Ah les coquilles !

Metal_movable_typeLe monde de l’imprimerie les déteste, tout autant que les lecteurs. De nos jours chaque blogueur se doit aussi de traquer ces erreurs involontaires d’écriture. Pas facile, j’en sais quelque chose ! On peut lire et relire un texte, mais parfois seul un œil neuf trouvera le détail qui cloche…
Pourquoi les nomme-t-on coquilles ? L’origine est incertaine, mais cela date naturellement de l’imprimerie traditionnelle, avec les caractères de plomb ou de fonte indépendants. Les coquilles provenaient en général d’une erreur de rangement dans les cassetins, ces petites cases de séparation :

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Je ne résiste pas à l’envie de vous inviter à lire, dans le blog Projet Voltaire, la synthèse des hypothèses de l’origine de la coquille d’impression : certaines sont savoureuses !

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Naissance de Vénus, par S. Botticelli, 1485-85. Symbole de la féminité, une coquille est ici le berceau d’une Vénus née adulte dans toute sa splendeur.

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Dès le Moyen-Age, après une succession de miracles, les pèlerins européens affluèrent vers un port de Galice (Espagne) où, d’après une légende, un des Apôtres de Jésus (Jacques le Majeur) y fut enterré. Arrivés au but, les pèlerins « jacquets » se régalaient sur la plage de la nourriture offerte et gardaient en souvenir une coquille, preuve de leur but atteint, pour leur retour. Puis la coquille devint le signe-même du pèlerin, même à l’aller (!) et la marque des chemins et hébergements tout au long du chemin. Les chemins vers Compostelle sont de nouveau balisés depuis le regain d’attrait pour ce long périple qui séduit tant de marcheurs occasionnels ou acharnés, en quête spirituelle ou sportive. C’est un Brésilien, Paulo Coelho, qui donna envie à des milliers de personnes de marcher sur ces routes anciennes (livres Le Pélerin de Compostelle, 1987 en portugais, l’Alchimiste, 1988 en portugais et 1994 en français). Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié ce livre de J-C Rufin : Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi (2013).

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Tous les chemins mènent-ils à Rome ? Ceux-ci vont vers le Finis Terrae espagnol, Saint-Jacques de Compostelle. Toulouse est une étape bien connue, puis un chemin passe près de chez moi, quelques kilomètres plus à l’ouest ! Vous pouvez aussi lire ici un article sur l’étape de Conques en Aveyron.

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Dans le monde du patchwork, le motif de la coquille ne cache pas son origine : sa forme évoque de suite la fameuse coquille Saint-Jacques, elle-même populaire à la fois en gastronomie (sa noix !) et en signe religieux ou culturel, en particulier pour le fameux pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. En anglais, ce modèle s’appelle shell (coquille) ou clam (coque, palourde)… ou clamshell !

Astérix et les Normands / Goscinny & Uderzo
Autre coquille, celle de l’huître… dont je ne mange que l’intérieur, contrairement à Obélix (Astérix et les Normands page 12, Texte de René Goscinny, Dessin d’Albert Uderzo)

 Ce motif est universel, j’avais déjà évoqué le seigaiha dans cet article. Je n’essaierai pas d’être exhaustive au sujet des coquilles en patchwork, car on trouve de nombreuses manières de les préparer, de les assembler… On pourrait écrire un livre entier ! Un quilt en coquilles, c’est beau comme ça :

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Photo des pages 32-33 de Marie-Claire Idées n° 33 (juin 1999). Un quilt de rêve qui évoque le bonheur d’un pique-nique à la campagne…

Au hasard des publications dans les magazines et les blogs, on a envie de s’y mettre ! La Châtaigne qui pique a lancé ce thème dans son club avec succès, vous en voyez des résultats ici. Le principe est de préparer un gabarit et d’appliquer, ligne après ligne, les coquilles qui se chevauchent.

Espace ou pas d’espace entre les coquilles ? Comment faire les préparatifs pour les rentrés ? Comment coudre et sur quel support ?… Je n’ai pas de réponse unique à toutes ces questions, tout est histoire de choix personnels ! Il faut bien y réfléchir car ce sont ces multiples petits problèmes potentiels qui font que ces ouvrages sont souvent abandonnés. 

51TM9MVEVPLJ’ai cependant un truc peu connu. Je peux chaleureusement vous conseiller d’essayer le point d’échelle invisible. Qu’es acò ? me demanderaient mes amies occitanes. Eh bien c’est simplement le point qu’on fait un peu instinctivement quand on ferme un coussin, un point qui va d’un bord à l’autre et qu’on serre ensuite. Adapté à l’appliqué, ce point a des atouts indéniables : il est absolument invisible et permet de coudre en suivant le trait dessiné à la fois sur le fond et sur la pièce. Ami Simms l’a « inventé », l’a développé dans ce petit livre (dont un chapitre est justement consacré aux coquilles). Nathalie Delarge fit une petite vidéo de présentation de ce point pour l’appliqué il y a quelques années : c’est ici. On se sent un peu maladroite au début, mais le résultat est particulièrement parfait, surtout pour les coquilles (pour lesquelles on n’a aucun besoin de faire les incisions du tissu de fond).

Cette technique de couture réduit le travail de préparation : ni faufilage, ni colle, ni rentré au fer à repasser, ni même emprisonnement du tissu autour du gabarit à l’aide d’un papier aluminium… (Oui, ceci est une possibilité ! Son avantage est que l’arrondi est mieux qu’avec un faufil, voyez ici comment faire chez Poppy Makes.)

Si vous voulez faire un quilt de coquilles en utilisant ce point d’échelle, il vous suffit de marquer au crayon fin votre gabarit sur chaque tissu, sur le devant. Vous suivez parallèlement les deux lignes, en suivant bien les conseils de Nathalie Delarge et cela va tout seul, je vous l’assure ! Le gabarit se fait tout simplement dans un carton ou un rhodoïd, à l’aide d’un compas. Si ce n’est pas clair, je vous ferai un petit tuto en mars !

Quels que soient vos choix techniques, vous aimerez peut-être comme moi ces réalisations qui vous donneront des envies de coquilles :

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Antiquité visible au Victoria & Albert Museum à Londres, présenté par Kaffe Fassett dans un de ses livres. La bordure verte, très sophistiquée, rythme la masse de coquilles.  Il est presque aussi ancien que ce quilt, le plus ancien d’Angleterre, puisque celui-ci date de 1730-1750.
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Ce coussin a été édité dans un de mes magazines préférés, Love Patchwork & Quilting (n° 4). On y  préconise la feuille alu pour obtenir de belles coquilles !
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Anne, des Avalon Quilters, nous donne envie de sortir nos tissus provençaux…

 

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Molly Flanders a essayé plusieurs techniques de préparation, donc celle de l’assemblage à l’anglaise. Sa préférée est finalement à l’aide de colle. J’aime beaucoup son quilting noir à la main !

 

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Matilda Quilt, par Heidi Pridemore. Beaucoup d’élégance !

 

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Diane Stanley et son Clam Bake quilt.

 

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Extraordinaire panneau de Blue Mountain Daisy, fait de cercles de blue jeans, bordés, décorés, brodés, appliqués avec jubilation !

Ici vous avez un article très complet, montrant en particulier ce quilt moderne :

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Glam Clams, Latifah Saafir

 

Si vous lisez l’anglais et que vous souhaitez faire un « quilt-along » (un quilt fait par vous et pour vous, en suivant la dynamique d’un groupe)  sur le thème des coquilles, rejoignez Rachel dans Stitched in Color, cela commence tout juste en ce moment !!

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Et pour terminer, voici les coquilles mal élevées, les renéguates qui n’ont même pas fait rentrer leurs marges de couture. C’est encore Rachel qui montre le chemin :

Stitched in Color
Un ravissant panier décoré de cercles donnant l’illusion de coquilles… Il s’ébouriffera avec le temps !

 Kristine l’Abeille s’en est inspirée pour faire chanter les couleurs brique et évoquer un toit toulousain tout en tuiles :

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Il sera exposé lors des expositions du Patrimoine, préparées par les délégations France Patchwork du patch d’Oc. Comme la trousse de Rachel, les tuiles sont des disques qui se chevauchent, fixés à la machine… Il faut bien la maîtriser pour un beau résultat comme ici ! Son étiquette, au dos, comporte un crayon du souvenir :

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Sister… My sister

Sister, you’ve been on my mind
Oh sister, we’re two of a kind
So sister, I’m keeping my eyes on you…

Cécile est ma petite soeur, ma toute petite soeur qui vient de fêter ses… 40 ans. Eh oui, le temps passe pour tout le monde ! Plus de treize ans nous séparent et je me souviens bien quand je jouais à la petite maman quand elle était bébé !

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Rêves d’Ailleurs pour ma petite soeur… Cadeau qui sera offert en retard, mais tout de même la bonne année ! J’ai inclus l’étiquette au dos piécé.

Tradition dont je m’acquitte avec grand plaisir, j’offre à chacune de mes sœurs (j’en ai tout de même trois !) un quilt pour aider à passer chaque dizaine. Nous savons toutes que c’est un passage parfois délicat… Restait à trouver une idée de quilt qui plairait à Cécile avec certitude. Son métier la fait beaucoup voyager et je sais qu’elle préfère chez elle, dans son refuge parisien, une touche asiatique avec un mélange de luxuriance thaïlandaise et de zen japonais. Et, tradition familiale, elle aime le bleu ! J’avais donc la mission secrète de trouver mon coup de cœur pour elle.

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J’aime les scrap quilts, cet assemblage parfois un peu fouillis de multiples restes de tissus qui, finalement, font un tout harmonieux. J’ai plusieurs livres à ce sujet et celui-ci donne de nombreuses idées, certaines étant devenues très utilisées :

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Ce livre de 2001 montre des combinaisons de rectangles très intéressantes. Livre de Judy Turner & Margaret Rolfe.
Bento box
Ce quilt, issu du livre ci-dessus, m’a tapé dans l’oeil ! Il combine rectangles de tissus japonais indigo et imprimés « kimono ». Il s’appelle « Bento box », mot alors inconnu en France, qui depuis est devenu très populaire… et désigne différents blocs cousins des log cabins.

Alors je me suis lancée :

 

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Mes premiers essais… Je n’ai pas assez de tissus véritablement japonais pour donner le même effet que l’original, mais le but est aussi de vider un peu mes cartons pleins de tissus !
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Premières rangées complètes, bon d’accord je continue comme ça !
chez Maïté top Ruche des Quilteuses
Toute contente, je montre à mes amies Abeilles début juin le top que je viens juste de terminer !

 

Ma petite recette de cuisine d’assemblage

Si vous souhaitez faire ce modèle très simple mais plein de charme, voici quelques conseils.

– préparez votre gamme de couleurs et faites deux tas qui se départagent nettement. J’imaginerais bien ce modèle en multiples tissus écrus-beige et rouges par exemple ! Ou bien une grosse exubérance avec un stock de tissus Kaffe Fassett… Tout dépend de ce que vous avez dans vos chutes. L’important est d’avoir du contraste (de couleurs, de valeurs) entre les deux sortes. Pour moi, c’était d’une part des bleus majoritairement indigo, d’autre part des tissus chauds et richement imprimés.

– j’ai coupé tous mes tissus avec une règle en inch et choisi de faire mes rectangles de 4 1/2 sur 2 1/2 inches. Cela correspond, en centimètres, à des rectangles à couper de 11,5 x 6,5 cm. On coupe naturellement de longues bandes pour couper vite et bien. Certains tissus étant de petits restes, on essaie d’en tirer le meilleur parti ! A noter que les rectangles sont de la largeur exacte des bandes de Jelly Rolls (2 1/2 inches)… Si vous en avez un sous la main, c’est peut-être le modèle que vous attendiez 😉

– on peut assembler des bandes puis les couper en tronçons, pour plus de rapidité. Mais attention à ne pas avoir trop de blocs identiques ! J’ai aussi, parfois, coupé des carrés de 4 1/2 inch en tissus « chauds » au lieu de rectangles pour faire diversion. Pas trop non plus…

– quelles sont les unités de ce modèle ? Les rectangles sont assemblés 2 par 2 : les tissus bleus bien sûr, puis les tissus variés sont mis 2 par 2 « par affinité ». Le modèle est composé de bandes, alternativement :

  • une bande de 2 bleus + 2 variés + 2 bleus, etc. cousus les uns aux autres  « debout »
  • une bande de 2 bleus + 2 bleus + 2 bleus, etc. cousus « couché » (= à l’horizontale)

 

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Bande du haut : les rectangles sont « debouts », en alternance 2 bleus et 2 variés. On commence néanmoins une bande par un seul pavé bleu (voir plus loin). Bande du bas : il n’y a que des pavés bleus, cousus à l’horizontale (2 rangées).

– il vaut toujours mieux programmer le repassage. J’ai trouvé ce qui, à mon sens, convient le mieux à ce modèle : les blocs « debout » ont leur marge de couture repassée dans le même sens. Les blocs « couchés » sont d’abord assemblés en contrariant chaque couture par rapport à l’autre, puis  repassés dans l’autre sens par rapport à la rangée précédente.

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Vous pouvez voir le sens de repassage. Mais attention, contrairement à ce que suggère la photo, le montage ne se fait pas ainsi (voir la suite) : une couture de pavés bleus doit se trouver dans la prolongation de la couture entre les 2 pavés de couleurs !

– une bande complète du quilt de Cécile comporte 40 pavés debout ou 20 pavés allongés. Attention, on commence une bande de pavés debouts par 1 bleu, puis 2 de couleurs variées, puis encore 2 bleus, et on termine par un seul bleu. Regardez comment sont agencés les pavés à partir du début de la rangée :IMG_5766

On peut aussi le faire bloc par bloc (au lieu de ligne par ligne), alors un bloc est ainsi : les 2 pavés de couleur sont entourés d’un pavé bleu à gauche et à droite, puis de deux pavés à l’horizontale en haut puis en bas. 2 pavés de couleurs + 6 pavé bleus font 1 bloc. Le défaut de cette méthode est qu’on risque d’avoir trop de tissus identiques qui se touchent au montage.

Voilà, vous savez tout pour vous lancer dans ce genre de top si le coeur vous en dit !

J’ai mis plus de temps à me décider de faire le quilting, c’est tout de même un grand quilt de 205 x 245 cm… J’ai résisté à l’envie de le faire quilter par une pro, voulant tout faire pour ma petite soeur. Mais la prochaine fois, je crois que je sous-traiterai, ce sera bien plus sophistiqué comme dessin (ici : des lignes sinueuses… bof-bof)

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Sandwich avec du molleton PSR « Super », ma boîte d’épingles à nourrice d’un côté et ma coupelle de Gien (cadeau de ma chère Pénélope !) pour mettre tous les petits fils coupés… En bas, c’est un coussin pour ne pas avoir mal aux genoux !
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Une épingle sur chaque carré de tissus colorés. La prochaine fois, j’essaierai sans doute « l’agrafeuse » de mon club, tout le monde l’adopte peu à peu (pistolet à bâtir « microstitch »)
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Et voilà le quilt bel et bien fini ! Un vrai scrap quilt que j’ai eu du plaisir à faire… et bientôt du plaisir à offrir !
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Bordure finie, il me reste à l’apporter en personne !

Quand vous lirez cet article, je serai en train d’offrir ce quilt à ma petite soeur qui vient de donner vie à une petite Rose, à peine éclose… 2014 est une année inoubliable pour ma Cécile !
Je pouponne et je reviens  bientôt !

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Jazz en Comminges et Récup’Art

En France, quels que soient les découpages administratifs, d’innombrables festivals locaux animent nos régions.

Le Comminges, ancienne province de la France méridionale (territoire démantelé en 1790, à la création des départements), est à cheval sur l’Ariège, le Gers, la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées avec, à sa base, la haute chaîne des Pyrénées. Cette région possède un patrimoine extraordinaire qui, en quelques dizaines de kilomètres, vous fait parcourir des hauts-lieux de l’histoire de l’humanité : des sites préhistoriques de premier plan, la plus grande villa gallo-romaine de France, des joyaux de l’art roman, des chemins de randonnée historiques (chemins de Compostelle), jusqu’aux renommées villes thermales… Cette contrée reste attachée au « bien vivre » et organise de nombreuses animations, dont le Festival Jazz en Comminges à Saint-Gaudens.

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Autour de celui-ci s’articulent de nombreuses manifestations, parmi lesquelles l’expo « Récup’Art ». Nous en avons entendu parler car notre amie Hélène Vispé nous montre depuis quelques années des créations à couper le souffle, inspirées de la musique, qu’elle crée pour cette occasion. Ici je vous avais présenté « Récup’ sur un air de jazz » :

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« Mon jeans a le blues, c’est le blues du blue jeans… » – Hélène Vispé

Ce festival l’incite chaque année à se dépasser ! Hélène participe à chaque fois à l’exposition qui varie les thèmes autour de la musique du XXe siècle : Blues, Swing, New Orleans, et cette année Reggae…

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« Café noir pour nuit blanche », Hélène Vispé – Première participation, récup’ autour du café (sacs de jute pour transporter les grains de café et filtres de papier usagés). Hélène à droite, avec son inséparable amie Mireille.

 

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Swing (2012) – Hélène a cette fois-ci présenté l’initiale de « Swing », le thème de l’année 2012, en récupérant des bandes de papier musique et de magazines sur le jazz. Elle les a découpées, plastifiées, pliées, tissées…

 

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Détail de Swing, H. Vispé – Hélène, Mireille, Yo et Nelly (c’est le quatuor des Filles du Vent du Sud !) ont aussi fait des pochettes avec cette technique qui prend du temps mais fait beaucoup d’effet !

Et puis cette année donc, en ce moment, a lieu l’exposition qui a pour thème le Reggae !

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Nous avons encore quelques jours puisque cette exposition a lieu jusqu’au 7 juin au  Théâtre Marmignon (Saint-Gaudens, 31). Y figure la nouvelle oeuvre d’Hélène :

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Nous avons eu la chance d’avoir ce portrait de Bob Marley en avant-première pour notre Journée à Balma le 23 mai dernier, merci Hélène ! (photo Emilie Forest)

Hélène a créé un autre quilt représentant un orchestre de jazz, mais ce sera pour une autre fois ici, ma photo ne rendant pas justice à ce remarquable ouvrage !

Bravo Hélène !

Perspectives modernes dans le patchwork (2)

B – Quilts spontanés et libérés : à la recherche d’une expression

Il existe une autre tendance qui accepte les coupes parfois approximatives en toute liberté, les récupérations de petits bouts de tissus (les « scraps »). Elle est cousine de la catégorie précédente tout en prônant plus de lâcher prise. En effet le départ est parfois confus, la maquette très floue, les piécés parfois irréguliers, mais l’ensemble devient cohérent, finalement construit et intéressant, parfois érigé en pièce d’art.

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Des blocs de guingois, de l’expression écrite, des tissus unis vifs et quelques écossais, la forme en médaillon asymétrique : c’est un quilt bien dans l’air du temps du début de notre décennie. Gratitude, Quilt LeeAnn (Nifty Quilts)

Imaginez que vous êtes dans votre cuisine, prêt(e) à préparer le repas d’un jour normal. Vous précipitez-vous sur un cahier de recettes d’abord ? Suivrez-vous les instructions à la lettre, quitte à sortir acheter les ingrédients manquants ? Ou bien allez-vous fouiner dans le placard, le réfrigérateur, voire le congélateur, en quête d’ingrédients pouvant s’accorder pour un plat qui ne sera jamais tout-à-fait semblable à ceux déjà faits ?

Pour entreprendre un patchwork, vous devinez que je trouve les situations très comparables à la préparation culinaire ! Un débutant apprendra avec des recettes, des apprentissages familiaux ou des stages, alors qu’une personne avec de l’expérience peut se lancer, si elle le souhaite, avec un projet dans la tête qui évoluera au fil de l’élaboration… du plat ou de l’ouvrage. 

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Ce quilt, connu sous le nom de Lancaster Diamond Quilt datant de 1840 environ, est un exemple de l’utilisation probable de « blocs orphelins », avec l’ajout de blocs piécés spécialement pour terminer ce quilt. C’est un sampler fort original mais encore une fois, ce qu’on croit être moderne est souvent une impulsion logique que d’autres ont eue avant nous !

Les quilts improvisés ou libérés bénéficient de nombreuses influences du passé, comme les quilts utilitaires (on faisait juste avec ce qu’on avait), les quilts amish et leur utilisation des unis aux couleurs qui s’entrechoquent, et plus récemment aussi les quilts utilitaires contemporains des femmes afro-américaines d’Alabama (le mouvement Gees Bend, du nom d’un village). C’est bien l’art d’utiliser les restes de la meilleure manière possible.

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Parus respectivement en 2010, 2012 et 2014, ces livres expliquent clairement comment réussir à franchir le pas de l’improvisation et de la création. En anglais, bien sûr… Le dernier tient lieu de véritable cours avec une 1ère partie dédiée à 12 mini-quilts et 12 techniques expliquées, la seconde partie montrant que l’inspiration est partout dans notre entourage, et comment cela peut aboutir à des quilts résolument modernes.

Les livres qui traitent des quilts improvisés insistent tous sur le fait qu’on ne donne pas ici de métrage car chaque bloc sera unique, fait avec plus ou moins de tissus différents. C’est bien sûr difficile de commencer à changer de technique et de processus de travail, mais il est facile de comprendre qu’on s’amuse plus en faisant 20 blocs différents que 20 blocs semblables ! 

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Gwen Marston a inspiré d’innombrables quilteuses par ses quilts libérés. Ici un Log Cabin libéré, avec inspiration croisée des Amish et des quilts afro-américains.
Keiko Goke
La Japonaise Keiko Goke a été très inspirée après un stage avec Nancy Crow, ce quilt fait partie d’un des nombreux qu’elle a faits dans cette inspiration. J’adore les couleurs de celui-ci, avec ses effets d’ombre et de lumière.

C’est la catégorie la plus inventive, la plus libre du patchwork. Nancy Crow, Gwen Marston en sont les premières représentantes. Nombreuses sont les quilteuses qui s’expriment grâce à la liberté que leur ont insufflé un stage donné par l’une de ces quilteuses éclairées ! 

mom's life quilt
Stephanie (et non, comme je l’avais écrit, Buffy qui a présenté ce quilt) a longuement collectionné des tissus imprimés vintage et a trouvé leur destination dans l’évocation de la vie de sa mère, femme au foyer. Ce quilt est rempli de petits dessins amusants !

 

Nifty Quilt
LeeAnn (Nifty Quilts) a suivi pour ce quilt l’influence d’Anna Williams (Afro-Américaine dont les quilts sont, depuis les années 80, considérés comme oeuvres d’art). A noter qu’un quilt improvisé n’est pas forcément tout de travers, ici le choix est d’avoir des carrés bicolores parfaits en unis. L’organisation finale, la position des lignes droites, s’est imposée en cours de fabrication. Quilting main.

 

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Issu d’un modèle du livre Applique Outside the Lines de Becky Goldsmith et Linda Jenkins, ce quilt fait par LeeAnn et sa belle-soeur laisse la place à l’improvisation : vous ne ferez jamais exactement le même !

La forme de quilt qui favorise peut-être le plus les quilts improvisés est le médaillon : un centre avec des encadrements successifs. Vous avez ici quelques articles de ce blog sur des quilts en médaillon. 

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Ce quilt de Victoria Findley Wolfe a commencé par un crazy rose et jaune, qui devint un médaillon entouré de carrés bicolores gris/roses et jaunes. Son sens des couleurs lui donne l’intuition d’ajouter une bordure de carrés turquoise qui tranchent bien avec une grande bordure noire… et finalement la silhouette d’un bloc traditionnel de fleurs appliquées au point de feston finit de manière magistrale ce quilt improvisé !

Ces quilts ont donc la particularité de se modifier largement au fur et à mesure de leur construction. L’improvisation est reine, l’inspiration sa princesse ! Avec cet état d’esprit, il ne manque jamais du tissu de telle ou telle sorte : s’il n’y en a plus, on trouve forcément un autre en remplacement… et finalement une meilleure idée que celle de départ ! 

Les tendances durent parfois juste quelques semaines, chassées par d’autres idées parues dans un blog… Les quilteuses modernes sont extrêmement réactives! Une des quilteuses de ce genre de patchwork libéré est Victoria Findley Wolfe. Elle est très présente sur la Toile, lance régulièrement des challenges inventifs et son livre représente bien son univers :

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Le blog correspondant, toujours fourmillant d’idées, est ici. C’est un blog communautaire.
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Très médiatique, star de la « Gen Q » (Génération Quilts modernes!), Victoria fait la Une des magazines! Suivez ses créations, sa manière de travailler, ici.

Après une carrière de jeune peintre à succès, Victoria revient vers les quilts qui l’environnaient déjà dans son enfance en milieu rural. Son talent, son charisme, son carnet d’adresses aident beaucoup à la consécration des quilts modernes aux Etats-Unis. En partie grâce à elle, il y a une vraie reconnaissance artistique des quilts actuels, tant dans le marché de l’art que dans les musées et même le système éducatif.

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Invitation à une conférence sur « Les traditions modernisées » dans un musée du Wisconsin.

 Ce que je voudrais faire passer comme message, c’est que ces quilts ne sont pas élitistes et inaccessibles. Ils requièrent des techniques simples que nous connaissons tous après un apprentissage du patchwork et sont ancrés dans la tradition… avec un zeste de modernité. Ensuite, il s’agit de travailler intuitivement plus que rationnellement. C’est ouvert à tous, cela fait du bien… Essayez, c’est une vraie thérapie vers le bonheur !

Ces quilts vous semblent-ils trop fouillis ? Alors vous préférerez la troisième partie consacrée aux « quilts simples » !

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Escapade

Etienne Daho a chanté « Week-end à Rome »,
je vais fredonner
« Semaine à Vienne »…

Romy, impératrice dans Ludwig de Visconti (1972)
Romy, incarnant de nouveau l’Impératrice Sissi dans Ludwig ou le crépuscule des Dieux de Visconti (1972)

Je vais me laisser inspirer par cette ville empreinte d’histoire et de culture grâce à Mahler et Mozart, Freud et Zweig, Klimt et Hundertwasser… sans oublier les fastes viennois incarnés par Sissi et les valses de Strauss ! Dépaysement assuré en tout cas…

Vienne Routard
Hier après-midi dans le jardin, sur un quilt d’une dizaine d’années mais toujours apprécié (un vrai scrap-quilt !), j’ai potassé le Guide du Routard sur Vienne… et me voilà déjà un peu là-bas !

Belles fêtes pascales et à très bientôt !

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Oeufs teints au naturel (photo Facebook)

Des Vitraux de Cathédrale

28a_00Plusieurs de nos pays européens s’enorgueillissent de cathédrales gothiques, merveilles architecturales, qui prirent pour moi corps et chair en lisant « Les Piliers de la Terre » et « Un Monde sans Fin » de Ken Follett. Des Maîtres Verriers avaient leur part de travail presque magique ou divin pour faire entrer la lumière à travers des images translucides aux couleurs inouïes. L’une des cathédrales les plus abouties est celle de Chartres, si visible de loin quand on se promène dans la riche plaine céréalière beauceronne. Le bleu de Chartres fut le thème d’une grande exposition de quilts, organisée par France-Patchwork 28, en l’an 2000. Notre Abeille Christine participa à ce concours, nous en avions déjà parlé ici.
Vous voyez ci-contre le vitrail du zodiaque, une des merveilles de cette cathédrale, alliant les douze signes zodiacaux aux travaux des champs, visitant ainsi les labeurs de toute l’année. Parmi toutes les couleurs, le fameux bleu illumine les motifs d’une lumière magnifique.

Le bloc de patchwork que nous connaissons sous le terme de « Cathedral Windows », ou Fenêtres de Cathédrale, a une origine asiatique évidente. C’est une directe cousine des origamis et autres pliages de papier. J’ai rencontré par hasard l’utilisation de cette technique ancestrale sur un vêtement traditionnel exposé en août 2012 à Labastide Rouairoux :048

Porte-bébé fait en Asie, XXe siècle. Le modèle est ancien mais la fabrication contemporaine. Les minuscules dessins sont des « Cathedral Windows »  avec toutes sortes de tissus, y compris synthétiques, utilisés en accents de couleurs. Les intersections sont ornées par des « fleurs » en tissu. Il faut dire que c’est vraiment minuscule !047

Toutes les sources américaines s’accordent à dire que le succès du Cathedral Windows en tant qu’ouvrage occidental a commencé juste après l’exposition internationale de Chicago en 1933. Mais quel ouvrage, quel quilt fut-il exposé pour susciter ensuite un tel engouement ? Je n’en ai trouvé nulle trace. Vous savez maintenant pourquoi j’ai fait des recherches sur l’exposition universelle de Chicago et son exposition de quilts ! Ce n’est qu’après cette date que les Cathedral Windows « quilts » fleurissent aux Etats-Unis. Le mot quilt est impropre puisque l’ouvrage n’est pas molletonné ni matelassé, mais par convention nous le maintenons :cathedralwindow_01e

Ci-dessus, quilt ancien exposé en Virginie avec lumière en contre-jour.IMGP4966a

Quilt contemporain photographié avec la même envie de faire ressortir l’effet vitrail.

Au début des années 90, ce fut la folie des fenêtres de cathédrales remaniées, allongées, sous l’impulsion de Lynne Edwards. 61Xlys5dlBL._Un autre livre est plus récemment paru, toujours sur le même thème. Les tissus qu’elle utilise -soies, batiks…- donnent un effet saisissant, contemporain et très recherché.

Puis vint le temps des « faux » vitraux, les carrés japonais à base de cercles. Amusants à faire, mais on s’en lasse aussi…90644243_large_atarashii_17l_420

Variante très sophistiquée des « carrés japonais », appelés aussi Atarashii dans ce livre :atarashi

Et voilà que revient ensuite l’envie du traditionnel ! Comme ce travail est long à la main, de nombreux blogs montrent comment faire des vitraux de style classique à la machine. Le résultat est souvent approximatif, je préfère la précision de la couture à la main pour un résultat parfait comme ici par exemple :

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Tissu écru uni et imprimé japonais contemporain fleuri se complètent merveilleusement. Allez voir les autres photos de ce magnifique ouvrage par ici : Mishellsoup

Autre ouvrage très attirant : mettez en scène les napperons, broderies, dentelles d’antan ! Voyez ci-dessous cet exemple si joliment fleuri :

cathedral window close up vintage embroidery

Cela me fait irrésistiblement penser au challenge d’Emma l’année dernière ! Au lieu de conserver vos trésors dans les tiroirs, vous pouvez, si vous osez, les remettre au goût du jour…

Pour finir ce petit tour des vitraux classiques, en voici un beau scrappy, très « années 40 », dont le succès ne se dément pas aux Etats-Unis :

6209313730_9e4f9ab392Détail d’un quilt exposé en 2011 (Utah Quilt show). Désuet peut-être, mais toujours charmant et très agréable à coudre car on peut transporter, aussi facilement que des hexagones, des bouts de cet ouvrage à coudre n’importe où !

Si cet article vous donne envie de commencer un tel ouvrage, surtout ne vous en privez pas, comme tout travail à la main, le processus est gratifiant. Le plus difficile est de faire le pliage au fer sans déformer le tissu. Mon petit truc est d’utiliser une bombe d’aide au repassage (amidon ou autre) pour rigidifier temporairement le tissu. Ici un tuto pour les adeptes du travail à la main : http://patchworkdelights.blogspot.fr/2010/08/cathedral-windows-tutorial.html . Amusez-vous bien !

Un sac de créatrice

Sur des blogs américains, je suis tombée plusieurs fois en arrêt devant un sac à l’allure décontractée mais élégante, décliné sur tous les tons avec de délicieux imprimés, au mystérieux nom de code : 241 Tote… Sa forme est simple avec une découpe qui en fait tout le charme, des tissus contrastés pour en souligner la ligne, des poches extérieures décoratives : découvrez aujourd’hui le 241 Tote Bag de Noodlehead !

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Un tote bag est simplement un sac fourre-tout, un cabas. La forme basique est la poche de coton, de lin, de jute (selon les pays) aux deux coutures de côté et des anses, sans fermeture en haut pour pouvoir aisément mettre et enlever les choses à transporter. C’est à peine plus sophistiqué que le baluchon mais si pratique !

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Avec l’effort de diminution des sacs en plastique, tout le monde réapprend a avoir avec soi un sac de courses. C’est l’apogée des tote bags avec toutes les décorations imaginables ! Ci-contre vous avez un sac en coton imprimé en France d’une expression encore plus connue des Anglophones que des Français : c’est un tote bag so French !

Les accessoires ont un jour ou l’autre leurs lettres de 562px-Burberry_handbagnoblesse ; ainsi le tote bag est devenu chic au courant du XXe siècle, quand les maroquiniers ont décliné cette forme basique avec des matériaux résistants comme des toiles enduites, du cuir… Ci-contre, un tote bag Burberry, symbole du chic à l’anglaise. Et comme vous le constatez, le sac plat est devenu sac avec un fond plat, plus volumineux, mais c’est toujours un tote bag !

Revenons à notre sac américain en passe de devenir, lui aussi, fort célèbre chez les quilteuses… Une galerie Flickr est consacrée au 241 Tote bag. Vous y trouvez là toute l’inspiration que vous souhaitez !  Le patron est en vente sur le site de la créatrice Anna Graham de Noodlehead en PDF : téléchargement immédiat après votre paiement par Paypal, donc ni attente ni frais de port… Très pratique ! Ce modèle est évidemment en anglais, mais si vous avez un peu de pratique, le patron et les photos sont suffisantes pour le réussir.

Pourquoi acheter un patron alors qu’il y en a tant de gratuits sur la Toile ?
Si un ouvrage me plaît tant que j’envisage d’en acheter les explications, c’est que la création est suffisamment originale, l’idée intéressante. Le tout-payant comme le tout-gratuit sont à double tranchant ! Alors profitons des avantages de la générosité des multiples tutos gratuits, mais que cela ne nous empêche pas de gratifier de quelques euros les personnes essayant de vivre de leur créativité ! Leurs fiches sont, sauf exception, d’une qualité éprouvée. De plus en plus de Françaises se lancent dans les fiches créatives, la plupart du temps très bien faites. Si vous avez la chance d’aller à SMM (Sainte-Marie-aux-Mines, Alsace) cette semaine, vous pourrez y rencontrer plusieurs d’entre elles.

Ce sac est facile et rapide à faire, même avec quelques fantaisies en patchwork. J’avais acheté à Quilt en Sud quelques coupons de tissus artisanaux à Neelam, c’était l’occasion de les mettre en valeur à ma façon :

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Et voilà, un nouveau sac !

 

Nouvelle tendance : les quilts en sourdine

Ah que c’est vivifiant parfois de transgresser des lois !
Rassurez-vous, je ne vous entraînerai pas bien loin, juste au cœur de votre réserve de tissus…

Moi la première, au premier cours de patchwork je demande aux débutantes d’apporter un tissu clair, un moyen et un foncé. Elles sont souvent étonnées que je ne leur dise pas plutôt « un rouge, un bleu ou un vert »… La valeur des tissus, c’est-à-dire la quantité de lumière par rapport au tissu voisin, est une notion qu’il faut connaître dès le début. Certaines personnes le sentent immédiatement, d’autres ont besoin de l’apprivoiser plus lentement. Un de mes tout premiers articles, au ton très professoral, traitait de l’intensité et de la valeur des couleurs… Je sortais de plusieurs années d’enseignement du patchwork, cela se devine 😉 et je n’imaginais pas alors que ce blog aurait une longue vie 🙂

Quand on a « une certaine » quantité de tissus pour le patchwork, la tentation est grande de les utiliser, encore et toujours, pour tous les quilts qu’on fait, en respectant les clairs, les moyens, les foncés, d’où des répétitions d’associations. La conséquence est qu’on vous dit que vous avez « un style » mais parfois une petite remarque l’air de rien peut bouleverser cette vision. Brigitte m’a confié sa déception un jour quand son mari lui dit en substance : « Tes quilts sont beaux et bien faits, mais tu fais toujours les mêmes »… La faute aux tissus ! Qu’ils soient coupés en carrés, en hexagones ou en triangles, ils donnent, cousus ensemble, globalement le même effet… Il est temps alors de redistribuer un peu les cartes !

Dans le monde des arts créatifs comme dans la mode vestimentaire, on connaît ce phénomène d’envie de changement ! On nous suggère alors de nouvelles gammes et certaines tendances vous tentent, d’autres vous déplaisent…  Il est certain que les modes créées sont faites pour flatter notre envie de nouveauté tout en faisant fonctionner l’économie. Il n’y a rien de choquant, c’est la base du commerce… mais on a la liberté de succomber ou de résister !

La nouvelle tendance des quilts en sourdine (low-volume quilts) est un peu différente car elle vient des quilteuses-recycleuses. On peut utiliser, dans ces quilts en valeurs claires, des tas de tissus sortis des armoires ou des greniers : chemises et linge ne sont-ils pas le plus souvent clairs ?…

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Ce top de Fiberliscious est fait notamment de simples draps parmi d’autres tissus recyclés. Il a été créé par tâtonnements, le résultat me plaît beaucoup !

Alors bien sûr, les stylistes réactifs proposent des nouvelles gammes de tissus clairs et en particulier des imprimés d’écriture, très tentants !

coussin tissu journal

Coussin en tissu imprimé… en français, c’est très chic ainsi !

Text Fabric (Red Pepper Quilts)

Ce doit être amusant d’utiliser cette gamme ! (photo : RedPepperQuilts)

Le petit groupe des « quilteuses en sourdine » de la région toulousaine a créé son premier top, uniquement avec des restes de tissus pré-sélectionnés pour leur clarté :

en sourdine

Malgré le parti pris des couleurs très claires des blocs, il y a ici beaucoup de couleurs et ces tissus déjà utilisés dans d’autres quilts ont un air inédit, ainsi assemblés  !… Nouvelle tendance avec de l’ancien…
Les bandes bleues sont en chambray (tissu de chemise) et l’accent foncé est donné par un drap uni bleu marine  façonné en étoiles folles (aux pointes irrégulières). Il manque une bordure, le quilting… Nous vous le montrerons fini dans ce blog, mais ce travail en commun sera également exposé au printemps prochain à Balma (31). Nous vous en dirons bientôt plus !

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Comme chien et chat

Les chats sont souvent présents autour des quilteuses, ils partagent le goût du confort d’un quilt bien moelleux ne manquent jamais de jouer inlassablement avec une bobine de fil… Ces compagnons inspirent  avec leurs facéties !

toostrong machine et chat lindt

On les retrouve souvent en thème de quilt et de nombreux livres proposent des quilts avec des chats piécés ou appliqués. J’aime par exemple beaucoup la finesse des appliqués à la main de ce livre :

livre chats

De plus, la qualité et la variété des dessins de matelassage m’ont plusieurs fois inspirée !

Et aussi par exemple ce modèle maintes fois copié que vous pouvez trouver ici : McCall’s – Stairway to Cat’s heaven (design : B.Dubovshy)

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Tout aussi populaire, le détournement du bloc « New-York Beauty » par Janet Miller pour en faire des chats résolument graphiques :

sawtooth cats Janet Miller

Pour ma part, j’ai fait il y a une dizaine d’années ce petit panneau tout aussi connu que beaucoup ont bien mieux interprété, avec au centre, pour figurer les queues enroulées, l’utilisation du bloc « Snail Trail » (trace de l’escargot) :

déco printemps

J’ai eu du mal à en retrouver la trace (de la quilteuse, pas de l’escargot) mais la créatrice est Becky Anderson, modèle qui fut publié pour la première fois dans le Quiltmaker’s magazine de janvier 1995. Il m’avait tout de suite fait penser aux Aristochats !

aristocats

Pour mes amies et mes  sœurs, j’avais fait un jour des petits chats de Yoko Saito remplis de lavande :

chats

Et pourtant, nous n’avons pas de chat à la maison ! Nous avons eu plutôt des grands chiens : se sont succédés un Beauceron, un Epagneul breton, un Berger allemand et maintenant un Berger belge, la chienne de ma fille.

Les chiens tiennent aussi leur place dans le monde du patchwork. Ainsi, Véronique Réquéna a fait de son Labrador (d’abord Jules, puis Lizzie) sa mascotte :

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Born to Quilt, magasin dynamique au coeur de la Bourgogne et un style country bien reconnaissable

Mais ce sont les petits Terriers (les Scotties surtout) qui ont la vedette :

scottie Judy Breneman

Modèle de Judy Breneman disponible ici.

Quant à moi, j’ai ressorti un très ancien modèle des années 1930, celui du coussin-scottie. Il est paru en français dans un livre des années 70 ou 80, en tissus noir & blanc. Comme il me restait beaucoup de petits restes de tissus avec des dorures, j’en ai fait un petit toutou :

my scottie

Il faut 27 pour chaque face et 30 pour l’épaisseur, à moins que vous ne préfériez une longue bande comme Denyse Schmidt (disponible ici).

Scottie s’aventure dans le jardin :

SCOTTIE KATELL

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Et pour terminer, vous pouvez obtenir le patron d’un adorable petit chien comme celui-ci ici :

Dorine-Jean-1a

Dorine en jean et liberty !

Je ne l’ai pas encore fait, mais les avis sont unanimes : « trop chou » !

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Un stage en sourdine ?

Vendredi dernier a eu lieu un stage France-Patchwork 31 un peu particulier puisqu’il s’agissait de jouer avec les tissus « sans couleur, sans valeur, sans intensité », en low-volume comme disent les anglophones, en sourdine comme on peut le traduire… Eh bien je peux vous assurer que les stagiaires étaient, contrairement à leurs tissus, très sonores… Quel enthousiasme après les quelques minutes de mise en route !

Choisir ce genre de tissus n’est qu’un prétexte pour faire une apparence différente. C’est l’alliance du style « scrappy » (innombrables chutes de tissus clairs) avec… ce qu’on veut ! Si certains blocs sont illisibles sans contraste fortement étudié, d’autres se prêtent volontiers à ce jeu. Je ne peux que vous encourager à aller dans cette galerie de « low-volume quilts » pour vous en rendre compte.

De notre côté, le stage était axé en réalité sur les blocs déstructurés. C’est mon expérience des « crumb quilts » qui m’a permis de le proposer.

amazonia

« Amazonia », quilt déstructuré fait en m’inspirant des photos de ma fille alors en Amazonie, tout en suivant le « quilt along » organisé par Jo’s Country Junction en automne 2011.

Apprendre à couper au cutter sans règle, coudre de travers, imaginer pas à pas le futur bloc, c’est un tout autre mode de pensée après des années de recherche de la perfection ! Plusieurs stagiaires m’ont confié cette semaine avoir rêvé à de nouveaux horizons dans le monde du patchwork : elles se sont rendu compte qu’elles étaient capables d’ avancer avec confiance vers une modernisation de leur approche et surtout vers la création, si enthousiasmante !

Mes chères amies stagiaires ont eu le temps de faire chacune 4 blocs : une étoile de l’Ohio déstructurée, un Log Cabin irrégulier, une fleur à la manière de Bernadette Mayr et un bloc de crazy à la machine. Voici le résultat étalé dans un champ de pâquerettes :

blocs en sourdine

Ces blocs seront assemblés pour un faire un ouvrage commun… que nous vous montrerons quand il sera fini !

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