C’est la Fête Nationale des États-Unis, bonne fête à tous mes amis américains !







Pour ce 4 juillet, célébré comme toujours dans tout le pays en rouge-blanc-bleu (et avec un masque SVP), faisons un tour en voiture. Mais prenons le chemin de l’Histoire, pas à pas…
L’Amérique a été conquise par des aventuriers, et si le temps est à la remise en cause des héros et des décisions du passé, il n’en reste pas moins qu’on peut admirer l’épopée de beaucoup de ceux qui ont fait l’Histoire.
Imaginez un jeune homme, né en 1658 en terre gasconne, comme les Mousquetaires et notre nouveau Premier Ministre (mais la comparaison s’arrête là), plus précisément à Saint-Nicolas-de-la-Grave au nord de Toulouse et à l’ouest de Montauban. Il est né dans une famille bourgeoise, son père étant avocat au Parlement de Toulouse et sa mère de famille commerçante aisée. On ne sait trop ce qu’il a fait ou subi, mais Antoine Laumet sent qu’il doit se faire oublier et prend le large à 25 ans. Le large, le grand large ! Il arriva d’abord à Port-Royal en Acadie, terre alors française (Canada), explora les terres de la côte Est et de l’Acadie française en se familiarisant avec les autochtones, leurs langues et coutumes. Comme nombre de Français, il fit le commerce de fourrures en échange d’alcools, achetant aux Indiens et vendant aux Anglais (et inversement). Le Gascon s’est inventé une nouvelle identité en s’anoblissant au passage et devient Antoine de Lamothe, Sieur de Cadillac. Simplement parce ça sonnait bien comme ça… et avec les réminiscences du nom d’un ami de son père du Parlement de Toulouse !

Je vous la ferai courte, sa vie est riche en expériences et en esprit d’entreprise, mais aussi en (més)aventures. Le Sieur avait fort mauvais caractère et aussi l’envie de s’enrichir, mais pas toujours de manière légale ! L’Histoire retient surtout de lui que, visionnaire, il fonda, en un lieu stratégique, une colonie française sur un détroit (en réalité, une rivière, entre les lacs Huron et Érié) : Fort Pontchartrain du Détroit, en 1701. L’appellation s’allégera du nom du Ministre de la Marine de Louis XIV, Pontchartrin, et de son accent français sur le e pour devenir simplement Detroit. Cette rivière est actuellement sur la frontière entre le Canada et les USA.

Héros sublime pour certains, fieffé coquin pour d’autres, Cadillac mena une vie constamment agitée et aventureuse, militaire, corsaire, colonisateur avec des honneurs, des titres, des fortunes, il devint même Gouverneur de Louisiane (qui s’étendait alors des Grands Lacs au Golfe du Mexique !), mais aussi des poursuites et même un emprisonnement à la Bastille… Cadillac décida de finir Gouverneur de Castelsarrasin, près de sa ville natale, et y mourut à l’âge de 72 ans. Un sacré personnage à la vie bien remplie !
L’histoire ne s’arrête pas là. Detroit était effectivement un point stratégique, la ville française se développa puis fut cédée aux Etats-Unis en 1783, à cette nouvelle nation indépendante depuis le 4 juillet 1776. Detroit continua son développement au 19e siècle en fabriquant les carrioles pour se déplacer en ville et à la campagne mais aussi les chariots en bois destinés à rouler vers le Far West, les voies navigables favorisant le transport lacustre du bois.

Au tournant du 20e siècle,
la richesse de Detroit en fit « le Paris du Midwest »,
avec de somptueux immeubles Beaux-Arts et baroques,
de larges avenues et espaces verts publics.


La ville de Detroit célébra en grande pompe les deux cents ans de sa création en 1901. Au même moment, au même endroit, Leland, Murphy et Bowen, constructeurs de « chariots à moteur », des automobiles, baptisèrent leur premier joyau en hommage au fondateur dont le nom était sur toutes les lèvres : en 1902, la mythique Cadillac est née ! Dès lors, les progrès et inventions se succèdent chez les multiples constructeurs d’automobiles américains, concentrés à Detroit.


Detroit continuera, au long du 20e siècle, d’être la Motor town, LA ville des constructions automobiles. Les chevaux de chair et de sang sont remplacés par ceux sous le capot.


Les grandes voitures américaines ont le chic pour avoir des noms qui parlent, j’avais déjà évoqué les Ford Mustang par ici.
Et la Pontiac, autre gamme de voitures très chic ? Elle honore Obwandiyag (prononciation : bwon-diac, d’où Pontiac), un grand chef Amérindien du 18e siècle de cette région de Detroit qui, comme bien souvent, s’entendait très bien avec les Français mais pas du tout avec les Anglais !


Toutes les voitures mythiques américaines qui peuplent notre imaginaire, les Cadillac, les Pontiac, les Buick, les Chevrolet, les Mustang, les Chrysler furent construites à Detroit. Éternel rival de Ford, General Motors fut fondé par un certain Durant, d’ascendance française lui aussi. Il lança même la marque Frigidaire en 1918 pour des compresseurs pour la climatisation de voitures… puis on sait ce que cela devint !
Detroit connut un essor fantastique, la construction automobile faisant appel à une nombreuse main d’oeuvre, la population consommant et boostant l’économie ! Elle fut la 4e ville américaine avec près de 2 millions d’habitants (1955-60). Mais les automobiles américaines perdirent leur monopole pour diverses raisons et peu à peu, avec la gestion exécrable de la ville et la catastrophe des subprimes, celle-ci a sombré, jusqu’à sa mise en faillite en 2013. Ses habitants, plus que 700 000, vivent majoritairement dans une grande pauvreté (les revenus les plus bas par habitant des USA, alors qu’en 1960 Detroit détenait la 1ère place) et l’insécurité. Detroit renaîtra-t-elle de ses cendres ?

Detroit n’est pas sur la Route 66, mais je souhaitais faire un clin d’œil à ce Sieur de Cadillac pour qu’on se souvienne que les pionniers ont beaucoup travaillé et innové, ils ont été imparfaits sans doute, mais aussi vaillants et novateurs ; les massacres ou mauvaises orientations sont bien souvent dus aux ordres et décisions des gouvernements européens puis des USA…
Pour finir, je vous dévoile ma voiture
pour mon grand voyage de septembre 2020 :

Pour ce road trip avec mes copines du groupe Facebook Route 66,
j’ai hérité du numéro 40 :

Buick choisie pour sa couleur turquoise,
et aussi pour son chauffeur,
l’Unique, the King :

Je ne sais pas vous, mais moi je suis fin prête pour l’aventure sur la Route 66 !
Surtout, ne me réveillez pas encore…
Katell
