Étonnant recyclage de quilts anciens

Bien sûr, on adore acheter des tissus ! Un jour cependant se pose le problème du recyclage des restes. Pour ma part, je suis rarement à court d’idées pour faire un scrap quilt qui rassemble sans façon des centaines de bouts de tissus disparates, y compris des vêtements, des draps. Mais récemment, une lectrice m’a posé une colle : que faire de blocs orphelins qui n’ont rien en commun ? Elle avait apprécié l’idée de la Voie Lactée dans BeeBook, mais recherche autre chose, car elle a l’habitude de faire beaucoup d’essais de techniques. Je lui ai proposé, sans trop de conviction, d’en faire des pochettes, des coussins… Avez-vous des suggestions ?

Commencer un ouvrage, c’est une excitation et un pari sur notre capacité de le réaliser jusqu’au bout. Mais c’est si long que la motivation peut s’évanouir s’il ne répond pas parfaitement à nos attentes. Selon le tempérament de chacune, il sera fini coûte que coûte, sera mis de côté en attendant ou mis au rancart sans état d’âme, sans doute retaillé ou mis en dos de quilt recomposé. C’est ma tendance. Pour moi, la vie est trop courte pour m’astreindre à finir ce qui ne me plaît plus assez pour y consacrer encore du temps.

J’accepte de laisser tomber un ouvrage
s’il ne m’apporte plus de joie.

Les quilts anciens se vendent très bien aux USA. Les Américains ont la possibilité d’en acheter à des prix très raisonnables. Il doit s’en vendre des dizaines, voire des centaines par jour à travers les USA, car on le sait bien :

Un lit n’est un vrai lit qu’avec un quilt dessus !

On peut en acheter chez des antiquaires en boutique ou en ligne, dans presque toutes les brocantes, ou bien sur le site d’Hannah, Stitched and Found qui, année après année, confirme son succès. Vous pouvez lire l’article où je vous la présentais il y a un an et demi. Depuis, elle a un second enfant, encore tout bébé, et des centaines de nouveaux quilts qu’elle montre sur Instagram et qui sont vendus parfois très vite…

Hannah et ses quilts : trouvailles dans les vide-greniers et brocantes, réhabilitation et revente sur son site.

En France, beaucoup n’apprécient pas la valeur d’un quilt. Ils n’en ont pas la culture. En conséquence, voici ce qui peut arriver :

Ça me fend le cœur ! Une photo-choc pas prise à Marseille par Marius, mais à Toulouse la semaine dernière. J’espère qu’aucune de mes amies quilteuses toulousaines ne reconnaîtra un cadeau fait naguère…

Certains quilts anciens sont en parfait état, d’autres sont partiellement usagés. Sur Instagram défilent les tendances qui se font et défont à la vitesse de l’éclair et une des dernières bonnes idées est d’utiliser des quilts anciens pour en faire… des vestes d’hiver !

La recette : on prend un quilt, un patron de veste, on taille dans les portions de quilts bien conservées, on assemble… et on porte la veste, parée pour les frimas ! Bon, il faut être bonne couturière, certaines vestes ne font pas envie… 

Non, pas de photo de veste loupée, j’ai un minimum de compassion pour les ratages !

Dans la Ruche, nous sommes toujours amoureuses de la veste de Kristine, qu’elle a faite à partir de fat quarters de chez Neelam, avec un tissu déjà matelassé acheté au mètre (qu’on voit à l’intérieur de la veste), un gros grain noir et des brandebourgs :

Au Loto des 30 ans de France Patchwork à Balma (31), nous avions disposé, à droite de la scène, le quilt des 30 ans fait par la Délégation, la veste de Kristine et un petit sac, le tout en tissus Neelam. Nous, on adore !
Dès qu’il fait frisquet , Kristine arrive le vendredi à la Ruche avec sa veste. On espère toujours vaguement qu’elle l’oublie, mais non 🙃

Quant à Caroline, une amie de Kristine, elle a acheté une veste indienne qui lui a tapé dans l’œil :

Le charme du patchwork en veste, un grand classique de vestes made in India qu’on trouve dans des magasins exotiques ou sur certains marchés de plein vent. Celle-ci est particulièrement jolie !

Faire des vestes à partir d’un quilt ancien, c’est le pari de plusieurs jeunes stylistes cette année 2020, et les clients sont là ! La semaine dernière, on pouvait voir notre cher Roderick Kiracofe, collectionneur de quilts et auteur de plusieurs livres essentiels sur le patchwork, porter sa nouvelle veste faite par Reclaimed Fabric :

Très chic Roderick ! (photo Instagram @roderick752)


C’est devenu un véritable phénomène de mode, que le New-York Times a décortiqué dans un article voilà 15 jours. En prêt-à-porter ou même en haute-couture, on avait déjà vu des vêtements rappelant le patchwork traditionnel. Mais la mode actuelle est d’utiliser de vrais quilts anciens, ceux qu’on trouve encore en nombre dans les vide-greniers et dans presque chaque famille, et de tailler dedans.
Sacrilège ?
Pillage de l’héritage des grands-mères ?
Y a-t-il un risque de couper dans de beaux quilts qui pourraient avoir leur place dans un Musée ? La réponse de la styliste Rebecca Wright est qu’elle ne prend que des quilts à sauver de la poubelle. Ainsi, la démarche a un sens, c’est une réhabilitation de matière première, un recyclage malin.
Mode éphémère ? On verra bien ! Mais si la veste est bien faite, elle durera de longues années. Elle changera peut-être de propriétaire, mais elle continuera de tenir une personne au chaud.
D’autre part, la demande de vestes est si forte qu’on commence à faire faire des quilts à Haïti (main d’œuvre bon marché) avec des tissus vintage POUR en faire des vestes… Un vrai phénomène de mode, je vous le disais bien !

Get a hippy look with a Quilt Coat! The New-York Times, 16/11/2020

La plupart des plus belles vestes en quilt vues sur Instagram proviennent du même compte @psychic.outlaw, même si l’offre est très variée. Rebecca Wright, qui aime les bandanas, les quilts et les vêtements un peu fous, a créé l’année dernière sa société Psychic Outlaw et a embauché cette année 13 personnes. Outre de formidables robes d’été en bandanas, elle peut vous faire une veste à partir d’un de vos quilts, ou d’un de sa collection. Vous n’imaginez sans doute pas ce que cela peut rendre, alors voici des photos !

Voici Rebecca Wright, la jeune modiste texane avec une de ses créations en bandanas.
Psychic Outlaw – Star of Texas
Psychic Outlaw – Anneaux de mariage
Psychic Outlaw – Points de croix
Psychic Outlaw – Pinwheel
Psychic Outlaw – Assiette de Dresde ensoleillée
Psychic Outlaw – Étoiles à 8 pointes
Psychic Outlaw – Kansas Trouble
Psychic Outlaw – Calico Starburst
Psychic Outlaw – Ranch Style
Psychic Outlaw – Confetti

C’est un petit aperçu de ses créations. Chaque veste est évidemment une pièce unique.

Faire une veste à partir de blocs orphelins,
voilà qui peut séduire ma correspondante,
c’est aussi une idée pour des tops pas finis,
en ne quiltant que les parties utiles pour la veste.
Osons les vêtements qui se remarquent,
les couleurs qui claquent, les recyclages innovants
sans nécessairement tailler dans nos plus beaux quilts !!!… 
Et ne donnons pas l’excuse de notre âge,
au contraire restons jeunes grâce à notre allure unique !

Katell

Vêtements Psychic Outlaw – Photo Shelby Rahe

Hannah, l’attrape-quilts

Hannah, une douce et jeune maman au visage poupon, est photographe en semaine et chasseuse de quilts le week-end, écumant les ventes dans l’ensemble du Tennessee. Et sa récolte est toujours impressionnante ! Au marché aux puces de Nashville le 1er mai, elle en a récolté plus de 100.

Avec son mari, elle traque les quilts vintage, la plupart datant de l’entre-deux-guerres, beaucoup sur fond blanc avec de ravissants imprimés, mais on a aussi des fonds vifs ou pastel, illuminant tous ces blocs que nous connaissons bien… Quelle diversité ! Chacun est unique. Certains sont devenus fades, d’autres puent le renfermé, il y a parfois des taches ou des accrocs, mais aussi ils peuvent être en parfait état ! Quand on la voit dévaliser les stands, elle entend dire inévitablement : eh bien vous n’aurez pas froid l’hiver prochain !

Un autre jour, une autre pile de quilts attrapés !

Hannah aimerait bien les garder TOUS.

Bien sûr, c’est impossible. C’est en revanche son petit boulot de les acheter, les laver souvent, les mettre sur son site et les revendre à des prix très raisonnables – ils s’étalent aujourd’hui sur son site de 15 à 145 $. Attention, celui que vous repérez va sans doute partir dans les minutes qui viennent ! C’est le jeu, à peine mis sur le site, ils sont convoités. Le premier qui paie aura le quilt, la règle est simple et juste.

Voici quelques exemples de quilts trouvé le 1er mai :

Si vous souhaitez en acheter, le coût du transport hors USA doublera sans doute le prix, mais cela reste raisonnable pour ces trésors du passé…

Selon le style ou l’état, un quilt peut être un « cutter quilt », un quilt très usagé, à être recoupé pour récupérer ce qui peut l’être, un « tacked quilt », un faux quilt car il est maintenu par des nouettes par exemple… Hannah en fait une description qui vous aidera à choisir.

Hannah prend parfois le temps de profiter de quelques quilts chez elle, avant de les mettre en ligne.

Hannah poste extrêmement rapidement les quilts vendus, gage de la satisfaction du client. Ici le chargement pour aller à la Poste !

Fin février, elle alla visiter le QuiltCon, l’exposition annuelle des quilts modernes organisé par la Modern Quilt Guild. Cette année, c’était chez elle à Nashville ! Elle se rendit compte à quel point les quilts sont précieux, ceux du passé comme ceux du présent, tous ont été faits avec amour…

C’est à travers de telles petites histoires qu’on se rend compte à quel point les quilts font partie du quotidien et de la culture de nos amis nord-américains !

Son site : Stitched and Found avec de superbes photos ! Hannah est aussi très active sur Instagram, c’est là que Kristine a trouvé cette belle histoire vraie pour la Ruche…

Rappel : plus que 11 jours pour (vous) offrir BeeBook au tarif préférentiel, un livre aux quilts actuels, de futurs quilts classiques ! Tout n’est qu’une question de perspective…

BeeBook, un livre pour les quilteuses curieuses d’évoluer vers plus de créativité :
souscription ici jusqu’au 15 mai !