Western Spirit 6 – Mustangs

Une Mustang :

Ford Mustang version 1965, une des premières !

Un Mustang :

420px-Ford_Mustang_2005_logoLa Ford Mustang, au logo avec un cheval galopant, est une gamme de voitures américaines mythiques, fabriquées depuis 1964. Ford a inventé l’automobile à destination des baby-boomers, une petite voiture puissante et fun qui ne passe pas inaperçue, customisable, symbole avec sa concurrente, la Chevrolet Camarro, de l’Amérique moderne, jeune et insouciante, avide de liberté.

Ford fut bien inspiré de choisir pour leur voiture destinée à la jeunesse cet animal libre et sauvage et c’est bien du cheval que je souhaite te parler car son histoire est singulière et loin de ce qu’on croit savoir.


Il y a 10 000 ans en pleine préhistoire, on ne sait pas vraiment pourquoi, les équidés disparurent du continent américain (nord et sud). Les spécialistes avancent les attaques massives des tigres aux dents de sabre, des éruptions volcaniques, des maladies… Les mustangs ne sont donc pas une race de chevaux sauvages d’origine américaine. 
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En 1519 Cortez débarqua chez les Incas (au Mexique actuel) avec 16 chevaux. Imagine la terreur des indigènes devant ces diables blancs et barbus juchés sur des animaux inconnus ! Les bateaux venus d’Europe continuèrent de faire venir des chevaux d’Espagne jusqu’à ce que la reproduction leur en fournisse suffisamment sur place. Dès 1540 les Espagnols étaient sur le territoire des Etats-Unis dans l’actuel Nouveau-Mexique, avec un gros troupeau de bovins et plus de 1 000 chevaux et mulets. Une tempête de grêle fit s’échapper nombre de chevaux. C’était le début des mustangs, ces mestengos, animaux errants. Les Indiens apprirent vite à capturer et re-domestiquer ces chevaux, ils les considéraient comme un don céleste, donnant un nouveau sens de liberté à leur vie, leur permettant de se déplacer plus vite, de mieux chasser… mais ils  ne suffiront pas pour défendre leur territoire face aux Euro-américains. 


Les mustangs ont des règles de clan qui évitent la consanguinité et sont particulièrement frugaux, d’où leur vigueur dans les immenses plaines souvent arides. Ils peuvent doubler leur population en 4 ans : tu connais le vertige des nombres, en peu de temps cela fait beaucoup de mustangs !

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Depuis le 16e siècle donc ces chevaux ont changé la vie des Indiens, il y aurait mille anecdotes à raconter ! Ainsi en Espagne et plus largement en Europe on dépréciait les chevaux à plusieurs couleurs, alors ceux-ci, ayant moins de valeur marchande, étaient les premiers à partir vers le Nouveau-Monde. De leur côté, les Indiens trouvaient au contraire ces animaux particulièrement beaux et les capturaient en priorité ! Les Perce-nez (leur territoire était sur les Etats actuels de Washington et Idaho), à force de les sélectionner dans la nature, ont créé les Appaloosas, qui sont en fait un mélange de mustangs et de chevaux de trait bretons apportés au Canada. Eh oui, les Français et aussi les Anglais ont aussi apporté leurs chevaux sur la côte nord-est d’Amérique… Outre leur beauté, les Appaloosas ont une allure particulière (façon de marcher appelée Indian Shuffle) très confortable, qui permet de couvrir de très longues distances par jour. 

Indiens Nez-Percés et leur cheval Appaloosa, vers 1895. Le nom de la race du cheval fait très exotique, mais cela vient de « la pelouse », nom donné à la prairie à longues herbes par les trappeurs canadiens (et à une rivière de ce territoire). Les Français étaient souvent les interprètes entre les Indiens et les Anglais, car ils avaient des relations étroites et très amicales avec les Natifs. Un bon point pour les Français !
© Gerard Lacz / Rex Featu/REX/SIPA

Mais le monde change. On utilise bien plus les chevaux des moteurs de voiture que ceux à quatre pattes. Ni les Indiens ni les pionniers ne capturent désormais de mustangs. Les immensités qui paraissaient infinies se morcellent, on atomise les étendues naguère sauvages avec les constructions, l’agriculture, l’élevage. Les mustangs, qui furent une aubaine, deviennent un problème. A présent on ne sait plus comment gérer dignement le sort de ces animaux. Vous pouvez lire ces articles à ce sujet :

http://mag.monchval.com/les-mustangs-toujours-nombreux-dans-louest-americain/ 
et

https://www.marieclaire.fr/la-derniere-cavalcade-des-chevaux-sauvages,1248134.asp

 Cet article datant de 2 ans explique la lutte contre les mustangs sauvages et les scandales en cascade. Attention, âmes sensibles s’abstenir de cliquer… La suite moins dramatique mais qui ne règle pas le problème est ici. 

Madeleine Pickens, une milliardaire à la vie tumultueuse, consacre désormais une partie de sa vie et de sa fortune à la protection des mustangs. Son immense ranch dans le Nevada est un sanctuaire pour ces animaux qui symbolisent si bien l’esprit de liberté cher aux Américains. Une goutte d’eau, mais qui fait du bien ! Cependant, personne n’étant parfait, elle leva des fonds pour la campagne présidentielle de Donald Trump… mais ce n’est pas le sujet.

Des chiffres alarmants viennent d’être publiés : 60 % des animaux sauvages, toutes races confondues, ont disparu en 40 ans. Ces mustangs, descendants de chevaux domestiques, ont beaucoup de défenseurs mais ont-ils encore la possibilité de vivre en toute quiétude ?
Ce qui semblait être une bonne idée (apporter des chevaux en Amérique pour faciliter les transports) est devenu avec le temps un gros souci en Amérique. Le même phénomène est arrivé en Namibie mais avec un dénouement plus heureux : des chevaux apportés par des colons allemands pour le travail dans les mines ont pris également leur liberté mais ceux-ci ont bien plus de chance, la Namibie restant à ce jour un pays désert !

Nous n’avons pas vu de mustangs en liberté, mais nous avons visité un promontoire dominant le Colorado qui s’appelle Dead Horse Point. Un panorama à couper le souffle, dominant de 600 mètres une boucle du fleuve Colorado. Le nom m’a intriguée, l’endroit du cheval mort. On raconte que la forme du promontoire permettait de garder les mustangs facilement dans un corral (enclos) naturel, sans construire de coûteuses barrières. Mais à un moment l’eau manqua et les chevaux ne survécurent pas, ne pouvant se désaltérer avec l’eau du Colorado qu’ils sentaient et voyaient 600 mètres plus bas… Trop triste ! L’autre version n’est pas mieux : des cow-boys acculaient régulièrement les chevaux jusqu’au bout de ce plateau, ils ne pouvaient s’échapper, ils étaient capturés… et sans doute mangés… Cela faisait naguère partie de la régulation des hordes.


Non loin de ce Dead Horse Point se trouve l’un des plus beaux Parcs Nationaux : The Arches. Voici une parmi les plus belles arches formées par l’érosion du vent, the Delicate Arch, symbole qu’on retrouve sur les plaques d’immatriculation des voitures d’Utah : 

Coucou oui la toute petite c’est moi !

Une autre boucle du Colorado s’appelle Horse Shoe Bend, la boucle en forme de fer à cheval. Cela se trouve au sud de la ville de Page, en amont du Grand Canyon. En voici une belle photo du blog Road Trippin, un de ceux que j’ai lus avec beaucoup d’intérêt avant notre départ :

L’eau émeraude est magnifique, mais pas ‘normale’, elle vient d’être filtrée au barrage près de Page.

Les noms de ces lieux naturels montrent la proximité des hommes et des chevaux. Et bien sûr beaucoup de quilts ont pour thème cet animal si beau et pacifique. Ci-dessous un quilt que j’ai fait il y a 10 ans, dédié à mon fils Erwan pour ses 11 ans, donc il y a 11 chevaux (ah-ha quelle subtilité…). Parallèlement, mon amie Madeleine en avait fait aussi un pour son petit-fils, nous avions partagé les tissus, les idées et ces deux quilts sont témoins de notre amitié, toujours aussi vivace aujourd’hui. Leur petite histoire est ici et le modèle des chevaux est de la regrettée Joan Colvin.

Le haras, Madeleine Fillola, 2008
OK Corral, Katell, 2008. Comme je te le racontais ici, OK Corral fait référence à une fusillade ayant eu lieu à Tombstone. C’était un de mes rêves de visiter cette ville un jour et nous y sommes allés !… Je t’en parlerai un autre jour dans cette série Western Spirit.

Les chevaux sont un des thèmes qui font plaisir pour un cadeau, tant d’enfants et d’adultes les aiment ! Il en existe des milliers, en voici une toute petite sélection qui peut t’inspirer :

Modèle en PDF offert ici, les chevaux sont en appliqué machine.
Chevaux réalisés en couture sur papier. La quilteuse montre ce quilt sur son blog et y donne les références du modèle sur papier.

Mon chouchou est Mustang, quilt de Jill, Lady Pie Quilts, inattendu avec les couleurs acidulées.

La semaine prochaine, je te parlerai du fleuve Colorado, entre émerveillement et désespoir…

Until later, à mardi prochain avec tout autant de plaisir,
Katell

15 commentaires sur « Western Spirit 6 – Mustangs »

  1. Encore une fois, les hommes jouent à Dieu en introduisant des animaux dans des lieux qui ne sont pas les leurs….Et qui en paie la facture ????? Je pense à ces lapins introduits en Australie et autres exemples….
    J’ai lu avec intérêt cette histoire de chevaux. Cet article ne va pas intéresser que les quilteuses : je vais le faire lire à ma nièce passionnée d’équitation. Et, qui sait, je vais peut-être songer à lui faire un patch équin ?
    Encore merci.

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  2. Wow, thank you for that wonderful and powerful history lesson. So, much information to continue reading, You make me want to move to Colorado or someplace out West and save horses. The scenery is breathtaking and the story pulled my heart strings.
    I will add a horse quilt to my to do list.

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    1. The Wild West is still a marvelous place, many places have been saved thanks to Teddy Roosevelt and John Muir. Otherwise many other Las Vegas would have been built.
      I could live there also most of the time, but in Winter you know it is just the right time to make more quilts 😉
      Horses are such wonderful animals, their future in the wild is heart-breaking.

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  3. Quel beau reportage! Je me suis régalée avec ces chevaux magnifiques. Je rentre de Namibie où on trouve aussi des chevaux sauvages. Ils sont maintenant protégés et il existe des points d’eau où l’on peut les observer mais leur robe était unie. Merci
    Amicalement

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  4. Encore un article passionnant qui prend « aux tripes » comme on dit quand on voir ce qui pourrait arriver à ces chevaux sauvages. Il n’y a pas de solution évidente et miraculeuse …
    Il est normal que ce bel animal inspire pour réaliser ces beaux quilts que tu nous montres. Oui, cet article est encore un vrai bonheur à lire.

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