Un projet commun / A work in common : The Civil War Quilt

Une nouvelle plume aujourd’hui : c’est Karine qui nous raconte, avec sa fougue habituelle, l’ouvrage qu’elle a commencé en début d’année avec Martine. Les articles précédents à ce sujet furent édités le 23 mai 2011, puis le 2 juin 2011, et enfin le 13 septembre 2011.

Par égard pour les lectrices anglophones, elle offre sa traduction « home made », tout juste retouchée par notre American Bee Anne-Marie et tellement mieux que le résultat automatique… Enjoy !

Martine et moi sommes assidues parce que très motivées par notre grand ouvrage de l’année 2011 : le Civil War Quilt  (CWQ). Ce fut un choix commun de :

  • réaliser un grand ouvrage
  • travailler ensemble, nous motiver mutuellement
  • très important à nos yeux, progresser de concert techniquement, mais aussi en matière de choix des coloris et d’appariement des tissus dans les différents blocs
  • et enfin (clin d’oeil à Anne-Marie, notre American Bee) se souvenir d’un grand moment de l’histoire de son pays : les 150 ans du déclenchement de la guerre de Sécession américaine (Civil War en anglais).     

J’imagine nombre d’entre vous  lever le sourcil, incrédules. Pourquoi ce sampler sur la guerre de Sécession ?  Martine et moi avons tout de suite été séduites par les blocs proposés. Nous aimons le patchwork traditionnel, son travail simple, parfois épuré mais technique, son pur style 19ème et ses tissus de reproduction (n’est-ce pas Martine ?).

Martine and I are working hard because we are very motivated by our big project for 2011 : the Civil War Quilt. It was a mutual choice:

  • to complete a big work
  • to work together, to motivate each other,
  • to progress technically and also in the choice of fabrics and colors inside each block (very important for us)
  • and finally  (allusion to Anne-Marie, our American bee) to remember a great moment in the history of her country : the beginning of the Civil War 150 years ago.

I guess you might be surprised  by our choice : why  remember the American Civil War? There are several reasons that Martine and I were  immediately attracted to these blocks. We like traditional patchwork, its’ simple but technical work, the typical 19th century style and its’ reproduction fabrics (don’t you Martine?).

Enfin, parce que pour des raisons différentes, ce quilt nous a parlé : Martine y voit un bel hommage au travail des femmes anonymes dans la guerre : si important et si peu valorisé. J’ai envie, pour ma part, d’y souligner l’extraordinaire mais rude aventure vécue par les colons, pour beaucoup originaires de nos vieux pays européens et qui a connu son apogée lors de cette terrible guerre. Si comme moi, leur histoire vous passionne, je vous invite à lire l’excellente saga de l’émigration américaine écrite par l’historien suédois Vilhelm Moberg sous le titre « La saga des émigrants ». C’est très bien écrit et surtout très documenté, un must en matière de roman sur le sujet.

Barbara Brackman a l’intention de publier 52 blocs (1 par semaine jusqu’à la fin de l’année), nous avons déjà réalisé environ 40 blocs sur 52.  A ce stade, nous voyons déjà les effets de notre travail .

Le plus frappant , les choix et assortiments des tissus. Pour paraphraser Katell : nous osons enfin ! Notre travail nous ressemble de plus en plus, ce qui croyez-moi est extrêmement gratifiant ! Nous maîtrisons désormais de nombreuses techniques et quand nous peinons (cela arrive encore !) nous avons la grande chance de bénéficier des conseils de Katell. Enfin, nous prenons grand plaisir à nous retrouver et à faire le point sur l’avancement de notre ouvrage.

Finally, for different reasons, this quilt meant different things for us : Martine sees in it  an occasion to celebrate anonymous women’s work during the war : so important and yet  undervalued. As far as I am concerned, I would like a constant reminder of the extraordinary adventure lived by the pioneers (a lot of whom were native of the European continent) which was at its height during the war.

Barbara Brackman intends to publish 52 blocks (1 every Saturday until the end of the year). We’ve done about 40 blocks. At this point,  we already see the effects of our work. The most striking effect concerns the choice of fabrics. According to Katell, at last we’re getting daring! And our work reflects who we are more and more which is, believe me, really rewarding ! We  have now mastered  many techniques and if we are in trouble (it still happens) we are really lucky to have Katell to advise us.
Finally, we take  a lot of pleasure in working together and seeing how things progress.

Ci-dessus la grille des blocs de Martine, avec une dominante rouge-brun-bleu. Vous avez son album, bloc par bloc, dans sa galerie Flickr. Elle n’utilise que des tissus de reproduction XIXe siècle. This is a sketch with Martine’s blocks, which are mainly red-brown-blue. You can see each block on her Flickr album. She only uses repro fabrics.

Voici la mienne. Ma palette de couleurs  est plus chaude que celle de Martine (même si nous échangeons des tissus !), je me donne un peu plus de liberté dans le choix des couleurs. This is mine. Even if we share some fabrics, my colors are warmer than Martine’s and I choose a bigger array of colors.

Notre plaisir est certainement communicatif puisque nous venons d’enrôler Isabelle dans notre projet. Elle démarre une partie des blocs du CWQ à la main.  Welcome on board Isa !

Our pleasure is certainly communicative because Isabelle has just joined us. She has started to sew by hand some blocks of the CWQ. Welcome on board Isa !

Les premiers blocs d’Isa – Isa’s first blocks

Notre ouvrage est loin d’être achevé mais quel plaisir  déjà ! Aussi, si d’aventure vous hésitez à vous lancer dans un ouvrage d‘envergure, pourquoi ne pas  sauter le pas avec un(e) ami(e) ? Notre aventure américaine est déjà largement positive, alors « why not you ? »

Our CWQ is still far from finished, but what a pleasure already ! So if you’re not sure that you want to start a big work, why not try with a friend of yours ? Our American adventure is really positive, so why not you ?

Karine (with Anne-Marie !)

-=-=-=-

J’ai parfois des questions au sujet des Abeilles… J’ai donné des cours de patchwork pendant plusieurs années et beaucoup de mes anciennes « élèves » sont devenues des amies. Nous formons actuellement un groupe d’une bonne quinzaine de quilteuses dont la ruche se trouve dans l’ouest toulousain, mais quelques Abeilles viennent de loin : deux habitent en Ariège, deux dans l’Aude, une dans le Lot… L’amitié leur a effectivement fait pousser des ailes !

Katell

-=-=-=-

Vols d’oies au-dessus de Toulouse

Après les vols d’oies un peu fous du Crumb Quilt, revenons au traditionnel, mon inspiration pour toujours ! Les Vols d’Oies, ces triangles à la base 2 fois plus grande que leur hauteur, sont extrêmement beaux graphiquement et se retrouvent en sujet principal tout comme en bordure dans d’innombrables quilts. Déjà, ces formes étaient très aimées pour les pavements en marbre dans les églises romanes, cette esthétique n’est pas nouvelle ! En revanche le nom du bloc vient, comme tant d’autres, de l’observation de la Nature par les Américains. Les migrations des oies, très nombreuses, bruyantes, majestueuses, en forme de grand V dans le ciel vers le Nord, annonçaient très tôt l’approche du printemps, puis dans l’autre sens l’arrivée de l’automne…

Lorsque des débutantes souhaitent apprendre vite et bien les règles essentielles du patchwork, rien n’est plus efficace qu’un sampler. C’est ce que je propose, parfois avec insistance… En janvier 2009 arrive une « nouvelle » en cours d’année, et le bloc du jour est le vol d’oies 4 par 4 : avec un tour de passe-passe, on coud 4 vols d’oie à la fois ! Magie des nouvelles techniques de coupe rapide… Je montre à cette occasion  un de mes petits quilts en exemple où on y retrouve bien chaque bloc en 4 exemplaires.

Petit quilt très classique, bien sage mais toujours aimé, Vols d’Oies

Ce premier cours fut fort bien exploité par Martine, ma nouvelle d’alors, qui est vite devenue une de mes Abeilles les plus dynamiques ! Je lui laisse vous raconter ses débuts…

DIS MAMAN…

Comme vous, sans doute, avant même de savoir quilter je lisais des livres de patchwork imaginant le moment où je pourrais réaliser un modèle favori. Le livre « Le patchwork » de Diane Crawford et de Lucinda Ganderton aux éditions Gründ dans la collection La maison sous toutes ses coutures est un des premiers que j’ai feuilletés inlassablement et dont un modèle me plaisait particulièrement. C’est un modèle très classique composé de blocs « vols d’oies » montés en bandes.

L’été 2009 qui a suivi mes premiers cours et premiers pas dans le patchwork, je me suis lancée avec frénésie et sans complexe dans la réalisation dudit quilt destiné à couvrir le lit de mon ado de fils ! Nous avions en cours, coïncidence, appris à réaliser le fameux bloc en couture rapide. A la fin de l’été j’avais non seulement réalisé les 168 blocs mais monté le top et j’étais toute fière de pouvoir faire admirer mon travail par mes amies les abeilles à la réunion de septembre.

La rentrée à la ruche m’accapara complètement avec les nouveaux cours, j’avais tellement à apprendre… J’ai entrepris de nouveaux projets et  j’ai vite oublié mon top aux vols d’oies, d’autant plus facilement que je ne savais guère matelasser à la main. Mais voilà qu’un jour mon fils me dit : « Dis maman quand est-ce que tu finis ma couverture !».

Alors là surprise, étonnement, dérobade, quelques mots bredouillés, oui mais ….!! Le  croirez-vous, pendant deux ans mon ado m’a régulièrement demandé « dis maman quand est-ce que tu finis ma couverture !». Méthode de pression très efficace, d’autant plus qu’entre temps j’avais appris à matelasser à la main dans les règles de l’art. L’échéance est donc devenue incontournable, fin de l’été 2011 !

Pour la petite histoire j’ai fini par le matelasser….à la machine ! Grâce à notre reine des abeilles qui m’a gentiment prêté une bonne machine à coudre (avec double entraînement…etc.) et les conseils avisés d’une abeille ! Il eût été dommage de le laisser sans matelassage n’est-ce pas ?

Mais là n’est pas l’essentiel ! N’est-il pas dans toutes ces petites histoires que chaque ouvrage raconte ? Elles rendent le patchwork si vivant et chaleureux  qu’on en devient vite accro !

Martine

Ce couvre-lit fait maintenant la fierté du fils de Martine !

-=-=-=-

150 ans après

La patine du temps fait qu’on n’a pas autant le coeur serré en commémorant les 150 ans du début de la Guerre de Sécession, appelée Civil War par les Américains, que le 11 septembre si proche. Ce fut pourtant une tragédie, avec  628 000  tués pour une population de 35 millions. Deux mondes, le Nord et le Sud, défendaient chacun leur mode de vie et leur vision du monde ; pour une information complémentaire, vous pouvez lire ce dossier ou approfondir avec, par exemple, le livre d’André Kaspi « Les Américains, naissance et essor des Etats-Unis ».

Le XIXe siècle américain est dans nos mémoires un monde extrêmement dynamique où tous les immigrés ont leur chance, avec la colonisation progressive des terres vers l’Ouest jusqu’à l’océan pacifique. On oublie trop souvent le partage nord/sud : ce nord connu, peuplé, à l’industrialisation galopante, contre le sud rural et surtout esclavagiste jusqu’à la fin de la guerre civile. A noter qu’un roman écrit par une femme, Harriet Beecher-Stowe, La Case de l’Oncle Tom, fut le déclencheur majeur de la lutte contre l’esclavage.

Toute cette année, des centaines de quilteuses suivent les événements de cette guerre grâce au blog de Barbara Brackman Civil War Quilts. Chaque semaine est proposé un bloc, que deux Abeilles de notre Ruche continuent de faire. Voici l’avancement de Martine qui, férue d’informatique, nous le montre en simulation ici :

Vous pouvez également visiter sa galerie de blocs.

Bien sûr, Martine et Karine seront heureuses de vous présenter leur bébé-top en janvier, avant la longue période de matelassage !

-=-=-=-

Articles précédents sur le Civil War Quilt : Patchwork et Histoire, histoire de patchwork et aussi The Civil War Quilt, ou la naissance d’un projet commun

The Civil War Quilt, ou la naissance d’un projet commun

La plume à Martine : 

Avez-vous eu la curiosité de visiter le site de Barbara Brackman consacré à la commémoration du 150ème anniversaire du début de la guerre de sécession  aux Etats- Unis ? Dès que nous avons eu l’information nous étions quelques-unes à visiter le site, et déjà les projets se construisaient dans notre tête !

En effet le groupe des Abeilles de notre Ruche est uni  par la passion, toujours renouvelée, du patchwork et par la curiosité, l’envie d’entreprendre, d’aller de l’avant de ses ouvrières laborieuses ! La reine de notre ruche connaît bien cette envie !  Nous ne manquons pas d’infos, de nouvelles pour entretenir cette curiosité ! 

Parfois l’envie s’arrête au stade de projet imaginé mais dans le cas du Civil War Quilt quelque chose s’est passé. Le lien avec l’histoire de ces femmes, de ces évènements nous auraient-ils émues ? Sans doute. Nous connaissons toutes ces blocs « Northern Star », « Seven Sisters »  et bien d’autres, nous les avons toutes ou presque déjà cousus, quiltés mais imaginer qu’ils avaient une histoire fut une découverte (au moins pour moi) . C’est ce qui a fait naître et grandir l’envie d’aller plus loin et de confectionner, chaque semaine, un bloc différent qui au final constituerait un quilt fabuleux qui raconterait une histoire authentique ! 

Une partie du groupe des Abeilles est engagée dans un projet commun « le Sampler de Sylvia » qui porte aussi une histoire formidable. Il faudrait que Katell nous en parle prochainement et nous montre les magnifiques blocs réalisés ! Certaines d’entre nous n’avaient pas osé se lancer dans ce projet mais avaient tout aussi envie de bâtir un projet en commun, le Civil War Quilt nous en fournit une excellente opportunité. L’envie a mis du temps à grandir jusqu’au jour où l’une d’entre nous pose la question « tu ne serais pas intéressée par Civil War car si tu es d’accord, on se lance ensemble ! » Quelques semaines ont encore été nécessaires et puis en avril Karine et moi-même avons annoncé officiellement par mail au groupe des Abeilles, avec la photo de notre premier bloc, la naissance de notre Civil War Quilt ! Nous avions presque la fierté d’une jeune maman !

Depuis nous cheminons, nous ne sommes pas très en avance, il y a déjà 22 blocs publiés
mais d’ici les vacances d’été nous aurons rattrapé le retard. Ce travail en commun nous fournit l’occasion de rencontres et d’échanges très chaleureux, il nous permet de mettre en commun nos savoirs respectifs et ainsi progresser et consolider nos connaissances.  Soutenues et encouragées par Katell les obstacles techniques (parfois compliqués) sont
plus faciles à surmonter ! Ce faisant nous participons au challenge international lancé par Barbara Brackman et ce n’est pas pour nous déplaire !  A suivre donc…

Avancement des blocs du CWQ de Martine

Ma galerie Flickr : http://www.flickr.com/photos/crbcsrmbr/with/5740909633/ et bientôt, nous aurons des photos des blocs de Karine.

A bientôt, Martine

Blog du Civil War Quilts : http://civilwarquilts.blogspot.com/

Nous publierons l’avancement de nos SBS cet été, nous sommes 6 ou 7 à l’avoir commencé. En attendant la rentrée et notre nouvelle organisation, nous cousons solitairement… Katell

Patchwork et Histoire, histoire de patchwork

Aujourd’hui, je suis très heureuse de laisser Martine s’exprimer ! C’est une de ces Abeilles qui veut toujours apprendre, comprendre, partager… Qui croirait, en voyant tous ses ouvrages et ses connaissances, qu’elle n’a commencé le patchwork qu’en janvier 2009 ?…

Connaissez-vous Barbara Brackman ? Elle n’est pas vraiment connue pour ses quilts, mais elle en parle de façon magnifique et ce qu’elle nous en dit donne finalement du sens à nos travaux d’aiguille ! Cette Américaine est historienne du patchwork aux Etats-Unis. D’origine très ancienne, le patchwork  n’est pas né aux Etats-Unis mais s’y est énormément développé d’une manière originale et connaît encore aujourd’hui un engouement important, on peut même parler d’un nouvel intérêt considérable !

Barbara Brackman a publié de nombreux ouvrages, dont le fameux « Encyclopedia of Pieced Quilt Patterns », une bible en quelque sorte où sont répertoriés plus de 4000 blocs classés selon leur schéma, avec la date de première parution, les divers noms attribués…  Un autre de ses nombreux livres, le seul traduit en français, raconte l’évolution des tissus sur le marché américain, leur disponibilité, les progrès techniques, la mode : passionnant ! Elle est également styliste-créatrice de tissus de reproductions, chercheuse, visiteuse infatigable de musées et d’expositions… Pour suivre ses recherches et ses découvertes, allez visiter son blog généraliste.

Quilts traditionnels et tissus anciens : 1770-1890

Cette année, Barbara Brackman s’intéresse plus particulièrement aux quilts du 19ème siècle associés à la guerre civile américaine (1861-1865)  qui fut un tournant majeur dans l’économie et la philosophie des Etats-Unis, puisqu’elle aboutira à l’abolition de l’esclavage.  Sa démarche originale, ouverte et pédagogue, est de nous proposer sur un autre blog, « Civil War Quilts », l’histoire de cette guerre via les femmes et leurs ouvrages en patchwork.  Nous pouvons chaque semaine, pendant toute cette année de commémoration, confectionner un bloc dont le nom évoque un épisode de cette époque. Nous apprenons ainsi l’Histoire qui se rattache à des blocs que nous connaissons « techniquement » puisque nous apprenons aussi à les faire. Il n’est d’ailleurs pas rare que ces blocs, dits traditionnels, ornent nos premiers samplers.

Mais le plus intéressant sans doute c’est qu’en nous parlant de ces blocs et des évènements auxquels ils sont associés, Barbara Brackman nous parle des femmes qui les ont conçus ou qui y sont liées. Ainsi derrière des modèles techniques apparaît une aventure humaine et féminine très riche. Chaque quilteuse connaît la charge symbolique et historique du fameux « Dear Jane » mais Barbara va plus loin en nous parlant de ces nombreuses femmes souvent anonymes, elle resitue ainsi leur  rôle et leur donne une légitimité historique.

L’accès à cette connaissance historique nous permet de comprendre, sans doute, l’engouement du patchwork aux Etats Unis dont les racines se confondent avec l’histoire de la société américaine et son évolution.

Nous reparlerons du Civil War Quilt qui passionne plusieurs Abeilles !

A bientôt,

Martine

Samplers de Légende

Dear Jane, Dutch Treat, SBS, CW, Nearly Insane….. et tant d’autres ! Devinez-vous ce qui se cache derrière ces appellations ? Une occupation qui monopolise des centaines d’heures, des années à vrai dire pour la plupart des quilteuses… Oui, ce sont quelques-uns des Samplers  de Légende redevenus tellement attractifs depuis une dizaine d’années !

On peut traduire le mot sampler par « ensemble d’échantillons », « échantillonneur », ou plus littéralement « ensemble d’exemples » en s’appuyant sur l’étymologie (sampler vient de examplus en latin), c’est si long qu’on préfère s’habituer au mot anglais !

On peut associer un Sampler quilté à ce qu’on connaît bien en France, le marquoir des brodeuses. Enfant -ou jeune adolescente- la demoiselle apprenait jadis à tirer l’aiguille pour apprendre à faire tous les ouvrages qu’elle devra coudre dans sa vie, mais aussi à broder pour quelques embellissements et le marquage du linge. En effet, le linge était souvent confié aux lavandières, extérieures à la maison, et il fallait pouvoir trier le linge par famille, d’où les initiales des époux sur toutes les pièces de linge du trousseau ! En fonction de la famille, de la région, de l’appartenance sociale, cette petite histoire est plus ou moins avérée bien sûr. Pourtant des générations de jeunes filles vont apprendre à faire du point de croix en réalisant un panneau comportant un abécédaire, les chiffres, le nom de la demoiselle, sa date de naissance quelques frises décoratives… c’est ce qu’on nomme en général un marquoir. Il était souvent brodé au fil rouge, tout comme les marques de linge, la teinture à la garance résistant le mieux aux lavages. Un beau thème de collection !

De même, un Sampler était à l’origine réalisé par les petites filles -du temps de « La Petite Maison dans la Prairie » !- pour apprendre le b.a. ba du patchwork. Les mamans savaient bien que leurs filles devraient faire un certain nombre de quilts dans leur vie, en général très utilitaires, parfois de prestige ; elles savaient aussi que la qualité des points et de l’assemblage seraient  vus et commentés par la communauté ! Un sampler est donc un quilt en patchwork dont chaque bloc est différent, afin d’apprendre les diverses techniques d’assemblage. La fierté étant engagée, l’envie de créer de la beauté étant également évidente, ces samplers de petites filles sont très touchants !

Schoolgirl Sampler Quilt de Kathy Tracy, édité dans son livre « Prairie Children and their Quilts », vu également dans son blog « A Sentimental Quilter »

Ensuite surviennent des samplers assimilables à des prouesses techniques et esthétiques, cousus par des femmes qui nous touchent aujourd’hui par leur créativité mais dont nous ne savons parfois presque rien… D’autres sont inventés par nos contemporaines, bien plus médiatisées ; nous avons ainsi pléthore de modèles à reproduire ou à interpréter librement. Ce qui est certain, c’est que tous ces samplers attirent  inmanquablement le regard émerveillé de tous !

Voici LE sampler qui lança cette vague, le Dear Jane Quilt

Passion Patchwork, Passion Samplers

France Aubert, la passion du patchwork

C’est en automne dernier que j’ai retrouvé France Aubert par le biais de son blog Passion Patchwork, le bien-nommé ! J’y découvre une mine d’ouvrages, des sacs, des pochettes, des tableaux en point de croix, etc. mais surtout de superbes quilts !

Un Jardin de Grand-Mère fort harmonieux

Que de beaux ouvrages ! France s’inspire du folk art américain, du meilleur, qu’elle déniche chez Blackbird Designs, Janet Miller par exemple, mais se ressource principalement auprès des quilts de tradition. Par exemple, les maisons, grandes et petites, sont un de ses thèmes de prédilection, ainsi que les étoiles de toutes sortes, les paniers, les tulipes, bref tout le petit univers des blocs aux infinies variantes qui constituent le plus beau du patchwork traditionnel.

Maisons d’Automne de FranceA, de nombreux tissus à carreaux ou rayures renforcent la chaleur de ce modèle. A noter l’union assez rare des bleus et des marrons que nous affectionnons toutes deux !

LA Quilteuse de Samplers !

Mais son genre préféré semble être, au fil du temps, la création de samplers. Elle les collectionne avec bonheur, recherche de belles harmonies, des thèmes de saison, toujours avec son style « Country chic » très minutieusement cousu. Regardez cet immense ouvrage :

Grand Sampler aux détails magnifiques et plusieurs blocs créés par FranceA, avec un montage selon la méthode « quilt-as-you-go », c’est-à-dire que chaque bloc est quilté séparément puis assemblé.

Dans d’autres couleurs, j’aime beaucoup celui-ci aussi, à une échelle fort différente :

Mini-quilt bleu-blanc-rouge-marron, un bel assortiment de tissus de reproduction et un adroit mélange de carreaux et de fleurs pour un air country frais et craquant

Actuellement, elle continue à coudre son Dear Jane, sampler historique dont je vous reparlerai, et participe, semaine après semaine, à l’aventure du sampler Civil War initié par Barbara Brackman, historienne du patchwork américain -un thème que j’aborderai aussi plus tard ! France a choisi pour cet ouvrage une gamme très douce de tissus réédités du XIXe siècle et c’est aussi pour elle l’occasion de relire des livres ayant trait à cette période, approfondir ses connaissances et généreusement nous faire partager ses découvertes.

France a tant d’exprience dans son domaine qu’elle crée des modèles, parfois des kits, vous avez sûrement déjà admiré l’un d’eux dans les magazines ! Ses explications sont toujours soignées, vous pouvez lui faire confiance, et vous pourrez vous adonner à la quiétude de l’assemblage à la main et suivre ses conseils avisés pour des finitions irréprochables.

Gage de qualité reconnue, FranceA expose cette année (enfin !) à Brouage, deux quilts d’un coup ! Ce ne sera sans doute pas la dernière fois… En attendant, allez musarder chez elle…

Une création de France A.

HAPPY QUILTING !

http://passionpatchwork.wordpress.com/

Passion Samplers

A la découverte de France Aubert

Alors que je commençais tout juste à être « prof de patchwork », en décembre 2005, j’ai acheté par réflexe un hors-série des Editions de Saxe : Passion du Patchwork – Quilts traditionnels. Une fois à la maison, j’ai trouvé les modèles bien craquants, de très bonne qualité, sans enfantillages, bref d’un goût exquis. Moi qui aime tant les Etats-Unis, je suis tout de même parfois perplexe devant des modèles trop maniérés ou trop enfantins. Il y a une frontière invisible entre le style « Folk Art », « Country », qu’on peut traduire par « Art populaire » et « style campagnard » que j’apprécie énormément, et la valorisation de n’importe quoi. Dans ce domaine se côtoient le meilleur  et du moins bon, mais c’est à chacun d’établir sa propre frontière évidemment !

Donc ce hors-série tout de suite m’impressionne par sa qualité, son raffinement, avec ses mélanges de fleurs et de carreaux fort réussis, la clarté des explications, la présentation d’étiquettes-signatures soignées, bref un beau florilège de modèles. Ce n’est qu’après plusieurs jours que je me rends compte qu’une seule personne a élaboré ces 12 ouvrages, France Aubert, une Française ; entre autres trois samplers étaient présentés, l’un d’eux présentant une rare particularité : les blocs sont ronds… comme des boutons !

Sampler et Boutons de France Aubert, 2005

Un sampler tout classique est ainsi transformé en sampler à thème ! J’ai montré maintes fois cet ouvrage en exemple, afin d’inciter mes Abeilles à personnaliser leur « Sampler de Débutante ». Et c’est un fait qu’aucun ne ressemble à celui de la copine, beaucoup sont de style « country » avec parfois des points de croix, d’autres en batik ou en tissus japonais… Tous ont la marque de fabrique de la quilteuse, c’est là l’essentiel !

Qu’ai-je retiré de ce premier contact indirect avec FranceA ? Tout d’abord du plaisir, de la motivation, mais aussi une idée de stage ! Son quilt d’étoiles plumetées m’a incitée à proposer ce thème.

J’ai suivi son patron, mais je n’ai pas son talent et sa minutie pour tout coudre à la main, c’est pourquoi j’ai proposé ma propre version d’explications, tout à la machine, avec les « petites plumes » en couture sur papier pour assurer la précision. Ce n’est pas un bloc facile, et pourtant à la suite de ce stage ont fleuri de multiples étoiles plumetées tout autour de moi : rien ne pouvait me faire plus plaisir ! A mon tour de pouvoir remercier France qui m’a inspirée…

NB  : toutes les illustrations proviennent du blog de France, « Passion Patchwork » (voir ci-contre). Bientôt, la suite de ma découverte du style de France !

Et je n’oublie pas le mot de la fin que j’emprunte à France :  HAPPY QUILTING !

The Elm Creek Quilts Novels…

… ou la saga préférée des quilteuses anglophones !

Dans les années 90, Jennifer Chiaverini, jeune diplômée en littérature, eut l’idée géniale de conjuguer ses passions : l’écriture et les quilts. Son premier roman, The Quilter’s Apprentice, nous présente Sylvia, sa vie et ses racines, son caractère et ses passions, son manoir familial perdu puis retrouvé, the Elm Creek Manor, lequel sera finalement reconverti en centre de stages de patchwork grâce à la jeune Sarah. Le succès de ce livre rend possible la parution d’autres histoires, toujours liées à ces personnages. Je ne veux pas vous déflorer tous les thèmes, mais sachez qu’au fil des romans vous découvrirez les facettes de la vie de Sylvia et de sa famille, mais aussi vivrez dans diverses époques avec une foule de personnages attachants et toujours des femmes quilteuses aux destins les plus divers…

L’une des qualités de l’auteur est de savoir décrire les psychologies typiquement féminines, une autre de sérieusement se documenter sur l’époque historique qu’elle décrit, le tout est donc pour moi irrésistible !

Cette année, les États-Unis célèbrent les 150 ans du début de la Guerre de Sécession ou Civil War pour les Américains, c’est donc fort opportunément que Jennifer vient de sortir son dix-septième roman :

Je vais bientôt m’y plonger !

Depuis plusieurs années, sur des forums, dans les clubs de patchwork, des milliers de quilteuses francophones se plaignent que la traduction française de ces romans ne paraisse pas, alors que plusieurs tomes existent en néerlandais et en allemand. Après renseignements, y compris auprès de Jennifer, la réponse est qu’aucun éditeur français n’ose se lancer dans cette aventure onéreuse. Ils n’imaginent pas la vitalité du monde du patchwork en France et en Belgique et ce que cela leur rapporterait…

Frileux éditeurs !

J’envisageais d’organiser une pétition ou contacter des éditeurs régionaux pour les inciter à se risquer, comme Actes Sud avec Millenium, à lancer un nouveau genre dans le monde littéraire francophone. Comme j’ai le confort de pouvoir lire ces formidables histoires en V.O., j’avoue ne pas avoir persévéré. Qui connaîtra une oreille attentive et influente dans le monde de l’édition ?

Vous pouvez patienter en vous lançant dans le Sampler de Mariage de Sylvia, quilt dont on parle dans le tome 6, dont les explications sont publiées en français cette fois par les Editions de Saxe. Malheureusement, ils sont spécialisés dans les livres « techniques » et non les romans…

http://elmcreek.net/ et http://www.sylviasbridalsampler.com/