D’emblée, j’annonce la couleur : cette édition était extraordinaire ! Elle était justement très colorée et joyeuse, avec pléthore d’artiste hispanophones. Le Covid était aux oubliettes… Nous n’avions aucunement envie de nous souvenir des pass sanitaires de l’année dernière ! Comme avant, nous entendions parler toutes les langues européennes, nous retrouvions au hasard des expos des amies de France et d’ailleurs. Je sais que j’ai « loupé » beaucoup de connaissances, mais le temps a passé bien trop vite.
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Sous des cieux inédits avec Vincent
Ayant besoin de quelque temps pour mettre de l’ordre dans mes beaux souvenirs de Pour l’Amour du Fil, je vous propose de patienter en reprenant notre balade amoureuse avec Vincent van Gogh.
Vincent van Gogh passa une année au pied des Alpilles, son talent exacerbé par la beauté des paysages, malgré ses crises qui survenaient tous les trois mois. Entre-temps, ses visions géniales et inédites se concrétisent sur toile, son talent s’épanouit dans la lumière provençale… Après Arles, je me devais de suivre Vincent van Gogh à St-Rémy-de-Provence, là où il s’est volontairement fait interner. Homme préférant la nature à la ville, il savait qu’il s’y sentirait mieux qu’à l’hospice arlésien.
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Morning Sunrise a ensoleillé l’atelier de nombreuses quilteuses en automne dernier ! Merci encore à Alice de Blossom Quilt & Craft et à la créatrice Alex Bordallo. Si j’ai terminé très rapidement la version Bébé pour une naissance fin octobre, le grand prend plus de temps à être quilté. Je voulais conserver l’esprit mexicain suggéré par ces couleurs qui claquent avec l’évocation de Cozumel, aujourd’hui île touristique, qui fut le premier mouillage en terre mexicaine des Espagnols. Tout ceci m’a menée bien plus loin que je ne l’imaginais au départ…
Quilter à la main, c’est méditer.
J’ai entamé le quilting de Morning Sunrise en décembre. C’est à chaque fois une question que je me pose : quilting main ou machine ? A la machine, on est dans l’action et l’énergie. A la main, on peut être dans la rêverie…
A la main signifie pour moi presque toujours maintenant au coton perlé, avec une aiguille à coudre longue, robuste et au chas qui peut recevoir le coton perlé n° 8. Dans les assortiments « sharp » ou « milliners » ou « mode » de chez Bohin, je trouve mon bonheur. Le quilting au coton perlé m’avait beaucoup plu pour le baby quilt, j’ai réitéré pour le quilt plus grand.



De fil en aiguille, au cours de mon quilting en doodle (improvisé au fur et à mesure, à partir du centre), l’évidence du chiffre 4 s’imposait, avec la forme carrée récurrente dans la structure de ce quilt. Depuis toute petite, je suis un peu obsédée par les chiffres qui me racontent beaucoup d’histoires ! 4, c’est un système en soi, ce sont 4 murs pour une maison, ce sont les 4 pieds d’une chaise ou d’une table, 4 pattes, 4 saisons, les 4 Éléments (Feu, Air, Eau, Terre). 4, c’est aussi le chiffre qui porte malheur en Chine, en raison de sa prononciation proche du mot « mort », mais 4 est le chiffre sacré chez les Amérindiens, et ça m’inspira quelques recherches, des lectures et comme une évidence… l’idée d’y broder les Quatre Accords Toltèques. Ce sera le thème du second volet de cet article… un peu plus tard, quand j’aurai entièrement terminé le quilting !! En attendant, faisons un bond dans l’Histoire…
Commençons par l’arrivée de Christophe Colomb sur une île qu’il croit être indienne (d’Inde) :

Le choc des civilisations vers 1500 entre les « Indiens » (que Colomb a toujours cru avoir rencontrés) et les Espagnols est immense. La cruauté des Espagnols qui voulaient anéantir l’idolâtrie et profiter des richesses est accablante. Avec les Taïnos, on a enrichi notre vocabulaire : ananas, caïman, canoë, caraïbe, goyave, hamac, iguane, ouragan, papaye, patate, pirogue, tabac, savane, cacique, yucca, et même cannibale… sont autant de mots d’origine taïno (source Wikipédia).

Comment furent considérés ces étranges étrangers, très poilus, venus de la mer et juchés sur de non moins étranges animaux à 4 pattes ? Ils furent bien accueillis ! Les Taïnos, réputés pacifiques, furent de bons hôtes. Mais malheureusement pour eux, ils ne surent combler l’avidité d’or des Espagnols. Le bilan n’est pas reluisant pour les Européens. il y eut de très nombreux viols et donc métissages, dès les premières années. Les populations autochtones ont quasiment disparu : les microbes et virus apportés d’Europe sont responsables d’environ 90% des morts prématurées. 10% le sont par les massacres.
Les Espagnols découvrirent de nombreuses îles caraïbéennes, peuplées de tribus taïnos et autres, avant le Mexique, peuplé d’Aztèques. Le Mexique ne sera abordé que 26 ans après 1492, à Cozumel d’abord, puis le continent. Là, de grandes surprises attendaient les Espagnols. Les peuples sont nombreux, nous allons rester avec les Toltèques et les Aztèques.

On connaît assez peu les Toltèques. Leur civilisation avait déjà disparu depuis plusieurs siècles, remplacée par les Aztèques. Sur cette terre mexicaine pendant des millénaires, les peuples anciens se sont rencontrés, se sont combattus, se sont imités, se sont assimilés… On sait que les Aztèques ne tarissaient pas d’éloges sur leurs ancêtres Toltèques :
Les Toltèques étaient sages. Leurs œuvres étaient toutes bonnes, toutes parfaites, toutes admirables, toutes merveilleuses … Ils ont inventé l’art de la médecine … Et ces Toltèques étaient très sages, car c’étaient des penseurs, car ils ont inventé le décompte des années … Ces Toltèques étaient justes. Ils n’étaient pas trompeurs. Leurs mots [étaient] des mots clairs… Ils étaient grands, ils étaient plus importants [que les gens aujourd’hui] … Ils étaient très pieux … Ils étaient riches.
Bernadino de Sahagún, Codex de Florence*
*Le Codex de Florence, écrit par un Franciscain qui avait appris la langue aztèque, a été miraculeusement sauvé et comporte 12 livres, publiés au complet pour la première fois en… 1979.
On sait donc que la civilisation toltèque fut brillante, liée aux arts et à la médecine chamanique, à l’astronomie et l’architecture, à l’agriculture irriguée et à leurs divinités, surtout avec le culte du Serpent à Plumes ou Quetzalcoatl, présent aussi chez d’autres peuples d’Amérique centrale.

Les Espagnols ont débarqué sur leurs terres en 1519 avec Hernán Cortés. La plupart des écrits des Aztèques eux-mêmes (oui, ils écrivaient) et sur les Aztèques au moment du choc de la rencontre des peuples autochtone et espagnol ont été détruits (à part le Codex de Florence et quelques autres), car les Espagnols voulaient cacher que les civilisations locales des terres mexicaines étaient bien plus avancées que ce qu’ils décrivaient officiellement (quelques tribus de sauvages à « sauver » en les évangélisant).
Les quelque 25 millions d’Aztèques en 1519 n’ont curieusement pas opposé une résistance farouche à l’arrivée des premiers Espagnols. A vrai dire, le souverain aztèque a d’abord cru que le chef espagnol Hernán Cortés était la personnification du dieu Quetzalcóatl – le fameux serpent à plumes… Plus surprenant est le bilan comparatif que le petit peuple pouvait faire entre les deux civilisations : la société aztèque était très rigoureusement organisée et divisée et les petites gens préférèrent s’associer aux Espagnols contre le Pouvoir central aztèque ! La vie aztèque exigeait des sacrifices humains, jusqu’à 200 000 par an… Des esclaves, des prisonniers, des handicapés, mais aussi des enfants arrachés de leur famille…

Les hauts dirigeants aztèques croyaient-ils vraiment que les sacrifices humains étaient nécessaires pour que le Soleil se lève tous les jours ? Et le cannibalisme qui s’ensuivait nécessaire pour maintenir leurs forces ?… Car en effet, le sang humain devait couler quotidiennement du haut des pierres ou des pyramides pour que le Soleil puisse se lever, pour que les astres puissent poursuivre leur route et la glorieuse civilisation aztèque perdurer… Les hommes se sentaient responsables de la machine cosmique et le sang humain était le carburant des dieux. Cette responsabilité que les hommes s’attribuaient envers les dieux est unique dans l’humanité.


On apprend dans nos livres d’Histoire que Jeanne d’Arc a entendu des voix, lui disant d’aller bouter les Anglais hors de France. Au Mexique, un autre phénomène a appuyé l’acceptation de la religion catholique : l’apparition de Notre-Dame de Guadalupe le 12 décembre 1531.

La tentation est forte de penser que la série de miracles autour de cette Vierge a été orchestrée pour vaincre les dernières réticences des Indiens. Alors de nombreux sceptiques ont étudié la relique – un tissu de fibres d’agave mystérieusement imprimé de la vision de Juan Diego, l’Aztèque qui a vu la Vierge. La durée de vie de la fibre d’agave est 20 ans, nous en sommes à plus de 490 ans et le tissu reste comme neuf ou presque. Si vous souhaitez connaître toute son histoire en vous divertissant, je vous conseille le roman de Didier Van Cauwelaert L’Apparition.

Tout comme les peuples anciens s’interpollinisaient, le peuple mexicain contemporain bénéficie d’un syncrétisme culturel, un intime mélange de survivances précolombiennes et des acquis européens, avec un zeste d’africanité. Ce n’est qu’à l’aube du XXe siècle qu’historiens et archéologues étudièrent sérieusement les civilisations précolombiennes disparues (au lieu de piller les découvertes), et les Mexicains métissés (de sang et/ou de culture) de se réapproprier fièrement leurs racines aztèques, mayas, toltèques, olmèques, mixtèques, zapotèques… Cette « mexicanité enrichie » explose notamment sur les œuvres murales de l’immense peintre Diego Rivera (l’époux de Frida Kahlo), mais aussi bien sûr avec Frida elle-même, adepte de vêtements des femmes zapotèques et de bijoux précolombiens…


Et l’île de Cozumel ? Son nom veut dire Terre des Hirondelles, elle était l’endroit où les femmes Mayas se rendaient en pèlerinage au Temple de La Lune pour avoir des enfants… Las ! Hernan Cortés fit démolir les temples et la population, de 40 000 avant l’arrivée des Espagnols, se résuma à 30 personnes en 1570 après une épidémie de variole (virus venant d’Espagne). Ce n’est qu’un exemple représentatif du choc des civilisations.

Comme je vous l’ai annoncé plus haut, j’ai voulu inscrire, dans mon quilt Morning Sunrise version Cozumel, une touche mexicaine supplémentaire avec les sagesses toltèques enseignées par Don Miguel Ruiz. Nous (re)découvrirons ensemble ces Accords Toltèques, ainsi que mon quilt terminé, dans quelques jours ! Mais comme vous le savez, une Étoile Solitaire pleine de losanges est venue s’incruster dans mes prévisions…
J’espère que cette page d’histoire a retenu votre attention, je crains un peu m’être lâchée sur un sujet qui n’intéresse que moi 🙃 mais aujourd’hui, je voulais me faire plaisir.
A très bientôt !
Katell
Voyage textile : dans le Tarn…
Un peu partout en France, je rencontre des quilteuses modestes et pourtant si créatives ! Il me tarde de reprendre la route pour faire encore et encore de belles rencontres… C’est à Lacaze que j’ai retrouvé des Can’canettes, d’un club de patchwork du nord de Castres (Tarn).
Il y a 30-40 ans, on ne concevait l’usage des unis que pour faire des quilts Amish ou séminoles. Seules quelques rares artistes, dans les années 80-90, osaient l’uni sans ces références. Et puis les quilts modernes sont arrivés et tout a changé, on ne se pose même plus la question ! Mais c’est justement par le Séminole que Claudine, une Can’canette, a commencé ses aventures en unis, il y a quelques années :

Quand on commence avec les unis, on ne s’arrête plus ! Leur couleur tranche bien plus de leur voisine, l’effet est visible de bien plus loin.
Claudine m’avait raconté son attachement à Frida Kahlo (elle aussi… notre muse à toutes ?) et j’ai été tout de suite intéressée quand elle m’a dit avoir fait un quilt en son hommage lors du premier confinement… Nous avons été nombreuses à avoir une fièvre du patch pendant ces 55 jours d’isolement, voici le résultat chez Claudine :
Quand on achète quelques tissus pour un projet, parfois il nous en manque mais bien plus souvent, nous avons des restes, petites et grandes chutes… Alors vite, un quilt scrappy, avec d’autres restes unis et faux-unis !!


Il est très beau ! Certains quilts amish sont bien proches de celui-ci. Laissant parler son intuition et ses lectures, Claudine l’a appelé Tout n’est pas noir…
À force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage. Que c’est de toi que j’aurais dû vouloir m’abriter. Mais qui a envie de vivre abrité des orages? Et tout ça n’est pas triste, mi amor, parce que rien n’est noir, absolument rien.
Claire Berest, Rien n’est noir
Vous pouvez retrouver divers articles que j’ai écrits sur Frida par ici comprenant des liens vers d’autres blogs comme ArtisAnne, qui ne se détache pas non plus de cette icône… Et souvenons-nous que cette artiste a souffert physiquement toute sa vie, mais elle n’a cessé de proclamer, jusque dans son dernier tableau : Viva la Vida !
Un peu de musique ? Viva la Vida toujours, qui se souvient du titre de Michel Fugain, plein d’optimisme et de soleil avec ses accords brésiliens ou caraïbéens ?
Plus récent, un tout autre genre, Viva la Vida par Coldplay, dont la musique est sublime ! Le thème est plus énigmatique, mélangeant des impressions bibliques, de la chute de l’empire romain, des révolutions françaises, des guérillas dans leur ensemble… Ce mélange me fait penser au grand succès français Dans la Vallée de la Tribu de Dana, je n’y comprends pas tout, j’ai beaucoup d’images en tête et je suis happée par la musique (d’après une musique traditionnelle bretonne reprise par Alan Stivell) !
Mais pourquoi le tableau de Delacroix comme pochette de disque ?

Le choix de ce tableau s’est fait après de nombreux autres essais, celui-ci « fonctionnait » bien pour symboliser des révolutions en général, la chanson racontant la chute d’un roi et la victoire populaire. De plus, la belle énergie de Frida Kahlo qui inscrivit cette incantation sur sa dernière toile, n’est pas étrangère à ce choix graphique et au titre (Viva la vida n’est pas prononcée dans la chanson)…

Merci Claudine de m’avoir permis de publier ces quilts !
Avec toi, disons bien fort : Viva la Vida !
Portez-vous le mieux possible, avec espoir malgré tout,
Katell
PS : suite à quelques cafouillages techniques de ma part, il est possible que vous n’ayez pas reçu le dernier article dans sa version définitive : la voici ! Aussi, les dernières notifications d’articles sont arrivées dans les SPAMS de certains d’entre vous, j’en suis désolée : il faut alors cliquer « non-spam » et tout entrera dans l’ordre.
Voyages textiles avec les Jeux Olympiques
J’admire les athlètes qui trouvent la motivation pour aller plus vite, plus loin, d’autant plus que je n’ai jamais senti en moi cet esprit de compétition qui pousse à l’exploit sportif. Je n’ai pas la fibre marathonienne de mon mari, ni celle du triathlon d’une de mes filles… Cependant, j’ai suivi les actualités JO 2020, qui changeaient des aventures de Pass & Delta 🙄. J’en ai retenu quelques pépites hors performances sportives, pour notre plaisir.
Haïti à l’honneur
Celle qui alluma la Flamme olympique, la championne de tennis Naomi Osaka, n’est pas que Japonaise. Son père est Haïtien et s’appelle Leonard François ; sa mère, Tamiki Osaka, est Japonaise. L’amour a vaincu les montagnes de la tradition nipponne mais la pression sociale a poussé le couple mixte à quitter le Japon pour aller vivre aux États-Unis alors que Naomi n’avait que avait 3 ans. Garder le patronyme de la mère n’avait pas suffi pour s’intégrer au Pays du Soleil Levant.

Naomi est aussi une héroïne dans le pays de son père, son nouveau projet est d’y créer une Académie de tennis. Souhaitons-lui bonne chance !
🎾
Ce petit pays s’est distingué aussi par ses costumes lors de la cérémonie d’inauguration des JO. Déjà, c’était le cas en 2016 :


En Haïti, le tissu traditionnel n’est autre que le chambray. C’est un tissu en fibres végétales, de lin, puis de coton, d’aspect bleu ciel, avec un fil de chaîne indigo et un fil de trame blanc. A l’instar du tissu de jean (de Gênes) ou denim (de Nimes), on doit le chambray à la ville de… Cambray, où on ne fait pas que des bêtises ! Dans les caraïbes francophones, le mot est déformé en karabela. Les photos suivantes sont de rares témoignages de vêtements des années 1940-60 (Tumblr ARTDREAM)


C’est devenu le tissu typique pour les costumes folkloriques d’Haïti, tout comme le madras dans d’autres îles. Ce tissu est également exploité par des stylistes comme des talents locaux :

Maëlle Figaro David a récidivé pour Tokyo 2021, avec des costumes bleu chambray pour les hommes et de splendides robes rappelant celles des temps anciens, quand les servantes récupéraient toutes les chutes des maisons où elles travaillaient : l’esprit du patchwork à l’état pur !



L’admiration du monde entier pour ces costumes a mis du baume au cœur du peuple haïtien, dont le président vient de se faire assassiner, une épreuve de plus.
Nous sommes tellement tristes ces derniers temps.
J’ai joué avec les couleurs pour envoyer un message d’amour et d’espoir.
Maëlle Figaro David
La délégation mexicaine
Les athlètes mexicains ont été acclamés pour leur élégance, leurs tailleurs marine hyper sobres au tissu infroissable et anti-transpirant étant illuminés de broderies traditionnelles, celles que Frida Kahlo affectionnait tant. Chaque broderie a été faite à la main par des artisanes de la région d’Oaxaca.


Voici une scène de rue dans cette région mexicaine :

Voyez aussi ce joli reportage d’une femme vêtue d’un costume tehuantepec de la région d’Oaxaca :

Bien d’autres pays montraient des costumes vibrants de couleurs, riches de leurs traditions textiles… Malheureusement, notre délégation ressemblait plus à une manifestation de blouses blanches… Sans doute le contexte et les masques qui dévoient mon impression. Ou pas.

Le champion tricoteur
Comme souvent, il faut aller en Grande-Bretagne pour vivre pleinement l’excentricité !
Déjà star chez lui, le plongeur Tom Daley est devenu inoubliable en tricotant en pleine épreuve sportive, attendant son tour dans la tribune… Comme lui, nous savons bien qu’occuper ses mains ainsi diminue le stress ! Il a même confectionné une pochette pour protéger sa médaille d’or :


Tom inonde son compte Instagram de ses créations, certaines délibérément décalées, nous rappelant les années 100 Idées :



Mais d’autres créations sont à mes yeux particulièrement réussies :
Et que dire de son slip de bain en crochet ? Par le biais de l’originalité dans la bonne humeur et les performances sportives, Tom fait peu à peu accepter, dans le monde sportif si dur, le droit d’être gay.


Tout comme nous faisons des quilts-souvenirs, Tom a tricoté un cardigan à Tokyo, en souvenir de cet évènement :


OR🥇OR
Des kimonos pour les J.O.

Malheureusement occultés pendant les cérémonies, 213 kimonos ont été créés aux couleurs de chaque pays participant ! Sous l’égide du designer Yoshimasa Takakura le collectif Imagine One World Organization a travaillé pendant 4 ans pour véhiculer un message de paix et d’unité mondiale par un des emblèmes du Japon, le kimono et sa ceinture large nommée obi. 213 kimonos pour 206 nations, car, par exemple, la France est représentée par deux kimonos :


Les photos et informations de ci-dessus sont de cette page du Figaro.
L‘ONG à l’initiative de ce superbe projet s’inspire au quotidien de Imagine :
‘You may say I’m a dreamer
But I’m not the only one
I hope someday you’ll join us
And the world will be as one’
JOHN LENNON

Y aura-t-il une initiative à la hauteur dans le monde textile pour les J.O. de Paris 2024 ?
Seriez-vous partantes pour vous mobiliser ?
Auriez-vous des idées ?…
Puisque notre pays a une forme hexagonale, l’hexagone pourrait être une base de réflexion pour célébrer une mosaïque mondiale unie par l’art et le sport ?
Mais nous sommes si riches culturellement que d’autres idées peuvent émerger…
Avoir des projets, ça entretient le moral !
Décidément, les Jeux Olympiques m’inspirent bien plus que je n’aurais pensé !
Déjà pour Sotchi...
.
A très bientôt, toujours dans notre monde de couleurs, de création et de joie, malgré tout !
Katell
Vous avez peut-être lu cet article samedi dernier : j’avais fait une fausse manip’ alors que je programmais cet article et je l’ai publié par erreur ! Toutes mes excuses. Cette fois-ci, il ne disparaîtra plus !
Rien n’est Noir

Il est un livre où l’on avance au gré des passions aux couleurs primaires, bleu, rouge, jaune, avec des chapitres aux nuances poétiques, où tout est vibrant, fleuri, éclatant, flamboyant, ténébreux, brillant, multicolore, lumineux, ombrageux, chatoyant, incandescent…
Seuls les cheveux et les yeux de l’héroïne sont noirs, un Noir à la Soulages, un Noir de lumière et d’émotion.
Après avoir écrit deux articles sur Frida Kahlo au printemps, j’ai continué de me sentir impressionnée par cette femme, elle restait obstinément quelque part dans mon cœur et ma mémoire. J’ai donc lu, cet été, deux parmi les nombreux livres qui lui sont consacrés. J’ai grandement apprécié la biographie de Frida Kahlo écrite par la franco-mexicano-cubaine Rauda Jamis, puis j’ai plongé dans le roman de la parisienne-bretonne Claire Berest. Chaque portrait rend avec vérité, je le sens, ce feu follet que fut Frida. Chaque écrivaine est inspirée, sinon habitée par l’Inspiratrice, ayant tout lu, tout vu, tout visité, tout ressenti d’Elle.


Si vous avez été touchée par Frida à travers ces articles, vous adorerez les livres* et en particulier Rien n’est noir :

L’écrivaine s’est tellement imprégnée de son héroïne que parfois, on ne sait plus de qui sont les mots, de l’auteure ou si les phrases sont extraites du Journal ou encore de la volumineuse correspondance de Frida. Ce livre est rempli des passions et des émotions de Frida, ses émois comme ses douleurs, ses amours comme ses colères. Claire et Frida ne font plus qu’Une. La fusion est tellement forte qu’elle s’est mise à ressembler à son sujet ! Un jeu esthétique bluffant.



Après avoir lu ce livre, on a envie de porter de longues jupes éclatantes, de se charger de volumineux bijoux ethniques et piquer des fleurs dans ses cheveux !
Le titre Rien n’est Noir résonnait en moi quand j’écrivais Octobre Noir. Même quand on est saturé de tristesse, d’angoisse, de révolte, on peut s’accrocher à des exemples qui aident à s’élever, comme la Déesse du 20e siècle qu’est devenue Frida Kahlo, ou toute personne que vous admirez.
Ne perds jamais espoir. Lorsque le soleil se couche, les étoiles apparaissent.
Derrière chaque difficulté, il y a une opportunité.
Albert Einstein
* Naturellement, il est judicieux d’attendre la réouverture des librairies pour acheter ces livres…
Autre personne qui me touche, plus près de nous. Rose l’Angevine a écrit plusieurs commentaires pertinents à l’issue de quelques-uns de mes articles. Elle vit en EHPAD où 9 personnes sont contaminées, d’où un confinement strict, une solitude accrue, mais elle continue de faire du patchwork l’après-midi ! Elle a offert son quilt du confinement « Ensemble malgré tout » à un de ses fils médecin pour son anniversaire, elle suit le quilt mystère France Patchwork actuel et elle vient tout juste de coudre une crapaudine… La crapaudine est un sac à ouvrages qui a une grande ouverture, bien pratique pour transporter un ouvrage. C’est un très vieux modèle que j’ai vu en tapisserie (petit point) chez ma grand-mère, en brocante (cela devait être populaire !), puis dans des livres, sur internet… Je l’ai refait à mon goût du jour et mis en modèle dans BeeBook. La semaine dernière donc, Rose l’Angevine a transformé une robe de plage en crapaudine ! Un exemple de recyclage intelligent, fort bien fait…


A 82 ans, Rose continue d’être curieuse, active et connectée. Elle a remué ciel et terre pour que les personnes en EHPAD ne soient plus isolées pendant le confinement. Ce sont des actions comme les siennes qui ont fait assouplir les règles, pour qu’il n’y ait plus le ravage du glissement fatal dû à l’isolement mortellement ennuyeux… Un immense bravo ! Même si la vie n’est pas toujours rose, cette dame positive et pugnace a choisi ce pseudo Rose l’Angevine… Il n’y a pas de hasard !
Ce que l’optimiste voit en rose, le pessimiste le voit en noir.
Victor Hugo
Annie du blog Des Tulipes et des Coeurs a aussi un grand ❤ et aime les couleurs ! Pour son groupe, elle a préparé les instructions en français d’un quilt moderne et bien gai, destiné aux sinistrés de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes. Le modèle est paru dans le magazine Curated Quilts :

Annie a reçu l’autorisation de diffuser ces instructions dans un but non commercial. Si vous souhaitez les recevoir pour faire un quilt seul(e) ou en groupe, écrivez-lui (colonne de droite de son blog), elle vous les enverra très vite gracieusement par email.
Merci pour ce partage Annie !
Le chaos est rempli d’espoir parce qu’il annonce une renaissance.
Coline Serreau
Et mon petit doigt me souffle que dès ce matin, sur le forum France Patchwork, il va y avoir des nouveautés…
C’est gris bien sombre pour l’activité de nos villages et nos centres-villes. Un mal pour un bien, le premier confinement a largement favorisé la fourniture des denrées alimentaires locales, et je crois qu’heureusement cela continue. Mais nous avons aussi besoin de nourrir notre esprit…

L’espoir, ce n’est pas l’optimisme.
Ce n’est pas non plus la conviction qu’une chose va bien se passer,
mais au contraire la certitude que cette chose a un sens,
quelle que soit la façon dont elle va se passer.
Vaclav Havel
Rien n’est noir, les merceries et donc beaucoup de magasins de tissus sont, cette fois-ci, considérés comme essentiels… Gardons le moral et restons tous prudents afin de retrouver au plus vite une vie pleine de couleurs.
Guérir : être positif et vivre en paix
Stephanie et moi nous sommes rencontrées un beau jour d’été l’année dernière, à Toulouse. Nous avons une très chère amie commune, LeeAnn, ma Sister de l’Ouest américain, cela crée des liens instantanés !

Nous avions fait un petit tour dans le centre ville, avec l’incontournable visite à la Maison de la Violette, une péniche unique au monde que j’aime toujours faire découvrir, avec sa sélection d’excellents produits et, toujours en décoration, des quilts (de la maman d’Hélène Vié, sa fondatrice, et/ou de la Ruche des Quilteuses, selon les saisons) :
Et nous avions longuement visité l’exposition de Rieko Koga, place du Capitole.

J’ai découvert une femme très souriante, amusante, parlant très bien français. Elle gardait encore une certaine fatigue de ses traitements, mais elle respirait la joie de vivre ! J’ai été très touchée de recevoir ses confidences et voulais depuis longtemps partager avec vous son courage face à un cancer très agressif – c’est souvent le cas quand on est encore jeune – déjà au stade 4, qui a nécessité d’interminables mois de traitements, chimios puis radiations. Et puis plusieurs récidives tout aussi agressives et inquiétantes. Nombre d’entre nous savons aussi de bien trop près ce dont il s’agit. Stéphanie est guérie et sa victoire est due bien sûr aux traitements, mais aussi sans aucun doute à son état d’esprit. Elle s’est entièrement branchée sur la positivité et l’amour, l’expression d’un océan d’ondes positives, des vagues d’espoir, une houle de gratitude. De la gratitude, oui… Comment entretenir cette force mentale quand on va si mal ? C’est tout un travail sur soi, qui peut parfois se faire en solo mais bien plus souvent avec l’aide de thérapeutes (voir Guérir : les énergies qui soignent). Les docteurs nous le disent bien, les personnes qui ont le moral guérissent mieux.
Ah j’ai oublié de vous dire que Stephanie est une intrépide quilteuse !



Stephanie était de nature inquiète, une anxieuse de la vie, malgré un abord très souriant. Elle menait tout sous contrôle et se souciait de mille et une choses qui ne sont jamais arrivées. Et puis ce qu’elle n’imaginait même pas s’est déclaré, un premier cancer bien vilain. L’annonce a été un coup de massue, et en même temps il lui est apparu, clair comme l’eau de roche, qu’elle ne contrôle aucunement sa vie et il est bien temps de cesser de se focaliser sur ce qui n’existe pas ! En dépit de toute la réalité complexe du diagnostic, Stephanie s’est sentie plus légère, plus libre, soulagée et même étourdie, son exact contraire ! Au fur et à mesure que passaient les semaines, elle a redéfini l’essence de sa vie.






Un poème l’a sauvée, elle l’a appris par cœur pour se le réciter pendant les rayons :


Stephanie va bien à présent, elle est en paix avec la vie, sereine, et continue de s’exprimer avec les fibres et les couleurs.

Stephanie a longuement combattu avec ses armes, la positivité et sa créativité l’ont accompagnée sur ce chemin difficile. Elle a découvert grâce à sa maladie une nouvelle manière de vivre, plus apaisée, plus lumineuse.
J’ai transcrit ici ce que m’a confié Stephanie, avec son plein accord bien sûr. A ce sujet, il est bon de préciser qu’il y a de nombreuses différences d’attitudes et de culture entre la France et les États-Unis. Parler ouvertement et en détails de sa maladie reste encore rare chez nous, alors qu’une Américaine se confiera volontiers. Est-ce parce que nous sommes un des peuples les plus pessimistes du monde, et parler de la maladie, c’est la concrétiser et risquer de ne pas la vaincre ?
La pensée positive, la loi d’attraction
Justement la méthode Coué, comme la positive attitude, sont souvent raillées en France. Émile Coué sait que nul n’est prophète en son pays… Ailleurs, dans des pays moins foncièrement cartésiens, ces méthodes aident à atteindre son objectif. A chacun de choisir sa certitude. Il s’agit de sélectionner une phrase qui correspond à la visualisation de son état meilleur, et se la répéter en pleine conscience, avec intention. Franchement, ce n’est pas sorcier, c’est gratuit et… c’est efficace ! Ce n’est pas une prière religieuse mais une affirmation positive au bon moment pour conditionner le cerveau, lui faire croire que ce qu’on veut est réalité. Le principe paraît si enfantin que beaucoup ne veulent pas y croire. C’est pourtant dans l’intention que se cachent les trésors de l’aide à l’auto-guérison.
Fake it till you make it, fais semblant que c’est vrai et ça finira par l’être.
Phrase américaine du 20e siècle
Pour que cela fonctionne, quelques conditions sont requises, comme la persévérance et la formulation de la phrase. Pas de négation comme je ne veux plus fumer (le cerveau se focalisera sur fumer) mais je me libère calmement et avec assurance de la cigarette, pas de je ne veux pas grossir, mais je suis en paix avec la nourriture ou Je prends plaisir à maigrir par exemple. Il est bon de faire une phrase avec un rythme qui vous plaît, des sonorités qui vous conviennent. Ensuite, la formulation de pensées positives est une aide efficace si on se mobilise par ailleurs dans le même but – restons motivés !
Quand on décide de choisir son but, gardons à l’esprit la sagesse stoïcienne :
Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé
et le courage de changer ce qui peut l’être
mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre.
Marc-Aurèle

Il faut comprendre cette phrase dans le sens où il est inutile de se charger mentalement de devoirs irréalisables ou, comme le faisait naguère Stephanie et tant d’entre nous, de peurs d’anticipation ou la compulsion du contrôle de tous les aspects de sa vie. Laissons de côté les doutes, les peurs, les craintes, cela diminue les immunités pour rien, ce n’est jamais profitable. Ayons de la gratitude pour ce que nous avons, même si c’est imparfait. MAIS on peut toujours demander la Lune, on n’est pas à l’abri de bonnes surprises…
Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.
Mark Twain
Dans le même esprit, la loi d’attraction ou de l’action/réaction, qui se comprend grâce aux énergies vibratoires de soi et de l’univers, fait que les paroles et pensées que nous avons ont un effet d’aimant et peuvent changer soi-même et le monde. Cela semble utopique, trop beau pour être vrai ou très dangereux, mais sans doute est-ce simplement ainsi que va le monde. On peut apprendre à maîtriser cette loi d’attraction, cela ne tient aucunement du miracle mais d’un protocole qui nous libère des limites qu’on s’impose. Car nous sommes essentiellement limités par nos peurs, nos pensées, nos croyances, bien plus que les limites de nos capacités. Et toujours, ayons de la gratitude pour ce qui arrive.
Ce que tu penses, tu le deviens.
Ce que tu ressens, tu l’attires.
Ce que tu imagines, tu le crées.
Bouddha
De nombreuses fois, on a demandé à Mère Teresa de participer à des manifestations contre la guerre. Elle a toujours refusé. Un jour, on lui a demandé de prendre part à une manifestation pour la paix. Elle accepta et précisa alors que les manifestations contre la guerre font des vibrations négatives et contre-productives, celles pour la paix, elles, peuvent servir ses convictions… (Petite histoire lue, mais non vérifiée. On peut la considérer comme une parabole !)

Etre dépressif, c’est ruminer le passé.
Etre anxieux, c’est redouter le futur.
Soyons en paix, vivons dans le présent
Et projetons le futur avec espérance.
Ktl

Car, comme le proclamait Frida Kahlo qui a tant lutté elle aussi contre les douleurs et les maladies :
Frida, Laura & Betty
Si vous me lisez depuis un certain temps, vous connaissez bien Betty, la reine des Pine cone quilts. Elle s’est bien remise de ses soucis de santé et, pour s’occuper l’esprit pendant le confinement (oui, le même que nous en Floride…), elle a concrétisé un projet qui avait germé lors de sa visite en France. Elle m’a adressé une belle lettre pour me décrire les raisons de son premier quilt « traditionnel », pour qui elle l’a fait, comment elle s’en est sorti toute seule…
Vous l’avez sans doute deviné, il s’agit d’un quilt sur Frida Kahlo, sujet de mon précédent article. Merci Betty de partager cette naissance avec nous !
Chère Katell,
Mon séjour en France, en juin 2018, reste un de mes plus chers souvenirs. Depuis le jour où nous avons rendu visite à Christine Meynier à Penne dans le Tarn, j’ai en tête les magnifiques quilts qu’on a admirés au milieu des rires et de la pure joie d’être ensemble, Christine, Joëlle de Baillencourt, toi et moi. Le splendide top créé par Joëlle, dédié à Frida Kahlo, a particulièrement résonné dans mon cœur, t’en souviens-tu ?




* Ce quilt sera exposé en 2021, je vous en donnerai des nouvelles… Katell
T’ai-je déjà parlé de mon amie Laura ? Elle est venue un jour avec son mari, en 2012, dans mon magasin d’antiquités. Nous nous sommes découvertes, nous nous sommes revues, souvent. Facile, elle habite aussi à Sebring ! Elle est originaire d’Argentine et voue une passion pour Frida Kahlo. Elle sait d’ailleurs se donner un petit style à son image :

Ce jour-là, c’était pour que Zack, son beau-fils, s’exerce au portrait, à sa manière. C’était il y a quelques années. Depuis, il a fait des études dans une École de design réputée à New-York. Son père Ronnie est designer, sa sœur photographe… Une belle famille d’artistes !



Zack peut être fier de ce qu’il a peint, avec talent et toute sa sensibilité :
Au-delà de l’apparence et de la spontanée attirance vers Frida, Laura a beaucoup souffert du dos et a subi, elle aussi, une intervention chirurgicale. Mais toujours, elle aussi, elle sourit à la vie ¡Viva la Vida!
Figure-toi que, depuis plusieurs années, nous fêtons nos anniversaires ensemble, car je suis née un 27 mars et Laura un 29 mars… mais cette année, pour ses 50 ans, Ronnie et elle avaient organisé un beau voyage de 3 semaines, à Paris puis au Brésil… Tu devines la suite, le virus a mis fin à tous les projets y compris les leurs, nous nous sommes tous trouvés privés de rencontres, de voyages, de restaurants et de shopping à part pour l’épicerie et la pharmacie.
En secret, je voulais donc faire un Frida quilt pour Laura depuis presque deux ans. C’est le confinement contre le Corona Virus qui m’a donné l’impulsion pour concrétiser mon rêve, avec ma convalescence après 3 mois de maladie, pendant laquelle je ne dois pas rester longtemps assise (ce qui est le cas quand je couds un pine cone quilt).
Depuis mon retour de France, j’achète tous les tissus sur Frida que je trouve, mais j’en avais déjà offert beaucoup à Laura… Alors le 27 mars, je me suis mise à étaler ce que j’avais et j’ai complété avec quelques achats vite faits sur ebay et Etsy. Heureusement, la Poste fonctionne toujours.
Et puis ce fut le grand étalage, le grand bazar envahissant la cuisine, le sol, le canapé (ne ris pas !), c’est la fièvre de la créativité pour créer un puzzle… Sais-tu que je n’ai jamais fait de quilt traditionnel auparavant, uniquement des pine cone quilts ?
J’apprends sur le tas, c’est le cas de le dire !
Comme je dois bouger et ne pas rester assise, je couds et repasse debout, sur un coin du comptoir de la cuisine :
Et puis, ça commence à prendre forme :

J’ai trouvé de nombreuses inspirations de quilts sur Frida Kahlo, mais j’ai fait avec ce que j’avais, créant au fur et à mesure. J’avais cherché sur Pinterest et trouvé notamment ceci, chaque ouvrage a son charme :






Une fois le top fait… il faut quilter, ce que je ne fais jamais pour un Pine cone ! J’ai encore cherché sur internet, je me suis inspirée des quilts afro-américains que j’ai dans ma collection… Les points de quilting seront en fil rouge, ce qui va bien avec le top d’une part, et qui a une signification particulière pour Rachaeldaisy que je finirai bien par rencontrer un jour (notre Journée organisée par Jen, du Red Thread Studio, a été reportée, toujours en raison de Mr. Corona).

Katell, je te montre plein de photos du quilting en cours, tu verras ainsi la beauté des imprimés et l’assemblage en puzzle :

J’ai ajouté un imprimé de Paris, la ville où Laura aurait dû fêter ses 50 ans :
Et voici le quilt terminé !

Je ne savais pas où mettre le mini pine-cone, mon logo pour servir de signature au quilt ; j’ai fini par le mettre dans un cadre, ainsi Laura aura le quilt sur son lit et le pine cone sur le mur. J’ai donc ajouté un label écrit au feutre, fixé au coton rouge à crocheter, comme les quilteuses afro-américaines traditionnelles : c’est du fil qui résiste à tout !
Je n’arrive pas à me rendre compte que j’ai fait un quilt en 38 jours ! Un pine cone me prend 3 à 5 mois. Mais pour moi, rien ne vaut la couture à la main et la lente élaboration du pine cone quilt. J’étais relativement insatisfaite du résultat, jusqu’à ce que je voie la joie sur le visage de Laura et les larmes dans ses yeux, lorsque je le lui ai offert.





Je l’ai fini le 3 mai mais je l’ai signé le 5 mai 2020, el Cinco de Mayo, grand jour de fête au Mexique, célébrant à l’origine la victoire des Mexicains contre les Français en 1862 !!

Mais nous faisons fi des anciennes querelles entre peuples, nous les quilteuses formons une belle communauté sincère, et je garde le symbole du fil rouge qui nous unit !
Side by side or miles apart we are sisters connected by the heart.
Have a great day and stay well,
With Love,
Betty
Frida Kahlo, icône féminine
¡Viva la Vida!
Connaissez-vous Frida Kahlo ? Sans doute savez-vous qu’elle fut une peintre mexicaine à l’oeuvre marquée par ses autoportraits. Cet exercice, se peindre, existe depuis la Renaissance (avec la disponibilité de miroirs). L’artiste est-il désespérément amoureux de son reflet, comme Narcisse ? C’est bien plus souvent un exercice d’introspection. Voici donc une évocation de Frida Kahlo (1907-1954) avec quelques peintures, mais aussi des photos et des extraits de son journal intime ou sa correspondance.

Je me peins moi-même parce que je suis la personne que je connais le mieux.
Je suis ma propre muse. Je suis la personne que je veux améliorer.
Frida
Frida peignit 55 autoportraits sur 143 tableaux, exprimant la quête de soi, sa lutte contre la souffrance et, bien présente, son identité mexicaine (vêtement, faune, flore, couleurs).

Je peins des fleurs afin qu’elles ne meurent pas.
Frida
En Europe, hormis les admiratrices inconditionnelles, toujours plus nombreuses, on connaît mal Frida Kahlo, sauf si on a vu le film de sa vie, inoubliable, interprété et produit par Salma Hayek…

Admiratrice de Frida et amoureuse du Mexique, mon amie Suzy Bignau m’a prêté le DVD il y a quelque temps déjà, j’ai alors compris pourquoi on pouvait tant s’intéresser à Frida Kahlo. A mon tour, je me suis mise à l’aimer, cette femme belle, intelligente, passionnée.

Expression de ses souffrances
Dans le film, il est clairement montré que son art l’aidait à supporter ses souffrances. Elle peignait pour exprimer la violence de ses émotions, ses sensations, d’où de trop nombreux tableaux difficiles à supporter… Pauvre Frida, au corps martyrisé. Elle eut une vie de douleurs, à la suite d’une poliomyélite à l’âge de 6 ans, puis d’un accident de bus à 18 ans, dont elle gardera les graves séquelles à vie.
Je ne peins jamais mes rêves ou mes cauchemars. Je peins ma propre réalité.
Frida

Je ne suis pas malade. Je suis brisée.
Mais je me sens heureuse de continuer à vivre,
tant qu’il me sera possible de peindre.
Frida

Je ne saurais dire si mes tableaux sont surréalistes ou pas, mais je sais qu’ils sont la plus franche expression de moi-même, sans jamais tenir compte des jugements et des préjugés de quiconque.
Frida

J’ai essayé de noyer mes peines, mais elles ont appris à nager les bougres.
Frida
Son histoire est résumée sur ce blog par exemple, mais je vous encourage à voir le film Frida, tourné dans sa maison, la Casa Azul, devenue musée.
Une icône de la mode
Frida ne s’habillait que très rarement à l’occidentale.




A la fois pour rendre hommage à la culture mexicaine et pour masquer par de l’ampleur, des plis, des couleurs, son corps martyrisé, Frida a développé une garde-robe unique.

Les tenues traditionnelles Tehuana lui permettaient d’affirmer son héritage. La région de Tehuantepec a, en outre, la particularité d’être matriarcale, les femmes y sont à la fois féminines et puissantes. En s’habillant de leur manière, Frida fait avec son corps, exprime sa différence et rend hommage à la mexicanité, son identité culturelle. Et partout en Amérique centrale, on porte encore des huilpils, ces hauts à forme très simple, auxquels elle donne des lettres de noblesse. Les broderies, les couleurs, les dessins, concentrés sur la partie supérieure, invitent les personnes à ne pas regarder le bas de son corps déformé.



On la voit presque toujours avec des ongles manucurés, des bijoux volumineux ethniques, et souvent, comme ci-dessus, un élégant châle savamment noué : encore un héritage mexicain, le fameux rebozo. Elle continue d’inspirer les femmes, ainsi que les couturiers comme Jean-Paul Gaultier (ses corsets…).


Engagement politique et liberté assumée
Généreux et utopistes, Frida et son mari Diego Rivera voulaient changer le monde ! A l’époque, le marxisme semblait être la solution contre le monde belliqueux en place qui broyait les pauvres. Pour Frida, c’était avant tout pour faire avancer la condition des femmes dans un monde machiste. Épisode rocambolesque, le couple abrita Léon Trotski et sa femme, chassés de l’URSS par Staline, pendant deux ans dans la Casa Azul, de 1937 à 1939. Léon Trotski sera assassiné l’année suivante, dans le même quartier où il continuait d’habiter après avoir été viré par Diego.


Amour de la vie :
Frida s’entourait de plantes et d’animaux,
Frida aimait la vie, même si elle lui en faisait baver…
Il y en a qui naissent avec une étoile qui brille haut et d’autres comme des étoiles tombées par terre, écrasées, pleines de coups, et même si vous ne le croyez pas, je fais partie de celles qui sont bien tombées par terre.
Frida




Bien trop souvent allongée sur un lit de douleurs, elle s’imagine oiseau, une image qui vient de loin (à son mariage, sa mère dit c’est le mariage d’une colombe et d’un éléphant) et proclame son amour de la vie, malgré tout, après l’amputation de sa jambe droite :
Des pieds, pourquoi en voudrais-je, si j’ai des ailes pour voler ?
Frida
Et :
Est-ce que les verbes peuvent s’inventer?
Je veux t’en dire un : je te ciel, et ainsi mes ailes s’étirent, énormes, pour t’aimer sans limites.
Frida
N’est-ce pas follement fort et touchant ?
Héritage
Frida est partout en Amérique centrale, c’est une héroïne, une inspiratrice. Les excès mercantiles font même parfois mal au cœur… Mais bien plus noblement, elle continue d’inspirer les femmes d’aujourd’hui.
Une artiste textile française, Anne Gailhbaud alias ArtisAnne, lui a rendu maintes fois hommage, ressentant intimement dans ses fibres la sensibilité de Frida. Anne a lu TOUT au sujet de Frida et j’apprécie l’influence de sa muse mexicaine.

Mon prochain article sera consacré à un quilt sur Frida… pas de moi ! Vous aurez la surprise…
Nos cœurs battent en souvenir de Frida.
Elle avait la rage de vivre.
Les nuages ne durent qu’un moment et le soleil toute la vie.
Frida
Son dernier tableau, en 1954, n’est pas un autoportrait, mais une ode aux couleurs et aux choses simples de la vie :