Lectures estivales

127082790Pour cet été, vous avez déjà reçu les magazines de patchwork de juin, et en particulier pour les adhérents-abonnés de France Patchwork,  Les Nouvelles, Patchwork et Création textile n°145… Il est fait pour et par les adhérentes, plus que jamais, avec les rédactionnels sur nos vécus pendant le confinement, des modèles très sympas, et une myriade de blocs de toutes les couleurs d’Ensemble malgré tout ! Le magazine reflète la période que nous venons de vivre, tellement extra-ordinaire, parfois dramatique, le plus souvent juste inquiétante ou même agréable, pour les plus chanceux à la recherche d’une pause dans leur vie trop speed. Je suis heureuse d’avoir contribué à cette revue, relatant mes états d’âme qui sont étrangement similaires à ceux de beaucoup d’entre vous.

Une grande diversité de livres sortent en librairie pour les vacances et je souhaite mettre la lumière sur celui-ci, qui n’a pas encore bénéficié de beaucoup de publicité et qui mérite d’être lu, avec pour thèmes la condition féminine en pleine évolution et la découverte de la créativité en brodant… Ah, cela vous intéresse, n’est-ce pas ?!

C’est l’histoire de Violet, dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres, que j’ai beaucoup apprécié découvrir en anglais l’année dernière. Il arrive à point en français pour le farniente estival, ne vous en privez pas, pour moi c’est une valeur sûre !

J’ai été surprise cependant par certaines critiques anglophones, traitant ce livre de littérature « facile », pour jeunes adultes ou même adolescents. Des personnes aigries ?… En anglais, cela n’était certainement pas pour moi une lecture trop facile !!! Je le lirai aussi en français un jour, pour voir si j’ai le même enthousiasme.

J’ai été étonnée par la traduction du titre en français, mais je le trouve bien et la femme symbolise parfaitement la période. Et que les couleurs sont belles !

Vous pouvez dès à présent le trouver dans vos librairies !

A samedi pour mon dernier article avant la pause estivale,
Katell

Tracy Chevalier, son nouveau livre et autres nouvelles

Lisez-vous beaucoup l’été ?

 

La connivence continue entre Texte et textile… Les quilteuses sont souvent de bonnes lectrices ; depuis le début de ce blog, j’ai le plaisir d’écrire souvent à propos de Tracy Chevalier, romancière-artiste, qui mêle presque toujours ses histoires à des activités artistiques : peinture, tapisserie, cirque, poésie, patchwork, prose… 

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Je crois bien que dernier roman de Tracy Chevalier n’a pas trouvé son public en France. Le Nouveau, transposition du drame d’Othello dans une école de Washington en 1974, traite de sujets toujours brûlants comme la jalousie, le traitement de la différence, le racisme, en l’occurrence un élève noir dans une classe blanche. Malgré une très belle écriture, les détails vintage, je n’ai pas apprécié ce roman à sa valeur sans doute, car je n’ai jamais lu Othello et ne peux donc pas évaluer la transposition, probablement virtuose. Sans ce point-clé, une certaine distance reste entre le lecteur et l’histoire…

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Allons de l’avant : le nouveau roman est prêt, il sortira en anglais en septembre, puis en français en 2020. Violet, une jeune femme pleurant la perte de son fiancé et son frère lors de la Grande Guerre, va assumer son indépendance en s’installant dans la ville de Winchester. Elle entrera dans un groupe de femmes qui brodent des coussins pour la cathédrale. Je n’en sais pas plus, mais que j’ai hâte de le lire !

Des coussins de Winchester Cathedral, photo du site de Tracy Chevalier.

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Sur son site, Tracy Chevalier annonce aussi le thème du livre sur lequel elle travaille : une grande histoire autour de la fabrication et la vente des perles de verre de Murano (près de Venise)… Un autre délice à venir !!

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Autre nouvelle extraordinaire : la création d’un Opéra à Zürich (Suisse) sur l’histoire de la Jeune Fille à la Perle ! La musique, de style avant-gardiste, est signée Stefan Wirth, la Première aura lieu le 24 mai 2020, les autres dates par ici.

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Texte et textile encore : Tracy Chevalier est devenue quilteuse, après avoir voulu simplement se renseigner sur cette activité pour mieux écrire La dernière Fugitive. Mais elle continue ! Toujours cousant à la main, elle aime se reposer des mots en travaillant les tissus. Elle a fait plusieurs quilts elle-même mais elle fait bien plus : organiser des expositions ! A ma connaissance, elle a initié deux événements, l’un avec des quilteuses du Yorkshire, l’autre avec des détenus dans diverses prisons anglaises.

Le quilt des soeurs Brontë est rarement exposé, pour le préserver. Il mesure 187 x 214 cm.

Dans le Yorkshire, c’était  en 2016 la commémoration des 200 ans de la naissance de Charlotte Brontë (son roman le plus connu : Jane Eyre, monument de la littérature britannique). Or, elle et ses sœurs avaient cousu un quilt en soie, taffetas, velours et coton, qu’on imagine venir de leurs propres robes. Bien sûr, la technique est « à l’anglaise » et des papiers (lettres, journaux) restent emprisonnés dans cet ouvrage… qui n’est pas un vrai quilt puisqu’il n’est pas quilté (tout comme celui de Jane Austen, voir ici l’article que je lui ai consacré). Une exposition de mini-quilts sur le thème a été organisée en 2016, mais je n’ai pas trouvé de lien très intéressant fonctionnant encore, juste cette affiche montrant une reproduction de l’ouvrage des trois sœurs Charlotte, Anne et Emily :

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Enfin, texte et textile toujours : dans le cadre d’une exposition sur « ce qu’on fait dans son lit » (naître, dormir, faire l’amour, être malade, mourir), Tracy a, avec l’aide de l’association Fine Cell Work, encouragé des détenus à s’exprimer sur le sommeil et les rêves, avec des consignes : un bloc de 25 cm de côté et une dominante en bleu et blanc. Les blocs sont faits par des experts, car cette association, Fine Cell Work, enseigne les arts de l’aiguille et fait travailler les prisonniers volontaires (une forte majorité d’hommes) contre une rémunération équitable ; cela favorise le goût du travail bien fait, donne une expertise, apprend à acquérir l’estime de soi… Les ouvrages faits par les prisonniers sont en vente ici. Vous pouvez y admirer un remarquable artisanat ! Donc pour le projet de Tracy, un quilt a été fait avec les 63 blocs reçus :

J’ai acheté le livre sur cette expérience : sur un tout petit format (un carré de 14,5 cm seulement), on y lit le contexte de cette aventure mais on voit aussi des détails des blocs, souvent + grands que nature, on apprécie la justesse de la broderie mais aussi, surprise, on voit que le thème est exploré en profondeur. S’y retrouvent naturellement des comptines enfantines, des lunes et des étoiles, mais aussi des versets de la Bible, des mots de Shakespeare, des évocations de tableaux comme le Cri de Munch… Les photos montrent la qualité du travail de ces brodeurs pas comme les autres, et leur envie de s’en sortir dans la vie. Quoi qu’ils aient fait, ils purgent leur peine envers la société et ensuite il faut se réinsérer, s’habituer à travailler, à penser positivement… On ne sait jamais quelle révolution intérieure peut s’enclencher quand on se met à faire de l’art ! Leurs réflexions, en fin de livre, montrent à quel point on peut transférer son agressivité en canalisant son énergie positivement dans le travail manuel. Certains évoquent aussi l’indépendance gagnée en mettant de l’argent de côté, la perspective de trouver un travail en sortant, ou simplement la fierté du travail bien fait.
Les bénéfices du livre vont à Fine Cell Work, l’association qui promeut les arts de l’aiguille en prison. 

Ce n’est pas une expérience unique : on peut rappeler l’histoire du Rajah quilt (1841) mais aussi maintes initiatives de par le monde.

Un excellent article en français (d’une brodeuse suisse) présente également ce livre : https://www.letempsdebroder.com/articles/quilt-sommeil-chevalier/

Tracy Chevalier a dit à propos de cette expérience dans The Guardian :

Cela semble bête de dire que coudre peut aider des gens, mais c’est une action très thérapeutique, très reposante. Et c’est l’occasion pour ces gars de faire quelque chose de beau, d’être félicités et payés pour cela. Certains ont commencé cette activité pour gagner de l’argent, mais la plupart continuent parce qu’ils aiment coudre… Cela semble invraisemblable, mais coudre a bien déclenché quelque chose en eux.

Voici le quilt entier, plein de symboles, d’histoires personnelles, d’espoirs :

Voilà les nouvelles que j’ai pu récolter sur cette femme que j’admire beaucoup !

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Photo Anna Huix, Sunday Times

Quant à son mari que j’ai déjà présenté, Jonathan Drori, son livre est enfin édité en français ; je l’ai offert au mien – de mari – lui qui a planté une centaine d’arbres chez nous, par passion… juste répartition des choses ! Dans la forêt de livres sur les arbres, je vous le recommande chaleureusement, Ce que nous disent les arbres du monde : enchanteur, intelligent, informatif et si poétique… Un merveilleux livre sur la prodigieuse intelligence de la nature ! 

Avec Jonathan Drori, nous faisons un tour du monde sans jamais nous ennuyer, en apprenant à mieux connaître ces compagnons de l’humanité.

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Info finale, en rapport avec le livre ci-dessus : Cosabeth Parriaud nous informe sur Facebook que, jusqu’au 20 novembre, une belle exposition a lieu à Paris sur les arbres, vus par des scientifiques, des philosophes, des artistes. Cela semble très intéressant, mais aussi très salutaire pour tenter de sauver ce qui peut l’être : l’Amazonie est décapitée, la Sibérie brûle (des centaines de milliers d’hectares en ce moment-même), ainsi que l’Alaska et bien d’autres forêts, on a une pensée aussi bien sûr pour nos amis portugais… C’est tout sauf anecdotique, du sauvetage des arbres dépendra notre avenir et peut-être notre survie. J’écoute la jeunesse qui ne regarde pas ailleurs… Notre monde bleu et vert va-t-il survivre ?

Fondation Cartier, 261 boulevard Raspail, Paris 14e

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Petite pause estivale… Prenez soin de vous et de votre environnement, attention à la chaleur, lisez, rêvez les yeux ouverts… à l’ombre !
À bientôt !

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Un nouveau défi de Joelle !

Régulièrement, Joëlle Vétillard propose aux quilteuses de participer à la création d’une robe de mariée et elle s’en tire toujours haut la main, travaillant avec les triangles ou les ronds, ses derniers défis… Ses défilés de mode sont époustouflants, inventifs et nous donnent furieusement envie d’être moins sages, d’oser porter des pièces de patchwork, de customiser, avec autant de grâce qu’elle, nos vêtements quotidiens ou d’exception (qui parle de vêtements du dimanche à présent ?…). Ici les photos de Lacaze en juin dernier.

Perles de verre Millefiori, mille fleurs en italien. La ville de Murano s’en est fait une spécialité.

Cette année, c’est parti pour le défi Millefiori, les fleurs dans tous leurs états en un bloc de 10 cm de côté sur fond blanc. Toutes les techniques textiles sont permises mais seules les couleurs vives sont autorisées, pour faire une robe éclatante.

L’idée lui est venue cette fois au cours de la lecture de La Dame à la Licorne de Tracy Chevalier qui se passe à l’aube de la Renaissance, du temps où les mariées ne portaient jamais de blanc… Ce roman est paru juste après le phénoménal succès de La Jeune Fille à la Perle, on suit l’histoire imaginée par Tracy sur la création de la fameuse tapisserie du même nom. C’est très érudit, nous nous plongeons dans le foisonnement de l’époque, nous découvrons les artisans-artistes qui créaient toutes les étapes d’une tapisserie…

La Dame à la Licorne est composée de 6 grands panneaux dédiés aux cinq sens et le sixième, appelé « A mon seul désir », a fait couler beaucoup d’encre ! Cela nous change des thèmes habituels, religieux, guerriers ou encore des scènes de chasse… La Dame à la Licorne est mystérieuse, elle est entourée d’une nature qui ressemble au paradis – les jardins clos de Perse n’ont-ils pas donné le mot paradis ?… C’est dans le fond que nous trouvons les mille et une fleurs décoratives.

La Dame à la Licorne, la Vue. Lors de votre prochaine visite à Paris, allez voir ces chefs-d’oeuvre au Musée de Cluny (5e arrondissement).

Autre chef-d’oeuvre Millefiori, toujours avec une Licorne (tellement à la mode en ce moment chez les petites !), une série de vénerie avec la conclusion, la licorne capturée :

Cette tapisserie (la dernière de 7) fut vraisemblablement commandée par Anne de Bretagne, reine de France. Elle est antérieure de quelques années de la Dame à la Licorne et fut faite également dans l’actuelle Belgique (Bruxelles ou Liège).

La licorne en captivité est visible tout au nord de Manhattan (oui, à New-York !). Cela vaut le long déplacement en bus, l’endroit est superbe ; des cloîtres français sont entièrement reconstitués, tout comme nous avons dans nos musées des œuvres du monde entier (cela pose de nombreuses questions…). Dépaysement assuré, après les gratte-ciels !… Quand j’y suis allée, je venais de lire le livre de Tracy Chevalier et je m’attendais à voir La Dame ! Déception de courte durée, la visite est prenante et j’ai alors appris que La Dame était… à Paris ! J’ai été lui rendre visite peu après et j’ai été émue, conquise, éblouie…

Alors allez lire l’article de Joëlle qui souhaite ardemment vous convaincre de participer ! Lancé en octobre dernier, ce défi a besoin d’un petit coup de pouce jusqu’au 20 mars, jour du printemps ! Faire des fleurs peut être le thème d’une sympathique journée entre amies, maintenant que l’opération Maisons pour Paradise touche à sa fin… L’adresse postale est :

Joëlle Vétillard
Charrière
24220 Castels et Bézenac

Western Spirit 4 – Rendons visite aux Patriarches

Avant de rendre visite aux Patriarches au pied du Mont Rainier, je te présente cette montagne qu’on voit de Seattle dès que le temps est clément.

J’opte désormais pour le tutoiement dans la série Western Spirit tous les mardis, car c’est un partage d’idées, d’aventures et d’expériences qu’on partage entre amis !

Skyline (« silhouette urbaine ») de Seattle au coucher du soleil, avec la silhouette du Mont Rainier (photo d’ici)

Le Mont Rainier est ce volcan qui, tel le Mont Fuji pour Tokyo, domine la ville de Seattle du haut de ses 4 392 mètres. Distant de la ville d’une petite centaine de kilomètres, il est considéré comme le volcan le plus dangereux des Etats-Unis (sans compter le Kilauea d’Hawaii, en constante activité…)

Des 26 volcans de la chaîne, le Mont Rainier est l’un des plus dangereux. Non loin, l’éruption de Mont St-Helens en 1980 fit de gros dégâts et surtout 57 morts dans une région peu peuplée.  Le Mont Rainier est le plus haut sommet de la chaîne des Cascades qui s’étale du Canada à la Californie, le long du Pacifique. On sait que la faille San Andreas poursuit plus au sud les risques majeurs de séismes. La Terre est toujours en activité, c’est loin d’être un astre mort !

En suivant ce lien, tu verras que plusieurs villes dans le monde sont menacées par un volcan actif, comme l’est Seattle.

Le Mont Rainier est néanmoins un but de randonnée privilégié, nous avons assisté avec émotion au dévoilement progressif du mastodonte au fil des heures dans la région du Sunrise en étant déjà à environ 2 000 m d’altitude :

Et les Patriarches ?

Ils se trouvent du côté de l’Ohanapecosh River, au pied sud-est du Mont-Rainier. Nous  ne sommes plus qu’à environ 500 m d’altitude. Les Patriarches sont les héros de cette forêt primaire, plusieurs dizaines d’arbres millénaires qu’on peut approcher après avoir traversé un pont suspendu.

Traversée sécurisée de la rivière. On nous conseille de traverser le pont un par un car chaque pas engendre des vibrations. C’est pourtant drôle de s’amuser dessus à plusieurs ! Cela me rappelle des passerelles en lianes en Côte d’Ivoire dans la région de Man quand j’étais toute jeune, bien plus instables :

                               

Les racines spectaculaires de cet arbre tombé en 1970 permettent de photographier des enfants dans le centre de l’arbre, c’est ici le cliché habituel. N’ayant pas d’enfant sous la main, le creux reste vide, on ne se sent donc pas bien compte de l’échelle 😉

Les arbres tombés sont laissés car ils deviennent parfois des arbres-pépinière : les troncs morts en cours de décomposition, pleins d’insectes, de mousses et de champignons servent de support et de nourriture à de jeunes plants. La forêt primaire suit son cours complet.

Les arbres locaux sont des Douglas (appelés ainsi d’après David Douglas, un botaniste écossais qui fit 10 000 km en 1825-26, à pied et en canoë, pour découvrir la flore le long du Pacifique), des tsugas (autres conifères), et des cèdres rouges (thuyas géants). Ces derniers étaient de première importance pour les Indiens, procurant la matière première pour faire notamment des paniers ou même des capes imperméables avec l’écorce qu’on peut tisser. Ce bois quasi-imputrescible se travaille et se fend facilement ; on le creusait pour faire des canoës, on le sculptait pour faire des mâts totémiques*, on le coupait pour faire les maisons… De nos jours, il continue d’être exploité pour couvrir les maisons en bois traditionnellement sous forme de shingles (bardeaux), sert à l’industrie des meubles, repousse naturellement les insectes (en particulier les mites textiles)… et, merveille culinaire découverte chez LeeAnn et cuisinée par son mari, ce bois donne au saumon un goût incomparable quand on pose le poisson sur une planche de cèdre rouge et qu’on le cuit au barbecue !! Dans ces cas-là, j’adore la cuisine américaine !

*Les totems sont sur-représentés dans notre imaginaire sur les Indiens d’Amérique (la faute aux westerns !). En Amérique du Nord, les mâts totémiques n’existaient que chez les peuples qui s’étendaient de l’Alaska à l’Etat de Washington (en passant donc par la partie ouest du Canada), on les nomme les Indiens du Nord-Pacifique. Les mâts totémiques correspondaient, non pas à une religion, mais à un emblème clanique, un blason, un hommage à une personne décédée ou une commémoration (la victoire d’une guerre par exemple). Il y a donc confusion de termes avec d’autres civilisations utilisant des mâts vaguement similaires ayant une symbolique religieuse.
De même, jamais aucun Indien, à part devant les caméras, ne fit whoo-whoo-hoo en battant la main devant la bouche pour partir à la guerre… et je reviendrai un jour sur le mythe des cowboys, attention déceptions en vue !

Un cèdre rouge qui connut de plus beaux jours… mais sa décomposition enrichira le sol.

Une longue passerelle en bois est aménagée pour que nos pas ne tassent pas la terre, ne blessent pas les racines.

Nous découvrons ébahis de vénérables arbres de 1 000 ans, toujours vivants, appelés les Patriarches.

On les appelle les jumeaux Douglas, ils ont mille ans, malgré leur allure alerte seule une couronne d’environ 20 à 25 cm est encore vivante. LeeAnn et moi ne sommes pas jumelles mais nous sommes sœurs de cœur !

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 Quelle émotion de toucher ces arbres… Ils fournissent une force énergétique et je comprends les peuples qui les ont divinisés.

Rappelle-toi Pocahontas, dessin animé de Walt Disney (1995)  où l’héroïne demande conseil à sa « grand-mère feuillage » qui est la voix de la sagesse…

Plus généralement, ce film est une ode à la tolérance entre les peuples ainsi que l’encouragement à écouter et protéger la nature. C’est bien ce que nous enseigne l’étude de la vie des Indiens qui vivaient en symbiose avec la nature il y a encore peu de temps. Nous sommes bien moins sages. Sans bouder des aspects formidables du progrès, il y a urgence à revoir notre mode de fonctionnement, nous reconnecter à la nature dont nous faisons partie et mieux la respecter, c’est tout notre intérêt.

Nous n’avons pas visité la péninsule d’Olympia, au sud-ouest de Seattle. C’est encore là un lieu exceptionnellement préservé, une forêt primaire extraordinaire. Je t’invite à rendre visite à ce blog, l’un de ceux qui m’ont aidée à organiser notre voyage. Il est écrit par un professeur de géographie de l’université d’Orléans. On y voit ici de magnifiques photos de la péninsule.

Au fil de notre périple dans l’Ouest américain, nous nous sommes posé une question : pourquoi, dans notre vieille Europe, n’avons-nous que peu de très grands arbres ? Nous avons des Arbres Remarquables dûment répertoriés, certes, mais justement pas de très vieux arbres en abondance. Malgré la violence des incendies, ouragans ou tornades qui balaient ce pays américain, nous avons vu tant de très vieux arbres à la circonférence étonnante, même au centre de San Francisco ! La réponse est dans l’histoire des hommes.

800px-Défrichements_médiévaux_L’Europe est, depuis bien longtemps, bien plus densément peuplée que l’Amérique. Si à l’origine, les forêts recouvraient la plus grande partie des territoires européens, au 11e siècle (à partir de l’An 1000), une conjonction d’événements changea la donne. Le climat connut un épisode très doux, la population s’accrut, une meilleure stabilité politique s’instaurait en même temps induisant la sécurité, le développement de l’agriculture et de l’élevage et donc un besoin de gagner de la terre. Mais un défrichement massif sans discernement fut effectué, les forêts furent souvent brûlées, comme un reset, une mise à zéro, ce qui fait qu’on a peu d’arbres très anciens, les arbres jeunes adultes étant exploités, depuis lors, au fur et à mesure des besoins. A noter qu’après 3 siècles de relative prospérité, le Moyen-Âge se termina avec un fort déclin de la population européenne au 14e siècle avec la Guerre de Cent Ans, la Grande Famine, la Peste noire… La Renaissance ne permit pas aux forêts de se reconstituer : les arbres étaient des produits de consommation de première nécessité, sans parler des constructions navales et autres industries avides d’énergie. On était à la recherche constante de bois de construction ou de chauffage : le petit peuple n’avait le droit que de glaner les branches, les troncs étant réservés aux propriétaires terriens.

Au 20e et 21e siècle, nous n’avons jamais eu autant de forêts en France, du moins depuis le 11e siècle ! En revanche, elle ne sont que rarement naturelles. Même les flancs de montagnes sont reboisés, ce qui est formidable, mais souvent avec une seule essence et cette politique favorise la propagation des maladies et insectes ravageurs. Ainsi, au printemps dernier, nous avons frémi à la vue de la forêt du Causse Noir à l’est de Millau, reboisé de pins noirs d’Autriche : ils furent ravagés en 2017 par les chenilles processionnaires et il n’y reste que des milliers d’arbres morts…

Photo prise en 2017. https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/aveyron/rodez/millions-chenilles-processionnaires-ont-envahi-causse-noir-aveyron-1358275.html

La dernière forêt primaire d’Europe se trouve en Pologne, près de la Biélorussie, et elle semble menacée par une campagne de défrichement

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Arbres en décomposition dans le parc national de Bialowieza. / Gryf/Stock.adobe.com

En Amérique, c’est une toute autre histoire, les Indiens étaient numériquement très peu nombreux en regard de l’immensité du territoire. Leur prélèvement de bois sur la nature était insignifiant. Et lorsque vinrent les Européens, quels arbres choisirent-ils pour construire leurs maisons (les log cabins), pour élever leurs clôtures, pour brûler dans la cheminée ? Certainement pas les plus grands et les plus vieux, sans doute pour le respect qu’ils inspiraient, mais encore plus certainement parce que les plus jeunes ont des diamètres bien plus pratiques à couper et à transporter !

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Famille dans le Minnesota en 1890 devant leur cabane en rondins. On voit bien que les arbres utilisés ne sont pas très vieux…

C’est donc pour ces raisons qu’on peut voir encore aux USA des régions extraordinairement préservées. Pour retrouver l’ambiance de la découverte des très anciens arbres de l’Ouest américain au 19e siècle, je recommande la lecture du roman de Tracy Chevalier A l’Orée du Verger, maintenant disponible en format de Poche.

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Et pour illustrer cet article avec quelques quilts, en voici que j’aime beaucoup avec des forêts qui me rappellent celles de l’Etat de Washington, ainsi que quelques arbres remarquables :

J’aime ce modèle classique des années 1930 je crois !

Bear in the Wood par Emma Louise, avec l’ours fait en couture sur papier d’après un modèle de Margaret Rolfe.

Uncommon Forest de Debbie de Seattle, probablement inspirée par les belles forêts de son Etat, Washington. Je suis amoureuse de ce quilt aux couleurs différentes de celles d’un Noël traditionnel !

On change d’univers artistique avec Redwoods de Merle Axelrad. Tissus collés puis quiltés. Bluffant de réalisme !

L’érable de Ruth McDowell, si artistique…

La Forêt, oeuvre collective faite dans le Tarn, dirigée par Cécile Milhau, voir l’article de Christophe pour des photos de détails. Cécile Milhau, ancienne déléguée FP du Tarn, est une artiste surprenante, aussi à l’aise dans la broderie, le patchwork que l’art textile mix-media.

Je reviendrai un jour sur des arbres que j’ai découverts en Utah, mais dès mardi prochain nous plongerons ensemble dans une ambiance western !

Until later, porte-toi bien,
Katell

Sylvothérapie

Hier j’ai arpenté les rayonnages d’une librairie toulousaine, Ombres Blanches. Quelle ne fut pas ma surprise de voir l’envahissement des livres sur la sylvothérapie ! A-t-on besoin de tant de mots, d’encre et de papier pour savoir que se promener en forêt fait un bien fou ? J’ai la grande chance d’habiter à l’orée d’une forêt et c’est une évidence qu’après une balade, sportive ou contemplative, quelle que soit la saison, je rentre heureuse et en paix avec le monde et moi-même.

J’ai une autre sylvothérapie, c’est passer du temps avec mon amie Sylvie, ma Vive qui me donne toujours le sourire, mais c’est une autre histoire…

Bien sûr je me suis précipitée l’année dernière sur le livre-événement d’un garde-forestier allemand qui a détaillé les connections extraordinaires entre les arbres (La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben). J’ai feuilleté récemment celui d’un Japonais qui, sûrement à juste titre, revendique l’art et la science des bains de forêt dans la tradition japonaise, j’ai jeté hier un œil sur tant de livres qui parlent de l’énergie que nous procurent les arbres… Oui, d’accord, mais cela m’est tellement évident que je n’ai acheté aucun de ces ouvrages.

Mais aujourd’hui, c’est différent…

Je fais pleinement confiance à ce monsieur pour me guider à la découverte d’histoires d’arbres et de forêts extraordinaires. Ses expériences professionnelles multiples lui donnent l’expertise pour associer art, science, culture et environnement. J’espère trouver en lui l’émerveillement de la nature tel que je l’ai découvert avec les livres de Jean-Marie Pelt il y a plus de trente ans.

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Son livre est richement illustré par Lucille Clerc :

Alors j’ai commandé ce livre, paru hier en Grande-Bretagne (et aux USA, mais aussi en Allemagne… pas encore en France malheureusement).

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Illustration Lucille Clerc

Pourquoi tant de confiance en ce monsieur ? Eh bien, ça fait un peu midinette (beaucoup ? bon d’accord), mais Jonathan Drori est le mari de ma romancière préférée, Tracy Chevalier ! Alors je fonce, pleine de confiance !

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La page FB de Jon Drori est pleine de photos fabuleuses et d’extraits du livre qui excitent ma curiosité ! Ici la forêt de Sibérie, qui me rappelle mon livre préféré de Sylvain (prénom prédestiné) Tesson, Dans les forêts de Sibérie.

Je vous en donnerai des nouvelles… En attendant, je vous remontre ces quelques quilts sur ce thème, en gardant la certitude qu’on ne perd jamais son temps en faisant du patchwork ou en se promenant en forêt !

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Mon Arbre de Vie Vert reste un de mes quilts préférés…

mais aussi cette forêt automnale déstructurée au clair de lune…

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J’aime les quilts avec des arbres… même en dos de quilt !

Changer d’altitude

Marre de tout ? Marre des attentats, des hooligans, de toute l’actualité ?

Pour cet été je me prépare des pauses bénéfiques : commencer un quilt, rencontrer mes (vrais) amis, continuer mon quilt, voyager, terminer mon quilt, et lire, lire… Pour les voyages et les amis, je n’en dirai pas plus, pour le quilt, ce sera le QAL, pour la lecture… eh bien j’ai déjà commencé mon programme-détente-évasion ! Quilteuse forever, mais aussi lectrice forever, que ferais-je sans mes yeux ?

Voici mes dernières lectures, quelles sont les vôtres ?

jane-eyreDécouvrir un classique de la littérature en alternance avec des livres contemporains, cela fait un bien fou ! Je lis en ce moment Jane Eyre de Charlotte Brontë, roman aux larges plages autobiographiques, cheminement d’une femme intelligente et moderne au cœur de l’époque victorienne du XIXe siècle. Les grands sentiments font du bien ! C’est Tracy Chevalier qui m’a directement incitée à lire ce roman, afin d’apprécier ensuite la compilation de nouvelles écrites par 20 romancières autour de ce roman (à l’initiative de Tracy Chevalier) Reader, I married him. 

91hUe1Jt8BLJe viens de terminer le roman de la vie d’une autre femme : l’Arracheuse de dents, de F-O Giesbert. Quelle réjouissante femme que Lucile, si peu recommandable à ses heures, qui « balance » sur tant d’hommes connus et parfois adulés, femme avant tout libre et amoureuse ! L’auteur prétexte la longue vie de son héroïne (99 ans) pour donner sa vision de la Révolution française au massacre des Indiens en passant par la guerre civile américaine… Le roman est écrit avec facétie, avec humour, avec parti-pris. J’y ai retrouvé les Quakers, la Société des Amis déjà rencontrée dans la Dernière Fugitive de Tracy Chevalier (tiens !), adeptes d’une religion restant dans la sphère privée, d’une vie simple, active, égalitaire (entre hommes et femmes… déjà au 18e siècle) et engagée pour un monde pacifique…

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Joan Baez : tous les engagements, toutes les luttes de sa vie sont en accord avec son appartenance à la Société des Amis.

Lire un livre qui redonne quelque peu confiance dans l’avenir quand tout est si noir, c’est l’effet que m’a fait Changer d’altitude de Bertrand Piccard. Fils et petit-fils de pionniers de l’aventure humaine et technologique, il continue dans la lancée de l’impossible réalisé.

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Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait, disait Mark Twain. Pour les Piccard, c’est plutôt : on leur disait que c’était impossible, alors ils l’ont fait.

Il est bizarre, Piccard, son livre est touche-à-tout mais éminemment cohérent. Par son éducation et le modèle des siens, par sa profession (psychiatre), il  est touché par le génie de savoir penser autrement. Pour notre avenir, il a la vision d’un monde protégeant l’humanité par de bonnes décisions à long terme en matière d’économie, d’écologie, de politique. Les schémas du XXe siècle sont obsolètes et il faut inventer notre avenir. Il s’y emploie en démontrant que, contrairement à toute attente, on peut faire le tour du monde en avion utilisant pour tout carburant l’énergie solaire…

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Ces livres aux inspirations disparates sont autant de portes ouvertes pour élargir nos champs des possibles, en connaissant mieux le passé on se prépare mieux à l’avenir… 

Un peu de patchwork pour terminer ! Tournons-nous vers l’Etoile de l’Ohio, appelée aussi l’Etoile de l’Espoir, avec cette variante assez peu connue de l’Etoile partagée (Split Ohio Star). En jouant avec des blocs de ce modèle, on peut les agencer avec autant de variantes que les log cabin !

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Photo du blog d’Ann Marie, A.M. Sewing. A voir dans son contexte ici !

Aérer les quilts au printemps

51OYibmU-fL._SX305_BO1,204,203,200_Dans le livre de Tracy Chevalier à paraître le 11 mai, on fait allusion au grand nettoyage de printemps, dont une des tâches était d’aérer les quilts.  Après un hiver entier de superposition des couvertures pour se protéger du froid, les quilts devaient être débarrassés de la poussière intérieure (le sol était, au XIXe siècle, souvent de terre battue), de la suie de cheminée, de bestioles (eh oui), des odeurs corporelles… C’était à cette période le lavage ou au moins le battage, puis la mise sur fil pour un grand bol d’air et de soleil purificateurs !

Seattle Cabin Quilt Airing
http://piecingthepastquilts.blogspot.fr/2016/01/sunday-pics_17.html

Cette photo nous dit beaucoup de cette famille : autant de quilts pour une maisonnée donne une indication sur le froid qui peut régner l’hiver… et aussi la patience de la femme ! Les édredons/oreillers/matelas devant, sans doute remplis de plumes et autres matières calorifiques, renforcent cette impression. Nous sommes près de Green Lake, un magnifique lac de la ville de Seattle, devant une maison construite en 1869. La photo, elle, est prise vers 1900.

“Typical farmhouse, spring housecleaning, homemade quilts and bedding in sun. Coffee County, Alabama.” Photos taken April 1939 by Marion Post Wolcott.
En Alabama, avril 1939

Pour commémorer cette habitude que tout Américain garde dans un coin de sa mémoire, une journée festive des quilts est parfois organisée par des clubs, des magasins ou des communes. Ici par exemple à Franklin en Caroline du Nord, cet événement a lieu le jour de la Fête des Mères (soit le deuxième dimanche de mai dans beaucoup de pays… sauf principalement la France, Monaco et des pays d’Afrique francophone).

Prenez le temps de la balade de 3 mn pour admirer ces quilts qui prennent l’air !

valériane Leblond
C’est le printemps aussi chez Valériane Leblond (au Pays de Galles), on aère les quilts et on plante dans le potager !

 

 

Comment est le nouveau roman de Tracy Chevalier ?

montesquieuMontesquieu a écrit : « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dispersé ». Dans le même ordre d’idées, il a écrit également : « Aimer lire, c’est faire un échange des heures d’ennui contre des heures délicieuses ». à vos livres – ou à vos tissus 😉 – pour échapper momentanément à la tristesse du monde…
At the Edge oh the Orchard, Tracy Chevalier, 2016.

Couverture américaine du dernier livre de Tracy Chavalier
Couverture américaine du dernier livre de Tracy Chavalier

Si vous cherchez une lecture enchanteresse sur l’épopée de la vie des pionniers, passez votre chemin. Dans son nouveau roman, Tracy Chevalier nous plonge avec rudesse -et beaucoup de recherches historiques- dans la vie quotidienne d’une famille installée au nord de l’Ohio, dans un marécage où sévit une boue noire collante ainsi que des moustiques, rendant la vie quotidienne extrêmement pénible … Malgré tout le chef de famille réussit à faire survivre sa famille en plantant des pommiers. Son amour des arbres, sa compréhension intime des rythmes de la nature sont palpables.
Mais quelle famille ! Le couple se dispute pour quelle variété de pommes favoriser – des pommes à croquer ou des pommes à cidre ?
Ah, le goût de la pomme reinette !!! Oh, le calva-maison qui permet d’oublier momentanément ses soucis…
Vous apprendrez des détails de la vie dans une Log Cabin, les affres de la solitude d’une famille sans lien social, esseulée les longs mois d’hiver… Des dix enfants nés, cinq succomberont au paludisme. Père et mère se battent, et battent leurs enfants ; on ne sait s’il y eut un jour de l’amour entre eux. Tantôt l’un ou l’autre trouve quand même un peu grâce à nos yeux, mais non, nous ne les aimons pas. La tension monte, le drame couve. Au fil du roman, nous saurons ce que deviennent les survivants avec leurs lourds secrets.

Puis, sans connaître le drame, nous suivrons les traces du plus jeune, Robert, parti sur les routes. Je vous laisse découvrir la suite…

antique 9 patch quilt
Antique 9-patch quilt du début du 20e siècle, quilt utilitaire. En vente chez Laura Fisher.

Parle-t-on de quilts ? Oui, bien sûr ! Le couple installé en Ohio utilise quotidiennement un nine-patch fait avant leur départ du Connecticut, réunissant des morceaux de vêtements de la famille qu’ils ne reverront jamais plus ; le mari, à un moment, plongera dans ses souvenirs en le regardant. C’est un quilt multi-usages, qu’on rapetasse autant de fois que possible. Le quilt sert pour dormir au chaud l’hiver, il sert aussi quand on grelotte en plein été à cause du paludisme… Au fil du roman on constatera sa présence en voyage, pour les naissances comme pour les morts… Un vrai quilt de famille, un quilt de vie.
La femme aère les quilts quand le temps le permet, mais leur fabrication fait simplement partie des corvées ménagères… Quand je vous disais qu’elle n’était pas sympa !!

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Couverture de l’édition britannique.

Le fil conducteur du livre est l’amour des arbres. Des pommiers aux séquoias, de la graine au fruit, de la plantation à l’abattage, j’ai senti la sève de la nature nourrir la vie de ces personnages. Certains ont d’ailleurs réellement existé (un point commun avec le roman d’Elizabeth Gilbert, l’Empreinte de Toute Chose) et une carte des USA des années 1850 nous permet de suivre géographiquement les protagonistes : on voyage aussi dans cet immense pays en construction, dans les déserts comme dans les villes, avec Robert on devient de grands nomades visitant l’immensité et la variété de ce territoire. C’est aussi  un hommage aux Américains anonymes qui ont tant souffert pour édifier leur patrie. Venus d’Europe, leur vécu les a profondément changés et ces différences perdurent jusqu’à nos jours.

800px-Giant_sequoia_exhibitionismL’évocation des séquoias est passionnante. C’est en 1852-53 que commence l’exploitation sans retenue de ces arbres-mammouths, les plus volumineux pins du monde. En général, les arbres n’étaient considérés que comme matière première, abattus pour la construction de tout bâtiment et de tout meuble, de routes (voir plus bas), du chemin de fer, pour le chauffage et la cuisine, etc. On les considérait uniquement à la disposition des hommes. Scientifiques et exploitants forestiers ont des vues divergentes et ces arbres extraordinaires ne seront protégés qu’un siècle plus tard. Dans ce livre on côtoie quelques amoureux des arbres, chacun à sa manière. Et à présent, même si on connaît leur rôle de « poumon de notre Terre », même si leurs défenseurs se battent, des forêts continuent d’être massacrées sans discernement. Les antagonismes durent donc depuis des siècles mais bientôt, il sera trop tard…

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Une association que je soutiens, Sauvons la forêt. Et pour compléter, vous pouvez voir ici 16 photos d’arbres spectaculaires.

Ce livre est riche mais rude, les gens comme la nature ne sont pas toujours aimables ! Je suis ravie d’avoir lu des livres de jardinage en anglais, sinon j’aurais été perdue par le vocabulaire spécifique du début ! Et je me demande bien comment seront traduits le récit de la femme puis les lettres de Robert, écrits par l’auteur dans un anglais bien écorché ! Je suis sûre que le traducteur ou la traductrice s’en sortira avec talent. CorduroyroadJ’ai quand même découvert les corduroy roads, « les routes de velours côtelé »… qui sont des routes faites de rondins comme ci-contre !

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Et voici l’édition en français qui sortira le 11 mai (cadeau pour la fête des mères ? Moi je l’offrirai à la mienne en tout cas !)

Il y a bien de ténues ressemblances avec le livre L’Empreinte de toute Chose, particulièrement cet amour des plantes et l’évocation des nombreux échanges botaniques entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, mais l’histoire, le milieu et l’ambiance sont fort différents, vous pourrez lire l’un et l’autre sans vous lasser !

Ce nouveau roman fait à la fois penser à La Dernière Fugitive et aux Prodigieuses Créatures du même auteur. J’adorais aussi ses premiers romans, déjà empreints de reconstitutions historiques, mais plus dédiés au monde de l’art. Le point commun de chacun est la passion d’une vie, toujours… Dès le premier livre et sans doute pour toujours, quel que soit le thème qu’elle aborde, tous les livres de Tracy Chevalier me captivent !

Katell, quilteuse forever

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Un nouveau roman de Tracy Chevalier

arton22181Hier, quelle surprise de recevoir un mail de Tracy Chevalier* ! Vous savez, l’auteur de tant de romans inoubliables comme La jeune Fille à la Perle ou, plus récemment, La Dernière Fugitive… Sa nouvelle oeuvre évoque une famille s’établissant au XIXe siècle dans l’Ohio, créant un verger de pommiers avec passion et maintes difficultés… Leur fils partira ensuite vers l’Ouest jusqu’en Californie, pendant la Ruée vers l’Or. Il travaillera comme ses parents avec des graines et des plantes, mais dans de toutes autres conditions. Un livre âpre paraît-il, qui me semble avoir quelques similitudes avec le livre d’Elizabeth Gilbert L’Empreinte de Toute Chose. Mais je ne l’ai évidemment pas encore lu, ce sont les bribes lâchées par l’éditeur et les journalistes que je vous livre ici !

516ncwGr5gL._SX342_BO1,204,203,200_Le livre sort aujourd’hui-même en Grande-Bretagne et mardi 15, dans une semaine, aux Etats-Unis. En France, il s’appellera A l’Orée du Verger et sortira le 11 mai 2016 (Edition Quai Voltaire). Je vais le lire très vite en anglais.
Y aura-t-il encore une quilteuse dans l’histoire ?

C’est en tout cas une perspective de bonheur de lecture !

*Je n’ai pas la chance d’être son amie… Je m’étais inscrite à sa newsletter il y a des années mais n’avais jusqu’à présent jamais rien reçu. La surprise a été totale !

 

Un petit tour dans le Kent ?

Même si une partie de la Grande-Bretagne souffre encore d’intempéries dramatiques comme sur notre côte ouest française, il est permis de croire que c’est le dernier assaut de l’année… Et enfin, on va pouvoir dire : après la pluie, le beau temps !rainbow

A l’ouest, Valériane Leblond reste inspirée par les temps changeants…

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Londres, par Denimu

Du côté de Londres, l’Américaine Tracy Chevalier reste en relation proche avec le monde des quilts. Dans cette interview que m’a très gentiment signalée une lectrice, l’écrivain parle de son habitude de s’immerger dans le monde de ses personnages et que cela l’enrichit toujours. Ainsi, elle continue à quilter pour le plaisir de la détente que cela lui procure et décrit bien également les bienfaits des réunions d’Abeilles : »C’est relaxant. Quand je travaille avec des copines quilteuses nous parlons de nos vies et de ce qui se passe dans le monde. Parfois nous restons juste assises à coudre ensemble en silence, cela dépend de notre état d’esprit du moment ».

Dans le Kent (sud-est de la Grande-Bretagne) se trouve un château, Danson House, dans lequel ouvre le mois prochain une exposition sous l’égide de Tracy Chevalier. Ma romancière préférée attise la curiosité avec ce thème : « Things we Do in Bed », les choses que nous faisons au lit… Larges perspectives ! Mais il s’agit justement d’une exposition de quilts, sous lesquels nous dormons et passons un tiers de notre vie… 

Danson House, du 1er avril au 31 octobre 2014
Danson Park, Bexleyheath, Kent DA6 8HL (au sud-est de Londres)

Et Tracy Chevalier assurera une conférence le 2 avril sur les raisons de cette exposition. Gageons qu’un des quilts dont elle parlera le plus sera celui-ci :FCW-whole-quilt-2

Ce quilt est le résultat d’une commande de l’auteur. Une association (Fine Cell Work) enseigne les travaux d’aiguille auprès de détenus et les vend à des fins caritatives ; avec elle, Tracy Chevalier a demandé la création de carrés dans lesquels les prisonniers expriment leurs relations avec le sommeil. Expression de leurs angoisses, leurs insomnies, leur culpabilité, leurs espoirs, ce quilt, résultat de cette requête, est poignant. Vous pouvez lire le reportage de Tracy Chevalier sur son site officiel (mars 2014). Même si vous ne lisez pas l’anglais, vous verrez des détails photographiés de cet ouvrage.

Je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec ce que d’autres femmes Quakers firent au XIXe siècle… Tracy Chevalier, amie des valeurs Quaker, assure la perennité de cette aide aux plus rejetés…

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