Envie de printemps !

Les jours commencent à allonger, l’envie de printemps se fait sentir mais il faut encore attendre… et sans doute encore endurer des épisodes pluvieux, neigeux, venteux…   C’est alors que nous vient l’envie de sortir des tissus plus joyeux, plus lumineux…

Notre peintre fétiche, qui attend avec quiétude son troisième bébé pour le début de l’été, vient de faire ce tableau aux couleurs qui nous font du bien :

envie de printemps

N’avez-vous pas envie de vous lancer illico dans un Jardin de Grand-mère aussi lumineux que celui-ci ? Comme d’habitude, Valériane a peint un quilt vu au Centre Gallois du Quilt à Lampeter, visité avec Chantal début janvier dans ce blog.

De la couette au quilt

Vous souvenez-vous des lits des années 60 ou 70 ? Héritage à la française, tous avaient un drap plat tiré sur le matelas, puis un autre drap au rebord orné -ne serait-ce qu ‘une couture au point de bourdon- et enfin une ou deux couvertures. Des oreillers, un traversin parfois, complétaient le lit pour plus de confort. Un couvre-lit recouvrait le tout le jour. 

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Le Lit de Toulouse-Lautrec (Musée d’Orsay)

Les couettes sont apparues en fin des années 70, avec la mode scandinave, à peu près en même temps que les draps housse à élastiques pour recouvrir les matelas. Révolution pour les jeunes, le lit se faisait en un clin d’oeil ! Pour les lits doubles, les couettes deux places sont rapidement apparues, grandes et pas si faciles à entrer dans les grandes poches (les housses de couettes). Celles-ci couvrent tout le lit, comme un couvre-lit.

1158240472J’ai été étonnée de voir qu’en Allemagne, on ne faisait pas le lit de la même façon que nous. Un lit pour couple comprend un cadre mais deux sommiers, deux matelas… et deux couettes !!

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Voir l’étonnement d’une Française en Bavière ici !

Les Allemands privilégient le pragmatisme : chacun peut bouger sans déranger l’autre, peut avoir une couette plus ou moins chaude… et le changement des draps est bien plus facile ! De jour, chaque couette individuelle (de 150 x 200 cm) est pliée en deux sous l’oreiller. Pratique, oui, mais pas très beau… et pas du tout romantique ! 

Les quilts sont apparus dans les pays de laine, là où sont des moutons : on récupérait les moins belles fibres de laine pour les enfermer entre deux tissus, puis on stabilisait l’ensemble par des points de quilting pour éviter la migration de la laine dans un seul coin. On le comprend bien quand on voit des restes de quilts exposés dans le Musée de Lempeter.welsh 1800

Quilt gallois de la région de Lampeter – 1800 – Laine (Welsh Quilt Center). Une couverture fait office de molleton. Ce style fait irrésistiblement penser à des quilts amish… qui ne commenceront à exister qu’une soixantaine d’années plus tard pour les tout premiers !

Les couettes, elles, sont traditionnellement les solutions calorifères des pays d’Europe du Nord : faute de moutons, oies et canards sont plumés, mangés… Rien ne se perd ! Les couettes les plus légères, chaudes et agréables, étaient faites avec le fin duvet du ventre pour les plus fortunés, le top étant le duvet d’eider (eiderdun en suédois… qui donnera notre mot édredon) ; les plumes, moins douces et moins calorifères, constituaient les couettes ou édredons de moindre qualité. Pour des raisons d’allergies et d’hygiène, on préfère maintenant des couettes synthétiques : coût inférieur, meilleure évacuation de l’humidité, facilité de lavage…amish-diamond-in-a-square_turquoise

Quilt amish, 1925 – Collection Esprit

Les Amish, dont le mouvement fut créé en 1693 en Europe en dissidence des Anabaptistes, sont partis en plusieurs vagues à partir de 1737 vers le Pays de la Liberté, plus particulièrement vers Philadelphie et la Pennsylvanie, avec toutes leurs possessions. Tout comme les émigrants allemands et d’autres pays d’Europe du Nord, les Amish apportaient d’Europe leurs couettes nommées « sac de plumes » (feather-filled bags), ceci étant attesté dans les listes d’inventaires. Ils continuèrent d’en fabriquer en Amérique pour se tenir au chaud jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Pourquoi les femmes Amish sont-elles passées de la couette au quilt ? C’est un des points de la recherche effectuée par Dorothy Osler dans ce livre remarquable Amish Quilts and the Welsh Connection.am-we J’ai reçu ce livre à Noël, je l’étudie attentivement ! A ce sujet, il n’y a pas de raison définitivement arrêtée. Hormis de subtiles raisons religieuses ou idéalistes, on peut avancer que les Amish, pragmatiques comme leurs proches Allemands, quittèrent cette traditionnelle source de chaleur notamment pour des raisons pratiques : on ne peut plus imaginer la puanteur de ces sacs de plumes, surtout neufs, même après le meilleur soin de préparation (nettoyage, séchage au soleil), puis très vite, les moisissures dues à l’humidité… Les quilts de laine puis de coton, à la manière des English et des Gallois (nous y reviendrons un autre jour), sont des améliorations notables au point de vue hygiénique !quilt amish 1925

Quilt amish de 1925 – Collection Esprit

Savez-vous que pour évaluer la froideur d’un hiver, on disait : « c’est un hiver à 3 (ou 4, 5…) quilts » ? Combien de quilts superposés fallait-il pour dormir au chaud dans les « log cabins » ?… Et quand l’hiver glacial se déchaînait comme la semaine dernière, comment ont-ils pu survivre ?…

Si on n’avait pas de quilt, Amish ou pas on avait encore des plumes dans cette Amérique en mouvement :

Cowboys-1A

Ici des cowboys itinérants avec leur sac de duvet roulé qui leur servait à la fois de matelas et de couverture. Trop volumineux pour être transportés sur le cheval, ils étaient réunis dans un chariot :

Chuck-Wagon

Ah la rude vie des siècles passés !…

* * *
Une jolie histoire des Amish vous est proposée sur ce blog : http://le-fil-des-jours.eklablog.com/histoire-des-amish-etats-unis-a4754459

Visite à Lempeter

Chantal est une amie de longue date maintenant, nous voyons nos enfants grandir et partir de la maison… Le temps passe !
Elle m’avait confié son admiration pour les quilts gallois et les peintures de Valériane Leblond à la suite de quelques articles… Et puis, presque à l’impromptu, elle a fait une courte escapade au Pays de Galles en octobre dernier avec son mari. Il était grand temps pour admirer les quits de Kaffe Fassett, c’étaient les derniers jours d’exposition ! Merci Chantal de nous faire visiter ce Centre du Quilt en Pays de Galles :

Notre petit voyage outre-manche fin octobre a débuté par la traversée de la campagne galloise sous la pluie, de Bristol à Lampeter, pour découvrir l’exposition Kaffe Fasset au Welsh Quilt Center.1_expo Lampeter 041Ce centre a été créé par Jen Jones, une passionnée. Son magasin se trouve au rez-de-chaussée d’un très vieux bâtiment récemment rénové, l’ancien hôtel de ville.

L’exposition se tenait au premier étage, haut de plafond, rendant possible la juxtaposition étonnante des Quilts anciens et ceux, plus modernes, de Kaffe Fasset.expo lampeter expo lampeter1

Les quilts anciens sont monochromes :3_expo Lampeter 001 4_expo Lampeter 002 5_expo Lampeter 003 6_expo Lampeter 0047_expo Lampeter 038
Jen Jones les a classés par couleurs voisines, de sorte que l’on voit un dégradé de couleurs. Nous tournons le regard de gauche à droite pour admirer ces anciens ouvrages bleus, verts, jaunes et enfin rouge très vif.
Nous prenons notre temps pour observer la richesse du quilting qui donne sa valeur à ce genre de travail :8_expo Lampeter 006 9_expo Lampeter 007 10_expo Lampeter 008 11_expo Lampeter 035 12_expo Lampeter 036Les bordures sont en général réalisées à très petits points, bord à bord. Le fil est souvent de gros calibre.

Nous n’avions pas la possibilité de toucher les tentures exposées mais on pouvait se rendre compte de l’épaisseur des quilts. Ces anciens couvre-lits sont molletonnés avec de la laine de mouton, bien rustique, bien épaisse et raide…13_expo Lampeter 52 14_expo Lampeter 53Je n’ose pas imaginer la difficulté à quilter ces épaisseurs à la main, doigts abîmés, dos fatigués…
Certaines femmes étaient quilteuses itinérantes. Elles allaient de maisons en maisons, munie de leurs outils, s’installaient quelques jours, voire quelques semaines dans les foyers et, nourries, logées, elles réalisaient le matelassage des ouvrages qui attendaient leur venue… photos d’un ancien cadre à quilter :15_expo Lampeter  60 16_expo Lampeter 61

Accrochées au plafond, à différentes hauteurs, les œuvres de Kaffe Fasset nous dominent et semblent danser devant les anciens, bien sagement adossés au mur ou sur des lits factices.
Certains font partie de ses premiers ouvrages, on les reconnaît à leurs couleurs plus pâles et leurs dessins plus sages…17_expo Lampeter 002 18_expo Lampeter 018 19_expo Lampeter 023 20_expo Lampeter 031 21_expo Lampeter 03222_expo Lampeter 033
Nous sommes sous le charme des quilts colorés plus récents…23_expo Lampeter 010 24_expo Lampeter 011 25_expo Lampeter 012 26_expo Lampeter 013 27_expo Lampeter 01428_expo Lampeter 015 29_expo Lampeter 017 30_expo Lampeter 019 31_expo Lampeter 027 32_expo Lampeter 04733_expo Lampeter 59 34_expo Lampeter 62 35_expo Lampeter 63
Bien sûr, nous ne sommes pas toujours sensibles de la même manière au style de ce « grand » du patchwork. Certaines associations de couleur nous font réagir…36_expo Lampeter 028

Les amateurs d’illusion d’optique sont servis !
Les appliqués sont d’une grande richesse, celui-ci étant dans la tradition anglaise du XIXe siècle :37_expo Lampeter 02138_expo Lampeter 024 (1)
Le quilting, souvent machine, est très varié et original. Les œuvres étant suspendues, elles sont bien visibles recto/verso :39_expo Lampeter 025

En allant sur le site de Jen Jones, on peut comprendre l’énergie qu’elle met dans sa recherche des anciens quilts gallois depuis une trentaine d’années. Sa collection est très riche. Une salle était d’ailleurs réservée à l’exposition de très anciens quilts à vendre :40_expo Lampeter 54 42_expo Lampeter 57 43_expo Lampeter 5841_expo Lampeter 56

Vient le moment de quitter cette belle exposition. Nous reprenons la route avec la certitude qu’elle restera longtemps en mémoire…
Nous poursuivons ce petit tour vers le sud pour découvrir la côte et faire un jour de tourisme sous un soleil radieux :44_Carew Castel 23 oct 002 45_Roch Cuffern Manor 23 oct 010 46_South Coast Path 23 oct 021On retrouve ici l’inspiration de Valériane Leblond ! Malheureusement pour nous, tous ses tableaux étaient déjà vendus, son exposition était finie…

Ce voyage était enchanteur !

Chantal

Deux Samplers de Christine

Il est momentanément impossible de poster des commentaires, je le regrette. Je viens de changer d’ordinateur, je ne crois pourtant pas que cela soit la raison.
Merci de patienter, le temps que je trouve la solution !

Ça y est, ouf j’ai trouvé !!

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Janvier, c’est le mois du grand ménage ! On aère les quilts par temps calme
(peinture sur bois de Valériane Leblond, « Lle mae dy drysor y mae dy galon »)

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Coucou, nous revoilou ! Merci pour vos nombreux messages. Les Abeilles Quilteuses sortent de leur hibernation et nous commençons l’année avec deux très beaux ouvrages terminés, cela donne du courage !

L’année dernière, j’aurais dû finir un sampler commencé avec entrain avec Barbara Brackman, le Grandmother’s Choice. Il avait pour thème les droits civiques des femmes, nous en avions déjà parlé à plusieurs reprises.
Heureusement, tout le monde n’est pas comme moi et certaines l’ont fini, en particulier mon amie Christine pour qui, le croirez-vous, c’était le premier grand quilt !!

Christine GMC

Christine a choisi une très belle gamme de tissus de French General. Pour admirer ses blocs de près, voyez sa galerie ici. Son quilting est fait à la machine de façon impeccable avec des cercles concentriques du plus bel effet !

Christine Label

Et puis, experte en point de croix et fan d’ouvrages en lisières, elle a profité pour mettre les références de ses tissus de manière fort originale tout autour de son étiquette si raffinée. Très étonnamment, ces tissus de style « vieille France », dessinés par la Californienne Kaari Meng, édités par Moda (Texas), sont maintenant Made in Japan… Pour une meilleure qualité ? Bientôt un article à ce sujet.

Et c’est bien la même Christine qui a fait une bibliothèque en lisières ainsi qu’une trousse de crayonsCes ouvrages, avec une vingtaine d’autres, voyagent à présent dans la Valisière.

Fini aussi, un Sampler de Blackbird Designs aux blocs géants ! Christine a eu l’envie de le faire après avoir admiré « Bouquets d’Hiver » de Madeleine en mars dernier. Même thème, mêmes stylistes, c’est un sampler de fleurs appliquées. Elle vient de le terminer pendant ces vacances, nous en avons admiré chaque étape et nous vous le ferons admirer plus en détails dans quelques jours. En attendant, c’est la carte de vœux offerte par Christine :Floralies Christine

C’est avec ce très beau quilt que les Abeilles vous souhaitent de tout cœur une très belle année 2014, avec la santé… et toujours, passionnément, le goût du patchwork et de la création textile !
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 . . . . . . I n s p i r a t i o n s . . . . . .  I l l u s t r a t i o n s . . . . . .

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(« Pryd o Dafod », Valériane Leblond)

Au-delà des nombreux quilts de la Ruche et d’ailleurs, j’aime beaucoup illustrer mes articles de tableaux de Valériane Leblond, qui idéalise avec talent des scènes de la campagne galloise… Art naïf certes, mais chaque tableau raconte une histoire, souvent avec un brin d’humour. Et puis Valériane y peint souvent des quilts de toute beauté, reproductions de ceux qu’on peut admirer dans le musée initié par Jen Jones.

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(quiltscape Rebecca Barker)

Autre source d’illustrations, les cartes peintes par Rebecca Barker. Je ne les ai jamais trouvées en Europe ; peut-être avez-vous une bonne adresse pour en commander ? En revanche, j’ai déjà fait mon marché chez Snowy River Quilts, un magasin niché dans le sauvage Wyoming, une excellente adresse que je partage avec vous en guise d’étrennes !

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Très heureuse année 2014 !
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La poire galloise

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J’aime les poires. Je n’aimerais cependant pas être prise pour une poire, alors que dans ma famille je suis déjà la reine des tartes (salées, sucrées, au choix !).

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Avez-vous remarqué que les poires ont tendance à pencher la tête d’un côté ? Ce détail explique la poire galloise, vous allez vite comprendre !

Loin de chez nous, en Asie, un motif décoratif, le boteh, évoque selon les pays un bouquet de fleurs, un cyprès ou une larme de Bouddha, mais l’origine est vraisemblablement une interprétation du symbole chinois du yin et du yang. Pour beaucoup, ce motif symbolise l’amour.

Boteh_tissu

Le Boteh se retrouve de façon récurrente dans les tapis persans aussi bien que sur toutes sortes de tissus, tissés comme ici à droite ou imprimés, traditionnellement à l’aide d’un tampon de bois :

Printed_Tissue_Stamp_

Avec l’arrivée des tissus de la Compagnie des Indes en Europe, ce motif devint très populaire en Occident, copié dans les motifs des nouvelles cotonnades provençales tout d’abord, pour répondre à l’immense demande européenne. Puis on découvrit les châles appelés en France des « Cachemires », du nom d’une région aux confins de l’Inde, du Pakistan et de la Chine. Le Cachemire signifie en français à la fois la matière issue du poil d’une variété de chèvre et les motifs traditionnels de ces châles, des botehs principalement.paisley

En Angleterre, l’imprimé « cachemire » est appelé… Paisley*, du nom d’une ville écossaise où étaient tissés de superbes châles à la manière indienne ! Ils copièrent d’abord les carrés en provenance de l’Inde, puis la modernisation des métiers à tisser au XIXe siècle leur permit de tisser des châles jusqu’à 15 couleurs, enfin  les Ecossais proposèrent des carrés imprimés, toujours avec une prédominance de botehs… Vous avez à droite la photo d’un couple gallois au XIXe siècle, la femme arbore un châle aux dessins de cachemire.

L’autre centre européen d’impression de tissus « cachemire » est l’Alsace. Sur le sujet du cachemire, je vous recommande de consulter cet article de blog, très complet !

Bandana

La version frustre de ces carrés imprimés de botehs sera le bandana, carré de coton initialement utilisé par les cow-boys pour se protéger de la poussière… ou n’est-ce qu’une légende ? Il paraît qu’il existe tout un langage codé sur le port des bandanas codifiant des appartenances à des groupes plus ou moins secrets…

Revenons donc à nos poires. Vous avez évidemment compris la similitude de forme entre ce fruit et le boteh, c’est sans doute ce qui a frappé les quilteuses galloises pragmatiques ! Ce motif imprimé en Ecosse fut intégré dans le répertoire classique des motifs de quilting gallois sous le nom de « welsh pear »… Il faut dire que ces poires galloises vont si bien avec les volutes celtiques…

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Inspiration !

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*En cette période d’attente du printemps et d’espoir de beau temps, notre amie Mrs. Bobbins commence à semer… Maintenant que vous connaissez la signification du mot Paisley (si proche du Parsley, le persil !!) vous apprécierez d’autant plus :

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Mais avant l’arrivée officielle du printemps, je serai très heureuse de vous présenter des Bouquets d’Hiver époustouflants…

A bientôt !

Des livres sur les quilts gallois

Comme beaucoup d’entre vous avez témoigné un réel intérêt pour les quilts gallois traditionnels, permettez-moi de vous présenter ces quelques livres :

welsh books

Les voici présentés ci-dessous :

Das Quiltbuch, Michelle Walker (1986)

J’ai ce livre en allemand mais l’original est en anglais. L’auteur, quilteuse britannique, fait la part belle au renouveau de l’art du patchwork tout en montrant de belles pièces anciennes. En ce qui concerne les quilts gallois, je vous montre en particulier ceux-ci :

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Ici un quilt en laine dont le centre a d’abord été fait en petits rectangles, puis la bordure est réalisée en plus gros morceaux. C’est le principe du Médaillon, si commun en Pays de Galles. Comme pour les quilts Amish*, j’y trouve un singulier sens des couleurs, un avant-goût de l’art abstrait à la Paul Klee… Le quilting, typiquement en spirales, était sans aucun doute fait point par point, en raison de l’épaisseur du quilt.

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Ce quilt au tissu Cachemire (un jour je vous parlerai de « la poire galloise »… oui cela a un rapport avec le Cachemire !) est admirablement quilté ; d’ailleurs, le dos uni, où le quilting était bien visible, était souvent plus prisé que le côté en patchwork !

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Et voici un singulier Médaillon, dont le centre est… une vache que la fermière est en train de traire, brodée au point de Gobelin. Autour, les pièces de lainages variés, brodés au point d’épine, rappellent les « crazy » alors à la mode en Angleterre. Le centre est rempli de différents tissus très usagés (couvertures et vêtements…), d’où le quilting très rustique également. L’ensemble témoigne de la liberté que s’octroie chaque quilteuse qui fait avec ce qu’elle a sous la main mais conserve l’envie de faire joli : regardez ce large cadre rouge !

Great quilting techniques, from Threads (1994)

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Ce livre est un recueil des meilleurs articles de la revue américaine Threads. Cinq pages, écrites par Martha Waterman, traitent des dessins de quilting issus de la symbolique celtique, ainsi que des conseils pour réussir son propre dessin « à la galloise ».

The essential Quilter, Barbara Chainey (1993)

Infatigable quilteuse britannique, Barabara Chainey a écrit ce livre plein de conseils pour bien quilter à la main. On retrouve son influence anglaise dans ses nombreux exemples, avec des chapitres sur d’autres manières de quilter comme le sashiko, peu connu en occident à l’époque. Voici son blog ici : http://barbarachaineyquilts.wordpress.com/

Les Quilts, Diana Lodge (1995)

Principalement axé sur le matelassage, ce livre britannique nous enseigne l’évolution du quilting en Grande-Bretagne et en Amérique en nous présentant de nombreux quilts anciens, avec les explications pour les reproduire. Diana Lodge présente un seul quilt gallois, en satin de coton uni et au savant quilting, mais l’historique du début du livre explique un peu plus plus largement les caractéristiques des quilts de cette région.  Livre édité en France par Armand Colin / DMC.

Les quilts gallois/Welsh Quilts, Jen Jones (2005)

Editée en version bilingue par Quiltmania en 2005, Jen Jones présente ici sa collection de quilts. Le texte est passionnant, les photos très belles… Depuis, son trésor s’est encore étoffé et vous pouvez admirer sur son site le Centre créé en plein Pays de Galles. Cette année, de mars à novembre, une grande exposition Kaffe Fassett s’y tiendra… avec aussi des tableaux de Valériane Leblond en vente 🙂

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Un livre aux photos superbes et au texte fort intéressant !

Making Welsh Quilts, Mary Jenkins et Clare Claridge (2005)

C’est un livre thématique formidable. On a ici les différentes tendances des quilts gallois, traitées par deux artistes aux goûts différents. L’une préfère le style qui s’approche des quilts amish* avec l’utilisation de lainages, l’autre préfère utiliser les imprimés anglais (Laura Ashley, Liberty of London…).

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Ce livre donne les explications d’une dizaine de quilts créés par les auteures à la manière des quilts traditionnels. Vous trouverez ici une mine de dessins de quilting dans la pure tradition celtique !

Little Welsh Quilts made the traditional way, Mary Jenkins (2011)

Attention, c’est un e-book !!! Donc on le lit sur un ordi… qui possède un lecteur de CD. Je n’aime pas trop ceci car je passe suffisamment de temps devant l’écran 😉 mais l’avantage est qu’on peut visionner des vidéos explicatives, les photos sont en haute définition qu’on peut imprimer… ainsi que les gabarits, c’est vraiment le point fort de ce support ! Les quilts à faire sont petits et ravissants.

Si vous préférez lire en français, offrez-vous sans hésiter le livre de Jen Jones. Sinon, c’est le livre de Mary Jenkins et de Clare Claridge qui aura peut-être votre préférence !

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Photo extraite du livre « Making Welsh Quilts »

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am we* Cécile Denis, je réponds ici à une de tes judicieuses remarques : oui, certains quilts amish  ressemblent incroyablement aux quilts gallois et il est probable que les femmes galloises émigrant en Pennsylvanie ont largement influencé les Amish… J’ai tous les livres ci-dessus où on suggère parfois cette parenté, mais il existe un livre que je n’ai pas acheté qui semble développer cette idée, le voici ci-contre !

Bonnes lectures à toutes !

J’aime tant les quilts gallois !

Irrésistiblement, je suis attirée par les quilts gallois. Il y a une dizaine d’années (déjà !), le magazine Quiltmania nous faisaitquilts gallois -welsh découvrir Jen Jones avec son musée et centre culturel consacré aux trésors patchés et quiltés du Pays de Galles. Ce livre, fruit de leur collaboration, est toujours disponible sur le site Quiltmania.

Admirable travail de mise en valeur de ces quilts du quotidien qui nous restituent cet art populaire! Ces quilts furent sauvés de l’usure totale, de la poubelle, des greniers, des granges, des fauteuils de tracteurs ou des pattes des chiens dans la campagne galloise. Ils étaient réalisés avec les moyens du bord, c’est-à-dire tous les bouts de tissus disponibles, avec comme rembourrage les restes des tontes des moutons.

Ces quilts font partie du patrimoine gallois ; on y peut distinguer plusieurs styles. Les plus prisés étaient ceux des familles assez aisées au tissu d’un seul tenant, ou cousus de longues bandes, en satin de coton acheté à cet effet. Ils sont également plus récents et donc mieux connus. Pour les plus modestes, on partait la plupart du temps des restes de tissus de laine  et on cousait un centre décoratif , puis on ajoutait des pavés de tissus formant des bandes tout autour de manière non calculée, avec parfois des triangles qui ajoutaient un peu de fantaisie. Les angles étaient néanmoins souvent bien marqués d’une couleur contrastée. Cette forme de patchwork s’appelle un médaillon, il peut être rustique ou très sophistiqué et reste très prisé de nos jours ! Le quilt de Martine, Cannelle, en est un bel exemple.

Avec l’apparition du coton américain importé en Angleterre pour être tissé et imprimé, sont cousus également au Pays de Galles nombre de médaillons en chintz, en tissus écossais et rayés, en imprimé cachemire, etc.


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Les marchands de coton à la Nouvelle-Orléans – 1873

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Un bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, – 1873

Deux tableaux d’Edgar Degas témoignent du commerce du coton de la Nouvelle-Orléans, avant d’être expédié en Angleterre principalement pour filage et impression. Puis le nord des Etats-Unis se chargera de plus en plus de cette industrie.

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Quilt récent de style gallois, avec de superbes tissus majoritairement rouges, de Mary Jenkins. Il reprend le style de médaillon au patchwork simple et au quilting raffiné. Explications de ce quilt dans l’e-book de l’auteur (voir sur son blog ou sur Amazon)

Si certaines personnes, comme l’héroïne de The Last Runaway, traversaient l’océan Atlantique une fois pour toutes, d’autres firent au XIXe siècle de nombreux aller et retour majoritairement pour des raisons commerciales, mais les idées circulaient ainsi également ! Dans le domaine du patchwork, le style gallois a très certainement inspiré les Amish du continent américain, mais réciproquement des blocs américains se trouvent dans les quilts du Pays de Galles du début du XXe siècle. En voici un bel exemple :

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Bloc de l’ananas cousu en lainages, quilt gallois de 1905, collection de Jen Jones. Photo du livre « Making Welsh Quilts », de Mary Jenkins et Clare Claridge. Excellent livre ! Ce bloc ne fait évidemment pas partie du patrimoine gallois…

Vous connaissez mon affection pour les tableaux de Valériane Leblond, sur lesquels elle peint des quilts toujours existants, soit dans sa propre famille, soit visible au Musée de Jen Jones. Voici sa mise en scène du quilt ci-dessus :

Gwyddau

Déjà montré dans ce blog, mais je ne m’en lasse pas ! 

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Ici, un quilt victorien en médaillon de la collection de Jen Jones a inspiré cette scène délicate à Valériane. Regardez les pavés irréguliers de tissus en bordure sur le quilt original, ils ne nuisent aucunement à la beauté du centre.

Une immense différence avec les Américaines est que, dans la campagne galloise, il était rare que chaque femme du foyer fasse ses quilts, et encore plus qu’elle se réunisse avec les voisines en quilting bee. Non, au Pays de Galles, il existait des quilteuses professionnelles qui travaillaient parfois chez elles ou bien allaient de famille en famille, le temps de coudre un quilt. Cette vie itinérante est similaire à celle des brodeurs bretons du XIXe siècle !

Ce dont je ne vous ai pas encore parlé mais qui est si important, c’est la qualité du quilting gallois. Il est dense, très dense même, jamais plus d’un inch carré (2,5 cm2) laissé sans matelassage pour contenir les matières calorifères en place… qui n’ont rien à voir avec nos molletons ! Plumes, foin ou anciennes couvertures, mais surtout les restes de tonte des moutons… on prenait ce qu’on trouvait et les quilts sont parfois extrêmement lourds. Malgré tout, le quilting est souvent très raffiné, varié, figuratif… beaucoup de similitude avec les quilts amish, une fois de plus.

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Quilt américain contemporain d’inspiration galloise/amish, créé par Cassiana en 2002

Dans le Pays de Galles on n’y trouve pas les célèbres « feathers », les guirlandes américaines qui proviennent d’une autre région de l’Angleterre (Durham). La tradition celtique prime avec toutes sortes de feuilles, de coeurs, de volutes et de bordures à la différence esthétique facile à repérer !

quilting welsh

Exemple de quilting gallois sur du satin de coton. Pour de nombreux beaux exemples, allez voir ces blogs : Welsh Quilts, et aussi Little welsh quilts and other traditions, ce sont des passionnées !

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Quilt de bandes piécées, au matelassage typiquement gallois (du blog Welsh Quilts)

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Ici une superbe exposition de petits quilts de Mary Jenkins, dans la pure tradition galloise. On voit notamment que les bords ne sont pas finis par une bande de finition comme nous avons l’habitude de le faire ; les tissus de devant et de dos sont rentrés vers le centre. Certaines quilteuses françaises appellent cette finition « toi et moi ».

Dans un article précédent, je vous parlais de mon envie de faire un quilt d’inspiration galloise. L’harmonie des couleurs me parlait tant ! Puis je me suis rendu compte que j’avais dans un carton des blocs en attente, justement dans cette harmonie de couleurs. Alors le quilt gallois attendra, mon club de patchwork de Colomiers expose dans un mois, je vais mettre les bouchées doubles pour le terminer !! Vous le verrez, bien sûr, sur ce blog… Vite, je vais me replonger dans ces couleurs de brique et de pastel ! 

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Vie paisible dans la campagne galloise, peinture sur bois de Valériane Leblond, mai 2011

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Quilts gallois

Il est possible que les quilts gallois soient la base de l’inspiration Amish au moment où ces femmes ont décidé de faire des quilts, les ressemblances sont en tout cas parfois probantes et plusieurs livres répertorient les ressemblances :

am we welsh amish

Certains quilts ont un air de famille vraiment troublant ! La grande expo annuelle de l’année dernière au Centre Gallois du Quilt était sur cette connection et avait pour beau titre  » A Quilted Bridge » (un pont quilté). Regardez par exemple celui qui a été peint par ma jeune copine peintre, galloise d’adoption, Valériane Leblond :

valeriane leblond campagne galloise

On pourrait le croire Amish ! Ces quilts leur sont souvent antérieurs ; de là à penser que les femmes galloises émigrées en Pennsylvanie ont montré la voie aux Amish, il n’y a qu’un tout petit pas !

Dans ses peintures en cours qui seront en vente parallèlement à la grande expo de Kaffe Fassett à Lampeter, il y a un quilt qui me fait particulièrement de l’oeil :

quilt gallois

Valériane m’a dit que c’était la copie d’un « vrai ancien », de la collection de Jen Jones… J’ai une vraie envie de m’en inspirer, sa simplicité, et surtout sa palette de couleurs, me font si envie ! J’ai même retrouvé une photo de l’original :

WELSH

C’est bien lui !…

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Gwyddau

Pour le plaisir, voici un autre tableau de Valériane !

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