Bonjour ☀,
Bienvenue dans la Ruche des Quilteuses 🐝 !
Le 11 septembre est une date indélébile, inutile d’expliquer pourquoi. Alors allons du côté de l’art pour nous changer les idées !
Ce n’est pas l’histoire, mais l’art qui exprime la vraie vie.
Nietsche, 1888
J’ai souvent remarqué la confusion faite entre deux périodes artistiques, l’Art Nouveau et l‘Art Déco. Que les spécialistes me pardonnent, je vais évoquer ces deux mouvements à ma manière, de façon partielle mais pédagogique, je l’espère.
Revenons un instant à l’histoire pour fixer le temps en toute simplicité, revenons 100 ans plus tôt. Le 11 septembre 1917, l’aviateur Georges Guynemer, héros de 22 ans, ne reviendra jamais de son combat aérien. Une victime parmi des millions de jeunes hommes sacrifiés à l’autel de la « Grande Guerre », ou plutôt le « Grand Gâchis ». Je pense fort à mon fils de 19 ans qui construit sa vie et à son âge, deux jeunes hommes parmi tant d’autres étaient dans les tranchées de Verdun ; ils ne se connaissaient pas, ils devinrent mes grands-pères, liés par l’union de leurs enfants mais aussi par des cauchemars similaires.
C’est de part et d’autre de la Grande Guerre qu’on retrouve nos deux mouvements artistiques. Commençons par l’Art Nouveau, le plus ancien comme son nom ne l’indique plus 😉
Art Nouveau
A la fin du XIXe Siècle, le monde occidental est à la fois enthousiasmé par les nouveautés du modernisme qui facilitent la vie, éblouis par le foisonnement des inventions et mais aussi plombé par le poids du classicisme ambiant, ainsi que la crainte de l’uniformisation par l’industrialisation de tous les objets utilitaires. Rappelons-nous l’autarcie des gens qui faisaient leurs propres outils, leurs vêtements, leur nourriture… Soudain tout devient achetable, produit uniformément en grande quantité donc accessible, mais tout devient pareil que chez le voisin ! C’est alors que souffle un grand vent de fantaisie…
A chaque époque son art, à chaque art sa liberté.
C’est une phrase qui convient si bien à l’Art Nouveau ! Les jeunes occidentaux de la fin du XIXe siècle sentaient pousser en eux la sève printanière d’un chamboulement de leur quotidien. Ils ne pouvaient plus vivre dans un environnement convenu, des intérieurs aux décorations surannées, des habitations aux normes de leurs aînés, il leur fallait de la couleur, de la nouveauté !
Cette soif prit de nombreux visages un peu partout dans les villes occidentales. C’est d’abord une réaction à ce qui est attendu et convenable, privilégiant des formes libres qui rendent hommage à la Nature. Le citadin souhaite faire venir la campagne à lui ; au XXIe siècle, on en est un peu au même point 🙂 Imaginez des lianes qui s’enchevêtrent, des fleurs, des plantes, des insectes, des oiseaux, des courbes et volutes gracieuses, de l’audace sensuelle, vous aurez une bonne idée de l’Art Nouveau, moderne et extravagant. Cet art se manifeste dans tous les domaines, les artistes voulant abolir le mur entre arts majeurs et arts mineurs.
L’Art Nouveau est à la gloire de l’artisan qui exprime sa fantaisie.










Typique de l’Art Nouveau, l’affiche fait sortir l’art dans la rue grâce aux dessins d’Alfons Mucha, de Henri de Toulouse-Lautrec et tant d’autres. La femme est sur-représentée, le dessin est élégant, souvent influencé par l’esthétique japonaise.

On pourrait encore montrer mille et un exemples, tous plus beaux les uns que les autres. Cet art visible par tous était cependant critiqué d’une part parce qu’il était trop populaire pour une partie des collectionneurs élitistes, et d’autre part il était fortement combattu par l’extrême-droite nationaliste qui l’appelait par dérision l’art nouille. Pas assez sérieux, pas assez traditionnel !
L’Art Nouveau, c’est l’Art pour Tous.
Tissus et quilts Art Nouveau
Nous connaissons encore quelques tissus emblématiques de cette période. William Morris, génie de l’esthétique et personnage complexe, avait déjà lancé en 1888 le mouvement Arts & Crafts, qui valorisait le travail de l’artisan et jetait aux orties le goût victorien ou les références à l’Antiquité. Grâce à Barbara Brackman, des reproductions de ces tissus sont disponibles chez Moda.
Toujours en Angleterre, un globe-trotter au beau nom d’Arthur Liberty, amoureux de l’extrême-Orient, monta une boutique en 1875 dans Regent Street à Londres pour vendre des chinoiseries et japonaiseries. Le succès est immédiat. Quelque temps après, il crée une gamme de tissus imprimés en coton très fin, très doux, rappelant la soie, aux imprimés quasiment réversibles… Les tissus Liberty sont nés ! Ils prirent tant d’importance qu’en Italie l’Art Nouveau s’appelle Stile Liberty.
I was determined not to follow existing fashion but to create new ones.
J’étais déterminé à ne pas suivre la mode existante mais à en créer de nouvelles.
Arthur Lasenby Liberty

De nos jours, quelques quilteuses s’expriment dans le style Art Nouveau comme Suzanne Marshall :
Ce quilt est superbe également, il provient de ce blog :
Voici un quilt de Mary Kay Perry :
Des fleurs partout, des roses aussi…
C’était la Belle Epoque, et on donnait souvent aux petites filles de jolis prénoms de fleurs. Rose était un prénom emblématique de cette période, on nous l’a rappelé dans le film du Titanic ! Ma grand-mère, née en 1901, portait ce beau prénom aussi. Voici quelques représentations de roses style 1900, en commençant par des céramiques de l’Ecossais Rennie Mackintosh.

En préparant cet article, je me rends compte que le dernier quilt fait par Kristine🐝, Abeille de la Ruche, a vraiment un air Art Nouveau, ne trouvez-vous pas ? Explications dans le dernier numéro des Nouvelles (magazine de France Patchwork). Voici la Rosa Centifolia de Kristine :

Bientôt nous verrons l’évolution artistique après la Première Guerre Mondiale avec l’Art Déco. En attendant, portez-vous bien et créez pour votre plaisir !
Katell🐝