Des couleurs pour 2015 !

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Abeille toujours butinante, c’est Kristine qui, de la part de la Ruche des Quilteuses, vous souhaite ses :

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Le quilt entr’aperçu dans cette carte a une histoire qui commence ici :

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Quilt fait pour une fille de Kristine  

cover_haeuser-patchwork_sCet automne, Kristine a réalisé un quilt d’après Bernadette Mayr, notre chère inspiratrice allemande. L’original s’appelle Manhattan et a été primé aux Etats-Unis (paru dans son livre Häuser-Patchwork).  Il a fallu le concours des Abeilles pour réunir autant de tissus unis et nous avons eu le plaisir de voir les fenêtres se multiplier au fil des semaines…

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Le plus amusant est que Kristine a sorti de son armoire un gilet fait dans les années 80 d’après un modèle 100 Idées… Parfait pour nous présenter son quilt !

En cousant ses petites fenêtres, il restait à chaque fois de toutes petites bandes de tissus unis… Ne jetant rien et inspirée par le livre de Sujata tout juste reçu, Kris a rapidement assemblé les mini-pièces à la main, puis quilté à la manière Kantha (points avant aux lignes resserrées, broderie originaire du Bengale) :

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Vive le patchwork !

Que votre année soit remplie de projets enthousiasmants !

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Miss Sue cousait de drôles de robes !

Miss Sue était une voisine de Betty. Elles se sont rencontrées alors que Miss Sue avait déjà 92 ans, mais que leurs conversations et leurs échanges furent riches ! Jusqu’aux derniers jours de sa vie de 98 années bien remplies, cette sacrée petite bonne femme vaquait toujours à ses occupations : coudre, quilter, cuisiner, jardiner, faire les courses et, toujours, réunir tous les bouts de tissus qu’elle pouvait trouver !

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Vous reconnaissez Betty à gauche, chez Miss Sue, entourée des objets de toute sa vie. Le quilt ? Oui, nous en parlerons la prochaine fois 🙂

Sa vie mériterait un film. Celui-ci serait, croyez-moi, mouvementé. Elle devait avoir un ange gardien car elle a survécu à un grave accident de voiture, à un coup de foudre (un de ceux dont on ne se remet pas forcément, lors d’un orage 😉 mais à quoi pensiez-vous donc ?…), à plusieurs opérations chirurgicales… et à une tentative de meurtre au cours de laquelle elle tua son agresseur ! Une sacrée petite bonne femme, vous dis-je !

Elle naquit voilà 102 ans dans une ferme de Quincy, unique fille autour de neuf frères. Sa famille déménagea en Géorgie quand elle était petite.

Pour la petite histoire, cette ville de Quincy, bourgade de Floride près de la frontière de la Géorgie, mérite tout de même qu’on s’y attarde, même si Miss Sue la quitta enfant. Elle était naguère connue pour ses champs de tabac, mais aussi, pendant la grande Dépression des années 1930, pour la ville la plus riche par habitant ! Grâce au tabac ? Non, au Coca !

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Mur publicitaire récemment repeint à Quincy, où on vénère cette boisson !

C’est une folle histoire que celle d’un banquier de la ville qui, en 1922, recommanda à tous ses amis fermiers bénéficiaires d’une excellente récolte de tabac, d’acheter des parts de la jeune société d’Atlanta. Il avait deviné que c’était un excellent investissement : il remarquait que les gens dépensaient jusqu’à leur dernier cent pour s’offrir un Coca-Cola bien frais… Au cours de la Grande Dépression des années 30, Quincy comptait bien des millionnaires car le banquier avait vu juste ! A Quincy, la devise est restée : acheter et conserver, ce qui n’est pas à la mode dans le monde des boursiers, mais les familles ayant conservé leurs parts jusqu’à ce jour en sont ravis !!

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Petite usine d’embouteillage de Coca-Cola au début du XXe siècle à Quincy.

Revenons à Miss Sue, officiellement Arlene Denis, mais allez savoir pourquoi, on l’appelait Miss Sue. Ses parents ne faisaient pas partie des heureux bénéficiaires des gains de Coca-Cola. Elle grandit donc dans la ferme de ses parents, sa mère lui apprit la couture et le quilting, son père la distillation d’alcool. On enseigne ce qu’on sait faire ! Sa mère la gardait auprès d’elle pour l’aider, cela lui épargna le travail harassant dans les champs. Puis elle se maria et eut 12 enfants. On n’imagine pas la vie qu’elle eut, à nourrir sa famille, à la vêtir et lui procurer de la chaleur pour dormir, en pleine Grande Dépression… Après, heureusement, sa situation économique s’est améliorée, mais on ne perd pas certaines habitudes. De la nécessité à mettre au chaud sa famille, de l’horreur de jeter le moindre tissu, Miss Sue a fait des quilts utilitaires toute sa vie :

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Ses quilts utilitaires sont les témoins du style « patchwork improvisé », pour lequel toute erreur éventuelle devient un nouveau style. On fait avec ce qu’on a, sans perdre de temps, et on trouve toujours moyen d’arranger ce qui ne va pas.
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voir chaud pour dormir, c’est bien, mais s’habiller pour pas cher c’est tout aussi nécessaire ! Miss Sue fréquentait les boutiques de fripes, on lui offrait aussi les vieux tissus et vêtements du quartier ; elle leur donnait une nouvelle vie en démontant les habits usagés pour les reconstruire à sa manière.

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Miss Sue avait son patron de robe qui lui convenait pour tous les jours. Les couleurs qui claquent ne lui font pas peur, les carreaux, les fleurs et les unis peuvent bien se retrouver sur le même vêtement, mais oui pourquoi pas ?… J’aime l’omniprésence des deux poches de devant, c’est effectivement si pratique ! Le col quant à lui, aux formes variables, ajoute de la féminité au modèle. Elle s’était forgé ainsi une identité reconnaissable de loin avec ses robes faites à la maison (à la main), en tissus de récupération, mais néanmoins seyantes et virevoltantes avec leur petit volant ! Elle avait inventé son propre style.

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Il fait frais l’hiver, même dans le Vieux Sud, alors Miss Sue ajoute simplement un pull sur sa robe. Vous pouvez remarquer que la cheminée est ornée de papier adhésif en Vinyl formant un patchwork très coloré !
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Autour d’elle, tout est couleurs, gaieté et profusion d’objets qui ont tous une histoire.
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On la devine coquette, Miss Sue, avec ses robes multicolores, ses bagues et son immense sourire ! Qui peut imaginer qu’elle a, sur cette photo, plus de 92 ans ?… On dirait une gamine 🙂
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J’aime particulièrement cette photo sur laquelle Miss Sue est plongée dans son occupation favorite : la couture. Inlassablement, elle cousit jusqu’à la fin de sa vie.

Dans ce Vieux Sud, Miss Sue ne faisait pas partie du célèbre groupe de Gee’s Bend, mais elle a vécu les mêmes nécessités, d’où la ressemblance.

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Ici je crois qu’une chemise a servi de haut de robe !

Betty me confia qu’au long des six années de leur amitié, elle alla rendre visite à Miss Sue quasiment tous les jours, et tous les jours celle-ci cousait quelque chose. Elles étaient devenues aussi proches que deux personnes de la même famille qui se connaissent depuis toujours.
Le dimanche, Miss Sue lisait la Bible, écoutait quelques Gospels à la radio et faisait des mots croisés, assise sur son porche (terrasse couverte devant les maisons américaines). Toutes deux s’installaient ensemble quelques heures et se racontaient leurs histoires. Miss Sue se souvenait de sa vie en Géorgie, de la vie de ses douze enfants, tous décédés sauf un avant elle… Pendant la conversation, Miss Sue cousait, cousait… Elle faisait donc des robes, mais aussi les slips, les chemises de nuit, les nappes, les sets de table, les rideaux, des vêtements de bébé… Tout à la main par goût, même si elle savait utiliser une machine à coudre. Dans le quartier, on savait à qui confier ses ouvrages de couture !

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Les deux amies, Miss Sue et Betty

 Nous retrouverons Betty et Miss Sue avec des quilts très spéciaux prochainement !

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L’exubérance affichée des vêtements de Miss Sue n’est pas sans rappeler les célèbres boubous africains, que les femmes continuent de porter quand leur travail ou leur goût ne les mènent pas à s’habiller à l’occidentale. Les Occidentaux, aptes à se dévêtir quand il fait chaud, sont toujours étonnés de voir les couches de tissus sur les gens du cru qui, eux, se protègent de la morsure du soleil !

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En parallèle avec les joyeuses robes de Miss Sue, Betty m’a indiqué une bien singulière histoire de vêtements qui remonte à une centaine d’années. Cela se passe en Afrique, très au sud, en Namibie. Ce pays était une colonie allemande depuis 1892. A force de se voir confisquer leurs terres et leurs troupeaux, les Hereros se rebellèrent. La riposte allemande fut abominable. Copiant les Britanniques qui venaient d’inventer les camps de concentration pendant la Guerre des Boers en Afrique du Sud (120 000 descendants de Hollandais et autant d’Africains noirs en camps), les Allemands parquèrent les Hereros à partir de 1904. Ils massacrèrent ce peuple et on parle là du premier génocide du 20e siècle. On estime que, de 80 000 personnes, les Hereros ne furent plus que 15 000 en 1915 à la fin de l’occupation allemande. En 2004, 100 ans après le début de cette tragédie, le gouvernement allemand reconnut la responsabilité morale et historique de leur peuple, offrant ses excuses au peuple Herero.

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Hereros enchaînés

 Dans le désert de Namibie et contrairement à celui du Sahara par exemple, les gens vivaient à peu près nus avant l’arrivée des missionnaires et des colons allemands. Pour la bienséance, ceux vivant à leur contact durent se vêtir, mais leurs habits n’avaient sans doute pas grande allure. Après la guerre, que firent les survivants Hereros pour marquer leur victoire finale ? Contre toute attente, ils s’approprièrent la plus belle mode de leurs oppresseurs, en souvenir de ce que leur peuple avait traversé comme épreuves, les portant comme des cicatrices visibles du passé ; ils clament ainsi leur propre victoire et indépendance. Les hommes s’habillent en tenue coloniale militaire et les femmes ont opté pour les robes à crinoline de la mode victorienne des Allemandes d’alors. C’est encore actuellement leur manière de s’habiller avec de sublimes variantes en patchwork, une mode joyeuse et élégante… mais aussi, quand on connaît l’histoire, une implacable manière de rappeler au monde le génocide dont les Hereros furent victimes.

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Photo de Sally Watson.
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Ce chapeau unique, en forme de cornes, honore les troupeaux, richesse de leur peuple. Il est soit assorti à la robe, soit en tissu contrasté.
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Sublime robe de patchwork !
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Photo Martha de Jong-Lantink
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Photo Elmarie Mostert. Les modèles de robes utilisent parfois jusqu’à 12 mètres de tissu, à porter sous un soleil de plomb… Cette jeune Africaine conserve pourtant l’allure altière et féminine à la mode victorienne.
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Deux jeunes beautés prolongent la tradition héritée de leurs aïeules.

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Belle élégance pour une tenue quotidienne. 
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Photo Jim Naughten (voir livre ci-dessous)
Photos Jim Naughten
Photos Jim Naughten
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Les hommes aussi portent souvent des vêtements dérivés des costumes des Allemands. Photo Jim Naughten 
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Ne dirait-on pas des amies couturières de Miss Sue ? (Photo Jim Naughten)
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C’est peut-être ici ma robe préférée ! Photo Jim Naughten.

 

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Photo Jim Naughten – Le petit volant du bas rappelle celui des robes de Miss Sue !

 

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Photo Jim Naughten
Photo Jim Naughten
Photo Jim Naughten

 

Photo Jim Naughten
Photos Jim Naughten
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Outre l’histoire de ce peuple, ce livre n’a QUE des photos exceptionnelles de personnes de la tribu Herero vêtues à leur manière, sur un fond de désert namibien à la lumière aveuglante… Disponible notamment ici.

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Incroyable !!!

Incroyable, j’ai gagné !
Il y a une demi-heure, lorsque je suis allée faire un tour sur le blog de Sujata The Root Connection, je n’en ai pas cru mes yeux : Katell a gagné le mini-quilt… Comme ce prénom n’est pas commun, j’ai vite compris que c’était bien moi la grande chanceuse !

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Oh comme j’aime ce style !

Le livre déjà annoncé sur mon blog devient jour après jour un immense succès aux Etats-Unis, il correspond à ce que beaucoup de quilteuses attendent : des quilts très gais, très faciles à faire, modernes et dans l’esprit des nouveaux quilts non-conventionnels. Ce sera probablement en 2015 un des thèmes favoris de mon blog !

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Ici les quilts du livre sont exposés chez Sujata, difficile de décider par lequel je vais commencer ! Car oui, je vais m’inspirer d’elle en 2015 !

Alors mille mercis Sujata, je suis si heureuse d’avoir gagné ce quilt, il aura une place de choix chez moi ! Et encore bravo pour ce superbe livre !

Roderick Kiracofe inspire !

Ce nom vous dit-il quelque chose ? C’est que vous connaissez sans doute ce livre :

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Véritable « bible du patchwork », ce beau livre est une traduction de celui présenté ci-dessous, avec le sous-titre précisant que c’est une histoire (une encyclopédie !) du patchwork de 1750 à 1950 :

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J’ai le livre en anglais et c’est une de mes références fiables quand je veux vérifier que je ne raconte pas n’importe quoi dans mes articles ! Il est si facile de trouver sur internet une info maintes fois reprise… mais fausse. Si vous souhaitez un livre résumant les styles, les courants, les nécessités et les folies du patchwork, c’est celui qu’il vous faut. Avec une grande clarté, on y explique les états d’esprit des quilteuses, leurs sources d’approvisionnement – à la fois les tissus et les modèles. C’est un livre à lire et pas seulement à feuilleter pour ses magnifiques photos de quilts ! Certains sont connus, reconnus, d’autres sont beaucoup plus étonnants et peu académiques. Ce sont souvent ceux que je préfère !

On ne le trouve plus en librairie depuis des années puisqu’il fut édité en français en 1999 par Flammarion, mais il est souvent proposé d’occasion sur divers sites (amazon.fr, leboncoin, priceminister etc.)

Roderick Kiracofe est, vous vous en doutez, quelqu’un de passionné par le patchwork. Artiste, collectionneur, consultant, écrivain, c’est un expert reconnu et respecté. Sa passion remonte à son adolescence en Indiana, il se souvient de son attraction pour les objets trouvés dans les vide-greniers, vestiges des temps passés, chacun racontant son histoire… Déjà, les quilts l’attiraient…

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Non conventionnels et inattendus, les quilts américains passés inaperçus/qu’on ne connaît pas/inconnus du public/… 1950-2000. Quelle serait la meilleure traduction ?…

Son tout nouveau livre est unanimement acclamé comme un événement. L’aventure a commencé voilà douze ans : après une première vie de collectionneur-vendeur de quilts, Roderick a décidé de faire une collection… pour lui-même. Mais il s’est imposé des conditions : il voulait des quilts d’après les années 1940 qui comble son sens de l’esthétique.
Mais qu’y a-t-il donc dans les années 50 ou 60 ? C’est le vide sidéral dans tous les livres de patchwork. On considère que, jusque la réhabilitation des quilts grâce aux expositions de la collection Holstein à NYC en 1971 et à Paris en 1972, plus personne ne quiltait : c’était vieillot, la jeunesse avait bien d’autres choses à faire : consommer, danser sur Elvis Presley, consommer, conduire des voitures fantastiques, consommer, aller au cinéma, consommer… Années idylliques et insouciantes dans la mémoire collective !
Le nouveau livre de R. Kiracofe montre combien nous nous trompons ! J’attendrai 2015 pour vous en parler plus en détails, car tant est à dire ! Sachez cependant que les extraordinaires photos ne seront vraiment intéressantes que si vous comprenez l’anglais à mon avis… Mais c’est vrai que les quilts sont si beaux et parlent d’eux-mêmes… Ce livre comporte 10 essais de personnes très diverses, toutes passionnées par le patchwork, d’une rare richesse informative et affective et on a là une histoire contemporaine du patchwork absolument passionnante.

AVIS AUX EDITEURS FRANCOPHONES !

La collection de Roderick Kiracofe inspire les artistes d’aujourd’hui. Tout comme nous avons toutes ou presque eu envie de copier un quilt du 19e siècle, ma copine de Seattle a eu envie de copier un quilt anonyme -comme la plupart des quilts du livre- trouvé en Louisiane :

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Quilt de la collection de Roderick Kiracofe, bloc unique revisité des Marches du Palais. Quilt trouvé à la Nouvelle-Orléans (Louisiane). Fait en coton et gabardine, assemblé machine, quilté main au fil pourpre. Dimensions : 183 x 170 cm. D’après les tissus, on ne peut qu’estimer sa réalisation qu’entre 1950 et 1975 ! Manifestement, il est fait de vêtements recyclés plus ou moins anciens.

Elle a adoré travailler en « free-form », sans se soucier si sa coupe est bien droite, suivant son inspiration. Son quilt est un hommage à la quilteuse inconnue… et à Roderick Kiracofe !

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Allez voir d’autres photos sur son blog Nifty Quilts. Vous y verrez un détail surprenant pour le quilting à la main, issu d’une habitude pas encore parvenue en France 😉

Bravo LeeAnn, moi j’ !

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Quelques références :

Site Roderick Kiracofe
Okan Arts
– … et d’innombrables blogs américains célébrant chacun leur admiration pour ce livre !

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Sujata et ses superbes quilts faciles

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Sujata Shah a un style bien à elle, résultant à la fois de ses origines (l’Inde), de son pays d’adoption (les Etats-Unis) mais surtout de sa capacité à apprécier et interpréter les artisanats d’ailleurs qui lui parlent (y compris d’Amérique du Sud et d’Afrique). Ainsi, avec ses quilts, on voyage beaucoup tant ses inspirations viennent d’un peu partout !

Son premier livre est un événement pour elle, mais aussi je crois pour le monde du patchwork. Elle y propose 15 quilts expliqués avec clarté, mais ne croyez pas que vous ferez une copie du sien : chacun sera unique ! Sujata est attirée par l’interprétation libre de blocs classiques en changeant de gammes de tissus (beaucoup de tissus unis aux couleurs chaleureuses rappelant l’Inde, beaucoup de scraps aussi) et en enlevant toute forme de culpabilité : la coupe et l’assemblage se font selon des techniques simples et douces, avec lesquelles un petit défaut n’est pas bien grave et ajoute du charme… C’est une forme de patchwork de plus en plus appréciée, qui colle à la modernisation des goûts en matière esthétique.

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Vous avez aussi des choix à faire parmi diverses suggestions de montage ou de quilting à la main ou à la machine.

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Oui, ce sont des quilts gais, faciles et modernes que Sujata vous propose, qui vous procurent du plaisir à toutes les étapes de votre création :-). Il y en a donc 15, tous très différents, qui vous réjouiront certainement !

C’est pour moi un coup de foudre, je lis son blog depuis longtemps… et je vais continuer !

Son blog est ici : The Root Connection

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La belle Sujata en costume traditionnel pour présenter son livre tout neuf !

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Perspectives modernes dans le patchwork (2)

B – Quilts spontanés et libérés : à la recherche d’une expression

Il existe une autre tendance qui accepte les coupes parfois approximatives en toute liberté, les récupérations de petits bouts de tissus (les « scraps »). Elle est cousine de la catégorie précédente tout en prônant plus de lâcher prise. En effet le départ est parfois confus, la maquette très floue, les piécés parfois irréguliers, mais l’ensemble devient cohérent, finalement construit et intéressant, parfois érigé en pièce d’art.

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Des blocs de guingois, de l’expression écrite, des tissus unis vifs et quelques écossais, la forme en médaillon asymétrique : c’est un quilt bien dans l’air du temps du début de notre décennie. Gratitude, Quilt LeeAnn (Nifty Quilts)

Imaginez que vous êtes dans votre cuisine, prêt(e) à préparer le repas d’un jour normal. Vous précipitez-vous sur un cahier de recettes d’abord ? Suivrez-vous les instructions à la lettre, quitte à sortir acheter les ingrédients manquants ? Ou bien allez-vous fouiner dans le placard, le réfrigérateur, voire le congélateur, en quête d’ingrédients pouvant s’accorder pour un plat qui ne sera jamais tout-à-fait semblable à ceux déjà faits ?

Pour entreprendre un patchwork, vous devinez que je trouve les situations très comparables à la préparation culinaire ! Un débutant apprendra avec des recettes, des apprentissages familiaux ou des stages, alors qu’une personne avec de l’expérience peut se lancer, si elle le souhaite, avec un projet dans la tête qui évoluera au fil de l’élaboration… du plat ou de l’ouvrage. 

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Ce quilt, connu sous le nom de Lancaster Diamond Quilt datant de 1840 environ, est un exemple de l’utilisation probable de « blocs orphelins », avec l’ajout de blocs piécés spécialement pour terminer ce quilt. C’est un sampler fort original mais encore une fois, ce qu’on croit être moderne est souvent une impulsion logique que d’autres ont eue avant nous !

Les quilts improvisés ou libérés bénéficient de nombreuses influences du passé, comme les quilts utilitaires (on faisait juste avec ce qu’on avait), les quilts amish et leur utilisation des unis aux couleurs qui s’entrechoquent, et plus récemment aussi les quilts utilitaires contemporains des femmes afro-américaines d’Alabama (le mouvement Gees Bend, du nom d’un village). C’est bien l’art d’utiliser les restes de la meilleure manière possible.

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Parus respectivement en 2010, 2012 et 2014, ces livres expliquent clairement comment réussir à franchir le pas de l’improvisation et de la création. En anglais, bien sûr… Le dernier tient lieu de véritable cours avec une 1ère partie dédiée à 12 mini-quilts et 12 techniques expliquées, la seconde partie montrant que l’inspiration est partout dans notre entourage, et comment cela peut aboutir à des quilts résolument modernes.

Les livres qui traitent des quilts improvisés insistent tous sur le fait qu’on ne donne pas ici de métrage car chaque bloc sera unique, fait avec plus ou moins de tissus différents. C’est bien sûr difficile de commencer à changer de technique et de processus de travail, mais il est facile de comprendre qu’on s’amuse plus en faisant 20 blocs différents que 20 blocs semblables ! 

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Gwen Marston a inspiré d’innombrables quilteuses par ses quilts libérés. Ici un Log Cabin libéré, avec inspiration croisée des Amish et des quilts afro-américains.
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La Japonaise Keiko Goke a été très inspirée après un stage avec Nancy Crow, ce quilt fait partie d’un des nombreux qu’elle a faits dans cette inspiration. J’adore les couleurs de celui-ci, avec ses effets d’ombre et de lumière.

C’est la catégorie la plus inventive, la plus libre du patchwork. Nancy Crow, Gwen Marston en sont les premières représentantes. Nombreuses sont les quilteuses qui s’expriment grâce à la liberté que leur ont insufflé un stage donné par l’une de ces quilteuses éclairées ! 

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Stephanie (et non, comme je l’avais écrit, Buffy qui a présenté ce quilt) a longuement collectionné des tissus imprimés vintage et a trouvé leur destination dans l’évocation de la vie de sa mère, femme au foyer. Ce quilt est rempli de petits dessins amusants !

 

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LeeAnn (Nifty Quilts) a suivi pour ce quilt l’influence d’Anna Williams (Afro-Américaine dont les quilts sont, depuis les années 80, considérés comme oeuvres d’art). A noter qu’un quilt improvisé n’est pas forcément tout de travers, ici le choix est d’avoir des carrés bicolores parfaits en unis. L’organisation finale, la position des lignes droites, s’est imposée en cours de fabrication. Quilting main.

 

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Issu d’un modèle du livre Applique Outside the Lines de Becky Goldsmith et Linda Jenkins, ce quilt fait par LeeAnn et sa belle-soeur laisse la place à l’improvisation : vous ne ferez jamais exactement le même !

La forme de quilt qui favorise peut-être le plus les quilts improvisés est le médaillon : un centre avec des encadrements successifs. Vous avez ici quelques articles de ce blog sur des quilts en médaillon. 

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Ce quilt de Victoria Findley Wolfe a commencé par un crazy rose et jaune, qui devint un médaillon entouré de carrés bicolores gris/roses et jaunes. Son sens des couleurs lui donne l’intuition d’ajouter une bordure de carrés turquoise qui tranchent bien avec une grande bordure noire… et finalement la silhouette d’un bloc traditionnel de fleurs appliquées au point de feston finit de manière magistrale ce quilt improvisé !

Ces quilts ont donc la particularité de se modifier largement au fur et à mesure de leur construction. L’improvisation est reine, l’inspiration sa princesse ! Avec cet état d’esprit, il ne manque jamais du tissu de telle ou telle sorte : s’il n’y en a plus, on trouve forcément un autre en remplacement… et finalement une meilleure idée que celle de départ ! 

Les tendances durent parfois juste quelques semaines, chassées par d’autres idées parues dans un blog… Les quilteuses modernes sont extrêmement réactives! Une des quilteuses de ce genre de patchwork libéré est Victoria Findley Wolfe. Elle est très présente sur la Toile, lance régulièrement des challenges inventifs et son livre représente bien son univers :

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Le blog correspondant, toujours fourmillant d’idées, est ici. C’est un blog communautaire.
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Très médiatique, star de la « Gen Q » (Génération Quilts modernes!), Victoria fait la Une des magazines! Suivez ses créations, sa manière de travailler, ici.

Après une carrière de jeune peintre à succès, Victoria revient vers les quilts qui l’environnaient déjà dans son enfance en milieu rural. Son talent, son charisme, son carnet d’adresses aident beaucoup à la consécration des quilts modernes aux Etats-Unis. En partie grâce à elle, il y a une vraie reconnaissance artistique des quilts actuels, tant dans le marché de l’art que dans les musées et même le système éducatif.

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Invitation à une conférence sur « Les traditions modernisées » dans un musée du Wisconsin.

 Ce que je voudrais faire passer comme message, c’est que ces quilts ne sont pas élitistes et inaccessibles. Ils requièrent des techniques simples que nous connaissons tous après un apprentissage du patchwork et sont ancrés dans la tradition… avec un zeste de modernité. Ensuite, il s’agit de travailler intuitivement plus que rationnellement. C’est ouvert à tous, cela fait du bien… Essayez, c’est une vraie thérapie vers le bonheur !

Ces quilts vous semblent-ils trop fouillis ? Alors vous préférerez la troisième partie consacrée aux « quilts simples » !

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La pluie…

La pluie, conjuguée aux vents, aux marées, peut être dévastatrice. Depuis Noël, de nombreux Bretons sont inondés, ce sont autant de drames personnels, et que dire des cyclones dévastateurs comme à la Réunion aujourd’hui…
Pourtant la pluie est vitale, je me souviens de mon intense soulagement de la première pluie de septembre après la canicule de l’été 2003.

Elle est aussi source de poésie et de réflexion, comme dans ce petit livre :

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Le temps de pluie est sublimé dans ce paysage gallois par Valériane Leblond :temps de pluie valériane leblondBernadette Mayr a également évoqué cette atmosphère dans son livre Haüser Patchwork que vous avez été plusieurs à recevoir pour Noël si j’en crois vos messages ! Un des modèles a inspiré Christine l’Abeille :

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De tout cœur, bon courage aux victimes de la pluie qui, comme le feu, peut être signe de vie comme de destruction…

Un petit peu d’humour dans la détresse, même si ce n’est pas très finaud :

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(source Facebook – Radio Cancale)
…………

La pluie… source de vie comme de destruction, de poésie comme de désolation…
………..

Le coussin de Brigitte

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Vendredi dernier, en réunion départementale (France-Patchwork 31), Brigitte nous a montré ce qu’elle a fait de son essai de maisons déstructurées :coussinBrigitte

Elle les a montées en coussin ! Il est parfait pour soutenir les reins dans un fauteuil un peu profond. Voilà donc un coussin IKEA bien rhabillé !! Evidemment, sur une chaise de salle polyvalente, ce n’est pas l’idéal…coussin maisons

Le voici donc photographié pour mieux vous le montrer, voyez le bel encadrement en bordure du même tissu que les montants de fenêtre. Bravo Brigitte !

Des explications pour les maisons crazy déstructurées dans ce livre :

51mpCchKORL._et aussi dans l’article précédent de ce blog.

Comment construire une maison complètement crazy ?

Bien sûr, un bloc de patchwork en déstructuré peut déranger un peu, beaucoup… ou pas du tout ! C’est vrai qu’une maison comme celle-ci est incongrue :

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Cette maison de guingois, aux couleurs qui se heurtent, à la fenêtre décalée, n’a pas grand charme toute seule.

Mais quand elle est accompagnée de petites sœurs, cela devient plus intéressant et cohérent :TOLOSA

Les maisons s’enrichissent de leur différences (travail de groupe)

Pour celles qui voudraient bien mais n’osent pas trop, je vous propose de suivre tout simplement comment on construit une maison en crazy à la manière de Bernadette Mayr, de qui j’ai eu l’autorisation bienveillante.

Une maison crazy et déstructurée se fait sur le support de votre choix : vieux drap, non-tissé, papier de soie… Pour moi, c’est ce dernier car je l’avais sous la main. Son seul inconvénient est qu’il faudra le déchirer à la fin, alors que tissu comme non-tissé resteront en place. Donc on coupe le support en rectangles de 17 x 23 cm… ou toute autre dimension.

001Chaque maison est construite autour de la fenêtre. Celle-ci est le point focal du bloc et doit trancher : Bernadette a choisi de les coudre en noir et blanc, j’ai choisi marine et blanc. Il faut les faire sans s’occuper du support. Ci-contre, la fenêtre est montrée avec les vitres jaunes et l’encadrement blanc mais le principe de construction est identique. On prend une pièce carrée de tissu blanc non transparent qu’on va d’abord couper au milieu à la verticale (tout est « à peu près » : le carré, le milieu… inutile de mesurer!) et on va y inclure une fine bande de tissu noir. Puis on coupe au milieu horizontalement pour inclure une fine bande noire. Cela fait un + irrégulier. Ensuite on encadre le tout de 4 bandes un peu plus larges. Votre fenêtre est prête et vous pouvez en coudre d’infinies variantes !

C’est le moment de prendre votre support et de marquer par une pliure le centre horizontal. Cette ligne marque à peu près le haut de l’emplacement de la fenêtre :004

Ensuite on coud des bouts de tissus de la même gamme de couleurs tout autour de la fenêtre comme un log cabin irrégulier. Si vous avez déjà fait du crazy, ce sera facile et rapide pour vous. Il faut se souvenir qu’on doit remplir l’espace vers les côtés et le bas, mais qu’il faut finir en triangle vers le haut. La partie supérieure sera terminée par la couleur du ciel. A savoir : les bandes de log cabin peuvent être elles-mêmes piécées et vous pouvez sortir des directions horizontal/vertical.Tout est permis pour remplir l’espace !002

Une note sur les tissus choisis pour les maisons de la 2e photo au-dessus : la valeur des couleurs (clair, moyen, sombre…) reste dans un bloc à peu près la même aussi bien pour les murs que pour le ciel : une maison rouge foncé aura un ciel bleu nuit et une maison rose clair aura un ciel bleu léger. Ce manque de contraste dans les valeurs est voulu et met d’autant mieux en relief la fameuse petite fenêtre. C’est un parti pris que vous pouvez modifier dans votre propre projet.LOGHAUS

Et maintenant, vous pouvez vous lancer ! Vous pouvez constater que les explications du livre sont judicieusement illustrées par des schémas de l’auteur, Bernadette Mayr, ce qui permet de deviner comment faire même si on ne comprend pas l’allemand !

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