A la (re)découverte d’Edith Raymond

Peut-être la connaissez-vous, peut-être pas… Edith Raymond fut parmi les premières artistes quilteuses modernes de France, nous étonnant avec ses fameux labyrinthes et ses masques déjantés vus si souvent dans les magazines des années 1980-90. Je crois que c’est dans celui-ci que j’ai admiré son audace pour la première fois :

Ce magazine est un trésor, datant de 1985, numéro unique polyvalent traçant notamment l’histoire du patchwork et où l’on titre déjà sur le patchwork moderne.

Le Temps et l’Espace Intérieur, 1982. Ce quilt mesure 1.90 m de côté, ses grands points bien visibles, à l’époque où on ne connaissait pas le sashiko en France, me fascinent.

Recto aussi beau que le verso, labyrinthe violet et noir profond. Edith a un faible pour le noir en couleur à part entière ou en délimitation de couleurs. Elle dessinera ainsi de très nombreux coloriages et dessins pour enfants pour Bayard et Milan.

J’ai souvent lu à mes enfants des BD dessinées par Edith édités dans les magazines Picoti, Toupie, Toboggan, ils ont longuement feuilleté leurs petits livres…

Edith Raymond a une solide formation artistique mais elle a vite, comme vous le voyez, favorisé la simplicité graphique, l’apparente naïveté, la restriction des couleurs. Rarement a-t-elle usé de tissus imprimés, découpant les formes dans les tissus comme dans du papier, équilibrant les forces du clair et de l’obscur tout en jouant… L’âme d’enfant et l’humour ne sont jamais loin !

Le quilt suivant, Le Petit Poucet dans la forêt vosgienne (1992) est particulièrement beau à mes yeux, le bleu et le noir me fascinent, l’économie de formes constituant cette forêt est superbe… et ce quilt est aussi, on le devine aux inscriptions, l’arbre généalogique d’Edith ! Ne lui trouvez-vous pas un air bien amish ?

Plus récemment, Edith lança des expositions collectives remarquées : Des chiffres et des lettres, Ex-voto, La Vache qui Rit sous toutes ses coutures…

Voilà, il était donc grand temps que je rende hommage à cette artiste qui a d’autres facettes (broderie notamment)… J’espère qu’elle ne m’en voudra pas de partager ici sa carte de vœux qui est tellement Elle :

Que ces trois petites maisons nous apportent joie, lumière et couleurs pour cette année 2019. Edith Raymond, gouache, 2019

Et merci pour tous vos témoignages de sympathie pour ce blog ! 

EDIT à 10 heures : Je viens de recevoir un email d’Edith Raymond me remerciant très chaleureusement pour cet article. Elle aurait aimé répondre à tous vos commentaires, mais son ordi ne semble pas être d’accord, alors je vous transmets collectivement sa gratitude.

Petite précision : le labyrinthe photographié dans ELLE sait faire n’est pas violet et noir mais violet et vert, ce qui n’est pas facile à deviner mais le savoir donne encore une autre vision de cette oeuvre !