Cercles de Femmes

Mis à part quelques rares hommes, tellement talentueux d’ailleurs, ce sont les femmes qui s’expriment dans l’art textile, et comme bien d’autres femmes, après avoir vécu dans un milieu mixte ou à majorité masculine, j’ai découvert le bonheur d’avoir un entourage majoritairement féminin. Évidemment, quelques exceptions perturbent l’ambiance ça et là, mais c’est un problème qui ne tient pas au genre, juste à la nature humaine.

L’entourage des quilteuses m’a tellement apporté ! Les Abeilles, mes amies, bien sûr, et tant d’autres rencontrées dans ma région, en stages, en Journées de l’Amitié… 

J’avais déjà l’amour inconditionnel de mes trois sœurs, un peu plus jeunes que moi mais si proches. Ce capital confiance est inestimable, pour la vie. Mais dans notre société, malgré le féminisme qui prend racine dans le Siècle des Lumières et se concrétise avec les mêmes droits à l’éducation, au travail, au vote (etc.) que les hommes, il a fallu encore et toujours combattre le patriarcat, le sexisme… Les suffragettes, puis d’autres mouvements plus récents comme le MLF, ont fait avancer les mentalités dans notre société – des hommes comme des femmes. Et des hommes ont aussi contribué à ces avancées. Pas tous… malgré leur renommée.

L’homme crée, la femme procrée. JJ Rousseau

Le génie ne peut être que masculin. Proud’hon

Naïvement, je croyais le droit de cuissage, la promotion canapé et autres pratiques de domination masculine quasi obsolètes, mais #metoo ou #balancetonporc ont dénoncé leur douloureuse actualité, tellement fréquente encore. Nous verrons dans les prochaines années si ce mouvement de masse fait que durablement ces scandaleuses pratiques diminuent. Toujours est-il que ces dénonciations sont un élan de solidarité féminine, bien plus vive depuis quelques années, avec l’esprit de sororité (vient du latin soror, sœur ou cousine), ce sentiment de respect, de confiance, de connivence entre femmes, qui est encore autre chose que la pure amitié. Ce n’est pas un mot nouveau :

… Et tu seras protecteur de leur sororité. François Rabelais, le Tiers Livre, 1546

Photo Cercle de Femmes – Montréal (Canada)

Des réunions de femmes existent bien sûr depuis « toujours » : cercles d’amies, cercles littéraires, cercles de quilteuses, mais désormais éclosent des cercles de paroles de femmes pour être femme et vivre femme. Sans rejeter les hommes mais sans en avoir besoin, comme une complétude. Beaucoup se tiennent à la nouvelle ou la pleine Lune, pour célébrer la proximité de la femme avec cet astre. En général, ce n’est pas un endroit de thérapie, mais simplement un lieu où l’on se sent en sécurité pour partager son vécu et apprendre de l’autre. Ces cercles de femmes reprennent des coutumes ancestrales, dans nombre de civilisations traditionnelles, et ce sont les Amérindiennes qui sont mises généralement en avant comme modèle.

 Pendant ces quelques jours considérés comme sacrés, les hommes œuvraient pour que les femmes ne manquent de rien et soient pleinement disponibles pour communier, écouter leurs intuitions, se transmettre du savoir et recevoir les visions qui pouvaient être utiles à l’ensemble de la tribu. Bhakti

J’ai découvert récemment Leah Dorion, artiste Metis (peuple canadien issu d’anciens métissages amérindiens/européens, principalement français) qui illustre avec simplicité et beauté ces cercles de femmes. Elle peint son héritage du Saskatchewan (Canada), célèbre les femmes de son peuple, leur spiritualité dédiée aux forces de la nature ou des scènes de la vie ; que ces petits bijoux vous emplissent de joie, et peut-être vous inspirent une œuvre textile !

Femmes qui dansent, Leah Dorion (2007)

Les petits cercles partagés en quatre, en rouge-jaune-blanc-noir, sont présents dans presque toutes les peintures de Leah Dorion où se trouvent des femmes. C’est la roue de la médecine amérindienne.
Donneuses de Vie, Leah Dorion.

Cueillette d’amélanches, Leah Dorion
Douzième Lune, Leah Dorion
Treizième Lune, Leah Dorion
Souffle de Vie, Leah Dorion
Menant les chevaux, Leah Dorion
Hymne au Tremble (l’arbre), Leah Dorion, 2015

Leah et son chien Lightening (Éclair)

Voici le site de cette artiste : https://www.leahdorion.ca/

Après ce monde de couleurs et de belles sensations, la chute n’en est que plus dure, je suis au regret de vous annoncer que le covid a eu raison du rêve de Pierrette : ni le FIFO, ni donc l’exposition de Béatrice Bueche n’auront lieu cette année (voir l’article de Marmotte Rousse).

Finissons en couleurs et musique en écoutant un entretien avec Leah, lors d’une de ses expositions :

 

La tente des femmes, Leah Dorion 2009