Il est de 9 blocs au lieu des 16 prévus, pour rester en deçà des 140 cm de côté exigés pour les expositions Fibre Occitane, dont je vous parlerai prochainement. Il me reste à appliquer une croix occitane dessus ! Ce top est réalisé avec la technique expliquée dans le livre suivant :
Je ne vous aurais pas montré ce top en cours de réalisation si je n’avais pas eu cette excellente nouvelle : la talentueuse quilteuse Sujata Shah, qui avait contracté la maladie de Lyme, a été guérie par une intensive thérapie d’antibiotiques ! Ainsi elle peut poursuivre son tour d’Amérique, ses stages, ses conférences… Jamais elle n’aurait cru que la publication de son livre la mènerait à un tel succès ! De nouveau, avis aux éditeurs français !…
Monique Philippe, actuelle déléguée France Patchwork 33-47, depuis 30 ans adhérente de France Patchwork mais toujours fraîche comme une pâquerette*, est comme moi attirée par le patchwork contemporain qui évolue de manière plutôt enthousiasmante aux Etats-Unis et ailleurs. Elle vient de m’adresser une photo de son ouvrage fait en suivant un « quilt along » (faisons un quilt ensemble) avec Sherri Lynn Wood :
Parade des Unis, Monique Bernard-Philippe
Une démonstration de cette technique a été proposé à Biarritz, cette année, à Quilt en Sud. Ces chemins inconnus deviennent donc des chemins de traverse en France ! Et qui sait ? Sherri Lynn Wood en personne viendra peut-être prochainement en France…
* Pour parler de Monique, je préfère de loin l’expression en anglais, as fresh as a daisy, plutôt que notre « frais comme un gardon » !
Une artiste américaine fait actuellement un tabac auprès des quilteuses à la recherche de nouveautés : c’estSherri Lynn Wood, qui vit à Oakland, dans la région urbaine de San Francisco (Californie). Elle commença très jeune à coudre et fit ses premiers quilts à la sortie de l’adolescence. Ses préférences allèrent très vite vers le mouvement de Gee’s Bend pour leur liberté de piéçage, de montage, de matelassage. Depuis 20 ans, cette artiste allie patchwork et spiritualité, création et thérapie, ce qui est une approche inexploitée en France. Son immense succès actuel vient du livre qui vient de paraître, longuement préparé en faisant participer de nombreuses quilteuses. Elle y présente ainsi des idées plutôt que des patrons, des conseils plutôt que des obligations : des encouragements à la découverte, vers des chemins inconnus…
Son domaine : les quilts improvisés
Cela fait bien longtemps que Sherri ne travaille plus avec une règle et des mesures précises. Son œil s’est affûté pour couper et assembler, et c’est un effort sur soi à faire si on veut suivre son exemple. Il faut réussir à se libérer de son anxiété qui est, selon Sherri, non pas une émotion mais un mécanisme de défense face à l’inconnu. Non seulement on gagne du temps, mais on exprime, par la coupe spontanée, sa propre énergie et son expression ; l’œil et la main prennent l’habitude de travailler ensemble ! Cela requiert de la pratique : une bonne raison pour commencer très vite… Ne plus utiliser de gabarit mène à mieux appréhender une construction, à transformer des accidents en intérêt esthétique supplémentaire.
Ce quilt a été réalisé en laissant le hasard choisir l’ordonnancement en consultant l’oracle du Yi-King, le Livre des Mutations, issu de la philosophie chinoise multimillénaire. Plusieurs quilteuses courageuses ont suivi son « quilt along I Ching » pour aboutir à un quilt unique. A voir sur son blog Daintytime.net.
Et puis ici on ne travaille qu’avec des tissus, ce qui en soi n’est pas si stressant que ça !! Il faut savoir relativiser l’importance des conséquences de ce lâcher-prise, avoir envie de laisser transparaître ses émotions, raconter des histoires, au lieu de se limiter à la reproduction d’un quilt qui nous séduit…
Les tissus véhiculent pourtant des ambiances, des impressions, de la mémoire, que Sherri sait mettre en valeur :
Sherri travaille beaucoup à la demande. Elle s’est vue ainsi commander de nombreux « passage quilts ». Ce passage est le dernier de la vie : une personne de la famille d’un défunt confie ses vêtements pour conserver un quilt commémoratif. Ici c’est le quilt en mémoire de Gerda Renee Blumenthal (1923-2004).Quilt en mémoire de Michael Christopher Kessler, parti à l’âge de 17 ans. Sa mère a confé à Sherri ses vêtements, jouets, sigles d’équipes de sport… Les tourbillons expriment la difficulté de vivre de ce jeune.
Parfois les quilts improvisés sont qualifiés d’agressifs : leurs coupes irrégulières, leurs tissus non assortis, leur manque de finitions… Vous changerez d’avis au vu de quilts de Sherri Lynn Wood :
Le nuage de l’arc-en-ciel : un quilt n’est pas nécessairement à angles droits mais peut rester très élégant !Les quilts improvisés de l’artiste sont très harmonieux. Ici Modern Mood Quilt, été 2010Détail de ce fabuleux travail, on admire la qualité du piéçage bien plat malgré les courbes, le quilting fin, dense, précis… et à la main !RGB Modern2012
C’est donc un livre très riche qui offre beaucoup de pistes, même s’il faut du temps pour entrer dans ce processus d’improvisation. L’avenir nous dira si ce livre trouve un éditeur français…
C’est un quilt fait d’après une technique simple et ludique de Bernadette Mayr. Cette artiste nous a permis de présenter les explications de ce modèle dans le magazine de France Patchwork n° 124 (printemps 2015). Ce modèle semble plaire, c’est tant mieux ! Si vous n’êtes pas adhérente de France Patchwork, vous pouvez acheter ce magazine lors de salons, au stand France Patchwork. Le mieux est bien sûr d’adhérer, ici la page qui vous explique comment faire ! Attention, pour recevoir les 4 numéros par an de la revue Les Nouvelles – Patchwork et Création Textile, il faut choisir code 1.
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Arbre-mur, vu sur Facebook… L’art est partout !
Evelyne a donc adoré son cadeau, tant et si bien qu’elle a voulu faire un petit frère au quilt de feuilles. Et même un grand frère, puisqu’elle s’est attaquée à une forêt ! C’est avec beaucoup de plaisir que nous l’avons découvert quilté vendredi dernier. J’en ai fait des photos peu artistiques, avec un petit appareil-photos devant notre salle de réunion, mais je tiens pourtant à vous montrer ce magnifique quilt !
Dans des couleurs similaires au quilt de la Ruche de l’Amitié, cette forêt sera un beau plaid pour notre fan de vert et de verdure ! Vu d’un peu plus près, vous pouvez cliquer pour voir les détails du quilting machine. Impossible de deviner qu’Evelyne est débutante en la matière, elle a osé de multiples motifs.
Evelyne s’est auparavant entrainée au piqué libre en s’inspirant tout particulièrement de ce livre de Dijanne Cevaal. A recommander également, celui de Fanny Viollet : Piqué libre : la machine à coudre créative. Faisons des stages, des essais, c’est en pratiquant qu’on y arrive !
Un coup d’oeil sur le dos, piécé lui aussi : pour un plaid, le recto-verso est un plaisir multiplié ! Evelyne étant une personne très sensible, elle nous a raconté l’histoire de certains de ces tissus, des souvenirs de femmes de sa famille…
Il est écrit : « Quand la vie est une forêt chaque jour est un arbre »…
Jacques Prévert (voir le poème complet ici). Et bien sûr, Evelyne n’a pas oublié le crayon du souvenir.
Cette forêt fait partie des modèles d’un livre maintenant épuisé de Bernadette Mayr (Garten Patchwork), mais vous pouvez d’ores et déjà acheter son petit dernier, plein d’idées nouvelles tout aussi enthousiasmantes :
En 2011, j’ai commencé quelques blocs de tulipes à la suite d’un coup de foudre chez Nifty Quilts, déjà,j’en faisais part dans cet article en 2011. L’origine de son bel ouvrage est un quilt de 1960, d’une quilteuse de la campagne géorgienne (dans le vieux-sud américain si cher à mon coeur). Il fait partie de ces ouvrages utilitaires souvent pleins de fantaisie sur lesquels j’ai écrit dans les Nouvelles n° 124 (pages 32-33 du dernier magazine de France Patchwork).
Quilt d’Annie Howard avec les tulipes piécées par sa mère Mary Lizzie Parham (1883-1955) – Quilté main par Julia Ford, une de ses amies.
L’histoire de ce quilt est raconté dans le livre Georgia Quilts. Au décès de sa chère maman, Annie Howard décida d’utiliser les tulipes faites de bandes piécées, laissées par sa mère. Elle fit les blocs sur fonds rouges, ajoutant tiges et feuilles, les agença en colonnes. La description de cette petite bonne femme me fait irrésistiblement penser à Miss Sue! Ce sont des femmes ayant eu la vie dure au cours du XXe siècle, issues de familles très nombreuses, dans cet Etat de Géorgie encore empreint de l’histoire autour de la culture du coton et de l’esclavage… Encore une femme de caractère : obligée de quitter l’école à l’âge de 7 ans, elle apprit à lire… à 77 ans ! C’est un quilt auquel elle tenait puisqu’il lui rappelait sa mère, et malheureusement il fut perdu lors de son dernier déménagement, 2 ans avant sa mort survenue en 1999.
Les tulipes de LeeAnn ont l’air de danser sous la brise printanière ! Différents fonds de blocs, tous rouges mais certains à pois, donnent une belle modernité à ce quilt. De tous ses ouvrages, c’est sans doute un de mes préférés !
Depuis, de nombreuses tulipes piécées ont vu le jour, parmi lesquelles mes toutes récentes Nifty Tulips. Elles s’appellent ainsi bien sûr pour rappeler que sans LeeAnn, je n’aurais peut-être jamais connu ce quilt qui m’a inspirée à mon tour. Et puis on peut traduire cela par « de chouettes tulipes », ce qui me va très bien ! Si vous souhaitez en chercher d’autres sur internet, tapez « string tulips » (tulipes de bandes).
Quilting en coton perlé n° 8, motifs fantaisie pour chaque bloc. Comme vous le voyez ici peut-être, les tissus de fond sont bordeaux de plusieurs teintes.
Les tulipes sont restées 4 ans au nombre de 4 dans un carton, pas assez pour une belle plate-bande printanière. J’ai donc vite avancé le top ces dernières semaines, lui donnant un air scrappy décontracté que j’affectionne, n’achetant aucun tissu pour cet ouvrage. Des lisières deci-delà renforcent l’esprit de récup. Je n’ai pas oublié le crayon, simplement brodé au point avant, en rappel detout ce qu’on peut faire avec ce point basique.
En cours de matelassage, tout en coton perlé ! J’ai fait le tour des tulipes en vert côté tige et feuille et d’une autre couleur autour de la tulipe, puis le fond est quilté de diverses façons, en rouge foncé dégradé.
Quelques lisières se promènent dans la bordure…… et un crayon, mais la photo est floue, je devrai en reprendre une !
Et voilà, c’est le printemps !
La bordure est d’un style dont je ne me lasse pas, Karen Griska l’utilise souvent aussi !
Ce quit est actuellement exposé, parmi beaucoup d’autres, à Colomiers.
Bientôt d’autres posts sur d’autres ouvrages inédits de cette expo… après les fêtes de Pâques que je vous souhaite joyeuses !
Nifty… C’est un mot que je ne connaissais pas avant de tomber sur ce blog : Nifty Quilts… C’est un mot très positif puisqu’il signifie à la fois « qui a du chic, de la classe », mais aussi « sympa, malin, astucieux, chouette ». LeeAnn, qui écrit ce blog, mérite les deux interprétations du mot ! Vous saurez bientôt pourquoi ce titre de post…
La tulipe est une fleur très graphique, symbole de la Hollande où en ce moment, les champs explosent de couleurs. Son nom signifie « fleur-turban ». Elle se prête si bien à des interprétations artistiques !
Hollande en avril, c’est une explosion de couleurs ! Je vous conseille la visite du parc de Keukenhof… J’en ai un souvenir ébloui !
Les tulipes ont une histoire folle. La tulipomanie, vous connaissez ?
Au début du XVIIe siècle, ce qui deviendra les Pays-Bas était certes en guerre d’indépendance contre l’Espagne (pendant 80 ans…) mais aussi en pleine gloire coloniale très rentable avec la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales : les valeureux navigateurs rapportaient toutes sortes de denrées d’Asie : soies, porcelaines, épices… les Hollandais colonisaient aussi de nouvelles terres en Amérique, parmi lesquelles un territoire baptisé Nouvelle-Amsterdam en 1625 qui deviendra New-York… Max Weber (en 1905) attribuera les valeurs du protestantisme (la valorisation du travail) à la création du capitalisme en Europe du Nord, ce n’est sans doute pas le facteur unique mais il règne en Hollande, en ce début de XVIIe siècle, un sentiment de modernité, une effervescence tous azimuts… et les tulipes auront leur place dans cette histoire !
Hans Bollongier, Bouquet de tulipes, 1639, Rijksmuseum Amsterdam. Bel exemple de l’âge d’or des natures mortes flamandes.
De l’Empire Ottoman, des bulbes furent introduits en Hollande à la fin du XVIe siècle. Les fleurs de tulipes prospérèrent dans ce climat européen humide et devinrent si populaires que les oignons se volaient en pleine terre ! Mais ce qui mit le feu aux poudres, c’est un virus de l’oignon. Je m’explique : les tulipes sont d’une seule couleur éclatante quand tout va bien. Un virus transmis par les pucerons peut les rendre bicolores de manière flamboyante mais très aléatoire, et à l’époque ces transformations étaient bien mystérieuses… C’est ce virus la cause partielle, pendant l’hiver 1636-37, d’une forte spéculation puis de l’effondrement de la valeur des bulbes.
La Folie Tulipière, Jean-Léon Gérôme, 1882 (Musée Walters, Baltimore, Maryland, USA). Ce peintre français très académique du XIXe siècle illustre la tulipomania du 17e siècle : un Noble protège son précieux exemplaire de tulipe bicolore tandis que les soldats piétinent les tulipes du champ, afin de lutter contre la spéculation.
En fait, la tulipomania a marqué les esprits car il s’agissait d’une simple fleur mais d’après les dernières recherches, elle a été amplifiée a posteriori, symbolisant les errements du capitalisme. Les délires du marché de la tulipe, bien réels, n’ont pas touché tant de monde que cela et n’ont pas anéanti l’économie hollandaise… Si cela vous intéresse, vous pouvez lire quelques articles : Quand les bulbes dégénèrent en bulles Et krach la tulipe La tulipe… interprétation de l’Histoire !
Tulipe Reine de la Nuit, photo du catalogue Meilland
En littérature, on ne peut pas oublier La Tulipe Noire d’Alexandre Dumas, dont l’inspiration est tirée de cette spéculation, mais avec aussi des troubles socio-politiques violents, de l’amour fleur bleue pour une jeune Rosa… Un roman très fleuri !
J’ai lu ce livre enfant, pas vous ?…
Attention, aucun rapport avec le film de cape et d’épée de Christian-Jaque de 1964 avec Alain Delon et Virna Lisi, leur histoire se passe à la Révolution Française !
Vous pouvez admirer des céramiques de style Art Nouveau illustrant cet article : la tulipe convient si bien à ce style…Sacrées nifty tulips (les tulipes ont la classe) !
Elégance de l’Art Nouveau…
De même, dans les peintures paysannes traditionnelles sur bois, coeurs et tulipes sont souvent à la fête ! Occasion rêvée pour faire un coucou à ce blog : des tulipes et des coeurs!
La fleur de tulipe, si ronde et élancée, se plie facilement à toutes les interprétations textiles ; piécées ou appliquées, elles se prêtent à tous les jeux. Entrons donc dans la danse des tulipes…
Les quilts de style Baltimore ont souvent des tulipes. Réminiscence du pays d’origine de tant de personnes de ce coin des Etats-Unis ? Très certainement ! Barbara Brackman a répertorié un nombre impressionnant de blocs aux tulipes dans son encyclopédie des blocs appliqués.
Voici donc quelques photos de quilts anciens et récents avec des tulipes… A vous ensuite d’aller vers d’autres découvertes !
Quilt du XIXe siècleQuilt années 1930Sans date, XXe siècle Ce quilt, comme vous le voyez, est extrêmement raffiné et merveilleusement exécuté. C’est l’oeuvre de Michel Galan… qui souhaitait « juste » s’initier à l »art de l’appliqué ! Quel phénomène !! Vous pouvez voir quelques tulipes en bordure. Le modèle est de la papesse du Baltimore, Ellen Sienkiewisz.Voir détails sur son blog !
Un modèle dans Quiltmania (n° 76, venant de Lucy des Pays-Bas… naturellement !) m’avait vraiment tapé dans l’oeil, Beatrice de l’Aiguille dans une botte de foin l’a fait :
Quel dynamisme dans ces couleurs ! Le Cheddar, cette couleur orange, me fascine et me fait peur à la fois !…
Ce petit quilt de Pasty Moreland montre une des possibilités de faire une tulipe avec un bloc de log cabin…
Ce bloc est proposé avec d’infinies variantes de dispositions… Super pour utiliser beaucoup de petits restes de tissus vifs !Lisa Bonjean a repris un bloc des années 1930, réinterprété avec ses tissus, pour faire ce magnifique quilt dédié à sa mère (détail, voir aussi ici).
Des fanions volant au vent, c’est l’inspiration de ce quilt tonique :
Photographié la première semaine de février, on aperçoit des restes de neige dans le jardin !
Déjà, les deux années précédentes, Kristine produisait de nombreux quilts inspirés par Bernadette Mayr ; depuis qu’elle a découvert le livre de Sujata, c’est un enthousiasme renouvelé !! L’une et l’autre, l’Allemande et l’Indo-américaine, proposent des styles de patchwork qui lui convient au mieux.
Ce quilt au fond noir, néanmoins très gai, fut fait à la vitesse de l’éclair, assemblé et quilté en quelques demi-journées : c’est le privilège des tops coupés et cousus au coup d’oeil et à main levée. Ainsi sont faits toute une branche de quilts contemporains. Celui-ci est toujours issu d’un modèle du livre de Sujata Shah (livre : Cultural Fusion Quilts, C&T éditions). Un éditeur aura-t-il l’idée de le faire traduire pour toutes celles qui préfèrent les textes en français ?…
Très difficile à distinguer sur photo, le quilting ton sur ton indique que le quilt est inspiré par Sujata Shah. On le voit pourtant très bien « en vrai » !
Les magnifiques tissus sont de Brigitte Heitland, la styliste de ZEN CHIC. Kristine les lui avait achetés à Sainte-Marie-aux-Mines en septembre dernier et conviennent parfaitement à ce style de patchwork. C’était un sac de coupons restant de la collection Barcelona !
Ici le titre, en fil contrasté, se voit bien mieux.
Pas d’étiquette au dos, tout est dans le quilting ! Et il ne manque pas le petit crayon du souvenir :
Prochainement, Kristine partagera ici avec nous sa passion pour le style et les oeuvres d’une femme d’origine ukrainienne… Vous ne trouvez pas ? Alors, patience !
Le point avant, le point universel… non seulement pour l’assemblage invisible de deux pièces, couture basique, mais aussi pour la consolidation d’un tissu ou de plusieurs couches de textiles, en matelassage ou quilting, appelez-le comme vous voulez ! Les quilts bosniaques dont on parlait au début des années 2000, le boutis comme le trapunto, le kantha bengalais, le sashiko japonais… Tous ont pour base le point avant, le point qui court, running stitch en anglais, que je trouve si imagé que je le présente ainsi aux enfants ! Point indispensable, rapide, à la fois utile et décoratif.
Bosna quilt, quilt d’exposition reprenant les codes des quilts utilitaires du pays.
Sampler de motifs de sashikoExtraordinaire boutis, vu en transparence. Je ne sais pas si Danyl l’a fait au point avant, point traditionnel, ou de piqûre, plus solide. Art raffiné à la Française…
On appelle kantha une broderie au point avant, faite à l’origine pour maintenir ensemble des morceaux de tissus de toutes sortes sur plusieurs épaisseurs. On peut penser à une similitude avec les Boros du Japon, dont on a longuement fait état les années précédentes. Cette année à l’Aiguille en Fête, il y avait, parmi de nombreuses autres merveilles d’Orient, des Kanthas récents qui étaient tous à vendre. Ici plusieurs formes de formes de broderies kantha, faites pour l’exportation, sont réalisées sur un grand panneau textile :
Beau motif de coquilles sur un tissu teint en bandes verticales roses et vertes.Tissu uni clair, entièrement décoré de points avant. Certains remplissent les espaces, donnant un effet d’impression du tissu.Trois couleurs de fils pour un effet géométrique
Même couleur de fil pour un mélange géométrique et figuratif qui doit être très amusant à inventer au fur et à mesure :
Les kanthas peuvent aussi être ainsi :
Motif figuratif élaboré aux belles couleurs !
Grâce à des associations, le kantha est un savoir-faire qui est actuellement sauvé de l’oubli. A l’origine humble piquage d’étoffes usagées cousues ensemble pour protéger et embellir les personnes et les objets, les qualités décoratives de ces textiles les érigent en objets de collection. Vous en saurez sans doute plus, très prochainement, dans la presse spécialisée !
Si le kantha provient du Bengale, vaste territoire partagé entre l’Inde et le Bengladesh, on trouve ailleurs en Inde, plus à l’ouest, des patchworks quiltés. Il y a un air de famille en raison des points avant omniprésents, ainsi que l’origine indienne. Des différences aussi, mais on peut trouver toutes les variantes qui font que toutes ces pratiques ne sont pas éloignées ! Quelques patchworks indiens étaient exposés l’année dernière, toujours à l’Aiguille en Fête, mais aussi en Alsace en 2013 à l’occasion de la sortie du livre de Geeta Khandelwal :
Livre bilingue Godharis (Quiltmania), nous faisant voyager dans l’Inde centre-ouest. A côté, mes jolis tissus Neelam, des unis tissés-teints aux couleurs naturelles. Il me tarde de commencer quelque chose avec eux !
Comme un carnet de voyage, Geeta nous raconte un périple dans un monde rural varié, aux femmes qui confectionnent des godharis, des quilts en bon français ;-). Jamais ces quilts ne sortent du village, ce sont des objets utilitaires. Ils sont faits principalement de restes de saris, coupés sans ciseaux (le tissu est entamé par une lame de rasoir, puis déchiré), mesurés à l’aune du doigt, de la main, de la coudée… Alors évidemment on ne peut attendre un piécé absolument rectiligne. Mais qui s’en soucie ? Les godharis sont là pour tenir chaud, un point c’est tout ! Certaines nuits, même au coeur de l’Inde, il peut faire bien frais.
Geeta Khandelwal, auteur du livre Godharis.
Pour maintenir les couches textiles entre elles, le quilting est soutenu, avec des points avant qui courent parallèlement puis changent de sens, juste pour suivre un motif ou pour le plaisir :
On aperçoit l’assemblage du même tissu, quilté avec des fils changeant parfois de couleur… et de direction ! Photo Sujata Shah en Inde.
Un motif dessiné, cousu, montré plusieurs fois dans ce livre me rappelle un modèle de quilt qui fit grand bruit il y a quelques années dans Quiltmania, dont un bloc de patchwork était en forme de svastika… d’ailleurs pas vraiment, mais le quilt était nommé ainsi (Quiltmania n° 52). Dans le numéro suivant, des excuses étaient présentées. C’est toujours en Inde un signe extrêment bénéfique, ainsi que dans le boudhisme et de nombreuses civilisations passées ou actuelles (dès le néolithique, et aussi notamment chez les Navajos, les Kunas, etc.). De ce beau symbole universel, notre plus sombre histoire du 20e siècle en a fait un signe honni, ce qui a pour conséquence qu’en Occident on ne peut plus se permettre de l’utiliser…
Vous découvrirez dans le livre certains Godharis extrêmement proches de quilts américains. Peut-on imaginer des quilts ayant voyagé, ou des quilteuses d’un pays ou l’autre ayant transmis ses connaissances ? L’auteur pense plutôt à l’universalité de certains motifs, vérifié maintes et maintes fois…
Universalité des choses, c’est ce qui m’a traversé l’esprit en lisant ce livre sur les femmes en Inde peu après celui de Roderick Kiracofe qui raconte un peu la même histoire dans les Etats-Unis ruraux. Universalité de la géométrie et de l’esthétique, quand j’ai vu des photos de godharisqui ressemblent un peu au quilt fait pour ma fille :
GodhariPetit air de ressemblance, n’est-ce pas ?… 10 ans de lavages l’ont rendu moins flamboyant qu’à l’origine. Il est quilté à gros points au coton perlé, il n’a pas de nom mais je l’appellerais bien Godhari maintenant !
Un coucou à Sujata Shah, actuellement en voyage en Inde, qui a eu la chance de rencontrer Geeta Khandelwal la semaine dernière. Voyez son article ici, avec de très belles photos. Elle se sent tellement liée aux deux pays qu’elle peut résumer ses influences ainsi :
En plein hiver, je me prends à rêver de fleurs de toutes les couleurs… Mon rêve est devenu réalité entre les doigts de Kristine qui vient de finir le quilting de son petit dernier :
Pushpanjali, tel est son nom, ce qui signifie Offrande de Fleurs… Ce mot indien convient bien à ces couleurs vives qui dansent si bien ensemble, mais aussi parce que l’inspiratrice de ces blocs est Sujata Shah, auteur de ce livre :
Le blog principal de Sujata est The Root Connection.Le bloc aux coutures légèrement arrondies est utilisé ici pour faire des moulins ; Sujata l’a décliné de maintes autres manières dans son livre que je vous recommande !
Qui se soucie de l’exactitude de chaque bloc ? Pas moi en tout cas ! Les pétales légèrement arrondis n’ont pas la même taille, les différences existent sans être dérangeantes. En revanche, le quilting minutieux, dense pour le fond, confère au quilt beaucoup de classe. Telle est la tendance du patchwork libéré !
Voici des détails du quilting machine de Kristine :
Et de dos :
On y voit bien le changement de couleur de fil en fonction de la zone matelassée.
Le voici, ce quilt qui sera une nappe de jardin aux beaux jours à venir :
« A cheval sur l’étiquette » (intraduisible !), Kristine l’a brodée :
Tout y est, même le crayon du souvenir…
Bientôt je vous présenterai un autre quilt : même inspiratrice, même Abeille travailleuse…
Je suis vraiment pleine de reconnaissance envers ma nouvelle amie « de l’autre côté de l’Océan ». Sujata est une femme exquise, extrêmement sensible et d’une admirable ténacité tout en douceur.
Ce que vous n’avez pas vu de ce quilt, c’est le matelassage à la main :
Un coton perlé fin et coloré anime tout le miniquilt. Sujata ne l’a fait qu’une fois le tirage au sort effectué : ainsi, elle m’a dit avoir pensé à moi, l’heureuse destinataire, à chaque point, et donc aussi un peu à la France…
Ni le tissu de dos :
Un magnifique tissu indien avec des éléphants a été choisi par Sujata pour le dos : merci, quel raffinement !
Et le savez-vous ? En décembre, c’était le livre de patchwork le plus vendu sur amazon.com ! Les quilteuses savent ce qui est vraiment bien et le bouche à oreille (ou le blog à blog) fonctionne à fond !
Après la richesse des décorations de Noël, j’avais envie de gaieté et de modernité, j’ai donc ressorti un quilt fait d’après Bernadette Mayr, les coquelicots. Ils vont si bien ensemble !
Mon premier tableau de coquelicots est sur fond noir et ressemble beaucoup à l’original de B. Mayr (Patchwork Fleuri, SAEP, 2006). Il est maintenant dans la chambre de ma fille à Paris. Celui-ci, sur fond gris, a été fait en tandem avec Madeleine : nous avons partagé les tissus et fait des faux-jumeaux !
Voici Sujata à la sortie de son livre, toute émue d’être éditée !
Nous n’avons pas fini d’être contaminées par sa joyeuse manière de faire du patchwork, c’est si agréable ! Déjà, Claude Allard a créé une trousse pleine de gaieté, sans mesure ni stress (coupant au cutter, juste au coup d’oeil et à main levée), au lendemain de la réception de son exemplaire de Cultural Fusion Quilts :
Merci de nous inspirer Sujata, et bon séjour en Inde, ton pays natal !