétique te séduit, c’est le bon livre pour s’y mettre !
Rêvons en admirant ces photos extraordinaires du Grand Canyon. En photo, ce n’est jamais aussi bien, désolée 😉
Le spectacle est impressionnant. Nous avons marché de nombreux kilomètres le long de la rive sud, le paysage est toujours différent. De certains endroits on aperçoit le fleuve tout au fond. Les géologues précisent que ce n’est pas le Colorado qui a creusé le Grand Canyon, mais que le fleuve a profité de cette faille pour passer là… et la creuser un peu plus.
A une bonne semaine d’intervalle nous avons visité la rive nord puis sud du Grand Canyon. Au nord, seuls 2 ou 3 % des touristes s’y aventurent, et pourtant c’est si beau ! Certaines formations ressemblent à des temples bouddhistes, d’autres rappellent les châteaux cathares… On jurerait que certains rochers sont des ruines ! La route pour parvenir à la rive Nord traverse une grande et belle forêt, dont une partie a malheureusement été calcinée. On y voit de nombreux animaux sauvages, principalement des biches. Nous n’avions pas suffisamment de matériel de randonnée pour descendre au fond (il faut y consacrer 2 jours). Car, contrairement à la montagne où nous avons nos habitudes, ici on commence à descendre, puis on doit monter !! Et en bas il fait une chaleur torride, 10 ° de plus qu’en haut, il faut y être préparé. Tous les ans des touristes sont hélitreuillés en urgence, c’est très dangereux (les courants d’air sont forts) et coûte une petite fortune… Bref la prudence est de mise. On garde cependant un petit pincement au cœur, notre seul regret de ce voyage, on aurait bien voulu faire cette randonnée mythique… surtout mon mari qui a bien plus de résistance que moi en randonnée !
Qu’ont pensé les premiers pionniers en découvrant ce site ? Se sont-ils découragés en voyant cette barrière naturelle si difficile à franchir ? Ou religieux avant tout, ont-ils remercié leur Dieu pour cette beauté de la nature ? Sans doute les deux !
Mardi prochain, nous réfléchirons ensemble à la signification de Thanksgiving, fête familiale, religieuse… ou pas !
La Ford Mustang, au logo avec un cheval galopant, est une gamme de voitures américaines mythiques, fabriquées depuis 1964. Ford a inventé l’automobile à destination des baby-boomers, une petite voiture puissante et fun qui ne passe pas inaperçue, customisable, symbole avec sa concurrente, la Chevrolet Camarro, de l’Amérique moderne, jeune et insouciante, avide de liberté.
Ford fut bien inspiré de choisir pour leur voiture destinée à la jeunesse cet animal libre et sauvage et c’est bien du cheval que je souhaite te parler car son histoire est singulière et loin de ce qu’on croit savoir.
Il y a 10 000 ans en pleine préhistoire, on ne sait pas vraiment pourquoi, les équidés disparurent du continent américain (nord et sud). Les spécialistes avancent les attaques massives des tigres aux dents de sabre, des éruptions volcaniques, des maladies… Les mustangs ne sont donc pas une race de chevaux sauvages d’origine américaine. En 1519 Cortez débarqua chez les Incas (au Mexique actuel) avec 16 chevaux. Imagine la terreur des indigènes devant ces diables blancs et barbus juchés sur des animaux inconnus ! Les bateaux venus d’Europe continuèrent de faire venir des chevaux d’Espagne jusqu’à ce que la reproduction leur en fournisse suffisamment sur place. Dès 1540 les Espagnols étaient sur le territoire des Etats-Unis dans l’actuel Nouveau-Mexique, avec un gros troupeau de bovins et plus de 1 000 chevaux et mulets. Une tempête de grêle fit s’échapper nombre de chevaux. C’était le début des mustangs, ces mestengos, animaux errants. Les Indiens apprirent vite à capturer et re-domestiquer ces chevaux, ils les considéraient comme un don céleste, donnant un nouveau sens de liberté à leur vie, leur permettant de se déplacer plus vite, de mieux chasser… mais ils ne suffiront pas pour défendre leur territoire face aux Euro-américains.
Les mustangs ont des règles de clan qui évitent la consanguinité et sont particulièrement frugaux, d’où leur vigueur dans les immenses plaines souvent arides. Ils peuvent doubler leur population en 4 ans : tu connais le vertige des nombres, en peu de temps cela fait beaucoup de mustangs !
Depuis le 16e siècle donc ces chevaux ont changé la vie des Indiens, il y aurait mille anecdotes à raconter ! Ainsi en Espagne et plus largement en Europe on dépréciait les chevaux à plusieurs couleurs, alors ceux-ci, ayant moins de valeur marchande, étaient les premiers à partir vers le Nouveau-Monde. De leur côté, les Indiens trouvaient au contraire ces animaux particulièrement beaux et les capturaient en priorité ! Les Perce-nez (leur territoire était sur les Etats actuels de Washington et Idaho), à force de les sélectionner dans la nature, ont créé les Appaloosas, qui sont en fait un mélange de mustangs et de chevaux de trait bretons apportés au Canada. Eh oui, les Français et aussi les Anglais ont aussi apporté leurs chevaux sur la côte nord-est d’Amérique… Outre leur beauté, les Appaloosas ont une allure particulière (façon de marcher appelée Indian Shuffle) très confortable, qui permet de couvrir de très longues distances par jour.
Indiens Nez-Percés et leur cheval Appaloosa, vers 1895. Le nom de la race du cheval fait très exotique, mais cela vient de « la pelouse », nom donné à la prairie à longues herbes par les trappeurs canadiens (et à une rivière de ce territoire). Les Français étaient souvent les interprètes entre les Indiens et les Anglais, car ils avaient des relations étroites et très amicales avec les Natifs. Un bon point pour les Français !
Mais le monde change. On utilise bien plus les chevaux des moteurs de voiture que ceux à quatre pattes. Ni les Indiens ni les pionniers ne capturent désormais de mustangs. Les immensités qui paraissaient infinies se morcellent, on atomise les étendues naguère sauvages avec les constructions, l’agriculture, l’élevage. Les mustangs, qui furent une aubaine, deviennent un problème. A présent on ne sait plus comment gérer dignement le sort de ces animaux. Vous pouvez lire ces articles à ce sujet :
Madeleine Pickens, une milliardaire à la vie tumultueuse, consacre désormais une partie de sa vie et de sa fortune à la protection des mustangs. Son immense ranch dans le Nevada est un sanctuaire pour ces animaux qui symbolisent si bien l’esprit de liberté cher aux Américains. Une goutte d’eau, mais qui fait du bien ! Cependant, personne n’étant parfait, elle leva des fonds pour la campagne présidentielle de Donald Trump… mais ce n’est pas le sujet.
Des chiffres alarmants viennent d’être publiés : 60 % des animaux sauvages, toutes races confondues, ont disparu en 40 ans. Ces mustangs, descendants de chevaux domestiques, ont beaucoup de défenseurs mais ont-ils encore la possibilité de vivre en toute quiétude ?
Ce qui semblait être une bonne idée (apporter des chevaux en Amérique pour faciliter les transports) est devenu avec le temps un gros souci en Amérique. Le même phénomène est arrivé en Namibie mais avec un dénouement plus heureux : des chevaux apportés par des colons allemands pour le travail dans les mines ont pris également leur liberté mais ceux-ci ont bien plus de chance, la Namibie restant à ce jour un pays désert !
Nous n’avons pas vu de mustangs en liberté, mais nous avons visité un promontoire dominant le Colorado qui s’appelle Dead Horse Point. Un panorama à couper le souffle, dominant de 600 mètres une boucle du fleuve Colorado. Le nom m’a intriguée, l’endroit du cheval mort. On raconte que la forme du promontoire permettait de garder les mustangs facilement dans un corral (enclos) naturel, sans construire de coûteuses barrières. Mais à un moment l’eau manqua et les chevaux ne survécurent pas, ne pouvant se désaltérer avec l’eau du Colorado qu’ils sentaient et voyaient 600 mètres plus bas… Trop triste ! L’autre version n’est pas mieux : des cow-boys acculaient régulièrement les chevaux jusqu’au bout de ce plateau, ils ne pouvaient s’échapper, ils étaient capturés… et sans doute mangés… Cela faisait naguère partie de la régulation des hordes.
Non loin de ce Dead Horse Point se trouve l’un des plus beaux Parcs Nationaux : The Arches. Voici une parmi les plus belles arches formées par l’érosion du vent, the Delicate Arch, symbole qu’on retrouve sur les plaques d’immatriculation des voitures d’Utah :
Coucou oui la toute petite c’est moi !
Une autre boucle du Colorado s’appelle Horse Shoe Bend, la boucle en forme de fer à cheval. Cela se trouve au sud de la ville de Page, en amont du Grand Canyon. En voici une belle photo du blog Road Trippin, un de ceux que j’ai lus avec beaucoup d’intérêt avant notre départ :
L’eau émeraude est magnifique, mais pas ‘normale’, elle vient d’être filtrée au barrage près de Page.
Les noms de ces lieux naturels montrent la proximité des hommes et des chevaux. Et bien sûr beaucoup de quilts ont pour thème cet animal si beau et pacifique. Ci-dessous un quilt que j’ai fait il y a 10 ans, dédié à mon fils Erwan pour ses 11 ans, donc il y a 11 chevaux (ah-ha quelle subtilité…). Parallèlement, mon amie Madeleine en avait fait aussi un pour son petit-fils, nous avions partagé les tissus, les idées et ces deux quilts sont témoins de notre amitié, toujours aussi vivace aujourd’hui.Leur petite histoire est iciet le modèle des chevaux est de la regrettée Joan Colvin.
Le haras, Madeleine Fillola, 2008
OK Corral, Katell, 2008. Comme je te le racontais ici, OK Corral fait référence à une fusillade ayant eu lieu à Tombstone. C’était un de mes rêves de visiter cette ville un jour et nous y sommes allés !… Je t’en parlerai un autre jour dans cette série Western Spirit.
Les chevaux sont un des thèmes qui font plaisir pour un cadeau, tant d’enfants et d’adultes les aiment ! Il en existe des milliers, en voici une toute petite sélection qui peut t’inspirer :
La fierté d’être du Colorado (n’est-ce pas Anne-Marie ?) : le panneau proclame Le dernier meilleur endroit, le Colorado ! Deux jours seulement dans cet Etat, mais un vrai coup de cœur…
Dans cet Etat naît le célèbre Colorado, un des fleuves les plus artificialisés au monde, rendez-vous dans 15 jours pour en reparler. Durango et Silverton se trouvent au sud-ouest de l’Etat.
Durango
Cette ville ne fut pour nous qu’une halte d’un soir mais on en garde un beau souvenir. C’est une ville universitaire, dynamique avec ses 17 000 habitants, qui a gardé un centre à l’ancienne, montrant une opulence certaine avec ses magasins d’antiquités qui me semblaient très européens et quelques bâtiments anciens soigneusement conservés dans leur jus… et peut-être plus beaux qu’à l’origine.
Cette boulangerie est très connue, j’ai pu en faire une photo ci-dessous juste avant qu’elle ne ferme ses portes :
Un quilt en devanture d’un magasin d’antiquités.
Superbe librairie aux décors rappelant la vie au grand air avec des objets anciens en bois : un canoë, une luge, des raquettes, des skis, etc.
Impensable en France, mais pas du tout rare aux USA : une herboristerie pour se soigner en suivant la médecine chinoise. Ici est écrit : Petite pharmacie – Utile depuis 5 000 ans – Médecine chinoise, ça marche.
J’adore voir l’alignement des bocaux de plantes ! Nous aussi avons une tradition herboriste européenne ancienne et performante, souvent complément idéal de la médecine moderne. Mais beaucoup de ses secrets tombent dans l’oubli en France depuis qu’un certain Maréchal Pétain a interdit le diplôme d’herboriste en 1941. Il ne se passait probablement rien d’autre d’important à cette époque. Les sorciers lui faisaient-ils peur ?
Un établissement est le clou du spectacle à Durango :
Ce saloon-cabaret reste résolument à l’heure de la fin du 19e façon Lucky Luke avec ses serveuses en bas résille, ses velours rouges du style maison close… De la musique entraînante jouée sur le piano centenaire complète l’illusion d’avoir remonté le temps !
(photo Pinterest)
Surprise, une famille de racoons (ratons laveur) a élu domicile dans une bouche d’égout ! Nous étions un petit groupe à nous extasier sur les bébêtes, tout en nous demandant quel degré de nuisance ils pouvaient avoir en plein centre ville…
C’est ma seule photo montrable, les autres sont noires malheureusement. Nous en avons vu 3 !
Renseignements pris, ils sont maintenant fort nombreux en ville, profitant des poubelles. Ils sont intelligents et bien mignons et se laissent facilement apprivoiser, mais est-ce bien nécessaire ?… Les ratons laveurs font partie des animaux du Nouveau-Monde qu’on fit venir en Europe vers 1930 pour les élever pour leur fourrure. Erreur… ils font maintenant partie des animaux nuisibles dans bien des contrées, se développant ici sans prédateur…
Nous n’avons pas l’impression d’être à près de 2 000 m d’altitude, au pied des Rocheuses ; c’est le lendemain, en allant vers le Nord, que nous verrons un peu plus de ces somptueuses montagnes.
En route pour Silverton !
Durango et Silverton sont deux villes distantes de 70 km, une route superbe en cette mi-septembre. Ces villes sont nées à peu près en même temps, liées par un célébrissime chemin de fer touristique. Naguère ce train servait notamment de transport du minerai extrait des mines de Silverton vers Durango, où il était traité. Hier comme aujourd’hui il faut toujours lutter contre les éléments, ici une photo montrant les dégâts d’une pluie diluvienne en 1911 sur le chemin de fer qui longe la rivière Animas.
Sur le chemin, on passe devant une célèbre station de ski : une des pistes se termine juste au pied de la route ! Son nom n’est pourtant pas engageant : Purgatory ! Histoire de nous rappeler qu’on est en terre américaine, où Dieu est dans la Constitution…
Mais que la route est belle entre Durango et Silverton…
Silverton
Les habitants de Silverton, la Ville de l’Argent (le métal) bénéficient d’un paysage grandiose, ce haut plateau à 2 836 m d’altitude est entouré de majestueuses montagnes. Avaient-ils naguère le loisir d’admirer le paysage, alors que le travail de la mine était harassant et si dangereux ? Le climat est très rude en hiver. Quelle dure vie pour les pionniers, attirés par milliers par la richesse des sous-sols en argent mais aussi or et cuivre, alors que le confort n’existait pas…
Pour nous en septembre 2018, ce fut une ville dorée par le doux soleil presque automnal, une découverte très agréable, une plongée dans la vie rêvée des pionniers sans les dangers… et un charmant accueil dans un joli petit magasin tenu par une quilteuse !
Silverton : quelques rues se croisent à angle droit dans un écrin montagnard splendide.
Cette ville existe car on y trouva de l’or, de l’argent, du cuivre, c’était donc pour les Euro-américains une bonne raison de s’y installer après avoir viré manu militari les Indiens Ute, pourtant si combatifs, qui y vivaient depuis le 13e siècle. La dernière mine ferma en 1991, mais on parle toujours de réouverture un jour…
Au Visitor Center on apprend l’histoire de la ville et quelques pièces de musée nous plongent dans le passé.
Silverton devint une ville typique de l’Ouest, coupée en deux par sa rue principale, Greene Street. D’un côté, la bonne société respectant les codes de la morale avec les maisons d’habitation pour les familles, de l’autre la vie nocturne. Les hommes passaient d’une partie à l’autre, mais pas les femmes…
Les maisons sont presque toutes en bois, avec une grande diversité de taille, de style et de rang social aussi. Une jolie petite ville où l’espace ne manque pas !
Les écoles, ainsi que les sept lieux de culte (pour 700 habitants actuellement) sont tous du « bon » côté de la ville… Je reviendrai un jour sur les religions aux Etats-Unis, pour comprendre ce pays on ne peut pas esquiver cette donnée de liberté de culte. Elles sont toutes mignonnes, ces églises ! En voici quelques-unes :
Et voici Greene Street, la ligne de démarcation entre les deux mondes. Derrière cette rue jusqu’à la montagne, c’est le quartier résidentiel que nous venons de visiter et de ce côté, c’est le quartier mal famé, les lumières rouges, le paradis des joueurs bien avant Las Vegas, les bordellos (j’ai appris un nouveau mot d’anglais !!), les saloons et hôtels… Cette partie basse de la ville reste de nos jours encore la plus animée avec tous les magasins typiques et plutôt intéressants, ainsi que le terminus du train touristique Durango-Silverton.
Cette grande bâtisse est le Grand Imperial Hotel, principal établissement historique qui a gardé sa superbe à l’intérieur :
Et on a pris des forces au Brown Bear Cafe, le café de l’ours brun. Ici, ambiance chaleureuse, beaucoup de vieilles photos de Silverton… et une collection d’ours !
Dans plusieurs villes « western » nous avons admiré ces plafonds en étain. Ici on voit aussi une frise de papier peint d’ère victorienne, diverses photos et articles de collection.
Si tu visites Silverton un jour, tu pourras admirer les devantures de magasin à l’ancienne dont l’intérieur ne manque pas d’intérêt. Il y a beaucoup d’artisanat (et pas du made in China à longueur d’étalage comme parfois ailleurs).
Tchou-tchou ! Et voilà qu’arrive l’Express de Durango, tout le monde descend !
Grâce au tourisme, Silverton ne finit pas en ville-fantôme comme bien d’autres bourgs. Le train apporte pendant la belle saison sa cargaison de touristes venant de Durango.
Et puis dans un magasin en angle il y a… du patchwork !
Les ventes principales se concentrent sur des poteries, mais la passion de la charmante gérante remplit un coin ensoleillé de la boutique. Nous avons naturellement discuté fort amicalement et Shirlee m’a avoué que son grand rêve est d’aller en France, terre de ses grands-parents… Alors si elle réussit à vivre son rêve, elle viendra aussi du côté de Toulouse !
Je n’ai pas résisté devant ce tissu inspiré des bandanas.
Cette fois comme tant d’autres fois, le partage des passions ouvre les portes et les cœurs.
Après cette balade touristique, mardi prochain nous allons courir, crinière au vent…
Until later, Katell
Et quelle que soit l’actualité, les enfants américains se réjouissent de la fête d’Halloween qui aura lieu demain ! Malgré son origine européenne et celtique, elle n’est plus à la mode en France. Rien ne vous empêche cependant de célébrer l’automne avec une petite décoration… Je viens de sortir mes potirons en tissus, un modèle est toujours disponible ici.
Avant de rendre visite aux Patriarches au pied du Mont Rainier, je te présente cette montagne qu’on voit de Seattle dès que le temps est clément.
J’opte désormais pour le tutoiement dans la série Western Spirit tous les mardis, car c’est un partage d’idées, d’aventures et d’expériences qu’on partage entre amis !
Skyline (« silhouette urbaine ») de Seattle au coucher du soleil, avec la silhouette du Mont Rainier (photo d’ici)
Des 26 volcans de la chaîne, le Mont Rainier est l’un des plus dangereux. Non loin, l’éruption de Mont St-Helens en 1980 fit de gros dégâts et surtout 57 mortsdans une région peu peuplée. Le Mont Rainier est le plus haut sommet de la chaîne des Cascades qui s’étale du Canada à la Californie, le long du Pacifique. On sait que la faille San Andreas poursuit plus au sud les risques majeurs de séismes. La Terre est toujours en activité, c’est loin d’être un astre mort !
En suivant ce lien, tu verras que plusieurs villes dans le monde sont menacées par un volcan actif, comme l’est Seattle.
Le Mont Rainier est néanmoins un but de randonnée privilégié, nous avons assisté avec émotion au dévoilement progressif du mastodonte au fil des heures dans la région du Sunrise en étant déjà à environ 2 000 m d’altitude :
Et les Patriarches ?
Ils se trouvent du côté de l’Ohanapecosh River, au pied sud-est du Mont-Rainier. Nous ne sommes plus qu’à environ 500 m d’altitude. Les Patriarches sont les héros de cette forêt primaire, plusieurs dizaines d’arbres millénaires qu’on peut approcher après avoir traversé un pont suspendu.
Traversée sécurisée de la rivière. On nous conseille de traverser le pont un par un car chaque pas engendre des vibrations. C’est pourtant drôle de s’amuser dessus à plusieurs ! Cela me rappelle des passerelles en lianes en Côte d’Ivoire dans la région de Man quand j’étais toute jeune, bien plus instables :
Les racines spectaculaires de cet arbre tombé en 1970 permettent de photographier des enfants dans le centre de l’arbre, c’est ici le cliché habituel. N’ayant pas d’enfant sous la main, le creux reste vide, on ne se sent donc pas bien compte de l’échelle 😉
Les arbres tombés sont laissés car ils deviennent parfois des arbres-pépinière : les troncs morts en cours de décomposition, pleins d’insectes, de mousses et de champignons servent de support et de nourriture à de jeunes plants. La forêt primaire suit son cours complet.
Les arbres locaux sont des Douglas (appelés ainsi d’après David Douglas, un botaniste écossais qui fit 10 000 km en 1825-26, à pied et en canoë, pour découvrir la flore le long du Pacifique), des tsugas (autres conifères), et des cèdres rouges (thuyas géants). Ces derniers étaient de première importance pour les Indiens, procurant la matière première pour faire notamment des paniers ou même des capes imperméables avec l’écorce qu’on peut tisser. Ce bois quasi-imputrescible se travaille et se fend facilement ; on le creusait pour faire des canoës, on le sculptait pour faire des mâts totémiques*, on le coupait pour faire les maisons… De nos jours, il continue d’être exploité pour couvrir les maisons en bois traditionnellement sous forme de shingles (bardeaux), sert à l’industrie des meubles, repousse naturellement les insectes (en particulier les mites textiles)… et, merveille culinaire découverte chez LeeAnn et cuisinée par son mari, ce bois donne au saumon un goût incomparable quand on pose le poisson sur une planche de cèdre rouge et qu’on le cuit au barbecue !! Dans ces cas-là, j’adore la cuisine américaine !
*Les totems sont sur-représentés dans notre imaginaire sur les Indiens d’Amérique (la faute aux westerns !). En Amérique du Nord, les mâts totémiques n’existaient que chez les peuples qui s’étendaient de l’Alaska à l’Etat de Washington (en passant donc par la partie ouest du Canada), on les nomme les Indiens du Nord-Pacifique. Les mâts totémiques correspondaient, non pas à une religion, mais à un emblème clanique, un blason, un hommage à une personne décédée ou une commémoration (la victoire d’une guerre par exemple). Il y a donc confusion de termes avec d’autres civilisations utilisant des mâts vaguement similaires ayant une symbolique religieuse.
De même, jamais aucun Indien, à part devant les caméras, ne fit whoo-whoo-hoo en battant la main devant la bouche pour partir à la guerre… et je reviendrai un jour sur le mythe des cowboys, attention déceptions en vue !
Un cèdre rouge qui connut de plus beaux jours… mais sa décomposition enrichira le sol.
Une longue passerelle en bois est aménagée pour que nos pas ne tassent pas la terre, ne blessent pas les racines.
Nous découvrons ébahis de vénérables arbres de 1 000 ans, toujours vivants, appelés les Patriarches.
On les appelle les jumeaux Douglas, ils ont mille ans, malgré leur allure alerte seule une couronne d’environ 20 à 25 cm est encore vivante. LeeAnn et moi ne sommes pas jumelles mais nous sommes sœurs de cœur !
Quelle émotion de toucher ces arbres… Ils fournissent une force énergétique et je comprends les peuples qui les ont divinisés.
Rappelle-toi Pocahontas, dessin animé de Walt Disney (1995) où l’héroïne demande conseil à sa « grand-mère feuillage » qui est la voix de la sagesse…
Plus généralement, ce film est une ode à la tolérance entre les peuples ainsi que l’encouragement à écouter et protéger la nature. C’est bien ce que nous enseigne l’étude de la vie des Indiens qui vivaient en symbiose avec la nature il y a encore peu de temps. Nous sommes bien moins sages. Sans bouder des aspects formidables du progrès, il y a urgence à revoir notre mode de fonctionnement, nous reconnecter à la nature dont nous faisons partie et mieux la respecter, c’est tout notre intérêt.
Nous n’avons pas visité la péninsule d’Olympia, au sud-ouest de Seattle. C’est encore là un lieu exceptionnellement préservé, une forêt primaire extraordinaire. Je t’invite à rendre visite à ce blog, l’un de ceux qui m’ont aidée à organiser notre voyage. Il est écrit par un professeur de géographie de l’université d’Orléans. On y voit ici de magnifiques photos de la péninsule.
Au fil de notre périple dans l’Ouest américain, nous nous sommes posé une question : pourquoi, dans notre vieille Europe, n’avons-nous que peu de très grands arbres ? Nous avons des Arbres Remarquables dûment répertoriés, certes, mais justement pas de très vieux arbres en abondance. Malgré la violence des incendies, ouragans ou tornades qui balaient ce pays américain, nous avons vu tant de très vieux arbres à la circonférence étonnante, même au centre de San Francisco ! La réponse est dans l’histoire des hommes.
L’Europe est, depuis bien longtemps, bien plus densément peuplée que l’Amérique. Si à l’origine, les forêts recouvraient la plus grande partie des territoires européens, au 11e siècle (à partir de l’An 1000), une conjonction d’événements changea la donne. Le climat connut un épisode très doux, la population s’accrut, une meilleure stabilité politique s’instaurait en même temps induisant la sécurité, le développement de l’agriculture et de l’élevage et donc un besoin de gagner de la terre. Mais un défrichement massif sans discernement fut effectué, les forêts furent souvent brûlées, comme un reset, une mise à zéro, ce qui fait qu’on a peu d’arbres très anciens, les arbres jeunes adultes étant exploités, depuis lors, au fur et à mesure des besoins. A noter qu’après 3 siècles de relative prospérité, le Moyen-Âge se termina avec un fort déclin de la population européenne au 14e siècle avec la Guerre de Cent Ans, la Grande Famine, la Peste noire… La Renaissance ne permit pas aux forêts de se reconstituer : les arbres étaient des produits de consommation de première nécessité, sans parler des constructions navales et autres industries avides d’énergie. On était à la recherche constante de bois de construction ou de chauffage : le petit peuple n’avait le droit que de glaner les branches, les troncs étant réservés aux propriétaires terriens.
Au 20e et 21e siècle, nous n’avons jamais eu autant de forêts en France, du moins depuis le 11e siècle ! En revanche, elle ne sont que rarement naturelles. Même les flancs de montagnes sont reboisés, ce qui est formidable, mais souvent avec une seule essence et cette politique favorise la propagation des maladies et insectes ravageurs. Ainsi, au printemps dernier, nous avons frémi à la vue de la forêt du Causse Noir à l’est de Millau, reboisé de pins noirs d’Autriche : ils furent ravagés en 2017 par les chenilles processionnaires et il n’y reste que des milliers d’arbres morts…
En Amérique, c’est une toute autre histoire, les Indiens étaient numériquement très peu nombreux en regard de l’immensité du territoire. Leur prélèvement de bois sur la nature était insignifiant. Et lorsque vinrent les Européens, quels arbres choisirent-ils pour construire leurs maisons (les log cabins), pour élever leurs clôtures, pour brûler dans la cheminée ? Certainement pas les plus grands et les plus vieux, sans doute pour le respect qu’ils inspiraient, mais encore plus certainement parce que les plus jeunes ont des diamètres bien plus pratiques à couper et à transporter !
Famille dans le Minnesota en 1890 devant leur cabane en rondins. On voit bien que les arbres utilisés ne sont pas très vieux…
C’est donc pour ces raisons qu’on peut voir encore aux USA des régions extraordinairement préservées. Pour retrouver l’ambiance de la découverte des très anciens arbres de l’Ouest américain au 19e siècle, je recommande la lecture du roman de Tracy Chevalier A l’Orée du Verger, maintenant disponible en format de Poche.
Et pour illustrer cet article avec quelques quilts, en voici que j’aime beaucoup avec des forêts qui me rappellent celles de l’Etat de Washington, ainsi que quelques arbres remarquables :
J’aime ce modèle classique des années 1930 je crois !
Bear in the Wood par Emma Louise, avec l’ours fait en couture sur papier d’après un modèle de Margaret Rolfe.
Uncommon Forestde Debbie de Seattle, probablement inspirée par les belles forêts de son Etat, Washington. Je suis amoureuse de ce quilt aux couleurs différentes de celles d’un Noël traditionnel !
On change d’univers artistique avec Redwoods de Merle Axelrad. Tissus collés puis quiltés. Bluffant de réalisme !
L’érable de Ruth McDowell, si artistique…
La Forêt, oeuvre collective faite dans le Tarn, dirigée par Cécile Milhau, voir l’article de Christophe pour des photos de détails. Cécile Milhau, ancienne déléguée FP du Tarn, est une artiste surprenante, aussi à l’aise dans la broderie, le patchwork que l’art textile mix-media.
Je reviendrai un jour sur des arbres que j’ai découverts en Utah, mais dès mardi prochain nous plongerons ensemble dans une ambiance western !
Avant d’entrer dans le sujet, permettez-moi de dire toute ma compassion pour les personnes qui subissent les inondations dans la région de Carcassonne que je connais bien.
Entrer chez Patricia Belyea, c’est expérimenter un joyeux mélange d’influences occidentale et extrême-orientale. Sa maison est comme elle, non conventionnelle, accueillante, sympathique… surtout pour une quilteuse ! Imaginez une immense pièce à vivre, avec plus de la moitié consacrée à un atelier ! Plusieurs tops en cours sont sur les murs, en attente de finition.
Patricia enseigne les courbes depuis plus de 5 ans, y compris en Europe au Festival des Quilts de Birmingham. Elle enseigne surtout un peu partout aux USA, y compris non loin de chez elle à La Conner où elle loue un bel espace qu’elle aménage avec ses tissus et son univers, pour le plus grand bonheur de ses stagiaires. Patricia a l’art et la manière de sublimer en rondeur des tops déjà superbes avec un travail de précision très minutieux, à la japonaise, complètement différent de celui que je pratique (je travaille de façon bien plus spontanée). Voici ce qu’elle fait en ce moment :
Après l’apéritif, nous avons laissé les hommes discuter entre eux et sommes allées visiter son espace professionnel. Son magasin se trouve sous l’habitation, pas vraiment en sous-sol puisque le terrain est en pente. Il est plein de centaines de tissus Yukata. J’ai eu l’occasion de vous en parler dans le magazine des Nouvelles de juin dernier (n° 137) et vous avez été très nombreuses à admirer la couverture de ce numéro montrant un de ses quilts ! Plus récemment encore, six pages lui sont consacrées dans le nouveau Simply Moderne. Patricia a le vent en poupe !
Son livre mérite qu’on le lise attentivement, il est rempli de trucs originaux, de points de vue différents, tout simplement parce que Patricia n’a commencé à quilter qu’à 50 ans et, autodidacte, elle a trouvé seule des manières de travailler très personnelles. Elle y montre des utilisations faciles mais néanmoins spectaculaires de ses tissus de kimonos anciens. Je vous en ai déjà parlé avec enthousiasme et vous pouvez trouver dans Les Nouvelles n° 137 un modèle expliqué extrait de son livre. Qu’ils sont beaux (ses tissus, ses kimonos, ses quilts) !!
Vous me pardonnerez, nous étions en visite amicale et je n’ai pas fait de photos, celles qui sont dans cet article proviennent du site de Patricia, Okanarts.com et de son compte Facebook. Patricia a cependant fait un portrait avec son téléphone pour immortaliser notre venue :
Et LeeAnn, nous a prises, Patricia et moi :
J’apprécie beaucoup Patricia, gaie comme un pinson, virevoltant, heureuse de partager son univers ! La vie n’est pas plus, pour elle que pour d’autres, un long fleuve tranquille, mais elle est combative, positive… J’aime cette femme !
Si vous êtes à Seattle, il faut d’abord contacter Patricia avant de vous rendre à son magasin, ouvert sur rendez-vous, voyez toutes les coordonnées ici : https://okanarts.com/contact/. D’origine canadienne, Patricia comprend le français.
Malgré ma petite fatigue ce soir-là (le décalage horaire n’était pas absorbé), nous avons grandement apprécié l’accueil chaleureux de Patricia et son mari, l’ambiance décontractée de cette belle soirée… A charge de revanche, nous attendons ta visite en France Patricia !
Que nous réserve mardi prochain ? Nous rendrons visite aux Patriarches !
Mon mari et moi avons atterri à Seattle pour que nous puissions nous revoir, LeeAnn et moi. Nous nous sommes connuesgrâce à son blog, nous avons correspondu par mail parce que j’admirais ses quilts et une sincère amitié est née entre nous. C’est d’ailleurs grâce à LeeAnn que j’ai commencé à correspondre avec Betty !
LeeAnn était venue à Toulouse en 2014, mes Amies Abeilles et Ana Maria s’en souviennent autant que nous deux. Quelles belles rencontres ! Bien sûr nous nous étions promis de nous revoir et ce voyage vers le Grand Ouest américain était déjà dans nos souhaits, alors j’espérais pouvoir tout combiner… ce qui fut fait !
Chez LeeAnn, ce n’était pas du tout l’esprit routard qui régnait mais une très douce chaleur amicale qui nous enveloppait. La transition entre l’Europe et les Etats-Unis s’est ainsi faite dans le cocon de leur jolie maison en cèdre, si confortable et tranquille… Un bonheur inoubliable et une amitié à quatre que nous nous sommes promis d’entretenir.
Seattle, Washington
Nous sommes donc dans l’Etat de Washington qui se trouve le long de l’Océan Pacifique, juste au sud du Canada, tout près de Vancouver, dont nous avons presque tous appris l’existence avec la chanson de Véronique Sanson (ici). Sa plus grande ville est Seattle ; sans être au-devant de la scène comme New-York ou San Francisco, vous l’avez sûrement aperçue au cinéma ou à la télé avec parmi tant d’autres :
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La ville a une silhouette bien reconnaissable avec sa fine tour qu’on appelle Space Needle (l’Aiguille de l’Espace, avec son restaurant panoramique au sommet à la forme de soucoupe volante), érigée en 1961 pour célébrer l’Exposition Universelle qui eut lieu dans cette ville en 1962.
Shannon Brinkley nous propose de faire un panneau Seattledans sa série Skyline:
Ma première photo de Seattle vue du nord. Le fond est dans les nuages mais un autre jour nous aurons la chance de voir le Mont Rainier, volcan qui, tel le Mont Fuji à Tokyo, domine la ville. Nous irons même en excursion sur ce mont distant d’une centaine de km de la ville.
Seattle est une ville qui respire bien, soucieuse de protéger la verdure omniprésente. C’est aussi une ville ultra moderne, siège de tant d’entreprises à succès. Naguère connue surtout pour Boeing, à présent elle s’enorgueillit d’avoir vu naître Starbucks, Expedia, Microsoft, Amazon…
Le tout nouveau siège d’Amazon, inauguré en janvier dernier, est composé 3 immeubles et de 3 bio-sphères en plein centre ville. Conçues pour le bien-être des salariés – et donc un meilleur rendement – elles renferment de multiples services et même une forêt tropicale ! (photo Amazon)
Nous avons cependant passé bien plus de temps à l’extérieur de la ville !
La baie de Puget Sound
Vous voyez Seattle. La Conner n’y figure pas, c’est au bord de l’eau, à l’ouest de Mount Vernon (en haut de la carte)
Le Puget Sound est la baie où se niche Seattle, un superbe labyrinthe d’îles, de presqu’îles et de mer propice aux sorties maritimes pour le plaisir, voie de communication par ferries, étape des gigantesques paquebots de croisière vers l’Alaska… Vu sous le soleil, le spectacle est magnifique !
La baie de Seattle appelée le Puget Sound est d’une grande beauté ! Mais les activités intenses polluent, et en particulier celle qu’on oublie souvent : la pollution sonore. Les orques, ces cétacés noir & blanc aux capacités extraordinaires, souffrent beaucoup de tout ce tintouin, eux qui ont l’ouïe ultra-développée et des comportements sociaux subtils. Beaucoup encore vivent l’été au nord de ce bras de mer, à cheval entre le Canada et les USA.
Nous ne sommes pas allés voir les orques, même si c’était tentant ! Nous avons pris la route vers le nord, parcourant une jolie campagne, vers une destination choisie par LeeAnn.
La Conner
La Conner est une toute petite ville de pêcheurs et port de plaisance au bord de la grande baie de Puget Sound, à une bonne centaine de kilomètres au nord de Seattle, presque au Canada.
Pourquoi ce nom ? Un certain John Conner, établi à cet endroit, changea en 1870 le nom d’origine du village (Swinomish, du nom de la tribu indienne locale) et le nomma La Conner en l’honneur de sa femme Louisa. A l’époque, on avait cette liberté !
Dans les années 1940 de nombreux artistes affluèrent et la communauté artistique n’a depuis lors jamais déserté cet endroit romantique et touristique.
La Conner, petite ville toute mignonne, pleine de boutiques d’artisans, d’objets vintage, d’une pâtisserie pour gourmets…
Outre ces bonnes raisons, LeeAnn et son mari nous y ont conduits car une des maisons victoriennes de la ville abrite le Musée des Quilts et Arts Textiles du Pacifique Nord-Ouest (Pacific Northwest Quilt & Fiber Arts Museum). Après plusieurs mois sans Conservatrice, les activités reprennent de plus belle et nous avons pu voir de magnifiques expositions dans cet écrin remarquable.
(Photo Alex Kramer)
Ce manoir, qu’on appelait même château à une époque, a tout d’une construction anglaise. Le Britannique George Gaches, arrivé en 1869 à La Conner, y fit de fructueuses affaires et finit par faire construire cette maison qui sera terminée en 1891 et décorée avec goût par son épouse Louisa (un prénom très à la mode à l’époque). Si vous comprenez l’anglais, vous avez son histoire ici.
LeeAnn au rez-de-chaussée du Musée devant un quilt appliqué de 1858. On ne peut pas se tromper, c’est écrit dessus !
Dans la même salle, une ancienne machine à coudre avec un des beaux livres de Barbara Brackman.
De conséquentes rénovations ont eu lieu ces dernières années et cette magnifique propriété a conservé de très beaux meubles et la majesté des belles pièces. Musée, lieu d’expositions et de stages, il attire les quilteuses de la région comme un aimant !
LeeAnn et moi, sortant du Musée.Que LeeAnn me manque déjà… (Photo Bruce Decker)
L’exposition temporaire en ce mois de septembre montrait d’extraordinaires quilts japonais. Malheureusement, nous n’avions pas le droit de les photographier. J’ai donc acheté le catalogue en souvenir. L’invitée majeure étaitEmiko Toda Loeb, Japonaise émigrée aux Etats-Unis, principalement connue pour ses somptueux quilts en log cabin réversible. Ils montrent non seulement deux faces tout aussi belles mais ces deux faces sont cousues simultanément, bande après bande. Le travail est remarquable !
Exemple pris du site d’Emiko Toda Loeb :
Ces deux panneaux sont donc le même quilt recto-verso : imaginez le travail de maquettiste qui se cache derrière la réalisation…
Tout l’étage était plein de merveilles raffinées faites par ce groupe de Japonaises menées par Emiko, le New Zephyrs Quilt Group. Le titre de l’expo est très judicieux : Fabric Poems, Poèmes en tissus… Voici une photo néanmoins, chipée sur Facebook :
Bright Frost, Noriko Misawa
Et cette photos prise du site de leur groupe :
Flower Raft, par Emi Katsuyama
Malheureusement je n’en ai pas plus car leur site n’est pas à jour.
Si l’esprit japonais était bien là, j’ai remarqué que dans ce groupe on n’hésitait pas à quilter à la machine, et ce de manière virtuose… bien sûr…
Au dernier étage du Musée se tenait une exposition locale avec de très jolis quilts aux étoiles, des traditionnels et des plus modernes de Judy Irish ou ses élèves :
Et en souvenir du temps passé, un kit ancien fort bien conservé montre les premiers exemples de commercialisation pour que chacune se sente le courage de faire un quilt. Les tissus sont prédécoupés, les dessins de quilting sont pré-dessinés… Il est daté des environs de 1900.
On ne le voit pas sur la photo mais le tissu blanc est marqué de petits points gris montrant le dessin du quilting.
Je n’ai presque pas pris de photos du rez-de-chaussée tellement j’ai discuté avec les charmantes dames accueillant le public !
Le rez-de-chaussée montre l’opulence de la maison. Les frises de papier peint sont des reproductions à l’identique des choix de Louisa Gaches. Les quilts sont des exemples de quilts du XIXe siècle en format réduit. Ils sont exquis !
Mardi prochain, Patricia Belyea nous accueillera, toujours à Seattle… Encore un petit goût du Japon aux Etats-Unis !