L’ananas, comme nous l’avons vu, est aux Etats-Unis non seulement un fruit de choix mais aussi un symbole d’hospitalité. C’est pour les quilteuses un bloc fait de bandes, qui pour beaucoup reste difficile ou mystérieux. Nous sommes là pour éclaircir les choses !
Voici un bloc tout seul :
On peut trouver ce bloc décoratif mais ne pas bien comprendre pourquoi on le nomme ananas !
Seul l’assemblage d’au moins 4 blocs ensemble fait comprendre pourquoi il peut évoquer l’ananas :
Ma première envie de faire un quilt ananas est due à un article dans ELLE ! Une journaliste (Françoise Tournier) présentait avec talent l’émergence du patchwork en France – et aussi de France Patchwork ! Elle proposait en « ouvrage d’été » ce quilt : Je l’avais adoré dès le premier coup d’œil. Le fond était en draps blancs plus ou moins anciens, les couleurs grises ou bleues de restes de vêtements. C’était l’été 1991, et la journaliste annonçait aussi pour la fin de cette année la première exposition européenne d’art textile contemporain de France… à Toulouse ! Je connais quelques-unes de ces téméraires qui ont organisé cette expo qu’on pourrait refaire aujourd’hui à l’identique, tellement elle était belle et novatrice !
Après cet article, j’ai fait un quilt-ananas à mon tour, en tissus bleus-jaunes-blancs majoritairement de Souleillado pour une ambiance résolument provençale. Il doit être encore quelque part chez mes parents ! Puis j’ai acheté ce livre qui est pour moi la Bible de l’Ananas :
Ensuite un excellent dossier sur ce bloc a été publié dans Quiltmania n° 10 (mars 1999)… Ce modèle, très populaire, est pourtant aussi parfois le cauchemar de quilteuses chevronnées ! Les blocs ont souvent une fâcheuse tendance à gondoler… La solution « magique » pour un rendu parfait est la couture sur papier (ou fondation en non-tissé qui reste ou se déchire) :
Les modèles de grilles pullulent sur internet ! A vous les blocs parfaits ! Il faut demander à Mr. Google quelque chose comme paper piecing pineapple block. Les numéros sont l’ordre de couturedes bandes.
Autre possibilité pour la perfection : des règles en plexiglas.Nathalie Delarge vend les sets de règles de Marti Michell pour de parfaits ananas sans perte de tissu :
Je crois que le gondolage des blocs se produit surtout en travaillant à la main, le travail étant très souple. Solution partielle : il faut aussi veiller à couper le plus possible de bandes le long de la lisière (et non dans le sens de coupe habituel du tissu) pour avoir une bande peu déformable. Mais cela m’est aussi arrivé à la machine ! Le souci vient que souvent on coud avec la nouvelle bande dessus : le bloc dessous a tendance à bouger, les bords à s’effacer (de moins d’1 mm, mais cela se répète rangée après rangée), d’où gondolage. La solution est de coudre la bande en la mettant dessous, on peut alors surveiller la rectitude du bloc, ou bien de mettre des épingles. Et puis, indispensable, un bon repassage (ou pressage pour de rien déformer) entre chaque tour de couture !
Je ne peux m’empêcher de me souvenir d’un quilt fait en commun pour le Loto France Patchwork à Balma en mai 2014, aux blocs cousins germains de l’ananas :
Boules de Cocagne,quilt fait par des Abeilles de cette Ruche. Blocs cousus sur non-tissé. Au lieu de 8 directions de bandes à coudre autour du centre, il y en a ici 6. La forme du centre, les longueurs de bandes, la disposition des couleurs font de ce modèle un trésor ! Est-ce que la gagnante de ce quilt lit notre blog ?…
Sophie, une de nos lectrices canadiennes, m’a adressé cet été des photos de sa première courtepointe. Devinez quel bloc ? Gagné, c’est un ananas, tout frais tout beau !
Mille mercis pour avoir pensé à m’offrir ces photos Sophie, c’est une impressionnante première courtepointe ! Cela me rappelle la réflexion de Michelle Therrien, autre lectrice québécoise de ce blog, qui me demandait pourquoi on utilisait le mot « quilt » en France au lieu de « courtepointe »… Je crois que si Sophie Campbell avait été Canadienne francophone, cela aurait été le cas, mais le pli a été pris d’utiliser un vocabulaire résolument mixte franco-anglais. Et puis après tout, quilt vient bien de couette ! Mais j’avoue que le mot courtepointe fleure bon notre campagne d’antan et véhicule un brin de nostalgie !
Ces beaux exemples ne vous donnent-ils pas envie de vous lancer dans l’ananas ?…
Au terme de cet article où se sont invités quelques souvenirs personnels, vous pouvez vous demander : et pourquoi est-ce le moment de faire des blocs ananas ? Pour suivre l’élan international, rien de moins !!! C’est ce que je vous ferai découvrir prochainement 🙂 avec quelques libertés proposées par des jeunes quilteuses !
Le futur regroupement de régions pose la question de l’appellation de ces nouvelles entités. La nôtre a toutes les chances de devenir « Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon », au nom plutôt long et lourd, qu’on écourtera peut-être en MiPyLaRo ou autre. Pourtant, même si l’appellation n’est pas historiquement exacte, il serait si joli de la baptiser Occitanie tout simplement ! L’Occitanie est le domaine de la langue d’Oc, un territoire bien plus vaste que cette future région, puisqu’elle englobe notamment l’Aquitaine, le Limousin, l’Auvergne, la Provence… L’Occitanie n’a jamais été une nation, mais elle a une identité culturelle par sa langue aux multiples variantes régionales, par un état d’esprit : c’est aussi ce qu’on appelle la France méridionale ou le Midi, aux habitants réputés pour leur accent chantant et leurs sautes d’humeur notamment contre le pouvoir parisien ! Des clichés de moins en moins vrais avec l’uniformisation de la pensée et de la culture, mais qu’on a du plaisir à rencontrer encore…
Le jaune est la part de la langue occitane, ou grosso modo la France méridionale, les différences résidant dans les parties basque et catalane, aux autres langues.
Seules les deux régions actuelles Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ont déjà comme emblème la Croix Occitane, l’une étant plus modernisée que l’autre :
Sans aucun parti-pris politique (j’ignore encore la position des uns et des autres), je souhaite donc un nom évocateur pour notre belle nouvelle région. On peut objecter donc que l’Occitanie s’étend bien au-delà de ce territoire – mais que penser alors, à l’inverse, de la région Bretagne sans Nantes, capitale historique ? Ces nouveaux découpages administratifs, tout comme les précédents, ne sont pas à un paradoxe près et on peut trouver bien d’autres libertés prises par rapport à l’Histoire et les identités culturelles… Alors, pourquoi nous priver de ce si joli nom, Occitanie ?…
Cliquez sur cette petite photo pour aller au post explicatif de ce Quilt Along.
J’ai donc commencé à coudre des blocs bicolores suivant sa méthode rapide et si agréable dans les couleurs brique, blanc ou beige rosé. Je ne pense pas à des barrières de bois mais plutôt à des jeux de briques couleur locale en cousant ces blocs !
Jeu de briques dans ma cuisine…… et jeu de blocs dans l’atelier. C’est très rapide et amusant à faire ! Comme vous le voyez peut-être, quelques blocs sont tricolores et non bicolores, à chacun d’y apporter sa touche de fantaisie !
Mon projet est de faire un quilt carré de 16 blocs. Ensuite j’y appliquerai une croix occitane… Je cogite encore quelques détails techniques !
Les barrières en bois font partie du paysage… eh bien, de moins en moins en France et ailleurs, remplacées progressivement par des grillages, efficaces mais oh combien moins esthétiques. Aux Etats-Unis, elles restent mythiques, probablement parce qu’elles symbolisent l’installation d’une famille dans le Wild, Wild West – le Farwest – découvert au fur et à mesure des interminables marches vers l’Ouest. Un jour, un convoi décide de s’arrêter, fait sa cabine de rondins et l’entoure d’un enclos… et une nouvelle vie commence.
Ingéniosité des cow-boys : les barrières en zigzag permettent une construction sans clou ! Ils n’en avaient effectivement sans doute pas facilement…
Les clôtures en forme de zigzag sont les plus construites dans les régions riches en bois : il faut de la matière première (… du bois !) mais presque aucun autre outil qu’une hache : ces barrières se montent et se démontent, se réparent aisément, ne nécessitent aucun trou ni poteau, c’est idéal en pays rocheux ou en terre sèche… Leur défaut ? Elles prennent de la place ! Mais ce n’est pas ce qui manque dans ce pays américain en cours de découverte. Par commodité, les troncs d’arbre étaient débités en tronçons d’environ 3 à 3,5 mètres, fendus dans la longueur autant de fois que le permettait le diamètre du tronc. Ensuite on construisait la barrière en zigzag, en empilant les rondins fendus. Avec des morceaux de bois de 3 m environ mis en zigzag, on savait qu’un zig + un zag mesuraient environ 5 mètres. On pouvait ainsi vite estimer la taille de la propriété.
Naturellement on trouve de nombreuses variantes de construction. Certaines barrières demandent plus de matériel pour les construire, mais moins de bois. Il faut s’adapter ! Voici pêle-mêle quelques clôtures de bois :
Evidemment, ces barrières omniprésentes pour délimiter la propriété, garder les bêtes dans l’enclos, se protéger des dangers extérieurs est source d’inspiration pour les femmes. Tout comme ces barrières simples et ingénieuses, faites de « ce qu’on a à portée de main », les blocs Rail Fence se sont longtemps faits de restes de tissus, coupés « à l’arrache », littéralement déchirés dans le droit fil, assemblés vite fait… mais avec, comme toujours, un souci de simple harmonie. A présent, les jeunes quilteuses adorent toutes les variations de ce modèle !
Quilt pour une petite fille, blog Red Pepper QuiltsToujours de Red Pepper Quilts, un modèle voisin multicolore, avec du blanc placé qui fait toute la différence !Plus ancien, quilt « vintage » trouvé sur PinterestUn look ancien mais un quilting en vermicelle trahit discrètement sa jeunesse pour ce quilt en « homespun fabrics », ce qui signifie à l’origine » tissus aux fils filés à la maison ». Pinterest
Voici un top jamais fini, toujours sur Pinterest...D’une grande beauté, cet Art Quilt inspiré d’une ancienne porte de grange montre comment on peut moderniser avec succès un bloc tout simple. Les tissus utilisés sont issus d’une série de faux-vieux tissus (Grunge de Moda), parfaits ici. Allez voir l’histoire de ce quilt sur le blog The Silly BooDilly. Victoria Gertenbach habite en Pennsylvanie rurale, elle est donc sans doute « habitée » par l’influence Amish que je devine ici… mais aussi par la simplicité japonaise qu’elle revendique plus clairement dans son blog.
Les variations sont infinies !
Sujata Shah, préférant aussi les blocs simples aux coupes et coutures souples avec un peps moderne, a suggéré à ses lectrices de faire chacune sa propre version du bloc Rail Fence présenté dans son livre. Malgré des tas d’autres ouvrages en cours, je m’y suis mise : aucun bloc ne va plus vite qu’avec la méthode de Sujata décrite dans son livre, je vous assure ! Rendez-vous très bientôt pour ma version…
Le livre de Sujata montre en couverture sa version d’un zigzag rail fence. C’est un « look » déjà vu ces dernières années (notamment chez Kathy Doughty) mais la version de Sujata est la plus rapide.
Si vous souhaitez voir les différentes versions des amies de Sujata, allez voir sur le blog spécialement ouvert à cet effet : Cultural Fusion Quilts.
En 2011, j’ai commencé quelques blocs de tulipes à la suite d’un coup de foudre chez Nifty Quilts, déjà,j’en faisais part dans cet article en 2011. L’origine de son bel ouvrage est un quilt de 1960, d’une quilteuse de la campagne géorgienne (dans le vieux-sud américain si cher à mon coeur). Il fait partie de ces ouvrages utilitaires souvent pleins de fantaisie sur lesquels j’ai écrit dans les Nouvelles n° 124 (pages 32-33 du dernier magazine de France Patchwork).
Quilt d’Annie Howard avec les tulipes piécées par sa mère Mary Lizzie Parham (1883-1955) – Quilté main par Julia Ford, une de ses amies.
L’histoire de ce quilt est raconté dans le livre Georgia Quilts. Au décès de sa chère maman, Annie Howard décida d’utiliser les tulipes faites de bandes piécées, laissées par sa mère. Elle fit les blocs sur fonds rouges, ajoutant tiges et feuilles, les agença en colonnes. La description de cette petite bonne femme me fait irrésistiblement penser à Miss Sue! Ce sont des femmes ayant eu la vie dure au cours du XXe siècle, issues de familles très nombreuses, dans cet Etat de Géorgie encore empreint de l’histoire autour de la culture du coton et de l’esclavage… Encore une femme de caractère : obligée de quitter l’école à l’âge de 7 ans, elle apprit à lire… à 77 ans ! C’est un quilt auquel elle tenait puisqu’il lui rappelait sa mère, et malheureusement il fut perdu lors de son dernier déménagement, 2 ans avant sa mort survenue en 1999.
Les tulipes de LeeAnn ont l’air de danser sous la brise printanière ! Différents fonds de blocs, tous rouges mais certains à pois, donnent une belle modernité à ce quilt. De tous ses ouvrages, c’est sans doute un de mes préférés !
Depuis, de nombreuses tulipes piécées ont vu le jour, parmi lesquelles mes toutes récentes Nifty Tulips. Elles s’appellent ainsi bien sûr pour rappeler que sans LeeAnn, je n’aurais peut-être jamais connu ce quilt qui m’a inspirée à mon tour. Et puis on peut traduire cela par « de chouettes tulipes », ce qui me va très bien ! Si vous souhaitez en chercher d’autres sur internet, tapez « string tulips » (tulipes de bandes).
Quilting en coton perlé n° 8, motifs fantaisie pour chaque bloc. Comme vous le voyez ici peut-être, les tissus de fond sont bordeaux de plusieurs teintes.
Les tulipes sont restées 4 ans au nombre de 4 dans un carton, pas assez pour une belle plate-bande printanière. J’ai donc vite avancé le top ces dernières semaines, lui donnant un air scrappy décontracté que j’affectionne, n’achetant aucun tissu pour cet ouvrage. Des lisières deci-delà renforcent l’esprit de récup. Je n’ai pas oublié le crayon, simplement brodé au point avant, en rappel detout ce qu’on peut faire avec ce point basique.
En cours de matelassage, tout en coton perlé ! J’ai fait le tour des tulipes en vert côté tige et feuille et d’une autre couleur autour de la tulipe, puis le fond est quilté de diverses façons, en rouge foncé dégradé.
Quelques lisières se promènent dans la bordure…… et un crayon, mais la photo est floue, je devrai en reprendre une !
Et voilà, c’est le printemps !
La bordure est d’un style dont je ne me lasse pas, Karen Griska l’utilise souvent aussi !
Ce quit est actuellement exposé, parmi beaucoup d’autres, à Colomiers.
Bientôt d’autres posts sur d’autres ouvrages inédits de cette expo… après les fêtes de Pâques que je vous souhaite joyeuses !
Nifty… C’est un mot que je ne connaissais pas avant de tomber sur ce blog : Nifty Quilts… C’est un mot très positif puisqu’il signifie à la fois « qui a du chic, de la classe », mais aussi « sympa, malin, astucieux, chouette ». LeeAnn, qui écrit ce blog, mérite les deux interprétations du mot ! Vous saurez bientôt pourquoi ce titre de post…
La tulipe est une fleur très graphique, symbole de la Hollande où en ce moment, les champs explosent de couleurs. Son nom signifie « fleur-turban ». Elle se prête si bien à des interprétations artistiques !
Hollande en avril, c’est une explosion de couleurs ! Je vous conseille la visite du parc de Keukenhof… J’en ai un souvenir ébloui !
Les tulipes ont une histoire folle. La tulipomanie, vous connaissez ?
Au début du XVIIe siècle, ce qui deviendra les Pays-Bas était certes en guerre d’indépendance contre l’Espagne (pendant 80 ans…) mais aussi en pleine gloire coloniale très rentable avec la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales : les valeureux navigateurs rapportaient toutes sortes de denrées d’Asie : soies, porcelaines, épices… les Hollandais colonisaient aussi de nouvelles terres en Amérique, parmi lesquelles un territoire baptisé Nouvelle-Amsterdam en 1625 qui deviendra New-York… Max Weber (en 1905) attribuera les valeurs du protestantisme (la valorisation du travail) à la création du capitalisme en Europe du Nord, ce n’est sans doute pas le facteur unique mais il règne en Hollande, en ce début de XVIIe siècle, un sentiment de modernité, une effervescence tous azimuts… et les tulipes auront leur place dans cette histoire !
Hans Bollongier, Bouquet de tulipes, 1639, Rijksmuseum Amsterdam. Bel exemple de l’âge d’or des natures mortes flamandes.
De l’Empire Ottoman, des bulbes furent introduits en Hollande à la fin du XVIe siècle. Les fleurs de tulipes prospérèrent dans ce climat européen humide et devinrent si populaires que les oignons se volaient en pleine terre ! Mais ce qui mit le feu aux poudres, c’est un virus de l’oignon. Je m’explique : les tulipes sont d’une seule couleur éclatante quand tout va bien. Un virus transmis par les pucerons peut les rendre bicolores de manière flamboyante mais très aléatoire, et à l’époque ces transformations étaient bien mystérieuses… C’est ce virus la cause partielle, pendant l’hiver 1636-37, d’une forte spéculation puis de l’effondrement de la valeur des bulbes.
La Folie Tulipière, Jean-Léon Gérôme, 1882 (Musée Walters, Baltimore, Maryland, USA). Ce peintre français très académique du XIXe siècle illustre la tulipomania du 17e siècle : un Noble protège son précieux exemplaire de tulipe bicolore tandis que les soldats piétinent les tulipes du champ, afin de lutter contre la spéculation.
En fait, la tulipomania a marqué les esprits car il s’agissait d’une simple fleur mais d’après les dernières recherches, elle a été amplifiée a posteriori, symbolisant les errements du capitalisme. Les délires du marché de la tulipe, bien réels, n’ont pas touché tant de monde que cela et n’ont pas anéanti l’économie hollandaise… Si cela vous intéresse, vous pouvez lire quelques articles : Quand les bulbes dégénèrent en bulles Et krach la tulipe La tulipe… interprétation de l’Histoire !
Tulipe Reine de la Nuit, photo du catalogue Meilland
En littérature, on ne peut pas oublier La Tulipe Noire d’Alexandre Dumas, dont l’inspiration est tirée de cette spéculation, mais avec aussi des troubles socio-politiques violents, de l’amour fleur bleue pour une jeune Rosa… Un roman très fleuri !
J’ai lu ce livre enfant, pas vous ?…
Attention, aucun rapport avec le film de cape et d’épée de Christian-Jaque de 1964 avec Alain Delon et Virna Lisi, leur histoire se passe à la Révolution Française !
Vous pouvez admirer des céramiques de style Art Nouveau illustrant cet article : la tulipe convient si bien à ce style…Sacrées nifty tulips (les tulipes ont la classe) !
Elégance de l’Art Nouveau…
De même, dans les peintures paysannes traditionnelles sur bois, coeurs et tulipes sont souvent à la fête ! Occasion rêvée pour faire un coucou à ce blog : des tulipes et des coeurs!
La fleur de tulipe, si ronde et élancée, se plie facilement à toutes les interprétations textiles ; piécées ou appliquées, elles se prêtent à tous les jeux. Entrons donc dans la danse des tulipes…
Les quilts de style Baltimore ont souvent des tulipes. Réminiscence du pays d’origine de tant de personnes de ce coin des Etats-Unis ? Très certainement ! Barbara Brackman a répertorié un nombre impressionnant de blocs aux tulipes dans son encyclopédie des blocs appliqués.
Voici donc quelques photos de quilts anciens et récents avec des tulipes… A vous ensuite d’aller vers d’autres découvertes !
Quilt du XIXe siècleQuilt années 1930Sans date, XXe siècle Ce quilt, comme vous le voyez, est extrêmement raffiné et merveilleusement exécuté. C’est l’oeuvre de Michel Galan… qui souhaitait « juste » s’initier à l »art de l’appliqué ! Quel phénomène !! Vous pouvez voir quelques tulipes en bordure. Le modèle est de la papesse du Baltimore, Ellen Sienkiewisz.Voir détails sur son blog !
Un modèle dans Quiltmania (n° 76, venant de Lucy des Pays-Bas… naturellement !) m’avait vraiment tapé dans l’oeil, Beatrice de l’Aiguille dans une botte de foin l’a fait :
Quel dynamisme dans ces couleurs ! Le Cheddar, cette couleur orange, me fascine et me fait peur à la fois !…
Ce petit quilt de Pasty Moreland montre une des possibilités de faire une tulipe avec un bloc de log cabin…
Ce bloc est proposé avec d’infinies variantes de dispositions… Super pour utiliser beaucoup de petits restes de tissus vifs !Lisa Bonjean a repris un bloc des années 1930, réinterprété avec ses tissus, pour faire ce magnifique quilt dédié à sa mère (détail, voir aussi ici).
Une complicité s’est établie entre trois personnes qui échangèrent de nombreux mails ces dernières semaines, trois quilteuses qui ont tant à partager : LeeAnn de Seattle (Washington), Betty de Sebring (Floride) et moi-même de Toulouse (France). Le fil qui nous lie est le patchwork avec la passion des tissus, mais aussi un état d’esprit, le plaisir de l’inattendu, du non conventionnel, l’admiration devant nos ressemblances tout autant que nos différences… Nous avons oublié que nous étions devant nos ordis et on a papoté comme si nous étions assises autour de la même table !
Peinture de Lucien Andrieu (peintre de l’Ecole de Montauban), Etude de femmes autour d’une table
Ayant vécu en Afrique (mes plus belles années de fac d’anglais furent à l’Université de Cocody à Abidjan en Côte d’Ivoire), j’ai une sensibilité marquée pour ce que ce continent a pu offrir à notre monde occidental, de gré… ou de force, car nous savons tous plus ou moins comment les Noirs furent déracinés d’Afrique vers l’Amérique, comment nous avons pillé leurs ressources, tout en pensant parfois « bien faire » en leur imposant notre culture occidentale, notre éducation, nos religions… C’est un sujet toujours sensible, en particulier en France. Alors imaginez ce que peuvent ressentir les Afro-Américains à la recherche de leurs racines.
Betty m’a raconté avec confiance son parcours, ses passions… que je suis heureuse de partager ici avec vous.
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Pour les personnes utilisant Google Translate : I am sorry that Google always says « his » instead of « her » in its automatic translation, please correct it yourself in your head!
Betty Ford-Smith a 63 ans et une vie bien remplie, ancrée dans la société américaine actuelle mais curieuse de ses lointaines origines depuis son enfance. Professeur d’économie familiale pendant 38 ans, notamment spécialisée dans la prise en charge des enfants nécessitant des soins spéciaux, couronnant sa carrière en devenant proviseur, elle a parallèlement nourri sa passion sur les arts d’origine africaine.
A l’âge de 12 ans, Betty cherchait de l’inspiration dans un livre d’art africain ; elle fut encouragée par sa prof d’art à faire le portrait d’Idia, la Reine Mère du Bénin. Ce tableau sur carton est la première manifestation d’une longue passion.Plus tard, Betty voudra s’offrir cette reproduction en bronze. Cette opportunité se présentera l’année de la mort de sa mère, et pour elle c’est un signe précieux… Il n’y a oas de hasard quand on croit aux signes.
Celle-ci est exposée au Bristish Museum et date du 16e siècle. C’est toujours Idia, reine et mère du Bénin, qui vécut de 1504 à 1550. La beauté des femmes du Bénin est célébrée dans toute l’Afrique de l’Ouest. Notre ravissante Miss france 2014 en est d’ailleurs originaire !
Elevée près de New-York, la petite Betty n’aimait rien tant que passer ses vacances scolaires auprès de sa grand-mère et son arrière-grand-mère en Caroline du Sud, terre où sévissait encore l’esclavage il y a 150 ans. Elle y puisa maintes histoires du temps passé et comprit grâce à elles l’âme africaine qui ne les avait pas quittées. Les femmes de sa famille connaissaient les secrets des plantes et des esprits, le tout s’accompagnant de mystère, de magie et de rituels, certaines avaient des dons… Une fascination pour Betty ! Pour plonger dans l’ambiance des Etats du Vieux Sud, nous avons des livres, des films…
C’est dans cet Etat de Caroline du Sud, dans l’entre-deux-guerres, que se passe l’intrigue de l’opéra de Gerchwin Porgy and Bess. L’affiche des premières représentations (à New-York) est bien représentative de l’art pictural de l’époque (1935). Même si cet opéra véhicule nombre de stéréotypes quasi inévitables à l’époque, c’est une oeuvre aux musiques et chansons inoubliables. Vous pouvez entendre ici une version de Summertime chantée par Ella Fitzgeraldque j’ai eu l’immense chance de rencontrer en 1980, mais ceci est une autre histoire…
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Parallèlement à son travail, Betty devint donc spécialiste des arts africains et afro-américains. Elle vécut dans les années 70 dans les Caraïbes à la recherche des racines de son peuple. C’est à Haïtiqu’elle trouva les pratiques les plus proches des origines africaines (le vaudou). Elle y découvrit également des arts populaires très vivaces comme les « drapos vodou » (écrit ainsi en anglais), ces tableaux textiles figuratifs ou géométriques, iconographie de l’esprit haïtien avec son héritage africain, son passé d’esclave, son ancrage catholique… Rappelons que le Vaudou est une religion de déracinés, un mélange des cultes animistes d’Afrique avec les rituels et les saints de la religion catholique imposée. Ces drapeaux, tels qu’ils sont appelés là-bas, sont destinés à accueillir les esprits du vaudou lors des cérémonies. Ce sont des oeuvres d’abord dessinées sur tissu, puis cousues de perles et de sequins… de l’art textile pur ! Ils deviennent pour le reste du monde des objets de décoration et de collection. Betty possède une bonne cinquantaine de drapos qu’elle a exposés dans diverses maisons de culture, des écoles, des musées… Elle fait autorité dans ce domaine et donne volontiers des conférences sur le symbolisme de ces oeuvres.
Betty devant deux drapos vodou, lors d’une exposition en 2012
Même les bouteilles sont recyclées en oeuvres d’art par les artisans haïtiens, comportant souvent des symboles vaudou :
Betty se sentit naturellement très éprouvée par le terrible séisme du 12 janvier 2010. Elle fit partie de ces personnes qui se démenèrent pour apporter du soutien au peuple en souffrance, en faisant notamment cette exposition d’art haïtien.
Keeping Haïti in Our Hearts fut une des expositions de soutien pour le peuple haïtien. Betty et son mari posent devant des peintures haïtiennes, en compagnie d’une des organisatrices.
A l’extrême droite de la photo ci-dessus, vous pouvez deviner une sculpture en fer découpé, spécialité du village haïtien Croix-des-Bouquets. Ces artisans travaillent magnifiquement cette matière dans un style unique, toujours lié aux pratiques vaudou. J’ai chez moi, au-dessus de la cheminée, un Arbre de Vie haïtien :
J’ai eu un coup de coeur pour ce travail de fer découpé, martelé, embossé… Mon mari me l’a offert l’été dernier car cet arbre « me parlait ». Nous l’avons découvert dans une jolie boutique de la ville close de Concarneau (Finistère) qui soutient ainsi les artisans de ce pays. Cliquez sur la photo pour l’agrandir et voir les détails !
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Pour aller à la source, Betty fit également plusieurs voyages en Afrique : en Gambie et au Sénégal en 1986, en accompagnant un groupe de collégiens new-yorkais, puis au Nigeria en 2009 pour aider une amie à monter une école.
Au Nigeria, les enfants apprennent tous l’anglais, langue officielle nationale qui côtoie des langues locales. Ainsi, la communication était facile ! Cinq ans après, ces enfants ont grandi mais se souviennent sûrement encore du passage de la dame américaine qui leur a fait la classe !
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Son intérêt pour l’artisanat afro-américain la mena aussi en 2008 en Alabama où fut découvert, dans un hameau nommé Gee’s Bend, un groupe de quilteuses utilisant toutes sortes de tissus de récupération de façon souvent très libre. Leur notoriété leur permet maintenant de vendre les quilts qui n’étaient que couvertures utilitaires il y a 10 ans encore.
Il y a du choix dans les quilts à vendre à Gee’s Bend !Une des acquisitions de Betty : celui-ci est très traditionnel !
Betty a acheté 2 quilts pour sa collection, celui-ci est signé Betty Seltzer.
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Sebring est une très jolie ville au centre historique, au bord d’un immense lac, au centre-sud de la péninsule de la Floride. Le climat est sub-tropical humide, on devine la luxuriance de la végétation !
Il y a peu, la retraite étant pesante pour une femme si active, Betty monta un magasin d’antiquités à Sebring et cette grande boutique porte le joli nom de Miss Ruby’s Den. On y trouve un sympathique bric-à-brac multi-culturel qui fait le bonheur des collectionneurs. Je trouve l’ambiance particulièrement féminine, avec des dentelles, des poupées anciennes, des éventails, des tableaux…
Si d’aventure vous allez en Floride, voici l’adresse de ce magasin : 619 North Pine Street, Sebring, FL 33870
Les objets ont une âme, c’est la croyance intime de Betty… et finalement beaucoup de gens le sentent aussi ! Un objet fait à la main ou celui qui a la patine du temps dont vous pouvez tomber amoureux, sont bien autre chose qu’une simple matière inerte !
Et vous, les objets vous parlent-ils parfois ?
Dans un coin de sa boutique se trouve un lit avec un quilt extraordinaire… Vous connaîtrez son histoire très prochainement !
Dear Betty, just hoping you will not be disappointed by this summary of all the documents you gave me about you and all your interests! You know that we are now connected… Soon comes a post about your dear friend Miss Sue!
Il est des périodes durant lesquelles tout est cadeau. Les si gentils commentaires accompagnant mes posts en font grandement partie, merci aux lecteurs d’ici et d’ailleurs ! Je suis aussi émue par le bel hasard qui vient de me faire gagner un quilt de Sujata, et soyez certains que vous entendrez parler ici des quilts faciles, et aussi des quilts non conventionnels au cours de l’année prochaine… Je viens également de recevoir des mails enchanteurs de Floride, comme un cadeau de Noël, et c’est ce que je vais partager avec vous en cette fin d’année.
Cela me touche infiniment d’entrer en contact avec des personnes très différentes de moi et de sentir une mutuelle bienveillance, une confiance entre nous. C’est ce qui vient de m’arriver grâce à l’intermédiaire de LeeAnn de Seattle, encore et toujours ma bonne étoile !Mais avant de vous présenter Betty et son amie Miss Sue, des quilteuses bien sûr, passons un moment ensemble dans leur Etat, la Floride.
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De France, nous voyons la Floride au cinéma, à la TV : si vous êtes de ma génération, vous en connaissez Flipper le Dauphin, les Everglades et aussi Disneyworld, Cap Canaveral et la Nasa, les flics aux lunettes de soleil, les belles nanas, les fêtes… Un méli-mélo forcément réducteur !
Ces jeunes garçons débrouillards aidés par le dauphin Flipper sauvant des personnes en détresse me firent passer de belles heures devant la TV ! J’aimais bien quand les jeunes désobéissaient à leur père… pour la bonne cause ! Les balades en hydroglisseur dans les marécages des Everglades étaient impressionnantes. Je n’ai revu aucun épisode depuis les années 60, je serais peut-être déçue alors je garde mes beaux souvenirs intacts… Autres séries animalières de mon enfance : Daktari, Skippy le kangougou…
Socialement, cet Etat fait le grand écart entre les très riches et les très pauvres, les actifs et les très nombreux retraités en quête de soleil (comme une partie de la région PACA) et d’une fiscalité avantageuse, avec aussi de nombreuses communautés qui se côtoient tant bien que mal…
Cette péninsule, très vite occupée par les Espagnols (nous ne sommes pas loin de là où Christophe Colomb atterrit la première fois, sur l’île de Saint-Domingue/Haïti), continue d’être largement hispanophone avec, en particulier, une grande communauté cubaine.
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En tant que quilteuse, quand je pense à la Floride, je pense bandes seminoles ! Comme leur histoire est plutôt méconnue en France, permettez-moi de vous faire un peu mieux connaître les Creeks.
Le peuple Seminole est issu des tribus CREEKS, originaires du grand sud-est du territoire des actuels Etats-Unis. Après une série de guerres contre les militaires des Etats-Unis (dites « guerres Seminole », au cours desquelles ces Indiens montrèrent une grande bravoure), ils se séparèrent en plus petits groupes. Dans les Everglades, marécages du sud de la Floride où personne d’autre ne voulait vivre, certains se régugièrent mais ne se soumirent jamais au gouvernement US : ils se nomment eux-mêmes « le peuple jamais conquis ». Ils étaient composés principalement d’Indiens, mais aussi de Noirs ayant fui l’esclavage et de quelques Blancs rebelles.
The Seminole : patchworkers of the Everglades, livre paru en 2000.
Le mot « seminole », écrit pour la première fois dans un texte officiel en 1771, viendrait du mot espagnol cimarron, signifiant domestiqué revenu à l’état sauvage. Après la dernière guerre seminole en 1858, ils s’installèrent dans une vie familiale proche de la Nature, construisant des cabanes faites de bois de cyprès et de feuilles de palmes appelées chickees, faisant pousser du maïs, de la citrouille, des haricots, chassant les animaux sauvages. Pas de route dans leur pays, ils se déplaçaient en canoës, notamment pour aller vendre des peaux d’alligators et de serpents ainsi que des plumes d’oiseaux afin d’acquérir du sucre de canne, de la farine, des armes, du tissu de coton entre autres…
A chaque voyage pour faire commerce, ils rapportaient notamment du tissu de coton d’une seule couleur (ce qui était disponible ce jour-là). La fois d’après, c’était un autre bain de teinture, une autre plante utilisée… Les femmes conservaient le moindre petit morceau et décoraient les vêtements avec des petits bouts appliqués. C’est une société dans laquelle rien ne se jette ! Donc avant le patchwork de bandes, ces femmes faisaient de l’appliqué, toujours dans un esprit d’utilisation des restes avec l’idée d’embellir.
Photo des années 1920 – Bibliothèque digitale des Everglades
A la fin du 19e siècle, d’après les archives de la célèbre marque SINGER, le marché de la machine à coudre était saturé dans la majeure partie des Etats-Unis (mais oui !!), et donc des vendeurs s’aventuraient vers l’extrême sud pour conquérir de nouveaux clients. C’est ainsi qu’un de leurs meilleurs vendeurs, James Willson, convainquit les Seminoles d’acheter des machines à coudre à manivelle – pas d’électricité dans les Everglades 😉 ! Grâce à ces machines, les femmes ajoutèrent des bandes décoratives sur tous leurs ouvrages, en particulier les vêtements. Très vite, elles devinrent expertes en coupe-couture-recoupe et inventèrent des techniques utilisées de nos jours en patchwork moderne. Ces femmes étaient souvent remarquées par leurs belles coiffures, leurs bijoux… Nul doute qu’elles étaient coquettes et voulaient porter les plus beaux patchworks possibles !
La première particularité du patchwork seminole est d’être composé de bandes et non de blocs. En général, les tissus utilisés sont unis, contrastés et vifs, coupés en bandes, assemblés puis recoupés à 90°, 45° ou exceptionnellement d’autres angles, et enfin recousus après avoir été décalés et repositionnés. C’est un bon exercice pour les neurones ! Après quelques simples motifs, elles inventèrent d’innombrables dessins, la plupart remplis de symboles.
Les bandes piécées sont ensuite très faciles à assembler en pile. Tout au long du 20e siècle, les Seminoles se vêtirent avec ces patchworks : il n’était pas rare, encore dans les années 60, de rencontrer des personnes vêtues en patchwork (des blouses masculines aux larges manches bouffantes, de longues jupes froncées pour les femmes) en plein centre de Miami ! A présent, cela devient plus folklorique et réservé aux lieux touristiques.
Cette sorte de patchwork reste une grande fierté culturelle et un produit de qualité largement vendu aux touristes. Ces fiers Indiens continuent d’exister en Floride !
Très beau top seminole d’Isabelle. Ici quelques imprimés se trouvent avec une majorité de tissus unis.
Le graphisme est très moderne pour nous occidentaux, alors que pour les Indiens ce sont des dessins déjà dans leur univers comme sur des poteries, en tissage de fils, de branches ou de perles. N’oublions pas que ce que nous appelons modernisme commença par la reconnaissance des qualités artistiques d’objets « venus d’ailleurs »… Des impressionnistes admiraient l’épure des estampes japonaises, Picasso secoua la vision esthétique avec les Demoiselles d’Avignon, première oeuvre cubiste, aux femmes ayant des visages inspirés de masques africains…
En complément sur les techniques de bandes seminoles, vous pouvez lire l’article de Denyse Saint-Arroman ici. Elle a aussi fait un livre très précis en français sur l’art du patchwork seminole, la contacter sur son blog si vous souhaitez l’acquérir.
Les bandes faites en technique seminole sont très utiles pour faire des bordures, mais aussi des quilts entiers qui peuvent s’éloigner visuellement du monde des Indiens :
Extraordinaire utilisation de bandes seminoles par Bartonbaker (photo Pinterest)Brenda Gael Smith, quilteuse australienne de grand talent faisant partie du groupe international Twelve by Twelve, a repris l’esprit du patch seminole tout en se référant ici à l’art aborigène et à la puissance des rêves… Superbe réalisation ! (Photo Pinterest)
Et pour finir, dans un magazine 100 Idées de ma jeunesse, Cosabeth Parriaud avait fait un superbe quilt en technique seminole. Il fut repris par une quilteuse de Haute-Garonne :
Un vrai sampler de techniques seminoles exposé à Cazères (31) ! Une Centidéaliste retrouvera peut-être ce modèle des années 80 !
Inspiration sans frontière…
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Nous partirons donc en Floride la semaine prochaine à la rencontre de Betty Smith et Miss Sue ! Dépaysement garanti 🙂
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Mise à jour En complément de cet article, Odile vient de me transmettre ces liens très intéressants sur la présence des machines à coudre chez les Seminoles :
Cécile est ma petite soeur, ma toute petite soeur qui vient de fêter ses… 40 ans. Eh oui, le temps passe pour tout le monde ! Plus de treize ans nous séparent et je me souviens bien quand je jouais à la petite maman quand elle était bébé !
Rêves d’Ailleurs pour ma petite soeur… Cadeau qui sera offert en retard, mais tout de même la bonne année ! J’ai inclus l’étiquette au dos piécé.
Tradition dont je m’acquitte avec grand plaisir, j’offre à chacune de mes sœurs (j’en ai tout de même trois !) un quilt pour aider à passer chaque dizaine. Nous savons toutes que c’est un passage parfois délicat… Restait à trouver une idée de quilt qui plairait à Cécile avec certitude.Son métier la fait beaucoup voyager et je sais qu’elle préfère chez elle, dans son refuge parisien, une touche asiatique avec un mélange de luxuriance thaïlandaise et de zen japonais. Et, tradition familiale, elle aime le bleu ! J’avais donc la mission secrète de trouver mon coup de cœur pour elle.
J’aime les scrap quilts, cet assemblage parfois un peu fouillis de multiples restes de tissus qui, finalement, font un tout harmonieux. J’ai plusieurs livres à ce sujet et celui-ci donne de nombreuses idées, certaines étant devenues très utilisées :
Ce livre de 2001 montre des combinaisons de rectangles très intéressantes. Livre de Judy Turner & Margaret Rolfe.Ce quilt, issu du livre ci-dessus, m’a tapé dans l’oeil ! Il combine rectangles de tissus japonais indigo et imprimés « kimono ». Il s’appelle « Bento box », mot alors inconnu en France, qui depuis est devenu très populaire… et désigne différents blocs cousins des log cabins.
Alors je me suis lancée :
Mes premiers essais… Je n’ai pas assez de tissus véritablement japonais pour donner le même effet que l’original, mais le but est aussi de vider un peu mes cartons pleins de tissus !Premières rangées complètes, bon d’accord je continue comme ça !Toute contente, je montre à mes amies Abeilles début juin le top que je viens juste de terminer !
Ma petite recette de cuisine d’assemblage
Si vous souhaitez faire ce modèle très simple mais plein de charme, voici quelques conseils.
– préparez votre gamme de couleurs et faites deux tas qui se départagent nettement. J’imaginerais bien ce modèle en multiples tissus écrus-beige et rouges par exemple ! Ou bien une grosse exubérance avec un stock de tissus Kaffe Fassett… Tout dépend de ce que vous avez dans vos chutes. L’important est d’avoir du contraste (de couleurs, de valeurs) entre les deux sortes. Pour moi, c’était d’une part des bleus majoritairement indigo, d’autre part des tissus chauds et richement imprimés.
– j’ai coupé tous mes tissus avec une règle en inch et choisi de faire mes rectangles de 4 1/2 sur 2 1/2 inches. Cela correspond, en centimètres, à des rectangles à couper de 11,5 x 6,5 cm. On coupe naturellement de longues bandes pour couper vite et bien. Certains tissus étant de petits restes, on essaie d’en tirer le meilleur parti ! A noter que les rectangles sont de la largeur exacte des bandes de Jelly Rolls (2 1/2 inches)… Si vous en avez un sous la main, c’est peut-être le modèle que vous attendiez 😉
– on peut assembler des bandes puis les couper en tronçons, pour plus de rapidité. Mais attention à ne pas avoir trop de blocs identiques ! J’ai aussi, parfois, coupé des carrés de 4 1/2 inch en tissus « chauds » au lieu de rectangles pour faire diversion. Pas trop non plus…
– quelles sont les unités de ce modèle ? Les rectangles sont assemblés 2 par 2 : les tissus bleus bien sûr, puis les tissus variés sont mis 2 par 2 « par affinité ». Le modèle est composé de bandes, alternativement :
une bande de 2 bleus + 2 variés + 2 bleus, etc. cousus les uns aux autres « debout »
une bande de 2 bleus + 2 bleus + 2 bleus, etc. cousus « couché » (= à l’horizontale)
Bande du haut : les rectangles sont « debouts », en alternance 2 bleus et 2 variés. On commence néanmoins une bande par un seul pavé bleu (voir plus loin). Bande du bas : il n’y a que des pavés bleus, cousus à l’horizontale (2 rangées).
– il vaut toujours mieux programmer le repassage. J’ai trouvé ce qui, à mon sens, convient le mieux à ce modèle : les blocs « debout » ont leur marge de couture repassée dans le même sens. Les blocs « couchés » sont d’abord assemblés en contrariant chaque couture par rapport à l’autre, puis repassés dans l’autre sens par rapport à la rangée précédente.
Vous pouvez voir le sens de repassage. Mais attention, contrairement à ce que suggère la photo, le montage ne se fait pas ainsi (voir la suite) : une couture de pavés bleus doit se trouver dans la prolongation de la couture entre les 2 pavés de couleurs !
– une bande complète du quilt de Cécile comporte 40 pavés debout ou 20 pavés allongés. Attention, on commence une bande de pavés debouts par 1 bleu, puis 2 de couleurs variées, puis encore 2 bleus, et on termine par un seul bleu. Regardez comment sont agencés les pavés à partir du début de la rangée :
On peut aussi le faire bloc par bloc (au lieu de ligne par ligne), alors un bloc est ainsi : les 2 pavés de couleur sont entourés d’un pavé bleu à gauche et à droite, puis de deux pavés à l’horizontale en haut puis en bas. 2 pavés de couleurs + 6 pavé bleus font 1 bloc. Le défaut de cette méthode est qu’on risque d’avoir trop de tissus identiques qui se touchent au montage.
Voilà, vous savez tout pour vous lancer dans ce genre de top si le coeur vous en dit !
J’ai mis plus de temps à me décider de faire le quilting, c’est tout de même un grand quilt de 205 x 245 cm… J’ai résisté à l’envie de le faire quilter par une pro, voulant tout faire pour ma petite soeur. Mais la prochaine fois, je crois que je sous-traiterai, ce sera bien plus sophistiqué comme dessin (ici : des lignes sinueuses… bof-bof)
Sandwich avec du molleton PSR « Super », ma boîte d’épingles à nourrice d’un côté et ma coupelle de Gien (cadeau de ma chère Pénélope !) pour mettre tous les petits fils coupés… En bas, c’est un coussin pour ne pas avoir mal aux genoux !Une épingle sur chaque carré de tissus colorés. La prochaine fois, j’essaierai sans doute « l’agrafeuse » de mon club, tout le monde l’adopte peu à peu (pistolet à bâtir « microstitch »)Et voilà le quilt bel et bien fini ! Un vrai scrap quilt que j’ai eu du plaisir à faire… et bientôt du plaisir à offrir !Bordure finie, il me reste à l’apporter en personne !
Quand vous lirez cet article, je serai en train d’offrir ce quilt à ma petite soeur qui vient de donner vie à une petite Rose, à peine éclose… 2014 est une année inoubliable pour ma Cécile !
Je pouponne et je reviens bientôt !
Dans toute sa splendeur, l’automne colore nos forêts, les champignons abondent, les chasseurs aussi (ça c’est moins bien)… et les quilts aux vibrantes couleurs sortent des placards !
Ce quilt en lisières de la romancière-quilteuse canadienne Riel Nason me fait bien rire ! Retrouvez-lasur son blog.
Ce quilt fut réalisé en 1997 parChrisqui, depuis, a confirmé son talent de quilteuse et artiste textile. Elle y dépeint l’ambiance à la fois excitante et inquiétante de la fête d’Halloween pour petits et grands…