Vous avez été touchés par le précédent article montrant des quilts qui expriment des souffrances, par Chawne Kimber. Ce sont des quilts qui parlent, à la fois parce qu’on peut les lire et leur donner la puissance d’un discours, mais aussi qui émeuvent, qui touchent notre cœur.
Je vous propose de (re)découvrir une autre artiste, Gina Adams, qui quilte de manière bien particulière pour dénoncer le mal insidieux de la société américaine, le racisme, terriblement ancré dans son passé. Découvrir tous les traités de paix avec les Indiens écrits par le Gouvernement, jamais tenus, projette une lumière crue sur les origines de ce pays : Quilter pour sa cause.

On le voit dans l’actualité, le problème du racisme reste aigu. Et pourtant, chaque communauté a tant à apporter aux autres ! Cette fois-ci sera-t-elle la bonne, pour obtenir une égalité de traitement quelle que soit l’origine de chacun ? Les Américains ont fait tout de même des avancées (regardez les films récents montrant les années 1960, Green Book ou Les figures de l’ombre : double peine pour des femmes noires, même géniales !). Le melting pot reste en grande partie une illusion, les origines diverses sont nombreuses, mais on a encore bien trop peu de communautés harmonieusement multiraciales.

Nos quilts sont décoratifs, ils sont aussi expressifs avec parfois une citation, une pensée, un prénom, un mot fétiche… Pour cela, bien des techniques sont à notre disposition : broderie, appliqué main ou machine, couture sur papier, piécé (couture patchwork) pour les techniques 100% textiles, ou aussi transfert avec imprimante… De récentes expositions américaines, des publications sur Instagram et sur des blogs montrent de plus en plus de quilts qui parlent, utilisant toutes les techniques. C’est une tradition revisitée, car nombre de quilts anciens comportent des lettres, des signatures, des souhaits, des dédicaces… Voici un florilège de versions contemporaines :




Voici le quilt qui rit, inspiré d’un quilt datant de la Première Guerre Mondiale, qui a plu à mon amie LeeAnn : son histoire se trouve sur son blog Nifty Quilts.

Celui dont je ne me lasse pas, toujours de LeeAnn :

En couture sur papier, on peut « écrire » des lettres régulières :

Jill a fait ce quilt pour une amie à qui on vient de diagnostiquer un cancer du sein, je le trouve extraordinaire :

Incitation à voter aux élections présidentielles de 2016, par Denyse Schmidt :

Quelques Proverbial Quilts :


Kristine a fait un quilt qui parle, sélectionné au concours des Modern quilts de France Patchwork. Il était bien différent des autres, n’étant pas dans le style épuré et très géométrique des autres quilts.
J’ai toujours aimé la typographie et pour ce premier concours
Modern Quilt en France,
l’idée d’un message s’est imposé à moi.
J’ai souhaité un message simple, coloré, bien visible, et en anglais
pour marquer notre appartenance à un mouvement international.
Kristine

Le message comporte un petit jeu de mot, Bee creative,
pour évoquer mon appartenance
à La Ruche des Quilteuses, le blog de Katell.
Kristine

Celle qui a lancé l’écriture improvisée piécée est Tonya Ricucci dès les années 1990, elle a beaucoup joué avec les lettres avec ses amies (Bonnie Hunter, Gwen Marston et tant d’autres) et a finalement pu faire éditer sa méthode en 2011. La technique est bien différente de celle en couture sur papier, l’apparence également. Le superbe bonus, c’est qu’on s’amuse beaucoup en créant ces lettres ! Vous pouvez voir de nombreux quilts plus récents sur Instagram @tonyaricucci.
Merci Tonya, nous te devons tant ! C’est toi qui as initié ce grand mouvement des quilts bavards !

Voici quelques-uns de ses quilts qui parlent :



La saga des quilts bavards ne fait que commencer !