Lectures estivales et chemins de traverse

Pour ce dernier post de la saison, voici de nouveaux livres acquis, lus, et que j’ai offerts parfois autour de moi lors de récents anniversaires. Pour moi, pas de bonnes vacances sans de bons livres ! Musarder à l’ombre en s’évadant, loin ou pas… Voici donc des romans, un récit, un essai et une BD.

Nous avons un seul trésor, les 26 lettres de l’alphabet.
Sylvain Tesson à La Grande Librairie, le 30/06/21

Lectures bretonnes

Avec mes deux sœurs ex-parisiennes redevenues bretonnes, une nostalgie soudaine m’a envahie et je me suis divertie avec deux romans ayant lieu dans la mystérieuse forêt de Brocéliande.

Brocéliande qui, dans les temps immémoriaux,
recouvrait une bonne partie de la Bretagne…
Lynda Guillemaud

Les Bretons tiennent fort à leur culture et la littérature régionale se porte très bien ! Alors sont venus à moi deux livres, deux romancières. L’une est Bretonne, l’autre pas, toutes deux ont simplement été envoûtées par les forces de la nature… Vous pouvez donc lire, sans en attendre plus qu’une agréable balade chez les Bretons :

Et vous y trouverez peut-être bien plus que ce que vous pensiez ! Quand la forêt est un personnage de roman et les hommes, les femmes, pas toujours ce qu’ils prétendent être… ni les chats d’ailleurs.

S’il y a bien deux choses sur lesquelles l’homme n’a aucune prise,
c’est le temps qu’il fait et le temps qui passe.

Pourquoi faut-il toujours réfléchir au drame hypothétique
quand sur l’instant ne se pose que la question de la joie ?

Écoute ton instinct, il est là le génie humain.

Son Dieu à elle se cachait dans les arbres,
dans les herbes, dans le soleil et dans la pluie.

Agnès Ledig

La féline du Sage

Dans les maisons de Brocéliande, des chats, toujours des chats… A propos de chats, avez-vous lu Le Chat du Dalaï-Lama et ses suites ? C’est un roman à la fois très amusant et initiatique, sur la voie de la connaissance du bouddhisme. J’ai été absolument conquise ! Paroles de la chatte du Dalaï-Lama, sa petite lionne des neiges :

Trop penser à soi est cause de beaucoup de souffrances, a dit le dalaï-lama. Inquiétude, dépression, ressentiment, crainte, tous ces symptômes sont aggravés par un trop grand souci de soi. Le mantra Moi, moi, moi n’est pas une panacée.

Il y a quelque chose de très satisfaisant quand on peut faire ce qu’on aime vraiment et être apprécié par les autres.

La meilleure façon de réaliser son propre bonheur est de faire le bonheur des autres.

Le Dalaï-Lama était absent ; malgré tout, sa présence était palpable, elle se manifestait partout, réverbérant son message : ma religion est la gentillesse.

Un rafraichissant délice de David Richie, des perles de sagesse enfilées avec légèreté par cette petite boule de poils aux yeux saphir…

A Paris

Autre romancière, parmi les plus connues, Tatiana de Rosnay : elle a dépoussiéré ce roman écrit en 1990 resté dans ses tiroirs, période proche et si lointaine, une vie sans portable ni internet… Je lis tous ses romans, j’ai beaucoup aimé celui-ci aussi, Célestine du Bac ! Souvent Tatiana s’approche de l’univers d’un autre écrivain, cette fois-ci c’est Émile Zola. Un bonheur, même si j’aurais aimé encore plus de liens littéraires dans le récit. L’amitié sincère entre un jeune homme qui se cherche et une femme de la rue illustrent à merveille la belle phrase de Saint-Exupéry :

On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

Les deux personnes s’apprivoisent, deviennent uniques l’une pour l’autre… encore un clin d’œil à Saint-Ex ! Et l’humour à l’anglaise pimente cette très belle lecture, dans ce passé proche.

Frank Thilliez a lui aussi misé sur 1991, pour un polar sans smartphone… mais je ne l’ai pas encore lu. La nostalgie d’un temps récent est un refuge évident, après l’année chaotique que nous venons d’endurer.

Nous avons des problèmes, avons-nous des solutions ?

Après du rêve et de la nostalgie, les livres suivants sont axés sur nos problématiques actuelles, comme un fil rouge en traversant la campagne presque intacte du Massif Central, en réfléchissant sur les positions plutôt positives de spécialistes sur la démographie galopante ou le péril climatique, en se demandant si des animaux nous sauveront, et finalement en restant forcément inquiet devant l’immobilisme des décideurs…

Le Chemin des Estives m’a happée en librairie, simplement parce que j’aime les récits de voyageurs non conventionnels le long des chemins de traverse. C’est ici un mois de traversée du Massif Central, si beau, si sauvage, dans des conditions bien particulières : le narrateur n’a pas choisi son compagnon de route et n’a pas un sou en poche. Pourquoi ? C’est une épreuve du noviciat pour devenir Jésuite ! J’ai trouvé ce postulat de départ complètement anachronique, en 2019… En creux, traverser cette France peu changée, rencontrer des personnes qui se préservent du monde actuel, invite à la réflexion sur ce que nous souhaitons préserver dans la mutation de notre monde.

A part les convictions religieuses opposées – l’un catholique fervent, l’autre athée – Charles Wright ressemble fort à SylvainTesson ! Clin d’œil de la vie, chacun est fou de Rimbaud et Tesson vient de sortir Un Été avec Rimbaud… pas de hasard ! Une belle lecture, une ode à la vie poétique et un regard sur les justes valeurs de la vie. C’est parfois long un mois, à admirer les vaches paître sur son chemin et observer la pauvreté évangélique ! Mais le récit est émaillé de belles réflexions qui rendent la lecture inoubliable.

Comment bien vivre la fin de ce monde. Tel un faux Candide, Marc Welinski s’inquiète de l’avenir à moyen terme, après avoir lu notamment le remarqué Comment tout peut s’effondrer, de Pablo Servigne & Raphaël Stevens. Toutes les données additionnelles, les informations, abondent dans le sens du péril imminent à bousiller les océans, le climat, la biodiversité, la qualité de vie etc. en quelques dizaines d’années. Comme moi, il se souvient de René Dumont à la TV avec son pull rouge et son verre d’eau, lors des Présidentielles de 1974. Depuis, tout s’est empiré et il semble que nous ne faisons toujours rien, ou bien trop peu, en tout cas pas assez ou mal.

Faux Candide, pourquoi ? Parce que l’auteur fait sa liste d’inquiétudes et va voir quinze spécialistes pour établir un constat réel et une vision de l’avenir. Certains noms sont connus du grand public, d’autres pas. Les interventions ont un intérêt variable à mes yeux (Alain Minc ne m’apporte pas grand chose) et certaines réflexions, notamment de physiciens, sont ardues pour moi. J’ai pourtant apprécié le résultat de ces entretiens qui rend l’avenir potentiellement plus lumineux que le postulat de départ ; l’éclaircie de l’horizon est fondée sur le génie humain, son bon sens, le détachement croissant des dogmes religieux et intellectuels qui peuvent aider à devenir lucides et actifs…

Je suis d’accord avec le constat que beaucoup de solutions viennent de la base, du peuple qui montre qu’avec sa sagesse populaire et sa résilience, il porte plus de confiance dans l’avenir que les élites et, surtout, il AGIT. Les nouvelles organisations au niveau local (associations, AMAP…) prouvent que s’en sortir va avec la créativité au niveau local, la débrouillardise, l’amour de la vie et de ses proches. L’éducation des enfants est incontournable dans ce sens. Mais que font les pouvoirs publics pour donner les justes impulsions, indispensables pour s’en sortir vraiment ?

A vrai dire, je ressens bien cette vitalité qui vient de nous, mais je suis bien moins optimiste globalement que ce Candide et ses amis spécialistes…

Respirons avec Le Pouvoir des Animaux, le dernier Van Cauwelaert. Respirons… tant que l’air est encore disponible ! Parfois moqué parce qu’il ose croire dans les forces occultes, moi je suis toujours conquise par cet écrivain. Ce nouveau roman est une belle lecture estivale, n’hésitez pas ! C’est l’un de ses meilleurs, lisible par tous avec facilité. Tel La Fontaine, Van Cauwelaert fait parler des animaux pour mieux comprendre les hommes…

J’aime son écriture vive et simple avec, toujours, un fond sérieux, une approche scientifique, ici la destruction de l’harmonie du monde qu’on nomme évolution, et de possibles solutions, tirées de nouveau du génie humain, avec la bienveillance des animaux !!

Au moment où on ne sait toujours pas exactement comment est arrivé le covid19 dans nos vies, mais certainement du monde animal, notre survie sera-t-elle tributaire d’animaux, de la manière la plus curieuse qui soit ??

Terminons avec Les petits Pas ne Suffisent Pas, dessiné et écrit par Muriel Douru, en collaboration avec Nicolas Hulot. C’est une bande dessinée de 192 pages qui retrace la vie du médiatique ex-journaliste, ex-ministre. Parfois décrié, moqué, je lui crédite une sincérité touchante, une confiance qui confine à la naïveté, mais chaque épreuve lui apprend quelque chose. Sa dernière naïveté fut de croire qu’il pourrait changer les choses sous la présidence de E. Macron ! Cette BD est très complémentaire de l’entretien Hulot/Lenoir intitulé D’un monde à l’autre, le temps des consciences (voir cet article Un an après, le blues ?)

Gardons avec Hulot une once d’optimisme pour passer un bel été, malgré tout…

L’utopie, c’est simplement ce qui n’a pas encore été essayé.

L’émerveillement [de la nature, pendant les années Ushuaia]
est le premier pas vers le respect et un premier indice de conscience.

Notre mode de vie actuel, basé sur une insatisfaction constante,
ne peut s’éterniser sur une planète limitée,
au risque de la rendre invivable avant la fin du siècle.

Nicolas Hulot

Moi la première, je crains de souffrir de mesures annoncées dans la métropole toulousaine : ma « vieille » voiture, bien qu’économe et en parfait état, ne pourra plus rouler en 2024… Je me considère pourtant comme consommatrice très raisonnable avec le potager de mon mari en permaculture, notre soin à diminuer les emballages et nombre d’autres mesures au quotidien. Le défi est de simplifier sa vie pour alléger sans trop de souffrances nos consommations polluantes. Mais c’est aussi une question d’échelle, il faut d’abord s’attaquer aux plus grands postes pollueurs et destructeurs mondiaux puis organiser des transitions intelligentes. Pas facile, mais faisable en favorisant le local, en revenant à des pratiques plus raisonnables…

Gaëlle sourit avant d’ajouter que dans « désespoir » on entend des espoirs…
Agnès Ledig

Chemins de traverse en Aveyron

Avant de nous quitter, prenons un chemin très peu fréquenté de l’Aveyron, emprunté mardi en famille. Il ne faisait pas bien beau mais nous avions envie de respirer l’air du Rougier, au sud de ce grand département. Ce coin est connu pour sa terre rouge tirant sur le grenat, les maisons sont de ce grès typique ; la terre est pauvre et les brebis s’en contentent, procurant le lait dont on fait le Roquefort, un peu plus à l’est. Si vous saviez tout ce qu’on peut y découvrir d’insolite !! Mais non, je me tais, pour qu’il n’y ait pas une avalanche de touristes ! Cela restera juste entre nous… Nous y trouvons toujours de nouveaux villages à visiter, de nouveaux paysages, et cette fois-ci, à Sylvanès la bien-nommée, avec sa sylve de hauts arbres, nous avons vécu un sacré dépaysement : nous voilà soudain en Russie !

Une église orthodoxe russe fut fabriquée par des charpentiers en Russie, puis démontée, transportée en train, remontée ici en 1994. Un jeune Frère orthodoxe nous y accueille fraternellement.
Paysage qui ne dépare pas avec l’idée qu’on peut se faire de la Russie

Pourquoi un tel site ? Dans le même village se trouve une belle abbaye cistercienne du XIIe siècle et au moment de la Perestroïka (début des années 1990), des liens soutenus se formèrent entre l’Église orthodoxe et l’abbaye au cours de rencontres spirituelles. Ainsi est né le projet d’une église russe en Aveyron, construite dans la pure tradition du VIIe siècle ! Sa construction fut l’occasion d’un rapprochement et d’une exceptionnelle fraternité entre les artisans et artistes russes et aveyronnais.

Voici l’intérieur, chaleureux grâce au bois, coloré grâce à de nombreuses reproductions d’icônes, avec une salle principale et de nombreuses « chapelles » (les nomme-t-on ainsi ?) :

Je ne vous aurais pas parlé de cette visite si je n’y avais découvert quelques textiles intéressants !

Un top rouge et or cousu en Russie est accroché devant une fenêtre, écrin insolite d’un Christ !

Dans un coin, une œuvre d’art textile a retenu mon attention, signée Renée Andréini, qui gagna le 2e Prix des Amis de la Crèche en 2011 à Nice (06). Si vous la connaissez, vous pouvez lui dire que son œuvre est en de bonnes mains en Aveyron !

Nativité, Renée Andréini-Lieutaud

Les lieux les plus insolites me ramènent bien souvent, comme un fil invisible, à une de mes passions, le patrimoine, la nature, la lecture, les arts textiles… que je continuerai de partager avec joie après une pause estivale !

Bel été, avec ou sans voyages, avec ou sans lectures et projets de patchwork !
Restons prudentes malgré tout, tout en cultivant la joie de vivre et la curiosité,
Katell

Des Ariégeois en Amérique

Madeleine est une Abeille de la Ruche, même si le patchwork ne fait plus partie de son quotidien, son Sampler de Mariage de Sylvia* étant un peu en panne… tout comme le mien. Et pourtant, que de belles réalisations en quelques années ! Avant de lui laisser la plume… heu, le clavier, je vous montre quelques-uns de ses quilts déjà publiés sur ce blog, juste pour le plaisir.

*de Jennifer Chiaverini, livre en français chez Éditions de Saxe

Le Haras, 2008, présent dans cet article et celui-ci.

Bouquet d’Antan, 2010, article ici.

Mini-quilt aux dés, 2011, voir article ici

Jeu de Cubes, 2012, voir article ici

Bouquets d’Hiver, 2013, voir article ici

Madeleine a participé à la Délégation France Patchwork 31 de 2012 à 2017, à tous nos quilts en commun… Nous avons beaucoup de souvenirs toutes ensemble et une amitié sincère nous lie pour toujours.

L’article Y Cwilt entrait en résonance avec ma dernière lecture, je m’en suis confiée à Katell qui m’a demandé d’écrire sur ce livre pour la Ruche, ce dont je m’acquitte avec joie.

Anne Icart, Parisienne d’adoption mais toujours Ariégeoise de cœur.

Son auteure, Anne Icart, est Ariégeoise comme moi et je viens de la découvrir avec son 5e roman, Lettres de Washington Square. Paru en février 2020, il a manqué de publicité en raison de la tourmente mondiale qui nous secoue cette année.

Dès que j’ai eu vent de ce roman sur Radio-Couserans, notre radio locale de Saint-Girons, je me suis précipitée dans ma librairie car son histoire se passe en partie à Ercé, dans une vallée ariégeoise que je connais bien ; j’ai lu le livre presque d’une traite. Émue, j’y ai revécu les souvenirs de la génération de mes parents, la rude vie à la montagne. Une partie de ma famille par alliance est partie, comme les grands-parents d’Anne Icart, à New-York. Ma belle-sœur y est née : ses parents, originaires d’Ercé, s’étaient exilés avec d’autres membres de leur famille tenter leur chance à New-York, pour travailler dans la restauration.  Certains s’y sont installés de façon définitive, d’autres sont revenus dans leur village d’Ercé.

La maïzoun* du roman garde le souvenir de l’odeur de la croustade, cette tarte aux pommes dont chaque famille garde jalousement la recette… Mes amies Abeilles connaissent bien ma version !

*maison

Ercé, carte postale ancienne.

Voilà pour les connexions personnelles. Mais je ne recommanderais pas ce roman si son seul atout était de me faire revivre des souvenirs. Le roman dévoile une belle richesse historique sur la vie des exilés du début du 20e siècle et montre, une fois de plus, que les secrets de famille, cachotteries faites un jour sans en mesurer les conséquences à long terme, impactent les descendants.

L’envie d’une vie meilleure, le courage de vivre ses rêves malgré ce qu’il en coûte, la liberté qu’on s’accorde ou pas, c’est ce qu’écrit Baptiste, celui qui est parti en Amérique. Une histoire d’exil, d’adaptation et de résilience vécue par des millions de personnes mais une expérience unique pour chacun, comme dans le petit livre de Valériane Leblond et bien d’autres romans sur ce thème.

La liberté, mon fils, la liberté. Celle de partir ou de rester.
Celle de bâtir ou de détruire.
Celle de s’envoler ou de s’enterrer.
Celle d’aimer ou de haïr…
Baptiste, dans Lettres de Washington Square

Les femmes de mon pays ont du caractère, forgé par la rudesse des éléments et la frugalité de la vie montagnarde. Elles ont un cœur gros comme ça, mais il leur arrive d’être rancunières… Je vous laisse découvrir l’amour filial, les secrets trop longtemps gardés, et aussi la vie de ces Ariégeois, ceux qui sont restés et ceux qui sont partis…

Madeleine,
Ariégeoise pour toujours

Je ne suis pas la seule à avoir aimé ce livre dépaysant, si bien écrit : il a gagné plusieurs prix littéraires. Ne passez pas à côté.

Drôles de signes : les écritures

Il y a quelque temps, j’avais écrit une petite série appelée Drôles de Signes. En voici une suite, où l’on parle de nos lettres mais aussi des hiéroglyphes de l’ancienne Égypte.

Comme le sujet est passionnant, j’aurais aimé savoir vous faire un long article sur la naissance et le développement des écritures dans le monde, tout simplement parce que je suis ressortie éblouie du Musée des Écritures à Figeac (Lot). Mais ouf, cela a déjà été formidablement fait :

Je me contente donc de vous dire : allez baguenauder dans les ruelles de Figeac, une des plus belles villes d’Occitanie. Entrez dans une arrière-cour où s’équilibrent miraculeusement un cadre médiéval et la reproduction géante d’une des pierres les plus connues du monde. Visitez la maison attenante à cette cour, lieu de naissance d’un de nos brillants intellectuels du 19e siècle… J’arrête les énigmes, voyez les photos !

Trois marches pour l’interprétation du même texte en trois langues…
Sur la Place des Écritures s’étale la géante reproduction de la pierre de Rosette, cette pierre gravée du même texte en trois langues (en grec, en démotique et en hiéroglyphes), qui a permis au tenace et brillant Jean-François Champollion (1790-1832) de déduire la compréhension des hiéroglyphes égyptiens. Et pourtant, il manque la plus grande partie du texte en égyptien !
Sa représentation en granite noir du Zimbabwe sur 14 m x 7 m, faite par Joseph Kosuth en1990 et devenue dalle fixée au sol, est une complète réussite. L’été, c’est la foule, une mer de baskets sur les écritures !
Le Musée des Écritures du Monde, un bijou dans l’écrin de la maison natale de Champollion, vue de l’arrière, Place des Écritures.

La pierre de Rosette originale (1,12 x 0,75 m) fut découverte lors d’une campagne napoléonienne à Rosette en Égypte, en 1799. Mais en raison de la défaite de la France, elle est dès 1801 la propriété des Anglais. Depuis lors, on peut l’admirer au British Museum de Londres. Elle date de 196 avant JC.

Le 14 septembre 1822, il y a 198 ans tout juste, Champollion s’exclama :

Je tiens mon affaire !

C’était son Eurêka à lui, il avait enfin percé les mystères de l’écriture des Égyptiens anciens.

Figeac est pleine de bonnes ondes, grâce à ses habitants d’hier comme d’aujourd’hui. C’est dans chaque boutique un accueil authentique. J’ai eu du plaisir à discuter en particulier avec une dame qui aime tant les tentures du Caire qu’elle en vend quelques-unes dans son magasin. Bien sûr, ça crée des liens. Un autre est né à Figeac mais a passé une vingtaine d’années en Amazonie, à Manaus notamment. Il en a conservé la jovialité brésilienne, l’amour de l’artisanat des Amérindiens (qu’il vend) et voilà, après avoir vécu ailleurs, sa vie est de nouveau à Figeac, en toute sérénité. 

La ville est sereine, belle par nature, authentique sans esbroufe.

Un seul exemple : cette maison est solidement construite et entretenue, mais une rénovation du 20e siècle a fait percer d’autres fenêtres. On n’a pas cherché à cacher ce changement, on lit sur la façade l’histoire du bâtiment… C’est un peu la philosophie du Kintsugi, réparer, améliorer (ici intérieurement) sans chercher à cacher…

Certaines d’entre vous connaissent Michel, un de mes 3 amis quilteurs français. Jeudi dernier, nous ne nous sommes pas croisés, mais il est à Figeac, se reposant d’une blessure qui l’empêche momentanément de continuer son Chemin de Compostelle. Il n’aurait pas pu mieux tomber, rester une semaine dans cette ville est une récompense quelque part ! Il raconte sur Facebook l’ambiance sympa au son du flamenco, le soir venu…

J’avais déjà visité Figeac au mois d’août, mais un lundi, jour de fermeture du Musée des Écritures. Sa visite aurait pu attendre quelques mois, mais je voulais absolument y voir l’expo temporaire de Rieko Koga !

Initialement jusqu’au 27 septembre, l’exposition de Rieko Koga continue jusqu’au 1er novembre 2020, en raison de la fermeture temporaire due au coronavirus. Vous avez encore le temps d’aller y faire un tour.

J’ai eu un grand plaisir à découvrir, en même temps que les origines des écritures, des œuvres de cette artiste déjà admirée l’année dernière à Toulouse. Ses ouvrages sont ici répartis dans chaque pièce du musée, les œuvres se dévoilent bien différemment, presque toujours protégées par une vitre.

Présentation en 3D de l’exposition par l’artiste 
Ce tableau s’intitule Lettre d’amour.

J’ai retrouvé, dans l’escalier, le mantra Peace que j’avais tant aimé à Toulouse, mais aussi son frère en français :

Ne laissez pas le comportement des autres détruire votre paix intérieure.
Le Dalaï Lama

Les belles photos sont difficiles à réussir en raison des vitrines et éclairages forts. On constate bien cependant l’infinie patience de l’artiste, on imagine son état méditatif en faisant danser son aiguille, se souvenant sans doute de sa maman qui pratiquait le sashiko pendant son enfance.

La structure octogonale de Toulouse n’étant pas pratique à Figeac, les 600 vœux déjà lus attentivement à Toulouse sont cette fois disposés en accordéon :

On voit en arrière-plan la magnifique façade secondaire en cuivre, percée de signes d’écritures, de ce musée décidément magnifique.

L’artiste des petites lettres en bâtons en noir sur fond blanc a occupé l’espace qu’on lui a octroyé avec finesse et poésie. Le 21e siècle côtoie les origines de l’Histoire de l’humanité, un grand écart où la soif d’exprimer et de transmettre par l’écriture reste intact.

Broder, quilter, tricoter, crocheter… Ce sont des gestes qui nous mènent au lâcher prise, au retrait de notre vie bruyante et impatiente, à la concentration, à la méditation… Que du bonheur !

Katell

La nonentaine heureuse et la vingtaine glorieuse dans le Tarn

Aujourd’hui-même Hugues Aufray, notre troubadour folk, fête ses 90 ans. Sa longue vie est comme un roman, pleine de péripéties, commençant enfant à la santé fragile, à présent Lion fort à la blanche crinière, à qui on commanda déjà en 2007 ses secrets de santé ! C’est un modèle de résilience, « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » ainsi que disait Nietzsche. Je ne me rendais pas compte de son âge, et c’est à la suite d’une interview en juillet dernier que j’ai eu la curiosité de lire ce livre, pour mieux le connaître.

J’ai lu attentivement son livre où le chanteur se dévoile avec simplicité. J’aime son authenticité et son ouverture d’esprit. C’est un homme curieux du monde, respectueux des traditions d’autres peuples et de la nature. Il reste optimiste et positif, ça conserve !

Bob Dylan with Hugues Aufray. (Photo by Bertrand Rindoff Petroff/Getty Images)Tout ce que je savais de lui, c’étaient ses chansons à succès qui entraient immédiatement dans notre patrimoine, son amitié avec Bob Dylan, sa passion pour les chevaux et les USA, et je savais aussi qu’il avait passé une partie de sa jeunesse dans le Tarn, à Sorèze. C’est là qu’il fêtera ses 90 ans avec son public… J’en ferai partie ! Mieux le connaître par son livre m’a donné grande envie de participer à cet événement :

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Quand j’étais petite, on disait parfois à mon cousin doué mais oh combien turbulent : « si tu continues, je te mets à Sorèze ! ». A Sorèze, il y avait un pensionnat pas comme les autres, ex-école militaire royale (fermée en 1793), puis école-abbaye dominicaine jusqu’en 1991, où bien sûr la discipline régnait, mais aussi l’épanouissement de l’enfant par le sport et la culture. C’est là que le jeune Hugues découvrit l’équitation et y vécut, malgré des difficultés scolaires, les plus belles années de sa vie au beau milieu de la guerre !

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Sorèze, photo Pascale Walters CDTTarn

L’établissement de Sorèze est devenu musée des tapisseries de Dom Robert, musée de l’Ecole et hôtel-restaurant. Si vous êtes dans la région, une visite s’impose… Et sa prochaine métamorphose viendra peut-être d’Hugues, qui souhaite ardemment y refaire une école, probablement liée à l’équitation…

Curieusement, Hugues Aufray me rappelle à deux titres l’article écrit grâce à mon amie Betty contenant deux sujets hors du commun : le Bennett Junior College de Betty qui n’a pas eu la chance de Sorèze puisqu’à l’abandon, et le mythique Festival de Woodstock il y a pile 50 ans, où Bob Dylan était le grand absent… Ironie suprême, Bob habitait justement à Woodstock même !… Il justifiera son absence par une période difficile (grave accident de moto puis décès de son père et son fils Jesse gravement malade) mais avouera plus tard qu’il était excédé par tous les hippies qui squattaient chez lui à Woodstock… Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas à cause du domicile de Bob Dylan à Woodstock qu’on appelle ce concert Woodstock, pour l’éternité, alors qu’il se passa à 75 km de cette petite ville !!

À l’est de Sorèze se trouve une vallée naguère très industrieuse dans le domaine du textile, avec en son centre Labastide-Rouairoux. Un petit groupe autour de Patricia Cathala organise tous les ans un Festival qui prend chaque année de l’ampleur. Pour connaître un peu mieux cette valeureuse équipe, suivez ce lien.

J’y étais le 15 août avec des Bees (mes amies Abeilles) et on peut dire que cette édition des 20 ans fut une fameuse réussite, un enchantement avec la douceur de vivre occitane, des artistes invités tellement disponibles, des rencontres très inattendues (ah Claudine, si contente de t’avoir revue !) et tant d’autres tout aussi chaleureuses ! J’ai pris bien trop peu de photos, mais d’autres l’ont fait pour moi : allez voir les centaines de photos sur Facebook  par Flo Volsul, Les Jolis Instants  par exemple… Quaquie a commencé une série de reportages sur son blog et bientôt d’autres blogs s’en feront aussi l’écho certainement dans les jours qui suivent.

Toute la journée, un air vénitien flottait à la Fête du Fil, donnant une touche féerique :

Chacun souhaite se faire photographier auprès de ces personnages aux somptueux costumes…

… moi aussi : même si ma robe n’a rien de celle d’une princesse, je suis accompagnée d’un prince charmant !

Petites et grandes nous font rêver…

Les masques énigmatiques assurent d’être incognito et s’amuser sans barrière. A Venise dès la Renaissance, la République aristocratique jouait à la démocratie où chacun a les mêmes droits pendant quelques jours par an…

Pour ma part j’ai décidé de ne vous présenter que trois univers, centrés autour de la Méditerranée, même si j’ai des regrets de laisser temporairement de côté tant d’autres beaux artistes…

Tout d’abord, Dimitri Vontzos, qui anima la Journée Nationale de l’Amitié à Vichy en juin dernier pour France Patchwork ; il était à Labastide avec son plus beau chef d’oeuvre, sa fille, tout aussi souriante et sympathique que son père ! Mais j’ai admiré aussi ses créations d’étoles et ses nouvelles broderies, toujours axées sur sa culture méditerranéenne.

Dimitri est un artiste qui sait se renouveler et c’est à chaque fois un plaisir de l’entendre parler de ses inspirations ! Lui et bien d’autres (Pascal Jaouen et les brodeuses comme Monik Paugam avec la broderie glazik de Bretagne et plus généralement nos artistes textiles françaises, si nombreuses à mêler patch & broderie créative…) donnent un élan de créativité avec bien peu de choses : du fil, du tissu, une aiguille… La simplicité des matières premières donne libre cours à l’imagination !

Ensuite, je souhaite vous présenter un autre homme, venu de l’autre côté de la Méditerranée, l’Égyptien Ekramy Al Farouk, un des éminents tentmakers du Caire, ces hommes qui sauvent la tradition des khayamiya, tentures textiles qui offraient un raffinement certain à l’intérieur des tentes des nomades tout en renforçant la protection contre la chaleur, le froid et le vent. Je crois que je ferai un article à leur sujet prochainement, tellement je suis admirative de leur chemin parcouru. Lors de leur précédente exposition, je n’avais pas osé m’offrir la toile dont j’étais tombée amoureuse : je l’ai regrettée, oh combien !

J’ai tellement regretté d’avoir été raisonnable en 2016…

Je n’ai toujours pas succombé à une des plus grandes toiles, mais je me suis tout de même fait un plaisir immense en choisissant des oiseaux de paradis sur fond bleu :

Merci à la photographe, la bénévole bastidienne du stand, Krystyna ! Pour le plaisir, voici d’autres photos du stand, avec une mention spéciale pour l’histoire contenue dans ce quilt qui se lit de droite à gauche, contée avec talent par Krystyna :

« Un jour, un homme arrive à la ville, juché avec son fils sur son âne. On dit de lui : oh quelle honte, pauvre âne, l’homme pourrait marcher quand même ! Le lendemain, le fils est sur l’âne, l’homme marchant à côté. On dit : ah c’est comme ça qu’on élève les enfants, c’est du propre ! Le jour suivant, l’homme est sur l’âne, son enfant marchant à côté. On dit : ben voyons, il se prend pour qui celui-là ? Pauvre enfant ! Le jour suivant, l’homme et l’enfant marchent à côté de l’âne. On dit : ridicule, ils ne profitent même pas de l’âne ! Le dernier jour, l’homme porte l’âne. On dit : ah on avait bien fait de se méfier de lui, il est complètement fou ! Moralité : n’écoute pas le qu’en dira-t-on… »

Une vue des ouvrages exposés : des tableaux rappelant la splendeur des mosaïques symétriques arabo-musulmanes ou leur calligraphie, des harmonies de couleurs toujours réussies, des dessins enrichis par leur culture devenue cosmopolite (certaines ont bénéficié de l’influence des tapisseries de Dom Robert de Sorèze que Ekramy avait vues en 2016 !)

Un des Arbres de Vie féeriques du stand…

… et un détail !

 

Une des splendeurs du stand ! Sans limitation de budget, j’aurais eu du mal à choisir entre ces deux derniers… Étant près de la porte, il y a un contre-jour un peu gênant, mais on voit la beauté de la tenture tout de même…

Terminons par une femme qui a surpris tous les visiteurs, Paule François. Sa matière première est la laine, sa technique est un cadre de bois sur lequel est créé un métier à tisser sur mesure pour chaque création, son inspiration vient de ses propres photos. Elle vécut cinq ans sous le soleil du Maroc et y trouva une inspiration majeure pour ses ouvrages, ses voyages lui inspirent également de très belles scènes, et enfin la côte méditerranéenne française, auprès de laquelle elle vit à présent, lui offre d’autres sources d’inspiration tout aussi lumineuses. Quand on voit un de ses tableaux de loin, on croit voir une photo ou un tableau réaliste, éclatant de couleurs et à la profondeur de champ parfaitement maîtrisée. Quand on s’approche, ce sont de grands points de fils de laine qui font le tableau ! Inutile de dire que ce travail est bien plus long que ne le serait un tableau en peinture… Son art est bien sûr apprécié dans le monde où elle évolue (le monde des galeries d’art), mais trop souvent du bout des lèvres… Ce n’est que du fil… Sa notoriété bondira si elle entre dans le monde de l’art textile où son art sera bien plus apprécié, comme à Labastide-Rouairoux !

Nous avons aussi tendu des laines pour faire des tableautins dans notre enfance, la technique n’est pas franchement nouvelle, mais le résultat de Paule est tout autre (encore bien plus beau que sur mes photos!) :

Merci aux Bastidiens pour cette formidable édition 2019! Terminons en beauté avec quelques vues du Musée du Textile, au cœur de la ville de Labastide-Rouairoux :

 

Mille Fleurs et la Fête du Fil

Pour nos retrouvailles en beauté à la mi-août, remontons un peu le temps : je vous l’avais promise, la voici, la sublime robe millefiori de notre amie Joëlle Vétillard :

Photo Frédérique Proust sur son blog Patch d’Ours.

Photo de Ghislaine Lesueur, publiée sur le forum France Patchwork (Facebook)

Ne manquez pas les articles de Frédérique et Joëlle, avec d’autres photos de ce superbe défilé et de la belle fête de village !

 

Autre enchantement occitan à partir de demain et pendant 3 jours, La Fête du Fil à Labastide-Rouairoux (81) :

Le programme est par ici !

Promenade de Belcastel à Castelnau 😉

Une journée en Occitanie comme j’aime : jeudi dernier, nous avons avalé les kilomètres en faisant une grande boucle, revisité quelques-uns de nos lieux favoris… Voici quelques impressions, en pêle-mêle.

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L’Aveyron (12) est connu en tant que département rural, immense, à la gastronomie simple et goûteuse – ah l’aligot, les farçous verts, le gâteau à la broche et le roquefort avec la salade, pour ne citer que quelques mets végétariens !… Deux monuments récents font parler d’eux également : le viaduc de Millau, miracle d’élégance et d’intégration dans le paysage, et le musée Soulages à Rodez, miracle culturel, le noir éclairant désormais la ville. Ce musée était le but principal de notre journée.

J’avoue osciller entre l’admiration et les doutes sur l’ordre des choses dans l’art contemporain. Ce musée est parfait pour s’interroger sur le concept de l’art abstrait : ce qui est intellectuellement intéressant, ce qui émeut… et ce qui sonne creux ! Ces artistes de l’art abstrait sont néanmoins des caractères complexes et intéressants à découvrir.

On reconnaît la majestueuse cathédrale en grès rosé à des kilomètres, alors que le musée, en acier Corten, se fait discret de loin… mais pas de près, suscitant d’incessantes discussions sur le choix du matériau. L’accord est pourtant bluffant avec certaines peintures de Soulages, en noir et brou de noix…

Deux exemples de tableaux en noir brou de noix de Soulages, en parfait accord avec le bâtiment !

Je voulais y retourner pour m’imprégner de nouveau de l’outrenoir de Soulages, mais surtout de l’outremer d’Yves Klein (exposition temporaire), deux monomaniaques de LEUR couleur, l’un qui célébrera ses 100 ans à Noël, l’autre mort si jeune en 1962, à 34 ans.

Des cris bleus, exposition jusqu’en novembre 2019 à Rodez.

Le parcours d’Yves Klein est intrigant comme une étoile filante. Champion de judo, obnubilé par les Quatre Éléments (Eau, Air, Feu, Terre), mystique au point d’avoir conçu sa vision de la Sainte-Trinité dédiée à Sainte Rita (les causes désespérées…) : un artiste bien complexe qui nous frustre d’être parti si tôt. 

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Ex-voto pour Sainte Rita de Cascia par Yves Klein. Rose pour l’Esprit saint, Bleu pour le Fils et Or pour le Père. Une trinité inspirante !

Ce bleu unique, le bleu Klein, outremer outrepassé par de nouveaux solvants et une nouvelle résine de synthèse, a sans doute ruiné sa santé et causé la crise cardiaque qui l’emporta si jeune. La matière de l’oeuvre ci-dessus est constituée d’éponges naturelles.

Yves Klein apparaît en filigrane dans une histoire étrange, poétique et palpitante, que j’ai lue en début d’année grâce à ma sœur Véronique : Siècle Bleu de Jean-Pierre Goux. Si vous souhaitez découvrir à la fois les restes de l’expérience Biosphère 2, un retour sur la Lune, la beauté chez le peuple Navajo, une énergie du futur, les mensonges d’état, une pensée écologique éclairée (thème majeur) et mille autres sujets passionnants, ce roman en 2 volumes (édition La Mer Salée) est pour vous :

Siècle Bleu m’a fait passer des jours bleus et des nuits blanches !

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Le même jour, nous avions fait un grand saut dans le temps, en flânant au marché de Villefranche-de-Rouergue : très beau, très bio, très chaleureux, un de mes marchés préférés, qui me donne des sensations de siècles remontés. Bastide aux rues se coupant à angle droit, ville nouvelle du Moyen-Âge, Ville Franche s’affranchissant des obligations féodales, riche de maisons style Renaissance et d’une place carrée aux puissantes réminiscences de siècles de commerce : je m’y sens bien, comme si les pierres restituaient l’impression de jours heureux et d’opulence. Le marché ici, c’est tous les jeudis matin ! Nous y allons au moins une fois par an.

Nous avons déjeuné entre Villefranche et Rodez, toujours au bord de l’Aveyron, à Belcastel. Un village enchanteur, moi qui cherche inlassablement des signes dans les vieilles pierres. Attention, il a fortement été rénové, mais il garde tout de même son esprit. Nous mangions en terrasse, face au village, quand je me suis soudain rendu compte que les racines d’un des quilts faits pour BeeBook étaient précisément ici ! Pendant sa création, j’avais bien l’idée d’un village grimpant vers le ciel, comme tant d’autres dans la vallée de l’Aveyron (Penne dans le Tarn, Bruniquel dans le Tarn-et-Garonne et bien d’autres) mais ici la ressemblance m’a saisie, tout comme la proximité des noms, Belcastel et Castelnau ! Il a fallu y revenir pour que je me rende compte de l’inspiration précise…

A gauche, un superbe vieux pont qu’on ne voit pas bien 😦 et en face, le village qui grimpe à l’assaut de la colline ; la balade est courte mais fort agréable ! C’est au restaurant du Vieux Pont que Cyril Lignac, natif de Rodez, élève du lycée hôtelier de Villefranche-de-Rouergue, fit son BP de cuisine pendant 2 ans (1998-2000) ; l’enfant du pays a fait son chemin depuis !

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Castelnau, mon village rêvé, aux maisons de guingois dans la verdure, où chaque maison est habitée par des amis parmi lesquels de nombreuses quilteuses ! Photo très moyenne avec mon phone, mais vous en avez de meilleures dans BeeBook 🙂

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Fin de journée à Albi-la-Belle (81), promenade au bord du Tarn, en admirant les dentelles de buis heureusement sauvés des ravages de la pyrale.

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Je viens de lire un livre de Christine Machureau (romancière découverte grâce à Cécile D.), l’Hérétique, Tourmente Cathare (les Éditions du 38*), qui se passe en grande partie au sud d’Albi. On s’attache vite à une jeune fille en plein dans la croisade albigeoise, quand l’Église catholique multiplie les massacres contre des gens qui ont l’audace de vouloir vivre une foi proche des premiers Chrétiens… C’est très bien écrit et documenté, une parfaite lecture estivale !

*Cette maison d’édition se trouve en pleine région cathare et pays de cocagne, à Villefranche-de-Lauragais (31), autre Ville Franche héritée du Moyen-âge. J’aime les coïncidences !

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