Vous souvenez-vous des lits des années 60 ou 70 ? Héritage à la française, tous avaient un drap plat tiré sur le matelas, puis un autre drap au rebord orné -ne serait-ce qu ‘une couture au point de bourdon- et enfin une ou deux couvertures. Des oreillers, un traversin parfois, complétaient le lit pour plus de confort. Un couvre-lit recouvrait le tout le jour.
Le Lit de Toulouse-Lautrec (Musée d’Orsay)
Les couettes sont apparues en fin des années 70, avec la mode scandinave, à peu près en même temps que les draps housse à élastiques pour recouvrir les matelas. Révolution pour les jeunes, le lit se faisait en un clin d’oeil ! Pour les lits doubles, les couettes deux places sont rapidement apparues, grandes et pas si faciles à entrer dans les grandes poches (les housses de couettes). Celles-ci couvrent tout le lit, comme un couvre-lit.
J’ai été étonnée de voir qu’en Allemagne, on ne faisait pas le lit de la même façon que nous. Un lit pour couple comprend un cadre mais deux sommiers, deux matelas… et deux couettes !!
Voir l’étonnement d’une Française en Bavière ici !
Les Allemands privilégient le pragmatisme : chacun peut bouger sans déranger l’autre, peut avoir une couette plus ou moins chaude… et le changement des draps est bien plus facile ! De jour, chaque couette individuelle (de 150 x 200 cm) est pliée en deux sous l’oreiller. Pratique, oui, mais pas très beau… et pas du tout romantique !
Les quilts sont apparus dans les pays de laine, là où sont des moutons : on récupérait les moins belles fibres de laine pour les enfermer entre deux tissus, puis on stabilisait l’ensemble par des points de quilting pour éviter la migration de la laine dans un seul coin. On le comprend bien quand on voit des restes de quilts exposés dans le Musée de Lempeter.
Quilt gallois de la région de Lampeter – 1800 – Laine (Welsh Quilt Center). Une couverture fait office de molleton. Ce style fait irrésistiblement penser à des quilts amish… qui ne commenceront à exister qu’une soixantaine d’années plus tard pour les tout premiers !
Les couettes, elles, sont traditionnellement les solutions calorifères des pays d’Europe du Nord : faute de moutons, oies et canards sont plumés, mangés… Rien ne se perd ! Les couettes les plus légères, chaudes et agréables, étaient faites avec le fin duvet du ventre pour les plus fortunés, le top étant le duvet d’eider (eiderdun en suédois… qui donnera notre mot édredon) ; les plumes, moins douces et moins calorifères, constituaient les couettes ou édredons de moindre qualité. Pour des raisons d’allergies et d’hygiène, on préfère maintenant des couettes synthétiques : coût inférieur, meilleure évacuation de l’humidité, facilité de lavage…
Quilt amish, 1925 – Collection Esprit
Les Amish, dont le mouvement fut créé en 1693 en Europe en dissidence des Anabaptistes, sont partis en plusieurs vagues à partir de 1737 vers le Pays de la Liberté, plus particulièrement vers Philadelphie et la Pennsylvanie, avec toutes leurs possessions. Tout comme les émigrants allemands et d’autres pays d’Europe du Nord, les Amish apportaient d’Europe leurs couettes nommées « sac de plumes » (feather-filled bags), ceci étant attesté dans les listes d’inventaires. Ils continuèrent d’en fabriquer en Amérique pour se tenir au chaud jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Pourquoi les femmes Amish sont-elles passées de la couette au quilt ? C’est un des points de la recherche effectuée par Dorothy Osler dans ce livre remarquable Amish Quilts and the Welsh Connection. J’ai reçu ce livre à Noël, je l’étudie attentivement ! A ce sujet, il n’y a pas de raison définitivement arrêtée. Hormis de subtiles raisons religieuses ou idéalistes, on peut avancer que les Amish, pragmatiques comme leurs proches Allemands, quittèrent cette traditionnelle source de chaleur notamment pour des raisons pratiques : on ne peut plus imaginer la puanteur de ces sacs de plumes, surtout neufs, même après le meilleur soin de préparation (nettoyage, séchage au soleil), puis très vite, les moisissures dues à l’humidité… Les quilts de laine puis de coton, à la manière des English et des Gallois (nous y reviendrons un autre jour), sont des améliorations notables au point de vue hygiénique !
Quilt amish de 1925 – Collection Esprit
Savez-vous que pour évaluer la froideur d’un hiver, on disait : « c’est un hiver à 3 (ou 4, 5…) quilts » ? Combien de quilts superposés fallait-il pour dormir au chaud dans les « log cabins » ?… Et quand l’hiver glacial se déchaînait comme la semaine dernière, comment ont-ils pu survivre ?…
Si on n’avait pas de quilt, Amish ou pas on avait encore des plumes dans cette Amérique en mouvement :
Ici des cowboys itinérants avec leur sac de duvet roulé qui leur servait à la fois de matelas et de couverture. Trop volumineux pour être transportés sur le cheval, ils étaient réunis dans un chariot :
Ah la rude vie des siècles passés !…
* * *
Une jolie histoire des Amish vous est proposée sur ce blog : http://le-fil-des-jours.eklablog.com/histoire-des-amish-etats-unis-a4754459
le quilt rouge et marron est splendide ! Le travail de quilting est (pour ce que je vois) simple mais quel travail !
Merci pour le lien de l’histoire des amish, je suis passionnée par les amish et leur histoire.
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J’ai trouvé ce lien en cherchant des illustrations. Le texte est un recueil très bien documenté… d’après ma modeste culture sur les Amish. Et je suis très admirative des différents thèmes abordés dans les blogs de cette dame (Dona Rodrigue) !
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Merci , chère Katel pour ces superbes quilts, et l’histoire de la couette…
comme toujours, c’est passionnant…
Merci à toi.. MIP
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Ce qui est drôle, c’est que couette et quilt viennent du même mot « culcita » qui désigne tour à tour un matelas, un oreiller, une couverture… en tout cas de quoi dormir au chaud et confortablement !
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Merci de ce très intéressant article. Je vais faire un tour sur le lien. Bon Dimanche
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Bonne balade sur ce lien !
Bon dimanche également Mamie poupette de Bretagne !
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Héhé, je suis de ceux qui ont adopté la couette dès les années 70!
Grand merci pour ton formidable article!
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Fin des années 70, j’en avais demandé une aussi, j’étais la première de la famille à dormir dessous !
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je ne savais pas ,j’ai convaincu dh il y a 5 ans , ce fut long mais quelle joie
biz isa
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Si DH l’a adopté, alors tout va bien !
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Article très intéressant, merci pour toutes ces recherches et bon dimanche.
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Tu sais que je me régale toujours à faire de telles recherches…
Merci Christine !
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Toujours intéressant de te lire, j’ai fait un tour sur le lien et là aussi j’ai fait des découvertes. Merci Katell et bon dimanche !
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Merci Brigitte !
Cet après-midi, taille des rosiers pour moi ! Avec ce beau soleil, on sent déjà poindre le printemps…
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un commentaire très instructif. perso, je ne supporte pas les couettes, trop chaudes pourtant j’habite à 800 m d’altitude en montagne.
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A chacune de trouver sa préférence !
Belle journée Fourmi !
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Merci pour cet article … petit truc perso, j’ai opté pour la couette, mais en « dessus de lit » j’ai opté pour un vieux drap de lin avec monogramme et jours brodés main sur le retour …. un petit air rétro qui cache bien son jeu …. et donne un petit côté romantique qui n’est pas négligeable pour une chambre … 🙂
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Très belle idée ! Ainsi cela ne devient pas trop chaud et on préserve un style intemporel…
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J’ai lu l’article sur les amish, ce qui m’a rappelé un reportage que j’avais vu sur Arte. La seule chose qui m’orrifie toujours, c’est lorsqu’un membre de cette communauté décide de partir, il soit répudié par tous et surtout sa famille… Je trouve ça d’une cruauté et d’une intolérance….
PS : concernant l’article très interressant sur les couettes, je n’aime pas trop les courants d’air car trop frileuse ! Lol !
Bises Katell et merci.
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Tu as raison… Le problème était terrible quand il y avait l’hémorragie vers le monde occidental dans les années 60-70-80. A présent, les cas sont bien plus rares car l’esprit amish est très protecteur et beaucoup moins de jeunes décident de quitter leur communauté en regard de la société en crise. Cela pose même un problème de terrain car chaque enfant doit avoir une ferme suffisamment grande pour subvenir aux besoins de sa future famille !
Et puis, cela ne concerne que les Amish observant l’ordre ancien, ce sont les moins nombreux… Restent ces quelques cas avec les parents intransigeants, c’est effectivement très dérangeant par rapport à l’image idyllique d’une société à l’abri des excès modernes.
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pour un téléthon nous avons en 35 h (il y a environ 20 ans) taillé, cousu, monté, repassé, et quilté un log cabin .même les hommes s’y sont mis ! et le dernier point a été donné par une « mémé » qui nous a dit « laissez le moi, ça m’a rappelé tellement de bons souvenirs ! » quand elle était jeune c’est comme ça qu’on faisait les « couvre-pieds » matelassés (rouges le plus souvent) avec la laine des moutons qui séchait au soleil l’été sur des toiles ou des vieux draps devant les maisons
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Tu es d’un pays de laine et de longue tradition textile ! Les anciens ont des souvenirs de traditions séculaires… Et avec toi comme chef de file, on ne peut que se surpasser 🙂
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mais il n’y avait pas 12 points sur 2 cm et 1/2 !
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On s’en fiche un peu 😉
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j’ai l’impression d’être une dinausaore! je dors à l’ancienne avec les 2 draps et des couvertures ,plus un edredon l’hiver . je suis toujours irritée dans les pays ou ily a des couettes seulement. Mes pieds restent decouverts et la couette s’en va . de plus elle est en synthetique …bien souvent . J’aime sentir l’odeur du drap de lin bien repassé,une couverture bien lourde qui enveloppe le matelas .
merci pour vos tres interessants articles
cordialement
michele
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