J’ignorais que les ananas étaient aussi dans l’air – ou plutôt dans l’atelier – à 5 km de chez moi ! Florence a eu le coup de foudre pour un modèle présenté récemment dans Elena Patchwork. Celui-ci permet d’utiliser beaucoup de tissus vifs, mis en valeur sur un fond noir.
Voici les photos transmises par Flo ce matin :
Couverture du magazine comprenant le modèle, édité cet été.Schéma du modèle dans le magazine Elena Patchwork.Le top de Florence en cours. Je devine sa joie de travailler avec ce festival de couleurs ! 23 blocs finis.
Bravo Florence, à bientôt pour les 61 blocs terminés et ton couvre-lit de 2 m de long !
Les ananas inspirent les quilteuses de nouveau ! Ce magnifique quilt de Joanna Figueroa était proposé en kit et s’est vendu comme des petits pains :
Beauté des tissus assortis d’une gamme de tissus de la styliste de Fresh Figs. Dans ce post, vous avez plusieurs versions de style vintage très réussis, dans ces couleurs chaleureuses chères à Joanna !
On peut faire des quilts ananas très modernes en utilisant des unis ou autres tissus vifs, tout en conservant l’exactitude requise par les yeux experts :
Très beau scrappy pineapple quilt de RedPepperQuilts, travail sur fondation pour la concordance des coutures et un peps moderne avec de joyeuses couleurs et des nuances « low volume » en haut à gauche. Amusant, n’est-ce pas ?
La couture sur papier rend ce résultat facile ! Mais la nouvelle tendance est de se laisser aller à l’improvisation. Alors, avez-vous envie d’essayer comme moi des blocs d’ananas sans stress ?
C’est ce qui court en ce moment de blog en blog et je succombe à cette petite douceur ! On oublie règles, couture sur papier, exactitude et on revient au piéçage à l’œil, comme la plupart des femmes du XIXe siècle…
Dans les anciens quilts aux blocs ananas, on trouve aussi bien des piécés très maîtrisés que des piécés approximatifs, comme ici.Si les Log Cabin de toutes sortes sont fréquents chez les Amish, les Ananas sont bien plus rares. Ici un quilt des années 1940 en lainages, à la belle exactitude ! Photo du livre A treasury of Amish Quilts, Pellman.
Oh je comprends bien les réticences pour la beauté de la perfection ou le goût pour la symétrie… Mais tant pis, j’ose vous proposer la décontraction affichée chez plusieurs quilteuses que j’affectionne !
Ce n’est pas révolutionnaire, juste un peu irrégulier, un peu moins contrasté…
Chez Amanda Jean, CrazyMomQuilts, nous avons eu le premier tuto pour faire ce genre d’ananas. On n’a pas exactement le même rendu qu’un ananas classique si on ne met pas une énorme différence entre les bandes claires (tissus low volume, en sourdine, aux imprimés parfois très présents) et les foncées mais en le regardant d’un œil neuf, on voit surtout la vibration propre aux quilts scrappy. Mais la particularité qui peut déranger, c’est la non-concordance des blocs entre eux, c’est la liberté proposée ici pour avancer les blocs de manière décontractée ! C’est bien sûr à vous de décider si les angles qui ne correspondent pas vous dérangent. Dans ce cas, retour à la case règles, gabarits ou couture sur papier !
Il y a même un bloc ici qui est terminé et monté avec un huitième de tour d’erreur. Quand on fait un quilt ananas, pour un résultat classique on décide de mettre soit les couleurs claires en forme de +, soit en forme de x… mais pas les 2 mélangés comme ici ! Cette erreur fait partie des chers blocs d’humilité bien assumés !
Heather Jones a fait un quilt ananas sans mesures, donc sans concordance des coutures, avec en revanche une organisation maîtrisée des teintes, 75 couleurs différentes en tout !
Chaque bloc mesure 30 cm. Les premiers tours autour du centre sont faits de fines bandes qui s’élargissent au fur et à mesure, de manière irrégulière. Heather explique dans son article que c’est un plaisir d’improviser de tour en tour, à la fois la couleur et la hauteur des bandes ! Chaque bloc lui a pris 1 heure de travail. Je peux vous dire qu’elle travaille bien vite !!
Chez Rachel, StitchedinColor, c’est la reprise de l’idée précédente, avec des blocs plus petits, c’est-à-dire moins de tours autour du centre. Rachel lance la fête de l’ananas, Pineapple Party ! J’ai décidé de prendre part à cette célébration, pour le plaisir de tester cette méthode décontractée. Pour le momentdans la galerie de son groupe Flickr, les ananas ne sont pas encore de sortie… Ils arriveront sans doute une fois finis ! Ou bien les Françaises vont-elles se distinguer et envahir -pacifiquement- cette galerie ?… Allez-y, n’hésitez pas !
Amanda Jean (CrazyMomQuilts) comme Rachel (StitchedInColor) préconisent des bandes d’une hauteur entre 1.25 et 1.75 inch, à savoir de 3,2 à 4,4 cm. La précaution à prendre est d’avoir la même hauteur de bandes pour un tour, afin de ne pas se trouver au final avec un bloc rectangulaire. Plus les bandes sont étroites, mieux l’ananas se dessinera. Des bandes très larges ? Vous aurez une impression de carré dans le carré ! Pour ma part, j’ai coupé des bandes majoritairement de 3,5 cm environ.
Voyez donc ci-dessous ce que j’ai commencé ! J’aime énormément les ananas multicolores mais cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas penchée sur mes tissus bleus… Je confirme ce que disent les copines américaines, ces blocs prennent un temps certain !
Voici mon premier bloc irrégulier, tout au moins sans trop de régularité. Mes bandes sont découpées presque toutes à 3,5 cm, avec quelques variantes à 2 mm près (+ ou -). J’ai cousu ce bloc avec décontraction et joie de choisir mes tissus bande après bande 🙂 Ce que je sais d’avance, c’est qu’à l’assemblage de blocs les blancs ne correspondront pas au millimètre… mais est-ce grave, docteur ?
Et voici donc 4 blocs… qui m’ont pris bien du temps ! Mais ils sont grands (35 cm coupés) donc c’est motivant, et puis j’ai apprécié de mêler en toute liberté des bleus clairs et foncés, des turquoise et des denim, des imprimés et des unis… La liberté, quoi !
Si vous regardez les détails, vous trouverez beaucoup d’irrégularités, mais j’ai apprécié la liberté de cette méthode. Ne me demandez pas combien de blocs je veux faire encore… Je ne sais pas !
L’ananas, comme nous l’avons vu, est aux Etats-Unis non seulement un fruit de choix mais aussi un symbole d’hospitalité. C’est pour les quilteuses un bloc fait de bandes, qui pour beaucoup reste difficile ou mystérieux. Nous sommes là pour éclaircir les choses !
Voici un bloc tout seul :
On peut trouver ce bloc décoratif mais ne pas bien comprendre pourquoi on le nomme ananas !
Seul l’assemblage d’au moins 4 blocs ensemble fait comprendre pourquoi il peut évoquer l’ananas :
Ma première envie de faire un quilt ananas est due à un article dans ELLE ! Une journaliste (Françoise Tournier) présentait avec talent l’émergence du patchwork en France – et aussi de France Patchwork ! Elle proposait en « ouvrage d’été » ce quilt : Je l’avais adoré dès le premier coup d’œil. Le fond était en draps blancs plus ou moins anciens, les couleurs grises ou bleues de restes de vêtements. C’était l’été 1991, et la journaliste annonçait aussi pour la fin de cette année la première exposition européenne d’art textile contemporain de France… à Toulouse ! Je connais quelques-unes de ces téméraires qui ont organisé cette expo qu’on pourrait refaire aujourd’hui à l’identique, tellement elle était belle et novatrice !
Après cet article, j’ai fait un quilt-ananas à mon tour, en tissus bleus-jaunes-blancs majoritairement de Souleillado pour une ambiance résolument provençale. Il doit être encore quelque part chez mes parents ! Puis j’ai acheté ce livre qui est pour moi la Bible de l’Ananas :
Ensuite un excellent dossier sur ce bloc a été publié dans Quiltmania n° 10 (mars 1999)… Ce modèle, très populaire, est pourtant aussi parfois le cauchemar de quilteuses chevronnées ! Les blocs ont souvent une fâcheuse tendance à gondoler… La solution « magique » pour un rendu parfait est la couture sur papier (ou fondation en non-tissé qui reste ou se déchire) :
Les modèles de grilles pullulent sur internet ! A vous les blocs parfaits ! Il faut demander à Mr. Google quelque chose comme paper piecing pineapple block. Les numéros sont l’ordre de couturedes bandes.
Autre possibilité pour la perfection : des règles en plexiglas.Nathalie Delarge vend les sets de règles de Marti Michell pour de parfaits ananas sans perte de tissu :
Je crois que le gondolage des blocs se produit surtout en travaillant à la main, le travail étant très souple. Solution partielle : il faut aussi veiller à couper le plus possible de bandes le long de la lisière (et non dans le sens de coupe habituel du tissu) pour avoir une bande peu déformable. Mais cela m’est aussi arrivé à la machine ! Le souci vient que souvent on coud avec la nouvelle bande dessus : le bloc dessous a tendance à bouger, les bords à s’effacer (de moins d’1 mm, mais cela se répète rangée après rangée), d’où gondolage. La solution est de coudre la bande en la mettant dessous, on peut alors surveiller la rectitude du bloc, ou bien de mettre des épingles. Et puis, indispensable, un bon repassage (ou pressage pour de rien déformer) entre chaque tour de couture !
Je ne peux m’empêcher de me souvenir d’un quilt fait en commun pour le Loto France Patchwork à Balma en mai 2014, aux blocs cousins germains de l’ananas :
Boules de Cocagne,quilt fait par des Abeilles de cette Ruche. Blocs cousus sur non-tissé. Au lieu de 8 directions de bandes à coudre autour du centre, il y en a ici 6. La forme du centre, les longueurs de bandes, la disposition des couleurs font de ce modèle un trésor ! Est-ce que la gagnante de ce quilt lit notre blog ?…
Sophie, une de nos lectrices canadiennes, m’a adressé cet été des photos de sa première courtepointe. Devinez quel bloc ? Gagné, c’est un ananas, tout frais tout beau !
Mille mercis pour avoir pensé à m’offrir ces photos Sophie, c’est une impressionnante première courtepointe ! Cela me rappelle la réflexion de Michelle Therrien, autre lectrice québécoise de ce blog, qui me demandait pourquoi on utilisait le mot « quilt » en France au lieu de « courtepointe »… Je crois que si Sophie Campbell avait été Canadienne francophone, cela aurait été le cas, mais le pli a été pris d’utiliser un vocabulaire résolument mixte franco-anglais. Et puis après tout, quilt vient bien de couette ! Mais j’avoue que le mot courtepointe fleure bon notre campagne d’antan et véhicule un brin de nostalgie !
Ces beaux exemples ne vous donnent-ils pas envie de vous lancer dans l’ananas ?…
Au terme de cet article où se sont invités quelques souvenirs personnels, vous pouvez vous demander : et pourquoi est-ce le moment de faire des blocs ananas ? Pour suivre l’élan international, rien de moins !!! C’est ce que je vous ferai découvrir prochainement 🙂 avec quelques libertés proposées par des jeunes quilteuses !
Pour la dégustation, nous attendrons l’hiver, quand nos réserves de fruits locaux s’épuiseront… Regardez, il faut les laisser encore un peu mûrir :
Champ d’ananas au Bénin (Afrique de l’Ouest). Le climat de cette région, tout comme en Asie tropicale, est propice à de belles récoltes, même si cette plante poussait d’abord à l’état sauvage en Amérique centrale, Caraïbes et nord du Brésil principalement.
L’ananas est un délice originaire d’Amérique et découvert pour notre monde par Christophe Colomb. Les Indiens de cette région le nommaient nanà nanà, signifiant « parfum des parfums ». Tout un programme !
Christophe Colomb décrivit ce fruit découvert en Guadeloupe lors de son deuxième voyage (1493): « Il a la forme d’une pomme de pin, mais il est deux fois plus gros, et son goût est excellent. On peut le couper à l’aide d’un couteau, comme un navet, et il paraît très sain. » (source Wikipedia). Les ananas rapportés en Europe eurent de suite un succès phénoménal auprès des puissants et on n’eut de cesse de s’en procurer. On les cultiva donc partout où le climat s’y prêtait, d’abord en Inde et Java grâce aux Portugais, puis dans d’autres colonies ou terres tropicales connues… mais il fallut presque deux siècles d’essais pour en réussir la culture dans des serres chauffées en Hollande puis en Angleterre !
Charles II, roi d’Angleterre, se fait offrir un précieux ananas, le premier cultivé dans les serres anglaises par ce jardinier, John Rose (tableau de Hendrick Danckerts, 1675). En raison de sa forme rappelant le pomme de pin, les anglophones le nomment pine apple, littéralement pomme de pin (laquelle se dit pine cone, cône de pin)
Actuellement, le développement des transports fait qu’on peut facilement acheter un ananas, cultivé dans les pays au climat approprié. Ce fruit frais, ici rare et cher quand j’étais enfant, est devenu produit de consommation presque courante. J’ai un faible pour ceux qui viennent de Côte d’Ivoire, car ils me rappellent tant de bons souvenirs dans ce pays !
Scène d la vie quotidienne, les femmes vendent des ananas absolument partout… après les avoir transportés sur la tête ! Combien de dizaines de kilos peuvent-elles porter ?… Photo d’ici.
Avez-vous remarqué, dans certains magazines américains de décoration, le goût développé pour les centres de table ? Dans les temps coloniaux, pour combler des manques culturels ou le mal du pays, l’art de la réception se développa grandement avec l’envie d’exposer une maison à la fois luxueuse et chaleureuse ; l’ananas trônait souvent pour faire honneur aux invités. La décoration opulente devint même une compétition entre femmes !
Tout comme les couronnes, l’ananas est devenu un fort symbole de l’hospitalité :
… et l’ananas est devenu un élément décoratif très prisé !
Il fut donc inévitable que l’ananas inspirât les quilteuses :
Il est un bloc très connu des quilteuses qui porte également le nom de ce divin fruit, bloc de la famille des log cabin. C’est celui que nous verrons très bientôt ensemble !