Croisière et arts textiles

J’ai des amies qui, loin de l’actualité des gilets jaunes, ont pris la mer hier. Une croisière en Méditerranée, pendant laquelle elles ne risquent pas de s’ennuyer puisqu’elles vont assouvir leur passion des arts textiles ! Très banale aux Etats-Unis, cette proposition l’est beaucoup moins en France, c’est pourtant une idée de dépaysement très sympathique, surtout avec des animatrices comme Sheila Frampton-Cooper, Maryse Allard, Ina Statescu et Gabrielle Paquin que, chacune, je connais et admire, ainsi que Cyriaque. Que la croisière s’amuse !

Hier soir : embarquement immédiat ! Photo de Frédérique Proust, heureuse participante de la croisière (photo Facebook)

Cet événement est organisé par Pascale Bebronne et son équipe. Beaucoup d’entre nous connaissent cette femme volontaire et énergique, qui participe activement à l’animation du monde du patchwork en France.

Son nom vous dit quelque chose sans savoir d’où ça vient ? Je vous aide : vous lisez son nom dans le magazine La Pratique du Patchwork. Ce magazine (à présent édité en version à mi-chemin entre le magazine et le livre) a indéniablement sa patte, sa culture et son énergie. Les explications de modèles, avec de nombreux pas-à-pas photographiés, sont faciles à appréhender. Quant aux dossiers, ils sont toujours complets, comme dans le dernier numéro (La Pratique + n°2) avec le quilting machine, qui répond à toutes vos questions sous la plume de la spécialiste Chantal Baquin, ou des perspectives historiques (La 1ère Guerre Mondiale et les hexagones) écrites par ma fidèle amie haute-garonnaise Denyse Saint-Arroman. Et bien sûr de nombreux portraits d’artistes viennent compléter la revue de 146 pages. Dans celui-ci, le fabuleux Ian Berry, rencontré de nouveau l’été dernier à Labastide-Rouairoux, est minutieusement portraituré par Pascale Bebronne. D’habitude, c’est lui le portraitiste, ici il en est le sujet. Son succès mondial ne lui fait pas la grosse tête, il reste si amical, accessible, humble… Il est toujours mon chouchou, un mot qui le fait toujours rire aux éclats !

Avec Les Nouvelles, Patchwork & Création Textile, unique en son genre puisque fait pour et par les adhérents de France Patchwork, les éditions de Quiltmania, celles d’Editions de Saxe, celles de Burda avec divers magazines d’Outre-Rhin traduits en français (Sabrina, Elena) et La Pratique du Patchwork +, nous quilteuses et quilteurs francophones avons une chance inouïe !

Soutenons nos associations et éditions sur le patchwork et arts textiles, elles sont de grande qualité !

Vers la beauté

Attirée par la mention de Modigliani, j’ai ouvert pour la première fois un livre signé David Foenkinos.

De nombreux thèmes universels s’entrecroisent et enrichissent une histoire qu’on découvre peu à peu. La fragilité de l’adolescence et le sentiment de culpabilité de certaines victimes sonnent particulièrement juste avec un drame intime si difficile à maîtriser… mais c’est l’indescriptible puissance de la beauté sur l’âme qui irradie le roman :

Elle comprenait la puissance cicatrisante de la beauté.

Peut-on se soigner en se confiant à un tableau ? On parle bien d’art-thérapie, de créer pour exprimer son malaise, pour se comprendre à travers les intuitions de l’inspiration. Mais c’était différent. Pour Antoine, la contemplation de la beauté était un pansement sur la laideur. Il en avait toujours été ainsi.

Oui, la beauté apaise…

La beauté demeure le meilleur recours contre l’incertitude.

Quand il se sentait mal, il allait se promener dans un musée. Le merveilleux demeurait la meilleure arme contre la fragilité. 

Seule la beauté pouvait le sauver…

Ces citations sorties de leur contexte sont risquées, masquant l’histoire singulière d’une poignée de personnes qui se croisent, s’aiment, se font du bien ou du mal, qui se comprennent en silence ou qui, faute de communication, sombrent dans la culpabilité.

David Foenkinos, photo de C. Elie/Gallimard

Les critiques professionnels sont parfois gênés par les nombreux aphorismes et une écriture simple qui desserviraient le beau sujet. Pour moi, simplicité rime souvent avec réussite, j’ai aimé ce roman fluide et bien construit ainsi que sa réflexion sur la possible guérison grâce à l’art, souvent synonyme de beauté dans le livre, mais aussi la bienveillance de certaines personnes, le mystère de l’amour… 

Le mur des mots à Blois, création de Ben.

Et pourtant, l’art est-il toujours beau ? N’est-il pas parfois dérangeant ? C’est bien un thème récurrent dans l’art moderne et bien trop complexe pour aujourd’hui !

Pas de quilts dans cette histoire, mais d’intéressantes réflexions sur la création et l’intuition, communes à toute activité artistique. En compensation, voici un pêle-mêle de citations venant de Quiltville, le blog de Bonnie Hunter (scrap-quilteuse) :

Ose créer ta propre forme de beauté
La créativité n’est pas une compétition.
Les choses sont belles quand on prend le temps de les rendre ainsi.
Le pire ennemi de la créativité est le doute de soi. Sylvia Plath, poétesse.
A chaque fois que tu crées de la beauté autour de toi, tu répares ton âme. Alice Walker, auteur de La Couleur Pourpre.
Ose être différent – la conformité tue la créativité.

Avez-vous déjà lu ce livre ou d’autres de Foenkinos ? Plusieurs me tentent à présent : Charlotte, De la délicatesse, Lennon…

Jeanne Hébuterne assise, Amedeo Modigliani, 1918 (collection particulière). “Le bonheur est un ange au visage grave.” dit le peintre…

Elle avait une belle peau laiteuse avec des cheveux auburn, on l’appelait noix de coco ! Son étrange regard très clair fut maintes fois peint par Modigliani, donnant un air d’étrange vacuité ou d’insondable profondeur…

Jeanne Hébuterne est un personnage du livre Vers la Beauté, une artiste d’une beauté éblouissante. Entre elle et Amedeo ce fut l’amour fou. Elle fut la dernière amante de Modigliani, mort de tuberculose, qu’elle suivit dans la mort. Il avait 36 ans, elle 21. Giovanna, leur fille orpheline à 14 mois, fut adoptée par sa tante. Cette poignante histoire d’amour est relatée dans plusieurs livres et mise en scène dans des pièces de théâtre, des films…

Les Nouvelles arrivent !

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A chaque trimestre c’est une jolie tranche de bonheur qui arrive dans notre boîte aux lettres, un soleil qui se joue de la météo : le magazine des Nouvelles pour les adhérents de France Patchwork !

Il est ce mois-ci aux couleurs d’un quilt de Patricia Belyea, Gilded Garden (Jardin Doré). Vous connaîtrez mieux cette artiste en lisant l’interview qu’elle m’a accordée (pages 54-55). Vous pourrez également vous essayer à une de ses méthodes expliquées dans son livre, car j’ai eu l’aimable autorisation d’une responsable de la maison d’édition (Abrams Books) et le soutien de Monique Lopez-Velasco notre rédactrice en chef pour adapter Good Fortune en français pour vous (pages 88-91).

Son livre est également présenté ici.

Thank you so much for your patience Patricia! It has been such a pleasure to prepare these pages with you and Traci!

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Dans notre revue vous trouverez vos rendez-vous habituels avec un focus sur les anneaux de mariage. Il y a tant à dire que Christiane Billard, Cécile Denis et moi-même avons toutes traité ce thème sur la proposition de Monique, chacune à notre manière.

Avec Christiane, je révise sans cesse mes certitudes, son savoir est immense et sa plume sait nous intéresser aux détails les plus pointus de la riche histoire des quilts. Ici, Christiane attire notre attention sur la versatilité du bloc, ses effets multiples et, ce qui nous touche forcément, le soin apporté par des générations de quilteuses pour réussir, même dans l’adversité de la crise économique des années 1930, ces merveilles d’élégance et de précision. 

Quilt Erika Ray

Cécile et son savoir-faire nous aident à déjouer les embûches de ce bloc spectaculaire et délicat dans Les Blocs de Garance. Elle connaît très bien le sujet puisqu’elle a fait un quilt d’anneaux de mariage il y a quelques années pour célébrer les 20 ans de son union.

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Avant que Cécile n’écrive son propre blog et participe à la rédaction des Nouvelles, elle m’avait confié la photo de son superbe quilt en anneaux de mariage, à retrouver ici.

Pour ma part, je rappelle dans Modern Quilt ce qui n’est plus à démontrer, que les quilteuses contemporaines s’inspirent directement de la tradition. Un merci particulier à Victoria Findlay Wolfe, Keiko Goke, Tara Faughnan et Rachael Daisy pour leurs photos de quilts, leur générosité et leur compréhension quand il me faut les photos « pour hier »…

Clin d’œil surprise page 19 avec le quilt que mes amis adhérents de Haute-Garonne et des départements avoisinants ont fait dans le plus grand secret en automne dernier ! 

Ce quilt très cher à mon cœur m’a été offert le 17 novembre dernier, lors de la dernière JA que j’organisais avec ma délégation FP31.

De nombreuses autres surprises vous attendent dans la revue ! A chaque fois je dis que c’est la plus belle…

Ce numéro 137 est très spécial, vous le remarquerez, car c’est le dernier de Monique qui a tenu le rôle exigeant de rédactrice en chef pendant 10 ans. Ce n’est que lorsqu’on participe à la rédaction qu’on a une petite idée du travail phénoménal qu’elle a accompli avec son binôme Nicole Dewitz et toutes les autres bénévoles. Le petit rôle que j’y ai tenu m’a comblée : appartenir à ce groupe sous l’égide de Monique ne fut que du plaisir !

Lors de l’AG de l’association qui s’est tenue vendredi dernier à Angers, Monique a reçu un superbe top imprimé de photos emblématiques et les couvertures de tous ses numéros ! Ce très beau cadeau concocté par notre Présidente Catherine Bonte lui rappellera bien des souvenirs… De gauche à droite : Sylvie, Danielle, Catherine, Monique, Dominique et Edith, qui consacrent bénévolement une énergie folle pour France Patchwork !

 

Une nouvelle équipe nous régalera de ses reportages, modèles et surprises en septembre. C’est Sylvie Bedu, ancienne déléguée départementale et artiste très talentueuse, qui va mener la danse. Sylvie, je te souhaite beaucoup de satisfactions pour la naissance de chaque nouveau bébé, et ce pour notre plus grand plaisir !

 

 

 

Sylvothérapie

Hier j’ai arpenté les rayonnages d’une librairie toulousaine, Ombres Blanches. Quelle ne fut pas ma surprise de voir l’envahissement des livres sur la sylvothérapie ! A-t-on besoin de tant de mots, d’encre et de papier pour savoir que se promener en forêt fait un bien fou ? J’ai la grande chance d’habiter à l’orée d’une forêt et c’est une évidence qu’après une balade, sportive ou contemplative, quelle que soit la saison, je rentre heureuse et en paix avec le monde et moi-même.

J’ai une autre sylvothérapie, c’est passer du temps avec mon amie Sylvie, ma Vive qui me donne toujours le sourire, mais c’est une autre histoire…

Bien sûr je me suis précipitée l’année dernière sur le livre-événement d’un garde-forestier allemand qui a détaillé les connections extraordinaires entre les arbres (La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben). J’ai feuilleté récemment celui d’un Japonais qui, sûrement à juste titre, revendique l’art et la science des bains de forêt dans la tradition japonaise, j’ai jeté hier un œil sur tant de livres qui parlent de l’énergie que nous procurent les arbres… Oui, d’accord, mais cela m’est tellement évident que je n’ai acheté aucun de ces ouvrages.

Mais aujourd’hui, c’est différent…

Je fais pleinement confiance à ce monsieur pour me guider à la découverte d’histoires d’arbres et de forêts extraordinaires. Ses expériences professionnelles multiples lui donnent l’expertise pour associer art, science, culture et environnement. J’espère trouver en lui l’émerveillement de la nature tel que je l’ai découvert avec les livres de Jean-Marie Pelt il y a plus de trente ans.

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Son livre est richement illustré par Lucille Clerc :

Alors j’ai commandé ce livre, paru hier en Grande-Bretagne (et aux USA, mais aussi en Allemagne… pas encore en France malheureusement).

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Illustration Lucille Clerc

Pourquoi tant de confiance en ce monsieur ? Eh bien, ça fait un peu midinette (beaucoup ? bon d’accord), mais Jonathan Drori est le mari de ma romancière préférée, Tracy Chevalier ! Alors je fonce, pleine de confiance !

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La page FB de Jon Drori est pleine de photos fabuleuses et d’extraits du livre qui excitent ma curiosité ! Ici la forêt de Sibérie, qui me rappelle mon livre préféré de Sylvain (prénom prédestiné) Tesson, Dans les forêts de Sibérie.

Je vous en donnerai des nouvelles… En attendant, je vous remontre ces quelques quilts sur ce thème, en gardant la certitude qu’on ne perd jamais son temps en faisant du patchwork ou en se promenant en forêt !

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Mon Arbre de Vie Vert reste un de mes quilts préférés…
mais aussi cette forêt automnale déstructurée au clair de lune…
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J’aime les quilts avec des arbres… même en dos de quilt !

Tartans de Highlander

Mary Stuart (1542-1587) par François Clouet, vers 1560.

Une longue amitié lie les Écossais et les Français et nous partageons de nombreuses pages d’histoire comme celle de Mary Stuart. Depuis plus de quatre siècles cette femme inspire les artistes. On la voit incarnée au cinéma dans d’innombrables films et séries (si on voit Elizabeth 1ère, Mary Stuart n’est jamais loin), poètes et musiciens la vénèrent, historiens et écrivains ont écrit de touchantes biographies (comme Stefan Sweig)… Et bien sûr les romanciers font la part belle à la fascinante Mary Stuart au destin tragique, la seule qui fut reine de France et d’Ecosse. Mini-sélection : le court roman de Didier Decoin La Dernière Nuit (1978) et le gros pavé de Ken Follett, Une Colonne de Feu (2017). Si touchante, la petite Mary.

Dans les hautes terres du nord de l’Ecosse, les Highlands, J. K. Rowling y a situé la mythique Ecole de Poudlard (Harry Potter), poursuivant ainsi la tradition de légendes et de magie qui collent à ce pays.

Parmi tant d’autres, Outlander, saga écrite par Diana Gabaldon (aussi en série TV), nous plonge aussi dans un univers fascinant, après le fameux Highlander (film de 1986) avec Christophe Lambert.

Bien sûr les montagnards d’Ecosse, les Highlanders, sont célèbres pour leurs kilts ! Nous parlions vendredi dernier de nos souvenirs d’enfance, quand nos mères aimaient nous vêtir de ces jupes alors à la mode.
Le plus célèbre représentant de la fierté highlander est Sean Connery :

0430 SOCIAL Tartan...Library file, dated 5/7/00. Actor Sir Sean Connery, donning full Highland dress and wearing his medal after he was formally knighted by the Queen during a investiture ceremony, at the Palace of Holyroodhouse in Edinburgh: One of Scotland's leading actors, Sir Sean Connery is today, Saturday 6th April 2002, set to join 10,000 drummers and bagpipers in New York for the biggest ever Tartan Day parade. The blockbuster movie star is expected to help the musicians take part in what organisers hope will result in the world's biggest-ever pipe band march. See PA 0430 SOCIAL Tartan. PA Photos

 Kilts, quilts, les mots prêtent parfois à confusion en France… Rappelons que les kilts sont des jupes dont le tissage spécifique, aux lignes de couleurs entrecroisées, est appelé tartan en anglais, écossais en français. Chaque clan (famille) possède son propre dessin précis depuis le 19e siècle (seulement, dirais-je !), c’était auparavant plutôt lié à la localité. Les kilts étaient au début un lé de tissu de 5 mètres de long enroulé autour de la taille puis le pan restant était relevé sur l’épaule et épinglé.

En Ecosse, ce sont les hommes qui portent le kilt… et la femme le pantalon ? 😉 Plus sérieusement, des tribunes se posent la question des normes vestimentaires (par exemple ici  ici ou ). Prendre du recul, voir ce qui se passe ailleurs ou avant, c’est intéressant !

 

Edit : lire aussi cet article sur les kilts et tartans : https://sylectures.wordpress.com/2017/03/01/kilts-et-tartans/

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Les tartans ont inspiré une quilteuse qui fait des kilts en quilts (vous me suivez ?) et vient de publier ce livre :

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Avec des techniques modernes et de bons petits trucs et astuces, Kathy Allen nous convie à réaliser des tartans de 7 clans mais aussi de s’en inspirer pour créer le sien, si on le souhaite !

Outre une intéressante introduction historique, Kathy Allen réinterprète donc des tartans comme ceux-ci :

Elle joue habilement avec les effets de transparence qui me rappellent certains quilts de Bill Kerr et Weeks Ringle, pionniers des quilts modernes :

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En France, Cosabeth Parriaud anime des stages sur les transparences, c’est un thème toujours intéressant car il exerce l’œil à analyser les nuances et jouer avec la lumière.

Des impressions d’écossais, de carreaux, de signes + sont explorées par des artistes contemporaines. Ces techniques sont simples, amusantes, mais longues tout de même ! En quilt moderne, le but est de ne pas copier mais découvrir, à partir d’inspirations, de nouveaux horizons…

Voyons tout d’abord une infime partie des quilts d’Eleanor McCain sur ce thème, elle est parmi les premières à  avoir fait une série de quilts avec des grilles qui donnent parfois des idées de tartan :

 

Eleanor Mc Cain, Variation on a theme, 2010, Private Collection of Bain Consulting
Double square grid, Eleanor McCain, 2000, collection privée
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Gray Green Grid Study with Red 2007, 47″ x 47″ Private Collection of Allen and Laura McCain

Autre artiste, Maria Shell, qui fait partie de la nouvelle génération des modern quilters :

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To Agnes Martin with color, de Maria Shell.
Tribe, toujours de Maria Shell, garde comme thème le simple + qui mène aux impressions de tissage.

Curieuse de quilts modernes ? Procurez-vous son livre :

Et que pensez-vous de celui-ci ?

Non, ce n’est pas l’ouvrage d’une quilteuse moderne mais celui de Magdalene Wilson, une quilteuse de Gee’s Bend… Il date de 1950 !

Southwest Modern : du rêve, des souvenirs, des projets…

Cela fait plusieurs années que je suis attirée par ses beaux quilts modernes, si épurés et toniques à la fois. Je me souviens forcément bien d’elle, nous partageons la même initiale et elle l’utilise en titre de blog : Initial K. Bref, quand j’ai appris que Kristi Schroeder préparait  un livre pour septembre 2017, je m’en suis réjouie et l’ai marqué sur mon agenda ! Il a fallu finalement patienter jusqu’à début janvier pour qu’il paraisse, mais mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas…

Ce livre se lit comme un guide de voyage, les photos sont absolument superbes et font tant de bien au creux de l’hiver, avec les jeux d’ombre et de lumière éblouissante, un vrai dépaysement ! On y trouve même de bonnes adresses, si d’aventure nous passons dans cette région aux grands espaces… Le sous-titre est explicite, on voyage de Marfa au Nouveau-Mexique.

Le Nouveau-Mexique, j’y suis allée il y a quelques décennies, à 19 ans… On est, comme en Arizona ou en Utah, en plein dans les westerns de notre jeunesse. Mon coup de cœur absolu fut pour Santa Fe, j’ai même envisagé m’y installer ! A l’époque un couple de Marseillais y vendaient des croissants au centre de la ville, leur boulangerie de désemplissait pas, preuve qu’avec de l’audace on arrive à tout. Je m’imaginais y donner des cours de français tout en faisant des quilts inspirés des couvertures Navajo… Ma vie prit un autre chemin, mais c’est de ce court séjour que me reste la passion du et de la turquoise — étudiante, je n’avais pas l’argent pour m’offrir des bijoux en pierre turquoise, je me suis rattrapée depuis, tant en bijoux qu’en tissus de cette couleur ! J’aurai peut-être la chance de retourner bientôt à Santa Fe… mais on m’a dit que, 38 ans après, c’était devenu « chic & cher », un peu trop mis en scène, un peu trop commercial, un peu trop ville-musée… Dans son livre, Kristi en retient le meilleur, les turquoises bien sûr (quilt Zia p 92), les merveilleuses couleurs de la terre et des habitations en adobe, les poteries Zuni en noir & blanc…

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Sandia Quilt de Kristi Schroeder, en accord avec les habitations traditionnelles
A l’ombre, sur la place du Palais des Gouverneurs, se trouve l’Indian Market avec ses turquoises serties d’argent, des poteries, des couvertures tissées localement, tout un artisanat qui me faisait rêver !

Marfa en revanche ne me disait rien, alors que les photos du livre de Kristi sont sublimes. Marfa est un ex-village fantôme de l’ouest du Texas, à 7 heures de route de Santa Fe plein sud, au milieu du désert caillouteux de Chihuahua. Son histoire est extravagante, à commencer par son nom trouvé dans un roman ; on lit habituellement que c’est d’après un des personnages des Frères Karamazov (un roman de Dostoïevski), à moins que ce ne fut d’après Marfa Strogoff, la mère russe énergique imaginée par Jules Verne… On ne le saura jamais ! Pour faire court, ce lieu désolé est devenu l’antre de Donald Judd, le roi du minimalisme en sculpture, puis celui d’autres artistes modernes de toutes disciplines. Les magazines de décoration intérieure parlent du Marfa Style, un mélange de minimalisme, de post-industriel, de rustique, d’artisanal… En tout cas, pas une once de plastique, les matières premières sont brutes et nobles. Et les cactus rappellent que le désert est ici.

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Un coin de l’hôtel Cosmico à Marfa : on peut y dormir dans un tipi, une tente barnum ou un trail… Marfa, c’est l’aventure ! Un carrelage turquoise, je n’y aurais jamais pensé…
Au Capri à Marfa, ambiance conviviale pour une cuisine très recherchée ! Ici aussi, du turquoise…
La déco peut être aussi plus chaleureuse, avec du bois et des éléments rustiques… avec une touche de turquoise ! Photo Mark Cunningham
Marfa est vraiment au milieu de nulle part…

Marfa est également connue pour ses lumières mystérieuses que beaucoup expliquent avec leurs certitudes, mais le débat reste ouvert. Distorsion des lumières de phares d’une lointaine autoroute ? Activité extra-terrestre ? Fantômes en balade ? Ces étoiles dansantes continuent de faire parler et ont inspiré également un quilt du livre !
Et c’est à Marfa que fut tourné Giant, l’ultime film de James Dean en 1955…

Un grand film sur le développement du Texas grâce au pétrole, préfigurant la série Dallas, mais montrant aussi le racisme contre les hispaniques, la place de la femme dans les années 1950… A voir ou revoir !
Pendant une pause à Marfa, entre deux prises… Photo attendrissante d’une étoile montante à la vie stoppée net dans un accident de voiture, quelques semaines plus tard.

Kristi Schroeder me fait voyager grâce à son livre ! Elle me fait aussi rêver avec ses quilts, riches de la culture de ces lieux enchanteurs. Ils sont tous en tissus unis, c’est la tendance actuelle et c’est ici pleinement justifié car elle approche ainsi le style des tissages des Indiens (des Native Americans, dans la langue politiquement correcte) avec leur géométrie si reconnaissable. C’est une vraie amoureuse du design et de la couleur tout autant que du voyage, mais elle sait aussi inventer des blocs surprenants ! Les explications sont riches en schémas très bien faits qui vous permettront de suivre facilement les étapes.

Ce livre montre 18 quilts, 18 rêves d’évasion :

 

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Et j’aime beaucoup la mise en scène de cette belle artiste qu’on voit plusieurs fois dans le livre. Nous l’apercevons aussi sur cette trop courte vidéo de promotion du livre : video southwest quilts. Quilts et paysages se partagent la vedette !

J’ai eu quelques contacts avec Kristi, elle est aussi sympa que talentueuse !

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Quand l’Est rencontre l’Ouest…

Encore un livre à vous recommander ! Les éditions américaines nous gâtent encore, ici Abrams, avec un livre rempli de l’esprit de cette créatrice. Les quilts improvisés se diversifient et prennent leur place dans notre petit monde du patchwork moderne.

Quand L’Est rencontre l’Ouest, c’est le thème d’un tout nouveau livre de quilts, quand les tissus et l’esprit japonais sont interprétés par une Américaine infiniment passionnée par le Pays du Soleil Levant. Patricia Belyea vit à Seattle et de cette ville côtière de l’Océan Pacifique, quand elle regarde vers le large son esprit voyage sans doute tout droit, vers le Japon, pays qui la fait rêver depuis son enfance… Le petit paradoxe est que le Japon est pour elle plein Ouest !

Rêve devenu réalité, elle travaille maintenant dans ce domaine qu’elle aime tant. Patricia est maintenant connue pour son commerce de tissus Yukata, destinés normalement à la confection de légers kimonos d’été. Les tissus sont originalement larges de 14 inch de large (35,5 cm), typiquement pour faire des kimonos, et sont vendus au yard chez Patricia. Elle collectionne à la fois ces tissus anciens, vintage et quelques plus modernes et les vend en dispensant généreusement ses connaissances. Parallèlement, elle apprit les règles du patchwork et comprit bien vite que c’était le côté moderne et improvisé qui l’épanouissait.

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Oui les tendances sont têtues, les quilts improvisés remplissent les nouveaux livres pour mon plus grand bonheur !

Les quilts de Patricia sont simples, leur raffinement vient de la qualité des tissus. J’aime son idée de départ, choisir le chiffre-chance japonais, le 8, hachi qui signifie à la fois huit et chance, croissance, prospérité. 8 donc comme 8 inch (20 cm), la dimension idéale pour ses blocs. Les larges imprimés japonais ont assez de place pour s’exprimer.

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De très belles finitions originales comme du sashiko rendent les quilts plus sophistiqués, les grandes bordures sont omniprésentes, contrairement aux quilts modernes standard, même si on utilise aussi le facing comme finition !

C’est donc un livre que je recommande chaleureusement si vous aimez l’esthétique japonaise, ses couleurs vives, tranchées, contrastées et un design épuré, simplement moderne.

Son site : https://okanarts.com/

 

Rayna la Reine de l’Impro

Le Quilt Festival Houston ferme ses portes demain soir. Déjà les rendez-vous se prennent pour l’année prochaine.
La grande maison d’édition C&T Publishing y présente tous ses derniers succès de librairie sur les quilts modernes comme celui de Victoria Findlay Wolfe trop rapidement présenté ici.


Parmi ceux présentés ci-dessus, celui-ci vient tout juste de sortir et on se l’est arraché sur le stand :

A Houston, les nombreuses séances de dédicaces permettent de rencontrer les auteurs. Ici Rayna Gillman, qui a vite manqué de livres à dédicacer !

Les quilts improvisés intimident, et pourtant de plus en plus de quilteuses me disent avoir envie de se lancer. C’est une démarche bien différente quand on choisit un modèle et on s’astreint à le reproduire fidèlement. 

Ce tout nouveau livre, Create your own Improv’ Quilts de Rayna Gilman, peut vous aider à franchir le pas. Après une introduction libératrice (quels tissus choisir…), nous « écoutons » Rayna qui nous explique, nous la bonne copine que nous devenons au fil de la lecture, ses principes et surtout ses non-principes.

Rayna présente son livre non pas comme un recueil de recettes mais un générateur d’idées. La créativité se provoque puis s’entretient !

Mais pour réussir un quilt improvisé, tout ne devient pas beau et harmonieux d’un coup de baguette magique ou d’un coup de cutter, loin de là. Rayna nous fait progresser à partir de ses propres hésitations, ses erreurs et la résolution des problèmes.

Il n’était pas du tout prévu que ces blocs deviennent un centre en forme de médaillon, nous voyons les diverses options page précédente. Mais Rayna nous explique pourquoi c’est son choix final et on se range à son avis, c’est le meilleur !

Comme je baigne dans l’improvisation depuis des années, j’apprécie grandement la quantité et qualité des trucs et astuces que Rayna nous offre dans ce livre. Et j’ai appris une chose évidente à laquelle je n’avais pas encore pensé : la couture sur papier improvisée. Ces deux notions paraissent antinomiques, pourtant c’est d’une évidence simplissime et son truc qui évite trop de coutures prises dans le papier est formidable ! D’autres chapitres font le point sur des techniques aussi diverses que le fusing (utilisation d’un thermocollant double face) ou les bandes irrégulières… 

Avec un quilt improvisé, votre ouvrage ne sera jamais le même que celui montré au départ. Il vous viendra sans doute aussi d’autres idées en chemin… C’est ce qui est exaltant dans cette démarche !

Bien sûr ce livre est en anglais et il est peu probable qu’il soit un jour traduit en français. Mais j’ai pour vous une belle solution : Rayna Gillman parle couramment français et sera en Bretagne fin août 2018, comme l’année dernière, pour dispenser un stage ! Pour tout renseignement, veuillez vous adresser à Anne sur le site du clos de Lande Vallée.

Voici le site de Rayna Gillman : https://www.studio78.net/.
Les deux premières photos viennent de Facebook/Rayna Gillman.

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Comme annoncé dans un article précédent, nous avons maintenant des photos du Festival de Houston ouvert au public (après le Salon réservé aux Professionnels).
Ici vous avez textes & photos de l’émouvante galerie du Projet 70273 sur plusieurs articles (début novembre). Nous reconnaissons plusieurs quilts exposés à Lacaze (81).
Ne manquez pas les photos de la galerie France Patchwork à Houston ici. Les quilts du concours de la Dernière Fugitive sont si beaux !

Burda Patchwork, Quilts Modernes

J’aimais bien certains quilts proposés par le magazine Burda Patchwork Quilts & Appliqués (depuis l’automne 2014 Burda Patchwork) qui nous faisaient découvrir de beaux tableaux textiles de Beatrix Laufens — quelle poésie ! — et souvent des quilts aux techniques sortant de l’ordinaire. Au fil du temps cependant, la revue perdait de son attrait. La qualité moyenne du papier ne jouait pas en sa faveur, car nous sommes difficiles en France, avec nos superbes revues qu’on nous envie à l’étranger ! Malgré ses qualités, les ventes ont sans doute baissé, il était temps de réagir.

En plein été est sorti le Burda Patchwork n° 54. A vrai dire, je l’ai reçu en cadeau, pour m’inciter à vous dire ce que j’en pense. L’été est vite passé avec mon blog au repos – et moi en détox digitale. Mais j’ai lu, relu, ce nouveau magazine qui n’a plus rien de commun avec la formule précédente. Le gros titre le proclame : 21 projets modernes & lumineux ! C’est bien cela, on en a plein les yeux avec des couleurs vitaminées, des quilts rythmés, spectaculaires, pile dans la tendance des quilts modernes. Le papier mat, comme pour Les Nouvelles (magazine de France Patchwork) lui donne un autre cachet.

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Les raisons de ce changement ?
Les explications sont dans l’éditorial. Burda et F+W Media sont liés financièrement depuis 2014 et dorénavant le magazine Burda Patchwork est fait d’après Modern Patchwork, magazine populaire américain du même groupe. C’est bien sûr dommage pour les créatrices allemandes et françaises qui y collaboraient, remplacées par des américaines. La concurrence est rude et les frais doivent être réduits…

Le résultat pour un lecteur ou une lectrice qui aime le quilt moderne, c’est tout de même la jubilation devant une parution pleine d’idées sympathiques ! Certains quilts sont simplissimes, avec juste une touche qui attire l’œil, d’autres sont plus impressionnants mais pas forcément difficiles. Rares sont les ouvrages vraiment durs à faire. Tout pour attirer la jeune génération et les moins jeunes, heureuses de se renouveler dans l’air du temps !

Vendredi dernier, lors de la réunion à la Ruche, j’ai montré les Burda Patchwork n° 54 et 55 à mes Amies Abeilles. C’est l’unanimité pour approuver ce changement, bravo Burda ! Celui que nous préférons est sur la couverture du Burda actuellement en kiosque, avec un quilt dans le style de la Française Cosabeth Parriaud :

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… Mais de nombreux autres quilts nous séduisent aussi !

Comme nous sommes connectées, nous pouvons aussi télécharger un patron (signalé par un point d’exclamation rouge), sans doute pour limiter la pagination. Bonne ou mauvaise idée, je n’ai pas encore d’avis.

Cerise sur le gâteau et en l’occurrence, cherry on the cake, Burda Patchwork propose des reportages intéressants. Drôle de coïncidence – ou pas, le monde est petit – sur le dernier vous y verrez Ian Berry et Sara Faughnan avec notamment son quilt Pomme de Pin moderne ! Que du beau monde…

Alors oui sans hésitation je suis pour cette nouvelle parution qui pourra amener de nouvelles personnes vers le patchwork graphique & moderne et séduire les jeunes !