Étonnant recyclage de quilts anciens

Bien sûr, on adore acheter des tissus ! Un jour cependant se pose le problème du recyclage des restes. Pour ma part, je suis rarement à court d’idées pour faire un scrap quilt qui rassemble sans façon des centaines de bouts de tissus disparates, y compris des vêtements, des draps. Mais récemment, une lectrice m’a posé une colle : que faire de blocs orphelins qui n’ont rien en commun ? Elle avait apprécié l’idée de la Voie Lactée dans BeeBook, mais recherche autre chose, car elle a l’habitude de faire beaucoup d’essais de techniques. Je lui ai proposé, sans trop de conviction, d’en faire des pochettes, des coussins… Avez-vous des suggestions ?

Commencer un ouvrage, c’est une excitation et un pari sur notre capacité de le réaliser jusqu’au bout. Mais c’est si long que la motivation peut s’évanouir s’il ne répond pas parfaitement à nos attentes. Selon le tempérament de chacune, il sera fini coûte que coûte, sera mis de côté en attendant ou mis au rancart sans état d’âme, sans doute retaillé ou mis en dos de quilt recomposé. C’est ma tendance. Pour moi, la vie est trop courte pour m’astreindre à finir ce qui ne me plaît plus assez pour y consacrer encore du temps.

J’accepte de laisser tomber un ouvrage
s’il ne m’apporte plus de joie.

Les quilts anciens se vendent très bien aux USA. Les Américains ont la possibilité d’en acheter à des prix très raisonnables. Il doit s’en vendre des dizaines, voire des centaines par jour à travers les USA, car on le sait bien :

Un lit n’est un vrai lit qu’avec un quilt dessus !

On peut en acheter chez des antiquaires en boutique ou en ligne, dans presque toutes les brocantes, ou bien sur le site d’Hannah, Stitched and Found qui, année après année, confirme son succès. Vous pouvez lire l’article où je vous la présentais il y a un an et demi. Depuis, elle a un second enfant, encore tout bébé, et des centaines de nouveaux quilts qu’elle montre sur Instagram et qui sont vendus parfois très vite…

Hannah et ses quilts : trouvailles dans les vide-greniers et brocantes, réhabilitation et revente sur son site.

En France, beaucoup n’apprécient pas la valeur d’un quilt. Ils n’en ont pas la culture. En conséquence, voici ce qui peut arriver :

Ça me fend le cœur ! Une photo-choc pas prise à Marseille par Marius, mais à Toulouse la semaine dernière. J’espère qu’aucune de mes amies quilteuses toulousaines ne reconnaîtra un cadeau fait naguère…

Certains quilts anciens sont en parfait état, d’autres sont partiellement usagés. Sur Instagram défilent les tendances qui se font et défont à la vitesse de l’éclair et une des dernières bonnes idées est d’utiliser des quilts anciens pour en faire… des vestes d’hiver !

La recette : on prend un quilt, un patron de veste, on taille dans les portions de quilts bien conservées, on assemble… et on porte la veste, parée pour les frimas ! Bon, il faut être bonne couturière, certaines vestes ne font pas envie… 

Non, pas de photo de veste loupée, j’ai un minimum de compassion pour les ratages !

Dans la Ruche, nous sommes toujours amoureuses de la veste de Kristine, qu’elle a faite à partir de fat quarters de chez Neelam, avec un tissu déjà matelassé acheté au mètre (qu’on voit à l’intérieur de la veste), un gros grain noir et des brandebourgs :

Au Loto des 30 ans de France Patchwork à Balma (31), nous avions disposé, à droite de la scène, le quilt des 30 ans fait par la Délégation, la veste de Kristine et un petit sac, le tout en tissus Neelam. Nous, on adore !
Dès qu’il fait frisquet , Kristine arrive le vendredi à la Ruche avec sa veste. On espère toujours vaguement qu’elle l’oublie, mais non 🙃

Quant à Caroline, une amie de Kristine, elle a acheté une veste indienne qui lui a tapé dans l’œil :

Le charme du patchwork en veste, un grand classique de vestes made in India qu’on trouve dans des magasins exotiques ou sur certains marchés de plein vent. Celle-ci est particulièrement jolie !

Faire des vestes à partir d’un quilt ancien, c’est le pari de plusieurs jeunes stylistes cette année 2020, et les clients sont là ! La semaine dernière, on pouvait voir notre cher Roderick Kiracofe, collectionneur de quilts et auteur de plusieurs livres essentiels sur le patchwork, porter sa nouvelle veste faite par Reclaimed Fabric :

Très chic Roderick ! (photo Instagram @roderick752)


C’est devenu un véritable phénomène de mode, que le New-York Times a décortiqué dans un article voilà 15 jours. En prêt-à-porter ou même en haute-couture, on avait déjà vu des vêtements rappelant le patchwork traditionnel. Mais la mode actuelle est d’utiliser de vrais quilts anciens, ceux qu’on trouve encore en nombre dans les vide-greniers et dans presque chaque famille, et de tailler dedans.
Sacrilège ?
Pillage de l’héritage des grands-mères ?
Y a-t-il un risque de couper dans de beaux quilts qui pourraient avoir leur place dans un Musée ? La réponse de la styliste Rebecca Wright est qu’elle ne prend que des quilts à sauver de la poubelle. Ainsi, la démarche a un sens, c’est une réhabilitation de matière première, un recyclage malin.
Mode éphémère ? On verra bien ! Mais si la veste est bien faite, elle durera de longues années. Elle changera peut-être de propriétaire, mais elle continuera de tenir une personne au chaud.
D’autre part, la demande de vestes est si forte qu’on commence à faire faire des quilts à Haïti (main d’œuvre bon marché) avec des tissus vintage POUR en faire des vestes… Un vrai phénomène de mode, je vous le disais bien !

Get a hippy look with a Quilt Coat! The New-York Times, 16/11/2020

La plupart des plus belles vestes en quilt vues sur Instagram proviennent du même compte @psychic.outlaw, même si l’offre est très variée. Rebecca Wright, qui aime les bandanas, les quilts et les vêtements un peu fous, a créé l’année dernière sa société Psychic Outlaw et a embauché cette année 13 personnes. Outre de formidables robes d’été en bandanas, elle peut vous faire une veste à partir d’un de vos quilts, ou d’un de sa collection. Vous n’imaginez sans doute pas ce que cela peut rendre, alors voici des photos !

Voici Rebecca Wright, la jeune modiste texane avec une de ses créations en bandanas.
Psychic Outlaw – Star of Texas
Psychic Outlaw – Anneaux de mariage
Psychic Outlaw – Points de croix
Psychic Outlaw – Pinwheel
Psychic Outlaw – Assiette de Dresde ensoleillée
Psychic Outlaw – Étoiles à 8 pointes
Psychic Outlaw – Kansas Trouble
Psychic Outlaw – Calico Starburst
Psychic Outlaw – Ranch Style
Psychic Outlaw – Confetti

C’est un petit aperçu de ses créations. Chaque veste est évidemment une pièce unique.

Faire une veste à partir de blocs orphelins,
voilà qui peut séduire ma correspondante,
c’est aussi une idée pour des tops pas finis,
en ne quiltant que les parties utiles pour la veste.
Osons les vêtements qui se remarquent,
les couleurs qui claquent, les recyclages innovants
sans nécessairement tailler dans nos plus beaux quilts !!!… 
Et ne donnons pas l’excuse de notre âge,
au contraire restons jeunes grâce à notre allure unique !

Katell

Vêtements Psychic Outlaw – Photo Shelby Rahe

Quilt bavard/1

Est-ce notre dernier changement d’heure d’hiver ce matin ? Le sujet est devenu secondaire, bien derrière les horaires de couvre-feu…

Les Abeilles se focalisent sur leur amitié et leurs tissus de toutes les couleurs pour oublier les incertitudes de cette année noire. Cela contribue tellement à conserver le moral 🌞. Même masquées, nous sommes heureuses de nous retrouver chaque vendredi, tant que le confinement n’est pas de nouveau d’actualité.

😷

Avant-hier, nous avons finalisé le projet de quilt que nous allons faire pour les victimes de la tempête Alex dans le département des Alpes-Maritimes. Nous vous le montrerons quand il sera fini, en décembre j’espère. Je crains que peu de quilts ne soient faits pour cette cause, les catastrophes se succèdent à une telle cadence cette année, parasitant nos habitudes…

😷

Après le confinement printanier, nous avions fait chez moi un atelier de piéçage (couture) de lettres, bien éloignées de la calligraphie. Ce sont des lettres improvisées, irrégulières et rebelles ! A l’issue de ce bel après-midi, j’avais écrit un article présentant ce thème et nous avons décidé de mettre en pratique cet apprentissage, chacune devant faire un quilt avec un mot ou une petite expression. Pour nous mettre un peu de pression, nous essayons de les finir pour fin décembre.

Notre guide pour cet exercice est l’excellent livre de Tonya Ricucci, dont je vous ai déjà souvent parlé et qui date de 2011 – comme le temps passe…

Maïté a fini le sien la première, nous ferons bientôt une jolie photo de son quilt pour vous le présenter. Il est très original, vous verrez ! Et vendredi dernier, c’est Kristine qui nous a montré son quilt terminé… Un mot, un seul, mais oh combien éloquent pour nous :

Il faut habiller le mot, aussi beau soit-il ! Kristine s’est inspirée des quilts d’Inde où les femmes font tenir des pièces de tissu avec un point avant. De la reprise utilitaire et nécessaire, elles font des œuvres d’art, en Inde mais aussi un peu partout ailleurs (au Japon, cela s’appelle le Boro). Cette année, mon amie Sujata Shah donne des cours sur cette méthode par internet. Les quilteuses américaines en raffolent !

Un travail… d’Abeille ! Kristine a directement quilté les pièces de tissus posées à cru (sans marge de couture retournée), ce qui les fixe et évite tout effilochage. Des fils de soie qui dormaient dans un tiroir offrent une belle brillance.
Agatha en 1925 (35 ans). Saviez-vous qu’elle parlait français avec le délicieux accent du Sud-Ouest ? Enfant, elle vécut 6 mois à Pau !

Nous étions ce vendredi chez Vive, avec qui nous partageons notamment le goût des polars. La Reine en est incontestablement, pour nous, Agatha Christie ! Celle-ci avait (un peu) terni mes 15 ans, disparaissant le jour de mon anniversaire, quand je venais justement de la découvrir. Mais son œuvre demeure, avec ses détectives récurrents inoubliables. Ils nous touchent, avec leurs talents mais aussi leurs faiblesses qui les rendent si touchants. Hercule Poirot, orgueilleux, obséquieux parfois, très fier de ses moustaches et de ses petites cellules grises, suscite néanmoins notre admiration et de nombreux sourires. La petite Miss Marple, qui ne bouge pas de son village, toujours curieuse, intuitive, un brin ringarde, connaît pourtant tout des failles de l’âme humaine. Quant au couple Beresford, il reste plus discret dans les mémoires, sauf si on a vu Catherine Frot et André Dussolier les camper au cinéma ! J’avais évoqué ma passion pour Agatha Christie un jour de confidences.

Vive a chez elle un présentoir ancien de cartes postales, sur lequel elle a disposé des livres des éditions du Masque, avec leur célèbre couverture jaune. Alors sans aller jusqu’à une sororité avec Agatha, nous l’associons au quilt de Kristine pour la photo :

Sororité, quilt bavard de Kristine, 2020

Encore une fois, quilts et livres font bon ménage et aident à garder le cap ! Cette présentation est donc le début d’une série de quilts bavards… A suivre !

Katell

 

Des quilts qui parlent

Vous avez été touchés par le précédent article montrant des quilts qui expriment des souffrances, par Chawne Kimber. Ce sont des quilts qui parlent, à la fois parce qu’on peut les lire et leur donner la puissance d’un discours, mais aussi qui émeuvent, qui touchent notre cœur. 

Je vous propose de (re)découvrir une autre artiste, Gina Adams, qui quilte de manière bien particulière pour dénoncer le mal insidieux de la société américaine, le racisme, terriblement ancré dans son passé. Découvrir tous les traités de paix avec les Indiens écrits par le Gouvernement, jamais tenus, projette une lumière crue sur les origines de ce pays : Quilter pour sa cause.

Détail d’un quilt de Gina Adams montrant un des broken treaties, ces traités de paix entre le gouvernement américain et les Indiens… jamais respectés par les militaires.

On le voit dans l’actualité, le problème du racisme reste aigu. Et pourtant, chaque communauté a tant à apporter aux autres ! Cette fois-ci sera-t-elle la bonne, pour obtenir une égalité de traitement quelle que soit l’origine de chacun ? Les Américains ont fait tout de même des avancées (regardez les films récents montrant les années 1960, Green Book ou Les figures de l’ombre : double peine pour des femmes noires, même géniales !). Le melting pot reste en grande partie une illusion, les origines diverses sont nombreuses, mais on a encore bien trop peu de communautés harmonieusement multiraciales.

On est souvent surpris de savoir les pourcentages d’origines des Étasuniens : bien moins d’Anglais (24,5 millions) que d’Allemands (42,8 millions), majoritaires, suivis par les Irlandais (30,5 millions) puis par les Afro-Américains (25 millions)… L’origine française arrive en 9e position avec 3,8 millions de personnes, derrière les origines mexicaine, italienne et polonaise. Suivent les Amérindiens, un peu moins de 3 millions (y compris d’Alaska). A savoir qu’on pouvait donner jusqu’à 2 origines (Résultats du recensement de l’an 2000).

Nos quilts sont décoratifs, ils sont aussi expressifs avec parfois une citation, une pensée, un prénom, un mot fétiche… Pour cela, bien des techniques sont à notre disposition : broderie, appliqué main ou machine, couture sur papier, piécé (couture patchwork) pour les techniques 100% textiles, ou aussi transfert avec imprimante… De récentes expositions américaines, des publications sur Instagram et sur des blogs montrent de plus en plus de quilts qui parlent, utilisant toutes les techniques. C’est une tradition revisitée, car nombre de quilts anciens comportent des lettres, des signatures, des souhaits, des dédicaces… Voici un florilège de versions contemporaines :

Au QuiltCon 2015, Laura Hartrich pose sur son superbe Quilt for our Bed, où il est écrit en quarts de cercles : Bonne nuit, je t’aime.
La quilteuse roumaine Geta Grama nous dit : Rêve jusqu’à ce que tes rêves deviennent réalité ! Un tissu de Michael Miller, imprimé de lettres, est découpé et appliqué. Voir ici sur son blog.
Un quilt positif sur les femmes, quilt collectif de Lorna Constantini et the Niagara Modern Quilt Guild (photo d’ici)
Paige Alexander a reproduit une page d’écriture à l’ancienne : la marge avec sa ligne rouge, le lignage des cahiers américains et cette phrase qui signifie que l’écriture cursive est un art qui s’efface. Savez-vous que, dans plusieurs États des USA, on n’enseigne plus comment écrire à la main ?… Oui, on enseigne seulement à taper sur clavier dans certaines écoles… (retrouvez l’artiste sur Instagram @quiltedblooms)

 

Voici le quilt qui rit, inspiré d’un quilt datant de la Première Guerre Mondiale, qui a plu à mon amie LeeAnn : son histoire se trouve sur  son blog Nifty Quilts.

Les chemises de son mari ont trouvé une nouvelles vie, HAHA de LeeAnn Decker de Seattle.

Celui dont je ne me lasse pas, toujours de LeeAnn :

gratitude
Nifty Quilts

En couture sur papier, on peut « écrire » des lettres régulières :

C’était une fille sympa jusqu’à ce qu’elle se mette à faire du patchwork. Sam Hunter  

Jill a fait ce quilt pour une amie à qui on vient de diagnostiquer un cancer du sein, je le trouve extraordinaire :

Bats-toi comme une fille, Pie Lady Quilts 

Incitation à voter aux élections présidentielles de 2016, par Denyse Schmidt :

Vote, de Denyse Schmidt, 2016. Ce formidable quilt est le modèle d’une grande aventure sur Instagram sous le label #theproverbialquilt. De nombreuses quilteuses écrivent en lettres leurs textes favoris ou leur souffrance ou… ce qu’elle veulent ! La plupart des quilts ont une taille respectable et sont de vrais manifestes.

Quelques Proverbial Quilts :

De Sarah Minshall, une citation de Vincent Van Gogh : Je ne sais rien avec certitude, mais la vue des étoiles me fait rêver. Très beau pour un dessus de lit !
 Tu es mon rayon de soleil, tu me rends heureuse quand les cieux sont gris, Cathy de Blueberry Patch

 

Kristine a fait un quilt qui parle, sélectionné au concours des Modern quilts de France Patchwork. Il était bien différent des autres, n’étant pas dans le style épuré et très géométrique des autres quilts.

J’ai toujours aimé la typographie et pour ce premier concours
Modern Quilt en France,
l’idée d’un message s’est imposé à moi.
J’ai souhaité un message simple, coloré, bien visible, et en anglais
pour marquer notre appartenance à un mouvement international.

Kristine

Bee creative modern quilt 2018 Christine Toufflet
Les lettres sont thermocollées puis quiltées pour les maintenir.

Le message comporte un petit jeu de mot, Bee creative,
pour évoquer mon appartenance
à La Ruche des Quilteuses, le blog de Katell.

Kristine

detail 1 modern quilt 2018 Christine Toufflet
C’est un quilt fait de manière artisanale, sans long arm. Une abeille batifole…

Celle qui a lancé l’écriture improvisée piécée est Tonya Ricucci dès les années 1990, elle a beaucoup joué avec les lettres avec ses amies (Bonnie Hunter, Gwen Marston et tant d’autres) et a finalement pu faire éditer sa méthode en 2011. La technique est bien différente de celle en couture sur papier, l’apparence également. Le superbe bonus, c’est qu’on s’amuse beaucoup en créant ces lettres ! Vous pouvez voir de nombreux quilts plus récents sur Instagram @tonyaricucci.

Merci Tonya, nous te devons tant ! C’est toi qui as initié ce grand mouvement des quilts bavards !

Couverture inspirante de son livre qui détaille son idée de créer des lettres en patchwork.

Voici quelques-uns de ses quilts qui parlent :

Variation sur son drapeau, America, Tonya Ricucci

 

Mots de quatre lettres, Tonya Ricucci

 

Sew much Love, Tonya Ricucci : j’adore ce quilt !

La saga des quilts bavards ne fait que commencer !

 

Voici venu le temps des cerises

C’est la belle saison des cerises !

Quand on a la chance d’avoir un cerisier, on guette les première rougeurs de ces billes juteuses, et quand les oiseaux ne leur ont pas fait un sort en une nuit, on prend un jour son panier pour les cueillir, mûres à point… Bonheur simple !

Le panier, accessoire modeste mais indispensable. Depuis la nuit des temps, il est utilisé pour transporter les récoltes, quand les mains ne suffisent pas, pour trier et ranger… et mille autres usages. Pendant des millénaires, il fut fabriqué avec les matières premières locales longues et souples, qu’on tisse. Qu’est-ce qui fut inventé en premier, le panier ou le tissu ? C’est en tout cas le même principe.

En général, un panier n’est pas un récipient étanche, il laisse passer l’air et la récolte s’en trouve bien, évitant de macérer trop vite.

L’harmonie du fait main

Dans l’État Navajo, j’ai eu la chance de discuter avec Pauline, une dame Navajo qui connaît les techniques ancestrales de la confection de paniers, et le goût de les faire. Dans le désert aride où nous nous sommes rencontrées, il ne semblait rien y avoir de bon à utiliser en vannerie, et pourtant… Elle gardait dans des sacs humidifiés dans une bassine quantité d’écorces et de branches fines de plusieurs couleurs naturelles, tissant, au gré de son envie, des dessins traditionnels, colorés par Dame Nature… En général, dans ce coin aride de l’Arizona, le sumac est la plante qui donne ces longues et plates fibres, mais on y utilise aussi le saule, le yucca et autres.

Ce panier est un panier de mariage navajo. L’ouverture claire dans le motif se met toujours à l’Est, au soleil levant. Les pointes noires figurent les montagnes sacrées. C’est une figuration de l’univers. Photo d’ici.

71Be4X-V0BLQuand une personne fait de la vannerie, elle s’efforce de joindre l’utile à l’agréable, en couleurs et en forme. Mais plus intimement, en terre navajo elle cultive l’essence de la beauté, de l’harmonie, de l’équilibre, le Hózhó. Tout est lié, l’esprit du créateur du panier, la matière naturelle utilisée et la Terre Mère qui donne vie. Ce principe central du Hózhó dans la vie des Navajos est bien expliqué dans le livre Sagesses d’Ailleurs, de Frederika van Ingen.

J’espère que dans le fameux monde d’après, je retournerai chez les Navajos qui m’ont si bien accueillie et tant marquée. Si vous y allez, vous pourrez trouver le livre ci-dessous qui explique les artisanats de tissage et de vannerie, si proches, intégrés à la vision du monde de ce peuple encore en harmonie avec la nature, malgré tout.

J’ai acheté ce livre au Navajo National Monument (entre Tuba et Kayenta), un endroit en retrait et peu connu qui mérite pourtant le détour, avec les ruines d’un des nombreux villages d’un peuple éteint appelé communément anasazi, un parcours botanique qui démontre à quel point les Indiens savent utiliser la moindre plante, et un Visitor center bien agréable. Le quilt est un chemin de table que j’ai fait avec des tissus achetés chez Blossom Quilts & Crafts, chez Alice.

 

J’adore les paniers artisanaux. J’en ai acheté plusieurs à La P’tite Grisette, qui avait son espace sur la place de Villefranche-de-Rouergue le jeudi matin, jour de marché ; et puis un jour, je ne l’ai plus vue. Elle utilisait 4 sortes d’osier, ce qui lui permettait de varier épaisseurs et couleurs.

Ah que j’aime l’ambiance des marchés ! Celui de Villefranche-de-Rouergue est un de mes préférés. Prochainement, je vais aller à celui de Mirepoix en Ariège, pile à la limite des 100 km autorisés… 

Vous connaissez les nombreux blocs traditionnels qui montrent des paniers – ou baskets.
Ils sont partout, pour qui veut bien les voir ! Vous avez certainement vos modèles préférés.

Kristine a fait un tableau textile mêlant tradition et modernité, mais oui, un panier de cerises ! Je lui laisse la parole pour vous le présenter.

Voici venu le temps des cerises…

Faire plaisir à une amie qui a une passion dévorante pour les cerises, l’idée d’un quilt sur ce thème s’est imposée.

L’idée était d’utiliser des tissus anciens, de récupération, « recycling » très à la mode en ce moment, ce n’est pas nouveau pour moi, mon éducation a bénéficié de cette pratique, il fallait faire avec ce que l’on avait !

Quelques  morceaux de torchons à liseré rouge, du vichy, du croquet, des chutes de tissus,  des chutes de molleton (tombées d’ouvrages précédents) et deux entorses à la règle avec des matières neuves : la frise d’épis de blé, un achat compulsif qui n’avait jamais trouvé son utilisation, et  le tissu du panier dont l’imprimé épis de blé correspondait à ce que je voulais réaliser.

Pour tresser ce panier, j’ai utilisé la méthode proposée par Victoria Findlay Wolfe dans son livre Modern Quilt Magic, qui consiste à coudre des bandes en chevrons qui s’entrelacent, j’ai modifié la façon de couper les bandes pour le faire à main levée. Pour symboliser une vannerie, cette méthode était toute indiquée.

Le temps est venu de prendre le panier et partir cueillir les cerises, puis se mettre en cuisine pour cuisiner les clafoutis, les tartes et  les confitures… 

Kristine🐝

Glaz

Les brodeuses françaises connaissent toutes la broderie glazik (ou glazig), cette spécialité de Cornouaille bretonne (autour de Quimper) remise au goût du jour par l’extraordinaire Pascal Jaouen. Mon bon copain Christophe Hainault, qui a pris des cours avec Monik Paugam, est lui aussi séduit par la beauté de ces broderies. Comme tout ce qu’il touche devient exceptionnel, son dernier ouvrage terminé ne fait pas exception :

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Luxuriance et opulence, c’est ce qu’inspire ce superbe ouvrage réalisé par Christophe. Modèle Ar Galon, Pascal Jaouen.
Yin-yang, Monik Paugam. J’aime beaucoup ce mélange de cultures !

Cette broderie modernisée reprend les points traditionnels qu’on trouvait sur des napperons bretons et certains costumes d’antan. J’aime en particulier le point de neudé, un point de chaînette élargi. Nous en avions fait le thème de l’atelier d’une JA FP31.

Porte-aiguilles fait en JA le 1er février 2013, il s’ouvre comme un coquillage sur deux « feuilles » en feutrine, pour piquer nos aiguilles. Modèle créé par Bee Kristine.

Ce sont les costumes des hommes qui étaient ornés de broderies à dominante jaune d’or sur un drap marine, d’où le mot glazik/glazig (petit bleu). Un article sur les origines de cette broderie se trouve ici.

La couleur glaz

On dit pourtant un peu vite que glaz (ou glas) se traduit par BLEU. J’en avais déjà fait un article il y a quelques années. Glaz, c’est avant tout la palette de couleurs de la nature bretonne, aux reflets changeants, aussi bien la mer que le ciel, hésitant entre le bleu, le vert et le gris… et même l’herbe vert cru qui pousse au printemps ! C’est un peu le mot qui décrit la magie de la nature, sans cesse en mouvement, en évolution, éclairée par mille nuances changeantes de lumière.

 

Rouanez (reine) du Glaz, Valériane Leblond sait mieux que personne faire chanter ces nuances.

Glaz désigne la même couleur tantôt bleue, tantôt verte, que le mot latin glaucus qui a donné notre mot glauque, devenu si péjoratif. Oublions ce détail… On retrouve glaz ou glas dans toutes les langues celtiques actuelles (en Écosse, Irlande, Pays de Galles, Île de Man, Cornouailles anglaise). Ce qui est plus surprenant, c’est la proximité de glaz avec les mots d’Europe du Nord signifiant le verre. Glass, glas, glês, la ressemblance est troublante. Je n’ai pas cherché de preuve de famille sémantique, mais les verres anciens étaient tout en nuances bleu-vert…

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Du verre produit par les Romains au début de notre ère (Musée du forum palatin, Rome) découvert dans les fouilles de Pompéi. On saura faire du verre transparent et non coloré plus tard.

Personne ne songe à traduire le mot glaz par turquoise, couleur intermédiaire entre le bleu et le vert. C’est parce que glaz est une atmosphère plutôt qu’une couleur…

Challenge Ensemble malgré tout, semaine du turquoise

Tout ceci pour expliquer pourquoi, en cette semaine dédiée au turquoise, j’ai fait ce carré :

Je m’amuse à ne répéter aucun tissu et ces 28-là méritaient bien de s’ajouter au charm quilt du confinement !

J’ai introduit des coutures légèrement sinueuses pour rappeler un paysage. Les batiks nuancés correspondent bien aux variations de lumière qu’on a dans la nature… Il complète le carré turquoise clair fait en semaine bleue :

Ma Doué, qui eût cru que le challenge FP me ferait broder en breton et en chinois?

Yec’hed mat (à ta santé !),
Kenavo,

Katell

Le confinement a du bon 🙃

Quand je vois des acteurs fumer, je sais que le film a des chances d’avoir plus de 40 ans ; désormais, voir de simples accolades, les trottoirs bondés et tous les rassemblements nous font dire : c’était le monde d’avant. Quand nous aurons de nouveau le droit de sortir, que seront nos échanges avec un masque ? Après le choc de l’enfermement viendra peut-être aussi la peur de sortir et de se mêler à la foule ; le confinement nous perturbe sans doute plus profondément qu’on ne le croit.

Mais au cœur de l’isolement forcé, des quilteuses qui ont la chance d’être exemptes de travail à l’extérieur et en bonne santé s’en donnent à cœur joie ! Du temps à longueur de journée pour s’adonner à son projet, sans devoir tout ranger après quelques heures, sans majeure perturbation… Forcément, l’ouvrage avance !! 

Alors voici de nombreux nouveaux ouvrages tous azimuts et un long article pour vous distraire.
Installez-vous confortablement, vous avez le temps !

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Voici les plus récentes photos d’ouvrages BeeBook, de Josette Glée :

Une bien jolie version du village de Sophie Zaugg, elle-même inspirée par le peintre Paul Klee.

On a bien du mal à arrêter une quilteuse : après s’être cassé le bras, Josette a fait sa rééducation en réunissant des bouts de tissus pour en faire une crapaudine !

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Manuela Dupuy m’a transmis le modèle à faire en appliqué de l’iconique dessin du pouvoir des femmes (girl power), recyclé récemment par les Couturières Solidaires de France. 

L’émancipation des femmes passe par cette affiche aux USA !

Un appliqué sur un tee-shirt, modèle trouvé par Manuela sur Pinterest… On peut lui mettre un masque si on veut !

Rappel de la bannière des Couturières Solidaires de France, voir par ici.

Il faut encourager Manuela qui vient de faire son premier top, quelle réussite ! Brillamment coachée par Myriam Brouard, elle est bien partie pour devenir une quilteuse passionnée. Saurez-vous lui conseiller un motif sympa de quilting à la main ?

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Marie-Michèle, une grande amie de Maïté, a terminé un modèle de Kaffe Fassett, lui-même inspiré d’un quilt antique britannique conservé au V&A Museum de Londres. C’est un superbe modèle qui m’a aussi séduite, j’ai le mien dans un carton, toujours à l’état de top… Il faudra que je le fasse quilter après le confinement, c’est tellement dommage qu’il reste endormi dans son coin. Le quilt original a été reproduit par Marie-Françoise Grégoire et a obtenu le label envié de Quilt de Légende, voir mon article à son sujet par ici.

Contrairement à moi, Marie-Michèle a eu, elle, l’envie et le courage de le quilter à la main, dès lors elle a le bonheur d’en profiter !

Photo du modèle dans le livre paru en 2005. Je me souviens avoir acheté mon exemplaire chez Martine Cugny, à Quilt & Patch à Toulouse.

Top en cours de montage, j’apprécie la variété des délicieux tissus vintage.

A la faveur du confinement, ce magnifique quilt est FINI !

Bravo Marie-Michèle !

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De tout temps, les quilteuses ont tenté de maîtriser un phénomène bien mystérieux : la multiplication des chutes de tissus. Plus on les utilise, plus on en a. Comme il faut du temps pour trier, couper, coudre, le confinement est l’ami providentiel inattendu de nos tiroirs qui ne demandent qu’à être allégés.

Les quilteuses sont des magiciennes. Plus elles utilisent des restes de tissus, plus elles en ont.

Les quilts de scraps (chutes de tissus) sont les stars du confinement. Mais n’oublions pas, nos amies commerçantes vendent toujours des tissus via internet, aidons-les à survivre.

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Nicole Dewitz fait de nombreux quilts de bébés, qu’elle fait distribuer là où on en a besoin. Voici son ravissant petit dernier avec de beaux tissus bleus :

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Quant à Andrée Traversez, elle a momentanément délaissé ses wax (voir ses quilts dans BeeBook) pour utiliser au maximum ses autres chutes de tissus. Ce quilt est un cadeau pour un bébé, une petite Camille.

Avant le confinement, le top était en morceaux, nous avions vu ensemble que ses blocs avaient plus d’allure en mettant systématiquement les couleurs froides en vertical et les couleurs chaudes horizontalement.

Ravissant quilting à la main, là encore ! Le dos est aussi beau que l’endroit.

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Et Kristine ? Telle qu’on la connaît, elle ne risquait pas de rester à ne rien faire… Comme toujours, elle a exploré et innové. Quelles sont ses inspirations cette fois-ci ? Les Map quilts, ou cartes en quilt. Allez voir par ici pour savoir ce que sont les Map quilts.

C’était une envie tenace, représenter la carte du village natal de son mari en quilt. Depuis des mois elle y pensait et le confinement l’a incitée à s’y mettre. Elle a beaucoup tâtonné pour représenter toutes les caractéristiques de ce petit coin de la Beauce, mais voilà, c’est fait ! Il me tarde de le voir en vrai !!

La première semaine du confinement, cela a commencé ainsi, avec les routes principales, le ruisseau, le canal, les champs…

Le 30 mars, le contour de la commune est défini. Une grande partie des verts proviennent des tiroirs de Maïté… offerts in extremis avant le confinement.

La prochaine étape était de mettre tous les détails, après tout c’est une carte !

Le 4 avril, les bâtiments sont érigés.

 

Le 16 mars, le voilà brodé, quilté, bordé et accroché ! Tout y est : la mairie, les boutiques, la gare, les routes, les champs, la maison de famille etc. Je crois que son mari, confiné au travail, ne l’a pas encore vu… Quelle belle surprise à son retour, dans son bureau ! Et si vous connaissez la Beauce, peut-être avez-vous découvert le nom de cette petite ville ? 

Je vous le disais bien, le confinement a du bon… Surtout, il faut garder le moral avec les moyens du bord, c’est la meilleure façon de s’en sortir !
Katell

 

 

Le Rouge, la première des couleurs

Joyeuses fêtes de Pâques !

Pour la première fois, je n’ai pas fait de décoration de Pâques chez moi, en l’absence des enfants réunis… Celle-ci a quelques années !

ROUGE !

Grâce aux historiens des couleurs et tout particulièrement Michel Pastoureau, on apprend que le rouge était la seule couleur nommée dans les temps anciens, non pas parce que nos ancêtres ne voyaient pas aussi bien que nous, mais parce que n’existe vraiment que ce qui se nomme… En espagnol, on a le mot rojo pour dire rouge, mais aussi colorado, coloré étant synonyme de rouge, comme dans l’ancien temps. Le vocabulaire s’est étendu avec la culture et l’envie de nommer les choses. Avoir le mot juste, c’est parfaire sa communication et je me réjouis de pouvoir parler de dizaines de couleurs et de leurs infinies subtilités…

La symbolique du rouge s’est follement enrichie au fil du temps : d’abord le feu et le sang, puis le pouvoir, l’amour, la gloire et la beauté… puis l’inévitable désamour avec la sobriété protestante, la crainte du diable… et la récupération politique, le symbole du danger ou de l’interdit… Lisez ce livre si vous souhaitez en savoir bien, bien plus !

En patchwork, j’aime le rouge mais je ne l’utilise presque plus. Il fait partie de mon passé, ou par touches, accompagné de rose et d’orange, en symbiose chaleureuse.
Il reviendra peut-être !

La couleur rouge devait arriver, tôt ou tard, dans le challenge #ensemblemalgretout et c’est pour cette semaine ! J’ai voulu marquer l’ambivalence du rouge et donc choisi deux mots vraiment différents :

VIE,

pour toute l’énergie positive et l’amour contenus dans cette couleur. Le mot est brodé en espagnol car j’ai une chanson qui tourne en boucle dans ma tête en ce moment, Gracias a la Vida de la Chilienne Violeta Parra, chantée par Joan Baez (ici aux Vieilles Charrues, comment ai-je pu louper ça ? j’aime tant cette femme). Je la connais par cœur car elle était dans ce 33T écouté mille fois :

Bestofbaez

ALERTE,

car le rouge est aussi le signal du danger, de l’arrêt, de l’interdit… Terriblement d’actualité.

J’ai tout de même trouvé de beaux tissus rouges dans mes tiroirs !!

Continuez de rendre visite au Forum France Patchwork, on y voit des merveilles quotidiennement ! Maïté a aussi terminé son bloc de la semaine, le voici : ravissant n’est-ce pas ?

 

Gardez le moral, même si les fêtes comme Pâques sonnent creux quand la famille est éparpillée… Un peu d’humour cloche de circonstance :

Une mignonne, du père Peschet (Eure, Normandie)
Moins gentille, de Seb

Et pour finir sur une note rouge passion comme le patchwork l’est pour nous, voici quelques blocs rouges destinés à un quilt collectif, une excellente idée du Bureau de notre club de Colomiers :

Chinese Coins, de Maïté… pour rendre la monnaie de leur pièce, aux Chinois 😉
Fleur passion, Kristine
Etoile du Colorado, avec du tissu que j’ai acheté à Silverton, Colorado (voir par ici)

A très vite !
Katell

Des chats et plein de bisous

Faire partie d’une communauté, même virtuelle, crée des liens. Ainsi, dès la mi-décembre, des liens particuliers se sont créés entre les personnes décidées à faire un Quilt Météo 2020, toutes intriguées et même excitées à l’idée de participer à une expérience nouvelle. Observer le temps qu’il fait au jour le jour, nous le faisons spontanément, mais le formaliser en fil et tissu, c’est moins banal.

En décembre, c’était l’effervescence, d’abord pour bien comprendre le but du jeu, puis élaborer ses propres règles pour avoir un Quilt Météo 2020 unique. Parmi les quilteuses préparant activement son quilt pour l’année 2020, il y avait Isabelle. Un jour de décembre, elle nous dit que ce quilt l’aidera à supporter la grave maladie de son fils ; en tout début janvier, les nouvelles sont très mauvaises et son fils décède après quelques heures à l’hôpital. Presque toutes, nous sommes mères, nous ressentons au plus profond de nous l’incommensurable chagrin d’Isabelle, alors qu’elle reste très digne. L’émoi considérable nous mène à regrouper quelques volontaires dans un groupe distinct pour préparer un témoignage de notre compassion.

Après quelques jours d’idées mises en commun, j’ai orienté les choix vers un nombre restreint de blocs et nous nous sommes accordées sur des XO (voir l’article sur ce drôle de signe) et des chats, le tout en blocs de 21 cm + marges de coutures. Le code couleurs est, pour le fond, des couleurs claires allant du blanc au gris moyen et pour les X, les O et les chats, des couleurs chaudes comme rose, orange, rouge… et la possibilité de faire quelques écarts, pour le fun !

Proposition de gamme de couleurs

Pour aider à faire le bloc X et O, j’ai signalé le tuto parfait d’Alice sur son blog Blossom Quilt & Craft et donné les mesures à couper en cm : 12 cm pour les grands carrés, 6 cm pour les petits. Un modèle chat fut fourni, mais certaines donnèrent libre cours à leur imagination, tout en restant dans les couleurs et les dimensions requises.

Bee Kristine s’est occupée de la réception des blocs et dès la mi-janvier, les premiers arrivés nous ont enthousiasmées :

Une fois de plus, la générosité des quilteuses s’est concrétisée avec de très beaux blocs, souvent plus nombreux que demandé, ainsi que l’offre de tissus et du molleton par Patricia Gelinet, qui tient le magasin Patouchwork à Courcelles en Belgique, vente en ligne également.

Début février, on a pu assembler bien plus qu’un top : on en a fait deux !

Plein de bisous (XOXO) et quelques chats…

Ce côté comporte des carrés de tissus offerts par Patricia. Les dimensions du top étant agréables ainsi, nous n’avons pas fait de bordure supplémentaire.

Kristine les a assemblés en recto-verso, l’un aux couleurs plus chaudes que l’autre, à retourner en fonction de l’envie du jour. Son quilting est simple et joli :

Un beau ruban-mètre ficelle le paquet. Un cadeau pour une quilteuse…

Kristine a ensuite confié le paquet à la Poste et il a bien été reçu hier par Isabelle, qui a immédiatement très chaleureusement manifesté son émotion et sa gratitude dans le groupe Quilt Météo 2020. C’est la meilleure récompense pour toutes celles qui ont contribué à ce cadeau.

Popette est tout de suite à l’aise parmi les autres chats ! Popette ? Drôle de nom… Chatperli…popette !

Nous déclarons Popette mascotte officielle du groupe Quilt Météo 2020 !

chats

Et les quilts météo continuent de s’agrandir, voici celui de Brigitte de Bourg-en-Bresse qui précise que le jaune n’aurait pas dû apparaître si tôt dans l’année…

Le groupe Quilt Météo 2020 sur Facebook accepte encore de nouvelles adhésions, mais dépêchez-vous si vous souhaitez commencer cette aventure, ensuite le chemin sera long à rattraper… Nous avons déjà dépassé le 1/10e de l’année !

 

Fahrenheit et Celsius

Aujourd’hui, c’est Kristine qui nous informe en nous distrayant !

 

Nous entendons souvent : il fait chaud, il fait froid, c’est la canicule, on se gèle, combien fait-il, quel temps fait-il ?
La température s’affiche partout, dans la rue, sur les enseignes des pharmacies, à la télévision, à la radio, sur notre téléphone, nos stations météo domestiques, dans les aéroports, les gares, les voitures, etc. Elle est accompagnée de drôles de signes : °F ou °C.

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Thermomètre géant à Barcelone

Cette année 2020, de nombreuses quilteuses et un quilteur sont encore bien plus attentifs aux températures, relevant les moyennes du jour, les mini ou maxi, ou encore une à heure fixe… Les personnes qui vivent cette aventure du Quilt Météo 2020 ont vu, au moment des préparatifs, que les Américaines avaient une échelle de couleurs en degrés Fahrenheit (°F), alors que, bien sûr, nous préférons utiliser ce que nous connaissons, les degrés Centigrade ou Celsius (°C). Mais que se cache-t-il derrière ces deux systèmes ?

Messieurs Fahrenheit et Celsius étaient deux savants européens qui auraient pu se rencontrer : ils étaient contemporains, tous deux voyagèrent beaucoup à travers l’Europe et ont travaillé, parmi bien d’autres sujets, sur la thermométrie.

Gabriel Fahrenheit (Gdansk 1686 – La Haye 1736), brillant physicien, inventa notamment le thermomètre à mercure, plus performant que les précédents à alcool ou autres liquides. Parallèlement, l’échelle de températures qu’il inventa est fine : l’eau gèle à 32°F et bout à 212°F, soit un écart de 180°. Quant à la tranche 96°F – 100°F, c’est la température normale du corps humain.

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Thermomètre à mercure de Fahrenheit, au Musée de Galilée de Florence (Italie)

Fahrenheit 451, livre de Ray Bradbury, est un livre de science-fiction où, horreur pour moi et tant d’autres, les livres sont interdits et brûlés… 451 °F est le point d’auto-inflammation du papier (232,4 °C)

Le film de Truffaut, tourné en 1966, est sans doute daté, mais les multiples thèmes de la société de l’image, de l’abrutissement du peuple, de la coupure de l’humanité à son histoire sont présents. De plus, que penser d’une société où ses Soldats du feu sont mandatés pour brûler les livres ?

Anders Celsius (1701-1744, Uppsala, Suède) était surtout astronome, il étudia le phénomène des aurores boréales, des éclipses et autres observations du ciel, des mesures géodésiques avec notamment la mesure de l’arc méridien, confirmant les travaux de Newton sur la forme de la Terre, sphère aplatie aux pôles. Il inventa un thermomètre pour ses observations météorologiques avec, en graduation, 100° pour le point de congélation de l’eau et 0° pour l’ébullition… inverse de ce que nous connaissons ! Il se trouve que c’est le botaniste suédois Carl von Linné – ou le Lyonnais Jean-Pierre Christin, selon les sources – qui le mettra dans l’autre sens quelques années après.

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Anders Celsius

Les degrés Fahrenheit furent vite adoptés dans le monde occidental et les degrés Celsius (ou Centigrade, la différence est pour les physiciens) utilisés à la marge par les savants. Mais la Révolution Française passa par là et avec elle, la normalisation de tout ce qui pouvait l’être en système métrique… l’échelle de degrés de 0 à 100 était donc parfaite ! Au fil du temps, les degrés Centigrade de l’échelle de Celsius s’impose partout, à quelques exceptions près : les États-Unis, Belize, les Îles Caïman… Les Américains sont globalement réticents au système métrique et préfèrent les Fahrenheit en raison de leur finesse : 1°C est 1,8 fois plus grand que 1°F (100°C entre le gel et l’ébullition de l’eau contre 180°F). Ensuite, d’autres critères plus politiques entrent en jeu, comme la volonté d’indépendance par rapport à l’Europe !

Ce cher Anders Celsius imaginait-il que son invention de thermomètre à degrés centigrade immortaliserait son nom, bien plus que tous ses autres travaux ? Probablement pas… C’est la beauté des surprises que nous réserve l’Histoire !

Mon quilt météo rend hommage à cet homme dont l’invention fait partie de notre quotidien.

Voici donc le début de Merci Anders Celcius, mon projet de calendrier météo 2020, avec les jours du mois de janvier et début février en polygones colorés par les températures de ma ville près de Toulouse :

Sur certains jours, j’ai mis quelques signes… Le vendredi, c’est rencontre avec les amies Abeilles et l’épi de blé, c’est mon anniversaire (je suis originaire de la Beauce !)

La photographie est disproportionnée pour le moment, comme la plupart des Quilts Météo 2020 en colonnes, mais ce projet m’enthousiasme !

Kristine

Au bonheur des couleurs

Un miniquilt haut en couleurs

Un jour ou l’autre, nous devons vider le logement de proches, la plupart du temps des parents. Toute une vie résumée en objets. C’est parfois un choc de voir tous les petits riens accumulés au cours de leurs vies, jalons d’un parcours, témoignages d’émotions qui n’appartenaient qu’à eux. Des trouvailles ouvrent aussi la boîte aux questions, mais d’où vient ceci ? Un souvenir de voyage ?…

Ralli quilt

Je vous avais présenté un grand top sorti de l’oubli, qui s’est avéré venir d’Inde (un Ralli quilt). Caroline, elle, a dans des circonstances similaires, déniché un mini, mini top :

Chaque bloc ne mesure pas plus de 4,5 cm. Cette miniature enchante, avec ces couleurs vives et contrastées. Contrairement à l’apparence, ce n’est pas du patchwork à proprement parler, je veux dire qu’il n’y a pas d’assemblage de petits bouts de tissus au moyen de coutures. Chaque morceau de tissu que l’on voit est un pliage, soit une bande pliée en deux, soit un carré plié deux fois pour en faire un triangle. La technique s’apparente bien plus au Pine cone (pomme de pin) donc ! Depuis que je me suis intéressée à cette technique, grâce à Betty, la Reine du Pine Cone quilt que vous connaissez bien si vous me lisez depuis quelque temps, je suis impressionnée par l’universalité de cette technique. Ce mini quilt est un souvenir de voyage, probablement du nord de la Thaïlande, dans ce vaste territoire où se jouxtent la Chine, le Laos, le Vietnam et la Birmanie. Une pléiade d’ethnies, qu’on connaît vaguement sous les noms de peuple Miao ou les Hmongs, occupent un vaste territoire qui se joue des frontières politiques. On y voit encore des quilts et des vêtements traditionnels extraordinaires, ornés de ce genre de beauté, mais aussi d’appliqués inversés comme les Molas amérindiennes. Cette grande variété d’ouvrages textiles peuvent s’admirer lors d’expositions, dans des musées… ou, si on a beaucoup de chance, au fond d’une armoire de grand-mère !

Chaque pièce est fixée sur l’autre au moyen de petits points avant, au fil de la même couleur que le tissu.

Caroline a su faire plaisir à sa grande amie Kristine en lui offrant cette petite merveille ! Ce qui est amusant aussi, c’est le contraste entre le devant et le dos :

Oh le choc !! Mais on y comprend mieux la technique utilisée. Un « grand » carré noir -tout est relatif, il mesure 4,5 cm- est la base d’un bloc. On n’en voit sur le devant qu’un carré central de 4 mm ! Autre surprise, les blocs sont assemblés au point glissé, comme on le fait pour deux hexagones en patchwork à l’anglaise. Le fil rouge est invisible devant, grâce à l’épaisseur des blocs.

Merci Kristine de partager ton cadeau avec nous !

Les couleurs de nos quilts météo 2020

Après le plaisir des premiers blocs et la découverte de l’attente au jour le jour, vint la frustration des températures trop égales. Quoi !! Trois jours de suite avec les mêmes couleurs !! Vivement qu’il fasse plus chaud ou plus froid pour avoir du changement ! Aujourd’hui sans doute, le froid va en réjouir plus d’une, rien que pour mettre une couleur inédite dans son top en construction !

Voici quelques exemples parmi tant d’autres : les doubles pastilles pour deux années différentes par Monique Chiabergi, à côté l’intrigant labyrinthe de Christophe Hénault, ensuite deux semaines d’Agnès Bolzer, de Nathalie Fourmont et d’Anik Billot.

Vous n’avez ici qu’un petit aperçu de la créativité du groupe !

Nous avons largement dépassé les 520 membres sur Facebook, et des quilteuses font aussi leur quilt météo 2020 sans faire partie du groupe. Cela promet une année très amusante où l’on prête grande attention à la fois au temps qu’il fait, au temps qui passe et aux couleurs du ciel, avec des réflexions plus graves parfois. C’est fou ce que le patchwork apporte à nos vies !

Un Quilt Papillon pour le bonheur des couleurs

C’est un groupe qui vient de se créer à l’initiative de Patricia Gélinet, Normande établie en Belgique qui a un magasin de patchwork à Courcelles et vend sur internet (Patouchwork).

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Frustrée de ne pas avoir le temps de suivre le Quilt Météo 2020, elle a choisi de faire un bloc par mois, guidée non pas par la météo mais par les Couleurs du Mois, choisies pour leur énergie, bien plus que la représentation classique (comme blanc comme la neige pour janvier…). L’indigo Foncé, Le Kaki, l’Or et le Crème sont les couleurs de janvier, un accord réfléchi pour donner à la fois la concentration nécessaire au début d’un projet, l’élan et la nourriture de la créativité. Elle est guidée pour cela par le livre de Philippe Houyet Des Couleurs pour la Vie. Patricia explique les raisons de la création de ce groupe sur son blog et vous convie à vous inscrire au groupe Facebook si l’aventure vous séduit !

Je viens de recevoir ce livre, accompagné de 50 cartes de couleurs, je compte bien me familiariser avec elles et leurs tirages !

Des couleurs pour soigner

Je dédie cet article très coloré, gai et plein d’espoir à ma chère amie Betty de Floride, qui a actuellement des soucis de santé. Hold on my dear Betty, may all our united wishes for you bring you back to good health!

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Betty devant le quilt qu’elle m’a dédié, Purple Katell