Découverte du Salon Nadelwelt de Karlsruhe

Quand je vivais en Allemagne, j’avais le sentiment d’être lilliputienne, avec mon mètre 59 (et 15 kg de moins qu’aujourd’hui🥴). Les rues des villes si larges, les gens si grands… J’ai de nouveau eu ce sentiment en découvrant le Salon des arts textiles de Karlsruhe, du 10 au 13 avril. Mais ce n’est qu’un détail en regard de la bienveillance de tous les gens rencontrés, et la beauté des expositions !

Karlsruhe, le repos de Charles… La ville fut créée autour d’un château monté de toutes pièces par un certain Charles-Guillaume de Bade-Durlach, marquis-souverain de cette région. Selon la légende, Karl-Wilhem, résidant à Durlach (devenu quartier de Karlsruhe par la suite) fit une sieste dans la forêt après une partie de chasse, et rêva d’un château magnifique baigné de soleil et une ville idéale en prolongement. Il fit faire les plans d’après son rêve et la première pierre fut posée en 1715. Une bonne partie de la ville montre donc l’esprit baroque des années suivantes. Karl’s Ruhe, le repos de Charles, porta ses fruits !

Vue aérienne du château de Karlsruhe, avec son jardin et allées en forme d’éventail ou de rayons de soleil : construit à partir de 1715, il est d’inspiration versaillaise, et la ville montre encore des bâtiments d’inspiration baroque, malgré les lourdes destructions au cours de la seconde guerre mondiale. Photo Carsten Steger
Au petit matin, la veille du grand jour d’ouverture au public, on n’imagine pas comment sera la halle commerciale.

Le Salon Nadelwelt (Le Monde de l’Aiguille) possède des allées extrêmement larges : deux fourgonnettes peuvent s’y croiser, je n’ai jamais vu cela en France pour des arts textiles ! Cela signifie que les exposants entrent leur camionnette jusqu’au devant de leur stand, lequel est construit apparemment en même temps.

Pas de bousculade dans les allées donc, et dans le public beaucoup de personnes en fauteuil roulant se permettent de venir (le parking le plus proche leur est réservé). En France, l’accès dans ces structures est pourtant aussi grandement facilité depuis de nombreuses années, mais ici le nombre de fauteuils m’a étonnée : ces personnes savent qu’elles pourront circuler partout, même s’il y a foule.

Les Allemands aiment afficher des données factuelles : nous savons que le Salon s’est déroulé sur 14 000 mètres carrés, avec beaucoup d’espaces, donc, pour circuler. Autres chiffres : il y avait 140 commerçants, 30 galeries d’artistes, 48 cours en atelier et un total de plus de 10 300 visiteurs. Cela ne vous dit sans doute pas grand chose, pour vous donner une idée c’est un Salon qu’on visite facilement en une journée, mais comme toujours, si on se réserve plusieurs jours, on apprécie d’autant plus : on découvre toujours de nouveaux détails dans les galeries, on a l’opportunité d’entamer d’autres conversations, de finaliser des achats… sans s’ennuyer un instant !

Hormis l’espace, une originalité de plan et d’organisation : si le centre commercial du Salon ouvre bien à 10 heures, le public peut passer le barrage de la caisse avant l’heure dite et se promener dans le vaste espace des galeries artistiques, en attendant l’ouverture : celles-ci sont en effet dans l’immense hall d’entrée, largement éclairé naturellement, disposant d’un immense puits de lumière central. Léna et moi avions nos galeries juste devant l’entrée de la partie commerciale, sans en avoir le bruit. Parfait ! Heureusement que nous étions arrivées dès le jour d’ouverture vers 9 heures, car nous avions du monde en visite plus tôt que prévu !

Nous étions près de l’entrée de la halle commerciale, lieu stratégique !

J’ai passé peu de temps dans l’espace commercial qui présentait globalement les mêmes tissus et fournitures qu’en France, j’y ai vu cependant quelques originalités comme un stand de fileuses-tisseuses traditionnelles, réunies en association nationale ; ici comme ailleurs, le goût du retour aux sources est fort, façon 100 Idées des années 1970 !

J’ai vu aussi un stand incroyable, une couturière qui coud des costumes historiques, French Couture by Nadine. C’est d’une beauté…

Photo Muriel Figuière

Je détaillerai dans un futur article (dans Les Nouvelles, magazine de France Patchwork de juin prochain) d’autres aspects de ce Salon qui m’ont marquée. Les quilteuses allemandes n’ont pas du tout la même éducation artistique que nous : elles n’ont pas eu Sophie Campbell pour leur enseigner l’art du patchwork traditionnel comme étant l’unique juste voie ! Alors outre-Rhin c’est le patchwork actuel qui est exposé, avec toute sa diversité. Ce sont des arts textiles du plus moderne et graphique au plus fouillé et dense, et beaucoup d’odes au recyclage, de thèmes comme les tissus d’ailleurs, les reproductions de dessins d’enfants, etc. Beaucoup d’éclectisme joyeux, de broderies inventives, de groupes aux sujets variés, bref les loisirs textiles semblent être au top de leur forme !

Gerlinde Merl a montré des oeuvres majoritairement vertes, sauf celle-ci aux multiples couleurs, appelée la joueuse de piano (die Klavier Spielerin), présentant un réseau de carrés assemblés par du fil, présentant la force de la musique et de la vie… qui ne tient parfois qu’à un fil.

Dans un groupe, on reproduit des dessins d’enfants en appliqué et broderies créatives :

Deux amies quilteuses sont dans la mouvance du patchwork créatif tel que j’aime pratiquer, Sigrid Thiele et Barbara Klingenberg. Le quilt aux cœurs (Sigrid Thiele) est fait uniquement de vêtements usagés.

La Guilde allemande a choisi un thème sur l’Europe, qui nous réunit.

Elena Naroshnaja, une femme adorable comme toutes celles avec qui j’ai discuté (quel accueil chaleureux…), est une fée de l’aiguille, elle associe des petits ou grands bouts de tissus utilisés à cru, bien souvent de style voile de mariée, à la broderie :

La réunion d’une artiste que j’aime beaucoup et d’une association que j’apprécie tout autant m’a fait vibrer : Elsbeth Nüsser-Lampe, avec ses quilts fleuris poétiques, s’est associée à Pascale Goldenberg qui a envoyé des photos des quilts de l’artiste pour une interprétation par des brodeuses afghanes. Résultat ultra-réussi !

Il me manque du temps et de belles photos pour vous montrer d’autres expositions, comme celles de SAQA, toujours aussi accomplie. N’hésitez pas à programmer votre visite du Nadelwelt l’année prochaine, pendant l’Ascension ! Mon petit doigt me dit que d’autres Françaises seront au programme…

Car cette année, pour la première fois sans doute, trois galeries artistiques étaient occupées par des Françaises : un club alsacien, Léna Meszaros et le collectif des quilts-météo que je présentais. Nous avons été fort appréciées !

Ma chère amie Lena Meszaros est un fabuleux exemple d’expression personnelle pour mieux communiquer avec les autres, avec son monde onirique, complexe, détaillé. Son texte explicatif bilingue apposé à chaque oeuvre, faisait ressortir des émotions inattendues, des yeux brillants de larmes parfois… Non, je ne suis pas seule à ressentir cela, pas seule à traverser des épreuves, pas seule à admirer aussi la beauté du monde…

Face à l’exposition des quilts-météo, celle de Lena avec son propre quilt-météo en guise de nappe. Spectaculaire !
Léna Meszaros a remporté un réel succès avec ses Fantastic Stories
Alta Acqua, Lena Meszaros
Héritage, Lena Meszaros

Lena exprime des sentiments liés à sa riche et douloureuse histoire familiale, mais dévoile aussi son sens de l’humour, et la poésie de l’instant. Si vous en avez la possibilité, prenez le temps de visiter une de ses prochaines expositions.

Dans la mouvance moderne avec de très belles idées, Les Petites Mains de Langensoutzbach, club mené avec brio par Michelle Braun, représentait le meilleur de ce qu’on peut attendre d’un club : cohérence et diversité, avec plusieurs thèmes originaux, superbement traités. Je vous convie à voir leurs photos sur le groupe instagram du club : @les.petites.mains.langen

Kintsugi de Dorotea Mehne, Les Petites Mains
Mini-quilt pour un haïku (mini-poème nippon) de Gabriela Beverung, une belle maîtrise symétrique au service de la poésie.

Quilt de Karine Weiss, Les Petites Mains. Encore un superbe ouvrage !

Michelle a orchestré ce Mandala de toute beauté, d’après une idée de Cécile Milhau

Ce sera dans le prochain article que je rendrai hommage aux quilteuses françaises qui ont fait preuve de beaucoup de créativité en inventant des quilts-météo. Ils ont fait l’admiration unanime du public. Je ne remercierai jamais assez Lena, à l’initiative de cette exposition, pour cette expérience extraordinaire !

C’est avec cet article du 22 avril 2025, le 1 402e,
que je célèbre les 14 ans de mon blog La Ruche des Quilteuses.
Mon bébé devient grand grâce à vous, fidèles lectrices et lecteurs !
À très vite pour les quilts-météo à Karlsruhe,
et ensuite l’Amour du fil… Quelle quinzaine fantastique !
Katell

16 commentaires sur « Découverte du Salon Nadelwelt de Karlsruhe »

  1. Tellement contente d’avoir pu passer un peu de temps avec vous. J’ai beaucoup apprécié ce salon, très différent de ceux que nous connaissons en France, et j’ai trouvé les prix très intéressants. Je pense vraiment que j’y retournerai, peut être en alternance avec Nantes

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  2. Bonjour Katell, je suis tellement contente de t’avoir enfin rencontrée à Nantes. C’est encore un très bel article où je découvre ce salon allemand. peut-être une future destination!

    Bonne continuation. Amicalement Yakéné

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    1. Oui si tu as l’occasion, c’est une belle destination ! Mais je dois dire que nous avons tellement été gâtées par les expos nantaises cette année que c’est difficile de faire mieux ! Cependant on a un oeil neuf dans un autre pays et les différences sautent aux yeux, et c’est passionnant.

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      1. Bonjour Katell, merci d’avoir abordé le problème des personnes en fauteuil roulant qui étouffent littéralement dans les allées , très étroites , des salons en France. Avec Maryline, ma fille paraplégique nous sommes aller au salon knit à Lyon, bien sûr ils prétendent que c’est accessible en fauteuil mais elle n’arrivait pas à avancer, même quand les gens se joignaient pour la laisser passer, tant les allées étaient étroites et il y avait un monde! Ma fille m’a dit qu’elle ne m’accompagnerai plus sur un salon tellement elle était mal. Le problème est que dans la plupart des endroits l’accessibilité se réduit à des toillettes spacieuses et un ascenseur, entre les magasins et les restaurants « accessibles » ou il faut déranger quatre tables pour accéder aux toilettes. Donc voilà pourquoi il y a si peu de personnes en fauteuil sur les salons. Josiane une lectrice assidue de la Ruche des Quilteuses.

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        1. Merci pour ton témoignage Josiane. Je me souviens d’enfants en fauteuil dans la classe de mon aînée en primaire allemande, cela ne se voyait pas encore alors en France. Plus nous nous côtoyons tôt, plus nous nous respectons, cela fait partie de l’éducation. Il faut faire de la place à ceux qui ont moins de chance que les valides…

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  3. C’est avec grand plaisir que je découvre ce salon grace à Lena e Katel, merci. Je connais Michelle et son dynamisme mais je suis restée très surprise par la beauté des quilts exposés. Restée à la maison, j’ai profité de toutes les photos vues sur le web et je pense vraiment que cela vaudrait le coup d’y aller l’année prochaine et j’espère voir de près tous les nouveaux travaux de Léna.

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    1. Tout d’abord, merci Sophie pour ta saisissante participation aux quilts-météo, nous en verrons une photo dans l’article que je suis en train de préparer.

      Ce Salon est + axé sur le patchwork que j’appelle moderne et créatif, nous sommes minoritaires en France mais le mouvement gagne du terrain. Prépare ta visite l’année prochaine à Karlsruhe (mi-mai), tu te régaleras j’en suis certaine !

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  4. Merci pour ce reportage; certes les expositions sont très différentes de celles de Nantes mais fort intéressantes également. (J’avais déjà entendu dire que les salons en Allemagne étaient effectivement très vastes avec de vrais espaces pour pouvoir se sustenter. )

    Cerise sur le gâteau à Nantes, avoir pu te rencontrer et même s’il y avait beaucoup de monde le jeudi, c’était très plaisant.

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    1. Dans cet article, je n’ai pas abordé le côté restauration. En effet, il y avait plein de place et plusieurs food trucks, mais l’offre était bien moins agréable pour moi qu’à Nantes ! Il y a des burgers partout, y compris végé, mais ces gros pains ne me disaient rien. Seul un camion offrait deux salades… ouf, celle que j’ai choisie était délicieuse ! Donc pour la nourriture, nous sommes bien meilleurs en France.

      Oui c’est si bien de se rencontrer ! Je parlerai de Nantes au courant du mois de mai, sur plusieurs articles sans doute tellement c’était magique. Que de belles expos !

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  5. Tu fais des sorties magnifiques toujours avec des belles rencontres humaines et c’est un bonheur de te suivre au travers de tes articles et photos. Tu diras à Michelle que j’adore son Mandala !

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    1. Cette année est pour moi vraiment exceptionnelle, et je n’oublie pas que j’ai très bien commencé, chez toi, à Pexiora !

      Michelle lira sans doute ton gentil message. Nous étions également ensemble, avec Esther et Annie, à Nantes… Evidemment, crêperie un soir !

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  6. Un article très détaillé qui donne envie de se rendre à ce salon. Les créations de Lena Meszaros me touchent particulièrement.

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  7. et bien un très bon anniversaire à ce fantastique blog où j’ai toujours du plaisir à y découvrir et lire tes articles !! Merci ☺️

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