Guérir : faire passer la lumière

Dans notre monde des arts textiles, le Japon compte beaucoup. On y trouve d’abord des artistes exceptionnelles, un raffinement inégalé, des tissus émouvants… Je reste personnellement amoureuse des styles de Keiko Goke, Shizuko Kuroha et de Marie-Claude Tsuruya, Japonaise par alliance. La première incarne la modernité, l’improvisation et la richesse de la fantaisie, alors que les deux dernières subliment les étoffes devenues précieuses par leur ancienneté et leur symbolisme : les vrais indigos, les sarasa et tous ces beaux tissus provenant des kimonos… En ce qui concerne l’art des quilts au Japon aussi, modernité et tradition restent à égalité dans mon cœur.

Même si j’ai admiré les quilts en tissus taupe, je n’en ai jamais été très fan personnellement, mais cela a permis un rapprochement entre nos deux cultures. C’est toujours bénéfique🙂.

Mont Fuji – Japon ©Travel mania. shutterstock

Peu à peu, la mode japonaise a quitté le devant de la scène du patchwork mais a gagné les étagères des librairies pour nous insuffler de nouvelles habitudes. Rangeons avec Marie Kondo pour un intérieur minimaliste, épanouissons-nous avec la recherche de notre ikigaï (la raison pour laquelle on a envie de se lever le matin), mangeons comme à Tokyo des sushis et comme à Okinawa une soupe miso au petit-déjeuner, offrons nos cadeaux emballés d’un furoshiki, jouons à Super-Mario et lisons des mangas, promenons-nous dans les bois pour un shirin yoku (bain de forêt bénéfique), apprécions l’imperfection avec le wabi-sabi, les reprises textiles avec le boro et le chiku-chiku… J’ai l’air de me moquer de toutes ces modes venues du Soleil Levant, mais non, j’y suis sensible et parfois m’y adonne avec enthousiasme, comme plusieurs d’entre vous ! 

 

Le Kintsugi

Et voici la nouvelle mode venue du Japon !

Ah la beauté de l’imperfection, le wabi-sabi ! C’est un concept que je défends depuis longtemps en patchwork et que j’ai abordé dans mon livre BeeBook (toujours en vente auprès de France Patchwork et, espérons-le, bientôt de nouveau en Salons de loisirs créatifs et en JA !). Avec le Kintsugi, il s’agit de réparer sans essayer de rendre l’apparence du neuf, agir en assumant les rides de l’âge, la marque des fêlures. Les deux principes se complètent : l’acceptation de l’imparfait, du « pas neuf », et la vision de la beauté hors jeunesse et nouveauté.

L’art du Kintsugi est donc traditionnellement appliqué aux objets fêlés, cassés, puis réparés avec un soin extraordinaire : les fêlures sont colmatées à l’or, les défauts sont sublimés, les faiblesses rendent l’objet plus solide qu’à l’origine…

La coach Céline Santini va plus loin en faisant le parallèle entre le Kintsugi et la résilience, ce principe psychologique mis en lumière par Boris Cyrulnik. Il s’agit de la capacité d’une personne à transformer un traumatisme en souvenir acceptable, à partir duquel on peut se reconstruire. On guérit en soignant ses blessures et on devient même meilleur et plus fort.

Son livre détaille à la fois l’art de réparer une fêlure d’un objet à l’or et celui de se réparer psychologiquement, se développer harmonieusement, pour aider à mieux vivre. On lit même que les personnes ayant été cabossées par la vie et qui se sont réparées, deviennent plus touchantes, plus intéressantes, plus authentiques. Le parallèle est saisissant. C’est un beau livre que j’ai eu grand plaisir à lire.

Le Kintsugi en patchwork

Déjà, au 19e, le japonisme, la Japanmania, touchait les artistes occidentaux. Pendant que les impressionnistes et autres peintres contemporains modernes s’inspiraient de l’art de l’estampe, l’art de la craquelure des poteries et porcelaines séduisaient les Américaines au point de s’en inspirer et de créer… le patchwork crazy ! C’est du moins une des versions, la plus vraisemblable d’ailleurs, de la naissance de ce style.

Sur un de mes crazy, le livre de Denyse Saint-Arroman, un des rares bouquins sur le crazy en français.

Le Bazar japonais à l’Exposition Universelle de Philadelphia, en 1876. Les porcelaines craquelées furent les inspirations pour le crazy patchwork, et en même temps, au même endroit, les dessins qu’on voit en décoration donnèrent l’idée de créer le bloc de l’Assiette de Dresde (voir son incroyable histoire par ici).

En Angleterre, Charlotte Bailey emballe de tissu chaque morceau d’une porcelaine cassée et les joint en décorant les failles au fil d’or fixé au point de Boulogne, le résultat est incroyable :

Un vase cassé ? Charlotte Bailey a conçu un long processus de rénovation avec chaque morceau emballé de tissu…

Le Kintsugi a fait récemment irruption dans la mode du patchwork moderne, quand il s’agit d’ajouter une petite pièce après une erreur de mesure par exemple. Au lieu de cacher le rattrapage, on le met en valeur, comme ici, après des erreurs de coupe, avec un tissu finement rayé et très visible :

Bien sûr, il apparaît sur des poteries quiltées :

Le principe est devenu plus abstrait en représentant des failles :

Le Kintsugi devient aussi des lignes cassant un bloc, avec les inserts de bandes assemblant le patchwork :

Le livre qui a grandement popularisé le Kintsugi dans le patchwork improvisé est du Britannique Nicholas Ball. Bizarre, je n’ai pas encore pris le temps de vous parler de lui alors que je me sens si proche de sa démarche !

Double page montrant le quilt Kintsugi de Nicholas Ball (éditions Lucky Spools)

Comme bien souvent, Debbie de Seattle a judicieusement utilisé le modèle pour en faire un quilt, simplement beau comme j’aime :

K comme Kintsugi…
Cette lettre m’inspire pour faire mon premier bloc officiel à la manière Kintsugi – même si, avec les quilteuses Patch d’Oc, nous avions déjà utilisé cette technique d’insertion pour nombre de blocs du blason de Lacaze sans lui donner d’autre nom que patchwork libéré.

Ce sont ici les tout premiers blocs faits avec mes amies pour le quilt Blason de Lacaze, avec l’esprit libre de contraintes. Un grand amusement !

K comme Katell. J’ai d’abord pensé écrire mon prénom en langue des oiseaux (piou-piou, cui-cui ? Non, ce sont des jeux de sons, de lettres, de mots, des jeux de sens cachés de mots ou de phrases…), Katell devenant simplement KTL. Le E, avec ses 3 barres parallèles, me semblait le plus difficile à intégrer, mais finalement j’ai écrit toutes les lettres, le E se pliant tout de même gracieusement à l’exercice ! 

Ce sont les premiers essais, je sens que je vais bien m’amuser avec ces lettres très stylisées façon Kintsugi ! Ici un seul bloc pour deux L – deux ailes – pour voler plus vite. 

Ce sera un petit quilt, à poser sur une table, avec son esprit discrètement japonisant… Se souvenir de la beauté de la fêlure qui laisse passer la lumière…

A très vite,
Katell

Lectures estivales

127082790Pour cet été, vous avez déjà reçu les magazines de patchwork de juin, et en particulier pour les adhérents-abonnés de France Patchwork,  Les Nouvelles, Patchwork et Création textile n°145… Il est fait pour et par les adhérentes, plus que jamais, avec les rédactionnels sur nos vécus pendant le confinement, des modèles très sympas, et une myriade de blocs de toutes les couleurs d’Ensemble malgré tout ! Le magazine reflète la période que nous venons de vivre, tellement extra-ordinaire, parfois dramatique, le plus souvent juste inquiétante ou même agréable, pour les plus chanceux à la recherche d’une pause dans leur vie trop speed. Je suis heureuse d’avoir contribué à cette revue, relatant mes états d’âme qui sont étrangement similaires à ceux de beaucoup d’entre vous.

Une grande diversité de livres sortent en librairie pour les vacances et je souhaite mettre la lumière sur celui-ci, qui n’a pas encore bénéficié de beaucoup de publicité et qui mérite d’être lu, avec pour thèmes la condition féminine en pleine évolution et la découverte de la créativité en brodant… Ah, cela vous intéresse, n’est-ce pas ?!

C’est l’histoire de Violet, dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres, que j’ai beaucoup apprécié découvrir en anglais l’année dernière. Il arrive à point en français pour le farniente estival, ne vous en privez pas, pour moi c’est une valeur sûre !

J’ai été surprise cependant par certaines critiques anglophones, traitant ce livre de littérature « facile », pour jeunes adultes ou même adolescents. Des personnes aigries ?… En anglais, cela n’était certainement pas pour moi une lecture trop facile !!! Je le lirai aussi en français un jour, pour voir si j’ai le même enthousiasme.

J’ai été étonnée par la traduction du titre en français, mais je le trouve bien et la femme symbolise parfaitement la période. Et que les couleurs sont belles !

Vous pouvez dès à présent le trouver dans vos librairies !

A samedi pour mon dernier article avant la pause estivale,
Katell

La terre est bleue comme une orange

La terre est bleue comme une orange

C’est le premier vers intrigant d’un poème de Paul Éluard datant de 1929. A l’absurdité de la phrase répond la finesse des rêveries qu’elle enclenche, laissez-vous emporter, rebondissez sur les images qui vous viennent…

Mais oui, la Terre a la forme d’une orange, une balle, une sphère, symbole de la plénitude. 

Ce fruit a puisé la vitalité dans la lumière du soleil, a concentré l’énergie en zeste, jus et pulpe, comme l’essence de la vie— VAlekStudio / Shutterstock.com.

Or, la terre est effectivement brune, ocre, beige… ou orange.

Une vue du Bryce Canyon, en septembre 2018, où l’orange de la terre se marie au bleu du ciel.

En 1929, nul humain n’avait pu contempler ni photographier la Terre vue de l’espace, et on avait bien moins conscience de la prédominance des océans sur la terre ferme. Avant les missions dans l’espace, personne ne l’appelait la planète bleue. Et peut-être était-ce alors la terre bleue qui intriguait les lecteurs, plus que la terre comme une orange… Tout est question de perspective.

On nomme l’overview effect, le choc qu’ont ressenti de nombreux spationautes en voyant la Terre de l’espace. Après avoir contemplé leur Maison de loin, ils veulent plus que jamais la protéger : elle est belle, elle est unique, elle est fragile.

overview
L’écrivain Jean-Pierre Goux mise sur la diffusion massive de photos et vidéos de la Terre vue de l’espace pour inspirer un amour profond pour notre Maison, susciter un sentiment d’appartenance à ce monde unique, fini et isolé comprenant toute la nature, dont nous faisons partie. OneHome.org. Si vous comprenez l’anglais, voici 14 citations d’astronautes ayant expérimenté l’overview effect. Tous sont émus, souvent jusqu’aux larmes.

C’est assez surréaliste de savoir ce qu’il se passe sur la planète en dessous de nous. La Terre a toujours l’air aussi éblouissante, vue d’ici, donc c’est difficile de croire tous les changements qui se sont produits depuis qu’on est ici.
Jessica Meir, le 10 avril 2020

L’astronaute Jessica Meir vient de rentrer sur terre le 17 avril, après 7 mois en station spatiale, elle expérimente à présent un confinement auquel elle était bien moins préparée…

Fragile

Jamais je crois je n’ai autant lu que durant ces semaines de confinement, et j’ai découvert plusieurs romans de science-fiction où sont projetées les craintes des auteurs dans un avenir plus ou moins lointain. Je vous assure qu’à la lumière de ces possibilités, on n’a, encore moins que jamais, pas envie de vieillir, aucune projection n’étant réjouissante… Quelle désespérance. Que ce soit Valentin Auwercx dans 500 ans (Le temps d’une Étoile) ou Tatiana de Rosnay dans 15 ans (Les Fleurs de l’ombre), l’avenir a de bien tristes couleurs. Et quand certains s’arrogent le droit de faire « ce qu’il faut » pour régler les problèmes comme dans Le Parfum d’Adam de Jean-Christophe Rufin, j’en frémis encore.

L’équilibre qui convient à l’humanité est fragile : quelques degrés de plus et nos côtes seront englouties, nos organismes flancheront à la chaleur, nos jardins seront grillés. Grâce à l’ingéniosité des hommes, nous avons bénéficié de tant de bienfaits, mais la balance penche dangereusement vers les douloureuses contreparties. La pollution tue la biodiversité comme les abeilles et autres insectes pollinisateurs, bienfaiteurs de notre alimentation saine. La nature que nous domptons s’épuise, tant de décisions étant prises pour le court terme. Je ne me lancerai pas sur une longue liste, vous la devinez. Et si nous lisons l’histoire de notre genre humain, Sapiens, une brève histoire de l’humanité de Yuval Noah Harari, on se rend compte à quel point nous sommes, nous et nos civilisations, arrogants et pourtant minuscules et fragiles.

Un fichu virus et voilà notre vie d’avant, si imparfaite, déjà considérée comme un paradis perdu…

Audace

La vie est une aventure, ose-la.
Mère Teresa.

Je crois au miracle, je suis un optimiste de la volonté et je professais qu’à moins d’être totalement mort, rien n’est grave.
Sylvain Tesson

Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.
Sénèque

La couleur orange symbolise l’énergie, la vitalité, l’optimisme, l’audace et donc, nous incite à croire malgré tout en l’avenir. Il en faut, de l’audace, pour proclamer que la terre est bleue comme une orange. Oser l’audace, c’est un pléonasme que les artistes comme les meilleurs scientifiques savent manier, pour créer un monde meilleur, souhaitons-le. Car il faut agir ! Alors, vous ne serez pas surpris par mon second carré orange du challenge Ensemble malgré tout de France Patchwork :

Stay at Home, ou le confinement résilient

En plein week-end de Pâques, j’avais le moral en berne, les enfants étant habituellement autour de moi à cette occasion. Alors j’ai fait une immersion dans mon atelier. J’ai ainsi fait un beau trou dans mes p’tits bouts de tissus, les assemblant en bandes interminables de 6 cm de large, m’inspirant fortement d’un quilt d’une quilteuse australienne, publié sur Instagram. Pour rythmer ces bandes, j’ai découpé les unis en carrés de 12 cm, du prune/aubergine au jaune d’or, en passant par de nombreux rouges, roses et orange. J’ai mis le turbo et fait un top qui n’était vraiment pas prévu.

Je crois bien que ce top sera expédié à une quilteuse long arm professionnelle dans une dizaine de jours ! Je suis en plein quilting à la main de l’ouvrage que vous voyez en tête de blog…

Faire ce top m’a redonné le sourire ! Il s’appelle #StayAtHome, l’un des hashtags les plus utilisés au monde ces dernières semaines…

La fin du confinement ne signifiera pas la fin de la pandémie, nous le savons à présent. Il faudra du courage et de l’audace pour établir de nouveaux équilibres. Pour terminer avec de l’espoir, voici les deux dernières strophes d’un autre poème de Paul Éluard qu’on aimerait tellement voir coller à l’actualité de ce mois de mai :

[…]

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard

Malgré notre fragilité, ayons de l’audace pour créer un meilleur avenir que celui qu’on nous promet.

Avec confiance, allons de l’avant, ensemble malgré tout,
Katell

 

Patchwork Moderne, le livre d’Alice

Que le temps passe vite ! En août dernier, je vous avais promis une surprise avec Alice pour septembre, je ne vous la dévoile que maintenant… Après son baby James en juin, Alice a donné naissance à un autre bébé en septembre, semblant défier toutes les lois de la nature. Je vous rassure, son autre bébé est :

Son livre devait paraître avant BeeBook, mais des aléas ont reporté l’édition et l’ordre de parution s’est inversé. Nous nous donnions régulièrement des nouvelles de manière discrète, car les livres à éditer sont toujours tenus au secret tant que la publicité n’a pas commencé. Nous savions l’une et l’autre à quel point nous étions complémentaires : à elle le patchwork moderne clair, gai et régulier, les conseils techniques avisés et complets, à moi le patchwork improvisé créatif et les astuces originales.

Que trouvons-nous dans Patchwork Moderne ?

C’est tout d’abord une mine précieuse de renseignements pour les débutantes : Alice explique tout méthodiquement, de la machine à coudre aux méthodes de coupes rapides, en passant par le choix des tissus ou l’aide au décryptage des quilts…

Le choix des tissus : une multitude d’astuces et d’explications vous aideront à ne pas vous tromper 🧵

Je rends hommage à son travail clair, précis, qui rend possible en quelques pages la compréhension complète du travail de patchwork à la machine. Je suis sûre aussi que la plupart des quilteuses confirmées y trouveront des astuces permettant par exemple de mieux se servir de sa machine à coudre ou de sa règle de coupe. C’est un recueil complet de ce style de patchwork, une nouvelle Bible, un futur classique indispensable dans la bibliothèque des jeunes quilteuses francophones.
Bravo Alice !

Le stylisme du livre est très agréable : les quilts sont intégrés dans des situations du quotidien avec un côté zen très tendance. Photos de la talentueuse Sandra de Jesus Sauvage.

Le Patchwork Moderne d’Alice Kreyder, c’est aussi plus de la moitié du livre riche de douze modèles beaux et utiles pour la maison et les enfants. On voit bien qu’Alice est une jeune maman ! Ses modèles sont tous faciles à faire et à intégrer dans un intérieur. Son livre est destiné à la plupart des personnes souhaitant (se) faire plaisir avec des ouvrages faits maison, sans y passer un temps infini : vive le matériel et les techniques modernes ! C’est ainsi qu’Alice se définit comme une quilteuse fonctionnelle plutôt qu’artiste, utilisant ses quilts au quotidien, les lavant à la machine sans arrière-pensée, tout en (s’)offrant des objets qui ont bien plus qu’une simple fonctionnalité : non seulement ils sont beaux, mais ils sont une présence, une preuve d’amour, un câlin textile comme elle le dit si joliment !

Les tissus sont tous issus de sa boutique Blossom Quilt & Craft où elle vend en ligne, sur son site en français, une très belle sélection de tissus Art Gallery Fabrics. Elle recommande également les marques incontournables d’Aurifil pour les fils et PSR Quilts pour les molletons. Quant au matelassage de ses ouvrages, plusieurs ont été quiltés par des professionnelles renommées, AcropatchBlue Star Quilting et Carole Quilting : un ensemble de marques de confiance, avec les adresses en fin de livre.

Pour ma part, j’aime les tissus Arizona After d’April Rhodes à la folie ! Alice a réalisé un plaid pour canapé très chaleureux avec cette belle collection, c’est celui de la couverture :
Et moi, après mes achats d’août chez Alice, j’ai choisi deux imprimés de cette collection pour les mêler à des unis, dans un style très « Tex-Mex » ou « Santa Fe », mélange d’influences espagnole, mexicaine et indienne pour un chemin de table ensoleillé :

Le livre d’Alice Kreyder Patchwork Moderne, Initiation et Projets aux Éditions Eyrolles est disponible en librairies (sur commande éventuellement) et sur toutes les plateformes de vente de livres (FNAC, Amazon, Decitre etc.) au prix de 19,50 €. La semaine prochaine, vous pourrez rencontrer Alice lors de la séance de dédicaces sur le stand de la librairie Eyrolles au Salon de Paris Création et Savoir-Faire :

Samedi 30 novembre 2019 de 10 à 13 heures

Ne manquez pas ce rendez-vous, un cadeau vous sera offert lors de l’achat du livre
pendant cette séance de dédicaces !

Noël se prépare, soufflez vite ce titre à vos proches ou offrez-le à la jeune génération !

Dans l’immédiat en ce 22 novembre, bonne fête à ma sœur et mes amies prénommées Cécile :

Un cœur… du livre d’Alice !

A bientôt, Katell

Lecture de Catherine K.

Depuis que j’ai lu la fiche de lecture de Catherine K, déléguée FP67, ce livre est dans ma liste de prochaines lectures…

L’étoffe du destin de Sébastien Palle
Éditions Héloïse d’Ormesson, 2019

L’auteur est un spécialiste à la fois dans les domaines spatiaux et financiers. Aujourd’hui il s’investit dans une association pour promouvoir l’intelligence végétale. Féru de généalogie et d’histoire, descendant d’Oberkampf, il s’est lancé dans l’écriture. L’étoffe du destin est son premier roman.

Dans un 18e siècle très chahuté par de multiples bouleversements, Christophe-Philippe Oberkampf, venu de sa Suisse natale, ne parlant que l’allemand et handicapé par sa religion protestante, s’installe à Jouy-en-Josas pour y parfaire son métier d’imprimeur sur étoffe, qu’il tient de sa famille.

Iolanda, fillette du Sénégal (photo https://www.humanium.org/fr/)

En parallèle, de nos jours, on suit la destinée de cette jeune sénégalaise, Alina Diop, gamine de 10 ans, insouciante jusqu’à ce qu’un voyage chez ses grands-parents au Mali voisin, se transforme en cauchemar : ses parents et son petit frère sont enlevés sous ses yeux par des cavaliers d’un groupuscule islamiste, tandis qu’elle doit faire face à un grand-père marabout qui prévoit de la faire exciser. Même à son jeune âge, elle comprend que sa survie se joue dans la fuite.  Au Sénégal, elle espère qu’elle retrouvera son grand frère et pourra poursuivre ses études, elle si douée en maths, à condition de ne plus être une fille…

Sébastien Palle veut-il nous prouver que l’opiniâtreté est la porte vers la réussite ou bien que ces deux destins si éloignés en apparence se rejoignent par certains aspects ? Toujours est-il qu’on se régale au récit de la naissance de la fameuse toile de Jouy tout en pâlissant à l’évocation du monde que nous traversons actuellement. Heureusement, les femmes sont en marche !

l'étoffe du destin.jpg

L’amour, l’éloge de la diversité, le goût de l’effort sont au centre de l’aventure humaine…

Tracy Chevalier, son nouveau livre et autres nouvelles

Lisez-vous beaucoup l’été ?

 

La connivence continue entre Texte et textile… Les quilteuses sont souvent de bonnes lectrices ; depuis le début de ce blog, j’ai le plaisir d’écrire souvent à propos de Tracy Chevalier, romancière-artiste, qui mêle presque toujours ses histoires à des activités artistiques : peinture, tapisserie, cirque, poésie, patchwork, prose… 

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Je crois bien que dernier roman de Tracy Chevalier n’a pas trouvé son public en France. Le Nouveau, transposition du drame d’Othello dans une école de Washington en 1974, traite de sujets toujours brûlants comme la jalousie, le traitement de la différence, le racisme, en l’occurrence un élève noir dans une classe blanche. Malgré une très belle écriture, les détails vintage, je n’ai pas apprécié ce roman à sa valeur sans doute, car je n’ai jamais lu Othello et ne peux donc pas évaluer la transposition, probablement virtuose. Sans ce point-clé, une certaine distance reste entre le lecteur et l’histoire…

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Allons de l’avant : le nouveau roman est prêt, il sortira en anglais en septembre, puis en français en 2020. Violet, une jeune femme pleurant la perte de son fiancé et son frère lors de la Grande Guerre, va assumer son indépendance en s’installant dans la ville de Winchester. Elle entrera dans un groupe de femmes qui brodent des coussins pour la cathédrale. Je n’en sais pas plus, mais que j’ai hâte de le lire !

Des coussins de Winchester Cathedral, photo du site de Tracy Chevalier.

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Sur son site, Tracy Chevalier annonce aussi le thème du livre sur lequel elle travaille : une grande histoire autour de la fabrication et la vente des perles de verre de Murano (près de Venise)… Un autre délice à venir !!

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Autre nouvelle extraordinaire : la création d’un Opéra à Zürich (Suisse) sur l’histoire de la Jeune Fille à la Perle ! La musique, de style avant-gardiste, est signée Stefan Wirth, la Première aura lieu le 24 mai 2020, les autres dates par ici.

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Texte et textile encore : Tracy Chevalier est devenue quilteuse, après avoir voulu simplement se renseigner sur cette activité pour mieux écrire La dernière Fugitive. Mais elle continue ! Toujours cousant à la main, elle aime se reposer des mots en travaillant les tissus. Elle a fait plusieurs quilts elle-même mais elle fait bien plus : organiser des expositions ! A ma connaissance, elle a initié deux événements, l’un avec des quilteuses du Yorkshire, l’autre avec des détenus dans diverses prisons anglaises.

Le quilt des soeurs Brontë est rarement exposé, pour le préserver. Il mesure 187 x 214 cm.

Dans le Yorkshire, c’était  en 2016 la commémoration des 200 ans de la naissance de Charlotte Brontë (son roman le plus connu : Jane Eyre, monument de la littérature britannique). Or, elle et ses sœurs avaient cousu un quilt en soie, taffetas, velours et coton, qu’on imagine venir de leurs propres robes. Bien sûr, la technique est « à l’anglaise » et des papiers (lettres, journaux) restent emprisonnés dans cet ouvrage… qui n’est pas un vrai quilt puisqu’il n’est pas quilté (tout comme celui de Jane Austen, voir ici l’article que je lui ai consacré). Une exposition de mini-quilts sur le thème a été organisée en 2016, mais je n’ai pas trouvé de lien très intéressant fonctionnant encore, juste cette affiche montrant une reproduction de l’ouvrage des trois sœurs Charlotte, Anne et Emily :

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Enfin, texte et textile toujours : dans le cadre d’une exposition sur « ce qu’on fait dans son lit » (naître, dormir, faire l’amour, être malade, mourir), Tracy a, avec l’aide de l’association Fine Cell Work, encouragé des détenus à s’exprimer sur le sommeil et les rêves, avec des consignes : un bloc de 25 cm de côté et une dominante en bleu et blanc. Les blocs sont faits par des experts, car cette association, Fine Cell Work, enseigne les arts de l’aiguille et fait travailler les prisonniers volontaires (une forte majorité d’hommes) contre une rémunération équitable ; cela favorise le goût du travail bien fait, donne une expertise, apprend à acquérir l’estime de soi… Les ouvrages faits par les prisonniers sont en vente ici. Vous pouvez y admirer un remarquable artisanat ! Donc pour le projet de Tracy, un quilt a été fait avec les 63 blocs reçus :

J’ai acheté le livre sur cette expérience : sur un tout petit format (un carré de 14,5 cm seulement), on y lit le contexte de cette aventure mais on voit aussi des détails des blocs, souvent + grands que nature, on apprécie la justesse de la broderie mais aussi, surprise, on voit que le thème est exploré en profondeur. S’y retrouvent naturellement des comptines enfantines, des lunes et des étoiles, mais aussi des versets de la Bible, des mots de Shakespeare, des évocations de tableaux comme le Cri de Munch… Les photos montrent la qualité du travail de ces brodeurs pas comme les autres, et leur envie de s’en sortir dans la vie. Quoi qu’ils aient fait, ils purgent leur peine envers la société et ensuite il faut se réinsérer, s’habituer à travailler, à penser positivement… On ne sait jamais quelle révolution intérieure peut s’enclencher quand on se met à faire de l’art ! Leurs réflexions, en fin de livre, montrent à quel point on peut transférer son agressivité en canalisant son énergie positivement dans le travail manuel. Certains évoquent aussi l’indépendance gagnée en mettant de l’argent de côté, la perspective de trouver un travail en sortant, ou simplement la fierté du travail bien fait.
Les bénéfices du livre vont à Fine Cell Work, l’association qui promeut les arts de l’aiguille en prison. 

Ce n’est pas une expérience unique : on peut rappeler l’histoire du Rajah quilt (1841) mais aussi maintes initiatives de par le monde.

Un excellent article en français (d’une brodeuse suisse) présente également ce livre : https://www.letempsdebroder.com/articles/quilt-sommeil-chevalier/

Tracy Chevalier a dit à propos de cette expérience dans The Guardian :

Cela semble bête de dire que coudre peut aider des gens, mais c’est une action très thérapeutique, très reposante. Et c’est l’occasion pour ces gars de faire quelque chose de beau, d’être félicités et payés pour cela. Certains ont commencé cette activité pour gagner de l’argent, mais la plupart continuent parce qu’ils aiment coudre… Cela semble invraisemblable, mais coudre a bien déclenché quelque chose en eux.

Voici le quilt entier, plein de symboles, d’histoires personnelles, d’espoirs :

Voilà les nouvelles que j’ai pu récolter sur cette femme que j’admire beaucoup !

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Photo Anna Huix, Sunday Times

Quant à son mari que j’ai déjà présenté, Jonathan Drori, son livre est enfin édité en français ; je l’ai offert au mien – de mari – lui qui a planté une centaine d’arbres chez nous, par passion… juste répartition des choses ! Dans la forêt de livres sur les arbres, je vous le recommande chaleureusement, Ce que nous disent les arbres du monde : enchanteur, intelligent, informatif et si poétique… Un merveilleux livre sur la prodigieuse intelligence de la nature ! 

Avec Jonathan Drori, nous faisons un tour du monde sans jamais nous ennuyer, en apprenant à mieux connaître ces compagnons de l’humanité.

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Info finale, en rapport avec le livre ci-dessus : Cosabeth Parriaud nous informe sur Facebook que, jusqu’au 20 novembre, une belle exposition a lieu à Paris sur les arbres, vus par des scientifiques, des philosophes, des artistes. Cela semble très intéressant, mais aussi très salutaire pour tenter de sauver ce qui peut l’être : l’Amazonie est décapitée, la Sibérie brûle (des centaines de milliers d’hectares en ce moment-même), ainsi que l’Alaska et bien d’autres forêts, on a une pensée aussi bien sûr pour nos amis portugais… C’est tout sauf anecdotique, du sauvetage des arbres dépendra notre avenir et peut-être notre survie. J’écoute la jeunesse qui ne regarde pas ailleurs… Notre monde bleu et vert va-t-il survivre ?

Fondation Cartier, 261 boulevard Raspail, Paris 14e

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Petite pause estivale… Prenez soin de vous et de votre environnement, attention à la chaleur, lisez, rêvez les yeux ouverts… à l’ombre !
À bientôt !

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Promenade de Belcastel à Castelnau 😉

Une journée en Occitanie comme j’aime : jeudi dernier, nous avons avalé les kilomètres en faisant une grande boucle, revisité quelques-uns de nos lieux favoris… Voici quelques impressions, en pêle-mêle.

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L’Aveyron (12) est connu en tant que département rural, immense, à la gastronomie simple et goûteuse – ah l’aligot, les farçous verts, le gâteau à la broche et le roquefort avec la salade, pour ne citer que quelques mets végétariens !… Deux monuments récents font parler d’eux également : le viaduc de Millau, miracle d’élégance et d’intégration dans le paysage, et le musée Soulages à Rodez, miracle culturel, le noir éclairant désormais la ville. Ce musée était le but principal de notre journée.

J’avoue osciller entre l’admiration et les doutes sur l’ordre des choses dans l’art contemporain. Ce musée est parfait pour s’interroger sur le concept de l’art abstrait : ce qui est intellectuellement intéressant, ce qui émeut… et ce qui sonne creux ! Ces artistes de l’art abstrait sont néanmoins des caractères complexes et intéressants à découvrir.

On reconnaît la majestueuse cathédrale en grès rosé à des kilomètres, alors que le musée, en acier Corten, se fait discret de loin… mais pas de près, suscitant d’incessantes discussions sur le choix du matériau. L’accord est pourtant bluffant avec certaines peintures de Soulages, en noir et brou de noix…

Deux exemples de tableaux en noir brou de noix de Soulages, en parfait accord avec le bâtiment !

Je voulais y retourner pour m’imprégner de nouveau de l’outrenoir de Soulages, mais surtout de l’outremer d’Yves Klein (exposition temporaire), deux monomaniaques de LEUR couleur, l’un qui célébrera ses 100 ans à Noël, l’autre mort si jeune en 1962, à 34 ans.

Des cris bleus, exposition jusqu’en novembre 2019 à Rodez.

Le parcours d’Yves Klein est intrigant comme une étoile filante. Champion de judo, obnubilé par les Quatre Éléments (Eau, Air, Feu, Terre), mystique au point d’avoir conçu sa vision de la Sainte-Trinité dédiée à Sainte Rita (les causes désespérées…) : un artiste bien complexe qui nous frustre d’être parti si tôt. 

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Ex-voto pour Sainte Rita de Cascia par Yves Klein. Rose pour l’Esprit saint, Bleu pour le Fils et Or pour le Père. Une trinité inspirante !

Ce bleu unique, le bleu Klein, outremer outrepassé par de nouveaux solvants et une nouvelle résine de synthèse, a sans doute ruiné sa santé et causé la crise cardiaque qui l’emporta si jeune. La matière de l’oeuvre ci-dessus est constituée d’éponges naturelles.

Yves Klein apparaît en filigrane dans une histoire étrange, poétique et palpitante, que j’ai lue en début d’année grâce à ma sœur Véronique : Siècle Bleu de Jean-Pierre Goux. Si vous souhaitez découvrir à la fois les restes de l’expérience Biosphère 2, un retour sur la Lune, la beauté chez le peuple Navajo, une énergie du futur, les mensonges d’état, une pensée écologique éclairée (thème majeur) et mille autres sujets passionnants, ce roman en 2 volumes (édition La Mer Salée) est pour vous :

Siècle Bleu m’a fait passer des jours bleus et des nuits blanches !

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Le même jour, nous avions fait un grand saut dans le temps, en flânant au marché de Villefranche-de-Rouergue : très beau, très bio, très chaleureux, un de mes marchés préférés, qui me donne des sensations de siècles remontés. Bastide aux rues se coupant à angle droit, ville nouvelle du Moyen-Âge, Ville Franche s’affranchissant des obligations féodales, riche de maisons style Renaissance et d’une place carrée aux puissantes réminiscences de siècles de commerce : je m’y sens bien, comme si les pierres restituaient l’impression de jours heureux et d’opulence. Le marché ici, c’est tous les jeudis matin ! Nous y allons au moins une fois par an.

Nous avons déjeuné entre Villefranche et Rodez, toujours au bord de l’Aveyron, à Belcastel. Un village enchanteur, moi qui cherche inlassablement des signes dans les vieilles pierres. Attention, il a fortement été rénové, mais il garde tout de même son esprit. Nous mangions en terrasse, face au village, quand je me suis soudain rendu compte que les racines d’un des quilts faits pour BeeBook étaient précisément ici ! Pendant sa création, j’avais bien l’idée d’un village grimpant vers le ciel, comme tant d’autres dans la vallée de l’Aveyron (Penne dans le Tarn, Bruniquel dans le Tarn-et-Garonne et bien d’autres) mais ici la ressemblance m’a saisie, tout comme la proximité des noms, Belcastel et Castelnau ! Il a fallu y revenir pour que je me rende compte de l’inspiration précise…

A gauche, un superbe vieux pont qu’on ne voit pas bien 😦 et en face, le village qui grimpe à l’assaut de la colline ; la balade est courte mais fort agréable ! C’est au restaurant du Vieux Pont que Cyril Lignac, natif de Rodez, élève du lycée hôtelier de Villefranche-de-Rouergue, fit son BP de cuisine pendant 2 ans (1998-2000) ; l’enfant du pays a fait son chemin depuis !

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Castelnau, mon village rêvé, aux maisons de guingois dans la verdure, où chaque maison est habitée par des amis parmi lesquels de nombreuses quilteuses ! Photo très moyenne avec mon phone, mais vous en avez de meilleures dans BeeBook 🙂

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Fin de journée à Albi-la-Belle (81), promenade au bord du Tarn, en admirant les dentelles de buis heureusement sauvés des ravages de la pyrale.

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Je viens de lire un livre de Christine Machureau (romancière découverte grâce à Cécile D.), l’Hérétique, Tourmente Cathare (les Éditions du 38*), qui se passe en grande partie au sud d’Albi. On s’attache vite à une jeune fille en plein dans la croisade albigeoise, quand l’Église catholique multiplie les massacres contre des gens qui ont l’audace de vouloir vivre une foi proche des premiers Chrétiens… C’est très bien écrit et documenté, une parfaite lecture estivale !

*Cette maison d’édition se trouve en pleine région cathare et pays de cocagne, à Villefranche-de-Lauragais (31), autre Ville Franche héritée du Moyen-âge. J’aime les coïncidences !

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Twisted

C’est un mot qu’on retient bien ! Tout le monde se souvient du twist et de Let’s twist again, que vous pouvez regarder ici en vidéo avec son créateur et les paroles affichées. Même les plus jeunes ont sans doute vu des vidéos comme celle-ci, au montage plutôt humoristique de danseurs bien amusants.

Je suis née l’année de l’explosion du twist, bercée au rythme de cette musique qu’écoutaient mes parents à la radio. La jeunesse se tortillait dans l’allégresse en 1961 ! Mon caractère optimiste pourrait venir de là 😊

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Dans le monde textile, les fils sont torsadés – twistés en franglais : ici deux univers, l’ancien et le moderne, sont intimement mélangés, twistés ensemble, et on peut aussi penser au sens du truc bizarre, marrant, « tordu » ou juste original ici :

J’ai acheté ce livre à sa sortie en 2016, captivée non seulement par son thème mais aussi par ce jaune orangé de la couverture qui attire l’œil. Est-ce possible qu’à mon insu, cette couverture ait pu influencer mon choix des couleurs dominantes de BeeBook ? Impossible de le savoir !

Quelle est le thème principal de ce livre ? Un sujet fort actuel : le recyclage !

Un recyclage toutefois bien particulier, qu’on ne peut faire encore qu’en Amérique du Nord : celui de blocs orphelins anciens ! Cependant, le temps arrive où, en France, on commence à trouver en vide-greniers ou puces des couturières des tops de quelques dizaines d’années jamais finis, des blocs non utilisés… C’est bien de cela qu’il s’agit ! Dans le moindre petit village des USA, on trouve, dans le bric-à-brac des brocanteurs, des blocs en paquets ou seuls, des demi-tops ou tops entiers, bien ou mal faits… L’intéressant est d’avoir une partie du travail déjà faite et des blocs en tissus anciens, souvenirs d’une quilteuse anonyme…

Amoureuse des quilts anciens, mais aussi intéressée par l’esthétique moderne, Mary Kerr a voulu brouiller les séparations qu’on crée entre les quilteuses. Ah je me reconnais tellement dans cette envie de lever les frontières ! Mary Kerr… Le nom vous dit-il quelque chose ? Voyez donc par ici !

Pour les 22 quilts montrés dans son livre, Mary a choisi des blocs vintage souvent imparfaits, délaissés par une quilteuse d’antan parce que cela ne tombait pas juste, des fragments de bordure (la quilteuse a-t-elle changé d’avis ?), des rosettes d’hexagones manquant de copines, des tissus usés, tâchés, déchirés… ou en parfaite condition, tout un ensemble de situations différentes racontées pour chaque quilt. Mary a donc utilisé, pour chacun, des parties de tops anciens pour en faire un top moderne. Les résultats sont bluffants ! Ensuite, elle a utilisé son carnet d’adresse pour confier les tops à quilter à 22 long-arm quilteurs professionnels (21 femmes et 1 homme) en leur donnant parfois quelques instructions, d’autres fois carte blanche. Personnellement, j’apprécie bien plus certains styles de matelassage que d’autres, c’est une question de goût, mais la démarche m’enthousiasme !

Mary ne m’en voudra sans doute pas si je vous montre l’histoire d’un de ses quilts, la bande d’origine aux tissus décousus, déchirés, puis des photos du quilting et le quilt fini dans toute sa splendeur. De quoi donner envie d’acheter le livre :

Faire du neuf avec du vieux a toujours été une part importante du patchwork, comme la cuisine, avec l’art d’accommoder les restes !

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Quel incroyable résultat !

L’excellente nouvelle est que vous pourrez voir ces quilts à Nantes en avril prochain, Quiltmania vient d’inviter Mary qui proposera également quelques ateliers… et le livre sera certainement en vente aussi !

Vous pourrez donc apprendre, vous aussi, à twister autour des blocs anciens pour avoir un quilt résolument moderne !

 

Southern Charm

Le charme du Sud.
Chacun a son Sud en soi. C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane, à l’Italie… Nino Ferrer nous transporte inévitablement dans un monde rêvé… où il fait bon vivre, on aurait pu y vivre plus d’un million d’années, et toujours en été…

Je reviens de vacances, au sud de mon Sud, en Andalousie et un peu en Algarve (Espagne et Portugal), nous en avons profité avant que le soleil n’écrase ce coin de son impitoyable chaleur, de plus en plus forte au fil des ans. Début juin, il faisait déjà 38 ° et pas une goutte de pluie ! Je fredonnais la chanson de Nino Ferrer, quand je ne me laissais pas emporter par la musique flamenca, puis le fado, couleurs locales…

Le Vieux-Sud des Américains, c’est le Sud-Est des États-Unis, du Texas à la Floride. Un sud alangui mais aussi si violent. Choisissons de ne parler que des belles choses, les quilts du Sud pleins de charme en l’occurrence !

Mary Wilson Kerr, quilteuse, auteure et collectionneuse, a voulu aussi réunir autant de quilts que possible montrant l’Esprit du Sud, pour une exposition au Texas Quilt Museum (à La Grange, entre Austin et Houston, jusqu’au 23 juin). C’est ainsi qu’elle est entrée en contact avec notre amie Betty, car il lui manquait un quilt représentant un Pine Cone quilt d’une seule rosace. Elles ont choisi celui qui fut fait de vraies chutes de linge de maison et de vêtements, pour représenter la réalité de la communauté de femmes modestes qui cousaient de tels ouvrages.

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Mary Wilson Kerr a écrit un passionnant livre à ce sujet, Southern Quilts, sorti récemment (2018). Comme nous n’irons pas à cette expo, que peut-on retenir du livre ?

 

Diverses influences européennes enrichissent, au fil du temps, les quilts du Sud tout comme ceux du Nord, puis de l’Ouest. Avec ce livre, même si le focus est sur cette région, on apprend beaucoup sur les influences diverses, les motivations des femmes, les disponibilités des matières sur environ 150 ans.

Chaque chapitre est écrit par une historienne originaire du Sud (sauf une). Toutes montrent l’extraordinaire envie des quilteuses du Sud, blanches et noires, de créer de la beauté, de se surpasser avec des piécés virtuoses et de beaux appliqués, tout en faisant avec les ressources locales disponibles.

Ce qui frappe en feuilletant ce livre, c’est la prédominance des formes circulaires réputées difficiles, de toutes sortes, avec bien souvent des pointes triangulaires : même les étoiles sont organisées en cercles avec le bloc des Seven Sisters ! Ici la vidéo de Nathalie Delarge pour faire un bloc simplifié pour un quilt magnifique.

Quand on parle de quilts du Vieux-Sud, le panorama ne serait pas complet si on ne parlait pas des Pine cone quilts évidemment. Un chapitre entier leur est consacré, avec le texte de la loi proclamant cette technique « le quilt officiel d’Alabama » (Act of Alabama n° 97-11 du 11 mars 1997).

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Comme le Sud incite à une vie plus lente, n’oublions pas, malgré l’agitation de la vie, de prendre le temps pour les autres.

Sur un fond de quilt scrappy, Bonnie Hunter nous dit : Prends le temps d’être gentil. Tu peux ainsi transformer la journée de quelqu’un aujourd’hui.

 

Deux gros pavés bien noirs

Cet automne, malgré des journées enthousiasmantes et de très beaux projets, autour de moi des difficultés de santé ou des accidents de vie ont entamé mon entrain, sans parler de la tristesse ambiante, l’inquiétude face à l’avenir. Alors je me suis réfugiée alternativement dans le patchwork et dans le noir. J’ai déjà écrit sur le noir dans Les Nouvelles n° 130, mais ici c’est d’un autre noir qu’il s’agit, celui qui fait peur et vous déconnecte momentanément de votre quotidien.

Complot de Nicolas Beuglet, éditions XO et Le Signal de Maxime Chattam, éditions Albin Michel

Je suis une lectrice à la marge de ce style littéraire, mais après avoir entendu les auteurs qui faisaient leurs promos à la radio, je me suis laissée embarquer successivement par Nicolas Beuglet en octobre et Maxime Chattam en novembre, deux auteurs français de carrure internationale. Ce ne sont pas leurs premiers livres mais c’était la première fois que je les lisais. Ils ont en commun la maîtrise du suspense qui fait tourner les pages jusqu’au bout de la nuit avec une histoire qui intrigue et des personnages bien campés, mais aussi un fond qui fait toucher du doigt un problème de société ou un secret trop longtemps caché… Ni l’horreur, ni les morts odieuses ne me détournent de ces histoires, chaque auteur jouant avec moi au chat et à la souris au fil des pages.

Chacun de ces livres m’a rappelé un style connu d’autres auteurs. C’est sans doute réducteur, surtout pour Nicolas Beuglet, mais ainsi vous pourrez choisir si vous les connaissez déjà. L’un fait 500 pages, l’autre 740, alors autant ne pas se tromper !

Si vous avez aimé les meilleurs Dan Brown (Le Da Vinci Code et autres succès, le dernier étant Origine) mais surtout les polars nordiques, vous aimerez Complot. Il faut savoir que c’est une suite du livre Le Cri, mais nul besoin de l’avoir lu pour appréhender celui-ci. Eblouie par ce Complot, j’ai lu Le Cri en poche à la suite, également très fort.
Si vous avez aimé Stephen King, peut-être en particulier Dôme (mais pas en série TV, très moyenne), mais aussi le film des Goonies, bande d’ados sympas et courageux, et aussi la récente série de Netflix Stranger Things, vous tomberez dans les nasses de Maxime Chattam.

Au-delà de la distraction apportée par ces deux excellents livres bien rythmés, tous deux font référence à la place de la femme dans l’histoire et dans notre société, et ça dans des polars écrits par des hommes c’est plutôt nouveau. Pour Maxime Chattam, ce sont de petites réflexions sur quelques hommes bien lourdauds qui mériteraient une dénonciation #metoo, mais pour Nicolas Beuglet c’est, sans vouloir rien dévoiler, carrément le thème principal du livre. Le livre terminé, j’y pense encore, invitant le sujet à table, scrutant des indices dans d’autres écrits, vérifiant des assertions sur Google… Complot est pour moi, bien au-delà du divertissement, un livre ambitieux qui continue de me faire réfléchir.

Ne comptez pas sur moi pour dévoiler les intrigues, ne lisez pas non plus les 4e de couverture qui parfois sont trop bavardes… S’il fallait faire un match entre les deux, ma préférence irait sans aucun doute à Complot qui a nécessité des recherches et un état d’esprit éclairé ; ses convictions, étayées par des références historiques bluffantes, sont lancées dans ce polar avec un talent fou. Et pourtant Le Signal tient toutes ses promesses et sa couverture est la plus belle ! Il donne aussi une explication sur les idées virales qui deviennent réalité, ce qui n’est pas sans rappeler l’actualité : les énergies des idées convergentes se propagent sans contrôle…

Les vacances arrivent, octroyez-vous du temps rien que pour vous, égoïstement le nez dans un livre…

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