Les papillons sont si jolis ! On les aime, avec leur vol gracieux de fleur en fleur, leur incapacité à nous piquer ou nous mordre. Ils font partie des pollinisateurs indispensables. Leurs couleurs, leur symétrie en font un bon sujet de dessins, et donc de blocs de patchwork. Nous avons un faible pour ceux de Bernadette Mayr, que j’ai présentés à plusieurs reprises, de son livre de 2017 Patchwork Natur, mais il en existe des centaines.

Cet immense papillon créé par Tula Pink affole les quilteuses depuis 2015 :

Hello Sewing a réuni 25 modèles gratuits de papillons : par ici.

Il me semble que les quilts aux papillons sont de parfaits BBquilts !!

J’ai un coup de cœur pour des blocs anciens comme ceux-ci, toujours très populaires avec leur air Art Déco :

À gauche, Nina Schrock fit cet élégant quilt en 1935 dans l’Indiana ; le modèle est signé Laura Wheeler, un nom emblématique pour des blocs utilisant des scraps (modèles réputés économes). Les dessins de blocs étaient vendus à des magazines par une société new-yorkaise. À droite, un quilt anonyme de l’Alabama à l’esprit presque oriental, même période (collection Helen & Robert Cargo).

Dès le début de La Grande Dépression en 1929, Eleanor Roosevelt (1884-1962), femme du Président d’alors qui fit le New Deal, a lancé de son côté un programme de mise en valeur des artisanats-maison, afin qu’on se débrouille avec ce qu’on avait, tout en glorifiant l’artisanat spécifiquement américain – comme le patchwork avec l’utilisation des chutes de tissus – d’où la multiplication des publications de blocs dans les journaux.

Eleanor était une femme politique militante qui a fait évoluer les mentalités et les conditions sociales de beaucoup d’Américains. Née Roosevelt, nièce d’un Président des États-Unis, elle s’est mariée à un autre Roosevelt, qui deviendra Président à son tour. Je crois que cette femme mérite un article à part entière… dans le courant de l’automne sans doute !

Hier est de l’histoire, demain un mystère, aujourd’hui est un cadeau.
Eleanor Roosevelt

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EDIT du 15 août : j’ajoute le quilt de Fabienne Soler, fait dans le cadre du Quilt Along de Cécile et Corinne sur Facebook :

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Pour en savoir plus sur les vrais papillons, j’ai une adresse pour vous : Le Jardin des Papillons à Hunawihr (68). C’est tout près du Carrefour Européen du Patchwork ! Et comme le monde est petit, ces bijoux de la nature mondiale sont dans le jardin d’une quilteuse-peintre, Béatrice Bueche. Vous pourrez donc parler nature, peinture et quilts avec elle… et de bien d’autres choses !

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Un Papillon en cache un autre… Désolée pour cette transition foireuse, car je voudrais vous présenter un écrivain qui m’enchante, m’instruit, tout en m’inquiétant souvent… Il rend mes nuits blanches très colorées, avec ses 4 romans lus récemment à la suite, mais pas dans l’ordre (faites mieux que moi !).

Il s’agit de Fabrice Papillon. Il est tout d’abord journaliste et producteur de documentaires. Des rencontres décisives, parmi lesquelles celle avec Axel Kahn (1944-2021), un de nos grands scientifiques humanistes, font bifurquer ce littéraire vers des enquêtes sur de grandes questions scientifiques – qui sont souvent également philosophiques.

Journaliste touche-à-tout dans l’audio-visuel, FP commence à Europe 1 et France Télévisions. Il participe notamment à la création de l’émission renommée C dans l’Air (sur la 5), et une multitude de documentaires sur ARTE. Son credo : rendre la science accessible, quelle que soit la complexité du sujet abordé.

Quand on est curieux comme lui, qu’on rencontre tant de monde, on peut surfer sur la grande vague du conformisme. Lui, il aime tisser des liens avec des caractères plus inattendus, tirer le fil d’une pelote moins visible, enseigner d’autres vérités que celles servies sur le grand plateau médiatique. Et sans doute, plusieurs fois en a-t-il déduit des folies fort plausibles… ce qu’il expose dans ses romans :

• Le Dernier Hyver, Belfond, 2017, 620 pages. Version poche, éditions Points, 2019, 639 pages.
• Régression, Belfond, 2019, 454 pages. Version poche, éditions Points, 2020.
• Alienés, Plon, 2021, 512 pages. Version poche, éditions Points, 2024.
• La Conjuration de Dante, Seuil Cadre noir, 2024, 502 pages.

Ce sont de beaux pavés ! Son élégance stylistique nous mène sur des chemins escarpés de la compréhension de l’être humain. Il partage sa vision de l’Histoire bien souvent d’un point de vue original et argumenté, nous donne accès à des faits peu connus, fait des liens osés entre divers personnages. On frôle sans doute l’ésotérisme, tout en ayant des faits scientifiques avérés, des intervenants bien souvent réels, de folles histoires incroyables mais presque vraisemblables. Attendez-vous à être surpris !

Combien de femmes ont été écartées du prix Nobel au profit des mâles usurpateurs ? […] Au total, il n’y a que 5% de femmes Nobel pour 95% d’hommes.

La conscience a été donnée à l’homme pour transformer la tragédie de la vie en une comédie.

Les Clunisiens entretenaient un foyer de culture unique en Occident. Leur bibliothèque recelait plusieurs centaines de manuscrits de grande valeur et le Pogge pressentait qu’il y trouverait de grands trésors.

La vie matérielle, égoïste, rendait chaque homme indifférent à l’autre. La France n’était plus qu’une somme d’individualités qui se frôlaient sans se voir et ne formeraient jamais plus le ciment d’une nation.
Le dernier Hyver (2017)

Dès la fin de ce livre, j’ai complété mes connaissances avec l’essai Quattrocento de Stephen Greenblatt (2013), qui raconte comment seraient apparues les idées majeures qui mènent à la Renaissance… grâce à un livre de l’Antiquité ! C’est foisonnant, brillant… comme du Fabrice Papillon !
De plus, ce roman très dense est d’un féminisme convaincu, cela fait du bien !

…

Ils étaient pacifistes et préféraient recourir à leur raison plutôt qu’à la force,
car la force est l’apanage des bêtes féroces.

L’homme ne sait désirer ce qu’il possède déjà,
ni se satisfaire d’une vie paisible et tranquille,
harmonieuse et sans velléité de conquêtes.

Beaucoup de gens feraient mieux de fermer leur grande gueule plutôt que de déblatérer et de raconter des tissus de conneries à longueur de journée.
Ça économiserait des tonnes de CO² chaque année.
Vous ne trouvez pas ?

Il n’y a pas que des prêtres, des rabbins ou des imams sur Terre.
Chacun ses croyances.
Les religions monothéistes n’ont pas tout balayé.
Par exemple, il existe encore des chamanes, un peu partout.

Sapiens n’était qu’un boucher qui disposait de toute vie sans le moindre scrupule.

Le ciel, toujours moucheté d’étoiles,
commençait à virer du noir sidéral au bleu saphir.
Régression (2019)

Si l’histoire n’est pas réelle (pour l’instant ?), toutes les données historiques et scientifiques le sont. Je l’ai intégré depuis la lecture de Yuval Noah Harari, le Sapiens est d’une férocité… Cette lecture est un divertissement hautement instructif, avec les va-et-vient entre passés et présent très maîtrisés. La partie contemporaine fut anticipée à l’écriture : ouf cela s’arrête fin février 2020, car en mars un invité surprise aurait gâché la fête…

…

Omne possibile exigit existere.
Tout ce qui est possible ne demande qu’à exister.
Leibniz

Voler à bord de la Station spatiale internationale, c’était vivre une expérience unique, certes, mais c’était surtout s’ennuyer ferme en côtoyant pendant des mois les cinq mêmes tronches.

Lorsque vous atteignez un très haut niveau scientifique et que vous tutoyez la complexité du monde, il n’est pas rare que vous soyez touché par la grâce. La perfection du monde, la mécanique infaillible qui le régit finissent par défier toute rationalité. Et vous en venez à croire en Dieu.

 Louise n’écoutait plus. (…) Elle n’aurait plus jamais affaire au monde réel des politiciens, ni au monde virtuel des géants du numérique.
Deux mondes qui s’entrelaçaient pour le pire. Et rien que le pire.
Alienés (2021)

L’Homme et l’Espace… Encore un thème que j’aime, étudié d’une manière originale par l’auteur. Ici, l’histoire est linéaire, avec toujours le pari de l’anticipation : publié en 2021, action du livre en mai 2022… Risqué mais réussi !

…

La maladie addictive ne guérit jamais vraiment. Et Louise le savait mieux que quiconque. Mais qui peut se targuer de n’avoir aucune dépendance ? A la nicotine, à l’alcool, au sexe à l’argent, au travail, aux jeux vidéo, et même au sport ? Tout plaisir, même banal, entraîne un besoin toujours plus fort, plus puissant, plus grisant. Et quand une substance disparaît, une autre la remplace.
Il fallait vivre avec. Elle devait vivre avec.

Je crois en la continuité du génie.
L’âme des Grands passe d’une cervelle à l’autre et doit bien laisser son empreinte quelque part…

Œil pour œil, Dante pour Dante.
La Conjuration de Dante (2024)

Est-ce aller trop loin que d’imaginer cette histoire ?… De l’action, de la violence, de l’humour aussi, mais surtout une somme ahurissante de connaissances mises au service de l’intrigue…

Les quatre romans sont intellectuellement ambitieux, et pourtant très faciles à lire et même palpitants. Les personnages ont parfois un langage très fleuri, digne d’un film d’Audiard, ce qui fait bien sourire après quelques pensées bien philosophiques ! J’ai beaucoup appris (j’ai mon smartphone à côté pour vérifier les informations, pour découvrir tant de personnages du passé, tant d’assertions scientifiques… tout est juste !).

Ce que je peux dire aussi, c’est que cet homme très cultivé est un peu sorcier. Il sait bâtir des ponts magiques entre les genres, les disciplines et les gens…
Tout est relié, sans doute…

Si la langueur estivale vous donne envie
de prendre un bon bouquin,
de voyager dans le temps, l’espace, les cultures et religions,
essayez Papillon…
Katell